Black Templar Tome II
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Le son rauque des moteurs Warp avait laissé place à ceux plus aigus mais plus puissant des réacteurs colossaux qui les propulsaient dans l’espace réel. La sortie Warp avait été mouvementé, mais pas pour l’équipage du Revenant, qui avait vu pire. Le navire avait tremblé de toute part. Quelques conduites de gaz et d’autres fluides avaient cédés dans des quartiers plus ou moins important. L’équipage avait alors œuvré immédiatement aux réparations. Quelques blessés étaient à déplorer, mais rien d’alarmant. Le navire était sur le pied de guerre. Il n’existait pas un pont, une cale ou un dortoir qui n’était pas vidé de tous ses occupants. L’équipages était à son poste, il n’existait plus de quart de travail ou de repos jusqu’à nouvel ordre. Ils étaient parés à la guerre.
-A vos postes de combat ! Préparez-vous ! Répéta la voix préenregistrée pour la troisième fois consécutive sur tout le navire.
-Levez les boucliers, artillerie et armes chargées, parées à faire feu. Equipes anti incendies aux centres névralgique, équipes anti abordages en position. Prévenez le seigneur Brüner que nous sommes arrivés. Ordonna sans attendre le capitaine Ström à son équipage.
Partout sur la peau d’adamantium pur et de synthèse du blindage du Revenant, les pylônes de projections des boucliers Void commencèrent à emmagasiner de l’énergie qui venait directement du réacteur plasmatique du navire. En une minute, la surtension gagna l’intensité minimale requise, et les pylônes rentrèrent en action avec ceux à leurs côtés. Une bulle infranchissable pour les projectiles et les débris spatiaux scintilla un battement de cœur avant de disparaitre quand l’équilibre énergétique se stabilisa. Quelques fois quand une légère surtension, sous tension ou un astéroïde arrivait à percuter les boucliers alors un flash lumineux bleuté venait l’accueillir, encaissant la force de l’impact, laissant la coque surblindé sans une éraflure. Les boucliers tournaient à plein régime, tous les voyants étaient au vert, et si c’était nécessaire, une surtension d’énergie pourrait être demandé pour augmenter temporairement la résistance des boucliers. Mais pas sans en payer le prix, mais l’équipage connaissait les risques de leur métier.
-On y est les gars ! Hurla le contremaitre de la chaine secondaire de rechargement du Holy Thunder, en écrasant son mégot sous sa botte ferrée.
Ses hommes se mirent en branle. Certains aussi écrasèrent leurs mégots. Il était strictement prohibé de fumer pendant le chargement et les tirs des pièces navales. Les équipes de serfs profitaient des derniers instants où c’était encore permis. Le grincement distinctif des chargeurs automatiques qui ramenaient les obus depuis les cales du navire commencèrent à résonner, alors que les équipes à moitié sourde depuis des années s’acharnaient sur les chaines pour mettre la culasse de l’imposante pièce d’artillerie, en place.
-C’est fait, capitaine. Rapporta un officier en bas du trône de commandement.
C’était beaucoup trop rapide. Ses ordres venaient à peine d’être donné. Impossible qu’ils soient aussi vite exécutés. Son officier de quart venait d’anticiper ses ordres, et donc de donner ses propres ordres en avance. Et si les ordres du
capitaine Ström étaient entrés en contradiction avec ceux donnés par l’officier de quart. Il ne pouvait y avoir qu’un commandant sur un navire. C’était comme cela qu’on s’assurait la victoire.
-Pas d’initiative lieutenant. Rappela à l’ordre le capitaine.
Le lieutenant remit à sa place hocha de la tête en silence et reprit son travail. Le capitaine Ström nota dans son esprit qu’il devrait plus tard, avoir une conversation sur cet incident avec cet officier. Enfin, s’ils survivaient vers quoi ils se dirigeaient. La peur ou l’appréhension faisait faire des choses étranges aux hommes. Certains fuyaient le danger, d’autre fonçaient vers la menace dans des élans suicidaire. Et certains avaient des excès de zèle. Ils essayaient de faire trop bien leur devoir, surpassant les cadres hiérarchiques, et la chaîne de commandement. Rien de bon ne pouvait en sortir au final. Garder son poste, faire son devoir, rester à sa place. Et vous survivrez peut-être un jour de plus.
