Ceux qui brûlent dans la lumière

Chapitre 18 : La guerre des épines : Acte II

4852 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 17/05/2021 22:28

La guerre des épines : Acte II


La magie et toutes ses couleurs verdoyantes ont laissé place à un océan de puissantes flammes ardentes. Le brasier incandescent illumine les frondaisons d’un rouge orangé. Le feu bondit d’arbre en arbre, de buisson en buisson, comme si, affublé d’une conscience, les flammes savent où elles se dirigent. L’eau cristalline bouillonne, créant de la vapeur brûlante, se rajoutant à la lourde fumée noirâtre qui, sur son passage, noircit le peu de bâtiments en pierre qui restent ou leurs gravats. Je me mets à tousser si violemment que j’en tombe à genou. La fournaise est telle que ma peau me brûle. Je me jette tête la première dans une immense cheminé. Tout Teldrassil, ses villes, ses vallées, ses forêts, ses recoins cachés, ses habitants sont le combustible qui alimente farouchement son feu. Je me relève tant bien que mal, je ne vois pas grand-chose dans cette épaisse fumée qui dégage l’odeur de la mort. Avec la seule force de ma volonté, je me dirige jusqu’au quartier des habitations. Sur mon chemin, des corps disloqués, carbonisés dans une boue sanglante. Je m’oblige à prendre une grande respiration pour pouvoir appeler mon amie.

•        Millie ! Crié-je avant de me mettre à tousser de nouveau.

Aucune réponse. Cette incendie me fait resurgir des bribes de mon passé oublié. Je me souviens de mon château embrasé, des victimes innocentes dans le même état. Je me mords la lèvre inférieure. Ce n’est vraiment pas le moment d’avoir des absences. Je discerne les vagues silhouettes des habitations, du moins ce qu'il en reste, et l’une d'entre elle est encore debout. J'entends alors des cris de femme qui en proviennent. 

•        Millie. Hurlé-je en m’enfonçant dans la fournaise.

Je me précipite vers la maison en question et je vois à l’intérieur la silhouette d’une femme rousse serrant un homme dans ses bras. Ils ne ressemblent pas à des elfes. Je l’appelle encore mais elle ne semble pas m’entendre avec l’horrible son des flammes qui dévore le bâtiment. J’essaie tant bien que mal de défoncer la porte quand un puissant vrombissement retenti. La charpente s’écrase sur eux dans des hurlements déformés. Le souffle me fait reculer et j’ai juste le temps de m’écarter pour éviter les débris. Le feu prend de plus belle, sautant sur tout qui se trouve autour.

•        Non ! Hurlé-je de désespoir.

Pitié non, elle ne peut pas être morte, pas ainsi. Je n’ai rien pu faire. Encore une fois, je suis impuissante, spectatrice de ce cruel spectacle… Je regarde autour de moi, tout n’est que chaos. Je ne sais plus dans quelle direction se trouve le portail. La peur et la panique s’empare de moi. Je m’effondre au sol en larme et prise d'une violente quinte de toux. Vais-je mourir brûlée vive par ma propre bêtise ? Qu’est-ce qui m’a prise de sauter dans cet enfer sans réfléchir ? Je croyais vraiment pouvoir la sauver, mais c'est juste la mort qui m’attends. La chaleur devient de plus en plus insoutenable. J’ai du mal à respirer et à garder les yeux ouvert… je suffoque. Mes pensées se tourne vers mon père et mon oncle. Ils ne voudraient pas que je meurs ici. Je ferme alors les yeux et le visage d'Anduin apparaît dans mon esprit à son tour. Anduin... Ne sommes-nous pas liés ? Ne suis-je pas censée être son espoir et lui ma lame !? Je veux retourner auprès de lui ! Retrouver la douceur de son étreinte, confesser mes sentiments à son égard ! Je ne voulais pas me l’avouer mais je crois que je l’aime… Prise d’un courage soudain, je réunie mes dernières forces pour me relever et me frayer un chemin à travers l’enfer pour retrouver ce maudit portail ! Je continue ma marche, me protégeant le visage des flammes mesquine qui me lèche les bras et les jambes. Je perçois des gémissements malgré le crépitement assourdissant du feu. Sans réfléchir, j’accoure, suivant les suppliques qui proviennent d’un survivant et qui m’aide à me diriger dans la bonne direction. À travers les flammes, je vois un elfe. Une de ses jambes est coincée sous un tronc rongé par le feu. Son visage est peint de douleur et il essaie tant bien que mal de se dégager, mais en vain. Il est recouvert de brûlure et de suie mais ça me n’empêche pas de le reconnaître.

