Ceux qui brûlent dans la lumière
Mauvaise surprise
Une éblouissante lumière inonde les lieux de sa lueur rougeâtre, troublant ma vision. Mon corps est subitement comme happé par une force invisible. Mon esprit s’embrume, me faisant perdre tous mes repères. Je n’arrive guère à comprendre ce qu’il se passe jusqu’à ce que mes doigts heurtent et palpent la douceur d’un tapis. Ma vue s’éclaircie, tout comme mes pensées, et c’est là que je perçois les formes se crayonner autour de moi. Je suis à genoux sur une sorte de socle recouvert de moquette rouge avec un symbole d’étoile jaune. Mes prunelles argent continuent de scruter la pièce où je me trouve. Mon attention se porte sur une plateforme flottante juste au-dessus de ma tête. Un orbe rouge identique à celui que j’ai touché dans les ruines de Lordearon. Une grande pente en colimaçon décorée de fioriture en or semble permettre de l’atteindre. La toiture est faite de vitraux rouge qui donne une ambiance tamisée presque énigmatique à la pièce. Il y a aussi d’étrange cristaux bleus lévitant un peu partout. C’est clair et net, on n’est plus à Lordearon ! Mais alors, où est-ce que je suis ? Je me redresse avec l’aide de Nawe qui me donne gentiment sa main tout en me demandant si je vais bien. Je me contente de hocher la tête. Aethas et sa sœur descendent du socle. La femme trottine vers ce qui semble être la sortie de cette étrange espace. Elle zieute rapidement de gauche à droite avant de faire un signe à l’elfe aux cheveux cendrés. Ensuite, elle s’appuie contre la paroi et attends en continuant de jeter des regards furtifs et angoissés dans la pièce d’à côté.
• Où sommes-nous ? demandé-je, troublée.
• Bienvenue à Lune-d’Argent, Lynawen. Répond Aethas.
• Lune-d’Argent ? C’est loin d’Hurlevent ? Questionné-je innocemment.
• Pour être loin d’Hurlevent, ça, oui ! On est à l’autre bout du continent, au nord du Royaume de l’Est. Ouvrez donc les yeux, ma belle, l’elfe nous a trahie ! Il nous a conduit directement dans leur cité ! Grogne Lydran.
On est sur le territoire de la Horde !? Bon sang, Je me suis jetée tête la première dans la gueule du loup, je me suis donnée toute seule sur un plateau d’argent à Sylvanas. Aethas et sa sœur nous ont volontairement tendu un guet-apens ? C’est possible. Pourtant, au fond de moi, j’ai envie de lui accorder le bénéfice du doute. Je ne crierai pas à la traîtrise sans une explication, malgré les larmes qui veulent forcer le passage en me chatouillent les yeux.
• Vous aviez dit que cet orbe nous mènerait loin de Lordearon mais guère à votre cité. Pourquoi avoir omis ce détail ?
• M’auriez-vous suivi ci je vous avais dit la vérité ? Me questionne Aethas.
• Je l’ignore, on n’avait pas vraiment le choix, je n’avais qu’une envie, que mes compagnons survivent. Vous n’avez pas l’air être un mauvais bougre. Soupiré-je.
• On n’est pas plus en sécurité entre vos murs qu’au milieux de la peste ! Vous nous avez jeté dans la gueule du loup ! S’emporte Yaedrel.
• Il n’y avait hélas pas d’autre option, Lordearon s’effondrait dans une mer de corruption. J’ai agis certes sans réfléchir mais on aurait très bien pu vous laissez mourir. J’ai une dette envers l’humaine, je ne pouvais me résoudre de l’abandonner, pas après ce qu’elle a fait pour nous. Rétorque Aethas sur la défensive.
• Vous ne savez pas l’erreur que vous avez commise, pauvre imbécile ! Vous n’avez fait que précipiter sa mort. Boue de rage Yaedrel.
C’est la première fois que je vois mon bouclier sortir de ses gonds avec tant de rage, s’en est terrifiant de voir son visage si serein d’habitude être déformé de la sorte par la colère. À tel point que sa peau bleutée a pris une teinte violacée et ses deux yeux luisant se déchaînent comme une violente tempête. Je n’ai pas le temps de l’apaiser que le géant bleu fonce sur Aethas, l’empoignant par la gorge avec violence et le plaquant contre le mur de marbre sous les cris d’effroi de sa sœur.