-Scan d’auspex courtes et longues portées. Dites-moi dans quoi je navigue messieurs.
Depuis l’arrivée du Revenant dans le système de Gorst, le navire et son capitaine naviguaient presque sans information. Les volées blindées de la passerelle étaient fermées et ils ne savaient pas où leur sortie Warp les avait amenés.
-Scan d’auspex incohérent. Beaucoup d’interférences. Un champ de débris capitaine. Nous naviguons à l’aveugle.
-Ouvrez les volés ! Si on ne peut pas se fier aux instruments, je naviguerais à vue !
Les ordres du capitaine furent respectés dans la minute. Les immenses panneaux d’adamantium et de titane s’ouvrirent sur l’immensité du vide spatiale. Naviguer à vue un croiseur d’attaque lourd Astartes était presque interdit par toutes les conventions et manuels de navigation existant. Mais la guerre demandait de s’adapter à son environnement. Dans l’espace, les trajectoires se calculaient en milliers de kilomètres parfois en dizaines de milliers. Quand on naviguait à vue, on ne pouvait voir qu’à un ou deux kilomètres tout au plus. Ce genre de navigation ne laissait pas de place à l’erreur ni à l’improvisation. Un croiseur d’attaque Astartes bien que plus rapide et manœuvrable que d’autres navires impériaux, restaient quand même un bâtiment de plusieurs centaines de milliers de tonnes, avec un équipage qui approchait les vingt-cinq mille âmes. Une manœuvre d’évitement ou de changement de cap soudain était risquée voire dangereuse, et presque dans tous les cas, impossible.
Une bataille spatiale était lente, et les distances d’engagement étaient très éloignées. Un navire pouvait faire feu pendant des jours sur une cible invisible à l’œil nu, à presque une demi seconde lumière de distance, sans pour autant lui infliger des dégâts décisifs au cours de la passe d’artillerie. C’était plutôt un jeu de patience, de placement et de stratégie, qu’un affrontement brutal. Les trajectoires, les manœuvres étaient calculées à l’avance par une armée d’officiers et de servitors enchâssés dans leurs pupitres où défilaient des lignes et des lignes de codes binaires. Les mathématiques et la trigonométrie étaient les réelles armes et munitions de ces guerres, où de riches et puissants capitaines, faisaient valoir leur rang, leurs titres et leurs lignages pour s’accaparer la gloire de combat qui duraient des semaines, et coutaient des milliers de vies à chaque infimes erreurs de calcul.
Là, c’était l’exact inverse.
A peine les volés blindés s’ouvrirent qu’un spectacle rarement vu s’imposa à la passerelle. La vue panoramique était saturée de débris en tout genre, vestiges d’un affrontement mineur qui avait emporté bon nombre de navires impériaux, mais aussi Orks. Les plaques de blindages grandes et épaisses comme des immeubles flottaient dans le vide, entrant en collision au ralentit avec des affuts de canons tordus et inutilisable, arrachés aux flancs d’un navire de ligne loyaliste. Les débris des navires ennemis, peints dans des couleurs criardes jaunes ou rouges, côtoyaient les ornements détruits des flèches et des basiliques des navires de la flotte de l’Empereur. Le champ de ruine était dense, et large. Les boucliers du Revenant scintillaient très régulièrement. Les projecteurs de bouclier de proue encaissaient la majeure partie des projectiles et des éclats qui tournaient sur eux même dans le vide spatial.
