Black Templar Tome II
Chapitre 23 : Les Chanceux Meurent En Premier
6612 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 28/07/2021 20:55
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Thomaas peina à se remettre debout. La créature qu’il avait chargée, elle n’avait pas subi le choc comme lui. Elle était encore fièrement debout, ses muscles saillants, ruisselant de sang, de sueur et de drogues de combat, la propulsa vers lui en un seul mouvement. Affalé contre les créneaux, Thomaas s’attendit à mourir dans d’atroces souffrances. Soudain une fusillade formidable éclata. Des bolts de tous calibres explosèrent tout autour de la créature. Thomaas se jeta à terre, son armure carapace raclant le sol plein de chargeur vide, de douilles fumantes et de sang qui coulait à flot. La créature se contorsionna sous le déluge, mettant ses mains devant son visage comme pour se protéger d’une intense pluie, mais faite de projectiles meurtrier. Mais tout à coup, un éclair de lumière bleutée perça la poussière et la fumée, fonçant directement sur la chose. Le projectile brûla tout sur son passage, incinérant les membres et la peau comme s’il s’agissait de beurre. La chose s’affala au sol, ses muscles perclus de soubresauts horribles, qui envoyaient à chaque spasme du sang immondes aux alentours. Thomaas se retourna vers la cour de la forteresse pour voir ce qui venait de lui sauver la vie. La poussière commençait à retomber, et il découvrit, au plein centre de la forteresse, un module d’atterrissage, noir comme la nuit, surchauffé par son entrée atmosphérique fracassante, entrain de refroidir. Des cris et des hurlements de guerre qu’il reconnut entre milles, résonnèrent sur la pierre du bastion en flamme. Neufs Astartes émergèrent du module tout en tirant à volonté.
Le réseau vox fut saturé en un instant de cris de guerre que Thomaas avait déjà entendu une unique fois. Juste avant que le chapelain qui les avaient recueillis ne meurt au combat dans la forêt morte, plus loin :
-Pas de Quartier ! Par de Réédition ! Chargez !
Non, il ne rêvait pas. C’était bel et bien des Black Templars, les Anges de l’Empereur-Dieu, arrivant à leur secours. Traversant la fumée des incendies et les nuages de poussières ils percutèrent avec force les corps à corps déjà engagés dans la cour intérieure, pendant que quelques autres frères émergeant de l’arrière du module fournissaient un tir de barrage. Celui qui venait de tirer avec un fusil à plasma, venait déjà de le passer ne bandoulière autour de sa poitrine, le canon refroidissant au contact de son armure de céramite renforcée, pendant qu’il maniait son lance flamme d’une main experte. Il aspergea un pan entier du champ de bataille, aspergeant les corps des conscrits humains mort, au sol, et les Drukharis qui saccageaient leurs cadavres sans respect aucun. La pierre des murs, elle-même noircie sous la chaleur des peaux et des corps carbonisés.
-Dord, Karl ! A la porte ! Les autres, massacrez-les !
Un géant comme Thomaas en avait rarement vu, tout en armure d’un type qu’il n’avait jamais vu, avec son gorgerin bien plus imposant et ses plaques de protections supplémentaires sur la cuirasse, parti en courant suivi de l’autre Ange armé d’un lance flamme. En à peine quelques enjambées puissantes ils furent au niveau de la porte. Le premier Ange portait un énorme pavois blindé, aux couleurs du chapitre, fauchant de son épée énergétique bleuté les sombres Eldars qui tentaient de les freiner dans leur progression. Comme une nuée savamment dressée, l’escouade entière de croisés se déploya dans une parfaite synchronisation. Un Ange armé d’un bolter lourd arriva par un des escaliers sur la portion du rempart sur lequel Thomaas se tenait encore. Le porteur d’arme lourde, sans un regard pour lui, se posta debout sur le cadavre du Grotesque mort, et entreprit d’ouvrir le feu sur les formes fantomatiques qui continuaient d’arriver depuis la plaine de poussière.
-Frère Konrad, positionnes toi sur nos hauteurs, au donjon !
Au même moment un tir surpuissant comme celui qui avait pulvérisé la porte principale et une partie du rempart, vint percuter le donjon lui-même. Les appareilles meurtriers antigrav de l’ennemi refaisaient un passage dans l’espoir d’appuyer leurs forces au sol qui se faisaient massacrer. La tour du donjon déjà en flamme fut soufflée par le tir. Le toit en feu et la pierre s’envolèrent dans un geyser de débris détruits.
