Black Templar Tome II

Chapitre 30 : Entre La Chair Et L'Acier

7858 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 04/09/2021 16:26

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« La foi ? Je n’en ai jamais eu besoin, l’Empereur-Dieu était avec moi ce jour-là ». Soldat inconnu.

 


La chaleur était écrasante. La plaine désertique dansait devant ses yeux, alors qu’il abaissait ses magnoculaires pour éponger son fond avec son avant-bras. Son treillis était trempé de sueur, et malgré la température, il refusait de sécher. Ses cheveux coupés court étaient mouillés de transpiration, pourtant il ne portait par son béret bleu des régiments blindés. Il reposait, coincé dans son épaulette gauche de son treillis sale. Malgré la chaleur et la situation, Kratchev se félicita d’avoir suivi les conseils de son défunt père, et de s’être engagé dans la Garde il y avait de ça presque six ans maintenant. Avant tout ça. Avant que les Orks n’envahissent sa planète. La situation aurait pu être bien pire, il aurait pu continuer de travailler dans les Manufactorums de sa ville natale, et se faire enrôler de force quand les premières peaux vertes arrivèrent dans le secteur. Un régiment d’infanterie était le dernier endroit dans la galaxie où il aurait passé ses derniers jours. Porter un simple gilet par balle et un fusil laser pour combattre une Waagh complète, ce n’était pas pour lui.

Il tapota du poing le blindage de la tourelle de son char, en souriant pour lui-même. Non, il préférait mettre une bonne épaisseur de blindage d’acier entre sa peau et les tirs ennemis. Ici, c’était chez lui maintenant. Et avec son équipage et son armement, il pouvait faire une réelle différence.


La conversation s’envenimait dans l’habitacle surchauffé du Leman Russ. L’équipage était pris dans une conversation houleuse, où les arguments volaient en même temps que les insultes. Le chargeur défendait ses positions contre les artilleurs de coque. Le moteur ne tournait pas, et les paroles résonnaient contre la carlingue alors que le lieutenant Kratchev s’apprêtait à re-rentrer et mettre un terme à tout ceci :


-Mais je te dis qu’ils sont partis. Disparu. Leur navire a quitté l’orbite avant même le début de la bataille spatiale. Tu ne peux pas dire que ce n’est pas vrai, on a vu les mêmes rapports avant qu’ils soient étouffé par le Commissariat. Argumenta le premier artilleur de bolter lourd.

-Je ne dis pas ça, je dis seulement que si les Astartes sont parti, c’était pour une bonne raison. Ils ne nous abandonneraient jamais. Répondit le chargeur.

-Mais faut être con et borné pour refuser de voir la vérité en face. Ils sont partis, et depuis ils ne sont jamais revenu. Ce n’est pas abandonner ça peut-être ? Ajouta l’artilleur du second bolter lourd du flanc gauche du char.

-Répètes un peu pour voir ? Qui c’est qui est con et borné ?


Le ton montait vite, le lieutenant Kratchev voulait éviter une bagarre dans son char, mais aussi garder ce genre de moral avant une bataille. Un homme en colère était plus concentré, mais il devait être canalisé. Le lieutenant regarda vers le ciel, mettant son bras pour cacher ses yeux du soleil qui tapait de ses rayons le désert. Même d’ici, il voyait les explosions et les traits de lumières qui continuaient de fleurir dans l’espace au-dessus de l’orbite de la planète. Même en plein jour, la bataille spatiale au-dessus d’eux était visible. Et de nuit, le spectacle était encore plus saisissant. Le lieutenant replongea dans sa tourelle alors que les insultes commençaient à pleuvoir plus que les arguments :


-Maintenant fermez tous vos gueules et concentrez-vous. Ça ne devrait plus tarder.


Les hommes se turent, se jetant encore des regards noirs alors que le lieutenant ressortait de la tourelle pour scruter la plaine de ses magnoculaires. Soudain, sur sa gauche, quelque chose bougea. On aurait pu penser que c’était un nuage de poussière, ou un mirage dû à la chaleur. Mais non. Kratchev reconnut ce qu’il vit, parce qu’il l’avait déjà vu, et combattu. C’était un nuage de pollution. Et d’après le sens du vent, le nuage toxique et malodorant avait un peu d’avance sur la colonne de véhicules qui le produisait. Il sauta dans sa tourelle, atterrissant sur son siège de cuir fatigué. Ses hommes se raidirent quand ils l’aperçurent prendre le combiné de la radio, et tous enfilèrent leurs casques de tankiste, préparant leurs armes et en se mettant en position.


-Ici char de tête au peloton, ils arrivent.


Kratchev reposa le combiné, et ressortit la tête de la tourelle. Il pouvait déjà les voir aux magnoculaires. Un dispositif complet blindé Ork. A la tête de la colonne, c’était le plus gros chariot de guerre que n’avait jamais vu le lieutenant. Son rouleau compresseur blindé, attaché à l’avant du véhicule écrasait tout ce qui passait à portée. Aussi bien les rochers que les potentielles mines déployées sur le terrain. Le lieutenant se fit la réflexion que les Orks ne manquaient pas de lucidité. Voir même d’intelligence. Mais aux vues de la taille et du poids du véhicule de tête et de son équipement, il préféra ne pas penser à sa consommation de carburant.


-Restez en observation pour l’instant. N’ouvrez le feu sous aucun prétexte. C’était la voix du capitaine.


