Willow
Le vent s’engouffrait dans les Wildwoolds, Airk et son équipe chevauchaient, silencieux. Le jeune prince ne pouvait s’empêcher de penser à la promesse qu’il avait faite à sa sœur, mais surtout, aurait-il réellement la force de combattre la puissance de sa grand-mère ? Ayant découvert dans Le Serment Secret de Tir Asleen, qu’il avait confié à Aniel, la toute puissance de Bavmorda. Un frisson d’effroi parcourut son échine. Comment allait-il pouvoir sauver Kit, s’emparer de Malatrium, et surtout revenir vivant de Nockmaar ? Il savait que, malgré toute la bravoure de Boorman et des chevaliers qui avaient décidé de le suivre, il devrait se préparer à affronter seul cette terrible épreuve. Le fait d’avoir accepté que Mims l’accompagne, et d’avoir mis sa vie en danger, commençait à lui faire regretter sa décision.
— Mims, soupira-t-il d’une douce voix, je ne suis pas sûr d’avoir pris la bonne décision en acceptant ton choix de me suivre… S’il t’arrivait quoi que ce soit…
La jeune Nelwyn, assise à l’avant du cheval du prince, se retourna brusquement et lui lança un regard froid, l’empêchant de poursuivre sa phrase.
— Je suis peut-être une Nelwyn mais je ne suis pas faible ! Vous ferez bien de vous en souvenir, mon Prince !
— Ce n’est pas toi qui m’inquiète, murmura-t-il. Mais… ton père. Si je m’en sors vivant, je n’ai pas intérêt à rentrer sans toi, il marqua une courte pause avant de poursuivre. Oublions le protocole étant donné que nous allons tous devoir nous battre pour notre survie.
Mims ne répondit pas, reportant son regard sur la route, envahie par un sentiment de doute et de crainte, face à la menace qui les attendait.
À quelques mètres derrière, accompagné des chevaliers, Boorman préoccupé, non seulement par les paroles de Kida, mais particulièrement par cette mission qui lui semblait bien trop risquée, accéléra légèrement le pas, se rapprochant du jeune prince.
— Un peu d’optimisme voyons ! Je connais tous les recoins de Nockmaar pour y avoir...
— Pour avoir essayé de piller le château de ma grand-mère, le coupa Airk, un sourire en coin.
— Non ! Absolument pas ! J’ai… risqué ma vie pour sauver tout le monde de cette malédiction qui règne en ce lieu ! Fiez-vous à moi ! répondit Boorman en posant sa main sur son torse.
— La véritable raison de ta venue ne serait-elle pas liée à une certaine guerrière que tu souhaites éviter ? ironisa Mims.
Airk se mit à rire.
— Mieux vaut l’avoir en amie qu’en ennemie et vu ta relation avec elle, disons qu’elle n’est pas en très bons termes avec toi.
— Elle ne m’effraie pas ! Ce n’est pas la psychopathe qu’il faut craindre le plus, soupira Boorman.
— Oh, je n’en suis pas si sûre, elle est très puissante, répliqua Mims. Je n’aimerais pas être à ta place.
— Peut-être faudrait-il mieux que je reste à Nockmaar finalement, se murmura Boorman à lui-même.
Malgré son sarcasme, l’idée de retourner dans ce lieu maudit, lui pesait plus qu’il ne voulait l’admettre.
*******
De leur côté, Willow, Elora et Sorsha menaient le groupe en direction de Cashmere. Le voyage serait long et périlleux, mais le roi Hayrald Saigur restait leur meilleure chance pour rassembler une armée.
Kit se déplaçait, le visage fermé et le regard au loin. Percevant l’agitation intérieure de sa compagne, Jade enlaça ses doigts autour de ceux de son amante.
— On va le revoir, lança-t-elle doucement.
La princesse acquiesça, mais son silence en disait long sur la lourdeur de son cœur. Elle s’arrêta soudain, obligeant Jade à faire de même, et plongea son regard dans celui de la Bone Reaver. Ses iris brillaient d’une fragilité qu’elle cachait d’ordinaire derrière son masque de princesse tumultueuse.
— Je… ses doigts se crispèrent autour de ceux de Jade, comme pour la retenir. Promets-moi que tu ne me quitteras jamais, Jade. Peu importe tout ce royaume dont j’hériterai un jour. Ma vie, c’est toi.
La jeune femme sentit son cœur se serrer face à cette confession. Elle prit le visage de Kit entre ses mains, lui caressa tendrement la joue.
