Ceux qui brûlent dans la lumière

Chapitre 21 : Au cœur du palais

5168 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 06/05/2020 21:02

Au cœur du palais


J’enjambe les marches de pierre blanche à toute allure, laissant des empreintes ensanglantées sur mon passage. J’ai failli les dégringoler à maintes reprises, me rattrapant de justesse à la rambarde de pierre. J’y suis presque, je ne laisserai pas cet assassin faire du mal à Anduin. Face à moi, une double porte massive de bois et de fer avec au centre une imposante tête de lion sculptée. Ça ne fais aucun doute, ça doit être les appartements du Roi. Les deux soldats qui la gardaient sont étendus dans une flaque de sang. Dans un dernier regard peiné envers ces pauvres hommes qui n’ont apparemment pas vu la mort venir, je pousse les lourds battants de la porte avec hâte pour pénétrer à l’intérieur. Tout est immense ! Il possède un étage entier à sa disposition ! Il doit parfois se sentir seul dans tout cet espace. Allons, ce n’est pas le moment de divaguer ! J’avance un peu dans le couloir, encore des gardes assassinés…. Il faut que je trouve Anduin mais il y a de nombreuse pièces, j’ignore dans laquelle il peut bien se trouver. Je passe sous une arche qui mène à une salle à manger. Bon sang, il n’est pas ici… Garde ton calme Lynawen, il est certainement dans une autre pièce, pourvu qu’il ne soit pas trop tard, il faut que je me dépêche.

Une soudaine et insoutenable odeur de putréfaction me prend à la gorge. Instinctivement, tout mon corps se met en alerte. Mon rythme cardiaque s’accélère tout comme ma respiration. Je me fais violence pour ne pas me laisser submerger par la peur. Je tire doucement une flèche de mon carquois et j'arme mon arc avant de me retourner tout aussi lentement. Quand mes yeux se posent enfin sur cette ombre que je peux voir très clairement, des frissons d’horreur me parcourent toute l’échine. C’est un cadavre !? Sa peau est verdâtre, pourrissante et craquelée, laissant paraître ses os et ses tendons détendus. Ses yeux ne sont plus. À la place, de malsaines lueurs jaunâtre se reflètent sur les contours noircis de ses orbite vide. Les lèvres sont déchirées, ses joues également, laissant paraître une dentition moisies et jaunie. Du sang peigne le contour de cette bouche déformée et colore partiellement ses dents de devant bien visible. Le grognement qu'il fait n'est pas dû à sa respiration, mais à l'air qui frotte les parois de sa gorge. Voilà à quoi ressemble un réprouvé, J’ai du mal à garder mes yeux rivés sur cette abomination. Il est répugnant et l’odeur est insoutenable. Ça me retourne l’estomac. Je ne dois pas perdre mon sang froid, j’avale difficilement ma salive et le menace de ma flèche que j’imprègne de lumière.

•        Pauvre petite chose stupide, tu n’es pas ma cible. Tu aurais dû rester cloîtrée dans tes quartiers. Dit-il dans un murmure spectral à vous glacer le sang.

•        Je ne vous laisserai pas vous en prendre au Roi ! Rétorqué-je avec un semblant de courage.

•        Je n’avais guère envie de m’en prendre à toi, mais maintenant que tu es là, je vais te tuer et quand le misérable Roi verra ton pauvre petit corps chétif. C’est là que je lui trancherai la gorge. Crois-tu vraiment que votre petite relation m’a échappé. C’est ce qui va le tuer. Souffle-t-il.

•        Pourquoi ? Pourquoi faites-vous ça ? le questionné-je.

•        Que tu es ignorante, petite chose. La Horde est notre foyer, nous avons aussi des gens innocents à protéger. 

•        Vous avez brûlé Teldrassil ! Pensez à tous les innocents que vous avez massacrés ! Vous pensez vraiment qu'en tuant le Roi vous serez épargnés !?

