Ceux qui brûlent dans la lumière
Préparation
La guerre est déclarée et les cris de vengeance grondent. L’Alliance souhaite ardemment des répercutions contre l'incendie de Teldrassil. Ils vont prendre d’assaut la capitale des réprouvés nommée Lordaeron. Durant mon séjour ici, j'ai appris pas mal de chose sur cette cité. Il y a une décennie, elle était encore l'une des capitales les plus influentes des royaumes humains. Le Roi, Térenas Menethil, en était le dirigeant. Son royaume était menacé par une malédiction, « le fléau mort-vivant ». Son héritier et fils, Arthas, ainsi qu’une importante partie de leur force sont allées contrer ce mal. Mais un jour, il est revenu chez lui changé en chevalier de la mort, champion du Roi Liche qui est à l’origine de cette malédiction. Arthas trahi les siens, assassina son propre père et massacra son peuple pour ensuite les relever en mort-vivant. Bien après, la dame noire Sylvanas Coursevent, elle-même tuée de la main du Prince déchu de Lordearon, a repris la ville et réunissant les réprouvés sous une seule et même bannière. Les réprouvés sont des morts libérés du fléau ayant récupéré leur conscience. Ils s’installèrent dans les égouts, ainsi fut créé Fossoyeuse, leur capitale. Depuis ce jour, la Horde à la main mise sur la région. Je comprends qu’Anduin veuille la récupérée, c'était, il y a longtemps, une capitale humaine et Sylvanas, la chef de guerre de la Horde, s'y terre. Cette femme n’a aucune bonté dans son cœur, enfin en a-t-elle toujours un ? Pourquoi mon esprit se préoccupe de ce genre de détail ? Je secoue la tête pour en retirer ces pensées futiles. Ça ne change absolument rien au final, c’est cette haut-elfe morte qui a déclenché la guerre et massacré tant d'innocents. Anduin veut la soumettre pour mettre fin à la guerre et empêcher que d’avantage de sang soit versé.
D’ailleurs, il organise son départ depuis plusieurs jours maintenant. Anduin va bientôt prendre la mer avec sa flotte pour une bataille d'où il ne pourrait ne jamais revenir. J’ai peur qu’il arrive malheur à l’homme que j’aime. Je sais que c’est son devoir de mener son armée mais… il pourrait se faire tuer sur le champ de bataille. Je veux l’accompagner ! Pas forcément me battre mais en tant que prêtresse, soignant les blessés dans les camps… Je sais pertinemment que je ne suis pas vraiment une prêtresse de la lumière, mais je sais que je peux me rendre utile. N’ai-je pas déjà fais mes preuves en aidant les survivant de Darnassus ? Je ne serai pas exposée au danger…sauf si par le plus grand des malheurs les affrontements tournent en notre défaveur. Je ne suis pas idiote, j’ai bien conscience qu’une guerre comporte de nombreux risques. Je suis prête à les prendre ! Je veux me battre pour la faction qui m’a ouverte généreusement ses bras. Dès que j’en aurais l’occasion, je lui en toucherai deux mots. Je me doute qu’il va s’y opposer avec un refus catégorique mais j’irai quand même m’engager auprès des prêtres et de leurs compères les guérisseurs même si je n’aime guère l’idée de lui faire des cachotteries de cette ampleur.
Après un repas que j’ai à peine toucher, je décide de partir me changer les idées. Les derniers événements ne m’ont pas donné beaucoup de répit. Flâner dans Hurlevent, probablement le long du port me ferait, sans doute, le plus grand bien et j’adore l’odeur salé qu’apportent les brises venant de la mer. Depuis l’apparition de cet assassin présumé, le jeune Roi a ordonné à mon protecteur de ne pas me lâcher d’une semelle. Sur ce coup-là il n’a pas à s’en faire, mon charmant Yaedrel me colle déjà au basque depuis ma petite excursion improvisée dans le brasier de Teldrassil. Je lève la tête pour contempler la voute céleste qui luit d’un bleu éclatant accompagnée de quelques nuages duveteux. La cité grouille comme une fourmilière. Les bruits des enclumes ne cessent de résonner au quatre vents. Les soldats de toutes races commencent à se rassembler à la caserne et certain entraînent les nouvelles recrues. En passant par le quartier des mages, je vois les magiciens incanter tous sorte de sorts dont les mannequins en paille sont leurs victimes. C’est à la fois fascinant de voir les éléments se déchaîner avec autant de puissance et terrifiant. Des gardes escortent des cargaisons militaires jusqu’aux quais tandis que les commerçant rassemblent les victuailles nécessaires : aliment, ressource, matériel pour le voyage vers Lordaeron. Tous les habitants se mettent à la tâche. Entre leurs jambes, les enfants continuent de jouer dans l’insouciance de ce qui se prépare réellement sous leurs yeux innocents. Je me suis vite rendu compte que mon projet de balade au senteur salé est mort dans l’œuf. Le port est réquisitionné pour l’effort de guerre. J’aurai dû m’en douter, je suis vraiment stupide parfois. Je hausse les épaules et fais alors demi-tour, voulant passer par le quartier de la Cathédrale, je suis surprise quand je vois ce cher Lydran entouré de trois demoiselles qui gloussent à chacun de ses sourires. Je roule des yeux devant ce spectacle affligeant. Je ne vois pas ce qu’elles lui trouvent, personnellement. Ne devrait-il pas rejoindre l’armé Kal’dorei, d'ailleurs ? Après tout, c’est pour son peuple que l’Alliance part en guerre. Non, apparemment, courtiser des femmes à l’air d’être sa priorité. Je soupire. Après tout, ça ne me concerne pas et, honnêtement, je ne veux pas être embarquée malgré moi dans ce charmant groupe. Je fais signe à Yaedrel et, ensemble, nous faisons demi-tour. Tant pis, je prendrais le chemin le plus long pour rentrer au château. Je tourne alors les talons, me hâtant un peu pour ne pas qu’il nous aperçoive. Mais il faut croire que son instinct de félin est bien aiguisé. Il m’interpelle avec une voix suave qui me fait sursauter.
