Ceux qui brûlent dans la lumière

Chapitre 33 : Otage à Lune-d'Argent

3240 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 27/01/2021 20:24

Otage à Lune-d'Argent


La lumière du jour traverse les grands vitraux bleutés de la cathédrale de la lumière, berçant les lieux d'une douce teinte apaisante. La pièce est bondée de pratiquant de la lumière croyant mais également utilisateur de cette dernière. En haut de la série de marche, derrière l’autel, le grand prêtre, un vieil homme rabougris portant des petites lunettes sur le bout de son nez, tient son livre de prière à l’envers, essayant de déchiffrer le texte tant bien que mal sous les rires de l’assemblée. Seul le jeune roi reste impassible devant ce spectacle, même si il a l’air quelque peu mal à l’aise. Je souhaite faire de même, mettant mes mains sur ma bouche pour retenir mon fou rire mais en vain. Mes éclats de rire se font entendre, se mélangeant à ceux des fidèles. Anduin tourne la tête vers moi, les yeux ronds, puis un sourire amusé se dessine sur ses lèvres. Nous nous regardons un instant. Je sens le rouge me monter aux joues. Nous détournons la tête, gênés. Le charmant rire du roi se met à résonner à mes oreilles comme une douce mélodie et mon cœur s’emballe dans ma poitrine sans aucune raison…“

Mes prunelles s’ouvrent mollement. Une lumière vive m’aveugle alors qu’une légère brise me caresse doucement le visage, jouant avec les mèches de mes cheveux sur mon front. La douleur qui jadis tressaillait tout mon être s'est envolée. Je suis couchée dans un petit lit dont les draps sont de soie rouge. Toute les blessures qui parsemaient mon corps ont disparue. J'ai retrouvé ma mobilité comme si les os de ma main et ma côte brisée n’étaient qu’un lointain cauchemar. Quant est-il de ma magie ? je lève la paume de ma main, mais rien ne se passe, pourquoi ? Je suis de nouveau en pleine capacité de mes moyens, alors pourquoi je n’arrive pas à l’invoquer ? Je me mordille la lèvre inférieure de frustration, me voilà bien dépourvue, je suis dans l’incapacité de me défendre en cas de besoin. D’abord, où suis-je ? Mon regard parcourt les lieux. Je suis dans une petite chambre. Dans un coin de la pièce, il y un grand paravent de bois. Il est peint d’une étrange créature. Son corps est long comme un serpent mais sa tête ressemble à celle d'un aigle. Il possède des ailes semblables à celle d’un papillon mais elles sont ornées d’un magnifique plumage identique aux feuillages d’une forêt d’automne. L’extrémité de sa queue ressemble à la nageoire caudale d’un dauphin mais j'ai l’impression qu’elle est également composée de plume. Quelle magnifique animal, si gracieux et puissant à la fois. Je remarque une fenêtre entre-ouverte dont le vent soulève les rideaux jaune transparent. Une question me taraude, pourquoi suis-je ici ? En trifouillant dans mes souvenir, je me rappelle d’une cellule froide, humide et obscure, d’un vieil elfe aux cheveux blancs, au visage balafré et à l’œil aveugle. Pourquoi me conduire dans cette chambre et m’offrir des soins s’il y a de forte probabilité qu’il me tue ou me livre à Sylvanas ? Mes amis, sont-ils enfermés eux aussi dans une cellule ? Leurs a-t ’ont ôté la vie ? Je suis sortie de mes sombres pensées par des voix provenant de l’autre côté de la porte. Je me glisse doucement hors du lit, mes pieds nues touchant le moelleux d’un tapis et m’approche lentement de la porte.

•        Que comptez-vous faire de la jeune fille ? Demande une voix roque. Vous ne comptez pas la livrer à Sylvanas ?

•        Cette enfant nous met dans une situation particulièrement dangereuse, on doit s’assurer que l’information de sa présence ici ne remonte pas aux oreilles du Flétrisseur. Rétorque la voix d’un vieil homme fatigué.

•        Je ne suis que trop d’accord avec vous, Sylvanas ne doit pas mettre la main sur cette enfant. Laissons-la partir, elle pourrait être la clé d’une alliance avec le jeune Roi.

