Black Templar Tome II

Chapitre 26 : Verbatim

6709 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 06/08/2021 18:01

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-Phase finale de notre approche. Temps estimé, neuf minutes. Résonna la voix mécanique du pilote lobotomisé du Thunderhawk de transport.


Le sergent Brüner se prépara, scrutant le ciel à la recherche du moindre signe d’approche des appareils volants surblindés. Ses hommes attendaient eux aussi, patiemment, sur les remparts. Comme à son habitude, frère Konrad montait la garde au sommet du donjon de la forteresse, qui tombait en ruines après les précédentes attaques. Il ne restait presque plus personne. Les lieux étaient déserts. Cinq des six néophytes survivants attendaient à couvert, proche des caisses de munitions, des malles d’armes, et des conteneurs de pièces d’armures qu’il restait encore à extraire de la zone de combat. Les cryptes, la bibliothèque, les salles d’armes et les armureries étaient vides. Tout avait été emporté à bord du croiseur d’attaque lourd Astartes en orbite qui devait surement avoir à faire avec les navires Drukharis qui patrouillaient les environs de la planète.

Brüner en était sûr, il ne restait plus personne ici à sauver. Chaque homme, femme ou enfant avaient été déporté, réduit en esclavage ou massacré par les éclairs des perfides Eldars Noirs. S’il restait une seule âme qui vive sur ce caillou perdu dans l’espace, c’était parce qu’elle était chassée, et que celui qui la poursuivait voulait faire durer la chasse et le plaisir. La dernière lueur d’Humanité brillait encore, et c’était entre ces murs. Temps qu’un Astartes respirerait, ce serait un affront pour ces esclavagistes barbares.


Tous étaient prêt. Johann vérifiait son bolter lourd, Lyderic à ses côtés, Maximilian, lui, chargeait des cartouches de balles solides dans son imposant fusils à pompe. Markus récitait à voix haute sur le réseau vox, amplifié par les hauts parleurs dissimulés dans tous les murs de la forteresse, des catéchismes de batailles, et des mantras de méditations pour la bataille à venir. Gauron, Dord et Konrad, restaient silencieux et prêt. Un des néophytes tenait la brèche avec le bolter lourd posé en batterie et attendait. Tous avaient les yeux rivés vers le ciel, et quand entre deux nuages aussi épais que cotonneux, apparu le sillage des ailes d’un Thunderhawk de transport lancé à pleine vitesse, que le cauchemar recommença.

 

Les tirs traçants partirent de la forêt comme des feu follets ou un feu d’artifice mortel. La lisière et la canopée s’embrasa quand les Drukharis mirent en place leur plan. Il était simple. Attendre que les transports Astartes arrivent sur site pour attaquer de nouveau. C’était à ce moment précis qu’ils étaient le plus vulnérable. Les tirs d’un violet profond à projectiles solides et énergétiques filèrent vers le Thunderhawk qui entamait son approche finale vers la cour dégagée de la forteresse attaquée.


Le pilote cybernétique n’avait pas les réflexes nés de l’entrainement et de l’expérience qu’accumulaient les autres pilotes Astartes dans le maniement des appareils d’assaut. Il enregistra les tirs et les dégâts reçus comme par son appareil comme une simple donnée atmosphérique. Les paramètres pour son cerveau lobotomisé et littéralement riveté à son siège de pilotage qu’il ne quittait plus, n’avaient pas encore atteint le seuil critique pour que ses procédures d’évitements ne se mettent en place. Ses artilleurs de coque commencèrent eux aussi à ouvrir le feu sur les départs de tirs qui les prenaient pour cible depuis le sol. Les bolters lourds montés sur la carlingue envoyèrent des volées précises sur Drukharis, espérant faire baisser les têtes et leur infliger un maximum de dommage pour laisser le Thunderhawk de transport se poser et récupérer les forces au sol.

Juste en dessous de l’appareil, dans le souffle chaud des rétro fusées qui maintenaient l’appareil en vol, vers son atterrissage programmé, Brüner ouvrait le feu sur chaque cible qui entrait dans son viseur. Les Drukharis avaient bien choisi leur moment, pensa-t-il, tandis qu’il vidait le reste de son chargeur sur des formes floues qui sautaient de couvert en couvert sur la plaine en contrebas. Il avait perdu le compte des ennemis qu’il avait abattu, mais une des silhouettes tomba à son tour, touchée plusieurs fois à l’abdomen par ses bolts, presque coupées en plusieurs bouts par la puissance de ses tirs. Il rechargea en un éclair, et son chargeur vide tomba au sol, rejoignant le petit monticule de douilles vides et fumantes et de chargeurs eux aussi vide qui tapissaient le sol de la muraille qu’il défendait, lui et ses hommes. Le Thunderhawk de transport se posait dans son dos, ses bolters lourds c’étaient tus alors qu’il commençait à disparaitre des viseurs des Drukharis tandis qu’il était caché par les murailles environnantes. Les tourelles automatiques cybernétiques de la forteresse, continuaient-elles aussi à délivrer un feu de barrage, plus dense que précis. Soudain, le réseau vox crachota le rapport alarmant de Konrad, toujours perché au sommet du donjon de la forteresse :


-Contact véhicules ennemis ! Hurla Konrad, s’époumonant tandis qu’il tirait à volonté avec son fusil bolter stalker.