Thomaas voyait déjà les trois astronefs lancés à pleine vitesse faire demi-tour, pour une autre passe meurtrière. Ils étaient presque dans leur approche finale pour une passe de mitraillage en bonne et due forme. Avant même qu’il ne puisse dire quelque chose, l’Ange proche de lui, armé de son bolter lourd le tourna vers la menace. C’était magnifique pensa le néophyte, les tirs traçants toutes les cinq cartouches laissaient des trainaient vermeilles dans le ciel rempli de poussière. Les tirs lourds ricochaient et impactaient un des astronefs. Thomaas, à court de munitions, prit un bolter au sol, reposant sur le cadavre d’un autre néophyte pour ajouter ses tirs à la puissance de feu de l’autre Black Templar sur la muraille. Devant la violence du barrage, les deux autres astronefs Drukharis se désengagèrent à pleine vitesse, mais un, continuait son plongeons, droit sur la forteresse.
Johann tirait sans discontinuer, sans se soucier de sa consommation de munition. Il était entouré de ses frères, perché sur les remparts d’une forteresse Black Templar, sur son sol consacré. Il défendait à lui seul presque tout le rempart, il n’avait pas peur, il ne connaissait pas la peur et c’était la fierté qui menait ses actions. Pas de la fierté mal placée, mais plutôt celle qui menait les hommes vers leur destin. Ses tirs touchaient la carlingue du transport Eldar noir, il le voyait distinctement. Soudain, quelque chose explosa dans le véhicule qui perdit immédiatement de la vitesse, pour plonger à pic vers le sol. Johann arrêta de tirer pour voir son œuvre. La carlingue en feu percuta le sol, et emportée par sa vitesse, s’enfonça dans la terre meuble. Malgré l’impact, la carcasse continua sur cinquante mètres avant de percuter presque au ralenti le rempart extérieur le faisant trembler tout de même.
Thomaas reprenait sa respiration, son bolter d’emprunt lui aussi vide. Il le reposa au sol, contre les créneaux, tout en rechargeant le sien avec les chargeurs à moitié plein qu’il trouvait autour de lui. Le géant le regard d’un air entendu, et lui parla à travers les hauts parleurs de son heaume. Malgré sa corpulence, sa voix reflétait un profond respect pour son interlocuteur, malgré le fait qu’il soit encore un néophyte.
-Ce n’est pas encore fini.
Et il avait raison. Le bruit des combats dans l’enceinte même de la forteresse s’estompaient, mais ceux dans la brèche et à la porte continuaient. C’est à ce moment là que le néophyte le vit. Un Astartes, comme les autres, pas plus grand, ni plus large, mais entouré d’une aura meurtrière. Ses hommes le suivaient comme son ombre, il paraissait se détacher de la mêlée par sa seule présence. Comme si la lumière le suivait lui, et lui seul. Hurlant de rage par ses hauts parleurs, il le perdit de vue quand le héros anonyme chargea droit dans la brèche, suivit de ses Anges.
Brüner venait de brandir son épée de métal noir, tirant au jugé de son pistolet bolter. Son bolter, lui, reposait contre sa poitrine, attaché par sa sangle, ballotant contre ses portes chargeurs pleins. Il le ressentait, comme tous ses hommes, il en était sûr. L’importance de cet endroit. Cette terre était consacrée. C’était un monde Black Templar. Par extension, lui et ses Astartes étaient revenu chez eux, même s’ils étaient toujours bannis pour une raison qui les dépassaient encore. Il chargea droit devant, Markus à sa droite, Gauron à sa gauche, et le reste de sa suite derrière lui. Il chargea droit devant, vers la brèche, depuis laquelle s’écoulait encore un flot d’ennemis qui eux aussi essayaient de passer coûte que coûte.
Les tirs de la batterie de bolter lourd improvisée par les défenseurs c’était tue quand ils virent des alliés charger dans le passage ouvert par les tirs ennemi. Dans un fracas semblable au tonnerre, les armures énergétiques de céramite s’entrechoquèrent aux armures plus légères Drukharis.
Sur le réseau vox inter escouade, Brüner apprit que Dord et Karl avait rejoint trois néophytes courageux qui tenaient à eux seuls les portes depuis un certains moments. La situation venait d’être sauvée par l’intervention de Dord et de son frère, in extremis. Toute l’attention du sergent Black Templar se focalisa sur le massacre qui allait enfin ne plus être à sens unique.
