Ceux qui brûlent dans la lumière

Chapitre 34 : Un gage de confiance

4987 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 27/01/2021 20:29

Un gage de confiance


J’ignore combien de jours se sont écoulés à force d’être enfermée à longueur de journée dans cette prison dorée. Ça m’a fait perdre la notion du temps. Ma seule échappatoire est cette fenêtre donnant sur l’extérieur et ce que j’aperçois depuis ma tour est d’une splendeur à vous couper le souffle. La vue dégage un tout autre charme que celle d'Hurlevent. De nombreuses tours percent les nuages et dans les airs flottent d’étranges plateformes qui abritent des structures, comme des bâtiments ou des jardins. En contre bas, dans l’imposante cité, l’architecture est circulaire. Tout est bâtie d’un marbre blanc ou rouge orné d’or, les grands sentiers qui traversent la ville sont de pierres rougeâtres se mélangeant dans une parfaite harmonie à la nature. Les arbres aux couleurs chaudes parsèment le paysage à perte de vue. La cité se trouve à l’orée d’une forêt au même teinte, c’est comme si Lune-d’Argent était une peinture dans la quel le peintre avait figé la ville dans une éternelle saison automnale. Seul bémol, une longue balafre semble couper la forêt et la ville en deux et de ce que je vois de l'autre moitié de la cité est en total opposition. C'est une véritable ville fantôme où tout y est sombre et délabré, comme corrompu. Je ne sais pas ce qu'il y est arrivé mais elle en porte la marque indélébile.

Je suis constamment sur mes garde et dévorée par la peur, sans parler de l’épuisement. Depuis que je suis prisonnière ici, j’arrive à peine à dormir. Je ferme les yeux, appréciant la douce brise sur mon visage, elle me rappelle les tendres caresses de mon aimé. Cette pensée me chagrine car son absence devient pesante, plus dur à supporter à chaque heure qui passe. Son visage, son sourire et l’écho de son rire me manque un peu plus chaque jour, creusant un vide dans mon cœur. Est-ce que lui aussi pense à moi ? Est-ce que je lui manque comme il me manque ? Je m’inquiète également pour mes amis mais pas seulement. Aethas préoccupe mon esprit et les larmes commencent à forcer la barrière de mes paupières. Je n’ai de nouvelle d’aucun entre eux. Lor’themar Theron avait affirmé qu’il reviendrait discutailler mais je n’ai, hélas, pas vu l’ombre de sa présence non plus.

Je suis sortie de mes sombres pensées par le bruit de ma porte qui s’ouvre avec fracas, me faisant sursauté. Les silhouettes de deux femmes elfes de sang se dessinent dans l’encadrement de la porte. Ce sont les deux dames de chambre, ou "geôlières", que le seigneur régent à choisie pour s’occuper de mes besoins primaires. C’est deux femmes sont froides, mesquines et parfois se montrent cruelles, et lorsque c’est le cas, elles sont volontairement abruptes avec moi, me violentant, me marquant de coups et me martelant d'insultes rabaissantes, me méprisant, m’accusant des mots que les humains d’Azeroth aurait commis envers leur peuple. Bien sûr, je me suis bien gardée de dire que je ne suis pas originaire de leur monde. Dans ses moment-là, je me concentre sur l’animal du paravent, ça m’aide à supporter leurs humiliations. À leurs simple vue, mon corps est pris de légers tremblements que j’essaie tant bien que mal de maîtriser. Je ne veux pas leur montrer la peur qu’elles m’inspirent. Celle aux cheveux blonds coiffés en un chignon élégant tient dans ses bras des vêtements alors que l’autre aux cheveux roux possède un énorme sceau d’eau.

•        Le seigneur régent vas venir s’entretenir avec vous, il faut donc que la sale humaine crasseuse que vous êtes soit présentable.

