Black Templar Tome II

Chapitre 25 : Serments De L’Instant

6785 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 06/08/2021 18:01

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Dans un nouveau nuage de poussière, le Defiance redécolla en trombes. Brüner regardait le géant d’acier et d’adamantium s’envoler dans la lueur d’un nouveau jour qui pointait à l’horizon. La nuit était passé vite. Les rotations des deux transports Astartes avaient rythmé la vie de la forteresse en ruine. Tous les civils avaient été envoyé en orbite, entassés dans les cales du Thunderhawk de transport, à bord du Revenant, ainsi que les reliques, les équipements, les armes et les munitions que renfermait le bastion souterrain. Quelques armures Mark VII restaient à déplacer, ainsi que quelques tomes de la bibliothèque intérieure. Les préparatifs pour l’évacuation allaient bon train, et les horaires étaient même respectées. Il ne restait, tout au plus qu’une rotation à faire pour que le sergent Brüner et ses hommes puissent s’extraire. Les projections les plus pessimistes concernant l’arrivée ennemie les donnaient encore à quelques centaines de kilomètres de là. Pour l’instant le sergent et ses hommes avaient réussi leur mission.


Le Defiance quittait déjà l’attraction de la planète à une vitesse folle, rattrapant par sa plus grande vitesse le Thunderhawk de transport plus pensant. Il emportait dans ses grippes pneumatiques surpuissantes le mastodonte d’adamantium, resté endormi trop longtemps dans le hangar de véhicule de la forteresse, sous sa surface. Pour les prochaines quatre vingt dix minutes, ils étaient seuls.

Brüner était descendu du chemin de ronde pour arpenter la cour intérieure. Il surveillait les préparatifs d’un œil expert. Les caisses de munitions étaient empilées en bon ordre, les malles d’armes et de matériaux rares étaient rangés sous les protections pare-éclats de la forteresse. Il restait encore une cinquantaine de miliciens recrutés à la volée parmi les civils. Beaucoup étaient d’anciens militaires à la retraite, d’autres des chasseurs, ou fils de chasseurs. Ils connaissaient les armes, mais pas aussi bien comme des homes d’armes de carrière. Ils serraient fort leurs carabines lasers trouvées ou leurs armes à munitions solides contre eux, pensant qu’elles éloigneraient les dangers le plus loin possible d’eux. Un vrai guerrier savait que ce n’était qu’un outil. Et qu’importe l’outil, le guerrier se servait de tout ce qui pouvait lui être utile pour repousser lui-même les ténèbres, à mains nues s’il le fallait.


Brüner fit un rapide tour, regardant de haut les miliciens, qui étaient déjà presque au bord de la crise d’angoisse après les événements qu’ils avaient vécu depuis trois mois. Même s’ils en ressortaient vivants, ils seraient tous marqués dans leurs esprits, et dans leurs chairs par la violence qu’ils avaient vécus et celle, bien pire, à laquelle ils avaient échappés.

Un seul regard froid et menaçant des optiques du sergent Brüner vers un attroupement, les emplissaient de détermination ou de crainte. Tous savaient que la fureur des Black Templars envers les lâches ou les traitres était bien pire que les tourments que pouvaient infliger les Drukharis. S’ils ne se battaient pas par courage, ils le feraient par crainte d’un châtiment bien pire.


Brüner regarda vers les portes de la forteresse. Lors de la dernière attaque, elles furent pulvérisées par un raid aérien surpuissant. Il ne restait qu’un tas de gravats, empilés sur l’ouverture, pour espérer bloquer son accès. Une poignée de néophytes avaient combattu, face à face contre l’ennemi pour l’empêcher d’y passer. Les combats les plus violents s’y étaient déroulés. Dord, tel une statue de marbre sombre, veillait. Il était debout, dressé de toute sa hauteur. Tabar, et cotte de maille flottant au vent. Son épée au fourreau, il tenait son bouclier, posé au sol devant lui, la pointe vers le bas, fichée dans les gravats. Son pavois reposait contre sa cuisse. Sans un mot, aucun, il observait l’étendu de poussière devant lui. Dans un silence relatif, il guettait le moindre mouvement.

Par sa simple présence, un rayonnement de puissance émanait de lui vers quiconque le regardait. Il était un phare, un modèle de bravoure. Il c’était jeté en premier dans la mêlée et avait occis bon nombre d’horreurs dans la bataille passée. Par son action il avait sauvé beaucoup de vie, mais il n’était qu’un instrument. Celui de son officier, qui lui, par ses ordres, et sa présence avait fait pencher la bataille en faveur de l’Humanité.

