Ceux qui brûlent dans la lumière
Un nain de Diamant
Je serre Millie dans mes bras pour lui dire au revoir. Mon amie a décidé de prolonger son séjour à Darnassus pour rester auprès des siens. Après mes adieux à sa famille, Yaedrel et moi tournons les talons et trouvons un endroit tranquille pour utiliser la pierre de foyer qu’Anduin m’a offert. Je sors le galet de ma poche et mon bouclier pose sa main sur mon épaule. J’active alors sa magie, une aura bleu nous enveloppe et je me sens disparaître comme si mon âme quittait mon corps. D’un coup, je tombe avec fracas sur le sol. Mes mains s’écorchent sur le gravier. En me relevant, j’ai du mal à garder ne serait-ce qu’un peu l’équilibre.
• Vous finirez par vous y habituer, Dame Lynawen. Intervient Yaedrel en me soignant les mains avec sa lumière avant d’enchaîner. Si vous le permettez j’aimerais me reposer dans mes quartiers.
• Bien sûr, Yaedrel, allez-y. Lui Répondé-je cordialement.
Je regarde autour de moi et me rends compte que je suis dans le bosquet. Je souris, Anduin à relié la pierre à notre endroit favori. Sans réfléchir, j’accoure jusqu’à la salle du trône. Plus je m’en approche, plus mon cœur tambourine dans ma poitrine. Je n’ai qu’une hâte, c’est de le retrouver. J’arrive enfin dans la pièce. Le Roi est bien là, engoncé dans sa majestueuse armure de plaque royale, mais quelque chose cloche. Mes pas résonnent sur le sol de marbre. Il ne bronche pas. Il semble n'avoir même pas remarqué ma présence. Il a Shalamayne dans une main, son casque à tête de lion sur ses genoux et son regard perdu dans un coin de la pièce. Le visage d’Anduin est dur mais il a l'air si tourmenté. Je l’ai déjà à moult reprise vue préoccupé mais jamais à ce point-là. Je regarde soigneusement les alentours pour m’assurer que nous sommes seuls. Une fois certaine, je m’approche de lui, montant pour la première fois les marches qui conduisent à son trône, à son autorité de Roi. Ne fais-je pas une erreur en la franchissant ? Incertaine, je passe quand même la dernière, je me mets à genoux près de lui, glissant ma main sur sa joue. Ses mèches d’or me chatouillent les doigts. Ses yeux d’azur croisent alors les miens. La surprise laisse place à la tendresse et son regard s’adoucit un peu tandis qu'il pose sa main gantelée sur la mienne.
• Lynawen. Dit-il. Vous êtes de retour.
Je hoche la tête avec un sourire même si je suis inquiète pour lui. Anduin tourne légèrement la sienne pour déposer un baiser dans le creux de ma main avant de me lâcher. Il se lève en prenant soin de prendre son casque avant pour ne pas le faire tomber sur le sol et range son épée dans son dos. Ensemble, nous redescendons les marches.
• Anduin qu’est-ce qui vous tracasse au point de ne pas m’avoir remarquée ? L'interrogé-je, soucieuse.
• Des affaires d'état préoccupantes, ne vous en faites pas, ce sont les aléas quotidiens d’un souverain.
• Anduin… si vous avez besoin de parler, je suis là. Proposé-je alors avec sincérité.
• Ne le prenez pas mal, Lynawen, mais nous parlerons une autre fois. Pour l’heure, j’ai grandement besoin de me débarrasser de cette armure encombrante. Dit Anduin, réservé.
Il me saisit doucement la main en la caressant de son pouce et tourne ensuite les talons pour se rendre à l’armurerie. Le voir ainsi me fend le cœur, même si les affaires de l’Alliance ne me concernent aucunement. J’ai envie de l’aider à se soulager de sa peine mais je ne sais pas quoi faire. Je saisie la poignée de la porte qui mène vers les appartements, luttant contre cette envie dévorante de le rejoindre, mais en vain. Elle est plus forte que moi. Je la lâche, me précipitant dans l’autre direction pour rejoindre l’homme qui fait battre mon cœur. Je me cache un instant pour attendre que les nobles qui passent devant l’armurerie s’en aille avant d'entrouvrir la porte, m’assurant que seul Anduin s’y trouve. Je me faufile à l’intérieur en refermant derrière moi sans un bruit. Éparpillés dans la pièce, de nombreux râteliers d’arme et d’armure mais également des bancs sont installés. Anduin est debout face à une table où reposent ses gantelets, son casque, mais également son gorgerin et Shalamayne. Le jeune Roi se débat nerveusement avec les lanières de cuir d’une de ses épaulières sans réussir à les défaire, soupirant d’énervement à plusieurs reprises.