Elle vide le sceau dans la grande bassine en bois derrière le paravent alors que l’autre Sin’Dorei pose les vêtements fais d’un beau tissu aux nuances rouges, noires et or avant d’aider sa consœur à remplir le reste de la baignoire. Je me dévêtis avant de tremper un pied et de le ressortir immédiatement dans un cris étouffé, l’eau est bouillante. Mes deux geôlières me forcent à pénétrer dans la bassine et je ne peux absolument pas me défendre. La chaleur de l’eau me brûle la peau et je me mets à larmoyer, mordillant ma lèvre de frustration, silencieuse, contemplant l’étrange oiseau aux plumage d’automne peint également de l’autre côté du paravent, tout en subissant les gestes brusques d’une des femmes. Au bout de longues minutes, ce calvaire se termine enfin. Je me précipite hors de la bassine, meurtrie, mais soulagée. Je n’ai pas de brûlure, juste de douloureuses rougeurs constellant mon corps, semblable à des coups de soleil. Les deux femmes mesquines quittent la pièce en riant. Si on me n’avait pas privé de ma magie, je leur aurais fait payer. Je ravale mes sanglots de rage et reprends doucement mon calme. La colère et la vengeance ne mène qu'à plus de haine, c’est ce que m’a confié Anduin le jour où me suis laissée noyer par ces sentiments négatifs. À quoi ça aurait servie d’user de ma lumière, je n’aurai fait qu’aggraver ma situation avec le seigneur régent…

 J’enfile les vêtements, me regardant dans la glace au passage. Le rouge est une couleur que je porte rarement. Le pantalon est noir et orné de broderies dorées alors que le haut est rouge et or. Les manches sont amples mais le haut en lui-même est court, laissant mon nombril à l’air. Je ne me sens vraiment pas à l’aise vêtue de cette façon. J’attache ensuite mes cheveux avec la lanière qu’Anduin m’a donné à Lordearon et me fait une queue cheval qui tombe sur mon épaule gauche. C’est Idiot mais les coiffer ainsi me fait me sentir plus proche de lui, à défaut d’avoir ma précieuse broche en ma possession. Je m’assoie sur le lit et tâte mon crâne à l’endroit où j’avais l’habitude de l’accrocher. Mes prunelles se perdent à nouveau vers l’extérieur. Le souvenir encore très net d'Anduin qui me l’offre sous la lueur envoûtante des cristaux violets d’Exodar et la brume énigmatique des lieux qui m'enveloppait dans son sein. Grâce à cette pensée agréable, l’espace d’un court instant, j’ai pu oublier ma prison jusqu’à ce que le bruit de la porte qui s’ouvre à nouveau me sorte de ma transe. Dans l’encadrement se trouve Lor’themar Theron. Le vieil elfe s’avance, prenant soin de refermer derrière lui, et vient s’installer sur le tabouret en face de moi.

•        Vous avez très mauvaise mine, jeune fille, je vous trouve bien amaigris. M’interpelle l’elfe balafré.

•        Je ne dors pas très bien et je n’ai pas beaucoup d’appétit. Répondé-je avec une petite voix.

•        Je comprends, vous ne vous sentez pas en sécurité entre mes murs, je peux pas vous en tenir rigueur, mais vous devez prendre soin de votre santé. Je demanderai à une de vos dames chambres de vous apporter à manger. 

À la simple mention de l’une d’entre elle, mon corps se met à frémir d’effroi. Je détourne la tête pour trouver refuge vers la créature peinte. Néanmoins, je sens le regard inquisiteur du vieil elfe sur ma personne, augmentant mon malaise. 

•        Votre réaction m’en dit suffisamment, je devine très facilement que ces marques sur votre peau sont de leurs faits. Et bien soit, elles seront punies. Je ne permettrais pas que l'on vous maltraite ainsi sous mon toit.

•        Vous êtes trop bon, seigneur régent, mais vous aussi êtes responsable de mon calvaire. Je suis votre prisonnière. Rétorqué-je en haussant la voix.

•        J’en suis navré, mon enfant, je n’agis point ainsi pour le plaisir. Nous sommes malheureusement en guerre.

•        Je hais cette guerre ! Je suis certes dans votre monde depuis peu, mais j’ai vu des tas de merveilles qui ont été réduite à néant par votre faction.

•         J’ai le sang de toutes ses pauvres âmes sur les mains alors que je n’ai pas pris part à l’incendie de Teldrassil mais je n’ai pas non plus empêché Sylvanas de répandre la peste qui a anéanties nos rangs comme les vôtres. Exclame-t-il en fixant ses mains tremblantes.

•        Si vous n’approuvez pas les décisions de votre cheffe de guerre, qu'attendez-vous pour agir ? Demandé-je du tac au tac.