•        Je ne fais qu’obéir à la Dame noire… Assez parlé !

À cet instant précis, j’ai su qu'il fallait que je sois plus rapide, il a tué plusieurs gardes sans difficulté. Il prendra ma vie si je ne suis pas plus vive. Sans perdre un instant, je décoche ma flèche qui fouette l’air d’un rayon lumineux et fait mouche, s’enfonçant dans l’orbite vide du mort vivant dans un craquement d’os. Sa voix fantomatique résonne dans un ricanement. Ses lueurs jaunes et terrifiantes brillent de plus bel. Il saisit la flèche et l’arrache, la faisant jongler entre ses phalanges osseuses avant de la lâcher au sol. Je recule, me heurtant à la table derrière moi. Je vois mon assaillant prendre sa dague qui est recouverte d’un étrange liquide verdâtre. Elle est identique à celle que Anduin a déniché près du bosquet de haie. Ses os se mettent à grincer au moment où il s’élance vers moi. J’attrape une flèche et tire prestement. Elle vient se loger dans son épaule mais ne stoppe pas sa course effrénée. Il fait un moulinet avec son poignet, pointant sa dague dans ma direction mais cette dernière ricoche sur le bouclier de lumière que j’ai invoqué de justesse. Le mort-vivant perds l’équilibre suffisamment longtemps pour que je puisse me faufiler sous la table et atteindre l’autre côté pour mettre un minimum de distance entre nous. Ma main s’illumine et je la brandis vers lui. Une vague de lumière le percute le faisant tomber au sol dans un grincement lugubre. J’en profite pour saisir une nouvelle flèche que j’imprègne de magie. Cette dernière transperce son corps mort, puis une autre et encore une autre et ainsi de suite mais il se relève sans se soucier des brindilles qui se plantent dans sa chair.

•        Tu t'es bien amusée, petite chose… À mon tour. Me menace-t-il d’un ton sinistre.

La peur me prend aux tripes, comment tuer quelque chose qui est déjà mort ? Même ma lumière est impuissante… La main tremblante, je saisie une nouvelle flèche. Je me rends compte qu’il n'en reste plus qu’une… Ce n’est pas vrai…. Je n’ai pas déjà tout dilapidé. J’encoche mon arc et le projectile s’enfonce dans sa poitrine. Il a un mouvement de recul à l’impact. Bon sang, rien ne l’affecte ! Que faire… je n’ai aucune chance contre un assassin expérimenté, je suis qu’une petite fille qui joue avec la lumière… Anduin ! Je dois alerter Anduin ! Mais comment ? Il y a peu de chance que j’arrive à lui filer entre les doigts. Je regarde autour de moi et remarque les chaises et les chandeliers. L’idée m’est apparue subitement, il faut que je fasse du bruit tout en l’occupant. J’en attrape un et le jette sur le mort vivant. Il l’évite l’objet qui tombe sur le sol dans un bruit assourdissant. Le réprouvé essaie de me contourner sur la droite mais je l’évite en prenant la direction opposée faisant tomber les chaises et lui jetant tous les objets qui me passe sous la main. Le tintamarre intense que je provoque volontairement pourrait réveiller tout le château et j’y compte bien ! Ce cirque dure plusieurs minutes. Même si le mort est dénué de toute expression faciale, je ressens son agacement.

•        Suffit, petite chose ! Hausse-t-il le ton avec sa voix fantasmagorique.

