Ceux qui brûlent dans la lumière

Chapitre 31 : Bataille de Lordearon – Acte final : Derniers instants

7194 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 06/10/2020 22:04

 Bataille de Lordearon – Acte final : Derniers instants


L’orc confronte le jeune Roi du regard, silencieux, mais son expression exprime clairement ses pensées, il n’a pas l’intention de nous laisser passer sans combattre. Notre ennemi à l’air menaçant s’avance vers Anduin. Le vieux pont-levis tremble et grince sous chacun de ses pas. Mon amant ne se laisse pas impressionner, restant impassible, ne montrant pas sa peur.

•        Écartez-vous, Saurcroc, cette guerre n’est pas la vôtre ! Clame Anduin. Vous tuez ne m’apporterai aucun honneur.

Je ne cache pas ma surprise de découvrir qu’Anduin à l’air de connaitre ce vieil Orc. En tout cas, sa remarque ne laisse pas de marbre son adversaire dont les traits de son visage se déforment de colère tout en s’avançant, il tient le manche de sa hache entre ses deux mains.

•        Votre père était un homme d’honneur, mon garçon, une notion qui vous est totalement étrangère. Gronde l’orc. Je ne me rendrai jamais ! Je vis et périrai par l’épée. À quel sacrifice avez-vous consentis pour les vôtres ?

•        Mon père a tout donné pour l’Alliance ! Et vous, seriez-vous prêt à en faire autant pour la Horde !? S’emporte Anduin avec véhémence.

•        Ma vie pour la Horde ! Hurle Saurcroc.

Sans crier gare, l’orc se jette sur Anduin, abattant son immense hache aiguisée sur lui. Le jeune Roi pare son attaque dans un tintement métallique. Promptement, Anduin retire sa lame, abaissant celle de son adversaire par la même occasion, et, profitant de sa surprise, lui lacère le torse. Son assaillant grogne en posant sa grosse main sur sa blessure. Anduin passe alors dernière lui, l’orc se retourne avec rage et brandit sa hache qui rencontre à nouveau Shalamayne dans des étincelles. Alors que mon amant est sur le point de frapper, l'orc le repousse avec un puissant coup de pieds dans le ventre qu’il le fait basculer en arrière. C’est le cœur serré par la peur que je vois Saurcroc prendre le dessus sur l’homme que j’aime, assénant de brutal coup de hache qu’il part avec difficulté, reculant toujours plus à chaque impact. Anduin a failli ne pas redresser son arme à temps pour contrer la hache de l’orc. Son assaillant accentue la pression sur Shalamayne. Anduin résiste de toutes ses forces venant à tenir la poignée de son épée de ses deux mains pour parvenir à le repousser. J’ai vu la hache de la créature verdâtre s’abattre à nouveau sur Anduin. Il ne semble pas voir le coup venir. Ma respiration s’accélère, tout comme mon rythme cardiaque. Non ! je refuse de voir l’homme que j’aime se faire tuer dans un stupide duel pour l’honneur ! Sans réfléchir, je saisie mon arc et imprègne une flèche de lumière avant de la décocher dans son bras. Le projectile traverse sa chair dans une giclée de sang. L’orc grogne tout en lâchant sa hache qui n’aura pas le loisir de blesser Anduin. Elle tombe dans l’eau en contrebas, Je bande encore une fois mon arc prête à tirer s’il essaye quoi que ce soit à l’encontre de mon Amant.

•        N’as-tu point d'honneur, femme !? Crache l’orc avec dédain.

•        L’honneur a-t-il plus d'importance que la vie de mon Roi !? Rétorqué-je avec hargne.

•        Lynawen, arrête, baisse ton arc ! M’ordonne Anduin.

Je me mordille la lèvre de frustration mais j’obtempère sans rechigner, retirant la flèche pour la ranger dans mon carquois sous les yeux inquisiteurs de l’orc.

•        J’exige une mort honorable ! Gronde l’orc.

•        Vous exigez !? Rétorqué-je, outrée. Vous n’avez rien à exiger !

•        Lynawen, si te plait, calme toi. Intervient Anduin sérieusement avant de se tourner vers l’orc. Un jour, mon père m’a dit que Varok Saurcroc incarnait le meilleurs de la Horde : Le sens de l’honneur. Il admirait votre droiture… Tout comme moi. Entendez-moi, il y a point honneur à cela. Exclame Anduin.

•        Ce n’est pas à un Roi de l’Alliance d’en décider ! S’énerve Saucroc.

•        Aujourd’hui, si… Conduisez le aux navires. À mon retour, nous parlerons d’honneur et des moyens de le restaurer. Répond Anduin.