Rien que de l’entendre, le lieutenant Kratchev sentit la colère monter en lui. Il le haïssait. Et ça depuis des années. Et le sentiment était réciproque, il le savait. Mais le hasard ou le destin, continuait de mettre ce capitaine sur sa route, ou l’inverse.

 

 

Alors même qu’il c’était engagé dans la Garde, il y a des années, il avait été nommé pilote de char, dans celui du capitaine Dechenko, qui à l’époque était déjà un lieutenant d’expérience. Les premières semaines de son entrainement c’étaient bien déroulées, jusqu’à ce que Kratchev, un beau jour pendant un exercice de tir n’oubli son rang et ne dépasse les bornes. Le lendemain, Kratchev fut muté dans l’équipage d’un autre char, et n’entendit plus parler de ce fameux lieutenant, promu au grade de capitaine entre temps.

Un beau jour le régiment fut envoyé dans une zone de guerre, pas très éloignée du système de Gorst, à peine une semaine de voyage dans les cales sales et humides d’un vieux cargo. Le régiment de Kratchev, le trois cent cinquante septièmes blindé, était demandé en renfort d’un autre régiment d’infanterie impérial déjà au contact d’un soulèvement de cultistes du Chaos dans une ville minière, bien trop étendue et défendable pour une si petite unité impériale. La campagne d’apparence facile, ne dura pas loin de six mois complets, où les pertes furent immenses des deux côtés. Le char que pilotait Kratchev fut même prit en embuscade par une force importante d’adorateurs du grand ennemi lors d’une patrouille, et un tir chanceux de lance missile vint perforer la tourelle et tuer son chef de char de l’époque. L’équipage sonné, n’arriva pas reprendre l’initiative, et un deuxième tir vint déchenillé le char déjà touché. Incapable de bouger, Kratchev prit la décision de prendre le commandement du char, alors que les tirs pleuvaient déjà sur eux. Il commanda habilement les tirs du canon principal et de son armement de caisse, appuyant précisément les renforts d’infanterie qui furent envoyés à sa rescousse.

Après cette action héroïque, il fut nommé chef de char, et reçu ses galons de lieutenant. Son avancement fut rapide et fulgurant. Jeune et insouciant il pensa pendant des années que c’était dû à son charisme et ses qualités. Pourtant cette promotion avait dû être appuyée par un autre gradé du régiment, se portant garant pour lui.

 

Son vieux père aurait été fier de lui, mais une pneumonie fulgurante l’emporta quelques semaines avant la nomination de son fils au commandement de son propre char Leman Russ. Il l’apprit par l’intermédiaire d’un communiqué officiel de sa ville natale, et son père fut enterré dans le jardin familial, derrière la maison de son enfance. Fier de son nouveau grade et de son char, reçu avant ses trente ans, il se forgea une solide réputation de fonceur et de tête brûlée parmi les officiers du régiment durant le reste de la campagne. Kratchev entendit même que le capitaine avec qui il avait eu de nombreux accrochages au début de sa carrière, avait reçu pour ses états de service une retraite bien méritée à leur retour sur Gorst, le soulèvement hérétique mâté dans la violence et le sang.

 

Jusqu’à ce que ces maudits Orks ne débarquent dans le secteur. Et qu’un nouvel officier commandant du peloton ne soit nominé. Son ancien officier en poste avait été retrouvé, la cervelle brûlée par son pistolet laser de service, dans ses quartiers, ses ordres de mission à peine déballés sur la table. La peur du combat avait eu raison de lui. Kratchev avait vite apprit qu’on avait rappelé tous les anciens officiers d’expérience pour la défense de la planète, et qu’un ancien capitaine venait de recevoir le commandement de son unité. C’était bien lui, le capitaine Dechenko.

Depuis ils s’évitaient cordialement. Leurs échanges étaient purement professionnels et même à la radio le ton était froid et distant. Mais depuis le début du débarquement orbital des Orks sur le pôle Sud de la planète, la situation avait changé.


Le régiment de Kratchev et Dechenko reçurent leur affectation. Ils seraient envoyés dans le Sud du continent, là où les défenses orbitales avaient échouées, ils devaient avec l’aide de plusieurs autres régiments, repousser un assaut planétaire Ork. Les ordres étaient simples. Trouver l’ennemi et le détruire avant qu’il ne prenne pieds sur la planète.

Kratchev n’avait jamais vu ça de sa vie. Les combats étaient violents, presque au corps à corps. Les rues des villes étaient à feu et à sang. L’infanterie Impériale et les chars d’assaut chargeaient les positions Orks alors qu’ils commençaient peine à fouler le sol de Gorst. Assis dans sa tourelle Kratchev avait entendu les os se briser sous ses chenilles alors qu’il fonçait droit sur les positions ennemies. Le carnage était total. Kratchev, emmenait son char dans les pires situations, là où les combats étaient les plus brutaux, ajoutant à son tableau de chasse nombre d’ennemis et de chars adverse. Alors que le capitaine, dans sa retenue habituelle tentait de ménager les ardeurs de son lieutenant. Pourtant Kratchev se sentait à sa place, au milieu des combats. C’était ici qu’il voulait mourir, infligeant des pertes énormes à l’ennemi, et enfin mourir pour sa planète.

Mais le commandement en décida autrement. Le régiment blindé de Kratchev reçu l’ordre de fuir la ville et les zones de débarquements ennemis, pour se regrouper vers le Nord du continent alors que les régiments d’infanterie avaient reçu l’ordre de contenir l’avancée Ork laissant assez de temps aux blindés pour se désengager.