• Ferme-là, Ilera ! tu vas attirer les gardes. Peine-t-il à formuler avec l’emprise des doigts de Yaedrel serrant sa gorge.
• Yeadrel, qu’est-ce qu'il vous prend ?! Lâchez-le ! Intervené-je, essayant de lui faire lâcher prise.
Des pas précipités se font entendre dans l’encadrement de la porte. Deux gardes Sin’dorei portant une robe longue aux couleurs rouges et jaunes. Un long bouclier dans une main et une épée à double lames dans l’autre. Leurs yeux s’écarquillent de stupeur comme si la scène qui se déroule sous leurs yeux n’est pas réel, mais ils reprennent très vite leurs sang-froid. Celui au cheveux blond décroche un cor de sa ceinture et s’empresse de souffler dedans, alertant des renforts. Avant que l’on ne s’en rende compte, nous sommes complètement submergés. Yaedrel lâche précipitamment Aethas. Ce dernier glisse le long du mur pour reprendre son souffle alors que sa sœur Ilera se hâte de le rejoindre pour l’éteindre. Mon protecteur sort sa massue de cristal violet et se jette sur les gardes. Les fracas des armes commencent à résonner à mes oreilles. Lydran se change en fauve et bondit sur l’un d'entre eux, il n’a même pas le temps de comprendre ce qu’il lui arrive qu’il s’effondre sur le sol dans des hurlements de douleur. Nawe saisie son bâton. Sa main s’illumine d’une aura sombre puis une sorte d’éclair ténébreux percute l’un de nos assaillants dans une terrible fulguration. La pièce n’est pas très grande et l’assaut des ennemis et de plus en plus virulent, nous forçant à reculer. Un des gardes se jette sur moi. Je contre sa lame avec mon bouclier de lumière avant de lui donner un violent coup au visage avec mon arc, ce qui l’assomme.
• Lynawen, fuyez, utilisez votre pierre de foyer. M’interpelle Yaedrel.
• Ne vous en faites pas pour nous, beauté au yeux d’argent ! Allez-vous-en, on les retient. Enchaîne Lydran.
• Non ! Je ne veux pas vous abandonnez… Rétorqué-je la voix emplie de détresse.
• Nawe, acceptez ma requête, protégez dame Lynawen. Souffle Yaedrel après avoir asséné un autre coup de massue contre son adversaire.
L’elfe du vide acquiesce et rejoints ma position. Je lève mes prunelles vers mes amis qui se battent comme des forcenés. Les soldats elfes de sang sont numériquement supérieurs, pourtant, Yaedrel et Lydran leurs font mordre la poussière. Je ne suis pas stupide, je sais qu’ils ne résisteront pas éternellement. Ils nous tueront tous, je n’ai pas le choix, je dois fuir… Je n’aurais sûrement pas dû suivre Aethas. Même si son acte était sincère, il n'était en rien réfléchie, il ne savait probablement pas ce qu’il allait faire une fois à Lune-d’Argent. J’ai foncé tête baissée sans prendre le temps de réfléchir aux conséquences. Je n’ai plus d’autre choix, je voulais juste éviter une mort atroce à mes compagnons. Voilà que le destin à choisie à ma place. C’est les yeux noyés de larmes et à contrecœur que je saisie ma pierre de foyer pour retourner à Hurlevent sans mes amis et sans l’homme que j’aime pour m’y attendre. C’est au moment de l’activer qu’une explosion violette s’abat sur Nawe. Elle hurle de douleur et tombe genoux à terre, fumante, avant de basculer sur le marbre glacial.
• Nawe… Murmuré-je, choquée.
Mon visage se déforme de terreur et c’est en levant les yeux que je l’aperçois. Un mage aux cheveux noirs attachés en queue de cheval, portant une longue robe rouge dont le revers de son vêtement lui cache la moitié de sa figure. À ses côtés, un autre elfe a la longue chevelure blonde. Un bandeau orne son front et il est vêtu d’une côte écaillée verte. Ses épaules sont drapées d’une longue cape rouge à capuche. À sa ceinture, deux épées courtes dont le métal est un subtil mélange entre l’or et le laiton, lui donnant la couleur du sang et les pommeaux sont sculptés d’une étrange tête d’animal. Dans sa main, il tient fermement un arc.