Il saute sur la table d’un bon agile d’une rapidité inouïe et sa dague s’enfonce profondément dans mon épaule avant même que j'ai le temps de réagir. La douleur est telle qu’un cri s’échappe de ma bouche. Cet étrange liquide se mélange avec mon sang. Mes veines me brûlent, rien de comparable avec la fournaise de Teldrassil. Ma tête se met à tourner. Ses mains osseuses enserrent ma gorge, me plaquant avec violence contre le mur. Je ne sais pas d’où cette chose qui est bien plus frêle que moi tire une telle force. Mes pieds effleurent à peine le sol. Ses doigts glacials se resserre sur ma nuque, mes prunelles d’argent se noie dans la terreur que m'inspirent ses lueurs jaunes qui brillent au fin fond de ses orbites obscures. Je n’arrive plus à respirer mais, malgré le manque d’air, je me débats comme jamais pour lui échapper ! En lui griffant le visage, j'arrache sa peau en putréfaction, dénudant complètement son crâne et sa mâchoire… Ses dents grincent d’un crissement sinistre, resserrant son emprise d’un poigne plus vigoureuse… Je suffoque, cherchant l’air en vain. Par-dessus le marché, ma vision commence à se troubler. Les battements de mon cœur sont si fort qu’ils résonnent à mes oreilles. J’ai si peur, je me dis courageuse mais je suis encore la petite fille faible et apeuré d’Utrion… Alors que je suis sur le point de fermer les yeux de désespoir, je me souviens de la dague dans mon épaule. Non, ce n’est pas encore fini ! À bout de souffle, je l’arrache dans un gémissement. Mon sang gicle sur le torse de mon assaillant. J’implore la lumière divine de me venir en aide encore une fois, la lame se met à scintillé. Réunissant les dernières forces qu'il me reste, je lui sectionne le tendon qui relie sa main au poignet d’un coup sec, me blessant au visage par la même occasion. Je tombe brutalement sur le plancher accompagner de sa main. Le réprouvé se met à souffler de fureur. Je rampe loin de mon bourreau, haletante et meurtrie, mais la douleur n’est rien comparée au plaisir intense que me procure l’oxygène qui passe à nouveau dans mes poumons.

J’entends les craquements de sa carcasse dernière moi, il va me tuer… Mes larmes essayent de forcer mes paupières. Non ! Je ne pleurerai pas ! Je ne dois pas abandonner, je peux encore lutter. Relève toi Lynawen, debout ! L’adrénaline qui monte en moi m’aide à me hisser sur mes jambes tremblantes. Me souvenant des enseignements de Yaedrel, je serre la poignée de la dague que j’ai toujours en main. Déterminée à continuer l’affrontement. Je ne m’avoue pas encore vaincu, je ne veux plus être vulnérable ! Subitement, toute la pièce s’illumine d’un flash si puissant que je dois enfouir mon visage dans mon coude, J'en lâche l’arme au sol. La lumière est suivit d’un énorme fracas. La pièce retrouve sa luminosité normale, j’aperçois Anduin surplombant le mort, la pointe de Shalamayne frôlant le visage du réprouvé à genoux.

•        C’est fini, tu ne sèmeras plus la mort au nom de Sylvanas. Dit Anduin de façon solennelle.

Les lueurs livides du réprouvé fixent quelque chose d’invisible. Anduin lève sa main est des liens lumineux l’entrave. Il le laisse en vie ? Après avoir massacré tant de personne et avoir essayé d’attenter à sa vie !? À la mienne !? Je sens une vive colère montée en moi…

•        Vous l’épargnez !? M'exclamé-je, outrée.

•        Il sera emprisonné, interrogé et jugé à la hauteur de ses crimes. Répond-t-il sur un ton calme.

•        Il ne mérite pas votre clémence ! Tous ces morts…

•        Lynawen, je comprends votre colère mais la haine n’amène que la haine. Essaie-t-il de me calmer. 

Je reste silencieuse, le jeune Roi s’approche de moi, passant sa main sans sa chevelure blonde qui, pour une fois, n’est pas coiffé, les laissant tomber sur ses épaules. La mienne me brûle de plus en plus, la douleur se répand dans mon cou mais je n’en ai cure. Pourtant, Anduin me fixe avec une inquiétude palpable qui déforme les gracieux traits de son visage.

•        Vos blessures me préoccupent beaucoup plus. Vos veines !? Elles virent au vert… Par la lumière, vous êtes empoisonnée !? Panique subitement Anduin. Laissez-moi purifier le poison avant qu’il ne soit trop tard.

