Black Templar Tome III
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Dord courait à perdre haleine. Les cliquetis de sa cotte de maille contre son armure résonnaient dans la tranchée, alors qu’il essayait de rejoindre son sergent, en mauvaise posture, plus loin, sur la ligne de bataille. Sa carrure imposante repoussait les Gardes impériaux contre les parois de la tranchée qu’il essayait de traverser. Sur les remblais, les autres soldats tiraient maintenant presque à volonté. Une position de bolter lourd, envoyait rafale longue sur rafale longue, hachant les Orks qui tentaient de franchir la ligne. Jusqu’à ce qu’une explosion vienne emporter la position d’arme lourde, avec ses servants dans un geyser de sang. Dord devait enjamber voire même sauter par-dessus les cadavres des soldats impériaux qui s’entassaient au fond de la tranchée, alors que les survivants se précipitaient sur la position libre, pour combler les pertes subies. Tout ça ne ressemblait qu’a un immense hachoir à viande. D’un côté entrait des soldats, de l’autre sortait de la viande froide.
Un virage à droit, courir sur cinquante mètres puis un virage à gauche. Le sol était rendu glissant par le sang et les boyaux. Au dernier virage Dord, emporté par son élan, percuta le mur en face de lui de l’épaule droite, y faisant un trou dans le béton coulé, et la terre retournée par les explosions.
Il reprit sa course, toujours déterminé à rejoindre son officier. Son affichage tactique lui indiquait encore quatre cent mètres à vol d’oiseau, peut-être le double, en passant par les tranchées. Il venait d’arriver dans un boyau un peu plus large que les autres. Toujours sur le parapet une ligne de soldats tirait en continu vers le champ de bataille, ne s’arrêtant que pour recharger, ou se mettre à couvert quand une rafale venait mordre dans les sacs de sables qui leur servaient à poser leurs fusils pour tirer.
Dord continua sa route, dégageant sans ménagement ceux trop lents ou trop occupés pour lui faire de la place pour passer. Ils envoyaient des Gardes Impériaux au tapis sur son passage, ceux-ci se relevaient sans se poser de question, et remontaient sur le front pour accomplir leur devoir. Accroupis au fond de la tranchée Dord surprit un officier, reconnaissable par sa casquette alors que tous autour portaient leurs casques lourds, hurler dans un poste radio, une poignée de soldats autour, l’air inquiet.
-Demande de mission de tir, obus incendiaires, cinquante mètres en avant de ma position ! Je m’en fiche que je sois trop prêt, les Orks sont sur nous. C’est un ordre ! Non ne me mettez pas en atten…
La phrase mourut dans sa bouche alors que la pointe d’une lance artisanale vint se ficher en plein dans son thorax. La scène aurait pu paraitre incongrue, mais cela ne voulait dire qu’une chose, les Orks étaient à portée. Ils étaient là. Soudain la lance toujours fichée dans le cadavre de l’officier, détonna. Une charge explosive improvisée vint tuer tous les soldats autour dans un rayon de cinq mètres, envoyant une pluie de chair et d’os sur l’Astartes, et ceux encore en vie. Dord s’arrêta net. Alors qu’un immense peau verte, couvert de cicatrices et de tatouages, atterri prestement sur ses jambes musclées au fond du trou créé par sa lance. Il sorti de son étui une hache rouillée et attaqua aussitôt. Un soldat qui se relevait péniblement, semblait désorienté. Ses oreilles devaient siffler après une telle explosion juste à côté de lui, et c’était un miracle qu’il ne fut pas tuer dans les premières secondes. La hache de l’Ork le coupa net de l’épaule à la hache, dans un bruit de succion, alors qu’un sang chaud sorti de son corps par flots. Il tomba raide mort à terre, alors que l’Ork attaquait les Gardes de dos, toujours occupés à tirer vers le champ de bataille.
