Ceux qui brûlent dans la lumière
Retrouvaille
La brise se faufile à travers les rideaux de soie de la pièce et vient toucher mon visage fatigué de sa caresse. J’ai encore fais une nuit blanche, mais c’est préférable au cauchemar épouvantable que je fais ici depuis mon arrivée. Je me revois sans cesses marteler de coup et agoniser dans ses geôles si ce n’est pas un de mes compagnons que je vois se faire ôter la vie. J’essaie tant bien que mal de chasser cette vile pensée en me concentrant sur ma lecture du très beau présent d’Aethas. Je contemple avec merveille les dessins de cette sublime créature. En tournant une page, je retrouve la plume trônant avec élégance à l’intérieur, je la soulève pour retirer la lettre d’Anduin que j’avais habillement dissimulé à l’intérieur. De mes doigts graciles, je la déplie habillement. Mes yeux la parcourent, relisant ses mots d’amour qui me font frissonner. Je clos mes paupières et me perds dans des souvenirs agréables. Ses doux yeux azurés qui me contemplaient avec tant d'affection, son sourire délicat, l’intonation si particulière qu’il a lorsqu'il prononce mon prénom. Son odeur boisée, la tendresse de ses caresses, la saveur de ses lèvres, la chaleur de son corps nue contre le mien… Cette pensée me fait monter le rouge aux joues, mon cœur s’emballe dans ma poitrine et les papillons prennent leurs envolent dans mon estomac. Je lève ma main au-dessus de mon visage et la lumière du jour se scinde en multiples rayons entre mes doigts. Qu’est-ce que je ne donnerai pas pour sentir la lumière divine m’imprégner de sa magie. Anduin, je me languis de lui et désire ardemment ressentir notre lien indéfectible, j’ai envie qu’il nous unisse malgré la distance. Est-ce que tu es entrain de penser à moi actuellement ? Je soupire, chagrinée, il me manque tellement… Cependant je ne serai comment lui avouer tout qui m’est arrivée, je ne veux lui causer davantage de souffrance, j’ai moi-même du mal à m’en remettre…
La porte s’ouvre brusquement et un garde se présente à moi pour me demander de le suivre sans d’autre explication que le seigneur régent exige ma présence dans la salle du trône de Lune-d’Argent. Je range la lettre dans le livre en compagnie de la jolie petite plume et le ferme avec délicatesse. Je me lève ensuite de ma chaise, jette un regard furtif vers Nawe, endormie dans son lit, pour ensuite le suivre en silence en traînant quelque peu les pieds. Le garde me conduit prestement au siège du pourvoir des Sin’Dorei. Par ma plus grande stupéfaction, la pièce circulaire est immense en plus d'être particulière. Des tapis de velours rouges brodé d’or recouvrent partiellement un sol de marbre bleu. Des coussins de toutes les formes sont éparpillés un peu partout. La pièce est éclairée par des braseros dont les flammes crépitent avec ardeur. Un grand lustre de cristaux bleu orne le plafond bombé. La salle est coupée en deux par un grand rideau de soies bleu suspendu qui semble représenter l’entrée du siège de pouvoir. Le trône est un tas de gros coussin avec un dossier de bois doré qui s’apparente à deux ailes encadrant une boule verte qui lévite et, pour finir, un autre rideaux bleu foncé qui englobe le tout. L’ambiance des lieux est très décontractée elle diffère totalement de l’aspect stricte et solennelle de celle d’Hurlevent ou encore de Ludroth dont la beauté des lieux est la démonstration du pouvoir de mon père. Auprès du seigneur régent, je reconnais deux elfes qui se trouvaient dans la salle de l’orbe. Le mage au cheveux noir attaché en queue cheval dont le revers du manteau lui cachant la moitié du visage, c’est lui qui a blessé Nawe de son sort pendant l’affrontement. L’autre, au cheveux blond au bandeau cernant son front et au deux dagues aux pommeaux sculptés en tête de faucon-dragon. Il y a aussi Baine Sabot-de-Sang, l’ami d’Anduin et, bizarrement, je suis contente de le voir ici. Plusieurs gardes et Aethas portant sa tenue de fonction, tenant fermement son bâton de mage dans sa main gauche, viennent compléter le tableau. Le garde s’agenouille devant Lor’Themar Theron avant de se retirer à reculons tout aussi vite.