Je n’arrive pas comprendre pourquoi Anduin a tant de respect pour cet homme. C’est vrai que je n’ai perçu que le mauvais aspect de la Horde, comment dire que je n’ai vu d’eux que terreur et monstruosité : l’incendie de Teldrassil, tous ces innocents brûlés vif sans raison, l’assassin sans pitié et cette Sylvanas qui n’a cessé d'utiliser des armes abjectes, tuant ses propres hommes au passage, n’a-t-elle aucune empathie ? Même pas pour les siens... Je me doute bien qu’il y a des gens bons de leur côté également comme il peut en avoir des mauvais chez l’Alliance. On a tous une raison de se battre, eux comme nous. Je m’interroge beaucoup sur la leur, quel justification faut-il pour perpétrer de tel massacre. Je prends une grande inspiration avant d’expirer pour retirer toute les mauvaises pensées de ma tête. J’ai une confiance absolue en Anduin, j’ai confiance en ses décisions alors s’il affirme que cet orc est un homme bon, je ne peux que le croire sur parole. Je me laisse trop souvent aveugler par ma colère... Après leur étalage d’honneur et qu’Anduin est fait part de ses bons sentiments à son adversaire, l’Orc attrape le Roi part le bras pour le tirer près de lui, murmurant quelque chose à son oreille. Anduin recule d’un pas en chancelant, s’appuyant sur la lame de son épée. Son visage est devenu subitement blafard. Anduin se tourne vers moi, les traits tirés par la crainte. Il passe à côté de deux soldats de l’Alliance qui s’avancent vers Saurcroc, l’un entre eux lui met les bras dans le dos et noue ses poignets avec une épaisse corde.

Je ne perds pas une seconde et me précipite auprès de lui, inquiète. Mon amant range son épée dans son fourreau. Il lève les yeux vers moi, l'air plus sérieux que d'habitude, avant de me prendre doucement les épaules.

•        Anduin, que se passe-t-il ? Que t’a-t-il dit pour te mettre dans en tel émoi ? Questionné-je, inquiète.

•         Lynawen, ton périple s'arrête ici, tu retournes au camp ! Dit-il d'un ton sec

•        Quoi ? Pourquoi dois-je rebrousser chemin alors que nous sommes à deux doigts...

•        Ne discute pas mes ordres, me coupe t'il. Sylvanas… Marque-t-il une pause avant de reprendre. Elle n’a pas renoncé à toi, elle n’attend que ça que tu te présentes face à elle et je refuse de te perdre. Alors soit tu retournes au camps, soit je t'y fais emmener de force...

•        Soit... mais tu n’étais guère obligé de me le dire sur ce ton… J'aurai compris. Je ne désire pas qu’elle serve de moi pour causer ta perte. Tu n’as pas à t’en faire, je retourne au camp.

Anduin a l’air soulagé d’entendre ces mots. Je pose mon front contre la froideur de son plastron pour retenir mes larmes. Je veux l’accompagner mais, au fond, rentrer au camp est la bonne décision. Je ne veux pas nuire à Anduin, à l’Alliance. Je ne veux pas le perdre par mon entêtement. J’ai peur de Sylvanas, elle me terrifie et encore plus maintenant que je sais qu’elle veut me mettre la main dessus. Je ne veux pas découvrir à mes dépends ce qu'elle me fera subir si elle m’attrape… Je sèche rapidement mes larmes du revers de ma manche puis je saisie la poignée de Shalamayne la retirant de ma ceinture. Je me perds dans l’éclat bleuté l’orbe chatoyante et c’est avec certitude que je sais qu’Anduin en aura plus besoin que moi.

•        C’était l’épée de ton père, je pense sincèrement que Shalamayne doit t'être restituée. Tu en aura plus besoin que moi. Reconstitue là. Dis-je en tendant l’épée vers lui.

Anduin dégaine l’autre moitié de Shalamayne avant de la tendre vers sa jumelle. Les deux orbes se mettent à scintiller au fur et à mesure qu’elle se rapprochent l’une de l’autre. Dans un flash lumineux et dans un son que je ne saurais décrire, nos doigts se retrouvent alors entrelacer autour de la même poignée, l’orbe éclatante a retrouvé son éclat doré alors que la lame que je possédais lévite à nouveau à ses côté, dénuée de poignée et retrouvant une taille inférieure à celle de sa sœur. 

•        Je t’aime, Lynawen.

•        Je t’aime, Anduin. 

Mon bien aimé s’approche de moi, posant son front contre le mien. Nos mains sont toujours l’une dans l’autre sur le manche de Shalamayne. Son souffle chaud réchauffe ma peau, me faisant frissonner. Ses lèvres effleurent les miennes, je n’ai qu’une envie, c’est de les accaparer.