Dord réagit en une demie seconde, et dégaina de sa main droite, sa gauche tenait toujours fermement son pavois, son pistolet bolter. En deux cartouches bien placées il venait de faucher l’Ork au fond de la tranchée, et son cadavre reposait sur ceux des Gardes qu’il venait de tuer. Une clameur résonna sur la plaine, alors que Dord s’apprêtait à reprendre sa course, mais dans un mouvement d’hésitation, il s’arrêta, et se dirigea vers le remblai. De nouveau soldats d’autres escouades arrivaient en courant des tranchées secondaires et tertiaires pour combler les pertes sur la ligne. Dord bien plus grand qu’un homme ordinaire, était accroupi, et regardait vers les positions Orks. Malgré les feux, la fumée et les explosions, ils voyaient distinctement des silhouettes s’approcher à grande vitesse. Ils étaient chargés.
Alors qu’il s’apprêtait à donner ses ordres, un sergent, à en juger par ses galons se posta à sa droite, et hurla à tous ceux qui pouvait l’entendre de fixer leurs baïonnettes aux canons de leurs fusils laser. Un ordre censé, pensa pour lui-même Dord, toujours son pistolet bolter dans la main. Il comptait diminuer le nombre d’ennemis à distance, avant de dégainer son épée. Même s’il ne voulait que les faucher au corps à corps, la retenue était de mise, pour l’instant, et pas pour longtemps.
-Un soutient d’artillerie nous faciliterait la vie, parla pour lui-même le sergent. Nous n’avons que des mortiers légers, ça ne suffira pas. Bon, c’est mieux que rien.
L’ouïe surdéveloppée de Dord entendit ses mots qui sortaient des lèvres du sergent, alors qu’il donnait ses ordres à la batterie de trois mortiers une cinquantaine de mètres en arrières pour saturer le champ de bataille devant eux. Les silhouettes devenaient maintenant des formes physiques, comme des fantômes qui devenaient des monstres alors qu’ils vous fonçaient dessus. Dord tourna la tête vers le sergent qui le regarda dans ses optiques. Dord aurait pu mépriser sa faiblesse de corps, il n’était qu’un humain après tout, si fragile, et si chétif comparé à un Astartes, mais pourtant ils partageaient les mêmes champs de bataille, les mêmes ennemis. Un courage était indispensable, et indéniable. Et cela, Dord ne pouvait que le respecter. Il lui fit un signe de tête entendu, que le sergent lui rendit, alors que les Orks fonçaient sur eux, et que les l’échanges de tir reprit avec toute sa force, et que les obus de mortiers venaient exploser aux milieux des corps verts.
Le combat durait depuis peut-être une heure ou une minute, Dord ne saurait le dire. Les Orks avaient finalement franchis les parapets, et un corps à corps violent avait éclaté. Il se battait dos à dos avec le sergent avec qui il partageait ce bout de tranchée. Ils avaient tous les deux abandonnés leurs armes à distance. Le champion Astartes avait dégainée son épée énergétique ainsi que son pavois, alors que le Garde, tenait son épée tronçonneuse à deux mains. Il la maniait bien, aux vues des standards humains, mais il était lent comparé à l’Ange de l’Empereur derrière lui. Ses bras commençaient à faiblir, il était en nage et à bout de souffle mais il continuait de se défendre. Dord trancha de haut en bas en Ork qui tentait de le charger en face de lui, alors que deux de ses congénères profitaient de la diversion pour eux aussi tenter leur chance. Sans attendre, Dord d’une main para une attaque de son pavois et lança une attaque d’estoc en plein sternum du second Ork. Le deuxième mourut en une seconde, tombant comme un tas de linge sale au sol, mou, et sans vie, un sang infecte sortant violement de son corps, laissant le temps à Dord de parer la deuxième attaque de son épée. Ses deux parades offrirent une ouverture assez longue à l’Astartes pour lui asséner un coup de caque.
Le choc fut violent. Assez puissant pour briser la face de l’Ork qui tituba quelques pas en arrière. Sans attendre d’avantage, il finit son adversaire, d’un simple revers de son épée à double tranchant, sectionnant la tête, et les mains de son porteur qui touchaient son visage explosé et sanguinolent. De son côté, Dord ne contemplait que des monceaux de cadavres Orks, empilés au-dessus de ceux des Gardes impériaux mort pour protéger la tranchée. Il venait d’éliminer le dernier adversaire, mais dans moins d’une minute de nouveaux arriveraient, tout aussi avide de combat et de sang.