• Mais qui voilà, ça ne serait-ce pas ma demoiselle favorite !
Bougre ! Il m’énerve à être aussi réactif ! Coincée, je n’ai pas d’autre choix que de lui faire face. Comme d’accoutumé, il a toujours le même sourire sauvage saupoudré de son air idiot.
• Lydran, il faudra que je m’habitue à vous savoir dans chaque recoin possible d’Hurlevent. Rétorqué-je du tac au tac. Vous êtes en train de délaisser votre charmante compagnie.
• Quel délice ! Autant de possibilité de rencontre, n’est-ce pas le destin ?! S’exclame Lydran avec entrain. Pour ces femmes, ma beauté au yeux d’argent, je leur sert de guide voilà tout. Ses dames ne font que flatter d’éloge cette superbe cité.
• De guide à des humaines, qui m’ont l’air de citoyennes d’Hurlevent… Bien voyons Lydran.
• Seriez-vous jalouse ? Dit-il en se rapprochant vivement de moi.
• Recule, Elfe ! Intervient Yaedrel.
Mon protecteur s’interpose entre lui et moi, le foudroyant d’un regard menaçant. Le druide fait un bond en arrière pour rester hors de porter. Il a dû retenir la leçon de notre derrière visite à Darnassus.
• Je vois que vous vous baladez toujours avec votre chèvre bleu en laisse, j’espère que vous avez un jardin. Ça ne doit pas être terrible, l’odeur en intérieur. Le provoque Lydran ouvertement.
Yaedrel se jette sur Lydran qui lui échappe avec aisance. Pourquoi mon protecteur répond toujours au provocation de ce stupide druide aussi facilement… Je soupire d’agacement, encore plus quand je vois l’elfe avec son air satisfait.
• Suffit ! Arrêtez donc cette mascarade ! Rentrons, Yaedrel ! Intervené-je en haussant la voix.
Embarrassé, mon bouclier revient à mes côtés sans discuter. Nous allons reprendre notre route quand Lydran nous fait barrage.
• Quoi, encore ? Dis-je, contrariée.
Le druide passe sa main dans son cou et défait la chaînette au pendentif en croissant de lune en argent, symbole de leur déesse, Elune. Il la fait pendouiller d’avant en arrière devant mon nez en souriant.
• Acceptez ceci en gage de remerciement pour m’avoir sauvé des flammes.
• Je ne peux pas accepter, c’est votre bijou.
• J’insiste. Rétorque Lydran.
• Moi de même ! Renchérie-je. Il vous appartient, il est l’objet de votre foi.
Le Druide soupire et m’attrape subitement par les épaules. Je me retrouve dos à lui. J’essaie de me libérer de son emprise mais en vain. Il dégage ma nuque des quelques mèches qui se sont défait par inadvertance de mon chignon. Lydran me passe alors le collier autour du cou et en profite pour déposer un baiser furtif. Je me retourne brusquement et gifle sa joue si fort que les passants se sont retourner par curiosité et que sa peau grisâtre au nuance violette c’est imprégnée d’une trace rouge. J’attrape le pendentif dans mon poing voulant l’arracher mais je ne peux pas me résoudre à lui briser son bien. L’elfe félin, malgré l’humiliation publique qu'il vient de subir, garde son éternel sourire bestial.
• Soit, ne le voyait pas comme un cadeau mais comme un prêt, alors ! Rétorque-t-il avant de s’en aller.