Mais au loin, à une distance qu’un esprit humain aurait eu du mal à appréhender sans l’aide des cogitateurs et des batteries de calculs des ponts de commandements, se déroulait, en temps réel, une bataille spatiale comme rarement il en existait. Elle ne correspondait en rien à ce qu’aurait pu prévoir ou même prédire les livres d’enseignements des université navale Impériale.
Les tirs de lances lasers fendaient le noir du vide avec la violence de soleils réveillés. Les coups de lances bleutés répondaient avec la même intensité à ceux jaunes et verts des Orks qui tentaient de passer en force les lignes de défenses impériales. Au loin on aurait pu croire qu’il n’y avait plus aucune cohésion dans ce chaos, mais pourtant une certaine danse se dessinait. La flotte de l’Empereur tenait bon. La situation était critique. Les navires se battaient presque au corps à corps, ne respectant aucune des techniques de combat préconisés par les manuels d’officiers. Des manœuvres de contournement et de tir de saturation à longue portée étaient mise en place, mais les Orks par la force du nombre continuaient de progresser. On aurait une marée de navire, grignotant une digue de béton et d’acier. A la fin, la mer gagnait toujours.
Une des stations de défenses orbitales, au-dessus du pôle Sud avait disparue. Ström le remarqua aussitôt. Son esprit analytique et sa mémoire visuelle lui rappelèrent, qu’à cet emplacement précis, il y avait deux semaines, il y aurait dû avoir un bastion spatial, clé dans la défense de cette planète. Elle était maintenant en feu, ses parties arrachées dérivaient dans le vide spatial ou attirées par la gravité de la planète, tombait vers les continents plus bas, dans des comètes de feu incandescentes.
La bataille continuait toujours. Des navires s’affrontaient sans discontinuer, se croisant à quelques kilomètres de distance, déchargeant leurs bordées d’artillerie, espérant que leurs propres boucliers réussissent à tenir tandis que ceux de l’ennemi flancheraient. Alors les monstres de blindages rechargeant leurs armes, reculant vers la sécurité de leur camp, léchant leurs blessures pour préparer une autre attaque.
Les Orks avaient réussi à prendre possession du pôle Sud de la planète. Malgré tous les efforts de la marine impériale, ils n’avaient pas réussi à stopper leur avancée sur cette partie du secteur de défense. Les Orks en avait alors profité pour s’enfoncer profondément dans le dispositif, et commencer leur débarquement orbital. Les navettes, les modules de débarquements et quelques fois des navires entiers s’élançaient vers l’atmosphère de la planète qui tournoyait en-dessous d’eux. Leur débarquement était continu mais mouvementé. La marine tentait d’endiguer le flux de peau vertes qui arrivaient à la surface en envoyant salve après salve sur les navires de débarquement ennemi. Des navettes explosaient en plein vol, des croiseurs légers entraient en collision à cause des mauvaises communications des Orks mais aussi de leur manque de discipline. Ça aurait pu ressembler à une énorme débâcle. Mais c’était en réalité un assaut planétaire Ork en règle.
-Obstacle droit devant ! Hurla Ström à son barreur. Barre à bâbord toute, inversion de poussée sur les moteurs tribord ! Préparez-vous à l’impact !
Ström avait déjà connu ce genre de chose. Une collision involontaire à cette vitesse, dans ces circonstances, reviendraient à placer une cible sur son navire si des dommages seraient à déplorer. La collision même pourrait leur être fatale si la structure encaissait des dommages trop importants. Le navire pouvait se briser en deux.
-On dirait un navire marchand ! Rapporta un officier qui se tenait à sa console d’observation, tandis que le pont du Revenant prenait de la gîte alors qu’il effectuait un virage d’urgence à pleine poussée.
La baie d’observation s’emplie d’un modèle de super transporteur impérial. Au milieu de cette forêt de débris, les auspex n’avaient même pas réussi à le distinguer de cette masse informe. Il semblait à l’arrêt, tout moteur éteint. Ses hangars étaient gigantesques, son armature encore plus. Ström imagina très bien pouvoir amarrer dedans son propre navire sans réel soucis de place pour manœuvrer. Si le Revenant était un monstre d’adamantium fait pour la guerre, ce transporteur était un géant des légendes anciennes. De ceux qui habitaient dans au fond des océans, ne faisant que surface pour anéantir les populations humaines qui proliféraient à la surface.