Frustré, au bord de la crise de nerf, Kratchev suivit le reste de son peloton, dans un exode de plus de quatre mille kilomètres vers le Nord alors que dans son dos, continuait de brûler une ville impériale qui aurait pu encore être défendue. Ils roulèrent pendant des jours, et des semaines. S’arrêtant quand le carburant venait à manquer. Ils étaient ravitaillés par la voie des airs, des Valkyries faisant le pont aérien avec toutes les unités blindées qui fuyaient à travers les plaines et les forêts. Les casses devenaient de plus en plus courantes. Les équipages de char devaient changer les chenilles presque tous les cinq ou six cents kilomètres, alors que les pièces de rechanges étaient demandées par radio, et livrées par transports aérien.


Au final, les Orks réussirent à prendre toute la région du pôle Sud, et commencèrent leur débarquement orbital sans encombre, alors que Kratchev écoutait toutes les nuits par radio les échanges des unités qui tentaient vainement de résister à l’avancée irrésistible de la Waagh Ork. Kratchev ne dormait presque pas, et la colère montait de jour en jour dans son cœur, alors que la Garde Impériale ne cessait de perdre du terrain.

 

Les harcèlements de la part des buggies et des véhicules Orks commencèrent au bout d’une semaine de voyage, bien plus vite que prévu. Sous armé, ils furent rapidement détruits ou mit en fuite, mais cela ne voulait dire qu’une chose, que la Waagh Orks était sur leurs talons. Les rapports d’unités isolées immobilisées à causes de casses moteurs ou de problèmes de ravitaillements commencèrent à se multiplier au fil des semaines et des kilomètres parcourut alors que l’avant-garde ennemie continuait sa progression inexorable. Les échanges vox longue portée se transformèrent en rapport de contact avec l’ennemi. Les unités et peloton de chars à l’arrêt étaient systématiquement rattrapés et massacrés. Les nuits d’insomnies se succédaient pour les équipages des chars alors que les attaques se multipliaient. A chaque retard du pont aérien en carburant ou pièces de rechanges c’était la Waagh qui gagnait du terrain. Jusqu’au jour où la radio cracha les identifiant du peloton du lieutenant Kratchev alors qu’ils venaient de faire la traversée d’une forêt pendant plus de six jours à travers les arbres, la mousse, et les racines :


-Peloton B-seize-Delta, ordre de faire halte et d’engager tout ennemis qui passerait à portée.

-Bien reçu commandement. Terminé. Répondit fermement le capitaine Dechenko au vox.

 

Cela faisait maintenant quatre jours qu’ils avaient quitté la route ou ce qui s’en rapprochait le plus dans ce maudit désert de sel et de sable. Le capitaine Dechenko avait choisi leur position d’embuscade avec soin. Le char de Kratchev avait été positionné derrière une dune, laissant à peine son canon principal dépasser, ainsi que sa tourelle. Sa casemate à couvert derrière une bonne épaisseur de roche et de sable. La position était idéale. La pente était douce du côté des impériaux et brutale vers le bas de la plaine. De sorte que les tirs potentiel ennemi approchant serait dévié par le relief alors qu’une charge blindée aurait été possible par le peloton embusqué. La position surplombait la région entière, avec une vue dégagée. Si une colonne ennemie passait par là, Kratchev ne pouvait pas la manquer. Et il ne le ferait pas.

Au cours des quatre jours les rumeurs allèrent bon train entre les équipages à l’arrêt à l’abris d’un affleurement rocheux. Les flammes des minuscules feu de camp chimique menaçaient de s’éteindre à chaque bourrasque alors que des toiles de tente étaient tendues pour cacher à de potentiels observateurs extérieurs leur position. Les hommes parlaient de mission de temporisation pour donner le temps au haut commandement de préparer les défenses plus loin au Nord avant d’être submergé. D’autres parlaient de sacrifices vains alors que la Waagh continuait de se déverser depuis des transports immenses dans les villes du pôle Sud, perdues depuis longtemps maintenant. Quoi qu’il en soit, les nuits étaient illuminées par les tirs incessants de la bataille spatiale qui faisait encore rage dans l’orbite haute de Gorst alors qu’à de rares moments des débris aussi gros que des immeubles venaient s’embraser en rentrant dans l’atmosphère de la planète.


C’est à l’orée du quatrième jour d’arrêt forcé qu’ils virent leur premier contact ennemi depuis bientôt deux semaines complète. Le chariot de guerre Ork de tête était autant armé que le peloton du capitaine Dechenko au complet. Ses tourelles peintes en rouge sang étaient braquées sur la plaine désertique à la recherche de cibles à annihiler. Ses tuyères d’échappement crachaient une fumée toxique noire comme la nuit qui venait noircir les blindages des véhicules qui le suivaient. C’était une véritable colonne de guerre. Des chars d’assaut bricolés à partir de pièces et de châssis récupérées sur des champs de batailles lointain venaient faire hurler leurs moteurs améliorés. Les marques de clans et de guerre marquaient leurs blindages immondes alors qu’à milieu sur chaque véhicules l’image d’un énorme poing énergétique jaune trônait fièrement. Kratchev n’avait jamais rien vu de tel. Des dizaines de camions tout aussi brinquebalants que les autres, surchargés d’infanterie suivaient eux aussi. Des camions citerne, des remorques suivaient eux aussi, finissant le convoi d’au moins une cinquantaine de véhicules blindés. Quelques buggies ou sidecar armés tournaient autour du convoi comme des oiseaux de proie.