•        Ce n’est pas contre vous, votre Altesse, mais le temps presse, vous aurez tout le temps de dorloté votre compagne plus tard. Intervient Grisetête, un poil agacé par nos élans sentimentaux.

Finalement, Anduin dépose ses lèvres sur ma joue. Je lâche la poignée de Shalamayne, le cœur meurtri, tout en lui donnant un semblant de sourire pour cacher mes craintes.

•        Fait attention à toi, mon amour, tu n’es pas à l’abri de rencontrer des traînards de la Horde.

•        Oui, je t’attendrai au camp, Anduin. Dis-je en continuant de simuler un sourire.

•        Ne vous en faites pas, votre grandeur, je prendrai grand soin de votre Dulcinée pendant votre absence. Intervient Lydran, passant son bras par-dessus mon épaule.

Je lui donne un coup de coude pour me libérer de son emprise, l’elfe se plie en deux, se tenant le ventre, amusé de la situation.

•        Toujours aussi sauvage, j’aime ça.

Cette fois, c’est Yaedrel qui intervient et attrape l’elfe de la nuit, le trainant par le bras de force avant de le jeter plus loin. Il est incorrigible, il sait pertinemment comment je vais réagir, néanmoins, il continue. Aime-t-il tant que ça se faire malmener ? Anduin foudroie Lydran du regard, il donne réellement l’impression qu’il a une furieuse envie de l’étrangler. Qui n’aurait pas envie d’en mettre une à Lydran, sérieusement ? Je soupire d’exaspération avant de lever la tête vers Anduin et c’est dans un dernier regard aimant que l’homme que j’aime tourne les talons. Il passe le pont-levis avant de pousser les lourdes portes devant lui, se refermant sur leur passage. Je mordille la lèvre inférieure, agitée, mais il est entre de bonne main. Jaina est une puissante mage, Grisetête un grand guerrier et cette Alleria, ma foi, elle m’a l’air de savoir se battre. Lorsque que je me retourne, Yaedrel est en train de sermonner Lydran. Comment dire que ça ne le touche pas le moins du monde, je sais pas pourquoi mon protecteur se donne autant mal avec lui… Je suis sure le point de rejoindre mes deux amis lorsque j’intercepte la conversation de soldats de l’Alliance qui eux aussi sont entrain de rebrousser chemin.

•        J’ai servi son père pendant de nombreuses années et j’ai côtoyé le jeune Roi depuis qu’il est tout petit. Je ne l’ai jamais vu ainsi avec personne, je trouve sincèrement que le Roi et cette jeune demoiselle forment un couple charmant. Cette petite fera une bonne Reine. Dit une vieille femme.

•        S’il ne lui passe pas la bague au doigts après ce qu’elle a accomplie pour lui, le Roi est un imbécile. Rétorque une elfe de la nuit.

•         Honnêtement, tant que je touche ma paye, je me fiche de qui devient sa reine, il peut même se marier avec un Tortollan ! Intervient un homme moqueur.

Un sourire sincère s'esquisse sur ma figure, ça me touche énormément, même si je doute des propos de la femme. Mon père n’envisageait même pas la possibilité que je sois reine de Ludroth, alors comment puis-je être une bonne reine pour Hurlevent… Au moins, l’homme m’a fait rire même si je me sens un peu idiote car j’ignore totalement ce qu'est qu’un Tortollan… Je devrai demander à Yaedrel ! Après tout, je ne sais pas grand-chose de ma terre d’accueil. J’accoure vers mes amis pour rebrousser chemin et j'en profite pour poser ladite question à mon protecteur qui me regarde avec des yeux ronds d’étonnement, alors que Lydran se met à rire à gorge déployé en dénudant ses canines au passage.

•        C’est des hommes tortus. Réponds Lydran, plus rapidement que mon bouclier.

•        Vraiment ? Donc, il y a d’autres races qui ressemblent à des animaux ? Autre que les Tortollans, ces bovins et ces Pendaren que je n’ai encore jamais vu que j’aimerai bien rencontrer un jour ! 

•        Les bovins se nomment les Taurens, Dame Lynawen. Me corrige Yaedrel.

•         Votre ignorance est adorable ! Enchaine Lydran, amusé.

•        Pourquoi cette subite question ? Se questionne mon protecteur.

•        J’ai entendu des soldats en parler, je me demandais juste ce que c’était… Répondé-je en restant dans le flou.

•        Vous écoutez aux portes maintenant, ma beauté ? Me taquine Lydran.

•        Taisez-vous, Lydran, ou Yaedrel vous fera taire pour moi !

•        Pourquoi dois-je toujours lui tirer les oreilles… Soupire d’exaspération Yaedrel.