— Rien ne me séparera de toi, Kit, murmura-t-elle avant de l’embrasser.
La princesse s’écarta lentement.
— Si tu savais à quel point j’ai besoin de toi.
Jade lui répondit par un sourire.
Aniel qui fermait la marche avec Kida, observait cette scène d’un regard discret. Son cœur se serra, ravivant en lui la perte de Thaïs, qui n’était plus qu’une ombre, un souvenir qui n’avait jamais cessé de le hanter, la femme de sa vie perdue à jamais. La chaleur de sa présence, la douceur de sa voix, tout cela lui manquait cruellement. Il aurait tout donné pour ressentir le contact de sa main contre la sienne, mais celle-ci resterait à jamais vide.
Kida, quant à elle, avançait en silence, son visage impassible. Elle était une guerrière façonnée par la violence, les guerres, la destruction. Depuis son plus jeune âge elle avait appris que tuer était l’unique voie. Le Wyrm lui avait volé son humanité, la forgeant dans la rage et la haine, la rendant insensible. Mais depuis qu’elle avait croisé le chemin de Jade, des sensations étranges naissaient. Des émotions qu’elle n’arrivait pas à nommer. Elle sentait quelque chose croître en elle, comme un nouveau souffle de vie.
Aniel en profita pour demander des explications à Kida sur son duel avec Scorpia.
— Qibi-ma, ša'alti ša'alta ana muḫḫika ina qabalka imti Bone Reaver. (Dis-moi, j’ai une ou deux questions à te poser à propos de ton duel avec la Bone Reaver)
— Qbû-ma, ul īde ina libbīya, tazkur-ma ! (On en a déjà parlé, je n’avais pas le choix, tu t’en souviens !) rétorqua sèchement la guerrière.
— Ul ša šu-ma ana dabābi-ma atta idū-ma tukallimšu-ma ina ṣīrišu-ma tukallimšu-ma. (Ce n'est pas de cela dont je veux parler, mais te connaissant, tu aurais pu la battre bien plus rapidement.)
— Ana ša-ma tukallimšu-ma ina tīmim-ma kīma ana tīmim-ma atta tukallimšu-ma ? (Je voulais la mettre en confiance, comme nous le faisions à l'époque, tu t'en rappelles ?)
— Enūma, īnu-ma ša'altu aḫritu. (Oh oui. Mais j'ai une dernière question.)
— Atta tīdi ša anāku akāšad-ma ? (Tu veux savoir si je me suis retenue ?)
— Enūma,.. šū ša šu. (Euh...oui c'est ça.)
— Enūma, makkūru ša anāku iddinakkūšu ittišu ša imūtu ina ša anāku akāšad-ma. ul tukallim-ma ana šimāti. (Évidemment que oui, le coup que je lui ai donné aurait pu la tuer si je m'étais pas retenue. Et ça n'aurait pas servi aux intérêts.)
Kit, voyant Aniel et Kida parler dans leur langage se retourna, agacée.
— Hé! C'est quoi ces messes basses ?
— On peut savoir de quoi vous parlez ? interrogea Jade.
En entendant la voix de Jade, Kida se mit légèrement à rougir, Aniel voyant sa sœur d’armes dans l'embarras intervint.
— Rien d’important, on se remémorait de vieux souvenirs.
Les deux jeunes femmes se regardèrent, intriguées par sa réponse.
— Ils nous mentent avec cette histoire de vieux souvenirs, j'en suis sûre, Jade, prétexta Kit.
— Je le pense aussi, mais peut-être qu'ils nous disent cela probablement pour ne pas nous inquiéter.
— Pour ne pas nous inquiéter ! Depuis le début ils nous cachent des choses et nous sommes obligés d'insister pour avoir des réponses !
— Mon amour, je le conçois, mais ils ont sûrement leurs raisons d’agir ainsi.
— Désolée Jade, mais j’en ai assez !
— Non ! Kit ne fait pas ça ! dit-elle en essayant d'empêcher sa compagne d'aller à la confrontation.
— Aniel !!! Je veux savoir de quoi Kida et toi vous parliez ! s’écria la jeune femme.
— Ce ne sont pas tes affaires, princesse ! la réprimanda Kida.
— Calme-toi ma sœur, puis, s’adressant à Kit, Aniel essaya de temporiser la situation. Je vous le dit princesse, Kida et moi, nous nous remémorions de vieux souvenirs afin de trouver un moyen de vaincre le Wyrm ainsi que nos frères.
