Black Templar Tome III

Chapitre 10 : Vae Victis

2986 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 24/04/2022 11:50

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La chaleur était étouffante, l’atmosphère lourde et les effluves de transpiration dues au stress et à la promiscuité de l’endroit venaient s'ajouter aux encens bénis qui brûlaient lentement sur les autels, dressés à la gloire de l'Empereur-Dieu.


Le sergent Brüner avait l'habitude de tout cela. Aussi loin qu'il s'en rappelait, à un moment précis, dans n'importe quelle guerre qu’il avait livrée, il respirait la même odeur de peur, de testostérone, de violence et de transpiration, et toujours dans le lieu confiné d’un bunker de commandement. Il avait vécu cette scène tellement de fois que ses souvenirs venaient se confondre avec d’autres, si bien qu’au moment où il essayait de se rappeler un moment précis, seule une bouillie indiscernable venait à son esprit fatigué par toutes ces décennies de guerre ininterrompues.

Mais un détail venait s’ajouter à toute cette scène. Comme si ce qui se déroulait devant ses yeux, ne voulait pas être oublié de si vite. Le poste de commandement dans lequel il se trouvait et il était assis, dans un coin, sans un bruit, dans une obscurité profonde, se déplaçait. Le ronronnement de ses moteurs distants venait faire trembler la poste de commandement. C’était un bunker mobile, monté sur chenille, négociant les affres du terrain et ses chaos à une vitesse toute relative.


Brüner, assis, en armure intégrale, sauf son casque qui reposait à sa ceinture, les coudes posés sur ses cuisses engoncées dans son armure, regardait un parterre de généraux et autres officiers de hauts rangs s’écharper autour d’une table hololithyque qui clignotait dues aux aléas des vibrations quand l’immense centre de commandement mobile, tremblait. Au centre de tout ça, assis confortablement, un homme d’au moins deux mètres, aussi maigre que maladif, en costume d’apparat, taillé sur mesure, dans lequel pourtant il nageait littéralement, semblait écouter et hochait de temps en temps de la tête. C’était l’officier le plus gradé de la pièce et donc par définition de cette planète. Atour de la table des colonels ou des généraux hurlaient sur les uns et les autres. Défendant tour à tour leurs régiments, déclarant qu’une position était perdue et qu’un repli devait être effectué pendant que d’autres les traitaient de lâches avant d’essayer de faire briller leurs états de service et les actions accomplies pendant la bataille qui venait juste de prendre fin.

Brüner restait immobile. Il écoutait et observait. En un clin d’œil il repéra les officiers dignes de confiance, ceux qui ne semblaient pas offensé quand on les insultait, encaissant les insultes dissimulées et d’autres non, et défendaient le bien de leurs hommes. Tout ce qu’ils demandaient c’était les moyens d’accomplir leur mission, pas de briller lors d’un coup d’éclat militaire. Les honneurs viendraient avec le travail. C’était une conséquence pas un objectif.

Alors que certains réclamaient qu’on les relève de leurs fonctions, d’autres demandaient des renforts ou un ravitaillement d’urgence. Certains s’époumonaient pour qu’on leur confit des secteurs de bataille qu’ils jugeaient digne de leurs régiments ou de leurs compétences. Et au milieu de tout cela, le malingre chef des armées ne pipait mot et semblait s’ennuyer.

Aucun des officiers ne remarqua la présence de Brüner dans les ombres et continuaient de se disputer devant leur officier supérieur.

-Pathétique. Pensa pour lui-même Brüner qui posa sa main sur le pommeau de son épée dans un geste lent et imperceptible.

Le ton monta encore d’un cran alors que le centre de commandement mobile négocia un dernier talus, et s’immobilisa. Ils devaient être arrivé sur la seule ligne de bataille à l’extérieur de la dernière Ruche mineure encore debout.

Des insultes fusèrent sur les génitrices des uns et les origines douteuses des autres. Certains mirent la main sur leurs armes plus pour signifier leurs mécontentements que pour réellement les utiliser. Mais si le ton ne baissait pas, il y aurait des blessés ou des morts.