Le sergent dans son dos était quant à lui en mauvaise posture. Il se battait contre un seul Ork, mais sa faiblesse musculaire et raciale ne jouait pas en sa faveur. Il était pris dans un corps à corps mortel, et avait réussi à bloquer un coup de hache de son épée tronçonneuse à quelques centimètres de son cou. Sa lame vrombissait alors que l’Ork appuyait de toute sa masse pour faire plier le Garde en position défensive. L’Ork jouait la montre. L’homme ne pouvait plus tenir éternellement et malgré son entrainement acharné, ses muscles faiblissaient. Il n’avait aucune chance face à un adversaire de presque deux fois sa taille et trois fois son poids. Son seul avantage était son épée tronçonneuse qui mordait dans la l’arme de son adversaire, envoyait des étincelles dans toutes les directions. Les dents tranchantes contre la force brute.
Dord arriva d’un pas sévère, poussant sans ménagement le Garde de côté, qui s’écroula au sol, au milieu de ses hommes morts. Dord envoya un puissant coup d’estoc de son bouclier en avant. L’adamantium de son pavois fracassa l’arme ennemi, le bras de son porteur mais aussi le corps de l’Ork derrière. Brisé, le peau verte, suffoquait au fond de la tranchée, impuissant, brisé. Dord l’acheva d’un coup de bote en plein visage.
Le sergent humain se releva difficilement, pantelant, comme après un effort surhumain. Il avait réussi à lui seul à tuer une poignée entière d’Orks au corps à corps, ce qui était déjà un exploit, mais le dernier avait bien failli lui ôter la vie. Maintenant début, il épousseta son uniforme couvert de bout et de sang humain ou Orkoïde, et risqua un œil vers le champion de l’Empereur qui le regardait faire.
Dord risqua un signe de tête en articulant difficilement un remerciement alors que toutes les alarmes avertissant un changement de température brutale et de pression, hurlaient dans le heaume de Dord qui regardait le sergent se remettre debout. Il n’eut pas de temps de formuler une mise en garde alors qu’une lueur éblouissante surgit de par-dessus le parapet.
Après coup, s’il c’était trouvé en dehors de la tranchée, il en était sûr, il aurait été vaporisé comme le reste des hommes autour de lui. Même dans son armure, il sentait la morsure de la chaleur du tir du Gargant Ork. Pourtant le tir ne lui était pas destiné, ni pour lui ni pour la section de tranchée qu’il défendait. Le tir était éloigné, mais même aussi loin, quelques sceaux de pureté et son tabar avait pris feu. Ils les avaient éteints alors que ses oreilles sifflaient. Il en était aussi sûr, son armure et les parois autour de lui, l’avaient sauvées. Soudain il se rappela le sergent de la Garde avec qui il c’était battu, il regarda autour de lui, et partout où son regard se portait, il ne voyait que les cadavres humains et Orks du combat précédent affreusement brûlé et même certains entrains de se consumer. L’odeur de chair brûlée devait être infecte.
Il vit enfin, une silhouette tenter de s’éloigner en trébuchant, malhabile. Dord se rapprocha du sergent de la Garde, mal en point, lui tendant une main amicale. Quand l'homme se retourna, le spectacle aurait pu glacer le cœur des soldats les plus aguerris. Le contrecoup du tir énergétique Ork venait de créer un tel changement de pression atmosphérique, qu’un effet thermobarique à grande échelle venait de se déclencher.
Le sergent mourant, brûlé au troisième degré sur la majorité du corps, presque nu, son uniforme vaporisé sur sa peau, fondu et mêlée avec elle par endroit, ses poumons ressortant de sa bouche, des bulles de sang et de viscères lui sortant de tous les orifices, déambulant, hagard dans la tranchée. Il tomba d’un coup, mort dans d’atroces souffrances, dans ses sécrétions. Dord s’arrêta dans son geste de pure bonté, pour fermer son cœur à toute la souffrance dont il venait d’être témoin. Son entraînement et son esprit reprirent le dessus. L’Astartes risqua un œil par-dessus le parapet. Les alarmes sonnèrent à tout rompre alors que la température montait en flèche dans l’affichage tactique de son heaume.