 

Konrad avait calé le canon de son arme entre deux pierres qui étaient tombé des échauguettes et des créneaux du donjon lors de la première attaque. Il était dissimulé dans les décombres et avait un parfait champ de tir dégagé depuis son perchoir sur les forces ennemies en contrebas et la bataille en cours. Les Drukharis savaient qu’il était posté là-haut, mais avaient du mal à le repérer. Les tirs claquaient proche de sa position mais ne le touchaient pas. Quand il se sentait menacé après quelques tirs bien placés dans les corps de ses cibles, il changeait de position, de sorte de toujours rester en mouvement et de semer la confusion chez l’ennemi.

Son fusil semi-automatique stalker tirait un une cadence moindre que celle d’un bolter standard en mode de tir par rafale, mais il était bien plus puissant et précis. A chaque tir, c’était un Drukharis mâle ou femelle qui tombait. Fauché en pleine course, l’air chassé de ses poumons par la puissance d’arrêt du tir explosif perforant. Il avait même réussi à venir à bout d’un grotesque aussi immonde que résistant, lui longeant plusieurs bolts à haut pouvoir d’arrêt dans le crâne et le corps. Après un chargeur complet, la bête s’effondra dans une débauche de sang et de viscères, surement chargé de drogues de combat. Une rune venait s’ajouter sur son affichage rétinien, confirmant la mort d’une autre cible. Soudain, quelque chose attira son regard loin de sa lunette de précision. Quelque chose qui émergea de la forêt dans un silence lugubre. Konrad changea sa prise sur son fusil, et le pointa vers les silhouettes qui commençaient à s’élever dans les airs.


C’étaient des transports et des véhicules d’attaques Drukharis. Leurs blindages noirs au motifs rouge sang, surement peint avec les fluides vitaux des victimes civile de la planète, foncèrent comme une nuée insectoïdes vers la forteresse. Même d’ici, Konrad voyait clairement la masse de soldats de chocs serrés sur les plateformes de transport à l’arrière des véhicules antigrav. Ils attaquaient en force.

Les véhicules d’attaque seraient sur eux dans moins d’une minute, le Thunderhawk de transport serait sans défense et serait abattu. Et dans la confusion générale de leur transport détruit en plein vol, ils débarqueraient leurs habiles et cruels soldats pour venir achever le travail.


Konrad avertit ses frères sur le vox, et ouvrit aussitôt le feu sur le premier transport qu’il vit. Il était rempli de guerriers cabalites beuglants et tirant vers les hommes du sergent Brüner postés sur les remparts. Le véhicule antigrav à la peinture noire, strié de glyphes étranges et impies fonçait à pleine vitesse dans les airs, entamant des virages serrés pour esquiver les tirs en approche.

Konrad épaula son arme et ouvrit le feu. Son fusil bolter stalker semi-automatique expédia bolt après bolt avec une cadence reconnaissable entre mille. Les impacts fleurirent sur la carlingue comme des fleurs d’étincelles quand la tête perforante et explosive ricochait sans grand dommage. Konrad changea de tactique et commença à viser l’équipage, qui lui, était bien moins protéger. Il vit tomber, presque décapité un cabalite qui s’accrochait aux arceaux de sécurité du véhicule Drukhari pour tirer sur les Astartes quand le tir de précision lui cisailla la partie supérieure du crâne.

Konrad rechargea avec précipitation. Ses chargeurs de dix bolts chacun souffraient de la comparaison avec ceux plus conséquent des bolters standards. Avant qu’il ne puisse recharger et continuer à se défendre, ils étaient sur lui.

 

Brüner se retourna, hurlant sur le vox au Thunderhawk de déguerpir. Le pilote cybernétique qui continuait sa phase d’atterrissage finale, enclencha la procédure d’annulation et d’évitement adéquate quand le sergent Astartes lui hurla de dégager son appareil au plus vite. Les néophytes qui attendaient en dessous de l’appareil, les bras chargés de malles et de caisse d’équipements furent repoussés par des vagues de poussières quand le pilote enclencha la propulsion à son maximum pour arracher son appareil à l’attraction de la planète.