Ils sont nombreux, très nombreux. Pensa Kratchev. Il y avait au moins cinq ou six cents Orks à pieds embarqués dans des camions de transport. Même à cette distance le lieutenant pouvait voir qu’ils étaient lourdement armés, de mitrailleuses, de lance-roquette gigantesque, et d’armes tout aussi dévastatrices. Kratchev fit vite le calcul. Avec l’effet de surprise et la supériorité de sa position et des tactiques de combat impériale, le peloton pourrait venir à bout d’une aussi grande force ennemie. Mais la décision d’attaquer devait être prise maintenant, où il serait trop tard. La cible prioritaire selon son expérience, serait le chariot de guerre qui menait le convoi. S’il était détruit ou désemparé, alors ils augmenteraient leur chance de victoire drastiquement. Les deux seuls points noirs à son plan étaient que beaucoup plus de véhicules ennemis pouvaient se cacher dans le nuage de poussière et de pollution qui flottait dans la plaine, et surtout ce qu’ordonnerait le capitaine Dechenko au vox.


-Restez en position messieurs. Ne tirez pas. Laissez-les passer, ce convoi n’est pas notre cible.


Kratchev n’en crut pas ses oreilles. Il n’avait pas abandonné une ville impériale entière à son sort, pendant un débarquement orbital Ork, traversé la moitié du continent, franchit des forêts, des rivières et des marais avec son char, pour tourner les talons devant le premier ennemi qu’il voyait depuis des semaines. Il était un soldat, et un soldat combat. Il ne reste pas planté là, à surveiller le désert pendant que son monde tombe aux mains d’un ennemi aussi brutal.


-Chargez un perforant. Moteur en attente d’allumage ! Hurla-t-il dans l’habitacle de son char alors que ses hommes se mettaient en branle. Négatif capitaine, envoya-t-il à la radio, nous avons la supériorité de la position et de la surprise. Si vous amenez vos chars sur mes flancs nous pourrions les submerger sous un tir à longue distance avant qu’ils repèrent où nous sommes.


-J’ai dis négatif Kratchev. C’est un ordre direct de votre officier supérieur et…


Kratchev ne laissa pas au capitaine le temps de finir sa phrase. Il envoya le combiné relié par son cordon rebondir dans la tourelle d’un geste rageur. Aussitôt le lieutenant remit à ses yeux ses magnoculaires. Ils étaient dans la position parfaite. A huit cents mètres, de presque trois quart flanc. Comme dans les manuels. D’un tir bien placé il pourrait détruire le char de tête et le reste serait une affaire rondement menée. Soudain, il le vit. Sur un des flancs d’un char qui ressemblait grandement à un Leman Russ mais tombé dans les mains d’un mécano Ork fou, le marquage régimentaire réglementaire. Un trois cent cinquante sept peint en peinture blanche au milieu des tags et des signes de clans Orks. Les peaux vertes étaient connues pour voler et réutiliser les véhicules ennemis tombés au combat, mais là, ce que vit le lieutenant Kratchev le mit hors de lui. Ils pilotaient un char ayant appartenu à son régiment. Ce devait être un des pelotons tombés en panne de carburant ou de pièces détachées, et massacrés.


-Cible à huit cent mètres, chariot de guerre Ork. Détruisez-le ! Hurla-t-il alors qu’il sautait dans sa tourelle.


Les servomoteurs électrique de la tourelle entrèrent en action, pompant l’énergie nécessaire dans les batteries du char, moteur à l’arrêt, pour aligner l’imposant canon de bataille vers sa cible, huit cent mètres plus loin. Le chargeur inséra d’un seul coup violent de ses avants bras puissants un obus performant dans la culasse et la referma en actionna le levier.


-Prêt !

L’équipage se tendit. Kratchev avait la cible dans les optiques d’observation de sa coupole. Un angle parfait, presque perpendiculaire à son canon. L’obus n’aurait aucun mal à perforer le blindage et détonner à l’intérieur.

-Feu ! Hurla le lieutenant dans l’habitacle du char.

-Envoyé ! Répondit aussitôt le tireur alors qu’il venait d’actionner la pédale de tir du canon principal.

Le souffle, le son et la fumée de tirs les prirent par surprise alors que le chargeur ouvrait déjà la culasse de l’arme pour recharger le canon. La douille vide tomba au sol dans le panier de récupération en grillage. La poussière que venait de soulever le tir devant le char empêchait le lieutenant de voir correctement le résultat de son premier tir. Maintenant ils n’avaient plus le choix. L’initiative venait d’être consommée, ils ne pouvaient plus faire marche arrière. La bataille venait de commencer.


Ça y était. Il le voyait. Le tir avait fait mouche. Juste sous la chenille du train principal du chariot de guerre. Le trou d’entrée était bien visible, même depuis cette distance. Le tireur venait de faire un sans faute.


-Coup au but ! Hurla le lieutenant dans le bruit ambiant de l’habitacle surchauffé et bruyant alors que le canon venait d’être rechargé pour un nouveau tir.

A huit cent mètres de là, le chariot de guerre venait de s’immobiliser, handicapant toute la colonne de véhicules qui essayaient de l’éviter pour éviter un carambolage. Les équipages Orks semblaient paniqués et les armes des chars ennemis et du chariot de guerre tournaient dans toutes les directions, cherchant un contact sur lequel faire pleuvoir la mort. Mais le char du lieutenant Kratchev restait dissimulé, pour l’instant.

