Ceux qui brûlent dans la lumière

Chapitre 35 : Un réconfort

4990 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 27/01/2021 20:31

Un réconfort


Après l’incident avec Nawe dans les geôles de Lune-d’Argent, le seigneur régent a décidé de nous faire partager la même chambre et nous a donc installé dans une autre aile du palais. La chambre est plus spacieuse et abrite deux petits lits confortables séparés par un grand paravent pliable pour profiter d’une illusion d'intimité. Il y a une autre porte qui donne sur une salle d’eau et des latrines, pour mon plus grand plaisir. Le plafond est peint de faucon-dragon qui prennent leur envol, ce n’est pas pour me déplaire car je suis prise de fascination pour cet animal puissant et plein de grâce. La fenêtre donne toujours une magnifique vue sur la cité en contrebas et, en plus, on a le luxe d’avoir une petite étagère remplie de livre, mais hélas très peu sont dans une langue que je peux décrypter. Les deux affreuses sorcières qui me maltraitaient ont été déchu de leur poste. J’ignore quel sort le régent leur a fait subir mais je me réjouis de savoir que je ne les croiserai plus de sitôt. À la place, et de manière assez étonnante, le seigneur régent a libéré Aethas et Ilera. Ils ont été jugés et lavés de tout soupçon de trahison mais comme ils sont indirectement responsables du massacre des soldats dans la salle de l’orbe, ils sont coincés dans le palais et sous surveillance. Ilera est devenue notre dame de chambre et elle m’aide à prendre soin de Nawe qui n’a pas eu droit au même traitement magique mais à des soins plus traditionnel. Mon amie est malheureusement souvent fiévreuse et passe beaucoup de temps assoupie. Quant à Aethas, il a récupéré sont statue de mage de sang, j’ignorais que c’était une fonction, un ordre au service du régent. Il est étroitement surveillé par ses confrères qui le soupçonnent toujours de trahison.

Néanmoins, à de rares occasions, Aethas a l’autorisation de me rendre visite. Nous allons souvent dans une petite bibliothèque à côté de mes quartiers, avec l’autorisation du seigneur régent et bien sûr sous la surveillance des gardes. Dans ses moment-là il m’apprend quelques mots en Thalassian, leur langue natale, mais pas seulement. Il m’a enseigné beaucoup de choses sur son peuple et sa cité de naissance. Aethas a passé outre ma grande ignorance sur quasiment tout ce qui m’entoure, toutes personnes censées suspecterai quelque chose d’anormal, cependant Aethas ne me questionne jamais à ce sujet. Peut-être attends-t-il que je me confie de moi-même, ou bien il n'en a cure, j’ai l’impression qu’il est à l’aise en ma compagnie. En tout cas, ça me soulage de savoir qu’il n’a pas l’air de vouloir me tirer les vers du nez. Je peux ainsi profiter de son savoir en toute quiétude. Ma foi, ses leçons sont vraiment instructives, j’aime apprendre et découvrir les récits de ma terre d’accueil malgré le fait qu’elle ne soit pas toute rose, bien au contraire.

J’ai appris que les elfes de sang sont étroitement liés à la magie. Elle est vitale pour eux, au même titre que le sang qui coulent dans nos veines. Leur magie provient d’une source qu'ils appellent “ puits de soleil“. Si sa puissance se tarie, son peuple dépérit avec. C’est déjà arrivé une fois. Arthas, le chevalier de la mort, le prince déchu de Lordearon, celui-là même qui a commis le génocide de son propre peuple avant de les relever en une armée de mort-vivant, à marcher sur Lune-d’Argent, massacrant d’innombrable innocents. C’est d’ailleurs lui qui est à l’origine de cette ignoble balafre qui coupe la cité en deux. Tout ça pour ressusciter une liche du nom de Kel’tuzad et pour mettre à exécutions ses vils desseins, il souilla le puit du soleil. C’est ainsi que les haut-elfes périclitèrent et que leur yeux saphir d’origine sont devenue émeraude. Ils prirent la décision de se renommer les elfes de sang. 