Markus fut le premier à pourfendre un Eldar noir en combat rapproché. Son crozius activé toucha un cabalite en pleine visière de son casque qui fut pulvérisé comme un verre de crystal tombant au sol. La tête du porteur et tout ce qui était en dessous le fut aussi, si bien que son cadavre fut renvoyé dans la brèche, sur ses compagnons qui essayaient de passer. L’empoignade au corps à corps fut brutale et sanglante. A peine Brüner fut au contact qu’il vida l’entièreté du chargeur de son pistolet bolter dans la masse de corps devant lui. Les bolts explosèrent sans faire la moindre distinction entre les chairs, les armures et la pierre des murs qui les entouraient.
Brüner pourfendait de son épée chaque ennemi qui passait devant lui. Quand il parait une attaque d’un adversaire trop rapide ou qui avait surgit d’un angle qu’il n’avait pas prévu, aussitôt un de ses subalternes venaient lui prêter main forte en massacrant l’individu. Brüner commençait à être couvert de sang, et ses cœurs tambourinaient fort dans sa poitrine. Après autant de temps passé dans les coursives du Revenant, les sensations d’une bataille aussi macabre lui faisait courir un flot d’adrénaline pur dans ses veines. Il était à bout de souffle. Il tenait de sa main gauche le visage d’un cabalite, soulevant par la seule force d’un de ses bras, au-dessus du sol. Le Drukhari sentait sa fin approcher, et essayait temps bien que mal de poignarder le bras qui le soulevait. Son poignard, suintant un liquide sombre, surement un poison qui aurait tué n’importe quel être vivant, se ficha entre deux plaques de blindage articulée sur les avants bras du sergent Brüner. La lame se brisa, et Brüner rit intérieurement. Il contracta sa main, serrant aussi fort qu’il put. Le crâne et le visage de l’Eldar explosèrent dans sa paume.
Ils marchaient littéralement sur les corps. Brüner remarqua qu’ils étaient presque à l’autre bout de la brèche dans le mur extérieur et qu’ils pouvaient voir enfin l’étendu des plaines de poussière devant eux. L’ennemi fuyait. En bandes désorganisées. Ils c’étaient attendu à un massacre facile, mais même les néophyte, seuls, avaient réussi à les repousser, seulement un temps. Brüner senti du mouvement derrière lui, c’était son chapelain, Markus, qui piétinait avec hargne le corps d’une femelle Eldar noir. Il ne restait rien d’elle, juste une pulpe immonde, au milieu de ses vêtements faits de cuirs et de pointes acérées. Quand Markus arrêta son martelage, Brüner jura qu’il aurait craché sur le cadavre encore chaud s’il n’avait pas eu son heaume. Le sergent le ressenti aussi, le dégout pour ses ennemis et qui plus est, qui avaient osé attaquer leur territoire, et par extension, les peuples qu’ils avaient juré de protéger.
-Beaucoup de mouvement sur les plaines, frère sergent. Ils fuient tous vers la forêt. Résonna la voix de Konrad, quand le rugissement caractéristique de son bolter stalker de précision hurla au sommet du donjon détruit.
Plus loin sur la plaine un autre Eldar s’écroula, sa cage thoracique perforée et explosée par le bolt.
-Un des néophytes vient de m’informer que les Eldars auraient établis un camp dans la forêt droit devant nous. S’ils fuient, c’est vers les leurs. C’était Johann, toujours au sommet des remparts, il avait échangé quelques mots avec un des rares néophytes encore en vie.
-Ils ne vont pas s’enfuir aussi facilement. Defiance ? Demanda Brüner sur le vox, tandis qu’il observait, perché sur les gravats, les Drukharis fuirent lâchement.
-Bien reçus, nous passons à l’attaque. Répondit laconiquement Hasmond, le pilote du Thunderhawk.
-A tous, nous partons à la chasse. Ordonna dans un murmure Brüner qui s’élança à découvert sur la plaine.
Sans hésiter ses hommes le suivirent, sprintant à toute allure, leurs armes au clair, dans les nuages de poussières et de fumées d’incendies. Johann lui aussi se désengagea sur sa position, laissant Thomaas sans une explication, seul, sur les remparts.