•        Lydran ! Crié-je en accourant vers lui.

Il tourne sa tête vers moi. Ses yeux s'arrondissent comme deux galets et son sourire hautain, absent de son visage, laisse place à une peur palpable.

•        Beauté au yeux d’argent ?! Je te croyais à Hurlevent. Rétorque Lydran en toussant.

•        Une longue histoire… Dis-je simplement, dévastée.

•        Ma jambe, elle est coincée ! je n’arrive pas à me libérer ! Par Elune, que ça fait un mal de chien !

Je n’ai pas pu sauver Millie mais je n’abandonnerai pas Lydran. Je peux au moins venir en aide à ce druide arrogant. Je n’ai pas la force nécessaire pour soulever se tronc mais peut-être qu’un objet pourrait faire levier. Je m’éloigne alors du Kal’dorei à la recherche de quelque chose qui pourrai m’aider.

•        Où tu vas !? Tu m’abandonne !? Reviens ! M'interpelle Lydran.

Je ne réponds pas, cherchant à tâtons un objet, jusqu'à ce que je remarque une sorte de barre. Je la saisie mais je la lâche immédiatement, elle est bouillante. J’observe mes mains, d’horrible cloques accompagné de brûlure on fait éruption sur ma peau. Décidément, je suis vraiment inconsciente. Je remonte mes manches, non sans douleur, puis la ramasse à nouveau et retourne auprès de Lydran. Je la glisse sous le tronc pour faire levier usant de toutes mes forces. Malgré mes efforts et à bout de souffle, le tronc ne bouge pas d’un poil. Non ! Par la lumière bouge ! L’inquiétude de l’elfe se lit sur ses traits comme dans un livre. Je ne le laisserai pas mourir ! Je me mets à crier et à pousser de tout mon poids quand soudain le tronc s’illumine et s’envole quelques mètres plus loin. Je suis bouche bée, je ne croyais pas être capable d’un tel exploit… Est-ce vraiment moi qui viens de faire ça ? C’est alors qu’un dôme de lumière nous englobe, nous protégeant des flammes dévastatrices et de la fumée qui obstruait nos poumons. Je n’ai jamais créé de bouclier aussi volumineux. Je n’aurai jamais crue que je pourrai faire une chose pareille. Les énormes branches enflammées de Teldrassil lui-même tombent sur mon bouclier avec un fracas si inouïe qu’un instant j’ai cru qu’il allait exploser en étincelle lumineuse.

•        L’arbre monde s’effondre… Constate Lydran avec horreur. Elune nous abandonne…

Je m’accroupie près de lui, prenant sa main dans la mienne. Il resserre son emprise mais ne me gracie d'aucun regard. Ses yeux sont tourmentés par la terreur, fixant les frondaisons ou ce qu’il en reste. Mon cœur s’affole, nous n’aurons jamais le temps de rejoindre le portail, Teldrassil vas nous emporter avec lui et je doute de plus en plus qu’il soit encore ouvert. Hurlevent serai en grave danger. Je n’en tiendrai pas rigueur à Anduin. Il n’aura que fait son devoir, protéger sa cité, son peuple. Je regarde la blessure de Lydran. Sa chair est lacérée et brûlée, c’est vraiment pas joli. Je doute qu’il puisse marcher. Je pourrai le soigner mais je ne crois pas que ça changera notre situation. Qu’est-ce que je fais ? La frayeur s’empare à nouveau de moi quand les flammes lèchent le dôme de lumière, nous enveloppant dans une boule de feu orangé. Le visage d’Anduin surgit de nouveau dans mes pensées. Je ferme les yeux un instant, le visualisant lui et son sourire. Je sens une douce chaleur sous ma peau, la peur me quitte peu à peu, elle s’évanouie comme un écho lointain et l’espoir m’imprègne. Comme transpercée d'une lame, la lumière traverse subitement tout mon corps. Instinctivement je tends le bras et une brèche lumineuse émerge. Elle s’agrandie, laissant place à un portail de lumière. Cette instant j’ai su que la lumière veille sur moi, elle me protège et nous a sauvés. Je soulève Lydran et nous traversons le passage magique sans perdre une seconde.