• Seigneur régent. Dis-je avec respect.
• Lynawen, quel plaisir de vous revoir. Intervient le Tauren, cordialement.
• Moi de même. Répondé-je avec politesse.
• Trêve de politesse, si je vous ai convoqué ici, jeune fille, c’est pour vous informer de la rencontre avec le jeune roi de l’Alliance. L’échange aura lieu dans deux jours, dans un endroit discret, les Maleterres. C’est un lieu hostile mais à l’abri des regards indiscrets.
• Je serai libéré ? Demandé-je alors.
• Bien évidemment, j’y veillerai personnellement. Rétorque Baine avec bienveillance.
• Quant est-il de mes compagnons ? Seront-ils eux aussi libre ? Continué-je de questionner.
Le silence s’accapare subitement les lieux. Le régent change de position et passe ses doigts dans sa barbe neigeuse avec un air qui n’augure rien de bon avant de briser le calme.
• Pour le Kal’dorei et votre amie elfe du vide, je n’y vois aucune objection, mais en ce qui concerne le Draenei je peux rien vous garantir. Exclame-t-il sèchement.
Sur ses mots, je commence à me mordiller ma lèvre inférieur de frustration. Pourquoi Yaedrel doit payer les pots cassés de ma bêtise !? Il n’a rien fait de mal… Je suis sur le point de lui rétorquer quelque chose pour lui montrer mon mécontentement mais je n’ai point le temps d’ouvrir la bouche qu’un garde du palais débarque en courant, essoufflé, en plein milieu de la pièce.
• Seigneur régent ! Intervient le garde. La cheffe de guerre Sylvanas demande une audience immédiatement !
• Quoi !? Elle est ici ! Bon sang, il faut immédiatement cacher Lynawen. Ordonne Lor’themar Theron.
Mon corps tout entier se met à trembler et mon cœur s’affole de terreur. Elle m’a trouvé ? Elle sait que je suis ici ? A-t-elle découvert les manigances des rebelles de la Horde ? Mes amis, que vont-ils devenir. Elle va tous nous tuer, je ne reverrai jamais Anduin en vie… Toutes ses pensées négatives ne font qu’empirer mon immense état de détresse. La peur m’a comme cloué sur place et ma respiration se saccade douloureusement me picotant mes poumons avec acharnement. Je sens une main saisir mon poignet et on me tire avec violence dans une autre pièce, j’entends ensuite le son d’une porte qu'on referme et le cliquetis d’une serrure. Je lève la tête pour apercevoir un Aethas qui ne laisse rien transparaître de ses émotions.
• Mon vieil ami. Résonne une voix sépulcrale à vous glacer le sang. J’en avais marre d’attendre on veuille bien me conduire à vous. Quelle agréable surprise de vous voir ici Baine, vous qui ne vous éloignez guère souvent de votre tribu.
• C’est un honneur, cheffe de guerre. Répond le Tauren.
• Que me vaux l’honneur de la visite inattendue de notre cheffe de guerre dans mon humble demeure. Intervient Lor’themar Theron.
• J’ai entendue parler de vos imprévus diplomatiques. Dit-elle avec une voix toute aussi sinistre.
Je n’ai pas besoin de voir la cheffe de guerre pour avoir la terrifiante impression qu’elle est entrain de sourire. Je m’agrippe à la robe de mage d’Aethas, tremblotante et apeurée. Je n’ignore pas les actes ignobles que cette femme a commise, elle me faisait déjà très peur à Lordearon et il est encore plus cauchemardesque de la savoir si près et possiblement mettre la main sur moi, percevoir sa voix cadavérique sonner comme du tonnerre et son rire malsain à vous glacez le sang. Même Lor’themar Theron a l’air de s’écraser face à elle. Ses talons résonnent sur le sol et sa voix d’outre-tombe se fait soudainement plus forte. Pourquoi j’ai l’impression qu’elle me fixe de ses yeux morts à travers le mur. D’un geste délicat, Aethas me serre contre lui de son bras protecteur par-dessus mes épaules.