-Les Astartes les poursuivent, l’avertit Valdemar, toujours tenant les portes fracassées de la forteresse.
-Oui, je viens de les voir partir sur leurs traces. Lui répondit Thomaas.
-Mais, sont-ils fous ? Demanda Valdemar, incrédule.
-Toi, restes ici avec les autres, éteins les incendies, soignes les blessés, et prends le commandement des défenseurs. Si nous ne revenons pas, tu assureras la protection de ce qui nous reste.
-Mais où vas-tu petit frère ? S’enquit son frère.
-Je les suis. Lui lança Thomaas en fermant la connexion vox avec son frère, tout en dévalant les marches du chemin de ronde pour s’engager à découvert, loin derrière les Astartes du sergent Brüner, qui atteignaient déjà la lisière de la forêt, massacrant ceux qu’ils arrivaient à rattraper.
Le sergent Brüner courait à en perdre haleine. Ses trois poumons étaient en feu, ses cœurs battaient fort dans sa poitrine et menaçaient d’en sortir à chaque enjambée dans la plaine. Il entendait le martellement des bottes de ses hommes dans son dos, qui eux aussi respiraient fort devant l’exercice physique. Brüner avait saisi son bolter, et rangé son épée pour l’instant. L’affrontement était pour l’instant à distance, mais les Astartes rattrapaient les Drukharis en fuite à une vitesse alarmante pour les fuyards.
Sur la plaine, quelqu’un avait tenté de prendre des positions défensives derrières les quelques rochers et autres couverts naturels pour appuyer la retraite de leurs frères et sœurs. L’exercice fut vain. Les rares tirs empoisonnés qui touchèrent les Astartes en pleine charge, ricochèrent sans grand dommage contre leurs armures. Dans le réseau vox des Black Templar, les binômes s’informait mutuellement quand chacun de leur membre arrêtait sa course pour ouvrir le feu ou recharger. De sorte que la charge et le tir de réponse ne tarisse jamais. C’était une chorégraphie mortelle. Les Drukharis devaient faire un choix. Se retourner pour combattre à découvert et se faire tailler en pièce par les bolts aussi précis que ravageur, ou risquer leur course vers la forêt, alors que les Black Templars les rattrapaient de seconde en seconde. La majorité atteignit la lisière d’arbres morts.
Brüner tirait en courant. Ses tirs manquaient de précision, mais il le compensait en tirant par rafales de quatre bolts chacune. Les corps explosaient dans son affichage et disparaissait la face contre le sol, dans la poussière qui voletait. Quelques tirs vinrent le percuter. Son armure les encaissa et il ressentit à peine la force des impacts. Sur son épaulière des échardes de projectiles Drukharis étaient fichées. Mais pas assez profondément pour espérer toucher ses chairs. Soudain, il vit la forêt d’arbres maigres et sec, ballotés par les vents. Un Drukhari était dos à un tronc et semblait bien motivé à vider son chargeur sur le sergent qui fonçait vers lui. Brüner leva son bolter, droit sur le xénos, mais rien ne se produisit. Chargeur vide. Pas le temps de recharger, il baissa la tête, et accéléra encore ses foulées pour fondre sur son ennemi.
L’Eldar n’eut pas le temps de tirer ses projectiles, Brüner fut sur lui. Il ne ralentit même pas, mais hurla toute sa rage par le haut-parleur de son heaume de guerre. Son cri inarticulé se répercuta sur les troncs des arbres morts comme le tonnerre. Il passa à un mètre sur la gauche de l’Eldar dos à l’arbre. Armant son poing droit, il le percuta au niveau de son abdomen. Au contact du choc de son poing armuré, ses organes explosèrent dans son corps. Emporté par la charge du sergent Astartes, il percuta du dos l’arbre mort qu’il transperça.
Brüner venait de pulvériser un Eldar de ses poings, le faisant traverser un arbre par sa seule force et son élan. Il se débarrassa du corps le jetant plus loin avec dédains, quand ses hommes arrivèrent à ses côtés. Brüner reprenait son souffle, essuyant son poing contre son tabar déjà maculé de sang ennemi. Il saisit son bolter, actionnant le bouton de libération du chargeur vide, qui tomba au sol dans un son mat. Il inséra un nouveau, relâchant l’arrêtoir de culasse qui amena un nouveau bolt dans la chambre de tir. Son arme était prête. Il actionnant du pouce le sélecteur de tir sur tir au coup par coup et commença son avancée dans la forêt qui semblait tout à coup bien trop silencieuse. Les Eldars qu’ils poursuivaient avaient disparu. Formant une ligne de bataille, espacés de cinq mètres entre chaque Astartes, les hommes du sergent Brüner avancèrent, armes levées, quand le rugissement d’un Thunderhawk les survola à pleine vitesse, haut dans le ciel.