Le général en chef sembla vouloir prendre la parole, mais dans ce chaos ambiant ou les mots fusaient comme des rafales de bolters lourds, personne n’entendait rien, à part le sergent.


-Messeigneurs, calmez-vous. Dit l'homme malingre dans un murmure, presque chuchoté.


Personne ne l’entendit, un major sorti de ses gonds et prit au col un autre officier, sûrement plus gradé que lui. Ils poussèrent sur leur chemin d’autre qui s’insultaient avant de percuter la table hololithyque.


-Vous vous êtes obstiné à charger une menace qui arrivait déjà vers nous ! Vous êtes un imbécile, un putain d’imbécile. Même le plus con de tous les Gardes Impériaux sait lire le Tactica Imperialis, c’est écrit noir sur blanc !

-Il a raison ! Soixante dix sept pour cent de mon régiment à été balayé dans une charge suicidaire vers un ennemi qui arrivait déjà sur nos positions retranchées.

-C’est que vos hommes étaient des faibles, lui répondit un officier des régiments blindés, plus loin dans la pièce.

-Redites moi ça en face, maintenant que vous n'avez plus votre Leman Russ pour vous protéger. Venez vous battre comme un homme.

-Je ne battrais que contre de vrais soldats, pas des lâches qui veulent se replier, lui répondit du taco tac l’officier de cavalerie.


C’était la goûte d’eau qui fit tout déborder. Les uns en vinrent aux mains avec les autres. Dans un début de bagarre généralisée. Au milieu, le général en chef des armées ne bougeait pas d’un cil et regardait autour de lui.


-Aucune prestance. Il ne mène pas par l’exemple ses hommes. Il se contente seulement de hocher de la tête.


Brüner en était sûr. Derrière ce demi sourire de façade poli et politique, il ne comprenait rien de ce qui se passait, et ne savait pas qu’elle décision prendre. Il n’était là en temps que simple observateur. Se laissant guider par le côté qui hurlerait ses revendications le plus fort possible. Il n’avait pas l’étoffe d’un officier, encore moins d’un soldat. Et surtout pas d’un homme.

Brüner d’une impulsion de ses jambes puissantes en armure, il se remit debout. Son antique cuirasse revint à la vie en une demie seconde quand ses fiches connectiques de son épine dorsale ordonnèrent à l’esprit de la machine et à son générateur de faire remonter en régime son cœur énergétique, alimentant chaque fibre musculaire artificielle de son harnois. Dans des chuintements hydrauliques, il se redressa d’un seul mouvement et fit un pas dans la lumière.

Seul un œil avertit aurait put le constater, mais une légère moue de douleur vint effleurer le visage de Brüner. Ses genoux le faisaient souffrir. Il savait pourquoi, mais la guerre et le devoir ne lui laisserait jamais le temps pour régler ce problème.

Ses articulations étaient vieillissantes. Après plus d’une décennie de guerre et d’entraînements, ses articulations pourtant améliorées commençaient à s’effriter et des morceaux pas plus grands que des têtes d’épingles de cartilages et d’os venaient se loger dans ses chairs. Gauron pouvait y remédier, mais une chirurgie longue et douloureuse était nécessaire. Et ils n’avaient pas le temps pour ce qu’appelait le sergent Brüner, ‘’le confort du corps ‘’.

Il se redressa quand même, alors que les os de ses genoux frottèrent les uns contre les autres, il le sentit mais choisit d’ignorer l’information.

 

Le silence s’abattit sur la pièce de commandement comme une frappe de canons Trembleterre sur une ville sans défense. Tous s’arrêtèrent dans ce qu’ils faisaient. Ils écarquillèrent les yeux devant l'Astartes qui venait d’apparaître. Les plus rapide se ressaisirent et mirent genoux à terre, la tête basse. D’autres, trop médusés, durent attendre que ceux autour d’eux ne les sorte de leur torpeur d’un coup de coude ou en tirant les manches de leurs uniformes.

Seul le général quatre étoiles, toujours assis, ne semblait pas comprendre la gravité de la situation.


-Ce qui est fait, est fait. Nous ne pourrons pas revenir en arrière. Seul le présent et l’avenir nous intéresse.