Ström calcula vite la trajectoire qu’il venait de faire infléchir à son navire, et sa vitesse. Ils allaient toucher, c’était sûr. Le sergent Brüner qui était toujours sur la passerelle avec ses hommes restaient debout au plein milieu, comme un phare dans la tempête. Ses bottes magnétiques le maintenaient au sol, et les gyrostabilisateurs de son armure lui assurait un équilibre presque parfait. Johann réussi à saisir au dernier moment une officier, emportée par son élan qui allait se fracasser contre une console alors que l’inclinaison du navire allait atteindre les trente degrés de gîte. Johann la tint contre son armure jusqu’à ce que le Revenant reprenne son assiette normale.
Ils touchèrent le cargo endormi. Les flèches, tours et autres monuments qui peuplaient la peau du mastodonte de transport laissèrent une estafilade dans le blindage tribord du croiseur d’attaque lourd Astartes, ajoutant une cicatrice à sa peau déjà parsemée de ce genre de marques de guerre. Des tonnes d’acier et d’adamantium furent arrachées à la cuirasse du navire Black Templar, alors qu’il s’éloignait du transporteur super lourd.
-Un autre ! Hurla un officier, pointant du doigt un autre navire de transport, de même tonnage que le précédent. Celui là était lui aussi plongé dans le noir, à bâbord du Revenant.
-Ils n’ont pas l’air endommagé, ni détruit, extériorisa Gauron. Dord lui rendit son regard interrogateur et hocha la tête pour toute réponse.
-Il à raison, trancha Brüner, se tournant vers Ström toujours assis à son trône de commandement.
-Rapport de collision, et faites-nous saluer à tous navires alliés dans la zone. Un tir fratricide est tout ce dont nous n’avons pas besoin maintenant !
-Encore un navire marchand capitaine !
-Faites nous remonter cette file de convoi maritime à pleine vitesse ! Ordonna le capitaine, presque à bout de nerfs.
Le Revenant bondit en avant tel un fauve relâché dans la nature. Passant au-dessus ou en dessous des transporteurs super lourd à l’arrêt. Il dépassait aussi vite qu’une balle les obstacles pour remonter la longue file de ces géants endormi, jusqu’à ce que son officier responsable des transmissions ne rapporte à la passerelle ce qu’il venait de recevoir.
La bataille pour le système de Gorst continuait toujours en arrière-plan de la baie panoramique du Revenant. Même à cette distance on pouvait voir l’immense flotte Ork tenter de submerger le pôle Nord de la planète qui tenait encore. La marine impériale par sa rigueur et son obstination maintenait les navires xénos loin de tout point de débarquement planétaire. Pourtant au pôle Sud, c’était tout le contraire. Le débarquement allait bon train. Malgré une percée mémorable du Sword Of Defiance en plein milieu du dispositif Ork en plein largage, tirant presque à bout portant dans les hangars qui se vidaient de la Waagh, coulant et estropiant presque quatre croiseurs de même tonnage que lui et un bon nombre de navires d’escorte, cette action d’éclat ne changea pas la donne sur ce secteur du dispositif. Les Orks foulaient déjà le sol de Gorst.
-Les navires de transports super lourd nous rapportent qu’ils sont à l’arrêt depuis au moins six jours. Ils ne peuvent avancer, ni faire demi-tour sous peine d’être repérés et détruit par la flotte Ork. C’était l’officier des communications qui venait de parler. Il lisait à haute voix le parchemin qui sortait de la console dont il avait la responsabilité.
-Six jours ? Comment cela est-il possible ? Demanda Ström. Synchronisation de nos boussoles avec le reste de notre flotte messieurs et vite.
