Black Templar Tome II

Chapitre 27 : Les Chiens De Guerre

6197 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/08/2021 19:39

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L’atmosphère était lourde sur la passerelle de commandement. Le capitaine Ström avait les traits tirés. Durant toute l’opération au sol il avait gardé son croiseur hors de portée de détection des appareils Drukharis, mais quand l’extraction et les combats s’envenimèrent à terre alors il n’eut d’autre choix que de sortir de l’ombre. Il avait réussi à maintenir en respect un ennemi presque quatre fois supérieur en nombre par ses salves précises d’artillerie navale, et des mouvements savamment calculés. Les boucliers avaient tenu bon, et les armes avaient rugis. Quelques dommages superficiels étaient é déplorés, mais le Revenant avait connu pire. Son équipage, lui, était épuisé. Les équipes de rechargement des canons d’artilleries des deux flancs avaient œuvré pendant plus de vingt-quatre heures sans interruption, les équipes se relayant directement entre deux tirs et rechargements pour se reposer. Les muscles faisaient mal, les tympans sifflaient, mais ils étaient en vie, c’était l’essentiel. Ce n’était pas leur dernier combat. Leur devoir continuait.


Brüner regardait ses hommes attentivement. Dord, Markus, Karl, Johann, Maximilian, Konrad. Gauron était aux chevets de Lyderic, pour l’instant on ne savait pas s’il passerait la nuit. Ses blessures étaient graves, et son corps traumatisé. Il peinait à guérir des blessures qui seraient venu à bout d’un simple humain au moins une dizaine de fois. Le serf du sergent attendait patiemment dans les ombres du Strategium, guettant la moindre occasion où son maitre aurait fait appel à lui.


Ils avaient été tous blessé. Le visage de Karl était en lambeaux. Auparavant il aurait été considéré comme quelqu’un de beau, plus maintenant. Sa peau avait brûlée voir même fusionnée avec son heaume quand il fut aspergé par son propre prométhium enflammé à la surface de la planète. Ses hurlements de douleur quand Gauron lui enleva son heaume dans les armureries du Revenant, résonnaient encore aux oreilles de l’équipage humain qui œuvrait sur ce pont. Il avait mis un point d’honneur à enlever lui-même, méticuleusement, ses bouts de chairs calcinées dans son heaume, le réparant lui-même. Il avait gardé les stigmates sur le blindage de son armure, noircie par endroit, la peinture légèrement cloquée. Un casque d’armure Astartes n’était pas connu pour inspirer confiance, loin de là, même au contraire. Mais là, le heaume de Karl inspirait l’horreur, et il en était très fier.

Johann et Maximilian étaient les moins blessés, mais ils partageaient tous le sentiment de l’escouade de croisés.


-Ils ont pris possession des lieux, informa le capitaine à l’assemblée d’Astartes qui regardaient la table hololythique verdâtre. Certains sont entrés dans nos cryptes, et commencent le saccage.


Les auspex longues portées avaient capturés des images de la surface après leur départ. On y voyait dans une vue satellite précise des cabalites mâles et femelles festoyer sur les cendres de la forteresse. Sur certaines images pix des corps de néophytes ou de miliciens être profanés alors que les combats étaient finis.


-Entamez la phase finale. Brûlez tous.


L’ordre fut donné par voie noosphérique depuis le Revenant qui fendait le vide spatial, mettant le plus de distance entre les Drukharis et lui, ses moteurs chauffés au rouge par la puissance de ses réacteurs à plasma poussés à leur extrême limite jusqu’à l’esprit de la machine du réacteur endormi de la forteresse abandonnée, des milliers de kilomètres de là.