Je l’ai également interrogé sur la haine de son peuple envers les humains et, de façon plus que survolée, Aethas a bien voulu m'expliquer un peu le pourquoi du comment. Avant l’Alliance telle que je la connais, il en avait une autre, commander par un homme, Othmar Garithos. Les Sin’Dorei en faisait partie. Lune-d’Argent, après l’attaque d’Arthas et la perte de leur source magique, ils étaient très affaiblies et en détresse et les humains n’ont pas levé le petit doigt pour leur venir en aide, les laissant mourir à petit feu. Ils ne les traitaient même plus en égal, c’était des moins que rien, des déchets. L’ancien dirigeant de cette Alliance leur donnait des taches et ordres impossible à réaliser pour ensuite leur cracher dessus et les accuser de trahison.

Cette vision me mets en rogne ! Comment peut-on être aussi mauvais, se servir d’un peuple jusqu’à la moelle par profit et ensuite s’en débarrasser à la moindre occasion. Plus j’en apprends sur le peuple d’Aethas, plus je m’en rends compte qu'ils ont beaucoup souffert. Je suis heureuse d’avoir connu l’Alliance d’Anduin, je suis persuadée que sous son règne, et grâce à la lettre que je lui ai écrite, il changera les choses. Une fois que Sylvanas sera six pieds sous terre, et définitivement cette fois, la paix entre la Horde et l’Alliance pourra s’épanouir telle une fleur au printemps, sûrement, avec du temps et beaucoup d’efforts des deux côtés.

En soit, j’apprécie la compagnie d'Aethas, il est aimable mais introverti. Son regard est chaleureux, dénué de rancœur à mon égard. La plupart du temps, il est silencieux, il a l’air d'apprécier le calme. Il ne semble parler que pour dire le strict nécessaire. Ilera, elle, est toute l’inverse. À force de de la côtoyer, je me suis rendue compte que c’est une vraie pipelette. Ses sujets favoris sont sa propre personne et l’archerie, un point commun au moins. Sous ses airs égocentriques, elle est gentille, quoi qu'un peu trop intrusive sur ma vie privée. Elle me pose constamment des questions, mais en vain, ses interrogations restent pour la majorité sans réponse. Elle ne dégage vraiment pas là même aura que son frère. Je ne suis pas idiote, c’est quand même plus qu’étrange que les deux elfes anciennement et toujours soupçonnés de trahison par certains soit subitement dans mon entourage. Je m’interroge sur les manigance de Lor’themar Theron sous ses airs aimables et conciliant.

Je suis sortie de mes songes par le froissement d’un drap accompagné du grincement du sommier en bois du lit de Nawe. Je me retourne, m’extirpant du livre dont j’admirais les dessins sans comprendre réellement la langue dans laquelle il est écrit. L’elfe du vide est appuyée sur la tête de lit.

•        Vous êtes réveillée ? quel soulagement. Soupiré-je. Vous avez soif ? Je vais chercher de l’eau.

Je n’attends pas sa réponse et j’attrape la carafe d’eau posée juste à côté de moi pour ensuite remplir un verre propre. Je glisse de ma chaise et viens m’asseoir sur le bord de son lit et lui tends alors le verre. Nawe le saisit doucement entre ses doigts délicats et légèrement tremblants avant d’en boire goulûment le contenu.

•        Vos blessures vous font encore souffrir ? Demandé-je alors.

•        Un peu. Dit-elle simplement en secouant légèrement la tête. Où sommes-nous ?

•        Vous ne vous souvenez pas ? Rétorqué-je, surprise. On est dans une chambre du palais de Lune-d’Argent. Ce n’est pas grave, Vous étiez gravement blessée et très fiévreuse, Vous reveniez à vous et puis tombiez à nouveau dans l’inconscience.

•        Je vois, nous sommes prisonniers ici depuis longtemps ?

•        Oui… Depuis 3 semaines, peut-être plus, j’ai un peu perdu la notion du temps. Répondé-je, peinée.

•        Comme il doit vous manquer. Exclame-t-elle subitement.

•        Pardon ? Répondé-je, prise au dépourvue.

•        Le jeune roi.

•        Oh ! Oui… Chaque jour un peu plus… J’y survivrai, j’ai dans l’espoir qu'on sera bientôt réunis. Le régent souhaite une alliance avec le roi et, si ma lettre à l’effet escompté et que les deux partis y trouvent leur compte, on pourra probablement rentrer à Hurlevent. Confié-je, optimiste.