-Lieutenant, bordel de merde, Quesque vous avez foutu ? Vous venez de tous nous condamner. Espèce de… Cracha le capitaine Dechenko sur le vox du peloton.

-Restez caché à couvert, mais ce n’est pas comme ça que l’on va gagner cette putain de guerre ! Hurla Kratchev. Je vais anéantir cette colonne et vous avez intérêt à me suivre capitaine.

-Je vous interdit de me donner des ordres et…

Kratchev coupa la liaison avec le capitaine avant même qu’il ne puisse finir sa phrase. Ce fut un affront et une insulte de plus, et les conséquences seraient désastreuses, mais pour l’instant, seul comptait le combat à venir.

-Prêt !

-Feu !

-Envoyé !



Tout le char trembla alors que le canon de bataille envoyait un autre obus perforant vers sa cible, toujours désemparée en plein milieu de la plaine désertique. Kratchev le vit distinctement cette fois à travers la fumée de départ du tir et de la poussière soulevée par le recul à l’avant du canon. Un autre trou aux contours rougeoyants fut créé par la pénétration surpuissante de l’obus. Sauf que cette fois-ci l’obus toucha le chariot de guerre Ork juste sous une des tourelles principales. Un geyser d’étincelles en sorti en cascade ne semblant pas vouloir s’arrêter. Une fumée noire et épaisse se dégageait du haut de la tourelle et même par la sortie du canon du chariot de guerre, accompagnée de flammes chimiques surchauffées.


-Coup au but, on a eu leurs munitions ! Eructa Kratchev dans sa tourelle.


C’était un coup chanceux. L’équipage du lieutenant Kratchev venait de toucher un rack d’obus mal entreposé, et surement de mauvaise qualité. Le stock venait de prendre feu sous les éclats et l’explosions de l’obus perforant du char impérial. Le désastre continua de s’amplifier de seconde en seconde, alors que le feu gagnait en intensité. Mais la masse du chariot de guerre Ork joua en sa faveur. Il était tellement large et gros que l’impact de l’obus ennemi sur cette section de son blindage, n’affecta pas les autres sections surement séparées par des sas et trappes hermétiques. Il était immobilisé, mais toujours actif. Et le second départ de coup venait d’être repéré par les Orks qui cherchaient déjà l’origine du premier tir.


-Chargez un explosif, visez les camions de transports. Semez le chaos dans leur formation, hurla le lieutenant toujours cramponné aux périscopes de sa coupole de commandement alors que les moteurs rugissants de deux autres Leman Russ du peloton résonnaient derrière leur couvert.

Ils montaient tous les deux en même temps, de part et d’autre du char toujours à l’arrêt de Kratchev. Ils étaient en première vitesse, celle qui développait le plus de couple et de puissante pour faire gravir à leur masse blindé le petit escarpement pour faire sortir leurs tourelles à découvert pour joindre leurs tirs à ceux du lieutenant déjà engagé.

-Démarrez le moteur ! Ordonna le lieutenant alors que le canon de bataille tonna une nouvelle fois.


Une seconde à peine après son tir, celui du char du lieutenant Machencko tira lui aussi dès qu’il arrive en position. Celui de l’adjudant Protchev tira lui aussi deux secondes plus tard alors qu’il arrive enfin en position. Trois char Leman Russ faisaient face à couvert à la colonne Ork qui commençaient à répliquer vers eux.

L’obus explosif toucha au niveau du train avant un camion Ork qui tentait de contourner par la droite le chariot de guerre immobilisé. Les roues volèrent en pièces quand le bloc moteurs parti en fumée dans une gerbe de feu de carburant de piètre qualité. Il s’immobilisa lui aussi, non loin du chariot de guerre qui brûlait sur la piste de terre retournée par les obus. Un second obus explosif vint exploser aux pieds du camion précédemment touché. Une zone de shrapnels autour de l’explosion vint cueillir l’équipage qui tenait de sortir du véhicule et ses passagers.

C’était le char de Protchev qui venait d’éliminer une poignée d’Orks de son tir. L’adjudant avait ordonné à son chargeur de modifier l’obus d’un rapide coup de tournevis universelle pour rendre l’obus explosif retardant. Au lieu d’exploser à l’impact avec le sol, l'obus explosif tapait le sol de pierre et de sable et venait exploser à la surface, envoyant un maximum de shrapnels dans une zone mortelle élargie. Les Orks à pied furent oblitérés par le tir de canon démolisseur.

C’était la débandade chez l’ennemi. Les camions essayaient de se désengager des tirs en approche. Leurs moteurs hurlaient alors qu’ils essayaient de dépasser ou reculer pour sortir des angles de tirs. Ils finissaient dans les fossés au bord de la piste, alors que des tirs explosif et perforant venaient les cueillir.

 

Les tirs pleuvaient sur les positions des chars impériaux à couvert. Le remblai commençait à encaisser des impacts d’armes légères et lourdes dans des geysers de pierres et de sable pulvérisés. Dans cette configuration le danger était minime pour le char du lieutenant Kratchev et ceux de ses compagnons. Ils continuaient tous de faire feu ajoutant plusieurs véhicules à leurs tableaux de chasse.

-Même cible, char Leman Russ volé, envoyez un perforant ! Hurlait le lieutenant.