-Ils ont disparu, mais je capte encore un écho énergétique d’un Raider ennemi sur nos auspex. L’informa son artilleur.
-Je l’ai aussi. Il est très diffus. Répondit Hasmond, le pilote du Thunderhawk. Un à dû être touché par nos frères au sol. Il s’est posé sans se soucier d’être suivi. C’est sa dernière erreur.
-Affirmatif, j’arme nos bombes. Trancha l’artilleur, les yeux rivés sur ses commandes.
Le Thunderhawk volait à plein régime au-dessus de la forêt à environ huit cents pieds d’altitude. Ses stratoréacteurs faisaient trembler les arbres et le sol, mais la discrétion n’était plus de mise, depuis que le sergent Brüner et ses hommes avaient pénétré le périmètre de la forteresse par module d’atterrissage. Cela manquait de finesse mais cela avait été nécessaire. Les défenseurs étaient sur le point de tomber, et la forteresse et ses ressources aussi, aux mains de l’ennemi. Hasmond tira sur les commandes, faisant prendre de l’altitude à son engin blindé et surarmé. Il suivait à la trace les faibles signaux des véhicules Eldars qu’il avait entraperçus par le biais des réseaux vidéo vox des croisés au sol, et par ses propres optiques d’observations de son engin. On les appelait des Raiders. Des engins antigrav silencieux et discret jusqu’au moment où ils frappaient. Mais leur discrétion avait un prix et c’était leur endurance face aux tirs adverses. Les techniques de guérilla et de dissimulation étaient répandues chez les Drukharis et c’étaient comme cela qu’ils étaient aussi dangereux. Pourtant l’un des Raiders perdaient du carburant ou semblait endommagé. Les capteurs et senseurs de nez du Defiance en avait capté un fragment et Hasmond ce faisait un devoir de le suivre à la trace. Et que faisait un ennemi qui misait tout sur la discrétion et la fuite devant un ennemi supérieur en force, se demanda Hasmond tout en faisant décrire un large virage au-dessus de la canopée à son appareil. Il se réfugie chez lui, dans sa tanière.
Il avait vu juste. Les senseurs de coque remarquèrent la trouée dans les arbres avant que ses yeux de pilotes ne le remarque aussi. Le deuxième Raider se posait péniblement au sol, dans une clairière, surement aménagée par les Drukharis comme avant-poste pour attaquer la forteresse. De ce qu’il pouvait voir d’ici, Hasmond distinguait des silhouettes aller et venir, courir en tout sens pour décharger du matériel, des armes ou des esclaves humains des véhicules. Le campement était sur le pied de guerre, et des guerriers sortaient de tentes en ce qui semblait être en cuir, ou en peau humaine. D’un coup des tirs énergétiques frôlèrent le Thunderhawk, transperçant la couche nuageuse. Les batteries de défenses les avaient repérés mais c’était trop tard, ils étaient sur eux.
D’une pression du pouce, frère Borgius, l’artilleur du Thunderhawk activa les esprits de la machine des quatre bombes montées sous les ailes blindées. Les collimateurs et collimateurs de tirs étaient verrouillés depuis une bonne minute sur les coordonnées qu’il avait sélectionnées grâce aux senseurs de l’oiseau d’assaut. Chaque bombe filerait vers sa cible, pour infliger un maximum de dégâts au sol. Les informations défilaient sur son affichage rétinien, et quand les runes vertes de tirs lui apparurent il pressa d’un seul geste la gâchette de tir de ses commandes.
Le Thunderhawk Defiance n’attendit pas l’impact de son armement au sol pour s’éloigner à toute vitesse. Il ne fit pas non plus un virage serré pour vérifier et admirer l’effet de sa passe de bombardement sur sa cible. L’appareil avait vu mille et une bataille et son équipage avait l’expérience acquise au cours d’une vie de guerre. Nul besoin de vérifications. L’appareil blindé s’éloigna à toute vitesse, la fureur de ses réacteurs poussés à plein régime disparurent dans les déflagrations tonitruantes des bombes explosant, faisant voler les arbres et tout ce qui était autour dans des geysers de destruction pure.