La lande était brûlée, roussie. Les cadavres des Orks et des Gardes venaient se mêler, alors qu’ils se consumaient en silence, maintenant que le tir du Gargant venait dès le frôler.
La température commençait à peine à descendre, mais restait pour l’instant invivable. Dord retourna sous le parapet, la peinture de son heaume avait commencé à s’écailler et brunir. Le sifflement de ses oreilles commençait à peine à cesser alors que des cris de douleurs, de peur et de désarrois résonnaient sur le réseau vox. Les pas du Gargant reprirent de plus belle, son arme monstrueuse se rechargeant et refroidissant pour un prochain tir dévastateur.
-Le sept cent quatre-vingt quatrième a disparu ! Répondez par l’Empereur !
Aucune réponse. Les appels partaient dans le réseau vox mais ne ils ne trouvaient personne en vie pour y répondre. Le sept cent quatre-vingt quatrième régiment de cavalerie blindée de Gorst avait subi le moins de pertes comparé aux autres régiments depuis le début de la campagne. C’était pourquoi, ils tenaient cette position d’une main de maître depuis le début de la bataille. Ils étaient bien retranchés, préparés. Ils étaient tous des vétérans de guerres purificatrices des lunes de Gorst et des campagnes extra système.
Mais en un tir, ils n’étaient plus. Plus de cents chars d’assaut Leman Russ, et deux milliers de vies furent simplement effacées par la puissance du tir du Gargant. Ne laissant que feu, carcasses fracassées et un trou béant dans la ligne de bataille Impériale.
Dord reprit sa course, à demi courbé, veillant à ne pas laisser dépasser son armure pour la protéger des retombées du tir énergétique surpuissant, bien décider à rejoindre son officier avant que leur fin de vienne tous les prendre.
-Préparez-vous à un virage serré sur notre tribord. Que nos équipes de bâbord se tiennent prête à cesser le feu, réparer et s’occuper de leurs morts et blessés. Que notre équipe de tribord s’attendent à un tir soutenu. Nous joindrons nos tirs à ceux du Pride. A mon ordre, début de la manœuvre !
Alors que la passerelle penchait dangereusement à tribord et que les plaques de gravité artificielle luttaient pour maintenir tout l’équipage sur ses pieds dans c virage aussi serré, une ordonnance hurla sur la passerelle :
-Pic d’énergie détectée à la surface ! Un tir d’une puissance folle vient d’être enregistré. Il ne correspond à aucune arme en notre possession !
La force gravitationnelle se faisait sentir sur les corps. Quelques objets ou revêtements mal attachés à la structure venait dégringoler au milieu de la passerelle. L’équipage respirait mal, la cage thoracique écrasée par les forces de l’univers physique.
-Image ! Sur mon écran ! Ordonna Ström.
Le Pride lui aussi entamait son virage serré pour présenter son flanc le moins endommagé par la bataille spatiale en cours pour reprendre le tir continu qui leur permettrait de stopper l’avancée Ork.
Le croiseur Ork qui venait de percuter le Pride se disloquait petit à petit dans ce changement de cap si soudain. Sa mauvaise construction et son manque d’entretien l’achevèrent alors que sa proue était toujours fichée dans le flanc du Pride. Le métal grinça, se tordit jusqu’au moment fatidique où le croiseur commença à se briser sous les forces titanesques exercées, seule sa proue blindée resta fichée dedans, défigurant un antique navire impérial dont la renommée n’était plus à faire. Des débris de la taille de bâtiments impériaux, volaient de tous les sens. Si des bâtiments de plus petites tailles amis ou ennemis, entraient en collision avec ceci, c’était la mort assurée et l’espace proche des deux navires impériaux en était saturé. Les deux mastodontes des armées de l’Empereur s’en éloignait le plus vite possible, toutes les armes de leurs flancs tribord reprenant un tir continu à une cadence infernale.
Les images orbitales qui défilaient sur son écran pix dont le réseau sautait par intermittence sous les coups de macro canons qui percutaient les boucliers nouvellement rechargés de son navire et ceux qu’ils expédiaient en riposte.