— Je ne te crois pas une seconde ! gronda Kit.
— Tu le devrais pourtant ! s’exprima Kida sur un ton direct et froid.
Kit commença à s'énerver.
— Toi, je ne sais pas ce qui me retient de t'en coller une !
— Tout simplement, parce que tu sais que tu n'as aucune chance face à moi, la défia la guerrière.
Kit était sur le point de donner un coup de point au visage de Kida quand Willow intervint, en colère.
— ÇA SUFFIT VOUS DEUX !!! Arrêtez de vous comporter comme des enfants ! Il nous faut encore deux jours pour atteindre Cashmere, alors soit vous vous comportez comme deux adultes responsables, soit vous vous séparez et vous ne vous adressez plus la parole jusqu'à ce que l’on arrive. Vous décidez quoi ?!
Kit et Kida se regardèrent droit dans les yeux, la tension entre les deux femmes était palpable. Kida rompit le lien visuel et s'adressa au sorcier.
— Nous allons nous comporter en adultes, tu as ma parole sorcier.
— J'aime mieux ça.
Ils reprirent tous la marche, Kit se retourna vers Kida.
— Ce n’est pas fini, dit-elle frustrée en s'éloignant
— ÇA c'est sûr, princesse, s’exprima Kida à voix basse.
Aniel s'approcha de sa sœur sans un mot. Kida s’adressa à lui dans un murmure.
— Je tiens à te prévenir que si elle m'attaque encore j'aurai du mal à garder mon épée dans son fourreau.
— Tu devras te contrôler. Mais dans le cas où cela arriverait, évite de la tuer, contente toi de lui donner juste une leçon.
— Très bien, je ne contenterai de jouer un peu avec elle.
Aniel tourna la tête vers sa sœur d’armes. Ce qu’il vit dans ses yeux, cette lueur froide et calculatrice, lui fit immédiatement comprendre les intentions de la guerrière.
— Kida, lā tepuš ! (Kida, arrête !) lui ordonna-t-il de sa voix grave.
Elle se retourna vers lui, les sourcils froncés, faisant mine de ne pas comprendre. Mais c’était plus de la provocation.
— Mīnu epēšu ?! (Que j’arrête quoi ?!)
— Iddakka, iddi annû pānu (Je te connais, je connais ce regard), lâcha-t-il.
Elle éclata d’un rire amer, s’arrêta de marcher, et le fixa avec une intensité glaciale.
— Annītam, ū mīnu pānu, Aniel ?! Atta tūša bārû ? (Ah oui, et quel regard, Aniel ?! Tu es devenu devin ?)
— Celui que tu lances en quête d’une proie. Ce regard là. Aniel sentait la colère monter en lui, mais il garda son calme. Jade n’est pas une proie, Kida. Elle aime Kit, sentiment que tu ignores, puisque tu es dépourvue de toute émotion.
Les mots frappèrent Kida comme une lame, mais elle ne le montra pas.
— L’amour ? Et qu’est ce que ça t’a apporté, hein, mon cher frère d’armes ? À part de la souffrance ?! souffla-t-elle avec mépris. Je ne suis pas comme toi, Aniel. Je ne suis pas brisée par une perte. Peut-être qu’elle serait encore en vie si tu n’avais pas été aussi faible !
Ce fut la première fois depuis qu’ils se connaissaient qu’ils s’affrontaient de la sorte, prêts à en venir aux mains.
— Il est temps que j’y mette un terme ! grogna Kit. Tout en avançant vers la guerrière, elle sortit son épée de son fourreau.
— Kit ! Que fais-tu ?
Jade tenta de la stopper, mais en vain.
— Viens te mesurer à moi ! lança la princesse à la guerrière.
Kida ne put s’empêcher d’afficher un sourire glacial. Elle dégaina sa lame, d’un calme en opposition avec la fougue de la princesse.
— Très bien, répondit-elle d’une voix rauque. Voyons ce que tu as dans le ventre.
Avant que le combat ne commence, Jade, horrifiée, s’avança pour les stopper, mais Aniel l’attrapa doucement par le bras, l’empêchant de continuer.
— Laisse-les faire, murmura-t-il de sa voix grave.
— Mais, Kida va la tuer ! s’exclama Jade, les yeux écarquillés.
— Fais-moi confiance, elle ne lui fera aucun mal.
En une fraction de seconde, Kit se rua sur Kida. Leurs lames s’entrechoquèrent violemment. Les coups pleuvaient. La guerrière, rapide et brutale frappait avec une force démesurée. Chacune de ses attaques obligeait Kit à reculer.