Les sécurités furent levées les unes après les autres, et les servomoteurs des barres de contrôle, contrôlant la fusion permanente du réacteur interne sortirent les unes après les autres, à la chaine. La chaleur monta rapidement dans la chambre de combustion plasmatique, entrainant une consommation plus élevée de plasma qu’à son habitude, ainsi qu’une production accrue d’énergie, qui, ne pouvant être contrôlée, s’emmagasina dans les interstices vacants des molécules même. En vingt minutes le cœur du réacteur trois fois bénis de la forteresse commença à se consumer lui-même, entrain dans un cercle vicieux inarrêtable. Le point de non-retour fut atteint une minute plus tard quand il implosa puis explosa juste après. Personne n’aurait pu être témoin de cela, la puissance déployée aurait anéanti quiconque se serait trouvé dans les parages, et le réacteur était caché dans les profondeurs des cryptes de la forteresse. Même les Drukharis qui fêtaient leurs massacres. Il y eu un flash lumineux blanc. Si intense qu’on aurait pu le voir depuis l’orbite, et en une seconde il disparut. Un champignon de feu s’éleva dans les cieux, si haut, qu’il atteignit le vide spatial avant de retomber sur la croûte terrestre. Tout dans un rayon de deux centre cinquante kilomètre autour de l’épicentre de l’explosion du réacteur fut anéanti. Il ne resta rien, à part un cratère, aussi profond que large, où même le sable et la poussière furent transformé en verre par les températures digne d’un enfer non contrôlé. La destruction la plus totale, et le silence qui en suivi fut la vengeance des Black Templars pour leurs ennemis.


-Procédure Extremis terminée, monseigneur. Informa le capitaine Ström.


Brüner hocha lentement la tête, les bras croisés sur son torse. Il n’avait pas encore enlevé son armure à la suite des combats et de l’extraction en urgence de la planète sur laquelle ils avaient réussi à sauver une poignée de néophytes. Quatre. C’était toutes les recrues qui avaient réussi à embarquer à bord. Un chiffre dérisoire par rapport aux morts tombés pour défendre cette place forte de recrutement du chapitre. Le sergent avait ordonné aux servitors et aux serfs du chapitre d’aménager des locaux pour les néophytes qui découvraient pour la première fois l’intérieur d’un croiseur d’attaque lourd Astartes. Les blessures étaient soignées en ce moment même, et les esprits commençaient à réaliser ce qu’il c’était passé.


-Faites-moi un rapport détaillé de notre situation capitaine. Ordonna Brüner.


Markus lui, surveillait la scène, tablettes de données à la main et vérifiait chaque information rapportée à son supérieur. Il avait lui-même surveiller les transferts des reliques de la forteresse à bord du Revenant ainsi que bon nombre d’équipements.


-Nous avons réussi à sauver presque deux milles civils de tous âges. Les affectations au sein des équipes de travail et des manufactorums du navire sont en cours. Informa le capitaine, allumant un nouveau cigalho au coin de sa bouche.


Au cours de leur croisade, les Black Templars du sergent Brüner avait incorporé un grand nombre de civils ou de prisonniers qui avaient immédiatement rejoins l’équipage du navire. Soit en tant que serfs mais aussi en tant que servitors lobotomisés. Il n’y avait pas la place pour un personnel non combattant sur le navire du sergent.


-Les armes et munitions récupérées ont rejoint nos arsenaux. Ainsi que les armures de nos frères tombés au combat, qui, elles, ont rejoint nos Halls de commémorations. Le patrimoine génétique quant à lui est sous bonne garde dans nos cryptes cryogénique.  


Gauron entra dans le stratégium. Il essuyait ses gantelets avec un chiffon qui aurait dû être blanc, mais était taché de sang carmin. Nul doute qu’il venait de finir une opération chirurgicale sur Lyderic.


-Comment va-t-il ? S’enquit Johann alors que l’apothicaire reprenait sa place au sein du cercle de croisés.

-Son avenir est incertain. Il a fait plusieurs arrêts cardiaques. A chaque fois ses cœurs son reparti. On dirait qu’il est trop têtu pour mourir. Mes servitors médicaux le surveille. S’il passe la nuit, il survivra, mais il lui faudra du repos.

Beaucoup de repos.


-Le temps est une ressource que nous n’avons pas. Répondit Markus, sombre.

-C’est exact, messeigneurs. Nous captons des bribes de messages astropathique venant du système de Gorst. Ils nous appellent à l’aide mais nous ne pouvons répondre. Les Orks doivent brouiller les communications entrantes vers le système attaqué. Ström épousseta la cendre tombée sur un pan de son uniforme d’officier toujours aussi rutilant.


-Et quand est-il de notre approche vers Gorst ? Sommes-nous dans les temps ? Demanda Dord, qui prit la parole depuis la première fois depuis l’extraction houleuse.

-Nous avons presque douze heures de retard sur nos estimations. Informa Ström.

-C’est acceptable. Trancha Maximilian. Ses frères approuvèrent.

