Black Templar Tome III

Chapitre 7 : Les Guerriers Des Plaines

6259 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/03/2022 20:37

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« Elu, moi ? Être élu implique d’avoir été choisi par un pouvoir divin ou quelque chose qui nous dépasse. Non, je me suis hissé à cette place à la seule force de mes bras et de ma détermination. Personne ne m’a choisi. Je me suis extrait seul, de la fange dans la laquelle je suis né pour devenir ce que je suis aujourd’hui. Personne ne m’a choisi, mais aujourd’hui je Le sers avec autant de dévotion que s’Il m’avait Lui-même choisi. » Paroles rapportées d’un Astartes Inconnu.

 


Deux semaines, fulmina-t-il encore une fois, envoyant un coup de pieds rageur de sa botte de combat dans une motte de terre. Deux semaines complètes à l’arrêt, dans ce trou perdu, sans rien pouvoir faire à part surveiller l’horizon. C’était une mission indigne de lui, de son rang, et de ses capacités. Il mit sa main en visière pour regarder au loin. Le soleil brillait de nouveau alors que des nuages venaient de passer devant. Une légère brise venait faire frémir les herbes hautes qui arrivaient à hauteur de mollets sur toute la plaine, jusqu’à l’horizon. Le paysage aurait pu être paradisiaque, sorti tout droit d’un rêve. Le soleil, le vent, l’herbe fraiche.


Il fit quelques pas vers le bas de la colline et s’arrêta. Deux semaines ! Il était comme un lion en cage, tournant devant ses barreaux attendant que quelqu’un lui ouvre.

Je suis un chef de char pensa-t-il. Un animal sauvage. Ma place est au front, sur mon destrier, à fendre les plaines à plein régime, foncer au combat sur ma monture et détruire mes ennemis, par surveiller une colline à la con !

Dépité, il s’assit dans l’herbe, les couchant alors que son derrière touchait le sol. Il était en tailleur, si bien que les herbes hautes qui arrivait à hauteur de torse, seul sa tête dépassait. Il remit en place machinalement son béret bleu sombre des régiments de cavalerie en place, mais il l’était déjà. Il risqua un œil derrière lui, vers son char stationné là depuis maintenant deux semaines complètes.

Il n’avait pas bougé, toujours aussi impressionnant, son canon pointé vers l’horizon, et surtout aucun ennemi en vue. Ils étaient arrivés ici, il y avait quatorze jours maintenant, et contre toute attente, le commandement leur avait demandé de marquer l’arrêt. Le capitaine avait alors pensé que ce ne serait qu’une halte de quelques heures pour reformer les pelotons peut être trop éloignés les uns des autres avant une attaque massive, ou bien pour un ravitaillement d’urgence pour certains éléments trop anciens de vieux régiments blindés. Mais non, ils n’étaient jamais repartis.

Au bout du deuxième jour, les ordres furent donnés. Les chars en première ligne, dont faisait partie celui du capitaine, devait être enterré, sa casemate blindée enfoui derrière des remblais de terre soit creusée à la main par l’équipage soit pour les plus chanceux, déblayé par les chars à lame de bulldozer du génie.


Le capitaine et son équipage avait fait mine de protester. Comment cela était-il envisageable de s’enterrer dans des positions défensives alors qu’à à peine sept ou huit cents kilomètres devant eux, la Ruche Terfon appelait à l’aide. Le colonel du régiment avait alors fait demander tous les officiers de chars sous sa tente pour leur expliquer les raisons de cet arrêt. La Ruche Terfon était tombée. S’ils poursuivaient leur route, il n’y aurait plus rien à sauver sur place. La stratégie du haut commandement était maintenant de s’ancrer dans des positions défensives assez solide pour stopper l’avancée Ork qui ne tarderait pas à arriver.

Le capitaine respecta les ordres, malgré le fait qu’il pensait strictement l’inverse de tout ça. Il ne rêvait que de foncer tête baissée droit sur l’ennemi, et il leur montrerait ce qu’il en coutait de s’attaquer aux forces de Gorst. Surtout, que, à ce qu’il paraissait, des Astartes, des Anges de l’Empereur étaient avec eux et avaient déjà combattu les Orks. Rien ne pouvait les stopper.

Surtout que sur la colline où c’était assis le capitaine et son char, trois pelotons complets de chars d’assaut Leman Russ c’étaient positionnés. Et derrière cette colline, c’était presque six milles chars d’assaut qui patientait, dans l’herbe fraiche, au milieu des tentes, des filets de camouflage et des positions défensives qui étaient mise en place au fur et à mesure que le temps passait.