Je n’ai pas le temps de réagir qu’un puissant coup de bouclier me percute avec violence, me faisant tomber au sol à mon tour. Ma pierre de foyer m’échappe des mains. Sonnée, le goût du sang dans la bouche, je ne me laisse pas abattre et commence à ramper dans sa direction. Je suis à deux doigts de la saisir qu’une botte de cuir s’abat sur ma main, l’écrasant avec agressivité. Je pousse un hurlement de douleur accompagné de la mélodie des craquements de mes os sous son poids. Je pensais mon calvaire terminé quand il soulève enfin son pied mais au contraire mon supplice ne fait que commencer. L’elfe me frappe de plus bel dans le flanc, dans le ventre. Les coups pleuvent, s’enchaînent sans une once de pitié. Au début, mon plastron de cuir amortie les impacts, réduisant la douleur, mais cette protection n’est que de courte durée sous la violence des coups. Une de mes côtes finit par se briser, je braille à m’en détruire la voix. Je suis terrifiée, la douleur est insoutenable, atroce. J’arrive à peine à respirer, ma bouche se remplit de mon sang. Je le supplie en vain d’arrêter, l’homme en n’a que faire de mes suppliques. Au bout d’un moment, ma vision se trouble, Je commence doucement à perdre conscience. Vais-je mourir ainsi ? Vais-je rejoindre ma famille, Anduin ? Leurs visages apparaissent dans mon esprit. Les voir m’apaise. Ils me disent d’une voix rassurante d’arrêter de me débattre, que tout va bien se passer, que j’ai juste à fermer les yeux. Mes forces m’abandonnent, je n’ai plus envie de lutter, je veux tous les retrouver. La chaleur et le poids d’un corps recouvre le mien. Des cheveux cendrés me caressent les joues, les coups ont cessé mais pourtant des gouttelettes de sang s’écoulent sur ma peau. La dernière chose que j’aperçus avant de sombrer sont deux yeux émeraudes étincelants.
“ Depuis la confrontation avec mon seigneur de père dans la salle du trône, en plus de l’humiliation publique que je lui ai fait subir, je suis devenue la honte du royaume. La fille unique du roi, rejetant son statut et son sang, quel déshonneur ! Rien que d’y penser, ça m’insupporte. Pourtant, le prince Dorian n’a pas rompu nos fiançailles. Au contraire, il a l’air de s’en réjouir. Il a même émis la requête de célébrer nos fiançailles ici à Fortonerre. J’ignore à quoi il joue mais ça m’emplie d’une colère certaine et aussi de tristesse. Je suis prise au piège. Je suis impuissante et spectatrice des préparatifs d’un mariage que je ne souhaite pas. Je ne quitte guère mes quartiers ces derniers temps. Je ne touche presque pas au repas, on me sert. Je ne prends même plus la peine de me parer, préférant traîner en chemise de nuit au grand désarroi de ma nourrice et de mes dames de chambre qui essaient tant bien que mal de me forcer à être présentable. La phrase de père hante mes nuits, qu’est-ce qu’il voulait dire par "mon oncle causera notre perte" ? Je ne cesse d’y penser, mais impossible de comprendre le sens de ses mots… Je suis l’héritière de Ludroth et je ne sais rien. Ni les manigances de père, ni la raison du bannissement d’oncle Maze, rien. Je ne sais rien des secrets de ma propre famille. La plus grosse plaisanterie c’est que père affirme qu’il fait ça pour me protéger, en quoi un mariage arrangé m’est bénéfique ? Que me cache-t-il ? Tout ça m’obsède. Je suis sortie de mes tristes pensées par le bruit de la porte de ma chambre qui s’ouvre sans permission. Je me retourne pour faire face à ma nourrice essoufflée dans l’encadrement.
• Pourquoi on ne respecte jamais mon intimité ? Soufflé-je d’exaspération.
• Votre Altesse, j’ai une nouvelle qui ne peut guère attendre.
• Eh bien parle, je ne suis pas médium. Qu’est-ce qui est si urgent au point d’en être en sueur. Rétorqué-je me laissant tomber sur mon lit.