La tempête qui fait rage en moi me submerge. Je repousse Anduin pour faire face au mort. Je sens la lumière me traverser comme cette fois-là dans la forêt d'Elwynn. Une aura de lumière enveloppe le mort qui se met à hurler de sa voix sépulcrale.

•        Lynawen, que faite vous !? Vous allez le tuer !

Anduin essaie de m’attraper par le poignet pour rompre le sort. Je le pousse à nouveau, utilisant ma magie pour crée un mur qui le garde à distance.

•        Tue-moi, petite chose ! M’ordonne le mort.

•        Lynawen ! Le tuer ne ramènera pas ses victimes. Tu ne te sentiras pas mieux. Ta douceur et ta bonté sont ce qui fait ta force. La lumière ne prête ses pouvoir qu'à ceux qui respecte leur propre morale… Elle t'a choisie parce que tu te soucie de ce qui t'entoure. Alors, je t'en prie, ne t'inflige pas ça. Je refuse de te perdre... M’implore Anduin avec toute sa sincérité. 

Même si je suis d'accord avec Anduin, le tuer pourrait nous épargner de nombreux soucis. De plus, cela ne ferais que rendre justice aux crimes qu'il a commis. Qui sait le nombre d'enfants qu'il a rendu orphelin, le nombre de veuve ou de veuf, le nombre de parents ayant perdu leur enfant, un simple geste devrais... Non ! Reprends toi Lynawen, ce n'est pas ce que la lumière enseigne. Tout doit avoir un jugement, et tuer par vengeance ou haine n'apportera qu'un réconfort de courte durée.

•        Je ne suis pas comme lui…. Je ne suis pas un monstre, je ne veux pas l’être. Je veux encore moins vous perdre... Dis-je la voix étranglée par l’émotion tout en regardant le jeune Roi droit dans les yeux. 

Je baisse le bras, la magie s’estompe tout comme le mur de lumière, ce qui permet à Anduin de se précipiter auprès de moi. Je me jette dans ses bras, profondément émue par sa déclaration. Je me sens pathétique d’avoir perdu ainsi le contrôle de mes émotions, me laissant me noyer volontairement dans la colère. J’étais à deux doigts de le tuer… J’ai déjà pris des vies, mais le contexte était différent, c’était pour nous protéger alors que là il était totalement à ma merci… Par la lumière, Je me sens soulagée de ne pas avoir commis l’impardonnable. Je me laisse tomber sur mes genoux, je me sens perdue, troublée. Ma tête me fait si mal que les formes autour deviennent difforme... Ne pouvant retenir mes larmes, je me mets à pleurer de vive voix. Ses lèvres chaudes se dépose sur mon front.

•        Tout va bien, c’est terminé, il ne vous fera plus de mal. Essaie de me rassurer Anduin.

•        Anduin… Cet assassin sait pour nous… C’est pour ça qu’il essayait de me tuer, pour vous affaiblir. Qui sait s’il en a informé leur chef de guerre… ça pourrait vous nuire… l’Alliance… Avoué-je sanglotante.

Anduin reste stoïque, ses doigts passent sur ma nuque délicatement suivant les traces laissées par mon agresseur. Sa respiration est légèrement saccadée et les minutes qui suivent me semble une éternité mais Anduin finit par les briser.

•        Si cet assassin a bien divulgué cette information à Sylvanas et ses seigneurs de guerres, alors je n’ai pas d’autre choix que d’avouer la nature de notre relation à mes conseillers.