Les bombes incendiaires de deux cents cinquante kilos chacune filèrent droit vers leurs cibles avec une précision démoniaque. Borgius avait calculé, avec lui aussi une précision qui relevait plus de l’obsession, les aires d’effets et de destructions des champignons de feu de chacune des bombes, de sorte que l’optimisation de la surface incinérée par son armement n’empiète pas sur celle d’une autre bombe. Le campement Drukharis, l’air d’atterrissage, les deux véhicules Raiders, les cages à esclaves, les batteries anti aérienne et toute la forêt alentour s’embrasa en une seconde. Tout fut brûlé sur plus de deux kilomètres carrés.
Un des véhicules, au dernier moment remarqua l’approche du bombardier et tenta de redécoller, dans une manœuvre semblable à un suicide. Quand une des bombes incendiaires toucha le sol à moins de dix mètres de l’appareil, ses occupants et toute la cabine furent aspergés de prométhium gélifié qui s’embrasa en un instant. Le Raider retomba au sol, quand son pilote, liquéfié par la chaleur, dans des cris de douleur ou de plaisir, actionna les commandes par pur reflexe. Tout brûla à plusieurs milliers de degré. Les corps, les armures, les armes et le bois brûla avec la même facilité. Des incendies secondaires se déclarèrent partout, sur un large rayon autour de la zone de frappe, le bois mort s’enflamma par le rayonnement de chaleur qui se dégagea de la zone d’impact. Des esclaves humaines furent eux aussi brulé vifs, mais c’est dans des murmures de remerciements qu’ils accueillirent leur mort, préférant mourir ainsi que de continuer à subir les traitements de leurs tortionnaires ou pire, être emmené en orbite dans leurs sombres navires.
Le champignon de flammes et de fumée s’éleva dans le ciel sur cent mètre, brûlant tout sur son passage, quand Hasmond informa sur le vox le succès de l’unique frappe de son appareil :
-Campement ennemi repéré et éliminé. Les fuyards sont à vous, Hasmond terminé.
Brüner regarda le ciel à travers les chétives branches qui essayaient de lui obstruer la vue. Le Defiance passa de nouveau au-dessus de leur tête à une vitesse hallucinante, mais cette fois-ci dans le sens inverse que la fois précédente, avant de reprendre encore une fois de l’altitude, lancé comme un météore, il fonça, en plein dans l’axe du soleil pâle, aveuglant quiconque l’observerait, pour empêcher tout tir contre lui. Brüner apprécia la précision et l’expérience de son équipage à l’œuvre avant de se reconcentrer sur les menaces qui l’attendaient dans le sous-bois.
Ils étaient dos au mur. Il était impossible que les Drukharis en fuite dans la forêt n’eurent pas remarquer que leur base arrière en cas de replis venait d’être passé par le feu en une seul et unique frappe dévastatrice. Ils ne leur restaient plus qu’une option, se battre pour espérer s’enfuir plus profondément dans la forêt. Les Astartes refermaient la nasse qu’ils avaient mis en place. Ils formaient une ligne de bataille parfaite, et avançaient avec une précision de métronome. Soudain, comme s’y attendait le sergent Brüner, l’ennemi sorti de ses couverts et ouvrit le feu. Ce fut un soulagement pour Brüner et ses hommes qui accueillirent la fusillade avec délectation. L’attente était finie, venait enfin le point d’orgue à toute cette bataille.
Il épaula son bolter, l’œil dans le viseur, tout en marchant, à chacun de ses pas, un bolt était tiré. Il ne comptait pas à la dépense en munitions. Tirant à volonté, utilisant des tirs de suppression quand cela était utile. Il rechargeait aussi vite qu’il vidait ses chargeurs. A sa gauche, plus loin sur la ligne de bataille, un lance flamme rugit, incinérant un groupement d’arbres avec ses tireurs, qui avaient prit cette position pour espérer ralentir les Astartes. Comme à son habitude, Dord menait la charge. Sa cotte de maille, son pavois et son épée le menait là où les combats étaient les plus féroce. Il coupait aussi bien les bras et les têtes, que les souches mortes derrières lesquelles les Drukharis s’abritaient. Une certaine cohérence semblait émaner de la défense désespérée de Eldars noir. Surement un officier subalterne avait réussi à regrouper assez de guerriers de différentes cabales autour de lui, pour former un noyau dur. Cela ne ferait aucune différence.