•        Sylvanas est bien trop puissante et particulièrement bien entourée. Seul, je ne peux rien contre elle, j’ai besoin d’alliés. Vous serez un atout de poids pour que le jeune roi considère une alliance avec nous. M’explique Lor’themar Theron.

J’appréhende beaucoup la situation, je serais un outil avec lequel le régent va jouer pour faire chanter Anduin, sauf que ce qu’il ignore c’est que mon amant est un homme de devoir. Même si ça bien-aimée est entre les mains de l’ennemi, il ne pliera pas aussi facilement à la demande. Si je donne crédit à toute cette manigance, Anduin sera plus enclin à l’envisager et je pourrai éventuellement rentrer à Hurlevent avec mes compagnons.

•        Seigneur régent, vous connaissez très mal le roi. Certes, on est liés par un indescriptible lien d’amour mais sachez que rien n’est plus important que son devoir et l’Alliance. En conséquence, même informé de ma présence entre vos mains, il ne cédera pas aussi facilement par amour pour moi. Si vous voulez une alliance avec lui, permettez-moi de lui écrire une lettre où j’émettrai vos demandes. Exclamé-je en le regardant droit dans les yeux.

Le vieil elfe passe ses doigts dans sa barbe, silencieux et pensif, avant de sourire à mon audace.

•        Vous êtes plus maligne que je ne le pensais sous vos airs tantôt innocents, tantôt impulsive. Soit, Il en sera comme vous le souhaitez. Je vous ferai parvenir du papier et de quoi écrire.

•        Vous ne restez pas pour vérifier ce que je pourrai écrire ? Répondé-je, surprise.

•        Essayons de cultiver une confiance mutuelle, je vous lirai tout de toute manière, donc, de grâce, épargnez-moi vos élans sentimentaux. 

•        Je ne vous garantis rien. Dis-je le sourire aux lèvres. Seigneur régent, si on doit construire une relation de confiance. Permettez-moi de prendre des nouvelles de mes compagnons, je m’inquiète beaucoup pour eux.

Lor’themar Theron se redresse et se dirige vers la porte pour ensuite me faire le signe de le rejoindre. Je m’extraie du lit et me hâte à ses côtés. Sa main se glisse dans mon dos avant de me pousser abruptement. Je me rattrape de justesse, évitant une chute humiliante. Je jette un coup œil furtif au garde qui surveille l’entrée de mes quartiers mais son regard est perdu dans l’horizon et il semble totalement impassible. L’extérieur de ma prison est de toute beauté, magnifiquement décorée et aux couleurs chatoyante. Les murs sont d’un marbre blanc très lisse, incrustés de joyaux rouges. Les fenêtres ont des rideaux de soies rouges, jaunes ou bien bleus et les sols sont recouvert de tapis brodés. Plus je m’enfonce dans le palais de Lune-d’Argent, plus j’aperçois d’autres merveilles éblouissantes. Des lampes magiques lévitant, se déplaçant toute seule à travers les couloirs même des balais qui œuvrent seul, accomplissant leur tâche naturellement. De somptueuses colonnes gravés d’or et d’immense statue représentant des elfes dans le même matériau remplissent les murs, leurs orbites serties de rubis. Certains murs sont recouverts de tapisseries représentant la faune locale où des Sin’Dorei. Rien à voir avec Hurlevent qui a un charme bien plus rustique, des façades de pierre blanche, parfois tapissés des éternels couleurs de l’Alliance, sans oublié l’étendard à tête de lion et des statues et gravure de cet animal ; et pas de balais magiques. Ici, c’est ce drôle d’oiseau qui est mis à l’honneur, une créature sublime. Je n’ai jamais vu son pareil et mes yeux brillent de milles éclats à chaque fois que mes rétines se posent dessus.

•        Je vois cette créature partout, aussi bien sur votre plastron qu'en peinture. Qu’est-ce donc ? Demandé-je enfin au régent.

•        Un faucon-dragon, majestueuse créature, n’est-ce pas ?

•        Magnifique, en effet. Il doit se mouvoir avec une telle grâce. J’aimerai tant en admirer un. Répondé-je avec spontanéité.

•        Je doute que ça soit possible jeune fille et vous savez hélas très bien pourquoi. Rétorque Lor’themar avec sincérité.

