Ceux qui brûlent dans la lumière

Chapitre 50 : Retour à Hurlevent

2222 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 28/03/2023 22:22

Retour à Hurlevent



La cabine de la canonnière est enveloppée dans un manteau de ténèbres, la faible lueur de la Dame-Blanche passe à travers la petite fenêtre. Emmitouflée dans les couvertures mes sanglots sont camouflés par le vrombissement des puissantes hélices du vaisseau. C’est le cœur meurtri que je sers dans ma main le médaillon de mon oncle. C’est inconcevable pour moi de penser qu’il m’est volontairement abandonnée, pendant mes dix-sept années de vie, il a toujours été à mes côtés, il m’a toujours soutenu, protégée et n’a jamais cesser de veiller sur moi. Même si parfois il s’absentait pendant de longues périodes pour ses expéditions à travers Utrion, Oncle Maze était plus un père pour moi que ne l’a jamais été mon géniteur. 

Les dires de Yaedrel chantent un refrain différent, celui de la triste réalité. Il a emprunté la porte lui aussi à peine quelques minutes après moi. Le vortex était instable et nous a envoyés sur deux mondes différents. Je me suis retrouvée sur Azeroth, lui sur l’Outreterre. C’est là-bas qu’il a rencontré Thrall et ce dernier lui a appris beaucoup sur le chamanisme. Il a passé un an sur ce monde avant de s’aventurer sur ma planète d’accueil en toute discrétion et une année de plus s’est écoulée sans qu’il cherche à me retrouver, préférant l’explorer pour une raison inconnue. Comment a-t-il pu m’abandonner à mon sort, moi qui avais perdu la mémoire et qui n’avait de cesse de pleurer sa mort… J’avais besoin de lui ! C’était ma seule famille, il était tout ce qu’il me restait et il m’a délibérément laissée penser que j’étais l’unique survivante d’un monde.

Le plus cruel c’est qu’il s’est présenté à moi accompagné de Thrall, à aucun moment il n’avait l’intention de dévoiler sa réelle identité et a feint l’ignorance. Il n’est plus l’homme que j’ai connu, l’oncle de mes souvenirs ne m’aurai jamais tourné le dos… La rage me submerge d’un coup, dans ma frénésie je jette mon médaillon qui atterrit inopinément sur Anduin qui revenait de sa balade sur le pont. La lumière de sa lampe magique éclaire mon visage peiné, il referme la porte et la verrouille avant de ramasser l’objet de ma colère. Ce dernier l’ouvre, un doux sourire se dessine sur son visage. Tu ressembles à ton père, mais tu as les yeux et le sourire de ta mère.

-         Quelle importance ils sont morts…

Subitement le chagrin tire ses traits délicats, il s’avance alors vers le lit où il s’assoie, pose le médaillon sur la table de chevet avant de retirer ses bottes et ses vêtements, puis vient me rejoindre sous les draps. Il me prend alors dans le creux de ses bras, la chaleur de son étreinte me réconforte quelque peu.

-         Je sais que tu souffres et je suis tout autant que toi en colère pour ce qu’il t’a fait. Je te promets, une fois rentré, j’enverrai le SI:7 à sa recherche.

Je me mure dans le silence me blottissant davantage contre lui, mon bien aimé me retourne avec tendresse sur le dos, sa bouche s’empare de la mienne. Ses lèvres sont si chaudes et enivrantes que mon cœur se met à battre si fort dans ma poitrine, que tout mon corps frisonne à ses douces caresses. Anduin retire le seul vêtement qui le sépare de ma nudité. Je sens une intense chaleur sur ma cuisse elle glisse en même temps que ses doigts le long de mon corps, Anduin se redresse légèrement en gardant contact avec moi. Il porte sa main à ma joue, et je peux alors sentir la lumière parcourir tous mon être, cette sensation est si belle qu'elle ne peut être descriptible...

 

 

La brise souffle dans les feuilles de l’unique arbre du bosquet, les faisant chanter.

Il fait particulièrement frais aujourd’hui que j’en frissonne quelque peu. Anduin passe son bras par-dessus mon épaule m’attirant aux creux de ses bras pour me réchauffer. Je me sens si bien quand je suis avec lui ... Depuis notre retour à Hurlevent, notre mariage a été annoncé et les préparatifs vont bon train, le château est en total effervescence. Nous, les principaux concernés, sommes constamment débordés avec le mariage en plus de la guerre qui gronde encore à nos portes. Cela représente une source supplémentaire de stresse pour mon fiancé, je fais de mon mieux pour l’épauler et le soutenir. Le bosquet et le seul endroit où nous pouvons fuir ne serait-ce qu’un peu la réalité. Je suis sortie de mes rêveries par le soupire las de mon amant.

-         Ça ne va pas ? Demandé-je soucieuse.

-         Non, tout va très bien ma lumière, je me disais juste qu’il y a deux ans, ici même, on ne pouvait même pas soutenir nos regards sans être gênés l’un l’autre et maintenant on est sur le point de s’unir.

-         Je me souviens surtout que j’ai failli te décocher une flèche !

Mon blondinet se met à rire, Je devrais m’y être habituée mais je suis toujours saisie par sa beauté : l’azur de ses iris, l’or blond de ses cheveux qui scintillent au soleil… Mon cœur se gonfle.