Le Thunderhawk reprit de l’altitude, trop lentement au gout du sergent qui le regardait recommencer à s’élever dans les airs, et quitter le couvert que lui fournissait les remparts de la forteresse. Les tirs pleurent sur l’appareil Astartes en cascade. Les ails de titane et d’adamantium furent perforée de part en part, les compartiments passagers montés sous sa carlingue retenus par les pinces magnétiques et pneumatiques furent perforés eux aussi par des projectiles énergétiques violacés qui emplissaient l’air. Brüner comprit que le pilote se désengageait enfin, et fit demi-tour pour reprendre le tir sur les forces Drukharis qui menaçaient déjà de les submerger, les privant de leur véhicule de transport. Ils étaient pris au piège, la nuée de véhicules antigrav Eldars était sur eux, Brüner en vidant le reste de son chargeur, hurla à la face des ennemis qui fonçaient sur lui.

Maximilian rechargeait son fusil à pompe avec la célérité qui lui était propre. Il tenait tout un pan de la muraille à lui seul. Il était le plus excentré de la formation, sur la droite de Gauron, l’apothicaire du groupe. Il rechargeait deux cartouches par deux cartouches, en quelques mouvements rapides, il était prêt, de nouveau à faire feu.


Dans les armureries de la forteresse, dans les cales et les halls d’armes, ils avaient trouvé bon nombre de munitions exotiques, mais aussi d’armes tout à fait standards. Maximilian, comme les autres, avait supervisé le travail des servitors envoyés par le Revenant pour compiler les données, inventorier tout l’équipement et préparer son transfert. Maximilian avait trouvé plusieurs boites de munitions qu’il avait réussi à ouvrir avec son couteau de combat, tellement la serrure rouillée en avait presque soudé l’ouverture. Il avait trouvé des cartouches, semblable à celles qu’il utilisait avec son arme de dotation, mais après une analyse plus approfondie elles étaient beaucoup plus puissantes. Au lieu de sept projectiles engoncés dans le corps de la cartouche, celles qu’il avait trouvées en comportaient huit, d’un alliage qu’il n’avait jamais vu, beaucoup plus puissant. Du tungstène, avait-il entendu prononcer les servitors quand ils eurent scanné le matériau.


Maximilian continuait d’utiliser des cartouches à balles solide pour traiter les cibles à distance, mais au corps à corps ou dans des affrontements en espace plus restreint il utilisait ces nouvelles munitions. Les projectiles possédaient un pouvoir d’arrêt sur les cibles presque doublé avec une perforation accrue. La première fois que frère Maximilian avait utilisé ces cartouches, quand les Drukharis eurent franchit le mur d’enceinte, la violence de la munition le surprit tout autant qu’elles le firent frissonner. C’étaient des purs engins de destructions. A chaque fois que son arme aboyait, deux ou trois ennemis finissaient coupées ou hachées en morceaux sanguinolents. Même à couvert, il perforait aisément leur maigre cachette. Le prix et le coût de fabrication de ce genre de munition devait être ahurissant, mais la guerre réclamait ce genre de sacrifice. Maximilian continuait de recharger et tirer avec une efficacité accrue, le carnage était total.  

 

Lyderic venait de laisser tomber son bolter rebondir sur son armure, retenu par la lanière de cuir. Il se tenait sur la muraille de la forteresse, sur le flanc gauche, tenu par Johann et lui. La fusillade était intense, mais les transports de troupes antigrav ennemis qui venaient de sortir de la forêt étaient inquiétant. Lyderic avait prévu cette éventualité. Il s’accroupi à couvert pour ouvrir une caisse d’arme à mousse capitonnée pour en sortir le tube lanceur de roquette qu’ils avaient trouvé dans les armureries de la forteresse. Il commença à charger le tube par l’arrière avec un roquette anti char. Il verrouilla la culasse du tube en position fermée et épaula l’engin. Le viseur monté de série dessus n’avait pas une très grande puissance de zoom, mais assez pour afficher les graduations de tirs en fonction du poids de la roquette.

Lyderic arma le lanceur posé sur son épaule, fit un pas en arrière pour s’éloigner du rebord de pierre sous le feu ennemi, et se redressa sur ses jambes d’un seul coup. Un transport Eldar apparu aussitôt dans son viseur, il pressa la queue de détente. La roquette partie dans un nuage de fumée blanche qui souffla son tireur avec le recul dégagé. Des runes d’alertes sonnèrent dans le heaume de Lyderic quand la chaleur du tir caressa son heaume de guerre.