• Déguerpissons d’ici !
Un souffle puissant me décoiffe, accompagné du son si particulier des portails magiques qui s’ouvrent, je me retourne et observe l’image d’une forêt automnale en perpétuelle mouvement de l’autre côté. Ensemble, et sans hésitation, nous le traversons. Je tombe à genoux, prenant pour la première fois depuis des lustres le luxe d’une réel bouffée d’air pur, revigorant mes poumons. Le vent me fouette la figure avec ma propre chevelure, mes doigts s’enfoncent dans l’humidité de l’herbe verte scintillante, le bruissement d’une rivière qui s’écoule à proximité mélangé aux chants des oiseaux est un régal pour mes tympans. Je lève les yeux vers les frondaisons des arbres aux troncs épais qui nous recouvrent de leurs feuillages aux couleurs chaudes. Cependant, je ne prends aucun plaisir à être l’extérieur des murs du palais, mon cœur est meurtrie, je n’arrive plus à garder le contrôle sur mes émotions que je refoule au plus profonds de moi depuis trop longtemps. Le stress et toutes mes craintes, angoisses, regrets. Être totalement impuissante face à ma situation couplée au manque flagrant de sommeil, me submerge. Je ne peux plus les contenir, j’éclate en sanglot incontrôlable arrachant des touches d’herbe. Je n’en peux plus, je ne supporte plus de me sentir vulnérable, je ne suis rien sans la lumière, je peux même pas me protéger moi-même, comment je peux protéger les personnes qui me sont proches. Notre vie est constamment menacée. Si Sylvanas a découvert le pot-au-rose, Lor’themar Theron, Baine-Sabot-de-Sang sont en danger de mort part ma faute…
Je suis arrachée de force à toute ces pensées sombre par une symphonie mélodieuse inondant la forêt de sa chaleur. Elle a d’étrange similarité avec une mélodie de mon monde. Je cherche l’origine du son qui n’est d’autre que Aethas. L’elfe de sang est assis contre le tronc d’un arbre, son bâton de mage reposant dans le gazon et tenant dans ses mains une petite harpe faite en bois blanc gravé d’un ange. Les yeux fermés, ses doigts parcourent les cordes avec grâce et douceur. Je ne lui savais pas un tel talent de musicien, pensé-je en me laissant bercer par sa chanson. Des étranges cris attirent mon attention, je lève tête de curiosité. Dans le ciel, au-dessus des branchages, des faucons dragons dansent, la lumière du jour joue sur leurs plumages automnaux, peignant les cieux d’une teinte rougeâtres… Ce spectacle d’une beauté inégalée me fait pleurer de plus belle…
“ - Allons ma petite Opaline, pourquoi pleures-tu ?
• Une des filles du salon de thé a été méchante avec moi, elle m’a tiré les cheveux très fort alors je lui jeter le contenue de ma tasse à la figure.
Le rire tonitruant de mon oncle se répands dans ma chambre comme une traînée de poudre, il rit tellement fort que ça alerte ma nourrice. Mon oncle la chasse dans geste de la main. Il me pince le bout du nez avec taquinerie.
• Maman était très fâchée et papa, papa il… sangloté-je à nouveau sans finir ma phrase.
• Ma petite Opaline chérie, si on mettait ton père encore plus en rogne ! Rétorque-t-il, malicieux.
Je le regarde du haut de mes 5 ans sans comprendre ses propos. Il me chatouille les côtes ce qui me fait rire pour ensuite me soulever sur ses épaules.
• Que dirais-tu si oncle Maze t’apprenait monter à cheval et tirer à l’arc ? Demande-t-il enjoué.