Le capitaine rigola jaune. L’herbe avait même commencé à pousser sur les positions défensives où étaient enterré les chars, et sur les talus, si bien que les équipages devaient désherber tous les deux jours pour libérer les champs de vision des opérateurs de tourelles et des artilleurs. Ils attendaient depuis tellement longtemps que la nature reprenait ses droits. Peut-être que nous aurons le temps de prendre racine, ricana le capitaine tout seul.

Il se releva d’un bond, et d’un pas décidé il se rapprocha de son char muet et à l’arrêt. Au moins, pensa-t-il une dernière fois, si l’ennemi arrivait, il serait lui et sa monture en première ligne de tout le dispositif défensif. Il serait le premier à ouvrir le feu et à garnir son tableau de chasse. Alors qu’il approchait de la casemate enterrée de son destrier blindé, son pilote sorti la tête par l’écoutille :


-Alors cette balade mon capitaine ? Elle vous a fait du bien ?

-Saute dans le char Iliourevitch, et ferme ta gueule. Lui répondit d’un ton sec et cassant le capitaine. Et lance une maintenance moteur.

-Mais mon capitaine, on en a fait une il y a une heure ! Essaya de négocier le jeune pilote.

-Je n’en ai rien à foutre, c’est un ordre. Lui expédia le capitaine, le regard noir.


Le pilote disparu dans le compartiment en grommelant. D’une enjambé, s’aidant des arceaux et des marches pieds, le capitaine monta sur sa tourelle, debout il pouvait voir à perte de vue les plaines d’herbes fraiche, verte et haute alors que le rugissement du démarreur et du moteur qui s’éveilla fit trembler la terre autour d’eux. Comme des géants trop longtemps endormi, le reste du peloton de char autour d’eux, démarrèrent aussi leur moteur pour effectuer leurs maintenances. Une fumée bleutée sorti des tuyères arrière alors que le capitaine sauta dans sa tourelle, effectuer lui aussi ses contrôles de routine.

Il était comme un lion en cage, mais si par malheur quelqu’un ouvrait sa prison, alors il serait prêt. Et par l’Empereur-Dieu ce sera un massacre, se jura-t-il.

 

 

 

Le silence tout relatif et le froid ambiant de ses quartiers l’apaisaient. Depuis leurs retours à bord du Revenant, le sergent Brüner était resté seul. Il avait bien sur assisté à l’inhumation de Konrad, qui n’était qu’une parodie de cérémonie, car son corps était resté à la surface de Gorst dans les décombres de la Ruche Terfon, qui brûlait encore depuis maintenant deux semaines.

Le Revenant demeurait en vol stationnaire, sur un point d’ancrage gravitationnel autour de la planète principale, qui elle aussi tournait autour de son soleil. L’espace aérien sous contrôle impérial c’était réduis à peau de chagrin après la dernière attaque, et les Orks devant la fureur du barrage de torpilles qui leur avait coûté une bonne vingtaine de navires de tout tonnages, ne voulaient pas encore tester le feu vengeur de l’Imperium.

Pourtant les ressources des rares navires encore en état de combattre étaient maigre et il n’y avait plus aucune torpille dans les tubes. Quand les Orks comprendraient cela alors la dernière attaque serait lancée.

Pour l’instant la flotte impériale survolait et patrouillait l’orbite au-dessus de la seule ville de Gorst encore en état de se battre. Praxus était la dernière cité Ruche tertiaire. Les autres avaient soit brûlé soit étaient trop faibles et indéfendable pour y risquer le reste des forces de la Garde. Devant la cité, se déroulerait la bataille qui mettrait fin à toutes les autres.

 

Les blessures du sergent guérissaient bien. Les entraînements n’avaient cessé que quelques jours et il allait, seul, dans les cages d’entraînement du navire quand le reste de son escouade n’y était pas. Il donnait ses ordres par le biais du chapelain Markus.

Les sentiments de Brüner était confus. Konrad dans son dernier instant avait choisi de passer outre ses ordres. Sur le moment Brüner était fou de rage, mais maintenant il comprenait. Il avait choisi de payer de sa propre vie, celles de ses frères. S’ils étaient restés sur Terfon alors ils seraient tous mort, et la Waagh aurait continué son massacre et qui s’est jusqu’où elle aurait été. Personne n’aurait pu la stopper avant des années.