Le projectile fonça droit sur sa cible, surprise par les moyens anti char des Astartes qui n’en avait pas fait usage jusque-là. La roquette toucha le transport au niveau du nez de l’appareil. A peine la tête du missile détecta qu’il avait touché sa cible, que le cœur interne s’enclencha. Une réaction en chaine se produisit, envoyant un mélange de cuivre et de métaux surchauffés vers la pointe explosive de la roquette qui venait de fracturer le métal du blindage du transport Drukharis. L’explosif tandem envoya ses éclats meurtriers surchauffés dans toute la cabine interne du transport, perforant couche après couche de blindage, jusqu’à atteindre sa cabine passagers, passants à travers les corps avec la même facilité que le blindage qu’il venait de réduire en scories fumants.


Le transport fut perforé par le tir de roquette, et s’écrasa de tout son poids comme une pierre au sol, avec ses passagers brulés et criblés d’éclats, dans un tonneau, jusqu’à s’arrêter, un feu électrique aux arcs bleutés crépitants et brûlants les restes des Eldars noirs.

 

Lyderic s’apprêtait à recharger son lanceur, tandis que Johann à sa droite tirait maintenant en continu de son bolter lourd, tout en félicitant son binôme via un canal vox privé. Lyderic se saisit d’une autre roquette, espérant pouvoir réitérer son premier tir, quand les autres aéronefs prirent sa position pour cible et ouvrirent le feu. Les rayons ardents qui avaient ouvert une première fois la muraille de la forteresse comme du papier touchèrent sa section du mur, dans une débauche de shrapnels de pierre.

L’artilleur du transport Drukhari avait visé bien trop haut. Si son tir avait touché la base des murs, ils auraient volé en éclat en moins d’une seconde, complètement oblitéré par la puissance du tir. Là, il venait de toucher les créneaux derrière lequel Lyderic tentait de recharger son tube lanceur alors qu’ils lui fonçaient dessus. Les créneaux, eux, furent broyés par le tir de lance des ténèbres, comme s’ils n’avaient jamais existé. Johann, posté à la droite de Lyderic, vit le tir avant de vraiment le ressentir. Son heaume de bataille assombrit sa vision quand il détecta le tir en approche pour l’empêcher d’être éblouis, mais il le fût presque. Le tir de lance des ténèbres absorba chaque atomes ou molécules de lumières sur son chemin, comme un trou noir traversant la réalité à une vitesse quasi subluminique. Johann ne fut pas ébloui par un éclat de lumière de destruction, mais une absence de lumière dans la réalité. Ses yeux lui firent mal même après que le tir venait de fracasser la position de Lyderic.


Johann regarda sur sa gauche, il ne restait rien. Le parapet était en flammes, les créneaux volatilisés. Son frère, disparu. Johann sentit monter la rage en lui et reprit le tir, envoyant vagues après vagues de bolts explosifs sur l’avance ennemie, priant en même temps pour son binôme pour l’instant disparu.

 

Une rune ambrée venait d’apparaitre à la place de la rune verte de Lyderic indiquant son état physique sur l’affichage rétinien du sergent Brüner. La muraille venait de trembler comme prise dans un tremblement de terre surnaturel. Brüner savait que la section sur sa gauche venait d’essuyer un tir direct, et il le rapprochement avec l’état de son homme.


-Astartes à terre ! Hurla-t-il sur le vox. Gauron !


L’apothicaire n’attendit pas une seconde, et parti au trot vers la rune de position de Lyderic, qui clignotait de moins en moins fort. Gauron se désengagea de sa position de tir. Il envoya deux rafales soutenues vers le bas du mur, et parti en courant, dévalant les marches vers l’intérieur de la cour. Elle était jonchée de débris fumants de pierre et de maçonnerie. Certains gravats semblaient rougeoyer, comme si la pierre brûlait ou même était fondue par la puissance du tir.

Brüner vit partir à toute vitesse son apothicaire. Il n’avait pas le choix, il ordonna sur le réseau de resserrer son dispositif. Avec Lyderic et Gauron en moins, ils ne pouvaient plus défendre une si grande portion de mur. Il devenait indéfendable. Brüner continuait de tirer bolt après bolt, tandis qu’il donnait ses ordres sur la radio, alors que les explosions et les hurlements de douleur et de rage de ses hommes emplissaient la forteresse sous le feu ennemi.

 

Konrad les entendait. Il était tapi dans l’ombre. A peine les transports de troupes Drukharis avait approchés des créneaux et des débris qui formaient le haut du donjon sur lequel il était posté, que Konrad c’était replié, tout en tirant pour couvrir sa retraite. Son fusil stalker ne lui donnait plus un avantage certain. Dans un combat à très courte portée, seul son pistolet bolter pouvait le défendre convenablement. Mais ses chargeurs étaient limités. Le bois du sol au-dessus de lui craquait sous le poids des ennemis qui approchaient. Ils devaient surement chercher par où il était passé pour s’enfoncer dans les étages inférieurs du donjon.