Brüner mit genoux à terre, tout en rechargeant son bolter. Le chargeur vide fut éjecté avec force d’une rotation sèche de son poignet vers la gauche. Il tomba lui aussi au sol, alors qu’un nouveau était inséré dans l’arme. Markus marqua lui aussi l’arrêt, appuyant de ses tirs le rechargement de son officier. La manœuvre ne prit pas plus de quelques secondes. Brüner se releva et reprit le tir à une cadence infernale, le foret résonant de la fusillade intense et des cris de guerre du chapelain Black Templar.
Thomaas peinait à suivre l’avancée des Anges de l’Empereur-Dieu. Il était à bout de souffle depuis une centaine de mètre. Même son nouveau corps, améliorés par chimiothérapie et chirurgie ne pouvait rivaliser avec les Astartes endurant et d’expériences qu’il tentait de rattraper. Il était arrivé dans le sous-bois. Le vacarme d’une frappe aérienne au loin, arriva jusqu’à ses oreilles. Il en était sûr, c’était l’œuvre des Initiés qu’il suivait. Une fusillade soutenue, ainsi que des explosions et des cris de guerre rugirent droit devant lui. Il avança prudemment, bolter levé, scrutant chaque angle possible à la recherche d’ennemi, il le sentait, ils étaient tout prêt.
La fusillade qui rugissait devant devait être d’une extrême violence. La cacophonie de tirs était presque continue. Thomaas évalua qu’il était encore à cinquante mètres derrière, et malgré cela, il tir perdu vint frapper l’arbre derrière lequel il était à couvert. S’il était touché ici, personne n’en saurait rien, et il mourrait ici, seul, sans gloire. Il décida de reprendre sa progression, quand trois silhouettes se faufilèrent à l’orée de sa vision périphérique. Sans aucun doute, elles étaient Drukharis. Féminine même, reconnut Thomaas. Il avait vu ces sorcières à l’œuvre durant les derniers mois, et elles étaient capable de bien plus de cruauté que leurs homologues masculins. Leurs filets de rétiaires étaient des armes horribles. Il avait vu des hommes fort, de fier combattant, prit dans ces filets de métal inconnu, quand tout à coup, les liens qui le formait se contractaient et s’enroulaient autour du malheureux prit dedans. Le métal qui le composait était tranchant comme des lames de rasoirs, et au bout d’une longue minute de douleur, le prisonnier finissait, coupé en dés de chairs sanguinolente. Elles trainaient alors sur le sol, leurs bagages d’hommes morts, laissant couleur les viscères, les crânes et la moelle des os des vaincus.
Thomaas se ravisa, et resta à couvert. Il pointait son bolter sur les formes qui sautaient de couvert en couvert. Les Drukharis étaient dans leur élément. Avec cette forêt, ils pouvaient faire valoir leur agilité et leur habilité pour la dissimulation. Aucun doute que ces trois Eldars voulaient prendre à revers les Astartes plus loin. Thomaas prit une décision, il se mit en position à genoux, épaula son arme et ouvrit le feu.
Son premier tir rata sa cible que d’un cheveu. Mais c’était sa meilleure chance de la toucher, car elle ne savait pas encore qu’il était là. Maintenant qu’il venait de laisser passer sa chance, son combat débutait et il était dans une très sérieuse situation de vie ou de mort. La première sorcière tourna la tête en un instant vers lui, comme si elle avait localisé sa position instinctivement. Dans ses mains, luisaient le métal d’un couteau et d’une serpe cérémonielle. Il avait déjà vu ces armes à l’œuvre et nul doute qu’elles arriveraient à trancher sans difficulté son armure carapace. Il n’avait pas le temps d’y penser, il ouvrit le feu à nouveau.