Brüner ressentait la perte de Konrad dans ses chairs. Il était un maillon important de cette escouade. Son tempérament posé, calculateur et ses talents de tireur étaient indéniable. Il était aimé de tous, et il manquerait à tous.

Son nom flottait maintenant sur la bannière de la croisade, au milieu des autres, en lettres d’or. Chaque jour qui passait, c’était un nom ou une bataille qui venait s’y ajouter. Jusqu’au jour où il n’y aurait plus personne pour le faire. Jusqu’au dernier guerrier.

 

Brüner était passé plusieurs fois à confesse, dans le parloir, isolé de tous, dans la cathédrale du navire. Markus avait alors écouté, sans pour autant voir son officier qui avait parlé librement. Exprimant ses péchés, ses faiblesses et sa colère envers lui-même pour avoir faibli. Le chapelain lui fit réciter les psaumes et les promesses à tenir pour la prochaine bataille. Il avait essayé d’apaiser la douleur du sergent, lui expliquant que c’était la chose à faire à ce moment précis, et que rien ni personne n’aurait où faire ce qu’il avait fait à ce moment-là. Qu’il n’eût pas faillit et que la manière dont il se comporterait la prochaine fois face à l’ennemi et face à ses hommes, déterminerait tout.

Brüner parti, délesté de ses péchés, l’âme en peine et effectua sa repentance en portant son cilice rituel marquant dans les chairs de sa cuisse ses erreurs passées et en effectuant les jeunes adéquats les jours suivant. Renforçant sa foi et sa détermination pour les épreuves à venir.

 

Son serf avait œuvré comme un dément. Quand il apprit que sa compagne, le lieutenant Mara, à bord de l’autre navire amiral de la flotte, était encore en vie et que son enfant était lui aussi en bonne santé, le serf redoublant d’effort, se retenant de dormir pendant des nuits pour réparer et rendre l’armure de son maître opérationnel.

Il annonça au dixième jour que son œuvre était fini, et se retira dans ses quartiers, exténués mais l’armure du sergent, reposant dans son alcôve, resplendissante et intégralement fonctionnelle.

 

Brüner regardait son bolter posé sur sa table de pierre froide dans ses appartements. Malgré la balafre sur la carcasse, il était nettoyé, et fin prête. D’après les rapports de Markus, ses hommes l’étaient eux aussi. Ils n’attendaient plus que l’annonce de l’offensive Ork qui ne saurait tarder. Et elle viendrait, il en était sûr. La dernière offensive, celle qu’ils ne pourraient stopper. Quelques doutes furent émis par des officiers subalternes de la flotte quant à la présence du Boss Ork lors de cette prochaine offensive. Mais Brüner leur assura qu’il serait présent. Lui et son ennemi avait une dette mortelle à solder.

 

 

C’était la troisième escadrille de chasseurs bombardiers Maraudeurs qui passaient à pleine vitesse au-dessus de leurs têtes, ils se dirigeaient droit vers le Nord. Peut-être cinq minutes plus tard le ronronnement reconnaissable des explosions lointaines venaient faire trembler la terre jusque dans leurs pieds. Le capitaine baissa sa main qu’il portait en visière devant ses yeux pour éviter d’être éblouis par le soleil. Au loin, une série de flashs lumineux se succédèrent. Le capitaine Dechenko demanda d’un signe de tête vers l’intérieur de l’habitacle à son radio de demander un rapport de contact avec l’ennemi au commandement. Après une quelques secondes, le radio hocha négativement de la tête. Rien.


C’était habituel dans les régiments de la Garde de compartimenter les informations. L’institution tentaculaire aimait tenir ses soldats sous son joug, en divulguant le strict minimum aux subordonnés alors que les têtes pensantes, bien éloignées du champ de bataille, elles, avaient toutes les informations. Cela avait déjà desservi un nombre incalculable de fois des campagnes longues de dizaines d’années, quand des dizaines de milliers de soldats attendaient l’heure du début d’une attaque, l’apprenant que quelques minutes avant son début, ou quand ils ignoraient qui couvrait leurs flancs sur des théâtres d’opérations aussi grand que des continents. Mais tous les moyens étaient bons pour s’assurer qu’aucune information ne fuitait auprès de l’ennemi, ou qu’un soulèvement hérétique pouvait être mater dans l’œuf. La fin justifiait toujours les moyens au sein de la Garde.