J’acquiesce et, de mes petites mains, et m'amuse à décoiffer ses cheveux d’ébène parfaitement coiffés, le faisant rire derechef. “
Nous sommes restés dans les bois des champs éternels jusqu’à la nuit tombée. Quel nom romantique, il se marie si bien avec l’atmosphère énigmatique des lieux. C’est l’elfe aux cheveux blond et aux dagues sculptées qui nous trouve. Il se nomme Halduron Luisaile et il est le commandant des forestiers. De ce que j’ai compris, ce sont des soldats d’élite, une sorte de guérilla. Le commandant nous informe de la situation, Sylvanas ne sait rien de ma présence ici et encore moins de ce qui se trame dans son dos, mais elle se doute clairement de quelque chose et Sylvanas n'est pas née de la dernière pluie, c’est une question de temps avant qu’elle ne comprenne les tenants et les aboutissants. Plus vite je quitte la terre de Quel'Thalas avec une alliance avec le jeune roi mieux ça sera. La tête de Lor’themar ne tient qu'à un fil. Je peux voir dans le regard d’Halduron lorsque qu’il parle du régent qu’il tient à lui, mais lorsque ses yeux verts se posent sur moi, il n’y a que froideur. L’elfe ordonne à Aethas d’ouvrir un portail pour rentrer au palais. Sans sourciller, mon ami s’exécute. De retour dans la salle du trône, Baine se précipite vers moi, me demandant si je vais bien, le seigneur régent à l’air soulagé de m’avoir retrouvé. Il me raccompagne dans mes quartiers, Lor’themar ne compte pas repousser l’entrevue avec Anduin, au contraire, ça devient urgent.
Les deux derniers jours ressemblent à une éternité. L’incident avec Sylvanas n’a fait qu'augmenter mon mal être, mais je vais enfin en être libérée. Après un calvaire insoutenable piégée à Lune-d’Argent, savoir qu’il n’est plus qu’un question d'heure avant d'être réunie avec Anduin m’emplie de légèreté et embaume mon cœur d’un bonheur incommensurable. En dépit de cette joie qui m’illumine, au fond de moi je me sens peiné. Pourtant, même si ma vie et celle de mes amis étaient sur un fil prêt à se rompre à chaque instant, tout n’est pas à jeter. Lune-d’Argent m’a apporté un peu de bon, il faut le reconnaître, J’ai passé d’agréable moments avec Ilera, certains amusant, d’autre embarrassant, comme la fois où elle et Nawe parlaient sans gêne de leurs conquêtes de passage. Je me suis retrouvée malgré moi embarquée dans une conversation que je ne souhaitais guère, je n’ai jamais été aussi embarrassé de toute mon existence. Mes joues sont devenue pivoine lorsque sa curiosité mal placé à commencer à m’interroger sur mes amants. Anduin est le seul homme que j’ai connu et dont je suis réellement tombée amoureuse, après tout il m’a été destiné par la lumière elle-même. Il est le seul à avoir partagé mon intimité et je n’ai qu’un désire, qu’il en soit toujours ainsi. Je ne remercierai jamais assez Aethas d'être passé pile à ce moment-là. Fuir avec lui dans la bibliothèque m’a sauvé de question beaucoup trop personnel et mal placée. Elle va tout de même me manquer, comme Aethas d’ailleurs. Lorsque je plierai bagage, ils me manqueront. J’aime passer du temps avec eux, surtout Aethas, il a été pour moi un indéfectible soutient et un bon professeur, je ne le remercierai jamais assez pour tout ce qu’il a fait pour moi. Contre ma volonté, je dois bien m’avouer que je me suis attachée aux deux elfes. Cette mésaventure m’a également rapproché de Nawe avec qui j’ai forgé un lien d’amitié, elle m’a beaucoup rassuré, atténuant quelque peu le sentiment de solitude et de peur qui ne me quitter jamais. Mon seul regret, c’est que Lor’themar Theron n’est toujours pas mis la main sur le coupable, de ce que j’ai décrypté dans les belles paroles du régent, certains gardes des geôles ne sont pas très coopératifs.