•        Je ne vous en tiendrai pas rigueur si vous voulez mettre un terme à notre histoire…. Rien qu'à prononcer cette phrase, mon cœur se serre…

Il me fixe comme si je venais de débiter une ânerie, puis me caresse la joue avec tendresse. Il me fixe d’un regard aimant avant de coller ma tête contre son torse. Sa main se pose sur ma blessure, je sens sa lumière la parcourir, cette sensation n’est absolument pas agréable, elle a décuplé la sensation de feu dans mes veines. Mais son étreinte est douce, je me sens en sécurité dans ses bras. Je me redresse pour lui faire face, entourant sa nuque de mes bras et pose mon front contre le sien tout en fermant les yeux un instant. Lorsque je les ouvre à nouveaux, je croise le regard bleuté de mon amant. Mes larmes coulent de plus belle et la lumière unit à nouveau nos deux âmes, ne faisant plus qu’une. Nos lèvres se rejoignent avec envie, oubliant un bref instant ce qu'il venait de se passer, laissant nos sentiments prendre le dessus et nos baisers n’ont jamais été aussi intense et passionné que celui-ci. Je peux ressentir les émotions d’Anduin me traverser, me donnant des frissons dans tout le corps. Nous sommes malheureusement interrompues par de nombreux pas précipités qui se font entendre suivit de la voix rauque du vieux loup.

•        Trouvez le Roi ! Ordonne-t-il d’une voix sévère.

C’est à contre cœur que nos bouches s’éloignent l’une de l’autre et la lumière qui nous relie se dissipe. Anduin se relève et me donne sa main pour m’aider à mon tour. Il ramasse Shalamayne qu'il avait apparemment poser contre une chaise renversée. Mes prunelle d’argent dérivent malgré moi sur le non-mort et ses lueurs jaunâtre du fond de ses orbites me rappellent la dure réalité.

•        Je suis ici, Grisetête. Interpelle-t-il en haussant la voix.

La silhouette du vieil homme passe l’encadrement de l’arche, accompagné de nombreux gardes, y compris de Yaedrel. Je sens son regard inquisiteur qui se pose sur moi, préférant l’éviter je vais me réfugier dans les bras chaleureux de mon protecteur. 

•        Votre Altesse, êtes-vous blessé ? Questionne Grisetête.

•        Non, je vais bien. Son regard se tourne vers deux gardes en les pointant du doigt. Vous, escorter notre prisonnier dans une cellule.

Les traits de Grisetête ne cachent pas son dégoût quand le réprouvé, traîné de force, passe à côté de lui. On devine facilement qu’ils ne les portent pas dans son cœur non plus.

•        Maudite Sylvanas. Crache-t-il de haine.

Anduin soupire, puis il ordonne aux autres gardes de ramasser les corps de leur frères d’arme de les conduire à la morgue. Son regard se perds dans la foule, cherchant quelque chose ou quelqu’un.

•        Où est mon majordome quand on a besoin de lui ! Finit-il par dire avec exaspération. J’ai besoin que qu’il aille chercher les domestiques pour nettoyer tout ce… Il ne finit pas sa phrase et soupire juste de désarroi.

•        Il faut que je vous parle en privé, votre Altesse. Intervient Grisetête.

•        Très bien, allons dans mon bureau.

Les deux hommes me passent devant mais Grisetête s’arrête et me foudroie du regard. Tout mon corps se crispe.

•        Vous aussi, Lynawen, plus vite que ça ! Gronde-t-il.

Sans perdre un instant, j’emboite le pas. Les suivant, silencieuse. J'enjambe les corps lorsque je ne peux malheureusement pas les éviter. Nous marchons dans le long couloir sur le chemin. Contre un mur, un grand miroir. C’est là que je me rends réellement compte de mon apparence. Mon chignon complètement défait, des mèches sont collées sur mon front et mon cou par la sueur. Ma nuque a imprégné les marques de ses doigts osseux. Mes vêtements sont déchirés au niveau de l’épaule et couvert du sang séché des gardes et du mien encore frais et je suis pieds nue, sans parler des hématomes. Ce qui me chagrine profondément, c’est la broche d’Anduin qui n’est plus dans mes cheveux. J’ai dû la perdre dans la mêlée… La voir absente est comme une gros vide. Je touche nerveusement la tête à l’endroit où elle devrait être.