Brüner observait autour de lui, comme une sentinelle perchée au sommet d’une tour de guet. Chaque homme, femme, néophytes ou Astartes étaient observés longuement. Chacun passait sous son regard scrutateur. Cela faisait bientôt quelques minutes que le chapelain Markus était ressorti du donjon, et allait voir chaque Astartes de l’escouade de croisés du sergent Brüner. Markus c’était arrêté auprès de chaque guerrier pour s’entretenir avec eux. Brüner remarqua de son œil perçant le petit objet que le chapelain donnait à chacun. Quand vint le tour de Markus de s’entretenir avec Dord, il lui confia un petit paquet, plus gros que les autres, enveloppé dans une mousseline d’un blanc pur. Interloqué, le sergent Brüner attendit patiemment.

Markus s’éloigna de Dord, lui laissant son présent dans ses mains armurés. Caché par un tourbillon de poussière, Brüner ne put voir ce qu’il lui avait donné, mais Markus se dirigeait déjà vers lui.


-Mes respects, frère sergent.

-Chapelain, salutations. Lui répondit son officier avec le même ton.


Markus se positionna sur sa droite, regardant avec le sergent dans la même direction pour faire son rapport. Brüner remarqua la relique attachée à son épaulière mais ne dit rien. Il attendit que son sous-officier prenne la parole :


-Les reliques sont à l’abris. Les tomes aussi. J’ai procédé aux derniers sacrements de nos frères tombés, et donné nos instructions concernant leurs dépouilles à bord de notre navire. Les honneurs les y attendent. Personne ne sera oublié. Markus fit une pause, puis ajouta. J’ai aussi suivi les dernières instructions du chapelain Manfred. Markus se tourna vers son officier.


Brüner comprit, et se tourna lui aussi vers le chapelain. Son armure était identique à celle qu’il avait connu de son chapelain avec qui il combattait depuis des années. Brüner, ainsi que chacun de ses hommes, connaissaient parfaitement la moindre imperfection, sceaux de pureté, ou éraflures sur les armures de leurs frères. D’une part à cause de leur mémoire eidétique, mais aussi à cause de qu’ils avaient vécu ensemble. Une centaine de bataille sur une centaine de mondes, plus de dix années standards passées à combattre ensemble, comme des frères, comme des croisés. Chacun avait reçu plus de blessures qu’un régiment entier à lui seul, et chacun avait été sauvé par le frère à sa droite.

Brüner ne put s’empêcher de voir sur l’épaulière gauche de son chapelain, un crâne, immense, bien plus grand que celui d’un humain ordinaire. Il s’agissait d’un crâne Astartes. Sa mâchoire figée dans un hurlement silencieux éternelle. Sa bouche, aux dents blanchies elles aussi à la chaux, barrée par deux chainettes d’un métal brillant et solide venait maintenir le crâne hurlant contre la céramite de l’épaulière du chapelain. Avant que Brüner ne puisse formuler le moindre mot, Markus continua :


-Notre frère, le chapelain Manfred nous accompagnera partout désormais. Il avait l’habitude de nous dire que la mort n’était pas un échec, que la mort était la victoire du guerrier. Je porterais son crâne jusqu’à notre fin ou celle de notre ennemi. Conclu Markus, solennellement.

 

Brüner hocha doucement de la tête, lui montrant qu’il avait comprit et qu’il approuvait. Il était commun que les frères survivants d’une escouade de croisés prennent comme relique les os ou autres objets ayant appartenu à leurs frères tombés. Ainsi le combat continuait, et chaque action devenait un hommage à ceux morts pour que la croisade continue. Jamais elle ne s’arrêterait. La guerre continuerait.


-J’ai donné à chacun de vos hommes un fragment de l’armure de notre chapelain Manfred, ou une phalange, qu’ils porteront sur leurs armures comme une prière éternelle pour un frère inconnu mort au combat. La fierté brilla dans chacun de leurs yeux quand je leur ai confié une part de leur passé. J’ai moi-même prit sous ma responsabilité les mémoires rédigées par Manfred.


Brüner baissa le regard pour voir une immense tombe de papier rugueux et jaunâtre, scellé par une serrure aussi vieille que solide barrer son ouverture, attaché à l’armure du chapelain par une chaine d’acier, pendant à sa ceinture.


-Il ne l’avait pas fini. Et je ne le lirais jamais, mais je serais le gardien de ses secrets.

-Je comprends, répondit enfin Brüner.

-Mais pour vous, frère sergent Erik Brüner, j’ai autre chose.

Le chapelain Markus sorti d’une petite pochette un reliquaire qu’il déposa dans la main que lui tendit son sergent. Brüner regarda le petit objet de nacre et d’ivoire, comprenant de quoi il s’agissait.

-J’ai enfermé dedans tous les sceaux de pureté de Manfred. Ce reliquaire enferme toutes les prières et les serments qu’il avait juré avant sa dernière bataille. Ses serments de l’instant, mais ceux aussi, plus intemporelle.