• La rumeur coure que le seigneur votre père va se remarier avec une jeune duchesse, Flémeth de souffle-crevasse. Elle se vante sans cesse qu’elle donnera un fils à votre père, un vrai héritier au trône.
• Qu’elle mégère, celle-là ! Ce n’est pas la première à minauder devant père. Elle peut faire courir autant de rumeurs absurdes qu’elle désire, je connais mon père. Aussi sévère soit-il, il n’aime qu’une femme, c’est ma mère ! Craché-je de colère.
D’un geste de la main, je demande à ma nourrice de quitter les lieux. Je me mordille la lèvre de frustration en serrant les poings, me relevant d’un bond. Depuis mon acte, les nobles du château, ducs et autres aristocrates des alentours, se croient vraiment tout permis. Elle n’est pas la première à avoir fait des avances à mon père.
Mon attention se porte sur un portrait de ma famille. Mon père, mon oncle, ma mère et moi petite sommes peint dessus. Je le contemple avec mélancolie et les larmes finissent par forcer la barrière de mes paupières. Ne pouvant retenir mes pleurs, j’éclate en sanglot. Ma mère me manque, mais surtout mon oncle, il me manque terriblement. J’aimerai qu’il soit là, mon cœur est un vide sans fond. Je ne sais pas quoi faire pour m’extraire de cette situation, lui il saurait, il a toujours réponse à tout. Je n’ai pas le droit être moi-même, ni d’hériter du trône ou de choisir moi-même l’homme que j’aime…
Les mois s’écoulent et la fête de nos fiançailles approche à grand pas. La pire des journées est lorsque on a adapté la robe de mariage de ma mère à ma corpulence, un souhait de père que je la porte à mon union avec le prince Dorian. Pour moi c’est un calvaire, je suffoque, angoissée. La robe de mère est magnifique, blanche comme la neige, à la dentelle violettes. Cet homme ne mérite pas que je la porte pour lui et encore moins pour faire plaisir à père, je suis certaine que mère n’approuverait pas non plus. Après être rentrée dans mes quartiers, je me suis mise à pleurer sans plus m’arrêter, je suis inconsolable. Je me sens de plus en plus prise au piège, l’étau ne cesse de se resserrer. J’ai l’impression d'être un mouton que l'on conduit sous la hache du boucher. Ressasser tout ça ne fait que remonter mon chagrin. Je suis seule et personne ne me viendra en aide. J’ai besoin de prendre l’air. Je m’habille à la hâte pour me rendre dans le jardin, le coin secret de mère. Là où elle aimait tant s’occuper de ses fleurs et de ses plantes. C’est isolé, tranquille, loin des murmures, des brimades des aristocrates et surtout loin des préparatifs finaux de cette maudite soirée de fiançailles. C’est alors que sur le sentier je croise ce stupide prince, celui qui a brisé ma vie. Je l’ai à peine entraperçus depuis le début de cette immense blague. Quelle ironie alors qu’il va devenir mon époux. Il me sourit, se sourire me fait bouillonner intérieurement. Je prends sur moi en passant devant ce dernier, il m’attrape par le poignet et je le repousse vivement.
• Ne me touchez pas ! M’offusqué-je.
• Allons, ne vous s’énervez pas, on m’a informé que, demain, c’est votre anniversaire. J’aimerai vous invitez à dîner. Dit-il avec courtoisie.
• Pour qui vous vous prenez !? Je n’ai pas vu l’ombre de votre présence depuis le début cette mascarade et vous osez m’inviter à dîner ? On me force à être votre épouse, ça ne veut pas dire que je serais docile ! Que Utrion consume votre âme. Craché-je de rage.
• J’essaie vraiment être prévenant, mais vos crises d’enfant gâté m’agacent au plus haut point. Vous serez ma femme, que vous le vouliez ou non, votre titre m’est trop précieux… rétorque le prince Dorian, agacé.
Finalement, l’envie de me balader m’est subitement passée. Je le lorgne d’un air mauvais avant de le bousculer pour regagner mes appartements. Je me fiche de ce qu’il pense. Ses attentions sont clair comme de l’eau de roche. Bien évidemment que seul mon titre l’intéresse. Étant l’unique héritière de Ludroth, J’imagine sans grande peine qu’il pense faire asseoir un de ses héritiers sur le trône de Fortonerre en plus de gouverner son royaume. Je ne lui donnerai pas ce qu’il veut, Dorian n’auras ni ma main, ni ma dignité.