— C’est tout ce que tu as, princesse ? la nargua-t-elle.
Le duel s’intensifiait, devenant plus féroce. La princesse ne parvenait pas à atteindre le corps de son assaillante, beaucoup trop agile, et fut rapidement en difficulté. Tous les coups qu’elle portait, étaient bloqués sans efforts par la guerrière, qui contre-attaquait avec une précision impitoyable, et ne faiblissait pas.
Kit, furieuse, tenta un coup bas, espérant déstabiliser sa rivale. Mais Kida anticipa le mouvement, dévia la lame de la princesse, et la désarma d’un geste puissant. L’épée vola à quelques mètres, avant d’heurter le sol.
En un instant, Kida avait sa lame pointée contre la gorge de la princesse. La respiration haletante, à la fois effrayée et enragée, ses iris s’étaient assombris, Kit sentait la froideur de la lame contre sa peau, sous le regard terrifié de Jade. Aniel, quant à lui, restait immobile, tenant la Bone Reaver par le bras. Le combat n’avait été qu’un simple jeu pour la guerrière.
— Retiens bien ceci, princesse : je ne perds jamais, lui lança-t-elle d’un ton froid et austère.
— Ça suffit ! la voix de Sorsha invectiva les deux combattantes. Comment osez-vous agir de la sorte ! Ce que Willow vous a dit n’a donc pas suffit ! Kida, tu es censée protéger ma fille, non l’affronter ! Quant à toi, Kit, tu es la princesse de Tir Asleen, agis comme tel ! Nous ne sommes pas sur un terrain de jeu ! Prends tes responsabilités !
Sous l’emprise de sa colère, Sorsha s’adressa à tout le groupe, de sa voix claire et puissante, non en tant que guerrière mais en tant que reine.
— En tant que reine de Tir Asleen, je vous ordonne à tous de mettre vos différends de côtés ! Nous avons besoin les uns, les autres, seuls nous ne gagneront jamais cette guerre !
Le silence tomba lourdement. Jade se précipita vers Kit, mais lorsque ses yeux croisèrent les prunelles sombres de sa compagne, une vague d’effroi la parcourut dans tout le corps.
— Je suis désolée, ma Reine, s’excusa Kida, mais ses paroles n’étaient pas réellement une véritable excuse.
Tandis qu’Aniel, stoïque, la fixa de son regard acéré.
Un lourd silence s’était abattu sur le groupe, alors qu’ils progressaient le long du chemin boisé. Aniel jetait de coups d’œil furtifs aux alentours, pendant que Kida marchait d’un pas lent, ses instincts de guerrière aux aguets. Elle scrutait chaque mouvement dans l’ombre, prête à réagir à la moindre menace.
— On dirait que quelque chose ne tourne pas rond, murmura Jade.
C’est alors qu’ils entendirent le cri d’une jeune fille.
— Vous avez entendu ? questionna Elora, inquiète.
Sans attendre de réponse, tous s’avancèrent prudemment dans la direction d’où provenait cette voix. Tous sauf Aniel et Kida.
— C'est un piège, souffla Kida à son frère d’armes.
— Probablement, lui répondit le guerrier.
— Tu plonges avec eux ou c'est moi ?
— Je pense que tu as besoin de te défouler alors… je te laisse gérer.
— Merci, dit-elle avec un sourire.
— Mais ne tue personne.
— Ah! Ce n’est pas juste.
— Bon. Tu peux les assommer si tu veux.
— Ce n’est toujours pas juste mais je m'en contenterai.
Aniel rejoignit les autres, et trouvèrent une jeune fille apeurée.
— Que se passe-t-il mon enfant ? demanda tendrement Sorsha.
Mais la reine n'eut pas le temps d’obtenir une réponse qu'une flèche se planta dans l'arbre près d’elle.
— Je crois que nous avons notre réponse ! s’exclama Scorpia.
— Fuyez...vite! cria la jeune fille, effrayée. Ou ils vous auront tous !
— Qui ? questionna Scorpia
Elle n'eut pas le temps d’obtenir une réponse qu'Aniel rattrapa de justesse une flèche qui allait se planter dans la tête de la cheffe des Bone Reaver.
— Je crois que nous n’avons pas le temps pour ça, rétorqua la guerrier.
— Vite suivez moi, je sais où il ne pourra pas nous atteindre, leur proposa la jeune fille.