Les charges explosives à retardements explosèrent. Le sol trembla et la poussière tomba du plafond tandis qu’au-dessus de lui le toit explosait dans un maelstrom de débris surchauffés et de feu. Des corps tombèrent au sol, Konrad en reconnut le bruit distinctif. Il ouvrit le feu à la volée, vers le plafond de planches de bois, pulvérisant le sol dans des échardes grosses comme des doigts humains. Un sang infect coulait par les trous de ses bolts tandis qu’il tirait à volonté vers le toit du donjon maintenant en feu.

 

Gauron peinait à soulever Lyderic pour le mettre à couvert. Il n’y avait plus aucune ligne de bataille, plus de positions fixes. Les Drukharis franchissaient le mur d’enceinte comme bon leur semblait, la ligne de défense était devenue poreuse. Le sergent Brüner et ses hommes ne pouvaient défendre d’une petite portion de mur, et la bataille faisait rage. Lyderic respirait encore. Il avait été projeté à plus de cinquante mètres du mur, vers la cour intérieure et c’était écrasé lourdement au sol. D’un rapide coup d’œil expert, Gauron, remarqua plusieurs fractures même en dessous de l’armure endommagée. Il scanna le corps avec son narthécium et les auspex de son heaume. Poumons perforés, cottes brisées, plusieurs hémorragies internes, fractures ouvertes, commotion, et tachycardie. Il était aux portes de la mort. Les créneaux et les remparts avaient absorbés la majorité du tir de lance des ténèbres. Nul doute que si un tir direct l’avait touché, il aurait été pulvérisé. Pourtant son armure lui avait sauvé la vie, mais elle rendait l’âme. Les jointures du coup et des jambes étaient fondues sous la chaleur intense du tir. Le plastron fracturé en plusieurs endroits et le heaume enfoncé jusque dans l’os de son crâne en dessous, mais cela aurait pu être bien pire. Gauron n’avait pas d’autre choix, il injecta un puissant cocktail d’antalgiques et de drogues de combats directement dans la moelle de Lyderic toujours inconscient. Il ne réagit pas. Il demeurait inerte dans ses bras. Gauron devait prendre une décision. Son patient était difficilement transportable, mais rester ici, à découvert, engendrait leur mort à eux deux. Avant qu’il ne puisse prendre une décision, des hurlements inhumains résonnèrent dans son casque. Les Drukharis étaient passés, ils fonçaient sur lui. Il brandit son bolter de son bras droit, tenant Lyderic au sol de son bras gauche, accroupi, prêt à défendre son frère mortellement blessé.


Les sorcières émergèrent des nuages de poussières en hurlant, brandissant des lames courbes et empoissonnées, jetant des filets de rétiaires vers Gauron qui défendait sa vie et celle de son frère. Son bolter hurlait en retour, expédiant bolt après bolt. Il tirait à une main, bras tendu. Le recul faisant tressauter son bras et il manquait de précision. Quand son premier chargeur vide tomba au sol, il dût lâcher Lyderic pour se servir de son autre main pour recharger. Lyderic sous lui, Gauron à genoux au-dessus reprit le tir. Les Drukharis étaient sur eux.

 

Un cri de ralliement surgit des décombres. Un cri inimitable, que chaque Black Templar aurait reconnu sur n’importe quel champ de bataille, un cri inscrit dans leurs gênes, au plus profond de leur patrimoine génétique.


- Pas de Pitié, Pas de Quartier, Ni de Peur !


Un néophyte arriva en courant sur les arrières des Drukharis. Il brandissait un bolter dans une main et un couteau de combat dentelé dans une autre. Il n’y avait aucune grâce, aucune subtilité, aucune beauté dans sa charge désespérée. C’était brouillon, violent et mal exécuté. Mais c’était un acte digne d’un Black Templar. Il chargeait droit devant, hurlant, vociférant, insultant ses ennemis. Il en surprit plus d’un. La première sorcière Eldar n’eut pas le temps de se retourner, et elle reçu un violent coup d’épaulière dans le dos, on entendit ses os et sa colonne vertébrale se briser sous le choc.

Le néophyte n’était pas seul. Un autre courait derrière lui, pistolet bolter hurlant, son épée tronçonneuse broyait les chairs de ses ennemis dans la fumée bleutée du moteur qui hurlait à la mort quand son arme rencontrait les lames des autres ou les armures. Il broyait tout. A eux deux, ils inversèrent la vapeur de la charge Drukharis. Prit entre deux feux, les Eldars Noirs ne surent pas à quel ennemi faire face. Gauron se saisit de l’occasion. Il sauta en avant, un deux pas il fut sur un Drukhari qui regardait, médusé, les deux néophytes charger sa phalange.