De retour dans ma chambre, j’ouvre la grande fenêtre qui donne sur la cour de devant et d'où on peut apercevoir la cité. La brise rentre dans la pièce, me faisant frissonner. Je me mordille encore une fois la lèvre inférieure. Je n’ai pas beaucoup d’options. Convaincre mon père de rompre les fiançailles ou fuir Fortonerre, fuir Ludroth. Cette idée me brise le cœur. Je n’ai guère envie de quitter mon foyer mais je n’ai pas trop le choix sinon que de me soumettre ou bien… Mes yeux dérivent plusieurs mètres plus bas. J’avale ma salive de peur. Vraiment, Lynawen ? Tu envisages la mort maintenant ? Je me mets à rire nerveusement en m’éloignant de la fenêtre. La fuite me semble une meilleure option. Il me faut des vivres et de l’eau, de quoi tenir un moment. Il me faut également un cheval. Quitter le château sous le couvert de la nuit. Comment faire pour me procurer tout ça sans me faire remarquer ? je n’ai personne pour m’aider. Ne te décourage pas, Lynawen, tu peux y arriver. Je n’ai cas m’enfuir dans le royaume voisin. De là, j’essaierai de retrouver mon oncle. Oui, ça me semble bien, mais avant, j’essaierai de convaincre père une derrière fois d’annuler ce mariage.
Le lendemain, je passe toute la matinée à me turlupiner sur comment organiser ma fuite si père refusait encore de m’écouter. À midi, je m'habille avant de me rendre dans la salle à manger. Les domestiques ont préparé un vrai festin pour mon anniversaire. Étrange, père organise d’habitude une soirée pour exposer son héritière, j’imagine qu'après le scandale que j’ai provoqué, le roi s’est abstenu. Au final, ce n’est pas plus mal. Je commence à manger seule, regardant la porte dans l’espoir de voir mon géniteur en franchir le seuil, mais en vain. Je n’avais pas un grand appétit, mais d’un coup, je l’ai encore moins. J’aime mon père, même si lui ne m’aime pas, j’ai toujours voulu qu’il s’intéresse à moi. Dans ma tendre enfance, même si j’étais turbulente, je voulais attirer son attention. Alors je me suis comportée comme une dame, comme il le désirait, mais même ainsi, il n’a jamais daigné faire attention à sa fille. Je ne me souviens pas d’un seul moment de ma courte vie où père a pu être tendre avec moi. Le bruit d’une chaise attire mon attention, je lève les yeux et vois mon père installer. Un des domestiques remplie l’assiette de mon paternel, le reste du repas se déroule dans un lourd silence pesant. C’est moi qui décide de briser la glace.
• Père. Marmonné-je. Ne pouvez-vous revenir sur votre décision ? Il n’est pas encore trop tard et je ne désire réellement pas épouser cet homme.
• Lynawen, tais-toi…
• Non ! Coupé-je la parole à mon père. Ce mariage me rend vraiment malheureuse. Ne vous souciez vous pas de mon bien être ?
Mon père enfouit son visage dans ses mains, il se lève brusquement en tapant des poings sur la table.
• Déshonorer notre nom ne te suffit pas !? Il faut vraiment que j’exile ma propre fille ? Tu peux racheter ton honneur en épousant le prince Dorian.
• Pourquoi faites-vous la sourde oreille, père, qu’ai-je fais pour mériter votre mépris et votre indifférence ?
Le roi se mure dans le silence, fixant son assiette avec intérêt, ses doigts grattent le bois de la table. Les larmes commencent à déferler sur mes joues.
• Je vous hais, père ! Crié-je sous le coup de l’émotion. Pourquoi ce n’est pas oncle Maze mon père. Lui m’a toujours accepté comme j’étais, au grand jamais il n'irait contre ma volonté. Exilez-moi alors, laisser moi le rejoindre.