-Loin de moi l’idée de vous contredire, mais nous ne pouvons plus compter sur nos anciens calculs. La situation sur Gorst c’est aggravé. La bataille spatiale fait rage et nous avons reçu l’information comme quoi le chemin que nous prit au départ est fermé, cerné par la flotte Ork. Si nous nous translatons au point de Mandeville désigné, nous serons anéantis en une heure tout au plus. Nous devons prendre un autre itinéraire. Plus long.

-Combien ? Hurla Brüner.

-Douze jours supplémentaire. Répondit Ström. Et nous arriverons sur le flanc gauche de notre flotte. La sortie sera incertaine, peut-être même que les Orks posséderaient ce pan de l’espace réel. Aucune certitude n’est envisageable.

-Translatez-nous maintenant. Ordonna Brüner qui sorti du Stratégium, ses hommes à sa suite, tandis que Ström donnait ses ordres. Et priez pour qu’il reste une planète à sauver quand nous arriverons, mes frères. Murmura-t-il pour lui-même, alors que les panneaux blindés se refermaient sur la passerelle en effervescence et que le décompte avant la translation dans le Warp résonnaient par les hauts parleurs du navire qui filait à travers les étoiles.

 

 

Lyderic respirait difficilement. Il ne bougeait pas d’un pouce, des bandages de tissus et d’autres en peau synthétique barraient sa poitrine, ses bras et ses jambes, et tout son cou. Seule une vilaine entaille venait lui barrer le front, le nez et la droite. Des agrafes métalliques tenaient fermement les deux pans de peau entaillée. Il était très mauvais point, mais les servitors médicaux s’occupaient de lui vingt-quatre heures sur vingt-quatre, ne le laissant jamais seul, changeant ses bandages et compresses à chaque fois que c’était nécessaire. Le tir de lance des ténèbres l’avait brûlé gravement et son corps surhumain peinait à se remettre d’un tel choc.

Brüner ne portait pas son armure, ni Gauron qui supervisait les traitements sur son frère alité. L’apothicaire faisait l’aller-retour entre les postes de soins et de données, une tablette dans la main, dans le blanc immaculé de son poste médical et de chirurgie.


-Son état est stable, mais temps qu’il n’est pas sorti du coma, je ne peux rien dire sur les dommages subis par son cerveau. Il est resté longtemps non oxygéné, les dommages pourraient être irréversible.

Brüner regarda le visage de Lyderic, et encaissa la nouvelle. Il calcula ses chances de perdre encore un Astartes dans son escouade de croisés. Il aurait besoin de tous ses hommes pour la guerre à venir. La porte arrière s’ouvrit à la volée, et c’est le visage de Rudikher qui apparut aux deux Astartes qui conversaient. Il était vêtu de son armure carapace noire aux couleurs des Black Templar, mais semblait sale. Son franc sourire, barré par son éternelle moustache en guidon les accueillit. De la suie noire comme la nuit venait dessiner des motifs étranges. Nul doute qu’il venait de sortir d’un entrainement ou d’une réparation sur sa monture, le transport Rhino de l’escouade, le Contempt of Death.


-Comment va-t-il ? Demanda Rudikher en se postant à deux pas du lit de Lyderic en le regardant.


Brüner le regarda dans les yeux, la mine sombre. Rudikher comprit et changea de sujet.


-L’entrainement avance bien. Nos quatre néophytes ont un fort potentiel, même si deux en particulier sortent du lot. Enchaina Rudikher, pensif.

Les deux autres Astartes accueillirent la nouvelle avec entrain. Brüner savait pertinemment de qui il s’agissait quand je le chef de char mentionna deux néophytes en particulier. Ils c’étaient de marqués des autres lors des combats à la surface de la planète, quand ils c’étaient jetés dans la mêlée pour aider Gauron et Lyderic. L’apothicaire reprit la parole :


-Justement à propos de nos nouvelles recrues. Nous leur avons fait passer toute une batterie de tests. Ils ne sont ni corrompu génétiquement, physiquement, ni moralement. Le chapelain Markus me l’a assuré. Mais ils n’ont pas fini leur formation avec leur ancien maitre. Ils n’ont pas encore reçu tous les organes pour la création finale d’un Astartes.

-Donc ? Demanda Rudikher, qui ne comprit pas tout de suite l’importance de ce qui allait suivre.