•        Effectivement, mais il n’est pas question que je la laisse filer aussi facilement. Quelle garantie d’une éventuelle alliance aura-t-on si je la libère ? Elle peut très bien nous entourlouper, Exclame l’autre voix.

•        Je connais le jeune roi, il est bon en plus d'être un homme de parole. Cette guerre, vous est moi, nous n'en voulons pas. Je mettrais ma main à couper qu’on n’est pas les seuls ! Sylvanas a commis des actes ignobles, elle est la peste qui ronge la Horde. Hausse la voix roque.

•        Silence, parlez moins fort. Même dans mon domaine, Sylvanas à des oreilles. Elle ne doit se méfier de rien. Qu’elle continue de penser qu'on est ses fidèles chiens. Chuchote la voix fatiguée. Pour l’enfant, il est préférable que je la garde sous le coude. Après tout, si les informations des espions de Sylvanas disent vrai, n’est-elle pas l’amante de l’enfant roi ? Qu’est-ce qu’un homme amoureux ne ferait pas pour récupérer la femme qu’il aime.

•        Vous êtes fourbe, Lor’themar, lui comme elle ne sont pas des jouets que vous pouvez manipuler à votre guise. Laissez la jeune fille partir, je suis sûr qu'on aura notre alliance.

•        On est en guerre, elle est notre garantie. Rassurez-vous, je ne lui veux aucun mal. Soupire le vieil homme. On doit saisir cette occasion.

Je suis surprise d’apprendre que les seigneurs de guerre de Sylvanas complotent dans son dos. Ils veulent m’utiliser comme un outil pour négocier avec l’Alliance. Ça explique pourquoi je me suis réveillée dans cette chambre et remise sur pieds. Ils ont parlé du jeune roi… Anduin, mon Anduin est en vie !? Mon cœur est comme subitement délesté du sombre brouillard qui s’en était emparé. L’homme que j’aime est bel et bien vivant. Je ne peux retenir mes larmes de joie et de soulagement qui déferlent sur mes joues comme un torrent. Je suis tellement heureuse d’apprendre qu’il n’a pas péri dans l’explosion du château de Lordearon. Anduin, est-ce qu’il sait que je suis en vie et chez l’ennemi ? Ou bien me pense-t-il morte ? Je n’imagine que trop bien la souffrance que mon absence doit lui provoquer, cette vile pensée me chagrine affreusement. Je souhaite tellement retrouver la chaleur de son étreinte, je veux rentrer chez moi… Lorsque la poignée de la porte s’abaisse, je me relève brusquement me précipite dans le lit et essuie mes joues humides. Dans l’encadrement, deux silhouettes bien différentes se dessinent. Je reconnais l’un d'entre eux, c’est le vieil elfe a la balafre et l’œil gauche aveugle. À la lumière du jour, je peux mieux le voir, l’homme est coiffé d’une queue de cheval haute avec deux tresses qui lui tombe sur les épaules, une barbe sans moustache attachée avec un anneau doré. Il est vêtue d’une sublime amure, dont le haut de la tunique partant du milieu de son torse prend la forme de cet animal peint sur le paravent mais tout en or et dont ses ailes se déploient sur ses épaules. Le reste de sa tunique de tissus rouge, or et noir lui tombe jusqu’aux chevilles mais s'entrouvre sur les côtés où on peut apercevoir son pantalon noir et ses somptueuses bottes en plaque dorée également. L’autre individu est un mastodonte, c’est l’un de ses taureaux humanoïdes, un Tauren je crois bien me rappeler. Simplement vêtu d’un pagne de cuir et une coiffe à plume sur sa tête. Ses cornes sont serties de grosses bagues en or et d’insolites boucles d’oreilles ou plutôt des sortes d'attrape-rêve, je ne saurais dire. Pour finir, un anneau orne ses nasaux et deux gros totems de bois gravés attachés dans son dos étoffent sa silhouette pour y rajouter une masse, à mon avis, superflu.

Ils me lorgnent tous les deux, silencieux, je ne peux m’empêcher de les dévisager. Malgré le fait que j’ai surpris leur conversation, il vaut mieux que je joue la carte de l’ignorance.

•        Qui êtes-vous ? Et depuis combien temps suis-je ici ? Demandé-je sèchement.