•        Vous n’avez pas chômé, à ce que je vois. Vous feriez une excellente reine ! Même chez l’ennemi, Vous formez des alliances avec le régent borné des Sin’Dorei. On peut rajouter ça à vos exploits.

•        Allons, vous exagérerez, je n’ai rien fait de spécial à part rédiger une lettre. C’est surtout le régent qui désire réellement une paix avec l’Alliance. Essayé-je de lui expliquer.

•        Quelle modestie, très chère. Répond Nawe un sourire aux lèvres.

•        Parlons d’autre chose, vous souvenez vous de votre agresseur ? ça pourrait aider le seigneur régent à trouver le coupable plus vite. La questionné-je.

•        Contrairement à toute attente, c’était un elfe de sang.

•        Très drôle, Nawe. Ce n’est pas comme si Lune-d’Argent était composée exclusivement d’elfe de sang.

•        Je suis désolée, je ne m’en souviens pas vraiment. Il faisait sombre et tout est allé si vite. Je préfère en rire qu'en pleurer.

•        Pourquoi s’en prendre à vous ? Vous êtes de l’Alliance mais Lydran et Yaedrel aussi et personne ne les a agressés. Questionné-je, dubitative.

•        Probablement parce que je suis une elfe du vide… Les Sin’Dorei nous voit comme des traîtres.

•        Pourquoi ça ? Votre espèce a causé du tort aux elfes de sang ?

•        C’est plus compliqué que ça, très chère Lynawen, notre race n’est pas une race à part entière. Nous étions des elfes de sang, à l’origine. Pour faire simple, j’ignore vos connaissances sur l’histoire des elfes de sang et d’Arthas, mais lorsqu’il souilla notre source magique et que notre peuple mourrait de manque, certains d’entre nous décidèrent de trouver une nouvelle source de magie dans “le vide“. Le Vide est l’opposé de la lumière, il est considéré comme la source de la malfaisance. On nous a rejeté mais le jeune roi, lui, nous a ouvert sa porte même si c’est un fervent croyant de la lumière et qu’il considère le vide comme dangereux.

•        Je ne savais pas, je sais peu de chose, à vrai dire… Cependant, c’est avec certitude que j’affirme qu’Anduin est un homme généreux, il ne fait guère de distinction entre les races, il a le cœur sur la main. Il est bon et aimant. Dis-je le sourire aux lèvres en pensant à mon aimé. Donc cette étrange émanation dans vos cheveux c’est le vide ? Enchaîné-je.

Elle hoche de la tête pour la confirmation, je comprends mieux pourquoi je me sentais mal à l’aise lorsque je l’ai vu les elfes du vide pour la première fois et pourquoi je ressens toujours cet inconfort en sa présence. La lumière en moi ne fait que réagir à son opposé.

Soudainement, on frappe à la porte, ce qui me fait sursauter. Je pose ma main sur ma poitrine pour me calmer. Je suis une vraie poule mouillée depuis que je suis prisonnière ici. Le moindre bruit m’angoisse et me mets immédiatement sur mes gardes. Dans l’encadrement, deux elfes aux visages familiers et rassurant. Je suis emplie de sentiments contradictoires. J’aimerai vraiment les considérer comme mes amis mais, même si je leur dois la vie, surtout Aethas, je dois absolument éviter de leur accorder ma confiance aussi facilement.

•        Lynawen, ton amie est pleinement éveillée, quelle surprise et soulagement ! J’apporte justement vos repas, de quoi lui rendre des forces ! Dit Ilera, enjouée, en posant le plateau sur la table.

•        Merci Ilera. Répondé-je cordialement avant de me tourner vers son frère. Sinu a’manore, Aethas.

L’elfe aux cheveux cendrés répond avec un signe de tête avant de fuir mon regard d’argent. Je sens subitement deux mains glaciales encadrant ma figure et les yeux dorés d'Ilera me fixer avec intensité. Je me sens particulièrement embarrassée et je la repousse en l’attrapant par les poignets pour la faire lâcher prise.

•        Lynawen ! Soupire-t-elle. Vous avez deux cratères sous les yeux. Avez-vous au moins prit le remède que je vous ai concocté pour dormir ?

•        Ce n’est pas très efficace… marmonné-je.

•        Dites plutôt que vous ne l’avez simplement pas ingéré. Avez-vous peur que je vous empoisonne ? Gronde Ilera.