-Leurs corps n’est pas encore créer. Un déséquilibre est en eux. Leurs biochimies sont déstabilisées. Et je n’ai aucun moyen ni droit d’interférer. Nous sommes bannis de notre chapitre, nous ne pouvons continuer leurs formations ni la chirurgie qui ferait d’eux des Astartes à part entière. Leurs corps se meurent. Gauron fit une pause. La décadence de leurs corps sera longue pour certains et violentes pour d’autres. Des années seront nécessaires avant qu’ils ne meurent. Leurs corps s’attaquent à eux-mêmes, tant qu’ils n’auront pas reçu l’équilibre nécessaire par le biais des derniers organes à implanter.

-Devons-nous les prévenir ? Demanda Rudikher, regardant son officier.

-Non, trancha Brüner. Nous mourrons tous, demain ou dans cent ans. Mais nous devons accomplir notre devoir jusqu’à ce que sonne notre heure. Ils ne sont pas si différents de nous maintenant. Lancé sur une voie où seule la mort nous attend à la fin. Surveille-les de prêt mon frère, dit-il à Gauron. Et si nous devons leur dire ce que leur sort leur réserve, je le ferais moi-même.

La table sur laquelle Lyderic était posée trembla très légèrement, quand l’Astartes bougea imperceptiblement. Son mouvement causa un rictus de douleur sur le visage barré de l’horrible balafre à peine cicatrisée.

-Je vous entends, mes frères. Et ça ne me plais pas du tout. Prononça Lyderic dans un souffle ténu.


Brüner et Rudikher échangèrent un sourire entendu en sortant du Médicae, laissant Gauron aux soins de Lyderic qui venait de se réveiller après son coma de plusieurs jours. Les deux Astartes s’enfoncèrent dans les entrailles du navire, discutant à voix basse de la promotion que le sergent offrait à Rudikher alors que celui-ci commençait à refuser par politesse et respect, mais finit-il par accepter au bout de quelques pas plus loin. Ils reprirent la discutions sur leurs préparatifs pour l’équipage et le peu de temps qu’il leur restait.

 

   

Ils avançaient à bonne vitesse. Les flots Warp étaient mouvementés de ce côté-ci de la Cicatrix Maledictum, mais rien d’insurmontable pour le navigateur ou l’équipage endurant du Revenant. Brüner était satisfait ce qu’il voyait dans les coursives, les mess et les hangars de son navire. Le Revenant n’avait jamais été aussi peuplé. Les quartiers de l’équipage étaient bondés, rempli même aussi déçu des standards préétablis, ce qui fit sourire le sergent. Les Black Templars étaient connu pour ne pas se soucier des questions du nombre de leurs frères dans leurs rangs, et la question s’étendait aux serfs à leur service.

Les réparations sur leurs armures étaient presque terminées. Il avait ordonné expressément à son serviteur personnel qu’il œuvre à réparer l’armure de Lyderic en état de marche pour les prochains affrontements. L’opération était longue et difficile mais les pièces détachées qu’ils avaient récupérées dans les arsenaux quelques jours plus tôt les aideraient grandement.

Brüner se dirigeait vers les quartiers qu’avaient reçu en dotation les néophytes. Ils étaient à mi-chemin entre ceux de l’équipage humain et ceux des Astartes, faisant la liaison physique et méta physique de leur transformation vers quelque chose de plus grand que leur humanité, qu’ils allaient abandonner en chemin.


Brüner croisa deux serfs, en habits traditionnels du chapitre qui cessèrent leur conversation à peine eussent ils remarqué l’impressionnante carrure de l’officier Astartes qui approchait. Brüner ne ralentit pas, et ne bougea pas de sa trajectoire, emplissent la coursive de sa présence musculeuse. Les deux hommes durent se plaquer contre un des murs froids pour laisser passer le géant en armure, baissant la tête en signe de déférence et de respect. Traumatisés par la rencontre, ils ne reprirent leur conversation qu’après avoir attendu que les pas lourds de l’Astartes ne cessent de résonner sur ce pont.

Brüner avait à peine remarqué les deux serfs, mais il c’était permis de se perdre dans ses pensées l’espace d’une minute. Beaucoup allait mourir. Lui aussi, sûrement. Beaucoup des visages qu’il voyait n’avaient pas de grandes chances de recroiser le sien dans un mois, encore moins dans un an. Ils étaient tous embarqué sur des rails invisibles qui les conduisaient vers la mort. Tout ça n’était qu’un abattoir à animaux de la taille d’une galaxie entière. D’un côté entraient des hommes et des femmes jeunes, disciplinés et courageux, de l’autre côté, ressortait du sang et de la chair broyée.