•        Je vois que vous avez bien récupéré, jeune fille, me répond le vieil elfe. Je vous l’accorde, je ne me suis guère présenté pendant notre première rencontre. Dans l’état désastreux dans lequel vous étiez, je doute que vous vous en seriez souvenue. Je me présente, Lor’Themar Theron, seigneur régent des elfes de sang. Vous êtes dans une des chambres du palais de Lune-d’Argent.

•        Quant à moi, je suis Baine Sabot-de-Sang, seigneur du peuple Tauren de Kalimdor.

Baine-Sabot-de-Sang, ce nom m’est familier, j’ai l’impression de l’avoir déjà entendu quelque part mais je n’arrive pas à m’en souvenir. Ça n’a pas importance. Ce Lor’Themar Theron n’a répondu que partiellement à ma question.

•        Depuis combien temps suis-je ici !? Insisté-je.

•        Je dirais 5, peut-être 6 jours. Vous êtes restée un moment dans votre cellule avant que je regagne Lune-d ’Argent. On peut dire que vous êtes une grosse dormeuse, jeune fille. Exclame le vieil homme avec un sourire en coin. J’apprécierai que vous vous présentiez également.

Par la lumière, c’est un cauchemar ! Je suis coincée chez l’ennemi depuis tout ce temps ? Ne rentrerai-je donc jamais à Hurlevent ? Ne reverrais-je jamais Anduin ? Non, reprends toi Lynawen ! Tu peux te servir de cette situation à ton avantage, ils veulent me garder en vie, m’utiliser. Je suis la clé d’une alliance avec Anduin. Si j’arrive à concrétiser leur désire, je pourrai probablement rentrer à Hurlevent et retrouver l’homme de mon cœur ! Je dois subir, supporter cette situation, mais pour l’heure, je dois découvrir ce que sont devenue mes amis. 

•        À quoi bon, seigneur régent. Vous savez déjà qui je suis, n’est-ce pas ? Soufflé-je.

•        Effectivement. Lynawen, la jeune fille venu d’un autre monde. Dit-gentiment le Tauren.

Reste-il volontairement vague ou alors ne savent-ils rien sur mes origines, tant mieux, de toute façon ils ne tireront aucune information de moi.

•        Que me voulez-vous ? me tuer ? me livrer à Sylvanas ? je veux voir mes amis, ou sont-ils. Fais-je sur un ton franc et colérique.

•        Vos amis sont actuellement dans le donjon, sous surveillance. Répond Lor’Themar Theron, calmement.

 Dans un sens, je suis rassurée qu'ils soient en vie même si je m’inquiète pour eux de les savoir toujours enfermés dans ces geôles humides et peu accueillantes.  

•        Nous ne comptons pas non plus vous livrer à Sylvanas, Intervient Baine. Nous connaissons votre lien étroit avec Anduin Wrynn...qui est également un très bon ami à moi.

Anduin ! mon Anduin ami avec un Tauren ?! J’ai du mal à y croire, Anduin est le haut-roi de l’Alliance et lui un chef de la Horde. Ce n’est pas la première fois que les deux factions entre guerre, comment un lien d'amitié a pu se créer entre eux ? Anduin ne m’en a jamais parlé, même pas cette nuit où on s’était laissés aller sur les confidences intimes. Pourtant il me semble sincère, et puis, contrairement au vieil elfe, il veut me relâcher sans condition et pas me retenir en otage contre mon grès.

•        Aethas, qu’est-il devenu ? Interpellé-je le seigneur régent.

•        Aethas ? Vous parlez du mage de sang aux cheveux cendrés ? Questionne-t-il.

Je hoche de la tête, je veux réellement savoir ce qu’il lui est arrivé. Après tout, il a risqué sa vie pour moi alors que rien ne l’y obligeait.

•        Eh bien, il est sous étroite surveillance, tout comme sa complice. Le temps de comprendre tous les tenants et les aboutissants de l’affaire. 

•        Il n’a rien fait de mal ! J’ai sauvé sa sœur de la mort et il m’était redevable. Lorsque la peste a déferlé sur Lordearon, il m’a sauvé la vie et celle de mes compagnons. Il n’a rien comploté du tout ! Épargnez le, je vous en prie…

•        Je prends en compte votre témoignage, jeune fille, mais ce n’est pas aussi simple. Rétorque-t-il. Vous êtes mon invitée dans mon palais, mais je suis navrée de vous informer que vous risquez de ne pas voir autre chose que c’est murs.