A chaque voyage Warp cette action était nécessaire. Dans le Warp le temps se mouvait différemment. Quand les courants défavorables venaient se briser contre votre navire, le temps pouvait ralentir, ou au contraire, une houle favorable pouvait vous propulser dans le temps. Mais pour vous, à votre échelle, rien ne changeait. Les histoires de régiments de renforts qui arrivaient après que la guerre soit finie alors qu’il n’aurait fallut qu’un mois de voyage étaient nombreuses. Pourtant à chaque traversée Warp le doute subsistait sur le fait que les voyageurs arriveraient entier, et au bon moment.
-Ils ont raison capitaine.
-Combien de temps ? Demanda Ström, perdant patience.
-Nous avons vingt jours de retard sur nos estimations. Rapporta le matelot qui lui non plus n’en croyait pas ses yeux. Il regardait tour à tour son officier et le parchemin qui se déroulait de ses mains.
-Cela fait plus d’un mois qu’ils combattent sans nous ? Demanda Brüner au capitaine. Celui-ci lui répondit d’un hochement de tête. Alors nous ne pouvons plus attendre.
-Message à la flotte de ravitaillement, nous en prenons la tête. Que son escorte se positionne sur notre tribord, toutes armes prêtes et que les navires qui nous suivent se préparent à un débarquement sous le feu ennemi. Par l’Empereur ce ravitaillement pourrait bien être le dernier que la surface recevra. Et je compte bien le leur envoyer. En avant toute !
La situation était critique. Brüner avait fait se déployer ses hommes dans les coursives qui couraient autour du Revenant, craignant un abordage en règle pour ce qui allait suivre très bientôt. Mais il avait assez de connaissance dans l’art de la navigation et de la guerre, pour deviner que ce qui allait suivre serait complètement dans les mains du capitaine Ström et de son équipage. Brüner serait un observateur plus qu’un acteur dans cette bataille, il remettait son destin, celui de ses hommes et sa mission dans l’entrainement, le savoir et la détermination d’un équipage humain. Le siens.
Le Revenant filait à travers les étoiles. Il menait un convoi entier de navire super lourd de transport, ainsi que son escorte, plus que légère pour ce genre de convoi. Le navire Astartes avait pris la tête de deux frégates d’escorte Firestrom menées par un croiseur léger Dauntless. L’escorte comptait sur sa vitesse et sa manœuvrabilité pour intercepter les menaces qui viendraient à leur rencontre, avant qu’elles ne puissent endommager les transporteurs beaucoup plus lents. Ces transporteurs avaient bradé leur puissance de feu et de protection contre des espaces de soute et de cargo. Ils étaient plein à craquer. La liste de leurs cargaisons continuait de défiler sur les écrans pix de la passerelle, tandis qu’un matelot, aidé d’une armée de servitors compilaient toutes les données.
Presque vingt régiments de gardes impériaux levés à la hâte dans les secteurs voisin, plus une dizaine de régiments de mercenaires, payés à grands coups de crédit impériaux sur plusieurs dizaines d’années d’emprunt par un gouverneur local pour venir en aide au système de Gorst. Encore quelques régiments blindés, tous leurs véhicules et leurs suites de camions citernes, de ravitaillement et de réparations. Même une compagnie de sœurs de bataille, disait-on, avait rejoint ces renforts inattendus. Presque un demi-million d’hommes et de femmes attendaient dans les cales de navires de la marine, prêt à être débarquer et venger leurs frères morts au sol. Mais s’ils n’arrivaient pas à rejoindre la planète, tout ça n’aurait servi à rien. C’était la mission du Revenant de les y conduire sain et sauf.
-Contact dans le deux-neuf-zéro capitaine ! Une frégate Ork, nous sommes repérés.
-Un autre contact, avance rapide, dans le sept-zéro. Manœuvre en tenaille capitaine ?