Je regarde pantoise mon protecteur avant de rire, accompagnée des moqueries de Lydran. J’aime leurs compagnies, même celle de Lydran. J’ai finis par m’y habituer, il faut croire. Ce petit moment de légèreté me fait du bien, ça me permets de détendre un peu ma profonde angoisse de savoir qu'à l’heure où nous rions de bon cœur, Anduin, lui, confronte Sylvanas et regarde la mort droit dans les yeux…

Je suis subitement sortie de mes sombres pensées par un cri strident. J’échange un regard avec mes compagnons avant de nous précipiter vers l'origine du son. L’odeur du sang me prends à la gorge. Un corps étendu sur le sol, se noyant dans une flaque de son propre sang qui s’étends juqu’aux bottes en cuirs et aux sabots de deux silhouettes. Je lève les yeux pour mieux les discerner mais Yaedrel s’interpose entre eux et moi. Médusée par sa soudaine attitude, je reste sans voix, le lorgnant un court instant avant de commencer une vaine tentative de lui passer devant. Agacée, je soupire pour montrer clairement mon mécontentement.

•        Renvois-le ! Renvois ton démon dans le Néant-Distordu, Démoniste ! Exclame Lydran avec agressivité.

À la simple prononciation du mot “démon“ mon corps se mets à trembler et mon cœur tambourine dans ma poitrine. Les sabots que j’ai entre-aperçus appartenaient donc à cette vile créature, tout prend sens d’un seul coup, Yaedrel voulait juste me préserver…

•        Je ne le redirais pas deux fois, je me fiche que tu sois de notre côté…

•        Pas besoin d’être agressif, Kal’dorei, je ne suis pas aveugle, j’ai remarqué votre amie apeuré derrière le Draenei.

Il s’ensuivit un bruit sourd qui transcende l’air avant de disparaître. J’entends des pas s’approcher de moi. Lorsque je lève la tête, deux beaux yeux d’améthystes scintillant me fixe avec curiosité. C’est une de ses elfes qui sont arrivés avec Alleria. Qu’est-ce qu’elle est belle… Elle est très grande et svelte, sa peau est neigeuse aux nuances bleutés comme un lac gelé. Elle a un joli nez concave, des lèvres pulpeuses à la douce teinte violette, tout comme ses cheveux, d’ailleurs, attaché en queue de cheval. D’innombrable mèches lui tombent sur l'œil gauche. Elle a aussi cette étrange émanation bleu en perpétuelle mouvement dans l’extrémité de sa chevelure. Ses lobes d'oreilles sont sertie d’une boucle en or chacune gravée d’un étrange symbole qui pendouille au grès de ses mouvements. Un pendentif d’or incrusté d’un rubis autour du cou. L’elfe porte également une tunique en cuir dont le col est roulé par-dessus une sorte de tabard grisâtre orné de fioritures circulaire violettes. Une ceinture de cuir avec des sacoches et un fourreau ou repose une dague cerne sa taille. Dans son dos, un bâton de mage à la forme plus qu’étrange, son manche est de bois mais il est composé de deux dents de métal et, en son sein, gravite une pierre verte.

•        Vous n’avez plus à avoir peur, humaine, je l’ai fait disparaître. Dans tous les cas, tu n’aurais rien à craindre. Je sais soumettre ces démons à ma volonté.

•        Je vous… je vous remercie, Madame.

•        Madame !? sourit-elle, amusée. Je préfère Nawe, donc vous pouvez m’appeler ainsi. Nawe, Na-wé ! Insiste-t-elle sur la prononciation de son prénom.

•        Enchanter Nawe, moi c’est…

•        Lynawen d’Archon ! Me coupe-t-elle la parole, souriante.

•        Comment vous savez qui je suis ? Interrogé-je, perplexe.

•        Vos yeux vous ont trahie et vous avez une certaine réputation. Les rumeurs vont bon train chez l’Alliance. Fraîchement, débarquer d’un monde inconnu, une forte affinité avec la lumière alors que des prêtres s’entraîne à maîtriser ce don depuis des années et ne vous arrive même pas à la cheville. Vous volez le cœur du Jeune Roi alors que moult demoiselles on essayait avant vous. J’ai vu de mes yeux que vous avez manier l’épée de Varian Wrynn et que vous vous battez pour un monde, une faction, qui n’est même pas la vôtre. Vous êtes intéressante. Soyons amies ! Exclame-t-elle avec spontanéité.

Je la fixe stupéfaite, son tact me laisse sans voix, elle m’a prise totalement au dépourvue. Cette Nawe n’a pas l’air méchante et ne me donne pas l’impression qu’elle a de mauvaise intention à mon égard. Je hoche simplement la tête et accepte sa demande. Qu’est-ce que je risque ? Elle n’est pas plus étrange que Lydran. Si je suis amie avec un tel coureur de jupon, je peux bien me lier d’amitié avec cette femme.