• Vous avez besoin de l’aide de mains plus agile. Intervené-je sur ton un léger pour détendre l’atmosphère.
• Lynawen !? Dit-il en se retournant brusquement, l’air stupéfait.
Je m’avance vers lui mais Anduin recule, percutant la table derrière lui dans un bruit métallique, mais je ne me décourage pas et fais un pas de plus. Il appuie alors ses mains sur le meuble et se crispe au moment où je saisie la lanière de cuir de son épaulière.
• Vous ne devriez pas être ici. M’avertit Anduin en regardant le porte, nerveux. Si quelqu’un rentre et nous surprenait en train…
• De dévêtir votre armure. Coupé-je la parole en lui retirant sa première épaulière.
• Les nobles commenceront à déblatérer sur nous, répandant des rumeurs qui nous causerai du tort. S’inquiète Anduin.
Il a raison sur ce point, mais sur l’instant je m’en fiche, je veux juste être avec lui, le réconforter. Est-ce mal de penser de cette façon ? Je commence à défaire sa seconde épaulière et Anduin ne me repousse pas le moins du monde.
• Je ne supporte pas de vous voir ainsi, parlez-moi je vous en prie… Exclamé-je, la voix étranglée par l’émotion soudaine.
Je pose sa seconde épaulière sur la table. Anduin me prend alors la main et me conduit à un des bancs de la pièce. Il glisse une de mes mèches derrière mon oreille avant de plonger son regard soucieux dans le mien.
• Ça va faire un moment que la paix avec la Horde se fragilise. La course pour ce nouveau minerai tant convoité créer d’énormes tentions. J’essaye de garder au mieux cette paix en place, mais j’ai bien peur que la guerre explose à tout moment. Je suis constamment sollicité. Je suis terrifié à l’idée de prendre les mauvaises décisions. Je ne suis pas aussi fort que mon père…
Pendant toute son explication, il me serre la main. A travers ce simple geste, je peux sentir toute l’angoisse d’Anduin.
• Vous faites de votre mieux. Essayé-je de le rassurer.
• Et si ce n’est pas assez ? Rétorque Anduin, toujours aussi angoissé.
• Mon père disait toujours qu’un bon Roi n’est pas infaillible, se sont ses actions et ses erreurs qui le forge.
• Sage parole… Vous savez, tout que je souhaite c’est la paix en Azeroth.
• Alors vous vous battrez pour elle ! Aussi insignifiante que je suis, je me battrai à vos côtés pour votre idéal. Surenchéris-je avec détermination.
Il se tue un instant, étonné de cette réponse inattendue, son visage s’adoucit et je crois voir un léger sourire. Il pose son front contre le mien, glissant sa main dans ma nuque, son souffle chaud sur ma peau me fait frémir.
• Vous n’êtes pas insignifiante… Lynawen. Vous m’avez tellement manqué … Me murmure-t-il soudainement à l’oreille.
• Vous aussi… Chuchoté-je également à la sienne.
Il me serre dans ses bras mais le lion de son plastron s’appuie trop fortement contre mon corps et ça commence à me faire mal. Il le remarque et s’éloigne un peu désolé. Je lui demande de se tourner dos à moi pour l’aider à retirer la première partie de son plastron. Une fois que c'est chose faite, il défait les lanières de la deuxième seul puis s’attaque à ses jambières. Anduin s’étire en faisant des moulinets avec ses bras. Il semble bien plus à l’aise et léger vêtu uniquement de sa tunique de cuir. Je me sens un peu honteuse de le reluquer de cette manière, sa tenue étant près de son corps, laissant entrevoir certaines de ses formes. Lorsqu’il me voie, ses joues s’empourpre et il tire le tissu bleu au frange d’or de son plastron sur ses genoux. Nous détournons le regard, embarrassés, mais j’ai quand même le sourire au lèvre.
Un matin alors que je me prélasse encore au lit, Yaedrel rentre en trombe dans ma chambre. Je me redresse brusquement, tirant ma couverture pour me dissimuler. Mon bouclier tourne le dos pour respecter mon intimité mais ne sors pas pour autant de la pièce.