•        Non, ce n’est pas ça. Comment dormir en sachant que deux mes amis sont enfermés dans des sinistres geôles !? Que l’agresseur de Nawe est toujours en liberté ! Que je ne suis pas sûr de rentrer à Hurlevent, mon foyer, et surtout être si loin d’…

Je ne finis pas ma phrase, préférant éviter de dire par mégarde que le jeune roi de l’Alliance est mon amant. Les larmes me montent au yeux, j’essaie de les contenir de toutes mes forces. Par la lumière, qu’est-ce qu’il me manque, qu’est-ce que je ne donnerai pas pour être à nouveau auprès de lui, pouvoir me reposer sur son épaule en toute sérénité, être dans le creux de ses bras aimants, de goûter à ses lèvres sucrées.  

•        Etres très loin de quoi Lynawen ? Questionne Ilera avec intérêt.

•        Ilera ! Laissez là en paix. Intervient Aethas, agacé.

La femme aux cheveux argentés incendie son frère du regard mais celui-ci n’en a cure et se contente de soupirer. Il se faufile doucement vers moi avant de me tendre un mouchoir de soie bleu que j’attrape avec hésitation puis sèche mes yeux humides. 

•        Allons à la bibliothèque, nous avons l’autorisation du régent, nous pourrons reprendre vos leçons de Thalassien dans le calme, c’est beaucoup trop bruyant ici. Exclame-t-il en fixant sa sœur.

J’acquiesce et Aethas me présente sa main gantée. J’y insère la mienne. Il m’aide à me redresser puis, ensemble, nous sortons de la chambre sous bonne garde. Une fois arrivé à destination, nous y entrons et notre escorte reste à l’extérieur de la pièce, elle n’est déjà pas très grande et nous serions à l’étroit de toute manière. Nous nous installons à une table, je m’arme d’une plume et d’un parchemin et j’ouvre le livre pour continuer ma leçon sous l’œil doux et attentif d’Aethas. À chaque faute écrite ou de prononciation, il me reprend gentiment, me montrant l’exemple. J’avoue, j’apprécie fortement de l’entendre parler sa langue elfique, les sonorités et le timbre de sa voix son agréable à l’oreille. Ma concentration finit par s’évanouir contre ma volonté et mon esprit vagabonde sur d’autre rivage.

•        Dites-moi, Aethas, les elfes de sang croient-ils en la lumière ? Interrogé-je, curieuse.

•        Non, nous nous sommes détournés de ce genre de croyance.

•        Donc, votre peuple est dans l’incapacité d’utiliser la lumière ?

•        Bien sûr que si. Répond-t-il.

•        Comment ? On m’a toujours dit qu’il fallait avoir une foi inébranlable en elle pour pouvoir la manier. Exclamé-je stupéfaite.

•        Ma foi, il faut savoir se montrer persuasif. Rétorque Aethas, énigmatique. Et vous, pourquoi avoir suivi cette voie, il y a tellement de magie en ce monde. Questionne-t-il à son tour, curieux.

•        C’est la première magie que j’ai vue mais je crois en réalité que c’est la lumière qui m’a choisie. C’est difficile à expliquer mais j’ai un lien particulier avec cette magie. Vous savez, cette voie me convient parfaitement grâce à la lumière, je me sens utile, je peux venir en aide aux gens dans le besoin. Depuis qu'on n’a réduit mon lien avec elle au silence je me sens vulnérable et craintive. J’ai tellement peur du sort qu'on pourrai me réserver…. Répondé-je la voix tremblante de sincérité.