 

 

 


-Flash ! Beugla le capitaine Dechenko perché sur le haut de sa tourelle de char.


Un raffut de tous les diables résonna depuis le compartiment conducteur dont la trappe était ouverte. Des jurons en sortirent, mais le capitaine faisait confiance à son pilote, qui n’était pas réputé pour son intelligence pour faire quand même ce qu’il lui avait ordonné.

Dechenko remit ses jumelles devant ses yeux, et compta les secondes lui-même dans sa tête. Devant la persistance du haut commandement pour ignorer ses demandes d’informations sur ce qu’ils voyaient tous, depuis leurs chars et les lignes de défenses devant Praxus, Dechenko avait pris les devants et avait inventé un moyen pour calculer au moins la distance qui les séparait tous des explosions et des bombes que larguaient par dizaines l’aviation de Gorst. Il était parti du principe que les flashs lumineux qu’il voyait maintenant à chaque explosion pouvait lui donner la distance des cibles qui étaient détruites par l’aviation. Au moins il serait fixé, lui et ses hommes, avant de prendre la moindre décision.


Enfin il entendit le ronronnement diffus du flash lumineux de l’explosion qu’il avait regardé depuis quelques secondes.


-Top ! Alors combien ? Demanda Dechenko à son pilote qui sorti avec un chronomètre dans ses mains pleines de cambouis. 

-Quarante-sept secondes mon capitaine. Lui répondit-il tout sourire, comme s’il avait réussi la mission la plus importante de sa vie.


La vitesse de la lumière était plus rapide que celle du son. Il y avait quarante-sept secondes entre la lumière, presque instantanée et le son de l’explosion. Dechenko se creusa les méninges. Il devait se rappeler la vitesse du son. Après une seconde, il s’en rappela, trois cents quarante mètres seconde. Il multiplia dans sa tête.

Il refit le calcul, le cœur battant. Ce n’était pas possible, pensa-t-il. Mais si, ses calculs étaient bons. Et malheureusement il ne se trompait que rarement. L’explosion n’était qu’a seize kilomètres de leurs positions. Cela voulait dire qu’ils n’avaient toujours pas reçu d’ordre d’aucun officier ou supérieur et que l’immensité de la Waagh Ork était sur eux. Cela expliquait au moins pourquoi le ciel commençait à changer à l’horizon. D’un bleu pur et parfait, une ombre grise et polluée commençait à le masquer. Cela ne voulait dire qu’une chose, une marée de véhicules arrivaient sur eux, et ils n’étaient pas prêt.


-Alors mon capitaine ? Demanda son pilote, toujours un air bête sur son visage noir de suie.


A peine eut-il finit sa phrase, qu’une déflagration vint percuter le sol, à une cinquantaine de mètre de là. Un chef de char, qui était lui aussi debout sur sa tourelle pour observer les cieux et l’horizon, disparu en une fraction de seconde alors que l’obus et ses shrapnels vinrent le faucher quand un geyser de sang. Son cadavre retomba sur le blindage de son char, son équipage, attroupé autour, furent aspergé du sang de leur commandant. Certains crièrent, d’autres foncèrent à couvert dans leurs chars, alors qu’une averse d’obus ennemis fondirent sur leurs positions.


-A couvert ! Hurla le capitaine, en donnant des ordres de se disperser aux soldats et aux équipages attroupés sur sa colline.


Les escouades de Gardes sautèrent dans les tranchées, et derrières les sacs de sables pour espérer se protéger de la grêle d’obus qui commençaient à tomber. Ils étaient de tous calibre et pour l’instant ils ne faisaient pas beaucoup de dommages. Avant de sauter dans sa tourelle, Dechenko jeta un dernier regard sur son escadron, bien à couvert dans les positions défensives creusées pour eux. Il vit son tout jeune lieutenant, le lieutenant Kratchev sauter lui aussi dans sa tourelle. Il aurait besoin de tous ses hommes, et même Kratchev qui était un véritable animal, un chien fou, toujours à écouter ses instincts et ses envies. Mais la bataille approchait, et ils auraient besoin tous, les uns des autres.

Dechenko sauta lourdement dans sa tourelle et atterri sur son fauteuil de cuir usé. Alors qu’un obus vint exploser tout prêt du blindage extérieur du char. On aurait dit que quelqu’un venait de lancer une poignée de sable sur du métal, alors qu’en réalité ce n’était que des morceaux de métaux surchauffés qui venaient ricocher contre la coque. Un cri humain de douleur résonna dehors.