En une seule phrase, de sa voix guttural et acerbe il venait d’imposer le silence, le respect et l’obéissance. Tous les officiers ouvraient leurs oreilles, prêt à entendre ce qu’avait à dire un Ange de L’Empereur.


-Nous avons perdu la moitié de ce qui restait de nos forces. Nous ne pouvons nous permettre de nous diviser ou ouvrir un autre front de bataille.


Brüner fit un pas vers la table hololithyque, qui s’illumina à sa présence pour afficher une vue détaillée de la région et des forces impériales autour de la Ruche, au centre. Les officiers se relevèrent les uns après les autres, un doute leur barrait le visage, si ils avaient l’autorisation de parler ou ils devaient garder le silence. Ils s’approchèrent, craintif, alors qu’ils étaient de vrais soldats aguerris, tous autant qu’ils étaient. Brüner les invita à s’approcher d’un simple mouvement de tête vers la table.

-Nous les avons stoppés ici avec une charge qui nous a trop coûté en vie et en matériel. Mais ils reviendront. Nous avons payé assez cher quelques heures de répits. Nous devons nous préparer et attendre la deuxième vague.

Un des officiers. Son uniforme parla pour lui. Il avait sûrement été au plus proche des derniers combats, ils avaient les traits tiré et une couche de poussière et quelques taches de sang venaient parsemer ses épaulettes de colonel. Il avait eu le courage de s’adresser à l’Astartes et à l’assemblée en premier :


-Mais monseigneur, nous les avons stoppés. Le cimetière de véhicules alliés et ennemis fera blocus pour la prochaine vague. Notre général en chef demandait une défense minium ici et que nous décalions nos défenses vers un autre flanc de la cité.


-C’est là que vous avez tort officier. Les Orks ne chercherons pas à nous contourner. Ils cherchent un combat frontal et brutal. Ils essayeront de passer droit devant. Même s’ils doivent franchir ce champ de ruine. Votre officier a tort.


Préparez les défenses.

Le général en chef qui n’avait pas encore prononcé un seul mot, et qui faisait mine de suivre la conversation, sembla s’étouffer. Il venait d’être attaqué dans son honneur et semblait vouloir parler :


-Je suis général de cette armée, honorable descendant de la famille…

-Vôtre nom ne m’intéresse pas. Gardée votre lignée pour vous et ceux qui vous écoutes. Ici nous avons une guerre à mener et à gagner. Et si nous survivons à tout cela, des comptes devront être payés, et des explications, données.


Beaucoup d’hommes sont mort aujourd’hui. Nous aurions eu tellement besoin d’eux en ces heures sombres.

Presque tous les officiers baissèrent la tête quand ils entendirent l’hommage fait à leurs soldats disparus.

Le général s’enfonça dans son trône comme s’il voulait se cacher. Et fuit du regard tous les hommes et les femmes qui le regardaient avec mépris et dégoût.


-Défense minimale sur nos flancs, et autour de la cité Ruche. Rapatriez toutes nos forces sur la ligne de défense. Ils arrivent et quand ils seront là, nous devrons tenir assez longtemps pour faire sortir leur chef de guerre. Et de cela je m’en occupe personnellement. J’ai une dette personnelle à solder avec lui.


Quelques rires et tapes dans le dos entre les officiers circulèrent. L’heure était grave, mais un soldat aimait l’humour noir. Un semblant de cohésion semblait poindre.


-Les civils sont en sécurité dans des bunkers ou des cavernes naturelles fortifiées. Même si la Ruche s’effondre, nous pourrions aller les sauver. Ils auront assez de vivre pour quelques mois. Annonça a son tour, un jeune capitaine des forces de défense planétaire, sûrement en charge d’une partie des défenses de la Ruche.

D’autres poignées de mains et hochement de têtes approuvèrent.


-Combien de temps avons-nous à disposition Magos ? Demanda Brüner au prêtre en robe rouge, aux couleurs de Mars.

L’adepte approcha en claudiquant, appuyé sur son électro bâton éteint comme s’il s’agissait d’une canne et non d’une arme mortelle.