Aethas reste muré dans son mutisme mais ses yeux émeraudes scintillants sont criant de compassion. Il pose délicatement sa main sur la mienne dans un geste qui se veut rassurant. Je souris à son geste si courtois, mais au fond de moi j’aimerai que ce soit la main d’Anduin et non la sienne qui me recouvre de sa chaleur. Ce sourire s’évanouie bien vite, je me retire de son emprise. Mes doigts tripotent ardemment la lanière de cuir d’Anduin, il est constamment dans ma tête, il n’y a pas un jour où je ne pense pas à lui. A-t-il reçu ma lettre ? Je suis sans nouvelle depuis trop longtemps, le messager du régent a dû lui transmettre, du moins je l’espère. Lor’themar Theron n'a point éclairé ma lanterne, il n’a pas daigné me rendre visite. Ça ressemble à une éternité pour moi. J’ai peur de ne jamais les revoir, lui et le foyer accueillant qu’est devenue Hurlevent pour moi. Dans ma situation, Anduin garderait espoir, moi aussi je souhaite conserver cette petite flamme, cette alliance peut me remmener chez moi. Il faut que je tienne jusque-là ! Garde la foi, Lynawen ! Pour oublier ne serait-ce qu’un temps mon chagrin amoureux, je me replonge dans l’apprentissage du Thalassien. Le bruit d’un livre on pose abruptement sur la table attise mon intérêt, je lève mon nez de ma feuille. Aethas a posé un bouquin avec une belle couverture cuivrée aux fioritures dorées et le fait glisser vers moi. Je cherche son regard et lève un sourcil interrogateur.

•        C’est pour vous. Lâche-t-il.

•        En quel honneur ? Demandé-je, curieuse.

L’elfe de sang se contente de croisé les bras sur son torse sans donné une quelconque réponse pour autant. Je hausse des épaules et ouvre le livre. C’est une encyclopédie, une étude complète consacré au faucon-dragon, avec de magnifique illustration de cette animal majestueux et, cerise sur le gâteau, il est totalement traduit dans la langue commune. Je le feuillette rapidement et remarque qu’il y a quelque chose de dissimulé entre les pages, je m’émerveille quand je saisie entre mes doigts une plume de faucon-dragon, identique à une puissante flamme et pourtant tellement douce au toucher. Dans un sens, c’est un peu idiot de s’extasier devant une simple plume, mais je n’ai jamais vue son pareil. Cet oiseau est somptueux ! Puis, à défaut d’en voir un fendre les cieux, j’aurai quand même un beau et agréable souvenir. Je me tourne vers Aethas, ne trouvant les mots pour lui montrer ma reconnaissance et quel point je suis touchée par son magnifique présent. C’est la première fois que je vois l’elfe au cheveux cendrés me gracier d’un authentique sourire.

•        Lynawen, je dois vous faire une confidence. Exclame subitement Aethas avec un air plus sérieux.

Je repose la plume dans le bouquin avant de le refermer avec délicatesse. Je me repositionne sur ma chaise et l’incite à continuer en le fixant avec intensité de mes iris.

•        Le seigneur régent, pendant notre procès, lorsqu’il nous a lavé du déshonorant titre de traître, il avait émis une condition derrière. Il a vu la sympathie que vous éprouvez pour Ilera et moi et il voulait se servir de nous pour vous soutirer des informations.

•         Je comprends mieux pourquoi vous êtes tous les deux autour de moi du jour en lendemain. Que vous a-t-il dit sur moi ? Rétorqué-je un poil contrariée.

•        Pas grand-chose en réalité, juste que vous êtes une amie très proche du roi de l’Alliance et que vous cachez un gros secret sur vous. Je le jure sur mon honneur que le régent ne m’en a pas dit davantage. Je peux facilement deviner que se sont vos yeux qui l’intéresse. Une humaine comme vous ne court pas les rue, vos iris énigmatiques ont des similitudes avec celles de mon peuple. 

•        Vous n’obtiendrez rien de moi ! Ce n’est pas en me soudoyant avec un cadeau que j’ai cru dénué d’intérêt que vous délierez la langue. M’emporté-je brusquement.

Voilà pourquoi Ilera me bombardait d’interrogations si intrusives, j’avais raison de me méfier, moi qui penser que je pourrais me lier d’amitié avec eux… Aethas, surpris de ma réaction, me contemple avec un tel désarroi. C’est vrai, contrairement à Ilera, il a fait preuve d’une grande honnêteté en m’avouant son méfait, je ne peux pas lui retirer qu’il n'a jamais chercher à savoir quoi que ce soit sur moi ou l’Alliance. Aethas m’a toujours paru droit. Je soupire de culpabilité, après tout ce n’est guère de leur faute, ils ne font qu’obéir à leur régent, c’est moi qui l'a embourbé dans le déshonneur.

•        Lynawen c’est parce que j’apprécie votre compagnie que je me devais d'être honnête avec vous…

•        Aethas, pardonnez mon excès de colère. Enchaîné-je. Vous ne faites que votre devoir, au fond, je ne vous en veux pas, à tous les deux. Je ferai mieux regagner ma chambre.