Brüner connaissait cela. Il en avait déjà entendu parler. Une tradition aussi vieille que la naissance des Astartes et même bien avant. Chaque guerrier, avant une bataille devait prêter serment, devant ses frères comme témoin, d’actions et de promesses qu’il entreprendrait pendant la guerre à venir. Il scellait alors ses serments en les mettant sur des sceaux de pureté qu’il accrochait à son armure. Beaucoup de chapitre avaient oubliés cette tradition contraignante. Chaque guerrier en plus d’accomplir son devoir devait respecter les promesses qu’il venait de faire devant témoin. Le pragmatisme avait gagné au fil des âges, mais pas encore complétement chez les Black Templars. Le chapelain Manfred était un des derniers à respecter ces vieilles coutumes et était mort au combat. Markus venait de prendre son officier comme digne successeur du frère tombé.

Brüner l’accepta en silence. Sans même y réfléchir, il l’accrocha à son armure. Il fixa le reliquaire derrière la rondelle de son armure. Un bout de céramite, taillé et forgé en forme de pavois miniature, fixé sur son plastron, sur son cœur. Il fixa le reliquaire par la corde qui le serrait et le fermait. Le petit artefact ne devait pas peser plus de quelques centaines de grammes, mais c’était le poids de la responsabilité qui pesa sur lui. Contre ses cœurs, loin sous l’armure de céramite noire comme la nuit, reposait les reliques d’un héros disparu. Brüner respira profondément, et accepta la tâche :


-J’en fais le serment aujourd’hui. Nos frères seront vengés, jusqu’au dernier.

Markus sembla apprécier ses paroles et hocha doucement de la tête. Avant même que l’un ou l’autre ne puisse dire la moindre chose, le réseau voxa cracha, tandis que le jour pointait au-dessus des murailles de la forteresse endormie :

-Aux armes !

 

 

C’était la voix de Konrad, perché au sommet du donjon il venait de repérer du mouvement dans sa lunette de précision. Ce furent les Drukharis qui ouvrirent le feu en premier. Ils c’étaient assez approchés de la forteresse couverte par la nuit noire pour ouvrir un barrage mortel sur les sentinelles de la milice, néophyte et Astartes. Dès la première salve des hommes tombèrent. Perforés de toutes part par des projectiles solides chargés de poisons. Quand ce n’était pas l’impact des cristaux dont étaient fait leurs projectiles, c’étaient de puissant poison neurotoxique qui venaient les terrasser. Un milicien venait de tomber aux pieds du rempart, à l’intérieur de la cour. Brüner courait à pleine vitesse et passa devant lui. La chute venait de lui briser la colonne et les jambes, mais l’homme respirait encore. Il crachait du sang par la bouche et les yeux, mais le sergent se douta que ce n’était pas à cause de sa dégringolade. Le poison courait dans ses veines et en moins de deux secondes il commença à convulser, tellement puissamment qu’il commença à se briser lui-même les quelques os qu’il avait encore d’intact. Il mourut, étouffé dans sa bile et ses sécrétions, sa moelle épinière coupée en deux, dans un marre de sang contaminé.


Les tirs de réponse ne se firent pas attendre. Les forces de défenses avaient réussi à amener le seul bolter lourd qu’ils avaient en leur possession au niveau de la brèche dans le mur. Les sacs de sable avaient été empilés à la hâte, par-dessus des gravats et des débris de maçonnerie. La brèche, pour l’instant était comblée. L’équipe de bolter lourd ouvrit le feu sur la lisière de la forêt. Ses tirs traçants illuminèrent le petit matin, comme des lucioles meurtrières après une nuit chaude d’été. Les armes Drukharis, quand elles faisaient feu n’émettaient que très peu de bruit et presque aucune lumière, à contrario des bolters ou des fusils lasers qui équipaient la totalité des forces impériale. Il était très difficile pour les défenseurs de repérer l’origine d’un tir pour neutraliser le tireur, qui avec sa grâce et sa vitesse naturelle, sautait de couvert en couvert pour avancer de la forteresse attaquée.


Brüner monta les marches menant au chemin de ronde quatre à quatre. Le bolter stalker de Konrad en haut du donjon tonnait toutes les trois secondes, envoyant un Eldar noir de plus au tapis dans une gerbe de sang. Les renforts Drukharis furent plus rapide qu’escompté à se redéployer, et ils étaient sur eux. Markus talonnait son sergent dans l’escalier de pierre. Brüner arriva en premier sur le chemin de ronde, et avec sa vitesse, son armure percuta le couvert de maçonnerie qui courait tout autour du mur. Il posa son bolter sur la pierre, le calant contre son épaule pour viser. Markus arriva lui aussi à toute vitesse, sur la droite de son officier, et mit en joue l’étendue de poussière qui commençait à s’emplir de tirs qui se croisaient.