-On verrouille tout ! Ordonna le capitaine.


Le pilote actionna la commande de verrouillage de toutes les trappes du char, qui se fermèrent hydrauliquement. D’un rapide coup d’œil, il vérifia sur tous ses hommes étaient bien présent. Pour l’instant ils étaient à l’abris malgré la frappe d’artillerie ennemie qui tombait dehors.


-Ils nous en mettent plein la gueule mon capitaine, envoya à l’équipage le tireur du canon principal, qui se cramponnait ferment à la culasse du canon, comme pour la protéger de son corps.


Certains hommes sourirent, d’autres le regardèrent avec colère. Chacun réagissait différemment à un tir d’artillerie aussi violent.


-Passes moi le combiné, ordonna le capitaine qui se devait de réagir. Mets-moi en relation avec le commandement. Après une seconde alors que son soldat choisissait la bonne fréquence, Dechenko actionna le combiné et parla.

Commandement, ici première ligne de défense de Praxus, nous recevons un tir d’artillerie ennemie conséquent, pertes alliées à déplorer. Attendons instructions.

Après une bonne minute de silence, le poste radio reprit vie :


-Ligne de défense ici commandement. C’est bien noté. Attendez plus amples informations. Terminé.

 

Tout l’équipage était stupéfait. Aucun ordre, aucune recommandation. C’était à se demander si le commandement n’avait pas renoncé, ou avait peur de faire la moindre manœuvre, ou donner le moindre ordre. L’effet de sidération de la Waagh se faisait sentir jusqu’ici. Ils étaient peut-être au bord de l’extinction, mais ça ne voulait pas forcément dire que tout espoir était perdu. Les têtes pensantes avaient surement une peur folle de donner un ordre qui bouleverserait toutes leurs chances.  Et pour l’instant ils étaient seuls. Dechenko n’avait pas d’autre choix que de faire bonne figure devant ses hommes.


-Vous vous attendiez à quoi ? Qu’ils nous relèvent de notre poste ? Allez, ne faites pas cette gueule les gars, et concentrez-vous. Toi, passes moi la batterie d’artillerie la plus proche. Son soldat bidouilla encore une fois le poste et lui fit un signe de la tête pour lui signifier qu’il pouvait parler.

-Ici le capitaine Dechenko, vous vous êtes endormis dans vos trou d’obus ou quoi les gars ? La réponse ne se fit pas attendre.

-C’est bien une phrase de connards des compagnies blindées. Bien au chaud, caché derrière de l’adamantium et de l’acier. Nous ici, on meurt par terre, comme de vrais Gardes Impériaux. Lui répondit une voix hargneuse, coupée par les explosions distantes à travers le blindage.

-Et vous comptez répliquer quand ? S’ils sont assez prêts pour nous tirer dessus, on est assez prêt pour leur tirer dessus, non ?

Un long silence se fit entendre sur la ligne. Une trentaine de secondes plus tard, la même voix hargneuse, lui répondit, à peine un poil calmé :

-Reste en ligne Dechenko.


A peine la voix mourût dans le combiné que les batteries de canons Trembleterre située derrière la deuxième et troisième ligne de défense, dans les collines, ouvrirent le feu à l’unisson, envoyant leurs cargaisons explosives droit sur l’ennemi à l’horizon, alors que presque toute la ligne de bataille qui demeurait sans ordre, imita l’initiative de Dechenko. Bientôt, la ligne impériale s’embrasa, retournant coup pour coup à la Waagh Ork qui ne faisait que progresser.


-Voilà, maintenant on attend et on se prépare. Démarre le moteur, Iliourevitch. Envoya dans le compartiment le capitaine, qui glissa un œil à ses hommes, qui maintenant que la Garde répliquait, semblait un tant soit peu plus rassuré.

 

 




Les alarmes hurlaient leurs chants habituels. Les coursives du Revenant grouillaient de serfs et de matelots qui couraient en tous sens pour aller à leurs postes de combats aussi vite que possible. Markus menait le reste de l’escouade à travers les coursives surchargées de monde, alors que le tremblement caractéristique des macro-canons qui ouvrirent le feu, secouèrent les passerelles, jusque dans l’infrastructure du navire.


-Attaque massive Ork, tout le monde à son poste de combat. Ceci n’est pas un exercice. L’Empereur vous garde. Répéta pour la énième fois la voix enregistrée dans les hauts parleurs de cuivres sur tous les ponts.


