Ceux qui brûlent dans la lumière

Chapitre 15 : Réconciliation

2845 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 17/05/2021 20:22

 Réconciliation


Le marteau de cristal violet de Yaedrel fend l’air à toute vitesse vers moi. Mon bouclier de lumière se brise en milliers de paillettes scintillantes à l’impact. Je tombe à genou, la sueur dégoulinant de mon front et à bout de force.

•      Relève-toi ! Encore ! Gronde Yaedrel.

Son arme frappe avec fracas encore et encore jusqu'à ce que ma protection magique se disperse une fois de plus. À chaque nouvel échec, j’ai le droit à des remontrances de mon protecteur. Il lève à nouveau son marteau, prêt à asséner un nouveau coup, mais je n’en peux plus, je n’y arrive pas ! ça ne mène à rien ! Une intense colère m’envahie.

•      Assez ! Crié je en brandissant mon bras vers lui.

Une vague de lumière jaillie alors en direction de Yaedrel. Elle le percute avec violence et le met à terre. Choquée d’avoir laissé ma rage exploser, j’accoure vers lui et le serre dans mes bras en m’excusant de l’acte que je viens de commettre. Il pose sa main sur ma chevelure dans un geste rassurant.

•     C’est moi qui vous doit des excuses, je vous ai poussée à bout.

•     Yaedrel, je…

•     Je sais, Lynawen, je sais. Tente-il de me calmer.

En continuant de l’étreindre dans mes bras, j’invoque cette même lumière qui l’a blessé pour le soigner, quelle ironie quand même… Ensemble, nous nous asseyons au bord du lac. Le vent créer de légère ondulations sur la surface de l’eau. Les admirer me fait me perdre à nouveau dans ces pensées négatives que j’essaye tant bien que mal d’effacer en me consacrant exclusivement au maniement de la lumière. Mon monde, la Légion Ardente, les titans et le plus perturbant, les statues de cristal de mes ancêtres. Dernièrement je me suis mise en tête une idée farfelue sur le fait que mes aïeuls, ma mère… Étaient eux aussi lié à Utrion, s’ils étaient comme Magni… Vraiment vivant mais dans l’incapacité de bouger, de parler… Cette pensée m'horrifie en tout point, je secoue la tête pour la faire disparaître, je ne veux plus voir cette terrifiante image dans mon esprit. Je sens la main de Yaedrel se poser sur mon épaule. Ses yeux bleus luisant sont chaleureux.

•     Lynawen, je sais à quel point vous souffrez de la perte de votre monde. Encore plus maintenant que vous savez que c’était un Titan.

•     Vous ne savez rien de ce que je ressens. Dis-je, sur la défensive.

•     Assurément, je ne sais pas ce que vous pouvez ressentir mais je sais que ça fait. J’ai vécu la même chose. Deux fois… Dit-il sur un ton mélancolique.

C’est vrai, les Draenei ont fuis Argus, puis Draenor, avant de s’écraser sur Azeroth… Pour la première fois depuis que je côtoie Yaedrel, il me narre sa tragique histoire. La Légion Ardente est arrivée sur sa planète. Elle était aussi une âme monde. Sargeras, le Titan Noir, voulait la corrompre et a envoyé sa Légion Ardente tout dévaster. Son épouse, qu’il aimait de tout son cœur, fut changée en démon et Yaedrel dut fuir avec ses deux enfants et leur peuple. Ils se sont réfugiés sur Draenor qui s'appelle désormais l’Outreterre, le monde d’origine des Orcs. Ils ont vécu en paix là-bas avec eux jusqu’au jour où la Légion arrive également sur ce monde, semant à nouveau le chaos et la destruction et corrompant les pauvres Orcs au passage. Sa fille fut tuée de la plus terrible des manières. Les Draenei, obligés de s’exiler, finirent leur course sur Azeroth. Son fils avait rejoint l’armée de la lumière, devenant un Draenei Sancteforge, des êtres imprégnés de lumière et voués à combattre le vide pour les Naarus.

Je me mure dans le silence en comprenant mon égoïsme et je ne peux retenir mes larmes, pleurant pour Yaedrel et son peuple qui avait tant souffert. Au moins il n’est pas le seul représentant de son espèce. Ils sont soudés, unis dans l’adversité, alors que moi je suis la seule d’Utrion. Je ne me souviens toujours pas du sort de mon oncle. Au fond, j’aimerais avoir l’espoir de penser qu’il est en vie mais je ne me fais pas d'illusion. Il est très certainement passé à trépas depuis longtemps. Après un long moment, perdue dans mes pensées en compagnie de mon fidèle ami, je décide de rentrer me reposer dans mes quartiers. Cette leçon m’a exténuée. Dans la salle du trône, le siège royal est vide mais j’entends des voix familières provenir de la salle de commandement. Je reconnais celle d'Anduin et de Dame Jaina. Je pose ma main sur l’imposante porte mais je n’arrive pas à la pousser. Je ne peux pas encore me résigner à aller m’excuser. À vrai dire j’ai peur de sa réaction après l’acte que j’ai commise mais également de la mienne… Je lui en veux encore de ne pas m’avoir dit la vérité avant. Je me remets alors en marche, la larme à l’œil. Le feu de ma cheminée est allumé, je me laisse glisser sur le tapis en regardant les flammes qui dansent avec grâce. Je ne sais point pourquoi mais je les trouve envoûtante, elles me donnent envie de rêvasser. J’ai eu comme un moment d'absence…