Aethas accepte, je ramasse le livre qu’il m’a offert et nous sortons silencieux de la pièce. Nos chemins se séparent, chacun escorté par notre escorte. Lorsque je pousse la porte de ma prison, j’entrevois Lor’themar Theron en train de discuter avec Nawe. Le bruit de la porte qui grince l’alerte et le seigneur régent porte son attention sur moi. Le vieil elfe se redresse et viens me rejoindre, je le salue avec respect.

•        Lynawen, vous daignez enfin vous montrez. Je vous donne un peu de liberté et vous disparaissez. Dit-il sur un ton sarcastique.

•        Ma liberté s’arrête à la porte d’à côté. Répondé-je avec désinvolture.

•        C’est pour vous protégez, mon enfant, mais votre protection ne sera bientôt plus de mon ressort.

•        Que voulez-vous dire, seigneur régent ? L’Interrogé-je, perplexe.

•       J’ai eu un intéressant échange de lettre avec le jeune roi et nous sommes tombés d'accord. Nous avons convenu d’une entrevue pour conclure et finaliser notre alliance. 

•        Vous êtes en train de dire que vous allez me libérer ? Espéré-je pleine d’espoir.

•        Il semblerait, il faudra vous montrer patiente jeune fille. Souffle-t-il.

Lor’themar Theron me remets une lettre avant de poser sa main sur mon épaule et de quitter les lieux. Je dépose le présent d'Aethas sur une chaise pour avoir le loisir d’examiner l’étrange lettre de plus près. C’est le sceau de l’Alliance mais le cachet est brisé, le régent a clairement lu son contenue. Je tire le paravent pour avoir un peu d’intimité et m’assoie sur mon lit. Je déplie avec soin la lettre pour me rendre compte que c’est l’écriture d’Anduin et mon cœur ne fait qu’un bond d'excitation dans ma poitrine.

“ Ma chère et douce Lynawen,

J’espère que cette lettre te trouvera en bonne santé. Tu dois savoir (Comment pourrait-il en être autrement ?) que je t’aime passionnément et que je me languis ardemment de ta présence. Par la lumière, mon amour, tu as vraiment le don de te fourrer dans l’improbable ! Tu n’imagines pas le chagrin insoutenable dans le quel tu m’as plongé, mon monde n’est que ténèbres car la lumière que tu es s’est évanouie. L’heure n’est pas aux reproches, car j’imagine sans peine que tu souffres beaucoup également, je ne supporte pas de te savoir otage. Je me ronge les sangs te sachant constamment en danger. Sache que je suis fière de toi, même dans l’adversité, tu sers loyalement l’Alliance, tu es une bénédiction pour Azeroth. Tu es parvenu à rallier à notre cause pour la paix, les elfes de sang et les Taurens. Tu es une femme incroyable et je ne remercierai jamais assez le destin de t’avoir mise sur ma route. Je pense à toi sans cesse, de l’aurore au crépuscule. À la pleine lune comme à la nouvelle, quand la pluie tombe et lorsque je sens la brise sur ma nuque j’ai l’impression se sentir à nouveau tes lèvres. J’emporterai ce doux souvenir partout avec moi. Tiens bon, ma douce, Je te le jure sur tout ce qui m’est sacré, nous serons bientôt réunis et ensemble à jamais.

Ton amour, Anduin. “

Les larmes déferlent en abondance, dessinant de multiples sillons sur mes joues rouges de chagrin. Ne pouvant me retenir, j’éclate en un sanglot incontrôlable, serrant sa lettre contre mon cœur. Je suis tellement heureuse de recevoir de ses nouvelles après de longues semaines dans l’ignorance et la crainte la plus total. Le simple fait qu’il me dise même à travers des simples lettres qu’il m’aime me mets dans tous mes émois. Je n’ai qu’une hâte c’est de le retrouver au plus vite ! Quand j’y pense c’est quand même très gênant que Lor’themar Theron ait lu la lettre d’amour d'Anduin… 



/Eh! C'est le petit moment note de l'auteur ! Comme j'adore me répéter, bah j'espère que ce chapitre vous aura plu et je vous remercie de suivre mon récit alors qu'il est loin être parfait. ça me fais très plaisir. :)/

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