•        C’est une blague !? Intervient Lydran. Vous ne connaissez même pas cette elfe du vide.

•        Pour une fois, je suis d’accord avec le druide. Surenchérit Yaedrel.

•        Vraiment, Lydran, dois-je vous rappelez notre première rencontre ? Je crois que niveau harcèlement et flatterie douteuse vous en êtes le roi. Rétorqué-je, mesquine.

•        Ma beauté aux yeux d’argent, vous me blessez…Il se tue un instant avant d’inspecter Nawe sous toutes ses coutures avec un sourire aguicheur. Bah, finalement, je ne vais pas cracher sur une si belle créature ! Mais si vous êtes jalouse car vous n'avez plus toute mon attention, vous ne pourrez-vous en prendre qu'à vous-même.

•        Grand bien me fasse ! Sifflé-je, souriante. Voici mes amis, lui c’est Lydran et le Draenei c’est mon protecteur, Yaedrel.

•        Un plaisir. Répond Nawe.

•        Madame, dois-je vous rappelez qu'on n’est pas dans un salon de thé mais en plein milieu d'un champ de bataille, regagnons immédiatement le camp, c’est un ordre du Roi. Intervient Yaedrel pour couper court à cette conversation qui commence à s’éterniser.

J’emboîte le pas de Yaedrel. Sur notre passage, j’entrevois clairement le corps qui baigne dans cette marre de sang. C’est un Troll. Mon cœur ne fait qu’un bond lorsque je remarque son bras coupé recouvert d’un tissu grossièrement attaché avec une lanière de cuir. C’est le Troll que j’ai combattu plus tôt. Son cadavre est atrocement mutilé, il ne semble pas d’avoir d’arme sur lui. Il était sans défense quand le démon de Nawe l’a abattue. Le pauvre… Mes yeux se lève vers l’elfe. Pourquoi l’a-t-elle achevé ? Je doute qu’il était une menace. Pourquoi je ressens de la culpabilité ? C’est la guerre et ce n’est pas de ma faute… Je secoue vivement la tête pour faire taire ce sentiment. Je me concentre sur notre itinéraire, nous reprenons la route, accompagnés de Nawe. Yaedrel ne cesse de radoter sur le fait de rester sur nos gardes.

Je n’ai qu’une envie, c’est d’aller récupérer Révérence. La pauvre bête est seul devant les remparts de la cité, depuis longtemps, maintenant que j’y pense. J’espère sincèrement qu’il va bien. Je n’aimerai pas le retrouver blessé ou pire, Anduin en serait très attrister, tout comme moi. Alors que je marche sans faire très attention où je vais, je percute Lydran qui s’arrête brusquement. Je suis sur le point de le réprimander quand j’aperçois devant un mur effondré, un Elfe de sang entrain de déblayer les gravats recouvrant le corps d’une elfe grièvement blessée. À ses pieds, un bâton de mage brisé, ses mains sont ensanglantées, retirant chaque pierre dans un gémissement de douleurs accompagné d’un flot de larme coulant en torrent sur ses joues, ne retenant en aucun cas ses sanglots d’agonie qui me transpercent le cœurs… Je reconnais cette endroit, c’est moi qui l’ai détruit avec la lumière. Lorsque qu’il nous remarque, l’elfe se redresse à la hâte, se mettant devant la femme dans un élan protecteur. Il est vêtu d’une armure de cuir clouté rouge, or et noir. Ses cheveux à l’arrière lui arrivent au bas de la nuque alors qu'à l'avant sa chevelure d’argent lui tombe sur le torse. D’innombrables mèches encadrent un visage égratigné, meurtri et ses yeux d’émeraudes brillants ont une nuance rougeâtre. Des sillons humides sont crayonnés sur ses joues. Une flamme jaillit entre ses doigts dans un vrombissement. Mes compagnons réagissent immédiatement, dégainant leurs armes. Il est désarmé, un mage sans bâton pour catalyser sa magie brute n’a que peu de chance de rivaliser contre un paladin de la lumière, un druide, une démoniste et une prêtresse en herbe. Le cadavre du Troll me reviens en mémoire et la culpabilité revient à la charge. C’est mon acte qui a causé la souffrance de cet homme, il veut juste protéger cette femme.

•        Non, Le sang a assez coulé ! Crié-je en m’interposant entre mes amis et l’elfe.

J’ai à peine le temps de réagir que je sens un bras encadrer ma taille avec violence. Ma tête heurte de plein fouet quelque chose en métal et sur ma gorge je sens le tranchant glacial d’une dague. Ma propre dague, celle que Yeadrel m’a donné. Il me n’a pas fallu longtemps pour comprendre que l’elfe aux cheveux d’argent m’avait attrapé et pris la dague à ma ceinture. Le manche prend une teinte rougeâtre tandis que son sang goûte le long de mon cou teintant ma peau de porcelaine d’une couleur pourpre.