Même en sachant cela, le sergent Brüner sût. Il sût que c’était son devoir de nourrir cette machine inarrêtable, ce massacre infini. Il n’en éprouvait aucune joie, aucun plaisir. Mais il refusait de mourir et laisser mourir tous ceux et celles pour qui c’était battu l’Empereur-Dieu de l'Humanité. C’était hors de question.


Il arriva enfin devant la porte des quartiers des néophytes. Un silence religieux régnait dans le couloir et aucun son ne sortait du sas blindé. Il activa l’ouverture et entra dans la pièce.

Il y faisait froid. Comme toutes les chambres et pièces jugés non essentiel pour être chauffé par le surplus de puissance thermique des réacteurs du navire. Les humains, ne supportant pas ces températures devaient se chauffer par leurs propres moyens, le feu étant proscrit pour raison de sécurité, ils devaient improviser. Les lanternes et réchauds à électricité, quoique peu puissant étaient monnaie courante. Mais c’était surtout par le nombre d’individu logés dans les pièces qui permettait de les chauffer. Les hommes étaient redevenus des animaux, obligés de se serrer les uns aux autres pour leur survie.

Les plus chanceux étaient ceux qui opéraient aux réacteurs ou aux batteries d’artillerie navale. La chaleur là-bas y était insupportable et à la fin d’un quart de huit heures de travaux éreintant, les ouvriers, les esclaves et les serfs rejoignaient péniblement leurs couchettes, la transpiration imbibant leurs vêtements commençant à geler à même leur peau.

 

Les quatre néophytes étaient présents. A peine virent-ils le sergent entrer qu’ils se mirent tous au garde à vous sans attendre, laissant ce qu’ils faisaient dans l’instant.


-Repos, néophytes. Reprenez vos activités.


Les néophytes circonspects se regardèrent puis obéirent. L’un reprit le bandage de sa main entaillé. Il avait dû se blesser pendant un entraînement ou une réparation quelconque. Il désinfectait la plaie sans ressentir la moindre douleur semblait-il, noyant la peau ouverte à grand coup de désinfectant à l’odeur infecte. Un autre reprit le nettoyage de son bolter démonté devant lui sur une petite table de pierre. Deux autres néophytes au fond de la pièce se rassirent pour reprendre l’écriture sur des parchemins. Brüner reconnut tout de suite l’élaboration de sceaux de pureté. Il ne doutait pas que, traumatisés par la perte de leurs frères et maîtres, ils confectionnaient tous les moyens possibles pour commémorer leurs mémoires.


-Votre combat à rejoins la bannière de notre croisade, néophytes. Vos morts seront commémorés jusqu’à la fin des temps et notre victoire résonner à quiconque nous défiera encore une fois. La voix de Brüner gronda à travers les hauts parleurs de son heaume. Il détacha les attaches pour l'enlever, dans un chuintement de dépressurisation. Mais, je vous dois la vérité.

Les yeux se tournèrent vers lui. Ils s’arrêtent encore une fois dans ce qu’ils faisaient pour regarder le géant à tête nue devant eux.

-Je suis le sergent Erik Brüner. Je commande cette douzième croisade d’expiation. Je ne vous reconduis pas vers les nôtres, vers le cœur du chapitre pour lequel vous avez prêtez serment de vos vies et pour lequel vos frères sont mort. J’ai été banni de ce chapitre. Mais la tâche qui m’a été confiée touche bientôt à son but. Nous nous dirigeons en ce moment même vers notre destin à tous. Une des reliques du chapitre à été retrouvée et j’ai bien l’intention de la reprendre des mains froides de nos ennemis Orks. Vous faites tous parti de notre croisade, néophytes. Je ne peux vous promettre une longue vie d’honneurs et de bravoure. Mais je peux vous promettre une éternité de carnages à nos côtés.


La voix du sergent ne laissait transparaître aucune haine, aucun courroux. Tout ce qu’il venait d’énoncer n’étaient que des faits. Un des néophytes, celui au fond de la pièce se leva pour prendre la parole :


-Nous avions déjà un pied dans la tombe et vous êtes venu nous chercher. Nous vous sommes redevable. Une dette d’honneur a été contractée et nous la paierons tous avec joie.