-Non ils ne sont pas assez intelligents ou futés pour une telle tactique, ils nous attaquent de plein front, c’est tout. Répondit le capitaine Ström qui venait de s’allumer un cigalho.
-Deux contacts dans le un-cinq-zéro capitaine ! Ils attendaient qu’on les dépasse pour nous prendre à revers, nous sommes encerclés ! Alerta un autre officier.
-Message aux transporteurs lourds, continuez votre route, même cap, même vitesse, manœuvres évasives. Ne les laissez pas vous piéger. Envoyez le Dauntless et son escorte contre nos contacts de l’arrière. Qu’ils fassent écran entre l’ennemi et nos transports.
-Nouveaux contacts dans le trois-six-zéro, deux croiseurs Orks.
-Ainsi soit-il, répondit laconiquement Ström. C’est ici que nous rencontrerons notre destin.
-Torpilles en approche ! Mêmes azimuts capitaine !
-C’est le moment monseigneur, déclara le capitaine Ström au sergent Brüner qui regardait encore la scène par la baie d’observation.
Après un hochement de tête, le sergent donna ses ordres par canal vox interne à l’escouade de croisés. Sans un mot, les hommes du sergent sortirent de la passerelle de commandement pour se déployer sur le navire. Les torpilles qui étaient en approche étaient encore non identifiées. On ne savait pas si elles étaient équipées de charges explosives, perforantes, ou étaient simplement des torpilles d’abordages. L’équipage ne voulait prendre aucun risque. Les équipes de défense du navire étaient en place, avec parmi elles, leurs seigneurs et protecteurs, les Black Templars.
Les portes blindés et les sas hermétiques se refermèrent derrière les Astartes qui quittaient la passerelle. Elle était maintenant coupée du monde extérieur et pourtant c’était bien ici que tout allait se jouer.
-Le croiseur léger Dauntless et son escorte remonte la file de transporteurs à pleine vitesse. Temps avant interception des contacts, quinze minutes.
-Machines avant toutes, calculez-moi la trajectoire de ses torpilles pour interception. Donnez-moi une solution de tir sur un croiseur Ork, nous devons prendre l’initiative. Ordonna Ström, dans son éternel nuage de fumée de cigare.
-Calcul en cours.
Le Revenant filait droit sur les contacts annoncés sur les auspex et la table holographique. En regardant intensément par la baie d’observation, même un Astartes n’aurait pu distinguer les cibles qui approchaient à des distances et des vitesses folles. Tout se ferait en calcul, et prédictions mathématiques.
-Solution de tir calculée pour notre armement de proue capitaine.
-Feu à volonté.
Le coup de lance laser lourde proue partie tel un soleil miniature libéré de toute contrainte. La puissance emmagasinée dans les batteries et les accumulateurs de la taille de char d’assaut se libéra en une seconde, focalisée en un seul point aussi précis que puissant. Le sergent Brüner vit partir tel un rayon ardent bleuté, dû à sa chaleur intense, partir vers l’espace lointain, vers le cap et l’azimut qu’avait annoncé il y avait quelques temps un officier responsable des auspex et radars longues portées.
-Coup au but. Leurs boucliers ont absorbé la plupart de l’impact capitaine.
-Continuez à faire feu. Toujours la même cible. Faites-moi disjoncter quelques tuiles de leurs boucliers. C’est impératif. Ajouta Ström à son précédent ordre.
La lance laser se rechargeait déjà. Ses équipes de serfs et de servitors s’occupant des accumulateurs et des batteries s’échinaient à la recharger aussi vite que possible. L’azote liquide était apporté par d’immenses tuyaux et canalisations vers le cœur de la chambre de focalisation de la lance laser lourde pour tenter de la refroidir entre deux tirs. Les accidents étaient nombreux dans l’équipage qui gérait ces procédés. Au contraire des équipes de tirs de l’artillerie classique, ce n’était pas des brûlures dues à la chaleur, mais bien des brulures chimiques à cause du lithium des batterie et du froid horrible de l’azote liquide directement versée dans le cœur de la lance.