•        Si tu oses lui faire du mal, Sin’dorei*, je te jure sur la lumière que je te tue sur le champ ! S’emporte Yaedrel.

•        J’en ai que faire ta piètre lumière, Draenei. N’essaie pas quoi que ce soit, vous ou vos compagnons. Sinon j’envoie l’humaine arpenter l’ombre terre*.

•        Vous n’avez aucun honneur !? Crache Nawe.

•        Amusant venant de la bouche d’une traîtresse d’elfe du Vide. Surenchérit l’elfe de sang.

•        Relâche là ! Elle ne mérite pas de trépasser pour avoir essayé de protéger un être abjecte comme toi. Grogne Lydran.

•         Allez-vous-en, partez ! Je le relâcherai peut-être. Exclame l’elfe, menaçant.

L’elfe appuie la lame sur ma gorge, pour faire comprendre à mes amis qu’il ne plaisante pas. Pourtant, sa main tremble. La pression de l’arme se fais moins pesante sur ma chair. Il ne souhaite pas réellement faucher ma vie. Sans crainte, je recouvre doucement sa main qui tient la poignée de la dague de la mienne. J’invoque la lumière pour soigner ses plaies, je sens tout son corps se raidir mais il ne lâche pas prise pour autant.

•        Pourquoi ? Murmure-t-il dans mon oreille. Pourquoi vous me soignez alors que je menace votre vie… Questionne l’elfe dans l’incompréhension.

•        Parce que, je veux me servir de mon don pour faire le bien, je peux venir en aide à ton amie mourante. Répondé-je avec sincérité. 

•        Qu’est-ce qui me dis que je vous faire confiance ? Rétorque l’elfe, méfiant.

•        Rien du tout, absolument rien du tout. Je vous en prie laissez-moi vous venir en aide. N’a-t-il pas eu suffisamment de mort ?

L’elfe de sang se mure dans le silence un instant, il doit probablement peser le pour et le contre. Je lève les yeux vers mes amis leur adressant un sourire qui se veut rassurant.

•        J’accepte ton offre, humaine, mais d’abord je veux m’assurer de ma propre sécurité. Ordonnez à vos compagnons de jeter leurs armes et de ne pas s’approcher.

J’acquiesce à sa demande, posant de nouveaux mes prunelles sur eux. C’est dans un ton parfaitement calme je que récite les instructions de l’elfe sous les yeux inquiets et abasourdi de mes amis.

•        Vous êtes inconsciente, madame ! Qui dis qu’il ne profitera pas de l’occasion pour tous nous tuer ! S’indigne Yaedrel.

•        Je refuse d’écouter ce Sin’dorei ils sont fourbes et imbu d’eux même ! Grogne Lydran.

•        C’est le gobelin qui crache sur la pièce d’or. * Soupire l’elfe d’exaspération.

•        Assez ! Faites ce que je vous dis. C’est un ordre, Yaedrel ! Grondé-je.

Nawe, silencieuse jusque-là, jette son bâton de mage sur le sol pavé. Je suis étonnée qu’elle soit aussi docile à suivre mes instructions alors qu'on vient à peine de se rencontrer. Yaedrel rouspète mais lâche sa massue de cristal à son tour. Les yeux de diamant de Lydran fixent avec haine l’elfe avant de daigner retirer sa dague et suivre les autres.

•        Reculez ! Ordonne l’elfe de sang.

C’est avec dédain qu’ils obtempèrent, s’éloignant de leurs armes qui trône sur le chemin pavé. L’elfe a la chevelure argentée me fais basculer en arrière avec lui avant de retirer lentement la lame de ma gorge. Il se met à genoux près de la femme, dégageant son visage de ses cheveux argent identique aux siens.

•        Soigne ma petite sœur, je t’en prie… Elle est tout ce qu'il me reste. M’implore l’elfe de ses grand yeux d’émeraudes scintillants.