-         Elle aurait ricoché sur le plastron de mon armure. Enchaîne-t-il avec le sourire.

-         Tu sous-estime mon talent d’archère !

Je le pousse gentiment et ce dernier réplique par un baiser, je me laisse très vite entraîner au grès de sa passion.

-         J’ai hâte de te dire oui devant l’autel. Dis-je amoureusement.

-         J’aurai aimé un mariage privé dans un endroit rien qu'à nous, toi, moi  et nos proches. Pas de Cathédrale de la Lumière, pas tous ces nobles, ces invités diplomatiques, le peuple d’Hurlevent…

-         Vraiment ?

-         Oui, tu es spéciale pour moi…

Je me tais un instant, me noyant dans ses iris bleutées, avant de passer mes bras autour de son cou en souriant.

-         Et si on se mariaient deux fois ?

Anduin lève un sourcil pantois, ne comprenant pas où je veux en venir.

-         Le mariage royal pour nous unir devant la lumière et le peuple, et faire de moi la protectrice d’Hurlevent et de l’Alliance. Le second ne serait rien que pour nous deux…

-         L’idée me plait beaucoup…

Alors que le visage de mon amant s’approche du mien pour saisir pleinement le délice de mes lèvres, nous sommes soudainement interrompus par une silhouette qui se présente à l’étroite entrée du bosquet.

-         Pardonnez mon intrusion mon Roi, princesse.

-         Qui y a-t-il ? Interroge Anduin avec une pointe d’agacement dans la voix.

-         Grisetête demande à vous voir majesté. 

Résigné à mettre fin à notre petit moment d’intimité, mon fiancé se lève et me tends la main pour m’aider à me redresser. Ensemble nous regagnons la salle d’état-major, lorsque nous rentrons le conseil est déjà installé, à ma plus grande surprise le seigneur-régent et le chef des Taurens sont également présent.

-         Baine, je suis ravi de vous voir. S’égaye Anduin à la vue du bovin humanoïde.

-         Moi aussi, mon ami.

-         Seigneur-régent. Dis-je alors en le saluant d’un geste de la tête.

Le vieil elfe balafré me salue de la même manière, mon amant s’installe alors sur sa chaise en bout de table et moi à sa droite.

-         Nos invités sont venus nous avertir que la reine banshee s’est retranchée à Orgrimmar avec toutes ses forces. Elle prépare quelque chose et nous devons agir au plus vite ! S’agite le vieux loup.

-         Que nous proposez-vous ? Questionne le roi.

-         Prenons la cité d’assaut.

Anduin ne cache pas sa stupeur à une telle annonce et se tourne alors vers les concernés, après tout, ils sont de la Horde et c’est de leur foyer dont on parle. C’est le vieil elfe qui prend alors la parole :

-         Unissons nos forces pour monter un siège, ça serait préférable à un assaut.

-         Oui, forçons Sylvanas à se rendre ! Ça évitera que des innocents soit tués inutilement. Rajoute Baine.

-         Et si Coursevent ne se rends pas ? intervient Jaina.

-         Nous commencerons le siège et nous ouvrirons les hostilités qu’en unique et dernier recours… reprends l’elfe de sang.

-         Monter un siège va coûter beaucoup d’or à la couronne et nous serons obligés de repousser le mariage royal. Intervient le trésorier.

-         Ça n’a pas d’importance, mettre fin à cette guerre est prioritaire. Et puis nous rêvons d’une cérémonie plus intime de toute façon.

-         Mais enfin princesse, vous allez vous marier avec le roi d’Hurlevent ! C’est l’événement de tout un royaume, vous ne pouvez pas prendre vos responsabilités à la légère.

-         Assez ! Intervient Anduin. Ma future épouse à raison, ça n’a pas d’importance. Mettons l’argent de la couronne pour en finir une bonne fois pour toute avec cette guerre. Et personne ne m’empêchera d’épouser la femme que j’aime comme  convenue.

-         Comme il vous siéra mon roi…

-         Maintenant que le sujet est clos pour notre mariage, concentrons-nous sur le siège.

La discussion bat son plein, chacun expose son opinion et, comme il fallait s’y attendre, les divergences se crées et les tentions montent. Certains des nôtres n’hésitent pas à blâmer les deux représentants de la Horde pour tous les maux du monde. Je suis étonnée, malgré ce manque de respect, de voir que Lor’themar Theron et Baine restent impassible et particulièrement calme, ne répondant absolument pas aux attaques gratuites. 

Déçue d’un tel comportement venant des miens, j’interviens pour calmer immédiatement ce cirque tout en leurs rappelant par la même occasion qu’on est dans le même camp. Anduin sourit mais ne dit rien, s’effaçant volontairement, il n’en a pas besoin je vois dans son regard qu’il soutient pleinement mon initiative me laissant m’imposer en tant que future reine de ce royaume.

Notre débat est soudainement interrompu par la porte qui s’ouvre avec fracas, le silence tombe alors dans la pièce. Je tourne tête et dans l’encadrement se dessine la silhouette du maître-espion Shaw. L’homme s’incline avant de s’avancer vers le Roi.

-         Votre altesse, je suis navré d’interrompre votre conseil d’état, mais nous l’avons trouvé…  

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