Gauron sorti son couteau de combat de son fourreau d’un coup sec, dans un grand geste ample, enfonça sa lame dans la gorge du Drukhari. Le coup était brutal et la lame beaucoup trop longue. Elle ressorti de l’autre côté du coup du cabalite, mais il était déjà mort. L’apothicaire avait enfoncé tellement fort son couteau qu’il avait brisé le coup du guerrier. Il dégagea son arme d’une torsion du poignet, ce qui faillit décapiter le malheureux. Il retomba au sol, vomissant tout le sang de son corps par la plaie béante qu’il avait à la place du coup.


Une sorcière chargea Gauron. L’adrénaline courait dans ses veines. Il contre chargea, lui sautant dessus. Elle en fut si surprise, qu’elle ne sut que faire. Un ennemi chargé, devait, par réflexe de conservation, tenir sa position, attendre l’attaque, pas attaquer son attaquant. Mais ce n’était pas des ennemis ordinaires, c’étaient des Black Templars. Le narthécium fondit sur vers son thorax. Les foreuses et les lames d’adamantium étaient forgées pour percer les armures Astartes et y récupérer leurs patrimoines génétiques. Son armure de plaques et de cuir ne fit aucune différence. La foreuse du narthécium s’enfonça dans son plexus solaire. Pour se dégager de la femelle Drukhari, Gauron activa son narthécium. La foreuse tourna trois fois à plein régime, broyant le corps et les organes perforés. Elle retomba au sol. Gauron pouvait voir le sol à travers le trou béant de son abdomen. Il fracassa son crâne d’un violent coup de pied.


-Toi ! Hurla-t-il en pointant un des néophytes qui achevait un Drukhari. Avec moi, nous allons le mettre à couvert, ordonna-t-il en se dirigeant vers Lyderic toujours au sol.


Le néophyte s’approcha en courant et souleva avec l’apothicaire l’Astartes à terre. Thomaas peinait sous la charge portée mais ne dis rien. Valdemar tirait et appuyait leur avancée comme il pouvait de son pistolet bolter.


-Suivez-moi mon seigneur, nous avons encore une ligne de défense vers les murs. Hurla Valdemar pour se faire entendre.

 

Les néophytes avaient abandonné leur position et combattaient maintenant dos à dos. Ils étaient dans l’ombre de la muraille, juste en dessous du sergent Brüner et de ses hommes. Gauron, et les deux néophytes se dirigeaient vers l’ilot impérial, en passe de se faire submerger par les flots ennemis.


-Defiance, frappe autorisée ! Ordonna Brüner dans le réseau vox.

-Ici Defiance, nous reprenons l’avantage. Frappe en cours.


A plus de dix milles pieds d’altitude, le Defiance survolait le champ de bataille. Il était indétectable par les Drukharis mais ses optiques et senseurs longues portées lui offrait une vision complète de ce qui se passait au sol. Un nuage passa devant la carlingue, cachant le spectacle au tireur du Thunderhawk qui observait attentivement ses frères au sol. Le pilote fit décrire un rapide virage sur la droite pour sortir du nuage et reprendre la vision de leur objectif. L’artilleur reçu l’ordre, et activa les systèmes d’armes. Les missiles Hellstrike s’armèrent. Leurs têtes explosives commencèrent la recherche de cible potentiel et leurs cœurs de propulsion s’activèrent, commençant la préchauffe des turbines de propulsion. Tous les voyants étaient au vert. L’esprit de la machine du Thunderhawk et de ses armes réclamaient vengeance pour ce qui se passait au sol. Les cibles furent sélectionnées. Les calculateurs et les servo machines fonctionnaient au maximum de leur puissance devant la demande de calcul à venir. Une dizaine de cibles venaient d’être sélectionnées, et les ordinateurs balistiques calculaient chaque vecteur de tir en même temps.

Le casque de vol de l’artilleur était rempli de rune rouge sang représentant des ennemis et des véhicules à détruire, tandis que les runes vertes représentaient ses frères entrain de combattre. Les frappes tomberaient très proche des forces au sol, il n’avait pas le droit à l’erreur dans ses calculs. Il avait confiance, et activa d’une simple pression les systèmes d’armes qui crachèrent la mort vers le sol.

 

Brüner combattait maintenant dos à dos avec Maximilian. A sa gauche Johann était le seul, avec son bolter lourd, à encore tirer vers l’extérieur des remparts. Les Astartes étaient attaqués de partout, les Drukharis avaient franchis le mur d’enceinte depuis de longues minutes. Le donjon venait d’exploser et ils avaient perdu tout contact avec Konrad à l’intérieur. Seul, Dord tenait les portes effondrées, l’accès direct à la cour intérieure.