-Si les Orks suivent les mêmes schémas d'attaques après une défaite, et il y a soixante six pour cent de chance que cela arrive, ils attaqueront aux premières lueurs du jour.


Brüner regarda rapidement son horloge interne à son armure qui s’affichait et fit le calcul.


-Nous avons donc onze heures. Merci Magos. Le coupa Brüner, impatient.


Les officiers crachèrent difficilement leur amusement. Il était de notoriété publique que les adeptes de Mars faisaient des phrases alambiquées et longues pour seulement ne divulguer que quelques informations. Là où un soldat n’aurait répondu que par l’affirmative ou la négative ou de manière concise.


-Magos, un dernier service. Nous comptons sur vous pour un ravitaillement complet, une maintenance rapide et des stocks de munitions conséquents pour chaque Garde. Videz nos arsenaux. Je veux que chaque homme ai à sa disposition une montagne de cartouches à tirer. Ordonna calmement Brüner, les bras maintenant croisé sur sa poitrine en armure.

-Une telle quantité n’est absolument pas…

-C’était une image Magos. Bon, vous savez tous ce que vous avez à faire. Coopérer les uns avec les autres et nous survivrons peu être. Tout le monde se bat, personne ne fuit. Brüner appuya sa dernière phrase de son regard vers le général en chef, déjà en nage sous autant de pression et d’animosité à son encontre. Rompez messieurs.

 

 

Malgré les incendies qui parcouraient l’horizon, l’air était froid. Brüner était debout sur la carcasse d’un Leman Russ dont la tourelle avait sauté sous un tir bien placé. Elle reposait au sol, dans la boue. Il avait ordonné et placé ses hommes sur la ligne de bataille. Les ordres étaient simples. Défier les Orks. Ils étaient tous debout, droit comme des statues antiques, regardant l’horizon, montrant à tous qu’ils étaient encore en vie, prêt à en découdre et qu’ils ne bougeaient pas d’un pouce. Les Orks les voyaient, c’était sûr et enrageait par autant de défiance, et c’était exactement ce que voulait Brüner.

Deux paires de phares jaunes maladif de circulation transpercèrent la fumée et le brouillard. Encore des véhicules qui rentraient du front, pensa Brüner toujours juché sur son piédestal. Ils devaient être le plus en avant sur la ligne de bataille. Et avaient vu le plus gros des combats. Depuis quelques heures, des escouades, des pelotons de chars et d’hommes rentraient vers la seconde ligne de bataille. La seule et unique qui restait encore.

 

Le char de Machencko et Kratchev s’immobilisèrent. Ils avaient enfin rejoint les lignes impériales. Il fit faire demi tour à son peloton pour faire face aux champs de bataille duquel ils venaient de rentrer.


-Radio, demande au Mechanicus un ravitaillement et des réparations en urgence pour le peloton. Machencko regarda sa montre d’un air l’as.


Il venait de recevoir ses ordres et devaient s’ancrer sur ses positions qu’ils avaient quitté quelques heures plus tôt. Seulement il manquait maintenant un char dans son dispositif. Autour de lui des escouades de Gardes et d’ingénieurs de combats reconstruisaient et renforçant les positions.

-On a été mit, sur liste d’attente. Répondit d’une voix fatiguée le radio. Position quatre mille six cent vingt deuxième.


Machencko sorti par la trappe arrachée de sa tourelle pour risquer un œil dehors. C’était le branle bas de combat. Tout le monde courait, creusait ou criait de ordres, l’effervescence était totale. Chacun s’activait comme si sa vie en dépendait et c’était le cas. Machencko tomba lourdement dans sa tourelle, épuisé.


-Bon les gars, on répare, on fait l’entretient des armes, des munitions et du véhicules. On mange et on se repose. Dans cet ordre là les gars. Pas de blague.

Il s’autorisa à souffler longuement en regardant le ciel et se rappela en ne voyant que les bords de sa trappe blindée arrachée que son char avait encaissé une quantité de dégâts assez importante.

-Ça va être une longue nuit. Murmura-t-il pour lui-même alors qu’un vol de chasseurs Maraudeurs passait en rase motte vers le champ de bataille désolé. 

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