-Nouvelle salve de torpilles, elles nous visent capitaine.
-Le Dauntless rapporte avoir engagé le combat. Ses boucliers encaissent des dégâts, mais il continue de faire écran pour nos transporteurs en queue de file.
-Calculez moi la trajectoire de ses torpilles, et cap au trois-deux-zéro, toujours pleine puissance. Nous allons éviter ces torpilles et tenter d’en détruire un maximum au passage. Solution de tir pour le canon de bombardement sur la première salve de torpilles. Combien de temps avant d’arrivée à portée de Gorst et de notre soutient ? Demanda le capitaine, agrippé à ses accoudoirs.
-Trois heures capitaine.
-Nous ne tiendrons pas trois heures. Parla pour lui-même le sergent Brüner, toujours bras croisés sur la poitrine quand la baie d’observation s’illumina pour un nouveau tir de lance de proue.
-Tir en cours !
Le Revenant fonçait droit sur les croiseurs Orks. Il ne montrait pour l’instant que sa proue blindée et continuait de déverser un flot continu de tir de lance laser. Pour l’instant le croiseur Ork encaissait sans broncher. Les deux frégates Orks, ou ce qui s’en rapprochait le plus si on les comparait aux navires de mêmes tonnages impériaux, tentaient de prendre le navire Astartes en tenaille. Les transporteurs super lourd étaient loin derrière, et pour l’instant hors des combats. Ils filaient vers la planète, toujours illuminée par intermittence par la bataille spatiale au-dessus de son atmosphère.
Les torpilles ennemies ne semblaient pas auto-pilotée. Elles filaient droit devant elles, presque deux fois plus rapide qu’un navire lancé à pleine vitesse. Le canon de bombardement en pleine rotation sur le tribord du navire, ajustait sa visée pour intercepter les projectiles d’un obus bien placé. Le coup parti. Situé au-dessus du hangar principal de proue, le tir illumina tout l’avant du Revenant, et son recul fit trembler la superstructure entière. On sentait son tir jusque dans la chapelle du navire, située loin derrière, proche des moteurs.
-Coup au but ! Trois torpilles détruites capitaine ! Rapporta l’officier. A peine eut-il finit sa phrase qu’un hourra parcourut la passerelle. En un seul obus, ils venaient d’éliminer la menace qui planait sur la flottille de transporteurs à la merci des Orks. C’était une bonne nouvelle, mais Ström ramena vite le calme, beaucoup de travail restait encore à accomplir.
Les Orks n’étaient pas de grands tireurs, mais ils compensaient ce manque de précision par un volume de tir ahurissant. Les tirs Orks commençaient à fleurir autour du croiseur Astartes qui fonçait droit sur eux. Les boucliers Void encaissaient les explosions des rares coups au but, illuminant la surface énergétique bleutée. Ces explosions auraient pu vaporiser des cités entières à leur seule force cinétique, mais la technologie des boucliers de l’Imperium, par des secrets que seuls les Magos les plus illustres, détenaient. Les explosions titanesques à peine détectées par les batteries de senseurs et d’auspex situés sur tout le blindage du Revenant étaient envoyées et déflectées dans le Warp directement. Les disjoncteurs aussi immenses que des chars d’assaut, encaissaient pour l’instant des flots d’énergie quasi apocalyptique.
-Calcul de solutions de tirs pour la batterie tribord, cap au deux-neuf-zéro, moteur en avant toute.
L’ordre fut donné et passé dans la foulée. Le navire Astartes commençait à infléchir sa course vers son bâbord, donnant un large angle de tir à ses batteries d’artillerie. Les canons étaient chargés et les équipes de tirs, prêtes.
L’angle était bon, la vitesse aussi. Les distances évoluaient vite mais les auspex compensaient chaque mouvement du navire ennemi chaque seconde, envoyant aux contrôles hydraulique et pneumatique des affûts des macros canon pour compenser chaque changement. Tous les facteurs étaient au vert. Les contremaîtres au tir hurlèrent leurs ordres et les canons crachèrent le feu de l’enfer.