• Un mot de vous, Lynawen, et je lui passe l’envie de recommencer. Intervient alors mon bouclier.
• Non, laissez-le, ça en vaux pas la peine. Rentrons. Dis-je alors simplement.
Sur le chemin du retour, je retire le collier de Lydran, le regardant, confuse. Je ne sais pas trop quoi penser. Il voulait juste me remercier de l’avoir sauvé. Il m’est reconnaissant à sa manière mais c’est ça qui m’agace chez lui ! Il n’aurait pas dû avoir ce geste déplacé envers moi ! Mais suis-je allée trop loin en le frappant ? D’une autre part, il ne recommencera pas de sitôt ! Je me mets à soupirer d'exaspération. Devrai-je être moins froide avec lui ? Ce stupide chat ne m’a pas l’air être une mauvaise personne, peut-être pourrions-nous devenir ami ? Je me fige subitement sur place, surprise pas ma propre idée. Je me tapote les joues en même temps, ressaisie toi, Lynawen ! Qu’est-ce qu'il te prend ? On parle de ce stupide, perfide et arrogant druide, là !
Je suis heureuse de retrouver le confort de mes appartements et surtout le silence qui n’est pas de refus après avoir subi le brouhaha de la cité. Depuis mon balcon, on ne dirait pas que tout Hurlevent se prépare à la guerre. Je rentre à nouveau à l’intérieur et retire mes bottes en les jetant sur le sol. Puis, je tire le tiroir de ma table de chevet pour y enfouir le présent de Lydran avant de m’affaler sur le lit, me questionnant sur le repas de ce soir. Sur l’instant, je préfère privilégier les pensées inutiles plutôt que me torturer avec les éternels préoccupations que j’ai depuis des semaines. Yaedrel est retourné se reposer dans sa chambre, mais je sais qu’il repassera dans quelques heures pour prendre son poste. De toute façon, il y a des gardes postés dans les couloirs et les patrouilles au sein du château ont augmenté de fréquence, je n’ai pas en m’en faire. Je prends le livre que j’ai commencé la veille et en reprend la lecture. J’ai dû lire pendant un moment car la pièce commence à se plonger dans l’obscurité. Je tends le bras pour atteindre la lampe magique et, au moment où mon doigt enfonce le bouton, d’étranges bruits sourds retentissent dans le couloir. Je me redresse, fixant l’entrée. Je me glisse hors du lit, m’approchant de la porte pour y poser l'oreille. J'entends encore ses étrange bruits étouffés. Qu’est-ce qu'il se passe ? D’un geste irréfléchi, je déverrouille la porte et l’entrouvre doucement. Toute les torches magiques sont éteintes et le couloir est plongé dans les ténèbres, c’est inhabituel, où sont les gardes ? Il y a un truc qui cloche. Je passe le seuil de ma porte. D’un coup, mes pieds se dérobent pour me faire tomber violemment sur les fesses. En voulant me relever, mes mains touche quelque chose de visqueux et chaud mais je n’arrive pas à voir dans cette pénombre. Je fais appel à la lumière en invoquant un petit orbe lumineux assez éclatant pour illuminer les lieux. Lorsque que je m’habitue à sa luminosité, mes yeux s’écarquillent de terreur. Mes paumes sont recouvertes de sang !? Je me relève précipitamment mais dans ma hâte je retombe dans la flaque, le sol est quasiment recouvert d’un tapis sanglant et il me faut peu de temps pour remarquer l’horrible spectacle qui s’offre à moi. Les cadavres des gardes sont étendus partout, éparpillés dans le couloir. Certain sont poignardés, d’autre égorgés…. Par la lumière, qu’est-ce qu'il s’est passé !? J’entends un grognement provenir d’un des corps, il est en vie ! J’accoure vers lui sans perdre un instant, posant ma main sur sa blessure et utilisant la lumière pour le guérir. Sa chair perforer se referme mais l’homme est toujours mourant. À quoi ça sert d’avoir une magie qui donne la possibilité de soigner n’importe quoi si au final elle ne sauve pas…. Mon attention se porte à nouveau sur le soldat qui essaie de me dire quelque chose entre deux gémissements.
• Le Roi… Il est …
Le pauvre bougre rend son dernier soupire avant de terminer sa phrase. Il me n’en faut pas plus pour comprendre que Anduin est en danger ! Je retourne dans ma chambre, attrape mon arc en vitesse avec mon carquois remplie d’une dizaine de flèches et me précipite dans les escaliers qui conduisent à ses appartements privés.
/Voilà, un chapitre court, encore une fois, mais le prochain sera probablement plus long. Le retour de Lydran a du faire des heureux. ^^ En tout cas, comme toujours j'espère que vous avez appréciez ce chapitre. Lire vos retours en commentaire me touche beaucoup ^^. Bonne soirée/journée à vous tous./