Brüner risqua un œil vers les plaines de poussières. A peine son heaume dépassa des créneaux qu’il reçut un tir soutenu. Les Eldars étaient partout. Ils avançaient à découvert, presque sans craindre le moindre tir. Les tourelles automatiques c’étaient tues. Soit à sec en munitions soit détruite. Rien ne pouvait plus stopper leur avancée. Soudain la terre se souleva. Elle fut frappée comme par une puissance divine. La lisière de la forêt morte s’embrasa. Et vint une demie seconde après le son du fracas de la couche terrestre percutée par les missiles.


Quatre missiles Hellstrike pulvérisèrent la forêt et tout ce qui l’entourait. Des explosions titanesques fleurirent sur toute la bordure, envoyant à une centaine de mètres en l’air des rochers de plusieurs centaines de kilos, ainsi que les membres de Drukharis trop malheureux pour se retrouver dans le rayon des explosions. Des groupes de cabalites disparurent aussi facilement que cela, comme s’ils n’avaient jamais existé. Leurs corps pulvérisés en brume rose de sang et de viscères. Le Thunderhawk venait en une seule salve de lancer tout son armement d’ailes. Un autre missile vint s’écraser au sommet du donjon qui disparut dans une débauche de pierres fracassées et de feu purificateur.

Une douche de débris s’abattit sur la forteresse qui tremblait sous la force de l’attaque.

Brüner tirait maintenant presque à volonté. Rechargeant et vidant ses chargeurs presque sans interruption. Les transports Drukharis se posaient maintenant directement dans la cour, déversant un flot continu de nouveau soldat qui tiraient eux aussi à volonté de leurs longues armes d’épaules, envoyant projectiles sur projectiles sur les défenseurs acculés. Brüner vit s’abattre le missile presque au ralentit et quand son cerveau comprit ce qu’il voyait, ses cœurs manquèrent un battement. Le dernier missile Hellstrike toucha un transport par le dessus, lancé à pleine vitesse, il lui perfora le plancher, mais ce n’eut aucune importance. A peine la tête blindée toucha le sol, son cœur explosif s’enclencha. L’escadrille de transports qui venaient de se poser furent anéantit. Les carcasses volèrent dans tous les sens, éjectées comme si ce n’étaient que de simple jouet, envoyées valdinguer contre les murs et la montagne derrière la forteresse.


Brüner se protégea le visage de sa main dans un réflexe, quand la vague de poussière vint le percuter lui et ses hommes. Son réseau vox hurla :


-Nous arrivons, extraction immédiate !


Brüner ne réfléchit pas une seule seconde, il ordonna à tous ses hommes et aux néophytes de prendre ce qu’ils pouvaient et de se replier en bonne et due forme au centre de la cour intérieure. C’était là que ce poserait le Thunderhawk, et s’il n’y arriverait pas, cela ferait un dernier carré respectable. Un baroud d’honneur. Sa fierté serait sauve, ils emporteraient un maximum d’ennemis dans la tombe.

Brüner vit Gauron porter le corps inanimé de Lyderic avec l’aide d’un néophyte. Il reconnut Thomaas. Brüner avait vu sa charge dans la cour pour prêter main forte à son apothicaire plus tôt avec la plus grande attention. S’ils survivaient, il aurait une conversation avec lui. Ce néophyte était une tête brûlée, mais quelque chose en lui brûlait. Markus haranguait les hommes. Son crozius envoyait une lueur bleutée dans la poussière qui tardait à retomber au sol après la frappe de missiles qui venaient de fracasser la région. Dord se repliaient enfin des portes, sous les tirs d’appuis de ses frères. Karl retenait une cabale de guerriers avec des tirs précis de son lance flamme bientôt à sec. Il attendait avec patience de pouvoir utiliser son lance plasma, qui attendait, arroché par une sangle à son armure.

Seul manquait Konrad. Depuis la frappe sur le donjon, son vox était resté muet, et il n’en était pas sorti. Sa rune avait disparue des affichages rétiniens des Astartes encore debout.

Dord semblait blessé. Même son armure, recouverte d’une épaisse cotte de maille blindée n’avaient pas réussi à arrêter tous les coups. Une de ses jambes trainait derrière lui. Sans nul doute qu’une des femelles Drukharis avait réussi à trouver une ouverture dans sa garde et l’avait blessé dans ses chairs, et le poison commençait à faire effet sur son organisme pourtant modifié pour y résister.