-Prêt !

-Envoyé !


Le canon tonna une nouvelle fois, alors que ceux à ses côtés faisaient de même. La voix du capitaine Dechenko se faisait rare au vox. Il laissait toute la latitude nécessaire à ses hommes d’expérience pour faire leur travail. La cible fut touchée. C’était un char du régiment de Kratchev qui avait été volé. On pouvait encore voir les insignes régimentaires mais aussi son équipage mutilé attaché au blindage avant. L’affront venait d’être lavé. L’obus perforant toucha le char juste sous la tourelle, et pénétra avec facilité. Une explosion survint directement à l’intérieur du char Ork. Ses munitions prirent feu en moins d’un battement de cœur. La différence de pression entre l’extérieur et l’intérieur du char fut catastrophique pour son équipage mais aussi pour la machine. La tourelle s’envola dans un geyser de flammes et d’étincelles alors que le reste de munitions et de carburant s’enflammaient à la chaîne.

Dans un rayon de vingt mètres autour de la carcasse du char volé tout mourut. Un camion de transport Ork qui passait à côté explosa à son tour alors que les obus explosifs du char détonnèrent eux aussi. Les Orks entassés dedans, serrés les uns contre les autres succombèrent quand l’explosion les souffla et les incinéra.

-A tous les chars continuez le tir ! Ordonna le capitaine sur le vox alors que les trois chars de tête continuaient d’envoyer obus sur obus.

De l’autre côté de la plaine l’infanterie Ork qui avait débarqué commençait à se déployer et ouvrir le feu sur le peloton de chars. Les tirs ricochaient sur les blindages. Des roquettes venaient s’écraser dans le sable ou détonnaient loin de leurs cibles alors que les mitrailleuses lourdes Ork envoyaient des déluges de balles traçante vers la position supposée des chars impériaux. C’était un massacre à sens unique.

 

-Préparez-vous à charger messieurs ! Tonna la voix de Kratchev sur le réseau vox du peloton. Conducteur, prépare-toi à passer par-dessus le remblai à mon commandement. Nous prenons la tête du peloton. Je veux un feu continu du canon principal vers le convoi ennemi arrêté. Nous allons passer par l’avant de la formation ennemi, tandis que Machencko et Protchev vous passerez sur leurs arrières.

Le plan était simple, et tous les soldats à la radio le comprirent. Ils allaient foncer vers l’ennemi. Kratchev attirerait le feu Ork laissant les autres manœuvrer pour détruire les cibles. Le capitaine Dechenko n’avait encore rien dit.

-Je serais en attente sur nos arrières pour vous appuyer. Je déborderais sur le flanc qui en à le plus besoin. Bonne chance messieurs.

Le lieutenant Kratchev inspira un grand coup, remplissant ses poumons d’un air surchauffé par les tirs en continu, chargé des vapeurs et des gaz de combustion.

-En avant !



La première vitesse passa dans un craquement de boite de vitesse ayant besoin d’une sérieuse révision. Mais son char en avait vu d’autres. Kratchev avait confiance. Il l’avait tout de suite su la première fois qu’il avait posé les yeux sur lui. Son extérieur était en piteux état. Sa peinture cloquée et aux finitions désastreuses reflétaient une apparence de vieux modèle de char sans entretient. Ce char représentait à lui seul toutes les contradictions et les erreurs de la Garde Impériale. L’apparence était souvent trompeuse. Nombreux furent les officiers de la Garde des régiments blindés qui reçurent en dotation des chars flambant neuf, sortant de Manufactorums réputés, d’apparence impeccable. Les finitions parfaites, de meilleurs goûts, resplendissantes pendant des défilés militaires. Mais quand venait l’heure de la guerre, les pièces cassaient les unes après les autres, laissant son équipage à la merci d’un ennemi qui n’aurait pas lui non plus cru que de tels véhicules splendides puissent être responsable d’actions aussi misérables. Un dicton courait dans la Garde alors : Si c’est trop beau, c’est que c’est faux.

Le char Leman Russ de Kratchev était une ruine, mais seulement en apparence. Sa carrosserie et son blindage étaient piquetés de rouille. Un pot d’échappement était percé, laissant un bruit horrible s’en échapper, ainsi qu’une fumée immonde, mais une chose était sûre. Les servitors et les technoprêtres qui l’avaient conçu et supervisé son montage avaient fait un véritable miracle à l’intérieur. Son canon s’emblait inépuisable, envoyant obus après obus sans dévier. Ses optiques ne nécessitaient que peu ou presque pas d’entretient et son moteur, quoi que standard développait plus de chevaux que les autres, alors que les kilomètres s’accumulaient sur son compteur. Plus d’un ennemi c’était fait avoir par la rusticité extérieure d’un char hautement performant et meurtrier. Kratchev leur laissait rarement une seconde chance pour comprendre leur erreur.