Nous tombons à genoux tous les deux, Lydran grognant de douleur et se retournant sur le dos. J’observe le lieu où nous nous trouvons. Je reconnais de suite la salle des portails. La fumée c'est dissipée et elle est vide, enfin, c’est que je croyais jusqu’à que je lève mon regard dans le coin de la pièce et que j’aperçois Yaedrel avec Anduin. Ils ont l’air abasourdie par ce qu'il vient de se produire. Mes yeux me picotent et quelques larmes franchissent la barrière de mes paupières. Je suis si heureuse de les revoir… Eux le sont moins malgré le fait qu’ils aient l’air délesté d’un immense poids. Anduin a l’air ravagé par le chagrin, ses yeux étant rouge et légèrement gonflés mais pourtant emplie de larme de soulagement. Il me fixe avec d’un regard inquisiteur comme si j’avais commis la pire des erreurs et c’est probablement le cas… J'allais me relever, voulant le serrer dans mes bras, lui dire que j’ai été stupide, implorer son pardon, mais voir Anduin me regarder avec une telle expression courroucée me glace sur place. Il s’avance vers moi mais ce rétracte. Au lieu de ça, il lève sa main qui s’illumine d’une flamme de lumière et nos blessures disparaissent comme un mauvais rêve. Il se détourne de moi dans un pas lourd et silencieux. 

•        Anduin… exclamé-je, chagrinée.

•        Laissez-le ! Gronde Yaedrel. Comment avez-vous pu être aussi inconsciente !

•        Je… voulais juste…

•        Elle m’a sauvé ! Intervient Lydran, furieux. Sans elle, je serais en train d'arpenter les terres de l’ombres.

Le Draenei me fixe, furieux. Je peux sentir qu’au fond, il est rassuré de me voir en vie. Son regard s’adoucie quand il regarde Lydran, assis contre le mur léché de suie et aux vêtements brûlés. Je pense que pour lui, avoir sauté dans le portail était de la pure folie. C'était probablement suicidaire mais j’ai sauvé une vie, même si c'est celle du druide que je ne porte pas dans mon cœur. 

•        Je vous escorte à vos appartement, Lynawen, je ne faillirai pas à mon devoir une deuxième fois. Finit-il par dire. Quant à vous, elfe, allez à la cathédrale, un prêtre vous trouvera un endroit où dormir et à manger.

Il me tend son imposante main bleu que je saisie et me remet sur pieds avec une facilité déconcertante. Une fois debout je pose ma tête contre son torse, les larmes coulent de plus belle.

•        J’ai cru que j’allais mourir…. Plus jamais vous revoir. Murmuré-je la voix étranglé par l’émotion.

Il pose sa main sur ma tête me la tapotant gentiment, avant de passer son bras par-dessus mes épaules et m’escorté jusqu’à mes quartiers.


Quand les ténèbres prennent place dans le ciel d’Azeroth, mes songes deviennent chaotiques. Je me revois dans les flammes qui rongeaient l’arbre monde. Je revois cette femme se faire écraser sous la charpente en feu. Était-ce Millie ? Après coup, je n’en sais rien… ses cheveux roux étaient peut-être dû aux reflets ardents de la fournaise. Je ne sais plus trop quoi penser. En tout cas, une personne est bien morte de manière cruelle. Ce cauchemar où je ne m’en sors pas vivante, périssant brûlée vive et à chaque fois je m’éveille en sursaut, dégoulinante de sueur, me hante. Mais lorsque que je me refuse au sommeil, c’est le souvenir de mon oncle qui me hante… Il n’a pas traversé la porte des ténèbres. Il est mort, maintenant, j’en suis convaincue… Mon cœur se brise encore une fois. Mais cette fois, je pleure deux personnes. Recroquevillée contre la stèle funéraire d’Utrion, j’essuie mes larmes d’un revers de la main. J’ai n’ai pas le temps de me morfondre, pas tout de suite. Les ambassadeurs de l’Alliance ont décidé de prendre sous leur ailes la plupart des survivants elfe de la nuit dans leurs capitales. Hurlevent est dans l’incapacité de nourrir autant de bouches. J’aide les gardes, les prêtres et les mages à faire les transferts à travers les portails. C’est ma manière d’aider au mieux dans cette guerre, puis ça m’aide à penser à autre chose. Je me ressaisie, me relève d’un bond et retourne prêter main forte. Sur le chemin de la cathédrale, j’entends une voix m’appeler. Je me retourne alors, intriguée. C’est là que j’aperçois Lydran s’approcher de moi avec son expression hautaine habituelle.