 

Un fracas d’un boom supersonique vint percer le ciel. La masse noire du Thunderhawk Defiance émergea de la fumée des incendies qui montaient haut vers les cieux. Le pilote, Hasmond, avait oublié toutes les conventions ou les consignes de sécurité. Il volait toutes rampes d’accès ouvertes, anticipant un embarquement sous le feu ennemi et en urgence. Son artilleur tirait à volonté avec les bolters lourds jumelés des ailes et de la carlingue. Il balayait méthodiquement chaque angle, plus pour faire baisser les têtes et effectuer un tir de suppression. Le Thunderhawk ralentit au-dessus du centre de la cour. Les patins n’étaient pas sortis, le pilote ne voulait, indéniablement pas se poser, ce qui aurait demandé trop de temps. Brüner comprit et ordonna à ses hommes de sauter dans l’appareil le plus vite possible. Gauron et Thomaas qui soutenait Lyderic partirent en premier, Johann les suivait. Karl venait de changer d’arme d’épaule et envoyait tir sur tir de plasma, espaçant chacun pour laisser le temps au canon de refroidir. Il venait d’abattre un Grotesque qui s’approchait trop prêt de l’angle mort du Thunderhawk.

L’artilleur contenait la masse d’ennemis qui tenaient de les submerger pendant l’embarquement. Les compteurs de munitions descendaient en cascade dans son affichage, mais il poursuivait son massacre. Enfin Gauron, Thomaas et Lyderic arrivèrent sur la rampe d’accès. Ils posèrent le corps au sol. Tout de suite Gauron commença les soins sur son frère, pendant que Thomaas appuyait les autres Astartes et néophytes qui approchaient. Valdemar arriva à embarquer et imita son frère. Dord, Karl et Johann embarquèrent à leur tour. Seul restait Brüner, scrutant le donjon à la recherche de Konrad.

Une des portes latérales de l’immense tour de pierre vola en éclat, et Konrad en émergea en courant à toute vitesse. Konrad courait comme un dément, tirant par-dessus son épaule au pistolet bolter tandis que dans son autre main reposait son fusil stalker, vide. Brüner et Markus ouvrirent le feu sur les silhouettes qui le poursuivait.


Hasmond vit la scène sur son affichage, il fit décrire à son appareil en vol stationnaire une course sur la droite, à a peine un mètre du sol. Son artilleur ouvrit le feu aussitôt, balayant tous les alentours autour de Konrad qui convergeait vers le Thunderhawk. Les poursuivants volèrent sous la douche de bolts, explosant en magma de chairs immondes.

Brüner et Markus montèrent enfin à bord, tendant la main à Konrad qui sauta dedans, à bout de souffle. C’est alors que Brüner vit deux néophytes approcher en courant eux aussi, mais de la brèche. C’étaient les derniers, ceux qui maniaient le bolter lourd. Ils avaient tenu leur position bien après que tous les autres Astartes ne se soient désengagés, maintenant ils étaient poursuivis. Ils semblaient épuisés et blessés. L’un tomba à terre quand un tir vint lui perforer le mollet droit, explosant les chairs et les muscles. Emportés par son élan, il chuta et roula au sol. Les sorcières Drukharis qui les talonnaient se jetèrent sur lui, l’égorgeant, le mutilant avec un plaisir non dissimulé. Elles éructaient d’une joie sauvage, se baignant dans son sang. Il mourut dans des cris d’une douleur à peine imaginable.


L’autre continuait de courir vers le transport Thunderhawk qui l’attendait. Il arriva enfin, appuyé par les Astartes à bord. Il saisit la main tendue du sergent Brüner avec fermeté. Mais soudain, une lance barbelée vint lui perforer le ventre. D’un coup sec il fut tiré vers l’extérieur, trainé sur une vingtaine de mètres, dans la poussière, vers les ombres. Il venait d’être arraché à la poigne puissante du sergent qui ne put rien faire. Le Thunderhawk décolla, et Brüner vit le néophyte, trainé vers un groupe de cabalites qui allaient passer leur frustration sur le seul défenseur encore vivant à leur portée.


-Pour l’Empereur-Dieu, jusqu’à la mo… Sa voix se tut quand la grande qu’il avait dégoupillée explosa, transformant son corps en feu et shrapnels acérés, entrainant dans la mort ceux qui c’était jeté sur lui pour le torturer et le sacrifier.

-Prévenez le Revenant, nous quittons ce système, maintenant ! Hurla Brüner détachant son regard du sacrifice du dernier néophyte, tandis que les rampes d’accès se fermaient dans des claquements secs pressurisés. Les tirs résonnaient sur la carlingue comme la pluie rebondissaient sur de la tôle ondulée pendant un orage. Le Thunderhawk s’arracha de la gravité de la planète, rejoignant le croiseur lourd Astartes qui rompait en ce moment même son duel d’artillerie navale avec les navires Drukharis, pour se diriger tout moteurs hurlants vers le point de Mandeville du système. Dans la pénombre de la cabine passagers, l’odeur du sang montait, tandis que les blessés soignaient comme ils pouvaient leurs blessures, les douilles vides roulant dans les flaques de fluides vitales au sol, tandis que le Defiance perçait la stratosphère à plein régime.

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