J’ai cru un court instant que mes mots avaient blessés mon seigneur de père. Il se frotte le menton avant de quitter la pièce calmement. Oui, c’est bien ce que je pensais, ce n’est qu’une illusion. C’est en pleurs que je regagne ma chambre avant de me jeter sur mon lit de frustration. Très bien, alors je m’enfuirais du château, c’est décidé.
Je suis réveillée en sursaut pas les cloches qui sonnent le branle-bas de combat. Je me précipite à la fenêtre. Sur les remparts comme dans la cour du château, les soldats s’agitent dans tous les sens. Dans le ciel orangé traverse une météorite verdâtre qui finit sa course dans la cité dans une impressionnante explosion. La terreur tord mon estomac. D’autres météorites pourfendent le ciel. J’entends subitement des hurlements qui n’ont rien d’humain. Mon corps se mets à trembler comme une feuille. Qu’est-ce que c’était que cette horreur ? Sans réfléchir, j’attrape mon arc et mon carquois avant de descendre à toute vitesse. “
Mes yeux s’ouvrent doucement. Une douleur fulgurante, telle une décharge électrique, traverse tout mon corps. J’en gémie de douleur. Chaque parcelle de mon corps n’est que martyre. Je peux à peine bouger. La souffrance est tellement insupportable. Je sombre à nouveau dans l’inconscience. J’ai divers épisodes de conscience et d’inconscience. J’immerge à nouveau, fiévreuse et toujours aussi meurtrie, suffocante. Cette fois, je ne sombre pas. Mes iris parcourent les lieux. Je suis dans une sorte de pièce circulaire. La seule lumière est cette petite lampe magique dans un coin. L’atmosphère est humide, je suis frigorifiée. Je tourne la tête non sans geindre au passage, ce que je vois me laisse sans voix. Il y a une immense barrière violette, si épaisse que je ne peux distinguer ce qu’il se trouve de l’autre côté. Je dois sans doute être dans une cellule, depuis combien de temps suis-je ici ? où sont mes amis ? C’est là que le flash de mes souvenirs sur ce qu'il s’est passé dans la pièce de l’orbe surgissent dans ma mémoire. Les gardes qui nous ont attaqué, l’homme qui m’a roué de coups et Aethas… Aethas qui m’a protégé de son corps. Sans lui, je serais sans doute morte. Je crois que j’aurai préféré mourir qu’agoniser dans cette sombre prison. J’ai dans l’intention d’utiliser la lumière pour soulager ma douleur, mais rien ne se passe. Je suis l’incapacité d’utiliser ma magie… La lumière reste sourde à mes appelles, m’a-t-elle abandonné ou suis-je trop affaiblie pour m’en servir ? Anduin… mon doux Anduin, je veux à nouveau sentir la chaleur de ton étreinte même si ça doit être dans la mort… Les larmes s’écoulent comme une cascade sur mes joues. Même pleurer est un supplice. Il ne m’a pas fallu longtemps pour succomber à nouveau à la douleur et m’évanouir.
Je sens doucement des doigts caresser mon front avec précaution et palper mon corps, m’arrachant des couinements. J’ouvre mes paupières. Au-dessus de moi, je vois un elfe au cheveux blanc coiffé d’une étrange façon. Sur l’instant, j’ai cru que c’était Aethas, mais l’homme est beaucoup plus vieux que lui. L’œil gauche de l’inconnue est aveugle avec une balafre peu plaisante qui part du front jusqu’à la joue. Il me lorgne de son unique œil valide dont la couleur est émeraude.
• Ma pauvre enfant, vous nous avez mis dans une situation fortement délicate et me voilà bien dépourvu. Dit-il d’une voix doucereuse.
À c’est mots, le vieil elfe me soulève du sol avec ménagement. Ma tête repose contre son épaule. Nous sortons tous les deux de cette étrange cellule. J’essaie de marmonner quelque chose, mais en vain. Je n’ai guère la force de me débattre, je me sens trop faible pour réussir rester éveillée plus longtemps…
/Voilà, le chapitre 32 est enfin disponible. Désolé pour l'attente, mon correcteur était tombé malade alors il n'a pas pu corriger pendant quelques jours mais il va mieux. En tout cas, j'espère que ce chapitre vous a plu et encore merci de me lire et de me soutenir. À la fin du chapitre, j'ai enfin pu placer mon autre personnage favoris dans l'histoire, je suis contente. ( héhéhé)./