Ce qu’il voyait l’horrifia. A la surface de la planète, une arme d’une puissance incommensurable venait de tirer. On pouvait voir la balafre qu’elle venait d’infliger depuis les cieux et même l’espace. Les fumées des feux de la bataille et du tir, venait dériver haut dans les airs, à plusieurs kilomètres, rejoignant les nuages et brouillant la vision du capitaine Ström et du Revenant. Pourtant il arrivait à le distinguer. Une balafre profonde et longue d’une cinquantaine de kilomètres de long, rougeoyante, comme si la terre était en fusion partait du champ de bataille jusqu’à la cité Ruche derrière.
Les Orks n’avaient pas fait dans la dentelle. Pour toucher la dernière cité Ruche de Gorst, ils avaient tiré en ligne droite, droit vers leur cible. Sans aucune considération pour les pertes alliées occasionnées. Le tir avait traversé la moitié de la région pour touche la cité, tuant tout sur son passage et ses alentours.
Après un léger zoom sur la dernière capture pix, Ström distingua très clairement la carrure d’un titan ennemi. Une classe Gargant, armé d’un canon a énergie d’une taille incomparable. Ce genre d’engin était surarmé et sûrement protégé d’un bouclier Void ou de ce qui s’en rapprochait le plus possible dans les standards de la technologie Orkoïde.
-Un bombardement orbital suffirait largement à l’endommager ou le détruire, pensa pour lui-même Ström.
Mais abandonner sa position et le combat en cours revenait à condamner le Pride et leur ligne de défense, laisser les Orks foncer sur la planète pour y débarquer des renforts. C’était inenvisageable. La mort dans l’âme il se résigna et donna ses ordres :
-Reprenez le tir, pleine puissance. Travaillez de concert avec le Pride. Pulvérisez-moi cette race de peau verte toute entière. Faites-leur payer !
-Élévation maximum ! Chargez les perforants ! Feu à volonté ! Hurla le capitaine Dechenko dans l’habitacle de son char.
Les servomoteurs électriques alimentés par l’électricité produite par le moteur au prométhium qui venait de monter en régime, s’orienta vers le ciel pour viser le Gargant qui continuait d’avancer et de tirer de toutes ses armes. Le char de Kratchev lui aussi orienta son canon vers le Gargant, ainsi que toutes les armes lourdes de la ligne de bataille. Laissant progresser les troupes à pied bien trop facilement.
-Feu ! Feu ! Feu ! Abattez-le !
Les canons crachèrent. Les châssis reculèrent et s’enfoncèrent dans la terre sous l’effet du recul des tirs. Aussitôt les chargeurs s’activèrent pour réintroduire un nouvel obus dans la culasse. Ce fut comme si toute la ligne de bataille ouvrit le feu sur la chose qui venait les piétiner. Des hommes essayant de tuer un véritable dieu de la guerre. Invincible.
Une batterie complète de canons Basilisks, normalement employés pour du tir en cloche à longue distance, pour pilonner les lignes ennemies, venaient de pointer leurs canons vers le torse du Gargant, dans une position de tir direct. Les obus de quarante kilos furent chargés et dans des détonations qui retournèrent la terre et l’herbe, ils ouvrirent le feu.
Certains obus tombèrent trop court, d’autre trop loin. D’autre même, manquèrent complètement leur cible. Mais la majorité touchèrent au but. Sous autant de de kilotonne d’équivalent d’explosif le Gargant s’immobilisa et disparu sous une tempête de feu. Les flammes, les feux, et les fumées l’enveloppèrent comme un écrin de destruction.
Certains équipages de char, les yeux rivés sur leurs jumelles ou leurs optiques hurlèrent de joie bien trop vite alors qu’ils virent le monstre d’acier Ork disparaître sous un déluge qui aurait envoyé au tapis n’importe qu’elle autre machine.
Dechenko s’autorisa une demie seconde d’espoir quand il vit les obus filer vers la machine Ork et détonner dans une violence non contenue. Le spectacle était saisissant mais fut de courte durée.
Un son de corne de brume long et violent vint couper court et souffler chaque braise d’espoir comme un vent d’été. On ne pouvait tuer aussi facilement un dieu, et cela l’avait mis en colère. Le Gargant en un pas sorti du feu ennemi, ses boucliers absorbants ou délectant chaque tir en approche comme si ce n’était rien, luisant et ondulant d’une lueur jaune maladive voir même verte profonde aux points d’impacts des obus qui détonnaient sur sa peau énergétique infranchissable.