• Que se passe-t-il pour que vous débarquiez ainsi sans frapper ? Exclamé-je, contrariée.
• Mes excuses, Dame Lynawen, mais le Roi vous demande d'urgence dans la salle de commandement.
• Dans la salle de commandement ? Pourquoi ? Demandé-je, surprise.
• Le Roi tient à ce que cet entretien reste privé. M’informe alors mon protecteur.
Je demande à Yaedrel de sortir pour que je puisse me vêtir. Pendant que j’enfile mes affaires, des tas de questions me turlupinent. Sur quoi Anduin veux t’il s’entretenir ? Ça semble vraiment important s’il prend cette précaution. J’ai la certitude qu'on ne sera pas seuls. Il y aura probablement ses conseillers.
Je rejoins enfin Yaedrel et nous descendons ensemble dans la salle du trône. On entend des voix venant de la salle de commandement. Mon bouclier pousse les lourdes portes de bois et tous les regards se posent sur nous. Il y a le Roi, Jaina, Grisetête et un homme aux cheveux roux, portant une moustache fournie, un bouc et dont les yeux verts sont similaires à des émeraudes. Il portent une armure du SI:7 différente de celle de tous les autres espions de la couronne que j’ai croisée dans l’enceinte du château.
• Lynawen, approchez, laissez-moi vous présenter Mathias Shaw, mon homme de confiance.
• Alors petit, on m’oublie ?! On ne me présente pas à la demoiselle ? Intervient une voix gutturale.
Je me tourne. Ça provient d'un coin de la pièce, dans l’ombre. Un nain de diamant à l’expression plus qu’humaine dérangeante. Sur l’instant, j’ai cru que ce n'était qu’une décoration assez étrange mais quand il s’est mis à bouger j’ai reculé d’un pas, surprise… Il est vivant !? Il n'est, de la tête aux pieds et même sa longue barbe, que pierre précieuse. Je ne peux m’empêcher de le dévisager, il dégage quelque chose de très familier. Je mets subitement ma main sur ma bouche, ce nain de diamant ressemble trait pour trait aux statues de cristaux de mes ancêtres, aussi vivantes que lui sauf qu’elles ne bougent pas. Je suis prise d’une frayeur soudaine dont l’origine m’est inconnue…
• Je suis Magni-Barbe-De-Bronze, le héraut d’Azeroth. Petite, pourquoi êtes-vous si loin de votre âme-monde ! Me demande-t-il subitement des plus sérieusement.
• Mon âme monde ? Je ne vois pas de quoi vous parlez. Répondé-je, confuse.
Je me tourne, troublée, vers Anduin, cherchant une réponse de sa part. Il s’approche de moi et pose une main protectrice sur mon épaule.
• Allons, venez-vous assoir à table avec nous. Me demande le Roi.
Je suis alors Anduin et m’installe sur une chaise libre autour de cette grande table de bois. Dessus est étalée une grande carte Azeroth où de nombreux pions sont posés. Je tourne mes yeux vers lui, le scrutant attentivement et parfois je détourne le regard inconsciemment vers le nain de diamant qui me met mal à l’aise avec sa ressemblance troublante avec les statues commémoratives de mes ancêtres.
• J’aurai du vous en parlez plus tôt, avec tout ce qui se passe en ce moment je ne savais plus où donner de la tête et la visite de Magni ma prise au dépourvu. Dit alors Anduin.
• Venons-en au faits, votre Altesse ! Grogne Grisetête.
• Comme il vous siéra, Grisetête. Rétorque Anduin avec dédain. Azeroth est une âme monde, c’est à dire que notre planète est un œuf de titan et, depuis notre entretien avec l’Archidruide et la Prêtresse, nous soupçonnons que Utrion soit un œuf de titan également. Magni à confirmer nos doutes. M’explique Anduin.
• Oui, mademoiselle, je sens que vous êtes liée à une âme monde. Pourquoi n’êtes-vous pas sur votre monde? m'interroge-t-il encore une fois.