Les hommes de l’escouade de croisés arrivèrent sur le mur, pour mettre leurs armes en batterie. Mais ils n’ouvrirent pas encore le feu, n’ayant pas reçu l’ordre de leur sergent observait le début de la bataille. Konrad, lui tirait à volonté, et comptait à voix haute sur le réseau vox, les Eldars qu’il envoyait au tapis, presque coupé en deux. Sur leur flanc gauche, Johann et son bolter lourd surveillait la brèche, qui elle-même était obstruée par une position d’arme lourde. Brüner jugea que deux bolters lourds permettraient de tenir cet axe. Temps que le flot de réapprovisionnement depuis les réserves en cartouches et autres boites de bolts ne se tarissait pas. Johann était appuyé par Lyderic et Karl, armé de son éternel lance flamme. De son côté, Brüner avait sous ses ordres direct, Markus, Gauron, et Maximilian. Dord quant à lui défendait presque seul, la porte principale, toujours debout fièrement sur la montagne de gravats qui en obstruaient le passage. Quelques néophytes avaient rejoint Dord pour lui fournir un soutient à distance. Les autres ainsi que les miliciens c’étaient déployés au milieu de la formation d’Astartes, gravitant autour des géants en armure noir, tabar flottant au vent, ne semblant pas connaitre la peur, comme un roc de détermination au milieu d’une mer de guerres horribles et enragées.


Au loin, la frappe du Defiance aux bombes incendiaires sur le camp retranché de la première cabale Drukharis, responsable d’atrocités depuis plus de trois mois, continuait de brûler lentement. L’incendie qui continuait encore ressemblait à un nouveau soleil qui se levait, si bien que le feu qui continuait de se propager éclairait les alentours dans des ombres projetées par des flammes orangées dévorantes. 

Les Drukharis comblaient l’écart et attaquaient avec toutes leurs forces au sol. Ils étaient bien plus nombreux que lors du premier affrontement. C’était une armée entière qui avait répondu à la disparition des premiers assaillants.

 

Brüner étudia ses options tactiques en une seconde. Ils n’avaient aucune artillerie, ou moyens de tirs indirects. Aucun soutien aérien. Ils n’avaient que la supériorité de leur position défensive, et un stock conséquent de munitions. Ce combat serait sanglant. Même si les défenseurs réussissaient à réduire l’écart des forces en présence avec un feu dévastateur, il était impossible de repousser une force aussi vaste. Et Brüner en était sûr, les Drukharis n’étaient pas aussi stupide pour montrer leur plein potentiel dans les premières minutes d’une bataille. Sa décision fut prise, il fallait tenir, au moins jusqu’à ce que les transports n’arrivent pour espérer se désengager d’un combat perdu d’avance. Mais Brüner comptait bien le mener jusqu’à la fin.

Brüner ouvrit une liaison vox avec son escouade, en même temps que les hauts parleurs de son armure, qui portèrent sa voix sur les contreforts de la forteresse :


-Hommes de l’Empereur-Dieu, ceci est notre domaine, notre héritage, nous ne reculerons pas d’un pas ! Battez-vous ! Battez-vous comme si l’Empereur lui-même vous regardais !


A ces mots un houra parcourut chaque hommes, femmes et Astartes qui hurlèrent à la lune descendante leur défis et leur rage contenue. Le signal qu’attendait le sergent vint enfin. Le système de défenses automatisé repéra les Drukharis quand ils entrèrent dans sa zone de détection.


-Ennemi repéré dans le périmètre, déclara une voix mécanique dans le réseau vox, engager l’ennemi.

-Feu à volonté ! Hurla à son tour le sergent Brüner, appuyant sur la queue de détente de son arme.


La muraille sembla s’embraser quand les bolters, fusils lasers, carabines et armes lourdes ouvrirent le feu en même temps. Ce n’était pas une grâle de projectiles, ni un torrent, mais une vague de balles, de lasers et de bolts qui se déversa en une seule seconde. Les hommes ordinaires furent même éblouis par leurs propres tirs, les armures et les heaumes Astartes filtrèrent avec diligence les flashs lumineux, permettant à leurs porteurs de continuer la bataille sans gêne. Les néophytes, formés à la guerre, sculptés jusque dans leurs corps pour des moments comme ceux-là, n’en crurent pas leurs yeux. Ce fut une scène comme il n’en pouvait exister qu’une seule fois dans une vie d’homme, mais eux n’étaient pas des hommes. Ils étaient bien plus.

Les tourelles automatiques à bolters lourds n’avaient pas la précision d’un tireur expérimenté Astartes mais compensait ce défaut par un volume de tir soutenu et dense. Les paternes de tirs et de ripostes prêt enregistrés dans leurs esprits de la machine n’arrivait pas à suivre les mouvements fluides et rapides des Drukharis, mais leur faisait baisser leur têtes derrières les couverts, ou amenaient certains cabalites dans les arcs de tirs des tireurs de l’Adeptus Astartes, qui eux, ne les manquaient pas.