Il répliqua sans attendre. Son canon énergétique qui venait d’oblitérer plus d’un régiment entier en une seule salve refroidissait encore et ne pouvais tirer. Mais tout le reste de son armement lui, ouvrit le feu. Et toujours ses yeux d’une lueur menaçante, scrutait la plaine qui tentait de le stopper.
Le canon rotatif qu’il portait avec ce qui lui servait de deuxième bras tourna de plus en plus vite, montant en régime. L’arme ressemblait à s’y méprendre aux canons gatling Punisher monté sur les chars Leman Russ de la Garde mais d’un modèle bien plus gros. Elle devait faire la taille d’un bâtiment modeste et même de la ligne de bataille, le sergent Brüner pouvait voir cliqueter et se balancer dans les airs, la chaîne de cartouches qui venait l’alimenter. Une seule pensée traversa l’esprit du sergent, toujours en combat avec l’infanterie peau verte. S’il pouvait voir avec autant de détail son armement d’ici, alors les cartouches que le Gargant tirait, devaient faire la taille d’un homme, au moins.
À peine l’idée fusa dans son esprit que le canon ouvrit le feu. Le Gargant dû s’immobiliser pendant le tir, le recul trop puissant menaçait de le faire tomber à la renverse ou d’arracher les portants de son arme mortel.
Il balaya de gauche à droite, la ligne de bataille, expédiant de son canon à haute vitesse de tirs des obus de la taille d’un homme sur les impériaux désemparés. Chaque obus qui venait toucher un char ou une casemate venait la vaporiser sous la puissance du projectile haute vélocité. C’était comme si un Dieu d’ingénierie avait militarisé et fusionné six canons de Basilisks en une seule et même arme qui crachait la mort.
Et ses armes secondaires et tertiaires n’étaient pas en reste. Sa peau de métal, d’adamantium et d’autres matériaux recyclés ou volés, regorgeait d’emplacement d’armes, de canons et d’Orks ouvrant le feu sur tout ce qu’ils voyaient. Toujours sur son plastron le poing d’un gantelet Astartes venait blasphémer tour ce qu’il y avait de plus sacré alors que le Gargant déployait la puissance de feu d’une armée à lui tout seul, et le reste de la Waagh progressait inexorablement.
Brüner esquiva un coup de hache rouillée qui lui aurait sectionné la tête des épaules mais ne vit pas celui qui visa son épaule. Heureusement son épaulière de céramite dévia la puissance de l’impact vers l’extérieur ce qui ne l’empêcha pas de ressentir une douleur fulgurante dans bras. Le premier Ork et le second attaquèrent de nouveau ensemble, Brüner prit la décision de contre attaquer avant de perdre son avantage. Il envoya un coup de son casque dans la face du premier qui fut envoyé au sol non loin alors que le deuxième dans son dos fut sur lui. D’un violent coup de coude vers l’arrière il arrêta l’attaque et se retourna juste assez vite pour bloquer un coup de hache descendant vers lui. Il agrippa la main qui tenait la hache pour bloquer le coup et un duel de force commença.
L’Ork était presque aussi grand que le sergent Brüner mais sa physiologie alien lui avait donné une force physique bien plus poussée. Sans son entraînement, son expérience et sa physionomie d’Astartes, le sergent aurait été broyé par autant de violence. Là il combattait à armes presque égales. Il pouvait rivaliser et donc gagner. L’Ork hurla de sa rage à la face armurée du sergent, envoyant des postillons de salive mais aussi de sang humain sur la visière. Ils mangeaient les cadavres des hommes qu’ils tuaient, ou même pire, ils tuaient les hommes à mains nues pour les dévorer. Leur sauvagerie n’avait aucune limite.