Je mets un genou à terre auprès de l’elfe. Son armure est amochée, elle respire difficilement et elle est recouverte de coupures, blessures et hématomes dû à la chute des gravats. Je pose mes prunelles sur l’homme. Il sanglote silencieusement. Ses pleurs me touchent au plus profond de mon cœur. J’ai perdu ma famille, je ne sais que trop bien quelle souffrance ça engendre. Sans savoir pourquoi je fais ça, je sèche ses larmes avec mes doigts. L’elfe a un mouvement de recul et il me fixe pantois de ses yeux brillants. Les elfes de sangs sont-ils tous aussi beaux ? Je secoue la tête, ce n’est vraiment pas le moment de se poser ce genre de question. Je m’excuse et lève mes mains au-dessus de sa sœur. Lumière divine, prête moi ta magie pour venir en aide à cette femme. Je t'en prie, ne la laisse pas s’éteindre. Les paumes de mes mains s’illuminent d’un chaleureux rayonnement avant de s’étendre sur le corps meurtri de l’elfe. Je maintiens mon sort jusqu’à ce que ses blessures disparaissent comme un cauchemar à l’aube et ses paupières s’ouvre doucement. Son regard croise celui de son frère. Ce dernier l’étreint brusquement dans ses bras la serrant jusqu'à l’étouffer.

•        Merci, merci… Répète l’elfe, reconnaissant.

•        Tu n’as pas besoin de me remercier, j’ai moi aussi quelqu’un que j’aime et s’il lui arrivait malheur j’aimerai aussi qu'on me vienne en aide…

•        Quel est votre nom, humaine, je ne veux pas l'oublier.

•        Lynawen. Répondé-je. Et vous ? je ne veux pas oublier non plus.

•        Aethas, Aethas Portesoleil.

•        Prenez soin de vous et de votre sœur. Adieu, Aethas.

Je n’ai droit qu’à un hochement de tête avant que toute son attention se porte sur la femme. Dans un dernier regard à son égard, j’accoure rejoindre mes compagnons. Ils ramassent leurs armes et nous continuons notre chemin vers le trou béant dans le rempart, notre porte de sortie.

•        Vous avez un bien grand cœur pour vous souciez même de l’ennemi, Dame Lynawen, mais malgré tout, je suis fière de vous servir. Exclame Yeadrel avec fierté.

Ses propos me touchent énormément et je me mets à sourire, cependant Lydran a l’air de broyé du noir. Nawe s’immobilise, son regard améthyste fixe le sol avec intensité.

•        Vous avez senti ? interpelle-t-elle, soucieuse.

•        Quoi donc ? Questionne-je Nawe.

•        Vous ne sentez pas le sol bouger…

Interloquée, je m’accroupie posant ma main sur le sentier. Sous ma peau, je peux sentir des vibrations. Nawe a raison, le sol tremble. Je me tourne vers Yeadrel qui constate lui aussi le même phénomène. Soudainement, une puissante explosion retenti. On se retourne tous vers l’origine du bruit. Mon visage se décompose, devenant blafard. Tout mon corps tressaille de terreur. Le château de Lordearon a littéralement volé en éclat dans un nuage de corruption !

•        Anduin ! Hurlé-je a m’en briser la voix.

Non, non, non, ce n’est pas possible il ne peut pas… Non ! J’y me refuse ! Le chagrin noie mes yeux et mes pensées défilent à toutes allure. Je n’arrive plus à réfléchir correctement. Je dois le rejoindre, je dois absolument le rejoindre ! Il n’est pas mort, il ne peut être mort… Je sens la main réconfortante de Lydran se poser sur mon épaule mais je le repousse avant d’éclater en sanglot et de courir vers le palais. Yaedrel m’attrape l’avant-bras, je me débats pour échapper à son emprise. Le sol, les murs, tout se met à trembler. S’ensuit des éboulements et des grosses fissures, fracturant le sol dans des vapeurs de peste.

•        Nous ne pouvons pas rester ici ! On doit fuir, maintenant ! Hurle Yaedrel.

•        Non ! Anduin ! Crié-je de douleur.

•        Reprenez-vous ! Rien ne nous dit que le Roi est mort ! Me secoue Yaedrel. Mon devoir est de vous protégez coûte que coûte.

Mon bouclier utilise la force pour m’obliger à le suivre et je cours le plus vite possible, évitant les gravats et les failles de peste qui se forment sous nos pieds. J’ai le sentiment amer de revivre le même scénario que dans les galeries souterraines de Fortonerre. C’était mon père que j’avais abandonné pour ma vie, là c’est Anduin et ça fais tellement mal. J’ai l’impression qu'on me poignarde le cœur avec acharnement encore, encore et encore. Alors qu'on n’aperçoit enfin la sortie, Nawe se met à crier de faire attention. Un vieux bâtiment s’écrase devant nous dans un nuage de poussière, bouchant notre seule issue.

•        Maudite soit Elune ! Crache Lydran.

•        On est coincé, qu’est- ce qu'on fait !? Il y a peut-être une autre sortie !? je n’ai pas envie de mourir dans la corruption, tout mais pas ça ! S’affole Nawe.

•        Lynawen, votre pierre de foyer ! Intervient Yaedrel.