Nawe et moi nous rassemblons le peu d'affaire que nous possédons dans un petit sac de toile, surtout des vêtements que le régent nous laisse emporter en plus de ceux que nous portions sur nous. Après tout, Lor’themar Theron ne vas pas nous laisser quitter Lune-d’Argent nues comme des vers et sans oublier bien sûr le présent d’Aethas. Sur mon lit, je remarque une boite délicatement décorée avec une lettre posée sur le couvercle, je l’attrape et la déplie.
“ Chère Lynawen,
Je déteste les adieux déchirants et surtout je n’ai pas envie d’abîmer mon maquillage avec des larmes alors je me permets de t’écrire c’est quelques mots à la place. Je n’oublierais jamais ce qui tu as fait pour moi ce jours-là à Lordearon, je te dois la vie. Merci, de t’être soucier de ma personne alors que je croupissais en prison et merci également être devenue mon amie. Je ne t’effacerai jamais de ma mémoire. J’espère que cette alliance marchera et que nos deux factions un jour seront en paix définitivement. Lorsque ce jour viendra, revient me rendre visite à Lune-d’Argent, je te ferai visiter la cité comme il se doit et surtout refaire ta garde-robe qui laisse grandement à désirer. Voilà un présent pour commencer.
Ton amie Ilera.“
Voilà du Ilera tout craché, ses mots me font sourire et j’ouvre le paquet qu’elle m’a laissé. À l’intérieur se trouve une robe elfique, très longue et ample au tissu soyeux rouge. Le centre est argenté avec le dos légèrement ouvert. Le tissu est cousu sur un ornement en métal argenté qui fait le tour du buste et est sertie de pierre rouge qui lui-même est relié par une chaînette à un collier du même matériau. Les manches amples ne couvrent pas les épaules mais à la place, des ornements les recouvrent, les rattachant au cou mais également à l’avant et à l’arrière du buste. Elle est très jolie mais semble si compliquée à mettre. Je la range à nouveau dans son contenant d’origine avant de le glisser dans le sac en toile avec le reste de mes affaires.
Deux soldats finissent par faire éruptions dans la pièces, l’heure tant attendu du départ. Ils nous escortent dans la salle du trône. Aethas et d’autres membres de son ordre, droit comme des piqués, le seigneur régent debout entre ses deux conseillers, le Tauren Baine, mais lorsque mes prunelles se pose sur Lydran, vêtu de son armure abîmé et tenant dans ses mains un grand sac de toile, mon visage s’illumine. Je passe mes affaires à Nawe avant d’accourir vers lui pour le prendre dans mes bras.
• Je savais qu’un jour vous ne pourriez résister davantage à mon charme irrésistible ! Exclame Lydran avec son air hautain habituel.
• Je vais passer outre cette remarque. Rétorqué-je le sourire au lèvre. Qu’est-ce que vous avez la ? demandé-je de curiosité pointant son sac du doigt.
• Eh bien, ma beauté, c’est votre armure. Qui d’ailleurs est dans un piteux état. Croyez-moi que si on m’en avait laissé l’occasion, j’aurai refait le portrait de ce gredin.
Me remémorer ce souvenir est douloureux. La douleur, le sang, sa cruauté, j’en fais déjà des cauchemars je n’ai guère envie d’y penser maintenant. Lydran l’a bien remarqué, il sort du sac mon arc. Je le saisis et le manie pour vérifier son état, il est indemne et n’a pas perdu sa souplesse, l’avoir dans les mains me donne l’impression d'être moins vulnérable. Je zieute la salle du trône à la recherche de mon fidèle protecteur mais aucune trace de sa présence. Je me tourne alors vers le régent anxieux.
• Yaedrel, mon protecteur. Où est-il ? Va-t-il arriver ? Demandé-je avec une boule au ventre.
• Je suis désolé, jeune fille, ça n’a pas été une décision facile et je sais vous n’allez pas l’apprécier. Le Dreanei reste ici et sera jugé pour le massacre de la salle de l’orbe.