Voulant échapper au plus vite au danger, tous suivirent l'enfant. Elle les mena derrière un rocher suffisamment grand pour que leurs ennemis ne puissent pas les voir.
— Mais bon sang où est-il celui-là ? s’énerva Lori.
— Je n'ai pas eu le temps de voir, rétorqua Aniel.
Ils se demandaient tous comment ils allaient pouvoir se sortirent de cette situation. Elora sentit quelque chose.
— Attendez, il y a quelque chose de pas normal ici.
La seconde suivante la sol se déroba sous leurs pieds, les faisant tomber dans un gouffre creusé à l'avance, tous sauf la jeune fille qui fut rejoint par un homme et la félicita.
— Bien joué ma p'tite, comme toujours.
— Merci, lui répondit l’enfant.
— Je n’arrive pas à croire que je me suis fait avoir par de vulgaires voleurs ! hurla Scorpia.
— Qu'allez-vous faire de nous ? demanda fermement Sorsha.
— Rien, rassurez-vous, pour montrer notre bonne fois, j'ai amené une corde pour vous faire sortir, rétorqua le voleur.
— C'est bien aimable à vous, ironisa Sorsha.
— Mais pas avant que vous n'ayez laissé derrière vous votre argent, vos bijoux...et vos armes aussi.
— Mais pour qui vous prenez-vous ?! s’écria Kit. On n'a pas que ça à faire !
— C'est le prix pour que je vous libère.
Voyant tous le monde essayer de trouver un moyen de se sortir de cette situation, Jade se rapprocha d’Aniel, resté en retrait.
— Où est Kida ? dit-elle en chuchotant.
— Tu verras, dit-il avec un léger sourire.
Le voleur prit une dernière fois la parole.
— Bon, si vous ne vous soumettez pas à mes exigences, je n'ai d'autres solutions que de vous laisser dans ce…
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que Kida surgit et le jeta, lui et la jeune fille, à plusieurs mètres.
— Aniel, qu'est-ce que tu fais ? hurla-t-elle
— Je t'attendais !
— Reste pas planter là, aide les autres à sortir ! Je me charge d'eux !
— Kida, n'oublie pas ce que je t'ai dit !!!
— Je ne te promets rien !
Au même moment une flèche arriva juste derrière la tête de Kida. Elle l'attrape sans difficulté et la brisa en deux d'une seule main.
— Aniel sort de cette fosse, occupe toi de ses deux là, moi je m'occupe de l'archer !
— Tu l’as repéré ?
— Pas encore, mais je vais le trouver.
Une flèche fut tirée et Kida s’en saisit en plein vol.
— Je te tiens, murmura-t-elle.
L'archer se trouvait à une centaines de mètres, perché sur un arbre. Se sachant repérer, il décocha ses flèches aussi vite que possible. Mais, Kida avec son épée les brisa les unes après les autres. Elle arriva à l’endroit où se trouvait l’assaillant. Se sentant prit au piège, il voulut décocher une dernière flèche mais trouva son carquois vide, à sa grande stupéfaction.
Kida donna un violent coup de point dans la tronc qui brisa l'arbre en deux et fit tomber l'archer. Ce dernier tenta de s'enfuir mais fut rattraper par la guerrière. Elle le projeta dans les airs, le faisant atterrir dans la fosse que le groupe avait quittée.
Kida les rejoignit, tandis qu’Aniel balançait le voleur au même endroit que son acolyte.
— Où est la gamine ? demanda la guerrière sur un ton autoritaire.
— J'y travaille, lui répondit son frère d’armes.
— Nous n'avons pas le temps de la chercher, ordonna Elora.
— Elle est leur complice, elle… riposta Kida.
— Ça m'est égal ! Comme tu nous l’as bien fait comprendre, nous ne sommes pas de taille à affronter le Wyrm et son armée. Nous ignorons quand et comment il attaquera. Si nous voulons que le roi Hayrald Saigur accepte de s'allier à nos côtés, nous devons nous rendre au plus vite à Cashmere !
Kida prit quelques secondes pour se calmer avant de répondre.
— Très bien votre Altesse mais... on fait quoi de ces deux là ?
—Laissons-les où ils sont. Ils trouveront bien un moyen de s'échapper.
La jeune fille intervint.
— Vous n'irez nulle part !
Tous se retournèrent et virent la jeune fille tenant un couteau sous la gorge de Sorsha.
— Libérer mes amis et je vous laisse partir ! ordonna-t-elle.
— MAMAN ! Libère-la tout de suite ou je … gronda Kit.