D’une violente torsion du poignet, le sergent Brüner brisa d’un seul coup la main de L’Ork qu’il tenait dans leur empoignade. Il lui hurla de douleur au visage une nouvelle fois, et Brüner lui envoya un nouveau coup de casque en pleine face. Aveuglé, L’Ork ne fit pas le coup de botte venir lui briser un genou. Il tomba à terre, toujours en hurlant, saignant par plusieurs plaies et fractures ouvertes. Brüner décida d’en finir, il saisit l’arrière du crâne de L’Ork mourant et l’écrasa avec toute la force qu’il lui restait, contre la paroi de la tranchée. L’os craqua mais le sergent ne s’arrêta pas avant de n’avoir plus que dans sa poigne une bouillie d’os et de cervelle.
Il regarda autour de lui, essoufflé par l’effort des combats il n’avait pas remarqué que la vague Ork avait reflué, mais seulement pour un temps, grâce à l’arrivée de ses hommes. Les Astartes arrivèrent en vociférant, hurlant ou chantant des cantiques agressifs à l’encontre des xénos. Le lance flamme de frère Karl brûlant tout sur son passage, le bolter lourd de Johann balayait lui aussi de ses tirs surpuissants la plaine, se joignant à ceux du reste de l’escouade qui venait d’arriver, répondant à l’appel de leur chef légitime.
Des renforts en Gardes Impériaux des lignes secondaires et tertiaires venaient d’arriver eux aussi. Plus loin, une équipe d’arme lourde de la Garde maniait un bolter lourd sur trépied et son tireur envoyait salve après salve sur le Gargant ennemi, sans aucune chance de lui faire un seul dégât, mais sur son visage, on ne pouvait lire que colère, haine et folie. Il était dans une transe que seule la mort d’un ennemi pouvait arrêter. Soudain, il disparut, lui et son équipe quand un des immenses obus du Gargant vint détonner à ses pieds, envoyant sur ses camarades une pluie de boue et de membres déchiquetés. Partout où regardait Brüner, la folie et les horreurs de la guerre régnaient. Des hommes pleuraient ou hurlaient, secoués psychologiquement par la présence d’un Titan adverse, des charges brutales de la Waagh qu’ils avaient de plus en plus de mal à repousser, ou des explosions maintenant constantes qui venaient prélever un tribut horrible aux survivants qui tentaient de combattre encore. Des commissaires arpentaient le fond de la tranchée et venaient administrer aux choix, la paix de l’Empereur aux mourants ou des exécutions sommaires aux lâches et à ceux brisés, dans leurs esprits. Partout sur la ligne, les Gardes attendaient un ordre, quelque chose, d’un commandement surement désemparé, ou même détruit.
Partout où regardait Brüner, il ne voyait que des hommes prêts à mourir, se sacrifier, pour une seule chance de victoire. Mais ici, il n’y en avait aucune. Bientôt l’arme énergétique du Titan aurait refroidit et rechargée, bientôt il pourra tirer encore une fois, et aucun doute possible, il les anéantirait en un seul coup, ou la Waagh le fera pour lui.
Il n’y avait plus aucun autre choix. Brüner commença à remplir ses portes chargeurs avec les chargeurs pleins qu’il trouva. Vérifia la culasse de son arme, et tenta de la nettoyer des poussières ou du sang qui l’avait aspergé durant toute cette bataille. Pour ce qui allait suivre, il aurait besoin de toutes les ressources disponibles, et de toutes ses armes.
Markus, qui finissait de massacrer un Ork au sol de ses poings remarqua le rituel de son sergent, et comprit aussitôt. Lui aussi était blessé, mais il avait compris sa stratégie. C’était la seule viable. Dans un hurlement amplifié par les hauts parleurs de son armure, il hurla de toutes ses forces, les seuls mots qu’une dizaine de milliers d’âmes encore en vie voulaient entendre :
-Préparez-vous, Hommes de l’Empereur !
Dans un chuintement de frein et de suspensions, le Comptent s’immobilisa aux côtés du Hunter’s, ouvrant ses trappes. Comme un seul homme, les Astartes rentrèrent à l’intérieur, maintenant protégé par le blindage épais des chars, qui allaient les emmener là, où, aucun homme censé n’aurait imaginer aller. A la rencontre de son ennemi.
Les Gardes, moins chanceux, commencèrent à fixer leurs baïonnettes aux canons de leurs fusils. Certains désarmés, s’armèrent de toute ce qu’ils trouvèrent. Une pelle dans une main, un pistolet laser dans une autre. D’autres, s’équipèrent avec tout ce qu’ils purent. Des sacs de grenades entiers, en bandoulières, ou des boites de munitions pour bolter lourd. Attendant le seul signal qui pourrait les libérer.