•        Beauté aux yeux d’argent ! Dit-il en m’attrapant la main avant d’y poser un baiser.

•        Combien de fois je vous ai dit de pas me nommer ainsi ! Rétorqué-je en retirant ma main vivement.

•        J’ai décidé de rester à Hurlevent ! M’annonce-t-il, fièrement.

•        Vraiment…. Répondé-je, perplexe, ne savant pas si c’était une bonne ou une mauvaise nouvelle.

Il me sourit, laissant entrevoir ses canines saillantes. Il semble très amusé de ma réaction. Le Lydran effrayé me manquerait presque.

•        Je ne me voyais pas aller à Forgefer, les nains sont si ennuyeux. Dit-il avec arrogance. Et même si Exodar est remplie de divine créature, ici, il y a une bien plus séduisante. Exclame-t-il en me regardant avec une certaine insistance.

Je soupire tout en posant mes prunelle d’argent remplie d’indifférence sur sa personne. Je sais très bien où il en veut en venir. Lydran est vraiment agaçant mais je ne sais pas pourquoi, le voir ainsi me mets un peu de gaieté dans cette atmosphère de tristesse. 

•        Eh bien, Lydran, il est temps pour moi de vous laisser. Dis-je rapidement avant de lui fausser compagnie.

Je m’enfonce dans la foule sans perdre un instant, espérant qu’il me perde de vue et rejoint les prêtres. Tout le reste de la journée fut très épuisante. Je n’ai pu regagner mes quartiers que très tard dans la nuit, accompagnée de Yaedrel, juste avant que le dernier groupe d’elfe traverse en direction Exodar.

Je m’effondre sur mon lit, serrant mon oreiller contre moi dans un lourd silence emplit de solitude. J’essaie de fermer les yeux mais je sais pertinemment que si je m’endors, les cauchemars recommenceront de plus bel et que si je ne dors pas mes pensées divagueront vers mon oncle et Millie … Je tremblote subitement et un immense vide s’empare de mon âme. J’éclate en sanglot…

Je ne me suis que peu aventurée à l’extérieur de mes appartements ses derniers temps. Yeadrel est souvent planté comme un piquet devant ma porte pour veiller sur moi. Souvent, c’est lui qui me ramène mon repas et nous discutons un peu. Je lui ai parlé de mes cauchemars. Mon bouclier dit que c’est bénéfique de se confier à une personne pour extérioriser sa douleur. Parfois, ses paroles sont dur, froide, me rabâchant que cet acte, même animé par la bonté, était démesurément inconscient. Je me mords la lèvre en me murant dans le silence. Il a raison d’un côté, mais si je me reproche mon immense bêtise qui aurait pu me coûter la vie, je n’ai aucun regret en ce qui concerne Lydran. J’aurai juste aimé mieux faire, sauver plus de personne, comme Millie. Yaedrel, pour m’aider à dormir, m’a préparé une décoction qui permet d’avoir un sommeil sans rêve. Un remède de grand-mère Draenei, apparemment, mais pas très efficace. Je me suis bien gardée de lui dire. C’est à Anduin que je veux me confier, mais je ne l’ai pas vu depuis un moment. Je sais qu’il est encore fâché contre moi mais il est surtout très occupé… L’Alliance a perdu cette bataille et j’imagine que les répercussions de cet acte ignoble vont tomber sur le coin du nez de la Horde à tout moment. En tout cas, notre faction est en alerte et ne se laissera plus surprendre de sitôt.