Ça y était, l’attaque finale était lancée. Celle qui devait bouter les Impériaux, hors de ce monde. La dernière cité humaine qui pouvait encore être défendue était Praxus. C’était une cité Ruche de troisième zone, mais ils n’avaient pas le choix. Si elle tombait, alors le reste du continent tomberait. Aussi bien les villes, les villages, les hameaux mais aussi les manufactorums, les casernes et les spatioports. Tout serait rasé par la Waagh. Et les Orks laisseraient derrière eux un monde ravagé, en cendre, aux mains des générations suivantes d’Orks qui seraient engendré par cette guerre. Les rares survivants de la race humaine, seraient réduits en esclavages ou tout simplement passé au fil de l’épée. C’était un génocide. Et les Black Templars comptaient stopper cette apocalypse.

Les serfs se poussaient devant les grandes enjambées du chapelain Markus, revêtu de son armure complète et de ses armes. Il portait son crozius dans sa main droite, refusant de le laisser reposer contre son armure comme un épée ou autre arme lambda. C’était le signe de sa stature, de son rang et de sa foi. L’encensoir venait par contre se balancer par les chainettes qui le reliaient à son armure. Il laissait derrière lui une fumée olfactive reconnaissable entre mille, qui englobait les guerriers d’élites derrière lui.

Ils n’étaient plus aussi nombreux qu’à leur départ, il y avait deçà plus de dix années standards. Des douze braves Astartes, il n’en restait plus que huit. Cette guerre éternelle dans les étoiles avait prélevé son dû. Des hommes bons, braves et courageux étaient tombés. Mais ils ne furent pas oubliés. Ils reposaient sur ce même navire, qui continuait de naviguer à travers les astres et les horreurs d’une galaxie toujours en flamme. Mais qui serait encore là pour s’en rappeler, alors que le dernier membre de la croisade d’expiation venait à mourir. Si le navire survivait à ses maitres, alors l’équipage aurait la mission de ramener cet antique vaisseau au sein même de la croisade Black Templar qui les avait vu partir. Alors ils seraient tous honoré, ou à défaut, veillé.

 

Dord suivait le chapelain de prêt, comme à son habitude en silence. Son pas lourd n’était rythmé que par le cliquetis de sa cotte de maille en adamantium, enfilée sous son tabar aux couleurs de son chapitre. Il semblait plus grand et plus fort que les autres Astartes qui l’entouraient. Et c’était vrai. Il ne possédait de grade d’officier, mais sa prestance et son tempérament, faisaient de lui un guide, une lueur dans la nuit. C’était pour ça qu’il fut choisi comme champion de l’escouade de croisés.


Les canons tonnèrent une nouvelle fois. Les coursives c’étaient vidées de toute présence humaine à une vitesse folle. Tout le monde était à son poste. Les équipes anti incendies et anti abordages attendaient dans des salles blindées et sécurisées la moindre attaque. Pour l’instant le Revenant semblait n’échanger que des salves à longues distances, et n’avait pas encore reçu de tir en approche. Même pas à cette distance, on pouvait entendre le vacarme des autres canons de la flotte alliée. Le Revenant naviguait au milieu du dispositif Impérial.

Venait ensuite Gauron et Johann. Depuis ses blessures dans la Ruche Terfon, Gauron, l’apothicaire du groupe, suivait de prêt Johann le porteur d’arme lourde de l’escouade. Il semblait revigoré, et grâce à la chirurgie réparatrice et sa physionomie surhumaine supérieur, même comparée aux standards Astartes, il c’était remis vite. Quand il fut touché à par la toute-puissance de cette arme Ork, son antique bolter lourd fut détruit. C’est d’ailleurs le paquetage dorsal de munition qui prit la majorité du tir, mais il fut impensable de le récupérer. Johann dut se résoudre, la mort dans l’âme à arpenter les armureries du navire, cherchant dans toutes les armes et reliques amassées au fil des ans, un nouveau bolter lourd, qui pourrait compenser la perte de son arme favorite. Il le trouva bel et bien, et il n’attendait qu’une chose, pouvoir faire cracher sa fureur dans un torrent de bolt vers ses ennemis.

Le navire trembla. Ça y était, les tirs ennemis commençaient à se fracasser contre les boucliers Void surchargés du Revenant. Des explosions d’obus venaient s’écraser contre la couche protectrice du croiseur d’attaque lourd dans des reflets bleutés de surtensions contrôlées.