Les quatre canons envoyèrent leurs obus presque à l’unisson, illuminant le flanc du navire, et ses hautes flèches gothiques blindées qui le parcourait. On aurait dit qu’il venait de faire naître un soleil sur sa peau d’adamantium.
-Encore une salve de notre batterie tribord et virage pour salve de la batterie bâbord. Nous allons leur envoyer toute la puissance de feu que nous avons.
Le Revenant inclina de nouveau sa course. La superstructure trembla sous la charge gravitationnelle demandée. Les plaques de blindage grincèrent les unes contre les autres aux jointures de celles-ci, là où elles étaient le plus vulnérable. Le deuxième salve parti presque en même temps. La Lance laser illuminèrent la proue d’un feu bleuté, tellement la chaleur dégagée était immense, tandis que les batteries de canons d’artillerie envoyèrent une volée d’obus explosif aussi gros que des engins de terrassement. En une seconde la totalité de l’armement du noble Revenant fut libéré. Rien n’aurait pu survivre à ça. A part un autre navire de même tonnage que lui, aussi blindé qu’un navire Ork lancé à pleine vitesse.
C’était ce moment qu’attendaient les deux frégates ennemies, cachées dans un champ de débris non loin. Le Revenant était en plein virage, son flanc exposé à toutes attaques venant de son bâbord. Les auspex longues portées ne détectèrent qu’au dernier moment les quatre torpilles.
-Torpilles en approche capitaine ! Dans le deux-sept-zéro, avance rapide. Impact dans moins d’une minute.
Ström se leva d’un bond de son trône de commandement, jetant son cigalho au sol.
-Annulez le dernier ordre, batterie bâbord ouvrez le feu sur les nouveaux contacts dès que prêt. Préparez-vous à l’impact. Surchargez les boucliers !
Les matelots le regardèrent, interloqués.
-C’est un ordre, maintenant !
Au même moment les batteries tribord ouvrirent une nouvelle fois le feu, faisant trembler la passerelle sous les canons qui se déchargeaient alors que les équipes de serfs et de servitors s’escrimaient déjà sur les obus qui sortaient des râteliers et des chaînes d’approvisionnement pour recharger les affûts.
L’ordre arriva jusqu’au réacteur principal en moins d’une seconde. Les Magos et les servitors à leurs ordres réagirent immédiatement en déverrouillant tous les blocages et les pare feu existant pour débloquer le surplus de puissance nécessaire pour les boucliers.
Le courant et l’éclairage électrique de tous les ponts du navire Astartes se coupèrent en même temps les uns après les autres. Le chauffage, ainsi que les systèmes de survie des parties non essentielle du navire furent elles aussi coupées. La température devint presque glaciale sur plusieurs ponts tertiaires, ceux le plus proche du vide spatial, derrière le blindage. La redirection de l’énergie s’en ressentit même jusqu’aux ponts d’artillerie où les serfs, opérant torses nus dû à la chaleur accablante, eurent des frissons glacials quand la température chuta pour eux aussi. Une coupure comme celle-ci sur une trop grande période de temps engendrait des morts dans l’équipage, mais c’était un prix à payer pour s’assurer de la survie du navire.
Le générateur plasmatique principal, poussé à son maximum, menaçait d’exploser à tout moment, envoyant toute sa puissance vers les pilonnes de projection du bouclier Void.
Sur tout le long du navire, le bouclier scintilla avec une force décuplée. Son aura bleuté éclaira l’espace alentour avec la force d’une torche brandit dans le plus noir des tunnels. C’est à ce moment précis, en plein dans son changement de bord, assailli par maintenant cinq navires Orks que les torpilles touchèrent le Revenant. Dans une débauche d’explosions qui fit s’envoler en éclats d’énergie sa seule protection face aux obus ennemis en approche.