Le vieil elfe m'a sortie de ma rêverie enfantine pour me heurter à la triste réalité, je ne suis pas ici en tant que touriste mais en tant qu'otage et je devrais éviter de perdre ce fait de vue à l’avenir. Alors que nous descendons toujours plus bas des escaliers en colimaçon, je me rends compte que le palais est en réalité une gigantesque tour. Sur le reste du trajet, le régent me fait part des demandes qu'il aimerait soumettre à Anduin à travers ma lettre : Libérer Saucroc, pour commencer. Un armistice avec, peut-être, une promesse d’une paix durable lorsque la tête de Sylvanas tombera. Traiter son peuple comme égal et ne pas répéter les erreurs du passé, pas seulement pour les Sin’Dorei mais pour toutes les races qui composent la Horde.

Lor’themar Theron me confie avec honnêteté qu'il voudrait divulguer certaines demandes en personne à Anduin. J’acquiesce et je ne cherche guère à lui tirer les vers du nez. Ces débuts de condition sont, ma foi, plus que respectable. Ceci dit, il ne me dévoile que le bon côté, rien ne me dit que ce qu’il cache l'est tout autant. Si Anduin accepte, non sans négocier, à mon avis, je pourrai toujours essayer de lui soutirer des informations. Je sais pertinemment qu’Anduin préfère, si possible, ne pas discuter d’affaire états en ma présence mais ça ne marche pas toujours, penser-je amusée.

Perdu dans le fil de mes pensées, je ne remarque pas immédiatement que nous sommes arrivés à destination. Face à nous, une immense porte en métal. Un garde robuste et un mage à la chevelure noire et à la tenue soignée s'agenouillent devant le régent. Dans une bref discussion, l’homme se relève et s’approche d’une grosse manivelle qu'il manipule pour ouvrir le passage alors que l’autre homme nous suit. Lorsque la vue des cellules s’offre à moi, c’est là que mes souvenir de mon séjour ici s’éclaircissent un peu. La salle est gigantesque. Sur plusieurs étages, des cellules en arc de cercle avec, à la place des barreaux, des barrières violette si épaisse qu'on n’en aperçoit pas les occupants. Nous montons des marches au centre puis nous nous tournons sur la gauche où se trouve cinq cellules les unes à côté des autres. Le seigneur régent s’arrête et le mage pose sa main sur la barrière qui s’éclaircie. Recroquevillé au sol, un elfe de la nuit à la chevelure bleu-nuit cache son visage.

•        Lydran ! Exclamé-je posant mes mains sur la barrière magique.

•        Ma beauté aux yeux d’argent ! Rétorque Lydran surpris tout en se redressant pour s’approcher de moi. Ma belle, je suis ravi de vous voir saine et sauve. Que ses atours vous mettent en valeur, vous êtes mon rayon soleil dans l’obscurité de ces geôles pourrie et froide !

•        Est-ce que vous allez bien ? Vous n’êtes pas blessez ? Demandé-je, inquiète.

•        Ma Lynawen, ils me font subir les pires sévices… Dit-il sur une voix tremblante.

Furieuse, je me tourne vers le seigneur régent, le foudroyant du regard. Il veut que je lui fasse confiance alors qu’il fait du mal à mes amis dans mon dos !

•        Je pensais stupidement que vous ne feriez pas davantage de mal à mes compagnons ! Sifflé-je de colère.

•        C’est le cas. Lance Lor’themar Theron.

•        Vous êtes des monstres ! Enchaîne Lydran en se lamentant. Pourquoi avoir remplacé la jolie et séduisante gardienne qui me servait ma nourriture par un rustre répugnant.

•        La façon dont vous l’avez harcelé à coup de commentaire douteux m’a forcé à prendre des mesures… Rétorque Lor’themar.

•        Quoi ? Bon sang Lydran, vous êtes un benêt ! Moi qui me rongeais les sangs pour vous… soufflé-je, affligée. J’en ai assez entendu, puis-je voir mes autres compagnons ?

•        Quoi !? vous m’abandonnez déjà à ma….

Je n’ai pas entendu la fin de sa phrase. Une fois la barrière redevenue foncée, seul le bruit des gouttelettes qui s’écrasent sur le sol se font entendre. Il ne peut vraiment pas s’empêcher de draguer tout et n’importe quoi, même dans la pire des situations.