Brüner ne monta pas dans le Contempt comme le reste de ses hommes, mais préféra s’accrocher aux arceaux extérieurs, d’une main ferme et puissante, à ceux du Hunter’s, qui allait mener la charge. Il dégaina son bolter, et regarda derrière lui, pour voir tous les visages d’hommes, de femmes, des blessés, et des mourants, tournés vers lui. Ils le suivraient tous, vers la mort, l’œil de la terreur, il le savait.
-Rechargement presque terminé ! Je charge le dernier obus ! cria Valdemar dans l’habitacle du Hunter’s.
Il avait quitté son siège de pilote, pour courir, accroupi de l’autre côté du char Predator, ouvert sa trappe de chargement de munition arrière, et commencé à transvaser les obus par clip de cinq dans le chargeur automatique du canon. Il ne le remarqua pas toute de suite, sous l’effet des explosions alentours, des cris et des tirs, mais avant le dernier obus, il reconnut le technoprêtre qui supervisait le rechargement. C’était le fabricator général, celui qui gérait il y avait de ça quelques années toute la production de cette planète, et maintenant il supervisait le rechargement d’un simple char Astartes. Les temps étaient durs, ironisa dans sa tête Valdemar.
-Dépêches-toi pilote ! C’est l’heure, nous allons charger l’ennemi ! Hurla le chef de char.
Valdemar ferma aussitôt la trappe de chargement, croisant une dernière fois le regard mécanique du technoprêtre qui le regarda faire. Valdemar se dirigea toujours avec vitesse et dextérité vers sa cabine de pilotage, passant sous la tourelle. Il en profita pour glisser un mot au tireur, et une tape amicale sur sa cuisse, qu’il connaissait depuis maintenant des années. Ils avaient survécu au processus de sélection des Black Templars ensemble, et ils survivraient et vaincraient ensemble. Valdemar atterrit lourdement sur son siège, et actionna le démarreur. Comme un animal en cage trop longtemps, les moteurs du char se réveillèrent en une seconde, crachant une fumée épaisse et bleue dans l’air, signal, que le monstre de puissance c’était réveillé. Frère Thomaas dans sa tourelle avait repris le tir, ajoutant à chaque tir une proie à son tableau de chasse déjà impressionnant. Un rapide coup d’œil du pilote à ses instruments, l’avertit que le sergent Brüner, son officier supérieur direct, était sur son blindage droit, à haranguer les hommes autours de lui. Jusqu’à ce que dans toutes les radios le signal résonna :
-Chargez ! Résonna la voix puissante du sergent Brüner.
Les moteurs hurlèrent à la mort, les chars et les hommes sortirent de leurs trous. Toute la ligne de bataille s’éveilla pour aller à la rencontre d’un ennemi supérieur en nombre, en force, et en armement. Une marée d’espoir contre un océan de folie et de barbarie. C’était comme cela que commençait les légendes.
Le Fabricator général se faisait bousculer, de tous les côtés, alors que le dépassait des escouades de Gardes hurlant, et chargeant droit devant eux, suivant les chars du sergent Brüner qui venaient de dévaler la pente. Il resterait lui, ici. Pour coordonner les rares pièces d’artilleries encore en services, l’évacuations des blessés, et l’approvisionnement en munitions. L’esprit cybernétique du Fabricator calcula rapidement que c’était la meilleure stratégie possible de la part du sergent Brüner. Charger la créature de type Titan, pour se mettre à couvert de ses armes surpuissantes et ainsi se mettre à couvert d’une annihilation à longue portée. Il calcula aussi les probabilités de succès de cette stratégie. Il fit ce qu’il n’avait pas fait depuis maintenant deux siècles complet, il s’autorisa à espérer un miracle. Car c’était la seule chose capable de leur permettre de réussir.
-Bonne chasse mon seigneur Brüner des Black Templars. Voxa-t-il pour lui-même à voix basse dans le vacarme de l’artillerie dans son dos et des Gardes hurlant et courant autour de lui.