Dans le viseur du sergent Brüner, les silhouettes apparaissaient et disparaissaient aussi vite d’un battement de cœur. Son bolter posé sur la pierre des remparts, maintenu par sa main faible par-dessus le garde main pour minimiser le recul du tir soutenu qu’il envoyait en contrebas, vers les plaines de poussières.

Un nouveau chargeur vide venait de tomber au sol. Il en inséra un nouveau dans son arme. C’était le quatrième qu’il venait de vider d’une traite. Sa consommation de munitions était folle. Ses bottes nageaient dans les douilles de bolts vides et les chargeurs eux aussi vides. A sa droite Markus et Gauron, eux aussi au milieu des rares néophytes et quelques tireurs miliciens délivraient un feu nourri. Brüner vit dans son viseur un guerrier cabalite courir de rocher en rocher délivrant un tir soutenu à chaque arrêt derrière chaque couvert. Le sergent le prit pour cible. Son premier tir le rata de peu, mais l’attention du guerrier cabalite sembla attirée par le sergent Astartes au sommet des remparts. Ils échangèrent des tirs. Un milicien entre Markus et Brüner, qui venait de monter les marches, presque à bout de souffle, venait de déposer un sac de chargeurs pleins à ses pieds, et commença à tirer en contre bas. Il s’effondra, trois cristaux en travers l’abdomen. Il mourût avant de toucher le sol, sur son dos, foudroyé par la puissance des tirs. Brüner plongea à couvert, à genoux.


-Tireur de précision. Aucune information sur sa position. Informa-t-il ses hommes sur le vox.


Brüner risqua un coup d’œil par-dessus le parapet. A peine eut-il levé la tête, qu’une pluie de tirs ennemi fondit sur lui. Un érafla son heaume, deux autres se fichèrent dans son épaulière droite. Brüner replongea à couvert. D’une main rageuse, il retira les projectiles fichés dans son épaulière, laissant des trous gros comme un doigt humain.


-Tireur potentiel à l’orée de la forêt. Trois cent cinquante mètres, peut être plus, impossible d’avoir un champ de vision dégagé. Rapporta Konrad, toujours perché au sommet du donjon. Je marque son emplacement sur votre affichage.


Johann, à une cinquantaine de mètre de là, sur le flanc gauche de son officier, vit apparaitre sur son affichage tête haute de son heaume de bataille, un losange orangé parmi ceux rouges carmins des contacts ennemis que l’esprit de la machine de son armure affichait pour son porteur.


-Je m’en occupe, voxa-t-il de sa voix rauque.

Il posa son imposant bolter lourd sur la pierre, le calant contre sa cuirasse. Lyderic à ses côtés tirait avec la précision d’un métronome. Johann l’entendait rire à chaque ennemi qu’il abattait d’un tir.


-Appuis moi de tes tirs, je vais pulvériser sa position.


Lyderic ne répondit même pas, mais lui adressa un hochement de tête franc pendant qu’il rechargeait à couvert. Ils ouvrirent le feu en même temps. Le bolter cracha une langue de bolt traçants et explosifs à une cadence infernale. Vue la distance qui le séparait de la zone qu’il visait, Johann leva le canon de son bolter lourd. Les tirs partirent dans une parabole, presque au ralentit. Un observateur externe à la bataille, aurait pu voir une longue ligne d’éclats rouge vif qu’émettaient les bolts traçants dans la demi pénombre du jour qui se levait au loin. Johann ne visa pas seulement le réticule qu’avait marqué Konrad, mais toute la zone. Sans nul doute le tireur embusqué Drukhari c’était surement déplacé après une série de tirs qui avaient attiré l’attention des défenseurs. Les arbres morts volèrent en éclats. Les souches furent pulvérisées, les rochers réduits en décombres fumants. Johann faisait pivoter son arme de gauche à droite, puis encore de droite à gauche, de sorte que la zone fût balayée plusieurs fois par un torrent concentré de bolts de gros calibres. C’était grandiose.

Les douilles vides surchauffées pleuvaient en cascade par l’éjecteur de son arme lourde. Son canon lui aussi commençait à surchauffer. Son compteur de munition filait à toute vitesse, proche du zéro. Lyderic regardait son frère continuer le tir, pendant qu’il rechargeait une nouvelle fois, son chargeur de trente coups à sec bien avant celui de deux milles de son frère. Soudain le tir s’arrêta. Johann d’une simple pensée désengagea les attaches pneumatiques de son paquetage dorsal de munition à son armure. Le paquetage tomba au sol dans un fracas. Johann enleva lui-même la gaine d’alimentation en cartouches de son bolter lourd. Il commençait à se saisir d’un nouveau paquetage dorsal neuf, quand Lyderic arriva derrière lui pour le saisir et l’aider à le fixer dans son dos.