Azeroth, un œuf de Titan !? La planète est vivante. J’ai lu un livre sur les Titans, des êtres puissants, égales à des divinités. Le bouquin qui j’ai parcouru ne faisait pas mention de leur création. Mon monde serait également un Titan ? Je me mure dans le silence, essayant de ramener l’ordre dans mon esprit. Nos très vieilles traditions qui remonte avant l’hypothétique destruction de la flèche de cristal, mes aïeuls connaissaient-ils la vrai origine d’Utrion ? Mes yeux d’origine “magique“ inconnue viendrait du Titan qui sommeille sous nos pieds ? J’ai toujours cru que la magie n’existait pas sur ma planète. Je me suis trompée. Le souvenir de mon oncle qui l’utilise, mon monde est probablement un être vivant ! Mais au final, j’ai encore plus de questions que de réponses. Je suis sortie de mes pensées par le bruit d’un objet qui tombe sur le sol, c’est l’homme du SI :7 qui l’a fait tomber. C’est là que je remarque tous les regards pesant sur moi qui attendent une réponse. Je me ressaisie, prête, ou presque, à répondre.
• La Légion Ardente à envahie mon monde, j’ai dû fuir. Je ne me souviens guère de comment j’ai fait pour rejoindre Azeroth.
• Tout s’explique, la Légion est venue sur Utrion pour le corrompre. Vous l’avez donc abandonné.
• Quoi !? Je ne savais même pas que mon monde était vivant et encore moins que j'y étais liée ! M’offusqué-je en me relevant brusquement. Je ne connaissais ni la magie ni les démons… Je…
L’émotion étrangle ma voix, les larmes me picotent les yeux. Abandonner Utrion. Si j’avais eu le choix, je n’aurais jamais quitté mon chez moi. Mais si je suis liée à mon monde, pourquoi la prophétie de Velen à vue ma venue ici ? Je ne comprends plus rien… À force de réfléchir, j’ai la migraine et pourquoi je me sens si en colère subitement ? Je m’étais résignée à ma nouvelle vie qui, il faut se l’avouer, est vraiment très plaisante. Puis… Il y a Anduin… Il semble tellement inquiet. Mais je crois qu’il faut que je traverse à nouveau la porte des ténèbres.
• Votre Altesse. Dis-je subitement, la voix tremblante. Lassez moi retourner dans mon monde, je dois savoir s’il est encore debout ou non…
Le visage Anduin se décompose et ses yeux s’emplissent de tristesse. Il se lève. Doucement, d’un geste de la main, il demande à tout monde de sortir un instant. Grisetête ne comprends pas pourquoi et, même s’il rechigne, sort de la pièce avec les autres, même si Jaina à du le bousculer un peu. Anduin s’approche de moi, prenant une de mes mains délicatement.
• Lynawen, j’ai une mauvaise nouvelle… Je ne sais pas comment vous dire ça… Il s’arrête d’un coup avant de glisser ses doigts entre les miens. J’ai envoyé des agents du SI :7, dont Mathias, traverser la porte des ténèbres et je suis vraiment navré… mais la porte n’est plus reliée à votre monde mais de nouveau à l’Outreterre.
Une terrible douleur dans la poitrine me fait vaciller. Cette information résonne comme un coup de tonnerre. Je ne parviens pas à retenir mes larmes. Elles coulent comme une cascade déchaînée en pleine tempête.
• Vous le savez… depuis combien de temps ? Arrivé-je à peine à formuler.
• Depuis quelques temps … Je ne savais guère comment…
Je recule brusquement lui coupant la parole et libérant ma main de la sienne. La colère que je ressens fait subitement rage en moi. Je ne suis plus maîtresse de mes émotions et je gifle le Roi avant de m’enfuir de la pièce en trombe, bousculant tout le monde sur mon passage. Je me précipite dans la cité, me réfugiant dans le cimetière, devant le mémorial. Je m’effondre à ses pieds, pleurant toute les larmes de mon corps. Je m’étais faite à l’idée de ne jamais revoir mon monde, mais avoir la confirmation que c’est bien le cas me fait terriblement souffrir. Je suis recroquevillée contre la stèle, les yeux gonflés, rougis par le chagrin. Je tremble de froid et j’ignore depuis combien de temps je suis là mais je n’ai pas envie de bouger pour autant. Ne voulant pas voir Anduin, surtout après avoir levé la main sur lui. C'est un geste que je regrette amèrement. Je l'ai commis sous l’emprise de cette colère incontrôlable. Une main chaleureuse se pose sur ma chevelure. Surprise, je lève la tête. Les yeux bleus luisant emplie de compassion de Yaedrel croisent les miens. Sans un mot, il me serre dans ses bras, sa présence apaise un peu ma souffrance.
J'espère encore une fois que vous avez apprécié ce chapitre.
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Je vous souhaite une bonne journée/soirée à tous.