Je ne supporte plus l’absence d’Anduin. Il me manque, j’ai vraiment besoin de le voir, ne serait-ce qu’un court instant, afin de lui demander pardon, priant pour qu’il veuille bien m’écouter. Après un long moment de réflexion à me turlupiner si oui ou non je dois le déranger, je prends mon courage à deux mains et décide de quitter mon sanctuaire. L'air frais me fait presque oublier l'atmosphère brûlante de Teldrassil. Un calme plat règne dans le couloir. Les habitants du château semblent l’avoir déserté. Il n'y a que le bruit de mes pas qui résonnent. Je me rends en premier lieu dans la salle du trône, mais, pour mon plus grand malheur, le siège royal est vide. Seul les gardes restent ici et là dans la pièce. Aucune voix ne retentis de l’autre côté des portes de la salle de commandement non plus. Déçue, mais pas découragée, je continue mon instigation du côté du bosquet de haie. C’est notre endroit favori ou lui et moi avons passé beaucoup de temps à rêvasser. Peut-être est-il allé s'y réfugier. Mais rien. Je fais le tour du jardin et, après presque une demi-heure de recherche, je ne trouve aucune trace du jeune Roi. Il doit être parti en visite officiel chez un de ses ambassadeurs ou alors est-il simplement dans ses quartiers personnels ? Bredouille et chagrinée, je retourne découragée dans le château, direction ma chambre pour m’affaler de désespoir sur mon lit. Je m’arrête subitement dans la salle du trône, les souvenirs d'Anduin qui pleurait sur mon épaule, se reprochant quelque chose refont surface dans mon esprit. Je crois savoir où il se trouve. Je fais demi-tour et sors dans la cité en toute hâte. Le soleil est en train de se coucher et les rue de la cité se vident peu à peu, laissant un calme presque dérangeant. Je passe par le quartier des nains pour rejoindre plus vite la place de la Cathédrale de la lumière. C’est plus rapide pour se rendre au repos du lion que de prendre l’autre itinéraire par le vieux quartier qui me ferais traverser toute la ville. Je descends dans le parc où se trouve la jolie fontaine entourée de haie taillées et tourne mon regard vers la tombe du défunt Roi Varian. Les rayons du soleil sont en train de s’endormir, se faufilant entre les trois immenses stèles commémoratives et la silhouette d’un homme portant une tenue d’or et d’azur se dessine dans leur sillage.

Anduin ! Mon cœur palpite à toute à allure dans ma poitrine. Le voir m’emplie d’un immense bonheur. Je fais un pas en avant mais je me rétracte, ne sera-t-il pas en colère si je le dérange alors qu’il est en train de se recueillir sur la tombe de son père ? Mais peut-être n’aurai-je pas d’autre occasion de le voir avant longtemps. Je m’avance à nouveau avant de renoncer encore une fois. Je ne récolerai jamais les morceaux si je fuis ! Aller Lynawen, courage ! Je prends une grande respiration et part à sa rencontre. Je suis suffisant près de lui pour remarquer qu’il est en train de confesser ses regrets au fantôme de son père.

•        Père, j’ai failli à mon devoir… J’ai pris la mauvaise décision et cet acte a couté la vie à des milliers d'innocents. L’arbre monde est partie en fumée et tout ça par ma faute ! S’emporte Anduin en frappant la tombe de son poing. Je ne suis pas un bon Roi, si vous étiez là, rien de tout ça ne serais arrivé !

•        C’est faux ! Vous êtes un bon Roi ! Intervient-je sans réfléchir.

Anduin se retourne brusquement dans ma direction. Il me regarde pantois avant de détourner rapidement ses yeux des miens. Ses prunelles d’azur s’emplissent d’une colère soudaine.

•        J’apprécie votre sollicitude mais vous ne savez pas que j’ai fait, Lynawen ! gronde Anduin.

•        Alors parlez-moi, je vous en prie… Imploré-je.

Anduin se mit à dévisager le visage endormi du défunt Roi. Il donne l’impression d’avoir honte d’avouer son erreur devant son père, comme si il pouvait se prendre une sévère réprimande de ce dernier alors que la statue mortuaire, quoi qu’il dise, restera muette. Il a un long soupire de désespoir avant d’avoir le courage de parler enfin.