•        Le Draenei qui vous accompagnez lors de votre intrusion dans notre cité, il a fait un très grand nombre de victime. C’est vraiment déplorable. M’informe le régent avec sérieux.

•        Yaedrel est une personne avec un cœur tendre, c’est une personne de bien. Il m’est lié et en tant que mon bouclier, il fait preuve de beaucoup de zèle lorsque ma sécurité est menacée…

Le régent se mure, contrarié, il semble aussi très accablé par la situation. Je me mordille la lèvre, inquiète. J’espère vraiment que cette histoire va bien se terminer et qu'on pourra tous rentrer en sécurité à Hurlevent. À nouveau, le mage utilise sa magie pour rendre la barrière transparente est ce que vois m’emplie de colère et de tristesse. Yaedrel est enchainé comme un vulgaire animal au mur de sa cellule. De grosse chaîne entrave ses poignets et ses chevilles, en plus d’avoir des hématomes et quelques plaies pansées.

•        Qu’avez-vous...qu'avez-vous fait ! hurlé-je appuyant sur la barrière magique.

Au son de ma voix, Yaedrel lève la tête dans ma direction, son léger sourire est accompagné par des larmes qui noient ses prunelles luisantes et viennent caresser ses joues.

•        Dame Lynawen, la lumière soit louée, vous êtes saine et sauf. Marmonne mon bouclier. 

Les larmes noient mes yeux à leur tour, je me retourne alors bouillante de rage vers l'elfe de sang.

•        Votre colère est compréhensible, réplique Lor'themard, n'ayez crainte, ses chaînes ne font que l'entraver et nous avons également penser ses blessures.

•        Vous agissez ainsi parce que il ôté la vie de certain des vôtres ? Moi aussi j’ai arraché la vie des elfes de sang sur le champs bataille et vous ne m’enchaînez pas !

•        Allons mon enfant, la situation est complètement différente. C’était un bain de sang inutile, il aurait pu être évité, si seulement votre ami c’était pas jeté stupidement dans la mêlée. Nombreuse sont les victimes à déplorer à son actif. Il doit vous protéger, je le comprends bien, mais, voyez-vous, j'ai moi-même un peuple à protéger. Si cela est le seul compromis pour limiter la casse, je n'ai pas d'autre choix.

•        Ne vous en faites pas, madame, tout ira bien. Ce qui compte c’est votre survis.

Je n’ai guère le temps de lui répondre quelque chose que le régent fait signe au mage et la barrière, comme pour la précédente, s’assombrie. Tout est de ma faute, si je n’avais pas suivi Aethas, rien de tout ça ne se serait produit, mais si je ne l’avais pas fait, l’un entre eux serait en train d'arpenter les terres de l’ombre. J’ignore si j’ai fait le bon ou le mauvais choix, je n’en sais rien, je ne sais plus… je dois ma vie à Aethas, deux fois. Je me mets à trembler, essayant de calmer mes sanglots. La main de Lor’themar Theron se dépose sur mon épaule, je le repousse d’un coup sec.

•        C’est peut-être trop pour vous, je vous raccompagne dans vos quartiers. Dit-il.

•        Non ! Pas avant de voir Nawe, et j’aimerai prendre des nouvelles d'Aethas. Répondé-je en sanglotant.

Le régent soupire mais accepte et nous continuons notre pérégrination dans la prison. Nous nous arrêtons devant un cachot, le mage fait son tour de passe-passe et me laisse entrevoir l’intérieur. Deux elfes de sang aux cheveux cendrés s'y trouvent. La cellule est, ma foi, plus confortable. Pas de couchette miteuse comme pour celle de Lydran ou de chaîne comme pour mon pauvre Yaedrel. Ilera est endormie sur un lit de bois surmonté d'un matelas de paille. Aethas est appuyé contre une paroi humide, ses blessures sont bandées. Je m’approche doucement du voile qui nous séparent, j’aimerai lui dire merci et que je suis désolée car, par ma faute, les siens se sont retournés contre lui. Pourtant aucun mot ne franchie la barrière de mes lèvres, seule mes larmoiements se font attendre et résonne en ces lieux. 

•        Pourquoi pleurez-vous, humaine ? Demande Aethas.