Quand je regarde derrière moi, je vois Yaedrel faire demi-tour. Il semble retourner dans cette salle à manger, j’ai compris ce qu’il compte faire. J’esquisse un sourire, mon protecteur est tellement bon malgré les quelque fois où j’ai mis son devoir à rude épreuve. Le vieux loup me pousse pour me forcer à avancer. Anduin finit par ouvrir une porte qui donne dans une petite pièce éclairée par des chandelles. En face, une grande fenêtre à carreaux encadré deux épais rideaux bleu, une grande chaise décorée de tête de lion sculpté et un bureau. Poser dessus, un encrier, un tas de paperasse et divers livres. Il y a aussi des étagères remplie d’objet et de bouquin et sur un des murs, un immense portrait du défunt Roi Varian. Le jeune roi m’invite à m’installer sur un fauteuil rembourré alors que Grisetête se contente de la chaise en bois. Anduin s’assoie et pose ses coudes sur le bureau, croisant ses doigts pour y appuyer sa tête.

•        Eh bien, vous avez toute mon attention. Dit-il.

•        Nous sommes vraiment entouré d’incapable ! Grogne Grisetête. Comment un seul homme a passé toute la garde. Vous avez pourtant augmenté les effectifs et les patrouilles dans le château. Et pas un seul est foutu de l’arrêter.

Anduin ne réponds pas à son conseiller, restant placide mais contrairement à lui, ses mots ne me laissent pas de marbre. Comment peut-il dire une chose pareille !? Même si leurs blessures montrent clairement qu’ils ont été pris par surprise… c’est tellement irrespectueux envers leur mémoire et leur famille…

•        Et vous, Grisetête, où étiez-vous alors que la vie du Roi était menacée ? N’est-ce pas votre devoir en tant que conseiller de protéger son Altesse ? Vous êtes un Worgen, vous auriez pu mettre cet assassin en pièce sans sourciller. Exclamé-je avec insolence.

Les pupilles d’Anduin s’agrandissent de stupeur. Je l’ai même entendu avaler sa salive, alors que le vieux Loup se met à grogner de rage.

•        Comment osez-vous, petite effrontée ! Vous n’êtes pas de notre monde, vous ne savez rien des enjeux politiques. Gronde-il avant d'enchainer. Vous allez m’expliquer immédiatement ce que vous tramez ici.

Il y a eu un temps où son regard menaçant et sa voix puissante comme le tonnerre me glaçaient sur place, mais pas cette fois, je ne me laisserai pas intimider. Je me relève, confrontant son regard avec désinvolture.

•        Je ne suis peut-être pas née dans votre monde, mais Azeroth, Hurlevent est devenue mon foyer, que ça vous plaise ou non ! Rétorqué-je furieuse. Si vous voulez tout savoir. J’ai entendu du bruit depuis mes appartements, en sortant j’ai vu les gardes morts et l’un d'entre eux mourant m’a averti du danger. Alors, sachant que le Roi était en danger, je n’ai pas attendu que son Altesse se fasse tuer, j’ai réagis immédiatement, et vous que faisiez-vous ?

•        Assez ! intervient Anduin. Lynawen, asseyez-vous, cessez de provoquer Grisetête, j’exige des excuses et, par la lumière, baisser tous les deux de volume, je ne m’entends plus penser.

Anduin est plus réfléchi que son conseiller et moi-même. Certes, j’ai agis de façon immature mais je ne regrette pas mes mots. Au fond, Grisetête s’inquiète juste pour la vie du Roi, même si ses propos sont crus… Je lui présente alors mes excuses, promettant qu'à l’avenir, je ne lui manquerai plus de respect. Il me fait juste un geste rapide de la main en guise de réponse. Je me pince la lèvre pour cacher mon agacement et je me laisse tomber à nouveau dans mon fauteuil. Le vieil homme me demande d’un ton étrangement plus calme de continuer de lui raconter ma version des faits.