Le verdict de sa décision est tombé comme un véritable coup de massue, je ne pouvais retenir mes larmes qui déferlent sur mes joues. Mon ami le plus précieux, celui qui a toujours été auprès de moi, va être puni, peut-être même exécuté par ma faute. J’ai envie de crier ma douleur, dire quel point c’est injuste, mais à quoi bon ? Je sais que le seigneur régent ne me le rendra point. Je ne peux rien faire face à lui… Je me contente de sangloter et serrer mon arc dans mon poing en silence. Mes deux autres amis sont à mes côté et essayent d’apaiser au mieux ma tristesse. Même Baine me regarde avec des yeux compatissant, il a dû essayé de le convaincre, mais surement en vain.
• Rommath, brise ton sort. Intervient le régent en d’adressant au mage à la queue de cheval.
D’un geste de la main une aura blanche jaillie de ses doigts. Mon corps est comme enveloppé dans ce nuage qui se dissipe aussi rapidement qu’il est apparu. Je sens subitement une intense chaleur familière qui bouillonne en moi. Elle m'apaise, cette lueur d’espoir m’imprègne. Mes mains s’illuminent d’un doux rayonnement avant de s’évanouir. Je ne sais pas comment l’expliquer, mais c’est comme si on m’avait rendu une partie de moi-même. Je me sens plus forte et ce sentiment est si agréable.
J’ai enfin un nom pour le mage qui dissimule sa figure avec son manteau, Rommath ouvre ensuite un portail, de l’autre côté je ne perçois que des pierres froides qui bouge au grès de l’ondulation magique. Le régent fais un signe de la main, lui-même, Baine, Aethas franchissent le portail, puis viens notre tour accompagné de quelques soldats armés jusqu’aux dents, j’imagine que c’est au cas où ça dégénère. Il y a de grande chance qu’Anduin fasse de même. Une fois de l’autre côté, j’ai le loisir de mieux observer les lieux, on est dans une structure en pierre peu décorée mais il y a des étendards portant un symbole qui m’est inconnue. Une grande table de bois avec plusieurs chaises et une autre petite pièce sur la gauche avec une grande entré qui donne sur l’extérieur et une autre sur la droite. Les gardes Sin’Dorei se poste d’un seul côté de la pièce. Lor’themar Theron ordonne à Aethas et aux autres mage de sang de nous conduire moi et mes amis dans la salle de droite. Pendant ce temps, la voix des dirigeants de la horde résonne derrière la porte. Quant à moi, je me laisse glisser le long de la paroi, jouant avec la lumière, la faisant apparaître et disparaître comme Yaedrel me l’avais enseigné, rien que de penser à lui, mes yeux commencent à me picoter.
• Vous ne devriez pas faire ça. Intervient Aethas. Vous le rendez nerveux.
Je lève la tête et vois le garde elfe de sang me regarder avec méfiance, la main sur la poignée de son épée à double lame. Je ferme le poing, réduisant la lumière dans ma paume à néant pour ensuite me recroqueviller sur moi-même.
• Lynawen, pardonnerez-vous de vous avoir mise en danger. Demande Aethas.
• Vous n’avez rien à vous faire pardonner, je suis aussi fautive. Marmonné-je
• Allons, ma beauté aux yeux d’argent ! Arrêter de vous blâmer pour tout ! Personne ne vous en veut pour ce qu'il s’est passé et je pense très sincèrement que votre toutou bleu non plus ! S’incruste Lydran.
Je me relève à la hâte, le bousculant presque, lorsque j’entends la grande porte s’ouvrir avec fracas et que la voix d'Anduin résonne. Mon cœur s’emballe dans ma poitrine si fort que les bruits extérieurs sont devenue superflue. Je me fraye un passage mais le garde m’interpelle, me bloquant le chemin.
• Vous ne pouvez pas passer, le seigneur régent m’a ordonné de vous surveillez. Dit le garde.
• Certes, mais que je sache, il ne vous a pas ordonner de m’empêcher de sortir d’ici. Écartez-vous je vous prie. Répondé-je un poil agacé.
• Vous êtes encore sous la coupe du seigneur régent, retournez-vous morfondre dans un coin, humaine.