Je fouille ma poche et mes doigts délicats tombent sur ma pierre de foyer. Je la retire de ma poche pour la montrer à mes compagnons. Nawe la saisit avec un lueur d’espoir, elle l’inspecte dans tous les angles mais l’éclat de ses yeux s’évanouie aussi vite qu’il est apparu.

•        La magie de ta pierre de foyer n’est pas assez puissante pour tous nous transporter… Dit-elle avant de me la rendre. Deux personnes seulement…

•        Quoi, ce n’est pas possible ! répondis-je avec frustration et à deux doigts de pleurer à nouveau.

•        Dame Lynawen, servez-vous-en, c’est un ordre. Rentrez-vous mettre en sûreté à Hurlevent.

•        Vous abandonnez, tous !? Il n'en est pas question ! Je refuse de vous laisser mourir ! Imploré-je, sanglotant.

D’autres explosions grondent et la peste se répand de plus en plus rapidement. Je refuse d’abandonner mes amis à une mort atroce. Je lève la paume de ma main vers le ciel pour crée en dôme de lumière qui nous protègent des vapeurs mortels de la peste et des chutes cailloux.

•        Lynawen, ne soyez pas stupide, ne vous sacrifiez pas pour moi ou pour ce druide ou pour elle.

Deux personnes, je ne peux sauver qu'une seule personne avec moi et laissez les deux autres mourir. Comment on peut me demander un tel choix… Je les regarde tous, mon protecteur qui est mon ami le plus cher. Lydran, ce druide arrogant, agaçant, malpolie avec qui j’ai créé un lien d’amitié ou cette Nawe, une parfaite inconnue que je viens de rencontrer. Pourtant, je ne veux abandonner personne. Oh, Anduin, qu’est-ce que tu ferais à ma place ? Son doux visage apparaît dans mon esprit et je me remets à pleurer. Anduin, croirais en l’espoir, je veux croire en cette lueur d’espoir. Lumière divine, guide moi, pitié ne me laisse pas le cruel choix de vie ou de mort, pitié, aide moi. Supplié-je en serrant la pierre dans la paume de ma main.

•        Par ici ! vite ! Intervient une voix inconnue.

Je me retourne. Sur un muret se dessine la silhouette de deux elfes de sangs aux cheveux argentés. Aethas et sa sœur, je pensais ne jamais les revoir. Pourquoi n’ont-ils pas pris la poudre d'escampette ?

•        Si vous tenez à la vie, suivez-nous. Exclame la femme aux yeux dorés.

•        Lynawen, ma bienfaitrice, je te suis redevable. À mon tour de vous venir en aide. Dit-il.

•        Qu’est-ce qui me dis que je peux vous faire confiance ? Rétorqué-je.

•        Rien du tout, absolument rien du tout. Rétorque Aethas en me tendant la main.

Je dissipe mon sort avant de m’avancer vers Aethas et c’est sans hésitation que je glisse ma main dans la sienne sous les grognements de Yaedrel. Malgré tout, il obtempère et ensemble, suivit de Lydran, Nawe et de la femme, nous reprenons notre course effrénée à travers le chaos. Par moment, j’ai dû mettre mon visage dans mon coude pour ne pas respirer ce maudit gaz toxique, mais Aethas arrache un bout du tissu de son armure pour que je puisse respirer dedans. Nous montons une série de marche, l’elfe pousse de lourde porte en fer et en bois. Nous nous retrouvons devant un gros orbe rouge flottant au-dessus d’un socle décoré de petite statue d’elfe en or.

•        C’est notre unique porte de sortie, elle va nous transporter loin de cette maudite cité ! Posez vos mains dessus. Explique l’elfe de sang.

Je suis peut-être folle de le suivre, mais bizarrement j’ai envie de lui faire confiance. Peu importe où on va atterrir, ce qui compte c’est que mes amis soient sains et sauf. Anduin, mon amour, pardonne-moi, oh pardonne moi de t’abandonner… C’est les yeux larmoyant de chagrin que je pose ma main sur cette boule qui se met à briller de mille feux.  


/Sin'dorei : Enfant de sang/Elfe de sang dans leur langue.

C’est le gobelin qui crache sur la pièce d’or. : C'est l'équivalant de l'expression " C'est l'hôpital qui se moque de la charité"

L'ombre terre : Royaume des morts/


/Voilà, c'est un chapitre beaucoup plus long que d'habitude, j'avais tellement à dire dans celui là et j'avais pas envie de le couper. Je voulais finir l'acte de Lordearon pour pouvoir m'attaquer exclusivement à l'acte suivant. héhéhé ! Beaucoup d'action et de nouveaux personnages font leur entrée. En tout cas, j'espère qu'il vous a plu ! Encore merci de toujours me lire et me soutenir. /

Laisser un commentaire ?