•        Grisetête, avant qu’elle continue, j’aimerai vous informez de quelque chose. Intervient alors le Roi.

Le vieux loup lève un sourcil intrigué et se redresse sur sa chaise, changeant son appuie, il croise alors les bras contre sur son torse et attend que le jeune Roi continue sur sa lancé.

•        Voilà... Lynawen et moi nous entretenons une relation, eh bien… intime. Débite-t-il en bafouillant un peu

Prise au dépourvue, mon cœur se met à battre à toute vitesse, lorsque qu’il a mentionné qu’il en parlerait avec ses conseillers, je ne pensais guère qu’il ferait sa confession aussi rapidement…. Je me sens rougir, sur le moment j’ai envie de me faire toute petite, m’enfonçant dans le fauteuil. Un lourd silence gêné règne dans la pièce et Anduin semble tout aussi embarrassé que moi.

•        Sir, vous n’avez plus d’excuse pour refuser le mariage, maintenant. Après tout, c’est vous qui clamez haut et fort que vous épouserez une femme seulement par amour. Eh bien voilà chose faite, vous êtes amoureux. S'exclame Grisetête.

Voilà une réaction inattendue. Je pensais sincèrement qu’il allait encore aboyer, me dénigrant et louant à qu’elle point sa progéniture et un bien meilleur partie. Anduin enfoui son visage dans ses mains dans un petite rire nerveux. Un sourire malicieux s’affiche sur le visage du vieil homme, je me raidie ne sachant pas pourquoi.

•        À moins que les dires de sa Majesté ne soit que façade, une excuse pour refuser d’accomplir votre devoir et que Dame Lynawen ne soit qu’une amourette de passage qui finira par vous lasser. Alors vous envisagerez peut-être à ce moment-là de revenir à la raison et de prendre une autre femme pour épouse, mon offre tiendra toujours. Dit-il avec un air Satisfait.

•        Ma foi, mon cher conseiller, vous ne perdez pas le nord. Nous sommes en guerre et, malgré mes sentiments, je ne peux pas me permettre de dépenser l’argent des caisses royales pour un mariage. Réponds Anduin d’un air serein.

Sérieusement ? Il essaie vraiment de retourner notre idylle à son avantage ? Il ne recule devant rien pour ses propres ambitions. Je suis du même avis qu’Anduin. Même si nous sommes amoureux, un mariage en temps de guerre serait une dépense inutile alors que cet argent peut être utilisé pour sauver des vies et, honnêtement, est-ce que Anduin a réellement envie de m’épouser ? Est-ce que j’en ai envie également ? Je pose ma main sur ma poitrine essayant de contrôler ma respiration pour retrouver un rythme cardiaque normal. Je baisse la tête pour regarder mes genoux, mes cheveux ébène dissimulant mon visage rougissant.

•        Comme il vous siéra, votre Altesse, maintenant, expliquer moi en quoi s’est lié à notre affaire d’assassin ?

•        C’est la raison pour laquelle le réprouvé s’en ai pris à Lynawen, pour m’affecter émotionnellement, il pensait que ça m’affaiblirai, que je serai plus facile à tuer, probablement. Réponds le Roi.

•        En bien, maintenant, j’ai en ma possession tous les éléments. Continuez votre histoire, jeune fille. Me dit le vieux loup.

Je racle ma gorge et, d’une voix quelque peu tremblante, je continue là où je m’étais arrêtée. Une fois arrivée au terme de mon récit, lui et le Roi ont discutés de la marche à suivre. Cela pendant des heures. Je fais de mon mieux pour suivre leur débat, mais la fatigue de mon combat m’a emportée… 



/Et voilà, j'espère que vous avez apprécié ce chapitre, il m'a donné pas mal de fil à retordre, surtout la scène d'action qui m'a fait suer x). Comme habitude, n'hésitez pas à laisser un commentaire ça fait toujours super plaisir./

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