À peine Thomaas eut-il finit sa réponse, qu’ils mirent tous genoux à terre, la tête basse. Brüner hocha la tête, satisfait de leur réponse, renfila son heaume et tourna les talons pour sortirent de la pièce. Valdemar fut le premier à se relever et prendre la parole :

-Et bien mes frères, notre prochain combat sera bien plus rapide que prévu !

Sa bonne humeur fit sourire froidement les autres néophytes qui reprirent leur travail, rechargeant chaque bolt dans leurs chargeurs vides, remplissant les poches à grenades, et aiguisant leurs couteaux dentelés, réparant et polissant leurs plaques d’armure. La guerre approchait, et ils seraient prêt.

 

Le sergent Brüner serrait desserrait en rythme ses deux poings. Il serait tellement fort que les jointures de ses mains blanchissaient à chaque contraction de ses muscles surpuissants. Son rythme cardiaque augmentait en cascade tandis que sa respiration s’accélérerait

Comment les mener au combat ? Comment tous les sauver alors que certains devront mourir ?

Ses pensées se bousculaient dans son esprit embrumé. Son armure ne savait comment répondre aux signes contradictoires d’un stress intense ainsi que les signes d’un affrontement physique imminent alors qu’aucune rune ennemie n’était visible sur l’affichage. L'esprit de la machine de l’armure du sergent ne savait pas si elle devait envoyer les drogues de combat habituelles dans son organisme. Le sergent d’une simple pensée désactiva le choix. Il voulait garder l’esprit le plus clair possible. Entendre sa conscience et ne pas l’endormir. Il respirait fort dans le froid ambiant des coursives du Revenant. Il était devant le sas blindé qui menait au hangar de proue. Il savait qu'il était attendu mais n’arrivait pas ouvrir la porte blindée verrouillée.


Comment être digne ? Comment pourrais-je marcher dans les pas de mes illustrés frères ?


Ses pensées semblaient arriver dans son cerveau par salves. Il était incapable de bouger. Sa respiration laissait des nuages de vapeur quand il arrivait à chasser l’air de ses poumons et qu’il reprenait sa respiration de plus belle. Le froid lui brûlait la gorge. A chaque respiration c’était un effort surhumain qui lui était demandé. Ça ne lui était jamais arrivé. Il ne savait pas comment réagir. Sa tête lui tourna, il se rattrapa au mur sur sa droite. Son gantelet blindé laissa une trace dans le givre qui recouvrait la paroi. L’espace d’une seconde il lui sembla que son bras par lequel il se retenait de tomber n’était pas peint du noir des Black Templars, mais jaune. D’un jaune reconnaissable entre mille.

Il cligna des yeux. S’eut l’effet d’une frappe d’artillerie dans son crâne. La douleur lui brilla les tympans. Il voulut grogner mais rien ne sortit de sa bouche.


Suis-je en train de mourir ? Ou de renaître ? Non. Rien de cela. Qui suis-je ? Je sais qui je suis. Mais mes hommes me suivront-ils jusqu’au bout ? Ou vais-je mourir seul ?


Son armure était bien noire. Noire comme la nuit. Il ne portait pas son heaume et il sentait le froid dans son cou et sur sa peau. Son crâne était suintant de transpiration. Ses cheveux coupés court était collé à sa peau blanche. Des cicatrices courraient sur son cuir chevelu, là où des cheveux ne pourrait plus jamais repousser. Pourtant il gardait une certaine prestance, une certaine allure. Il aurait pu être beau si son visage ne respirait pas la force de caractère, l’obsession et la violence d’un guerrier embarqué dans une guerre éternelle.


La mort est-elle la fin de toute chose ? Un objectif ? Les hommes ordinaires sont motivés par la peur de la mort, mais qu’en est-il de ceux qui ne connaissent pas la mort ? Pourquoi avancent-ils ?