“je me suis retrouvée à nouveau sur Utrion, à Ludroth, dans une taverne très familière de Fortonerre. Le feu crépite dans la cheminée, la musique égaye les lieux. Des voix enjouées et des gens qui dansent. Le rire tonitruant de mon oncle qui frappe le comptoir avec fracas de sa chope de bière qui m’éclabousse au passage.

•     Je n’arrive pas à croire que tu as humiliée ton prétendant de la sorte ! Dit-il en s’esclaffant de rire.

•     J’enverrai se faire voir tous les stupides prétendants que père me trouveras ! Rétorqué-je avec un léger coup dans le nez.

•     Ton père va avoir du mal à te marier après ça ! Si tu avais vu sa tête après ton départ. Mon dieu, ça valait le détour. Exclame-t-il en riant encore plus fort.

•    Je ne veux pas me marier de force et encore moins avec un vieil homme décrépi qui sens le camembert !

•    Tu ne tiens tellement pas de ton père, ma douce. Allons danser, ma nièce ! Crie mon oncle d’un coup avant de boire cul-sec sa pinte.

Il me fait alors une révérence et je saisie sa main. Nous allons au milieu de la piste et nous dansons au grès de la musique, mélangés avec le peuple. Les gens avaient l’habitude de me voir, moi, la princesse et le frère du Roi, le prince. Ils ont toujours été gentil et aimable avec nous. “

La musique n'est qu’un lointain écho quand j’ouvre les yeux à nouveau. Le feu n’est plus que braise et le crépuscule s’est déjà installé. J’ai dormis autant que ça ? Il faut croire que j’en avais besoin. Je prends un bain et change de vêtement. Mon rêve m’a laissé un amer goût de mélancolie… J’ai besoin de prendre l’air. J’ouvre alors les portes du balcon et m’appuie sur la rambarde. Les deux lunes scintillent dans le ciel nocturne accompagnées de leur cour d’étoiles. Mon regard se perd sur un arbre dénudé et un vieux souvenir de mon enfance refait surface contre ma volonté…

J’étais une jeune enfant désobéissante. Ma mère m’avait interdit de grimper aux arbres et pourtant, j’y grimpât quand même pour jouer. Mais, turbulente que j’étais, voulant aller toujours plus haut. Je suis tombée des branches sous le regard affolé de ma tendre mère qui demanda, paniquée, à notre servante d’aller chercher le médecin royal et le seigneur, mon père. Le médecin rassura ma mère en disant que je n’avais rien de grave, juste la cheville foulée. Mon père lui me foudroya de son regard d’émeraude et sa voix était des plus glacial. « Cesse donc de me faire honte ! Quand te comporteras-tu comme une princesse ! » “  

Je secoue la tête. Qu’est-ce qui m’arrive aujourd’hui, à ressasser le passé de la sorte ? Je retourne à l’intérieur et décide d’aller m’exercer à la lumière dans le jardin intérieur. La nuit, il n’y a jamais âme qui vive. Ça me fera penser à autre chose. Je prends alors mon manteau et enfile mes bottes pour sortir. Je pousse les lourdes portes. Une lumière traverse l’ouverture de la salle du trône. Ma curiosité me pousse à aller voir. Il ne me faut que peu de temps avant de comprendre qu'il s'agit de Shalamayne. La lame de l'épée frôlant le sol, Anduin à les yeux fermé, l'air concentré. À contre cœur, je décide de partir en refermant derrière moi. Le grincement de la porte fait sortir le Roi de sa réflexion. Nos regards se croisent une fraction de seconde, avant que je le quitte pour partir, le cœur lourd, vers les jardins. Un crissement aigu me fais soudain sursauter, ce qui me m’arrête net. Je crois que c’est la lame de son épée qui a raclée le sol de marbre, probablement un accident. Je me ressaisie et reprends mon chemin quand à nouveau le bruit résonne dans la pièce. Eh bien, apparemment, le Roi est maladroit ce soir, me rassuré-je en essayant de m’enlever l’idée que le geste est volontaire, mais ce fut de courte durée quand le crissement retenti à nouveau. Je me retourne vers lui, déconcertée et un peu agacée, ne comprenant pas du tout ce qui lui prend.

•     Jamais deux sans trois. Dit alors le Roi sur le ton de la plaisanterie.

•     Sans vous manquez de respect, votre Altesse, vous vous comportez tel un enfant.

•     Anduin Wrynn, l’enfant Roi, ou alors l’enfant qui joue au Roi. Avez-vous une préférence ? Me demande Anduin.

•     Qu’est-ce qu'il vous prend ? Le questionné-je, surprise de son comportement peu habituel.