• Le seigneur régent m’a rendu ma magie et mes affaires, je suis donc plus son otage…
• Lynawen obéissez aux ordres, vous serez bientôt libre, un peu de patience. Intervient Aethas le ton tremblant.
J’espérais vraiment avoir le soutien d'Aethas mais il tourne les talons, fuyant mon regard. Malgré les tentatives pour m’adresser à lui, il reste murer dans son mutisme, m’ignorant délibérément. L’ai-je fâché ? Je jette un coup œil à mes compagnons, Lydran me gracie de son sourire aguicheur habituel, au lieu de m’horripiler, il me console un peu. Je m’assoie alors dans un coin, mon cœur bat à la chamade en sachant que Anduin est juste de l’autre côté de la porte mais j’ai également mal, sachant que mon pauvre Yaedrel croupie encore dans les geôles de Lune-d’Argent, attendant un procès qui pourrait lui ôter la vie… Je suis en colère, en colère que Lor’themar Theron me vois encore comme une otage, m’empêchant de participer aux négociations, qu’il a eu grâce à mon aide de surcroît. Au final comme le soldat du seigneur régent l'a si gentiment souligné, je suis encore en train de broyer du noir. J’ignore combien d’heure je suis restée recroquevillée sur moi-même, je suis sortie de ma transe par la porte qui s’ouvre avec fracas, ce qui me fait sursauter. Le garde s’approche de moi, me donnant enfin l’autorisation de sortir. Je me lève d’un bond, le cœur battant mais on me saisit le poignet en donnant un coup sec m’obligeant à lui faire face. Aethas me regarde, l’air accablé et la main tremblante.
• Aethas ? Vous n’avez pas l’air dans votre assiette. Remarqué-je inquiète.
• Votre départ, m’afflige beaucoup… Marmonne-t-il, troublé.
• Vous allez aussi me manquer, mon ami…
• Vous m’avez envoûté… Soupire Aethas avec désarroi. Me repousseriez-vous si je vous avoue que je vous…
• Lynawen ! Intervient une voix très familière qui coupe Aethas dans son élan.
Deux mains chaude saisissent mes épaules avec tendresse. Je lève la tête et deux prunelles azurées croise les miens.
• Anduin… Murmuré-je, les yeux larmoyant.
• Mon amour, je suis tellement soulagé de te voir saine et sauve.
Mon bien-aimé m’obverse sous toutes les coutures, son regard est empli de larmes, il me serre brusquement dans ses bras si fort que je peux à peine respirer. La chaleur de son corps contre le mien est si agréable et réconfortante comme le feu d’une cheminée en plein hiver. Mes mains se faufilent dans son dos et s’y agrippe farouchement. Son odeur boisée est apaisante tout comme le contacte glacé de ses doigts sur ma nuque. Je me sens tellement bien et en sécurité dans ses bras. La colère, la peur, mes angoisses se sont comme dissipées, évanouies comme si elles n’avaient existé. La fatigue que j’avais accumulée ses dernières semaines me tombe soudainement sur le coin du nez, je pourrai m’endormir sans crier gare.
• Lor’themar theron m’a rendu ta pierre de foyer. Exclame Anduin en brisant se délicieux moment.
Je recule, terminant notre étreinte à contrecœur, Anduin fouille dans sa poche sort ladite pierre magique. Lorsque que je pose mes iris d’argent dessus, je ne ressens que le dégoût, tout à commencer à cause de cette fichu pierre ! J’étais incapable de l’utiliser, je ne pouvais me résoudre à sacrifier deux de mes amis dans la peste mais au final j’ai quand même perdu Yaedrel. Mes larmes me montent aux yeux.
• Garde-la. Dis-je sèchement. J’ai besoin de prendre l’air.