La pression dans son crâne était insoutenable. Brüner essayait de se ressaisir en se concentrant sur des souvenirs forts, des images de son passé. Il se revit, à genoux comme tous ses hommes rassemblés dans la chapelle de son navire, il y avait à peine quelques heures. Leur chapelain, Markus était là. Les chants des chérubins en haut gothique, flottaient dans les airs au milieu des encens cérémoniaux. Chacun priait et écoutait les sermons de Markus. Il se tenait fièrement devant la bannière de la croisade, posée devant l’autel de la chapelle. Les vitraux ne reflétaient aucune lumière. Leurs volets blindés étaient fermés pour protéger les passagers des visions cauchemardesque de leur traversée Warp vers le système de Gorst. Il ne restait que quarante-trois heures au Revenant avant d’arriver à destination. Le sergent Brüner avait prié avec ferveur. Ses mains jointes tremblaient avec force. Il priait pour ses frères. Pour son équipage et son navire. Pour les soldats et les civils qui allaient périr et qui mourraient en ce moment même là où ils se dirigeaient. Pour Lyderic, qui n’avait pas pu assister à la messe. Il était encore trop faible pour se déplacer. Il avait prié pour que l’Empereur-Dieu de l’Humanité le guide dans les épreuves à venir. Pour que la victoire leur appartienne. Mais surtout qu’ils arrivent à retrouver et terrasser celui qui possédait leur relique, le poing du champion de l’Empereur.

Brüner réalisa alors qu’il était toujours devant le sas blindé donnant sur le hangar, qu'il avait prié pour tout, sauf pour une personne. Lui-même. Il s’en moquait. Il n’était qu’une arme. Prier pour son âme alors que l’on commandait un navire de guerre Astartes complet, son équipage et ses soldats, ainsi qu’une escouade de noble croisés du chapitre des fiers Black Templars. Pensée à soi-même avant ses frères était impossible pour Brüner. Le devoir passait avant tout, l’honneur surpassait le reste, et l’engagement qu’il avait pris avec ses frères venait fermer ses serments inviolables. Sa propre personne était secondaire voir tertiaire. Sa vie était vouée à servir et défendre celui qui se tenait à sa droite.


J’ai la défense d’un système entier dans mes mains. Un milliard d’ennemis qui arrivent sur nous, et seulement des hommes à jeter contre cette vague pour espérer l’arrêter. Beaucoup vont mourir. Comment sauver l’Humanité quand je suis amené à la sacrifier ?

Non.

Nous irons tous à la rencontre de la menace. Parce qu’il n’y a que nous qui le pouvons. Le devoir est éternel, pas nous. Et c’est un prix que je suis prêt à payer, de ma propre vie.


Brüner, dans un effort surhumain, frappa du poing la cloison sur laquelle il se tenait. La céramite percuta l’acier dans un fracas. Le sergent venait de sortir de la spirale de doutes qui l’accablaient. C’était le poids du commandement qui avait pesé sur ses épaules et avait bien faillit le faire douter et renoncer. Son devoir se rappelait à lui à chaque instant de sa vie. Et il en était fier. Loin de tout, il était facile de s’oublier et oublier pourquoi nous faisons ce que nous faisons.


Le sergent Brüner enfonça son heaume sur sa tête. Le froid disparu pour le confort du casque de guerre. L’affichage s’aligna sur sa rétine dans un affichage rouge sang. D’une pression du poing il actionna l’ouverture du sas qui immédiatement s’ouvrit, faisant tomber la glace qui c’était formé dessus. Ses bottes armurées crissèrent sur le métal froid du pont. Il marchait avec toute la détermination qu’il possédait. Son tabar blanc immaculé, marqué du symbole des Black Templars bougeait en rythme avec son propriétaire, montrant au monde qui il était et le sergent se chargerait de laisser un souvenir à se rappeler à ceux qui regarderait ce spectacle.

Le hangar était immense. L’éclairage était faible pour une aussi grande étendue, et seulement quelques projecteurs et lumiglobes qui pendaient au haut plafond, éclairaient les occupants du vaste hangar dans une clarté toute relative.

Ils étaient tous là.


En ordre de bataille. En rangs serrés. On aurait pu croire qu’ils étaient en plein milieu d’une parade militaire. La fière bannière de la croisade flottait bien au-dessus des hommes du sergent Brüner qui l’attendaient avant la bataille.

Les deux immenses Thunderhawk attendaient eux aussi, leur équipage devant le nez de leurs appareils au repos. De part et d’autre des mastodontes volants, attendaient sur le tarmac deux véhicules blindés. Brüner reconnu le premier en un instant, le Contempt Of Death. Mais de l’autre côté des deux Thunderhawk, c’était un autre char, fraichement récupéré dans les entrailles de la forteresse de recrutement Black Templar. A la tourelle, Rudikher. Il avait accepté la promotion et le voilà maintenant chef d’un char d’assaut Astartes, un Predator. Il salua vivement, en même temps que l’autre chef de char, celui qui commanderait maintenant le Contempt. Brüner le reconnu aussi, c’était frère Praximan, ancien pilote du transport Rhino, il avait été nommé à son tour chef de char. Leurs équipages saluèrent eux aussi, posté au garde à vous devant le blindage. Les néophytes avaient été choisi pour cette mission, ils avaient tous reçu une affectation dans les équipes des véhicules blindés. Brüner eut un léger mouvement de tête d’approbation quand il reconnut Thomaas, portant sa tenue de radio tireur du char Predator, et son frère néophyte, Valdemar, maintenant pilote de l’engin. Les lettres blanches comme l’os, réhaussés d’or sur le blindage accrochèrent le regard du sergent. Le Hunter’s Bane était prêt au combat et attendait son heure. 