•        Le termes otage ou prisonnière me semble plus adéquat, Seigneur Régent. Répondé-je avec désinvolture.

•         Certes, mais je suis un homme de politesse. Reposez-vous maintenant, vous êtes encore sous le choc. Nous aurons tout le loisir de parler davantage une autre fois. Croyez-moi, je ne prends aucun plaisir à vous retenir à Lune-d’Argent, je risque également ma vie, mon enfant.

•        Attendez ! Une dernière question. Pourquoi je n’arrive pas à utiliser la lumière ? Questionné-je stupidement.

•        C’est très simple, mon magistère à réduit votre magie au silence. Tant que vous serez sous son charme, vous ne pourrez faire appel à la Lumière. Comprenez-nous, on ne doit prendre aucun risque et j’ai vu de mes yeux ce que vous pouvez faire.

Le vieil elfe se dirige vers la porte et fais signe au Tauren de le suivre mais il refuse d’un geste de la main. Lor’Themar Theron hoche de la tête et referme la porte derrière lui. Me voilà seule avec Baine Sabot-de-Sang. Le taureau s’approche de moi et tire une chaise qui est ma foi trop petite pour son postérieur. Je mordille la lèvre pour ne pas rire et garde cette pensé amusante pour moi.

•        Ne vous en faite pas, je trouverai un moyen de convaincre Lor’Themar de vous relâcher, vous et vos compagnons. Ce n’est pas une mauvaise personne, il ne fait que son devoir de régent. Son peuple, comme la Horde, compte beaucoup pour lui pour nous tous d’ailleurs. Il veut juste stopper ce massacre et la folie de Sylvanas et il voit en vous une solution.

Ce Baine, malgré son apparence terrifiante, il n'a pas l’air être une mauvaise personne, il a l’air même plus doux que ce vieil elfe à moitié aveugle.

•        Vous avez mentionné que vous étiez ami avec Anduin. Comment l’avez rencontré ? Questionné-je le bovin.

•        Il était encore un jeune garçon. À feu Theramore, J’étais en pleine réunion avec Jaina Portvaillant pour la prévenir d'un éventuel danger. C’est là que Anduin a fait éruption dans la pièce avec l’aide d’une pierre de foyer. Avec le temps, nous avons appris à nous connaitre et nous apprécier. Nous avions beaucoup en commun, malgré la différence de faction. Il m’a confié, plus tard, que ce jour-là il fuyait Forgefer car son père le forçait à suivre une voie qu’il ne désirait pas. C’est à cette époque que Anduin a trouvé sa vocation et son épanouissement dans la lumière.

Je savais que Anduin était en conflit permanent avec son père sur son avenir et sa vocation. Son père avait du mal à accepter que son fils choisisse la voie de la lumière au lieux de celle du guerrier, mais j’ignorais cette anecdote-là. Anduin ne m’a apparemment pas tout dit sur lui, ça m’attriste un peu. Si c’est vrai, s’ils sont réellement amis, alors j’ai un potentiel allié chez la Horde.

•        Vous allez séjourner ici, à Lune-d’Argent ? Demandé-je.

•        Hélas non, si je reste trop longtemps à Lune-d’Argent, Sylvanas va se poser des questions. Je dois retourner prendre soin de mon peuple à Piton-du-Tonnerre.

•        Oh je vois…

•        N’ayez crainte, Lynawen, je reviendrai et Lor’Themar vous protégera…

•        Sauf si je deviens trop encombrante, que finalement je ne sois pas la solution à vos problèmes ou que votre cheffe de guerre découvre ma présence… Alors je ne donne pas cher de ma peau. Exclamé-je, dépitée, en lui coupant la parole.

À ses mots, je lui tourne le dos en me mettant en boule dans les couvertures. Je sens sa grosse poigne se poser sur mon épaule avec affection. Puis la porte qui s’ouvre et qui se claque en toile de fond me laissant à la merci de mes angoisses qui me consument de l’intérieur. 



/Voilà, j'espère encore une fois que ce chapitre vous aura plu, apparition de nouveaux personnages. Je voulais remercier les lecteurs qui me lisent, anonymes ou pas, qui me laissent d'agréables commentaires sur mon intrigue ou qui m'encouragent, ça me touche beaucoup et ça me motive encore plus./



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