— Un pas de plus et je la saigne !
— Raven, laisse tomber, intervint le voleur.
La jeune fille s'exécuta. Kit courut vers sa mère et la prit dans ses bras.
— Euh...avant que vous ne partiez, j’aurais une question à vous poser, s’exprima le voleur.
— Qu'est-ce que tu veux savoir ? le questionna Kida.
— Vous avez bien dit le Wyrm ?
— Comment pourriez-vous connaître le Wyrm ? demanda Willow, étonné.
— Quand j'étais enfant des soldats du Wyrm sont venus attaquer mon village. Ils ont tué tout le monde, hommes femmes et même les enfants, idem pour mon ami. Si je suis en vie aujourd'hui c'est parce que l'un d'eux m'a épargné et m'a dit de rester caché jusqu'à leur départ. Je jure que si j'avais une chance même petite de pouvoir venger ma famille alors je combattrais cette saloperie jusqu'en enfer s’il le faut.
— Moi aussi, s'il vous plaît laissez nous venir avec vous, supplia l’archer.
Kida ramassa l'arc et questionna son propriétaire.
— Quelle est la puissance de ton arc, archer ?
— Euh cent livres. Pourquoi ?
— Impressionnant, pour un simple humain.
— En tout cas c'est ce que le vendeur m'a dit.
— Eh bien tu t'es fait arnaquer. Il n'en fait que quatre vingt-dix.
— Je l'ai volé de toute façon.
— Pourquoi je ne suis pas étonnée, répondit Kida en chuchotant.
Elle se retourna vers Elora.
— Votre Altesse, je ne sais pas si ces de là peuvent nous apporter quelque chose, elle jeta un regard furtif en direction de la jeune fille et du voleur. Mais je pense que l'archer nous serait très utile. Un homme utilisant un arc doté d'une telle puissance est rare et encore plus rare sont ceux qui savent viser avec une telle précision comme il l’a démontré. Quand pensez-vous ?
— Il est rare que tu dises des choses positives Kida. Si tu dis qu'ils peuvent nous être utiles alors ils sont les bienvenus. Même petite, une aide est toujours précieuse.
— Vous ne le regrettez pas, je vous le jure, s’exclama le voleur.
Kida sauta dans la fosse et fit sortir les deux prisonniers. Les deux hommes et la jeune fille se dirigèrent vers Elora.
— Au fait, je me nomme Lorcan, voleur de profession.
— Et moi Eldor, le meilleur archer, pour vous servir Altesse.
— Et toi ? demanda Elora à la jeune fille.
— Raven.
Willow connaissait la réputation d’Eldor qui n’était plus à faire. Un archer comme lui, serait un véritable atout pour l’équipe.
— Eldor et Lorcan, j’ai souvent entendu parler de vous, mais je vous ai toujours considérés comme un mythe, s’exprima Willow. Bien il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant d’arriver à Cashmere, alors en route.
— Attendez ! les stoppa Lorcan. Vous avez bien dit Cashmere ?
— Oui, pourquoi, il y a un problème ? s’inquiéta Willow.
— Un très gros problème, je dirais. Depuis la dernière attaque et trahison qu’il a subit, le roi Hayrald Saigur sera difficile à convaincre. Il refuse toute alliance. Il est devenu très méfiant et inapprochable. Il vous faudra plus qu’un simple discours.
Sorsha et Willow se regardèrent, silencieux, tandis que Kida intervint.
— Nous n’avons pas l’intention de discuter longtemps, répondit Kida. Si les négociations échouent, je m’occuperai personnellement de le convaincre.
— NON !!! Kida, on gère !!! s’exclamèrent à l’unisson, Willow, Sorsha et Jade.
— On vous suit, répondit Lorcan, pendant qu’il aidait Raven.
Tous reprirent la route avec leurs nouveaux alliés. Aniel remarqua l’inquiétude de Kida sur son visage.
— Ne me dis pas que tu regrettes ta décision envers nos nouveaux compagnons de route, lui demanda Aniel.
— Je ne m'inquiète pas pour les deux hommes, ils sont inoffensifs, mais j'ai des doutes sur la jeune fille.
— Comment ça ?
— Mon instinct me dit de me méfier d'elle.
— Dans ce cas, restons vigilants.
— Il n'y a pas que ça, Aniel.
— Que veux-tu dire ?
— L'histoire de Lorcan, je sais qui est le soldat qui l’a épargné.
— Qui est-ce ?
— Moi.