Dans des conversations privées dont seuls les bips d’ouvertures et de fermetures de liaisons internes dans leurs heaumes de combats, trahissaient. Lyderic et Karl avançaient à bon train. L’aspect brulé et malmené de l’armure de Karl, qui après un accident de lance flamme en plein combat, c’était retrouvé presque brulé vif, venait contraster avec l’armure presque resplendissante de Lyderic qui mettait un point d’honneur à l’aspect esthétique de son équipement. Pourtant, les deux armures étaient en parfait état de fonctionnement, et c’était justement un sujet de discorde cordial entre les deux Astartes qui aimaient à échanger joutes verbales contre arguments en privé. Karl portait comme à son habitude son lance flamme qui avait pourtant faillit le tuer, et lance plasma, qui lui avait été confié dans les plus durs des combats contre une marée de peau verte. Lyderic quant à lui, aimait tancer son frère, en lui demandant s’il ne portait pas trop d’arme avec lui.

Maximilian fermait la marche, seul, comme à son habitude. La mort de Konrad l’avait particulièrement touché. Ils avaient été frères d’armes depuis le début. Son binôme était mort de la pire des façons à ses yeux, en désobéissant à un ordre direct de leur officier qui plus est. Son chagrin était mêlé de honte, mais il ne montrait rien. Il portait par sa sangle son éternel fusil à pompe d’une taille ahurissante qui reposait contre son plastron, et dans son dos, en bandoulière, un lance-roquette, venant directement des armureries du Revenant. Dans cette guerre qui allait se produire, il comptait bien racheter l’honneur de son frère disparu, aux yeux du sergent Brüner, mais aussi de l’Empereur-Dieu de l’Humanité.


Seul manquait le sergent Brüner. Invisible depuis leur retour depuis Terfon. Markus bifurqua sur la gauche, les sons des bottes sur les grillages des coursives secondaires et tertiaires des Astartes, sonnaient avec la régularité d’un métronome. On pouvait presque n’entendre qu’un seul jeu de bottes. Ils arriveraient bientôt à la salle de lancement des modules d’atterrissage. Le Revenant n’en avait pas un nombre illimité, mais les quelques rares qu’ils avaient réussi à maintenir en état de fonctionner, et aussi à récupérer après insertion à la surface des planètes qu’ils avaient arpentées, les attendaient, engoncés dans les rampes de lancement, sur toute la peau d’adamantium et d’acier blindé du navire qui filait dans l’immensité de l’espace. Les canons rugirent de nouveau.

Percée Ork importante, manœuvre d’interception. Préparez-vous à l’impact. Résonna la voix automatique et robotique dans tout le Revenant.

Markus arriva enfin à la dernière bifurcation, perdu dans ses pensées noires, de surprise il s’arrêta net. Les Astartes derrière lui s’immobilisèrent aussi comme un seul homme, les communications internes s’arrêtèrent. Les sept guerriers dans la coursive, regardaient avec attention, l’unique Astartes, planté devant eux, la main sur le pommeau de son épée, en armure complète, qui les attendaient devant leur module d’atterrissage.

Il fallut une seconde au chapelain pour reprendre son assurance. Il baissa bien bas la tête, et murmura par les hauts parleurs de son armure pour que tout le monde entende :


-Monseigneur Brüner, bon retour chez vous.


Tous baissèrent la tête devant l’Astartes qui, planté devant eux, les regardait. Son armure était magnifique. Des sceaux de pureté en nombres, venaient voletés sur la cuirasse d’un noir profond. Ici et là, des croix d’un blanc nacré venait faire ressortir les arrêtes de son harnois. Ils étaient en armes, prêt pour la guerre, et son équipement venait à ajouter à son imposante stature. Il respirait la confiance, la rage et la détermination. Sur son plastron, une rondelle, peinte aux couleurs du chapitre, était accrochée à l’emplacement de son cœur primaire. Elle protégeait d’anciennes reliques, retrouvées il y avait bien longtemps. Une vapeur épaisse sorti de son respirateur alors qu’il expira, dans l’atmosphère glaciale du navire. La croix pâtée blanche peinte sur son heaume, brillait alors ses optiques rouges observaient d’un air sévère ses hommes devant lui. On aurait dit un prédateur dans une forêt, attendant le bon moment.

Les sept Astartes mirent tous genoux à terre, même le chapelain d’un statut pourtant supérieur. Tous s’agenouillèrent, de respect, et d’admiration. Ils accueillaient le retour d’un frère, d’un guerrier, d’un chef, parmi eux. Satisfait, Brüner prit la parole devant ses hommes depuis de trop nombreux jours :


-Debout, guerriers de l’Empereur, nous avons une guerre à finir.