Le char monta le monticule de terre devant lui avec une aisance stupéfiante pour son tonnage. Franchissant le remblai alors que les tirs pleuvaient autour de lui. Les canons des deux autres crachèrent leurs obus dans son dos, appuyant son avancée. Dans un fracas, le char du lieutenant arriva de l’autre côté du couvert, écrasant de ses chenilles et de sa coque blindée les rochers devant lui. Le tireur tenta un tir chanceux alors que les stabilisateurs du canon peinaient à aligner l’affût et sa cible. Le tir manqua de beaucoup un buggy ennemi qui tentait de fuir à huit cent mètres de là, caché par la fumée des carcasses qui brulaient mais aussi du nuage de pollution des autres véhicules Ork. C’est à ce moment que les armes de caisse du Leman Russ entrèrent enfin en action. Les trois bolters lourds ouvrirent le feu à l’unisson, ajoutant le vacarme de leurs tirs à celui de la bataille de chars déjà en cours. Kratchev avait lui-même opté pour un bolter lourd de caisse sur l’avant de son char, jugeant qu’un canon laser le handicaperait plus qu’autre chose, alors que son char était déjà capable de tir anti-char. Maintenant son blindé déployait une puissance anti-char et anti-infanterie remarquable. Les artilleurs des armes de coques alignaient cible après cible, envoyant des rafales soutenues sur les silhouettes des Orks qui tentaient de se mettre à couvert.

L’habitacle du char résonnait des douilles de bolt surchauffées qui tombaient sur le sol, alors que le canon tonnait obus après obus. Les deux autres chars derrière Kratchev montèrent le talus avec facilité alors que Kratchev chargeait droit devant, toutes armes hurlantes.


Il avait calé sa vitesse pour permettre à son tireur d’aligner les tirs même en déplacement. Le canon tonna une nouvelle fois. Un camion Ork fut littéralement pulvérisé par l’obus qui le traversa de part en part. Il devait avoir été chargé de munitions pour une si grande explosion, pensa Kratchev.


-Infanterie Ork, entre les carcasses, ils essayent de mettre en batterie une arme lourde !

-Vu ! répondit l’artilleur du bolter lourd gauche.


Aussitôt il ouvrit le feu. Il expédia trois rafales soutenues qui partirent droit vers leurs cibles. Les Orks n’eurent aucune chance. Les corps furent transpercés par les bolt perforants et explosifs avec la même facilité. Ils retombèrent au sol méconnaissable, dans des geysers de sang et d’os. L’artilleur du bolter lourd cria qu’il était à sec et qu’il devait recharger, les autres artilleurs appuyèrent de leurs armes le rechargement de leur camarade.


-Rafales courtes j’ai dit ! Hurla le lieutenant passant la tête dans l’habitacle de son char.

L’artilleur du bolter droit ne semblait pas avoir comprit et expédiait presque en continu toute sa réserve de munitions qui défilait à une vitesse alarmante. Kratchev lui expédia un coup de pieds dans les côtes en répétant son ordre. L’artilleur se retourna un air méchant sur le visage, prêt à se battre pour se ravisa en voyant la même expression sur le visage de son officier. Kratchev se rassit sur son fauteuil quand il fut sûr que son ordre allait être exécuté.

Il ne voyait presque plus rien par les périscopes de sa coupole de commandement. La fumée et les explosions lui cachaient le soleil et le reste de la colonne. Le reste du peloton continuait sa route en parallèle du char de Kratchev, mais sur l’autre flanc. Les rapports de destructions de cibles ennemies allaient bon train sur les ondes, et le Leman Russ du lieutenant n’était pas en reste lui non plus. L’infanterie Ork se faisant décimer par les bolters lourds du peloton, mais la menace n’avait pas encore disparu. Le char du lieutenant contourna un camion Ork en feu par la droite, et émergea de l’épais nuage de fumée qu’il libérait.

De l’autre côté de la colonne de fumée l’attendait un char Ork en parfait état de marche. Son canon était braqué sur Kratchev, qui dans sa tourelle hurla à son équipage de se préparer à l’impact. Le coup de canon ennemi lui sembla résonner dans son propre char, mais ce fut l’obus ennemi approchant qui les sonna pour de nombreuses minutes. Kratchev cru mourir. L’impact le jeta au sol, en bas de sa tourelle, alors que ses hommes eux aussi furent éjectés de leurs sièges. Ce fut un coup à bout portant. Le lieutenant s’attendait à n’importe quel moment à sentir des flammes venir lui lécher le visage mais rien ne vint. Il se redressa, et regarda par le périscope avant. Le char ennemi était toujours devant eux. Le second tir ne devrait plus tarder, et cette fois c’était sûr, ils étaient morts. Soudain un obus vint cueillir le char ennemi sur le flanc. L’impact et l’explosion le firent se soulever d’au moins deux mètres, puis retomber au sol, dans un fracas.


-Kratchev, nous venons de le toucher. Il est à vous ! Résonna la voix du capitaine sur le vox du peloton.

 Dechenko venait de réussir un tir de précision malgré le chaos ambiant avec son char et son canon Vanquisher à plus de huit cent mètres. C’était un chef de char exceptionnel, pensa Kratchev, mais il ne lui dirait jamais. Par son action il venait de le sauver, lui et ses hommes. L’équipage du lieutenant Kratchev avait réussi lui aussi à se remettre en position. Le pilote redémarra le moteur et actionna les gaz. Le char bondit en avant.

-Passe sur son flanc droit. Tourelle à neuf heure, obus perforant !


Le char accéléra. La tourelle commença sa rotation alors que le tireur actionnait les pédales de commandes. Kratchev le fit en détail. Il était si proche qu’il voyait les craquelures et les brulures de sa peinture rouge et jaune Ork. Ça le dégoutait au plus haut point. Mais il réussirait à le détruire et mettre fin à cette abomination blindée. Son canon tonna une nouvelle fois, envoyant un obus dans le flanc peu blindé du char Ork qui fut envoyé sur le flanc gauche par la violence du coup et des explosions secondaires qui suivirent. Kratchev et son char n’attendirent pas et continuèrent de remonter la colonne du convoi ennemi, tirant de toutes leurs armes.