•        Tout est ma faute. Balbutié-je.

Aethas vient se rapprocher de la barrière et en profite pour saluer avec respect son dirigeant qui ne répond que part un simple et court geste de la tête.

•        En quoi est-ce votre faute ? Demande-t-il alors.

•        Je vous ai causé du tort à vous et à mes compagnons. Répondé-je en pleurs.

•        Vous m’avez sauvé la vie ! Intervient Ilera. En plus d’avoir soigné mon frère alors qu'il menaçait votre vie. Rien ne vous y obligeait mais vous nous êtes venue en aide. Vos compagnons auraient pu tuer mon frère sans sourcilliez et pourtant vous avez choisie d’épargner nos vies. En juste retour des choses, il est venu vous sauver quand vous en aviez besoin.

Les paroles d’Ilera réchauffe un peu mon cœur, j’ai l’impression d'être responsable de tous les mots du monde. Je voulais juste prendre la bonne décision… Je n’ai causé que tort, mes amis sont emprisonnés, Aethas et Ilera sont seuls contre leur peuple, mon Anduin doit penser que je suis morte et moi je suis seule et sans défense, incertaine sur mon avenir comme sur le leur.    

•        Mais, à cause de moi…

•        Je suis en tords également. Renchérie Aethas, me coupant la parole. Je voulais vous mettre à l’abris de la corruption, vous et vos amis. Je n’ai pas réfléchi aux conséquences de mon acte. Vous ne m’aviez pas causé autant de préjudice que vous avait l’air de le penser. Je suis dans ma cité, chez moi, certes, enfermé, mais vous, vous êtes loin des contrées humaines.

•        Pourquoi m’avoir protégé de votre corps dans la salle de l’orbe ? Rien ne vous y obligez… Demandé-je en essuyant mes larmes du revers de ma manche.

L’elfe de sang recule d’un pas, ses yeux émeraudes scintillants fuient les miens et se mettent à contempler le vide, l’air troublé.

•        Je l’ignore… Dit-il simplement.

•        Vos blessures ne vous font pas trop souffrir ? M’inquiété-je alors.

•        Vous souciez-vous vraiment toujours des inconnus ?

•        En quoi est-ce mal ? Rétorqué-je en reniflant un peu.

•        Je… je vais bien. Merci de votre sollicitude. Vous avez l’air remise également. Répond-il, la voix un peu tremblante.

Je hoche simplement la tête en guise de réponse et Lor’themar Theron s’avance des ombres.

•        Je reviendrai vous voir d’ici peu pour discuter de votre sort. Intervient le vieil elfe avec son air sérieux.

•        Seigneur régent. Dit-il en hochant la tête.

La barrière magique reprend sa couleur d’origine, le seigneur régent me fait un signe de la main pour continuer à le suivre à l’endroit où est retenue Nawe. J’éponge mes joues humides avec ma manche tout en regardant le mage qui roulent des yeux d’agacement tout en faisant son geste magique vers la barrière. Nawe est allongée sur le sol, inerte, et elle est blessée, mon corps se met à trembler par le choc de la découverte.

•         Nawe ! Crié-je précipitant contre la barrière.

Je me tourne alors vers le régent mes son expression trahie ses pensées il est tout aussi surpris que moi.

•        Ouvrez la barrière ! Ordonne le régent.

Le mage s’exécute et l’a fait disparaître, j’en profite alors pour me jeter auprès d’elle pour la prendre dans mes bras. J’ai le réflexe d’invoquer la lumière pour la soigner mais rien ne se passe. Bon sang, c’est vrai que l'on m’a privé de ma magie, je ne peux rien faire pour elle.

•        Allez chercher un guérisseur sur le champ ! Ordonne à nouveau le régent.

•        Tiens bon, Nawe. Dis-je en lui dégageant son visage de ses mèches améthystes.

•        Soyez-en certaine, Lynawen, je trouverai le responsable et il sera puni pour son crime.

•        J’espère bien, seigneur régent. Exclamé-je en le fixant droit dans les yeux.


/ Voilà, j'espère que ce chapitre vous aura plus, on avance un peu plus dans l'intrigue et découvre un peu plus lor'themar et la condition de Lynawen. Merci à vous de continuer à me lire et à m'encourager./

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