 

 

 




Dechenko suffoquait. La ventilation fonctionnait mal. Le trou dans lequel était enterré son char ne laissait pas s’évacuer la chaleur et ne permettait pas une ventilation optimale. L’averse d’obus ennemi avait stoppé depuis une bonne dizaine de minute, alors Dechenko voulu respirer l’air au dehors et voir ce qu’il se passait. Il déverrouilla son écoutille, et sorti à l’air frais. Dechenko regarda dehors. Sa position était parsemée de trou d’obus de toutes taille qui avaient retournés la terre et l’herbe. On aurait dit que la colline sur laquelle il était perché lui et son peloton, était un paysage lunaire quelconque. Il chercha du regard une escouade de Gardes aux alentours, a l’abris derrière leurs sacs de sables ou dans des trous de combat.


-Hey, vous ! Prenez quelques hommes, et creusez-moi mieux les évacuations vers mes soupiraux de ventilation ! Et que ça saute.

Le Garde à qui il venait de s’adresser ne semblait pas bouger d’un pouce, comme happé par ce qu’il venait de voir. Dechenko, qui voulait se faire entendre, prit dans sa poche ce qui trainait, et lui lança en plein casque, son briquet de campagne. Le choc fit sortir de sa torpeur le soldat qui le regarda, horrifié. Dechenko lui répéta son ordre, et le Garde en courant commença à regrouper un petit groupe pour exécuter ce qu’on venait de lui ordonner. Dechenko amena à ses yeux sa paire de magnoculaire, et se fit la réflexion, que les ombres des nuages qui dansaient sur l’herbe fraiche de la plaine étaient magnifiques. C’étaient réellement l’imitation parfaite de l’océan, de ses vagues et de ses ondulations majestueuses, mais sur la terre.

 Il amena enfin ses yeux dans ses jumelles, et blêmis. Non, c’était impossible. Ce n’était pas les ombres des nuages qui dansaient au loin, mais une marrée noire de véhicules lancés à pleine vitesse. L’horizon était noir. La Waagh masquait l’horizon. Il sauta dans la tourelle et verrouilla une nouvelle fois l’écoutille.


-Tireur, branches le viseur thermique. Chargeur, obus perforant. Tout le monde à son poste, c’est un ordre ! Radio demande un approvisionnement immédiat en obus et en bolt. Allez !


Les hommes dans l’habitacle s’activèrent, mais semblaient interloqués. Le radio s’exécuta et quand la réponse dans son combiné lui revint, il esquissa un mouvement de tête de surprise.


-L’approvisionnement m’a mis sur liste d’attente. Comment c’est possible ? On dirait que toute notre armée vient de demander des munitions en même temps. Lança-t-il éberlué, à l’assemblée alors que la culasse du canon venait de se refermer sur un obus perforant prêt à être tiré.


Au même moment, le tireur sorti son œil du viseur du canon, et s’arcbouta au-dessus d’une caisse de bolt vide, mise à disposition pour que l’équipage puisse faire ses besoins sans sortir du char. Il vomit dedans, un mélange de bile amer et odorante.


-Décompte ? Demanda furieusement Dechenko à l’homme qui vomissait.

L’homme se redressa et s’essuya la bouche du revers de sa manche, pâle comme un linge pour répondre à son officier.

-Je n’en sais rien capitaine, j’ai arrêté de compter à partir de deux milles.


Les mots moururent sur ses lèvres, et résonnèrent dans l’habitacle qui vibraient aux sons du moteur qui tournait au ralenti. Dechenko lui ordonna de se pousser et mis lui-même son œil dans le viseur, réglé pour détecter les sources de chaleur. Ce qu’il vit, sur le fond noir de l’horizon et de l’herbe fraiche, une multitude de point blanc de chaleur extrême. On aurait dit un ciel étoilé, chaque étoile étant un char, une jeep, un camion blindé, ou un marcheur Ork horrible. La seule pensée qui lui traversa l’esprit à ce moment précis, lui vrilla le cerveau.

On n’aura jamais assez d’obus. Alors que les batteries d’artillerie impériale qui, elles aussi avaient repéré l’horizon blindées ennemies, ouvrirent le feu à l’unisson. Les tirs d’artillerie Ork reprirent de plus belle.

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