-Il à dû avoir son compte, voxa Johann à couvert.

 

Brüner leva la tête de derrière le parapet. La zone marquée était en ruine. Les bolts avaient arrachés la moindre motte de terre ou le moindre arbre, et des débuts d’incendies commençaient à poindre dans les copeaux de bois sec qu’avait créer Johann par son tir. Les tirs de précision s’étaient tus et c’était le principal. Brüner recommença son tir sur les forces au sol qui gagnaient du terrain. Le bolter lourd, placé dans la brèche donna de la voix. L’ennemi était à portée. Il reprit le tir, appuyé par Markus et Gauron qui eux aussi délivraient un véritable tir de barrage. Les miliciens et les néophytes, dispersés sur la ligne de bataille apportaient leurs pierres à l’édifice. Les pistolets bolters et les carabines lasers envoyaient des leurs bolts et leurs rayons ardents vers l’étendue en-dessous, tuant autant qu’ils manquaient leurs cibles.


Les cabalites étaient des guerriers expérimentés. Leurs heaumes de guerre longiligne et intimidant les protégeaient les tirs en approches. Leurs armures de plaques encaissaient certains tirs lasers, mais ne résistaient pas ou rarement à un tir direct d’un bolt. Mais leur agilité naturelle compensait cette relative fragilité. Ils fonçaient, sur la plaine, se mettant à couvert, pendant que leurs sœurs, des femelles Drukharis, très peu vêtue, les dépassaient en hurlant. Elles couraient trop vite pour que des tirs puissent les atteindre. Leurs mâles attirant le feu des défenseurs. Quelques Grotesques venaient parsemer le champ de bataille, tirant de leurs armes immondes vers les murailles, encaissant des tirs qui auraient pu venir à bout d’un char d’assaut impérial. La toute fureur des armes Drukharis commencèrent à pleuvoir sur le haut des remparts. Les hommes moururent par poignées entières, lacérés par les tirs acérés.

Un néophyte eut la mâchoire arrachée par un tir surpuissant. Il s’effondra en avant, son bras gauche le retenant au parapet pour l’empêcher de tomber. Il vida son chargeur, sans grande précision vers le bas des murailles, refusant de mourir une arme pleine de munitions, son devoir surclassant la mort. Il ne mourût, dans une marre de son propre sang et dans les débris de son crâne que quand son pistolet bolter n’émit plus qu’un clic, quand le percuteur ne rencontra plus aucun bolt à tirer.


La pression était intenable. Les forces de la forteresse avaient l’avantage de la hauteur et de la position, mais ils ne pouvaient se déplacer aussi librement que les Drukharis qui fonçaient vers eux. Chaque portion du mur était sous un feu intense. Brüner reçut plusieurs tirs. Il plongea à couvert, se déplaçant presque accroupi vers la droite, plus proche de Markus. Il se déplaçait à l’insu du tireur qui l’avait pris pour cible, pour émerger quelques mètres plus à droite, il le prit par surprise et ouvrit le feu sur lui. Les quatre bolts de sa rafale le pulvérisèrent dans un nuage de sang chargé de drogue de combat.


-Ils sont aux pieds des murs ! C’était Lyderic qui annonça cela sur le réseau vox.


Brüner et Markus ne réfléchirent pas une seule seconde. De concert ils dégoupillèrent chacun une grenade à fragmentation et la jetèrent de l’autre côté du parapet, la gravité fit le reste. Les quelques femelles Drukharis qui arrivèrent sous la section du mur tenue par Brüner et Markus reçurent les deux grenades qui rebondirent à leurs pieds. Les shrapnels et la puissance des deux explosions les estropièrent dans un nuage de poussière chargé de sang horriblement rouge. Ils venaient de gagner du temps. Brüner pour donner le change et pour faire bonne figure, déchargea son bolter, canon à la verticale vers le bas, sans viser, tirant les dernières cartouches de son chargeur, pour replonger ensuite à couvert et recharger. Les cris de plaisirs et de douleurs qui lui parvinrent depuis en bas l’informèrent qu’il avait touché quelque chose.