Je tourne les talons et remarque qu’Aethas s’est évaporé, je me sens un peu coupable de l’avoir oublié alors qu’il essayer de me confier quelque chose. J’aperçois Saurcroc dans un coin de la pièce, Anduin lui a rendu sa liberté. Je croise le regard du seigneur régent et de Baine qui m’interpellent. J’avale ma salive difficilement et les rejoints. Ils ont l’air très satisfait, l’alliance a été conclue. D’un côté, je suis contente de savoir que les rebelles de la Horde et l’Alliance vont œuvrer ensemble, mais je suis trop bouleversée pour réellement m’en réjouir. Après des adieux, je sors à l’extérieur de ce bâtiment de pierre pour prendre une bouffer d’air frais. Je scrute les environs avec horreur, l’endroit où je me trouve est terrifiant. Je suis dans une forêt dévastée, mourante, où règne une atmosphère déplaisante qui fait trembler mes os d’horreur. Je sens deux bras enserrer ma taille avec douceur et ses lèvres embrasser le haut de mon crâne.
• Quel endroit sinistre pour nos retrouvailles… Soufflé-je, peinée.
• Même dans les recoins les plus sombre d’Azeroth, ta lumière fait rayonner les lieux. Répond Anduin avec romantisme.
Anduin, me retourne délicatement pour lui faire face, je me noie dans ses prunelles azurées. La caresse de ses doigts sur ma joue me fait frissonner, ils les glissent doucement sous mon menton pour relever légèrement mon visage. Ses lèvres humides effleurent les miennes avant d’en prendre pleinement possession. J’entoure sa nuque de mes bras et Anduin m’enlace me serrant au plus près de lui. On laisse notre passion s’exprimer, nous abandonnant à ce baiser brûlant et notre lien unique se manifeste à travers la lumière qui nous illuminent.
Brusquement, Anduin recule, brisant notre baiser de façon inattendu, il me regarde complètement choqué, sa respiration se saccade et sa main s’agrippe à sa poitrine puis la colère s’empare de ses traits gracieux. Mon amant se précipite vers un arbre mort ou il s’appuie d’une main sur le tronc avant de le frapper de son poing si fort que l’arbre à vaciller. Effaré, j’accoure vers lui l’empêchant de recommencer en empoignant sa main meurtrie au creux des miennes et en utilisant la lumière pour soulager sa douleur.
• Qu’est-ce qui te prends ! L’interpellé-je choqué et inquiète.
• La douleur de ma main n’est rien à côté des souffrances que tu as enduré ! S’emporte Anduin. Je n’ai pas su te protéger…
• La lumière, elle t’a fait voir mes souvenirs…. Marmonné-je en mordillant la lèvre.
Mon amour acquiesce, la lumière est décidément imprévisible, elle nous vient en aide, ou nous connecte selon son bon vouloir. Je ne voulais pas lui dire, du moins pas tout suite, je ne désirais pas le blesser davantage
• À Lordearon, alors que je te cherchais dans les moindres recoins, la lumière ma fait ressentir une immense et insupportable douleur, c’était la tienne. Je t’ai senti partir…
Je me jette dans ses bras ce qui le fais légèrement basculer en arrière, me blottissant contre lui. Son cœur s’affole dans sa poitrine.
• Ce qui est fait est fait, on ne peut pas revenir en arrière. On ne peut pas effacer la douleur et les affronts que j’ai subis, on peut pas me rendre Yaedrel… Mais dans cette adversité, on il y a eu du bon, cette alliance avec les rebelles de la Horde est une chance inestimable pour gagner la guerre. Dis-je avec conviction.
• Cette fois ci c’est toi qui est plus mature que moi. Tu m’as terriblement manqué ma douce Lynawen.
• Rentrons chez nous. Rétorqué-je.
• Chez nous ? Répond Anduin, surpris.
• Oui, chez nous à Hurlevent.
À ses mots l’étreinte d’Anduin se resserre. Une de ses mains vient s’enfouir dans ma chevelure ébène, puis il vient chercher le contacte de mes lèvres et y dépose un court baiser.
• Oui, rentrons chez nous, mon amour. Lâche-t-il avec beaucoup de tendresse dans sa voix.
/Un chapitre un peu plus long que d'habitude,j'espère que ça vous a pas trop gêné, il se passe beaucoup de chose en tout cas. Merci de continuer à lire mon récit. :)/