•     J’essaye juste d’attirer votre attention ! Rétorque le Roi en se levant brusquement.

Le silence retombe dans la pièce. Seul le bruit de mon cœur qui tambourine résonne dans ma poitrine accompagnée de nos regards que j’arrive à peine à soutenir. Soudain, Anduin commence à descendre les marches qui conduisent à son trône. Je m’enfuis dans le jardin intérieur. La lueur des deux lunes bercent les lieux, leur donnant une touche énigmatique. Ma paix est de courte durée quand j’entends des pas derrière moi. Je n’ai pas le temps de partir que ses mains saisissent mes épaules et me retourne pour me forcer à lui faire face.

•     Attendez, je vous en prie. S'exclame Anduin.

•    Je suis désolée Anduin, je ne peux pas vous parlez davantage. Répondé-je en baissant les yeux.

•    Lynawen, regardez-moi.

Il glisse alors ses doigts sous mon menton avec douceur. Contrainte à le regarder droit dans les yeux, je sens les larmes qui me les picotent.

•   J’aurai dû vous dire toute la vérité dès que je l’ai su mais je ne savais guère comment vous avouer une chose pareille. Je ne voulais pas vous retirer votre sourire, votre espoir… vous ne pouvez pas savoir comme je regrette d’avoir été si idiot ! Se confesse Anduin.

•   Oui ! Vous êtes un idiot ! Et je suis une idiote également ! m’énervé-je en reculant pour me libérer de son emprise.

Au moment où je m’apprête à partir, Anduin me saisit à nouveau la main. Pourquoi ne me laisse-t-il pas tranquille ?

•    Lynawen, je peux lire votre chagrin dans vos yeux, parlez-moi. Ne m’ignorez plus… Dit alors Anduin, troublé.

•   Vous n’auriez pas dû me cacher la vérité sur la porte des ténèbres ! Vous m’avez causé de la souffrance. Mon chez moi, ma famille … ! Exclamé-je la voix étranglée par l’émotion.

Tous ces mots s’échappent tandis que je lui martèle le torse de mes poings faiblards. Il me serre soudainement contre lui et resserre son étreinte. Une de ses mains caressant ma chevelure avec tendresse. Sa présence, son visage, sa voix, son odeur, son contact… je me rends compte que ça m’avais terriblement manqué. Je reste dans ses bras, n’ayant aucune envie d’en partir. Je me laisse bercer au grès sa respiration, oubliant l’espace d’un instant tout ce qu'il s’était passé. Juste nous, uniquement nous… Mais je finis par briser ce doux silence.

•    Je n’aurai pas dû vous frapper, je regrette tellement ce geste… J’étais en colère je n’ai pas su me maîtriser… Avoué-je désemparée. 

•    Je vous en tiens pas rigueur pour la gifle, je l’ai amplement mérité. Mais, Madame, qui aurai cru que vous pouviez frapper aussi fort ! Dit alors Anduin sur un ton léger.

J’esquisse un petit sourire, le serrant plus fort contre moi. Nous restons un moment ainsi puis il me repousse avec douceur, brisant notre envoûtante étreinte. Le jeune Roi a le sourire au lèvre. Il se laisse tomber dans l’herbe, s’appuyant contre le tronc d’un arbre et m’invite à le rejoindre. Je m’assoie donc à ses côtés. 

•   Je vais vous avouez une chose, j’ai demandé conseils à Jaina… Je me suis dit qu’elle pouvait m’aider à vous… Enfin… vous voyez. Jaina m’a dit de vous envoyer des fleurs. Aurai-je du vous envoyer des fleurs ? Ou vous écrire une lettre ? Au lieu de ça, j’ai fait du bruit avec mon épée… Bafouille le Roi avec Embarras, cachant son visage de honte. 

Je suis mise à pouffer de rire. Sans vraiment le vouloir et sans réfléchir, je dépose un baiser sur sa joue. Un large sourire s’affiche sur son visage et ses yeux d’azur pétillent à tel point que Je me mets à rougir. Nous nous regardons, il y a quelque chose de très intense dans ses yeux, mon cœur s’emballe. Anduin me dévore du regard et ça ne me laisse pas du tout indifférente… Il finit par les baisser et racle sa gorge. Je pose ma tête contre son épaule, Je me sens si bien tout d’un coup et quelle joie d’avoir retrouvé Anduin à mes côtés. Je glisse mes doigts entre les siens d’un geste possessif et je sens une forte chaleur qui se répands sous ma peau. Comme cette fois-là au cimetière, La lumière nous transcende à nouveaux. Nos veines s’illuminent et cette sensation des plus plaisante refait surface, mais cette fois, ni lui ni moi ne nous lâchons la main. 





Voilà enfin le chapitre 15.

J'ai vraiment galérée pour le passage d'Anduin. Finalement j'ai trouvée un dénouement qui me plait.

J'espère vraiment que vous avez aimé.

N'hésitez pas à laisser votre avis et vos questions en commentaire ça fait toujours très plaisir d'avoir des retours.

Sur ce, bonne journée/soirée à vous chers lecteurs.^^


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