Les sorcières arrivèrent aussi sur la section de Lyderic, Johann et Karl. Johann avait repris le tir. Son arme lourde l’empêchait de tirer vers le bas de la muraille, mais il déversait un torrent de bolts vers ceux qui étaient encore à découvert et qui arrivaient depuis la forêt. Lyderic lui aussi venait d’envoyer une grenade par-dessus le parapet. Karl lui sorti à découvert et épaula son lance flammes. Il appuya sur la queue de détente et son arme tressauta dans ses mains. Une langue de feu en sorti, prenant immédiatement feu quand le liquide sous pression toucha la veilleuse de son canon. Les cheveux longs des femelles Drukharis prirent feu en même que leur peau peu protégée par leurs armures de cuir. La chair brûla à plusieurs centaines de degrés. Karl aspergeait dans de grands arcs de cercles de ses mains tout le bas de sa section de mur, aspergeant de prométhium quiconque arrivait à portée. Il vida son bidon d’une traite, et quand enfin il fut vidé, Lyderic l’agrippa pour le jeter à couvert avant qu’un tir chanceux ne vienne lui perforer la tête. Les deux Astartes maintenant à couvert, rechargèrent leurs armes, et se déplacèrent vers une autre section, tandis que Johann continuait de délivrer ses rafales courtes mais dévastatrices.

 

Thomaas n’en croyait pas ses yeux. Pourtant ils les avaient vu à l’œuvre après leur insertion tactique en module d’atterrissage et leur combat dans la forêt, plus loin. C’était de véritable machine à tuer. Malgré les hommes qui tombaient à côtés d’eux, ils continuaient de combattre, comme si la mort n’était pour eux qu’une légère pluie d’été, un léger d’désagrément. Thomas et son frère Valdemar était avec Dord, à la porte effondrée. L’Astartes, posté sur les décombres, défendaient presque seul la porte. Thomaas, armé de son bolter trouvé, c’était positionné sur la droite de Dord, Valdemar sur sa gauche. Thomaas avait réussi à trouver un couvert acceptable dans les décombres pour avoir une vision dégagée sur ce qui arrivait droit sur eux. Thomaas était littéralement aux pieds de Dord qui les dominaient de toute sa taille. Il encaissait chaque tir en approche. Son pavois était constellé de cristaux qui se plantaient dedans, et quand un des projectiles passait sa garde, c’était sa cotte de maille qui les arrêtaient. Ils explosaient en de minuscules échardes qui tombaient au sol dans les débris.

Thomaas se retourna pour hurler à un des rares miliciens encore en vie de leur apporter des chargeurs neufs et des grenades. L’homme, les yeux exorbités dû à la surcharge d’adrénaline, parti en courant leur apporter ce qu’il venait de lui demander. Thomaas reprit le tir, espaçant chacun de ses tirs de plus en plus pour économiser les munitions. Il le savait, à un moment ou un autre, les Drukharis arriveraient au contact. C’était comme essayer de repousser la marée. C’était impossible, ils ne pouvaient que gagner du temps.

 

Malgré les grenades, le lance flamme et les tourelles automatiques, les Drukharis commencèrent leur ascension du mur. A contrario de la dernière bataille, ils étaient beaucoup plus nombreux. Brüner pressentit le massacre, et changea de main la prise de son bolter. Il dégaina son épée. Une sorcière sauta par-dessus le parapet derrière lequel il était à couvert. Elle le dominait de toute sa taille. Il lui trancha les deux jambes juste en dessous des genoux. Elle retomba, dix mètres plus bas en hurlant de douleur. Mais ses sœurs se servirent de sa mort pour elles aussi se hisser par-dessus le mur de bonds élégants, s’aidant de trous dans la maçonnerie, dû aux tirs, comme prises d’escalade.


Un filet de rétiaire fut lancé à un néophyte derrière Brüner. Le pauvre novice fut immédiatement lacéré par les mailles de métal tranchantes comme des lames de rasoirs. Les mailles se resserrèrent d’un coup. Il n’eut pas le temps de hurler qu’il fut découpé en morceaux. Même son armure et ses armes furent réduites en copeaux. Dos à dos, Brüner et Markus commencèrent à se défendre. Le chapelain hurlait des catéchismes de bataille à la face des ennemis qui sautaient vers lui. Son crozius démembrait les Drukharis avec facilité, et son pistolet bolter explosait les cages thoraciques de tir presque à bout portant. Gauron tenait sa position, ayant rallié cinq ou six miliciens qui tiraient à volonté des rafales de lasers rouge rubis sur chaque sorcière qui franchissaient le mur.

Karl et Lyderic défendaient à eux deux les flancs de Johann qui continuait de tirer à volonté. A eux trois, ils étaient une véritable position inexpugnable, contre laquelle s’acharnait les forces ennemies. Karl soudain, eut une idée.


-Appuie moi, mon frère. Lui lança Karl en mettant genoux à terre et commençant à fouiller dans une des poches de décharges accrochée à son armure.