Devant lui, au garde à vous aussi, tous saluèrent. Ses huit Astartes le regardait intensément, droit comme des statues. Leurs mains engoncées dans leurs gantelets blindés s’entrechoquèrent contre leur heaume quand ils saluèrent leur officier. Même Lyderic avait fait l’effort surhumain de rejoindre les rangs de ses frères. Malgré ses blessures et sa convalescence longue et ardue, il avait revêtu son armure complète, qui l’aidait surement à tenir debout en lui injectant directement dans sa moelle épinière de fortes doses de drogues de combat, mais aussi physiquement, en bloquant les articulations des servomoteurs de son harnois de guerre, pour le maintenir en position debout.

Venait s’ajouter la garde personnelle du sergent Brüner. Une demie compagnie de Mordians, sauvés de la mort in extremis il y avait de ça plus d’une dizaine d’années maintenant. Les serfs suivaient, mais aussi les servitors décérébrés, mais aussi la délégation religieuse. Une foule d’homme pieux, leurs bouches cousues dans leurs vœux de silence, venaient porter la bannière et entourer la foule des fumées de leurs encensoirs trois fois bénis. C’était presque un millier d’hommes et de femmes, au service du sergent Brüner, du chapitre et de l’Imperium, qui attendaient dans le hangar. Malgré leur nombre, l’espace semblait bien vide.

Brüner marcha vivement à leur rencontre. Personne ne bougeait d’un pouce, le silence et la tension était palpable. Seuls les ronronnements distants et les vibrations des moteurs loin à la poupe du Revenant, pouvaient être entendu. Quand il fut assez prêt de ses hommes, Brüner s’arrêta net, leur rendit leur salut. Tous ses doutes, ses craintes disparurent à la vision de toutes les forces dont il disposait. Une confrérie de croisés, tous aussi déterminés que lui à retourner chez eux, leurs appareils et leurs blindés, et la suite de servitors et de serfs qui les accompagnaient. Une force inarrêtable.

L’assemblée ne répondit qu’un seul mot qui se répercuta dans le vide du hangar plongé dans une demie-pénombre :


-Gloire ! Hurla la foule de soldats à son officier en chef.

Les cœurs du sergent Erik Brüner des Black Templars se gonflèrent de fierté. Pas d’une fierté mal placée, au contraire. Il avait scandé le mot gloire, mais pas en son honneur. Mais celui de ceux tombés, ceux disparu, et surtout pour la gloire d’un Imperium immortel. Et Brüner en était un digne représentant. Alors que le sergent allait prendre la parole, une note changea dans le chant perpétuel des moteurs Warp qui tournaient maintenant à plein régime depuis plus d’une semaine. Il diminuait en intensité. Si la vitesse diminuait, c’est qu’ils entamaient la phase finale de l’approche. La sortie Warp était imminente.

-Je ne ferais pas de long discours. Souvenez-vous de vos vœux et de votre devoir ! Nous ne ferons pas demi-tour face à l’ennemi. Nous affronterons la Horde, face à face une fois de plus. Nous les noierons dans leur sang, ou dans le nôtre. Aucun ne survivra, mais temps que je vivrais, aucun de vous ne mourra en vain.

Brüner dégaina son épée et la leva bien haut au-dessus de sa tête.

-A la guerre !


Le cri rauque inarticulé de ses hommes, des soldats et des serfs, qui eux aussi brandirent en réponse leurs lames, leurs fusils et leurs bolters, résonna longtemps quand le hangar du Revenant, qui filait droit vers leur destin, qui se dessinait aujourd’hui sous la forme de la plus immense Waagh qui arpenta ce côté ci de la galaxie. La guerre qui finirait toutes les autres. La dernière guerre. 

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