•        J’ai commis l’impardonnable… j’ai envoyé le gros de l’armée Kal’dorei à Silithus, sachant qu’ils seraient vulnérables, c’était un piège ! la Horde m'a berné et a attaqué Orneval. J’ai condamné leur peuple, c’était un massacre ! J’aurai dû prévoir !

•        Vous ne pouviez pas savoir, personne n’aurait pu ! vous l’avez dit vous-même, la Horde vous a berné !

•        J’aurai pu éviter ça ! J’ai été naïf ! Ma naïveté a coûté la vie d’innombrables innocents. Insiste Anduin.

Je ne lui réponds pas. Je m’approche doucement de lui, effleurant sa main de mes doigts avant d'encadré son visage de mes mains. Le léger duvet blond de ses joues me chatouille la peau. Ses yeux sont brillants de larmes. Le voir aussi tourmenté me fends le cœur.

•        Moi, ce que j’ai vu, c’est un Roi qui s’est donné corps et âme pour protéger les siens du danger, qui s’est montré brave et courageux, qui ne s'est pas laissé démonter dans cette tragédie. Vous avez peut-être commis une erreur mais vous êtes un Roi juste et bienveillant. Exclamé-je avec sincérité

•        Lynawen… Dit-il au bord des larmes

Anduin me prend subitement dans ses bras, me serrant si fort que j’en ai le souffle coupé. Il en tremble presque. 

•        Ne me refaite plus jamais ça… Dit-il subitement.

•        Quoi donc ? Demandé-je, maladroitement.

Anduin recule brusquement, mettant fin à notre courte étreinte et m’attrape les épaules, fâchés. C’est là que je comprends de quoi il parle et que ma réponse était stupide.

•        Vous jetez dans les flammes tête baissée ! Savez-vous la douleur que vous m’avez infligée ! S’emporte Anduin. J’ai laissé le portail ouvert le plus longtemps possible, mais le feu a pris dans la salle des portails et j’ai dû donné l’ordre le plus difficile de toute ma vie. 

•        Je suis désolée… Je voulais juste…

•        Je sais pertinemment ce que vous vouliez faire ! Me coupe Anduin. J’aime chez vous cette bonté à toute épreuve mais J’ai cru vous avoir perdu pour toujours. Ne plus entendre le son de votre voix, ne plus me perdre dans vos yeux d’argent énigmatique et sentir vos longues boucles noires… J’ai cru que je vous avais condamné à périr dans les flammes par…Devoir.

Anduin me tourne le dos, marchant vers la falaise qui surplombe le port d’Hurlevent, je le saisie par le poignet et donne un coup sec pour le forcer à me faire face.   

•        Dans les flammes, j’étais terrifiée. Je pensais ma dernière heure arrivée et puis vous êtes apparue dans mes pensées vous m’avez donné la force de braver le danger. C’est en pensant à vous que la lumière s’est manifestée et qu'elle m’a ramenée à vos côtés… Anduin je… je vous aime… Avoué-je, rougissante.

Je ne lui laisse pas le temps de répondre et m’approche de lui, me mettant sur la pointe des pieds pour déposer un baiser timide sur ces lèvres. Mon cœur bat à la chamade si fort qu’il couvre le bruit des vagues qui s’écrase en contre-bas. Nos lèvres se séparent et les pupilles d’Anduin, plongées dans les miennes, bougent à toute allure. Sa main se glisse avec tendresse dans le bas de mon dos et il me tire doucement contre lui alors que l’autre s’enfonce dans ma chevelure ébène. Malgré ses yeux toujours larmoyant, il arbore un sourire très doux. Je pose ma main sur sa joue. Bizarrement, j’aime le contact de son léger duvet blond sous mes doigts. Son visage se rapproche du mien pour chercher à nouveau le délice de mes lèvres. Notre baiser est vraiment très maladroit, c’est la première fois que j’embrasse un homme, je ne sais pas comment m’y prendre entre le fait de se cogner le nez, nos rires gênés, nos sourires timides et toutes ses sensations nouvelles qui m’envahissent… Cependant, je ne me suis jamais sentie aussi bien qu'à ce moment précis. 


/Voilà, j'espère vous avez apprécié ce chapitre tout autant que j'ai aimé l'écrire, même si parfois j'ai eu du mal. :o N'hésitez pas à laisser votre avis et vos question en commentaire et encore merci à ceux qui lisent mon histoire./

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