Lyderic fit volt face, ouvrant le feu sur les sorcières et les quelques cabalites qui c’étaient hissés sur le mur. Ils avaient pensé pouvoir charger l’Astartes qui ne s’occupaient plus à se défendre, mais les tirs de son frère, les cueillir en pleine charge désordonnée. Karl se releva après une trentaine de seconde à s’affairer sur un bidon plein de prométhium qu’il avait en plus. Il lança le bidon par-dessus le parapet. Lyderic vit à la dernière seconde, la grenade dégoupillée et attachée au bidon, avant qu’ils ne disparaissent. L’explosion fit trembler la section de mur, mais elle déclencha une réaction en chaine. Le bidon prit feu et aspergea sur une portion plus large qu’aurait imaginé Karl après la fabrication de son explosif improvisé.

Les Drukharis qui escaladaient le mur furent décrochés par la violence du souffle, et aspergés de liquide enflammé. Le passage vers le sommet était fermé pour un temps, tandis que la fumée toxique du feu de prométhium continuait de bruler.


-Cette action est-elle autorisée par le Codex ? Demanda Lyderic, railleur sur le vox.


L’hilarité, malgré la violence des combats prit l’escouade complète de croisés. Ils méprisaient tous le Codex Astartes, écrit par un primarque imbu de sa personne. Ce livre, pour les Black Templars, était une farce. A lui seul, il dictait leurs tactiques de combat, mais aussi le nombre de frères possible dans un chapitre. Unanimement, les Black Templars rejetèrent, le livre vénéré par leurs homologues. Et pour cette liberté de penser, ils risquèrent l’excommunication et la destruction de leur chapitre. Ils partirent, il y a maintenant presque dix mille ans, dans une croisade éternelle. Montrant à tous et toutes leurs dévotions envers l’Empereur-Dieu de l’Humanité. Ils payaient cette liberté de penser et d’agir dans le sang des leurs. Et ils en étaient fier. Jamais ils ne renonceraient à cela, pour rien dans toute la galaxie.

-Respectez vos disciplines vox ! Hurla de rage le chapelain Markus, qui pulvérisa le visage d’une sorcière tombé au sol à coups de talons de sa botte blindée.

Même si Markus approuvait la saillit de Lyderic, il ne pouvait laisser la discipline se relâcher, même dans un moment comme celui-là. Il prit bonne note de faire observer au frère Lyderic les contritions et les châtiments appropriés, s’ils survivaient à cette bataille.

 

Karl venait d’asperger tout un groupe de sorcières qui fonçaient sur lui avec son lance flamme. Il venait de vider son dernier bidon, et s’apprêtait à passer son arme en bandoulière sur sa poitrine pour dégainer son pistolet bolter, quand une femme Drukhari, entièrement en feu surgit du brasier devant lui. Elle se jeta sur l’Astartes dans un élan suicidaire, entrecoupé de cris de plaisir et de douleur, pendant que ses cordes vocales fondaient avec sa peau et le cuir qu’elle portait. Karl encaissa la charge. La femme ennemie l’aspergea à son tour de son propre prométhium. Son heaume reçut le plus gros du liquide enflammé. Elle était presque morte quand elle percuta son armure de céramite. Karl la repoussa d’un violent coup de tête dans le visage, et elle s’effondra sans un cri. Karl hurla à son tour. Le prométhium enflammé commençait à cuire son propre visage à l’intérieur. Le métal surchauffé brulait sa peau. Il retira en toute hâte son heaume et dans un geste rageur commença à pulvériser le corps de la Drukhari déjà morte avec son casque enflammé, explosant les restes de son visage brulé au troisième degré.

Soudain le flot d’ennemi sembla se tarir. Les Drukharis encore vivant se dispersèrent dans les ombres et les nuages de poussière de la plaine, comme s’ils n’avaient jamais été là. Ils emportèrent avec eux quand ils le pouvaient les corps, si bien qu’on aurait pu penser qu’il n’y avait jamais eu d’affrontements ici. Pourtant les cadavres aux pieds des murs et sur les remparts attestaient du contraire.


-Forces au sol, ici Defiance. Prochaine rotation, dans approximativement soixante minutes. Terminé. La liaison se coupa.


Il ne c’était passé qu’une demi-heure, pensa le sergent Brüner, regardant autour de lui. Il ne restait presque plus aucun milicien. Tous les hommes étaient morts. Six néophytes, tous couvert de sang, ou blessé, restaient encore. Partout où son regard se posait, des cadavres mutilés, éventrés, et parfois même empalés à la pierre de la forteresse sur de longue lances ou d’imposants épieux, s’entassaient dans la cour. Ils avaient tenu, mais pour combien de temps. Et nul doute qu’ils reviendraient, en nombre, pour finir le travail.


-Rechargez vos armes, soignez vos blessures. Une longue journée nous attend mes frères, voxa le sergent, essuyant sa lame rouge de sang avec son tabar, tandis que les blessés Drukharis étaient achevés d’un bolt à bout portant, le vent emportant leurs cris de douleurs dans le jour qui tardait à se lever.

 

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