Les détonations des canons se firent plus rare et les rafales de bolters lourds aussi. Les rugissements des lances flammes de coque de Protchev et de son char, seuls, persistaient. Kratchev regardait dehors par l’énorme trou dans la coque de son char. L’obus qui avait bien faillit tous les tuer, avait seulement rebondit sur le blindage, mais au passage avait arraché presque toute une couche. Si le lieutenant tendait la main, il aurait pu la passer et sentir le vent dessus.

-Halte. Moteur au ralenti, ordonna calmement le lieutenant.


Il ouvrit d’un geste ample la trappe vers l’extérieur. Un soleil faiblard entra dedans, ses rayons cachés par la fumée des incendies autour. Kratchev se hissa dehors, debout sur sa tourelle, il remplaça son casque de tankiste par son sempiternel berret d’un bleu profond des régiments de cavalerie de Gorst. Son visage lui faisait mal. Il avait reçu quelques éclats de peinture ou de shrapnels dans la peau, et son sang c’était mélangé à la suie qui lui barbouillait le visage. Dans sa main droite il tenait sa carabine laser, dont il déplia la crosse. Il avait pris l’habitude de ne jamais sortir de son char sans être armé lourdement. Son pistolet laser c’était avéré trop léger pour arrêter un géant Ork qui aurait voulu le tuer.

Il marchait dans un sable noirci par les feux des incendies et des hydrocarbures qui brulaient à des centaines de degrés. Partout où il regardait les cadavres des Orks s’empilaient. Lui et son peloton venait de faire un véritable massacre. Et de leur côté, aucune perte n’était à déplorer. Seulement quelques éraflures et casses matériel. Le capitaine l’attendait. Il était lui aussi devant son char, entouré des autres chefs blindés, tous leurs berrets bleu sur la tête. Kratchev approcha d’un pas décidé, alors qu’une rafale de bolter lourd résonna sur la plaine. La conversation se tût alors que le lieutenant approcha. L’atmosphère se tendit. D’un coup le capitaine fit un pas en avant, prenant par surprise le lieutenant. Il lui expédia un crochet de son poing droit assez violent pour l’envoyer au sol sous la surprise.

Kratchev cracha du sang par terre et se remit debout. Il s’attendait à être reçu de la sorte après son action.


-Relèves-toi espèce de sombre connard. Lui ordonna son capitaine.


Les autres soldats n’avaient pas bougé d’un pouce et regardaient la scène. Certains avaient décroisés leurs bras et se tenaient les hanches. Leurs mains à quelques centimètres de leurs armes de service si la scène commençait à s’envenimer.


-Nous avons détruit cette colonne, capitaine. Répondit simplement Kratchev, appuyant sur le grade de son supérieur avec une note de dégouts.

-Tu as désobéis à un ordre direct, tu as mis en danger la vie des hommes sous ma responsabilité, et changé les paramètres de la mission. Hurla le capitaine, qui dégaina son pistolet laser. Je devrais t’abattre sur place.

-Nous avons gagné mais avec vous, pas besoin d’ennemi pour que notre monde ne tombe. Nous avons une guerre à gagner, une Waagh à arrêter. Rétorqua Kratchev.

-Tu n’es pas un soldat. Tu es un chien fou. Tu ne sais rien et tu ne comprends rien. Nous venons d’utiliser presque toutes nos munitions pour un convoi ennemi mineure. L’aviation avait prévu de le frapper depuis les airs en une seule passe. Et nous voila comme des cons au milieu du désert, sans munition, avec une cible marquée dans notre  dos.

Kratchev ne sût que quoi répondre, désemparé. Il n’avait pas pensé à tout ce que ses actions engendreraient alors que son supérieur, ayant une vision globale, lui avait presque tout prévu.

-Si des renforts ennemis nous trouvent, on est mort. Continua le capitaine. Mais toi, je te tuerais avant, je te le jure.


Le capitaine ne rangea pas pour autant son pistolet laser, toujours pointé vers le sol.


-S’ils nous trouvent, je foncerais droit devant pour en emporter un maximum avec moi et vous laisser le temps de réparer mes erreurs. C’était tout ce que Kratchev réussit à répondre.


Les autres officiers sourirent à sa phrase, d’autres dire non de la tête en soupirant. Le capitaine quant à lui le regarda dans les yeux et ne décela aucune trace d’humour.


-Par l’Empereur-Dieu tu es vraiment con Kratchev, mais tu ne manques pas de couilles. Ça c’est moi qui te le dis.

Les hommes ne purent s’empêcher de rigoler à la pique du capitaine, mais le lieutenant le prit comme un compliment et hocha simplement de la tête.

-Bien, messieurs, à vos montures, il nous reste encore beaucoup de travail.

 


Au même moment une escadrille de bombardiers marauders passa en rase motte, moteurs hurlants, au-dessus des colonnes de fumée du convoi détruit. A peine dix secondes plus tard, le rugissement d’un bombardement en bonne et due forme arriva jusqu’à leurs oreilles, quand la terre trembla sous la force des impacts. Kratchev fit demi-tour pour retourner à son char, la mine sombre, et le regard noir. Ils leur restaient encore beaucoup de travail à accomplir, et il comptait bien faire sa part.

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