Par l’Empereur-Dieu, elles étaient rapides. Chaque tir les manquait. Leurs courses venaient croiser celle d’une autre, si bien que Thomaas du fait de son manque d’entrainement changeait de cible continuellement. Avec ces tactiques elles se rapprochaient de lui dangereusement. Thomaas changea de couvert, d’une roulade, vers un rocher qui dépassait partiellement du sol. Une seconde plus tard des tirs vinrent perforer son ancien couvert. Il décida d’ignorer ce qui aurait pu se passer s’il n’avait pas plongé à temps pour reprendre le tir. Il venait de vider un chargeur complet vers les silhouettes, et il avait raté chacun de ses tirs. Il haletait sous l’effort, et la sueur commençait à lui couleur dans les yeux. Dans un réflexe, il se rappela son entrainement et commença à réciter intérieurement des mantras de concentration et de dévotion de combat. Il rechargea son bolter, il ne lui restait plus que deux chargeurs complets avec celui engagé. Il allait manquer d’option. Les tirs continuèrent de le cibler, mais le rocher lui offrait un meilleur couvert. Poussant sur ses jambes, il se mit en position de tir pour ouvrir le feu. Les sorcières étaient plus proches de lui qu’il espérait, il passa en mode rafale d’une pression du pouce sur le sélecteur et ouvrit le feu à volonté.
Les bolts volèrent, les douilles tombèrent au sol en cascades. Les arbres, l’écorce, et la terre étaient pulvérisés par la puissance de ses tirs qui n’arrivaient pas à toucher leurs cibles. C’était un combat à sens unique, et Thomaas comprit qu’elles jouaient avec lui. Il entendait partiellement les rires et les gémissements de plaisir qu’elles lançaient quand il manquait ses tirs. Elles savouraient la chasse, et sa mort et sa souffrance seraient le pinacle de cet affrontement. Il dégaina son poignard de sa main gauche dans un mouvement sec, et continua de tirer avec son bolter dans sa main droite. Soudain il réalisa qu’il n’avait en face de lui que deux sorcières. C’était trop tard. Une l’avait contourné, profitant de la fusillade et de la diversion de ses deux autres sœurs. Elle fut sur lui, sautant par-dessus une souche pour fondre sur sa proie, pile dans son angle mort.
Thomaas tenta de pivoter sur lui-même pour faire face à cette nouvelle menace, donnant un grand coup de rein pour amener son corps robuste face à elle. Mais il était trop lent par rapport à ce corps svelte et rempli de drogue de combat qui fondait sur lui. Au dernier moment, il la regarda dans les yeux, au moment précis où les jambes de la sorcière le clouèrent au sol.
Dos au sol, toujours armé, mais désemparé, elle savoura son instant, levant bien haut une lance dont suintait un liquide noir à son extrémité. Thomaas ne s’avoua pas vaincu. Prenant appuis sur le rocher derrière lequel il avait prit couvert, il poussa de toute ses forces avec ses jambes. La soudaineté de son mouvement fit vaciller son assaillante une unique seconde, assez pour qu’il puisse lever son bolter alors que la sorcière tentait de lui sauter dessus. Le bolter aboya en même temps que la lance fondit.
La dernière rafale du bolter broya à courte portée le corps et l’armure légère que la sorcière Drukharis portait. Son corps fut pulvérisé par les trois derniers bolts de la rafale, en trois sections distinctes de sang et de viscères. Thomaas fut aspergé complètement par les immondices, mais ce fut pour lui comme une libération. Pourtant la lance continua son chemin, et vint se planter dans le sol, tranchant dans son casque comme s’il ne c’était s’agit que d’une feuille de papier.
Il ne sentit aucune douleur, la lame devait être passé à un centimètre de sa tempe, ou le poison commençait à faire effet. Il n’en savait rien. Il se releva péniblement, poussant le cadavre d’au-dessus de lui de rageux coups de bottes. Il se retrouva de nouveau derrière le rocher, son bolter vide, son couteau de combat dans sa main gauche, pour ne découvrir que les deux autres sorcières, lancées à toute allure lui sauter dessus. Thomaas saisit son couteau à deux mains bien décidées à tuer ou être tué.
Le choc fut brutal. Thomaas n’en revint pas. Un Ange en armure, armé d’une épée énergétique brillante dans l’obscurité du sous-bois et d’un bouclier aussi grand que le néophyte lui-même venait de bloquer la charge des deux sorcières. L’Astartes n’avait pas fait preuve de la moindre finesse. Il venait de donner un énorme coup circulaire à une des Drukharis qui chargeaient le néophyte désarmé. Les deux sorcières venaient d’être envoyé valdinguer loin du rocher derrière lequel c’était mit à couvert Thomaas, incrédule.
Dord avança. Sa cotte de maille bruissa lentement à chacun de ses pas. Dord leva son épée. Une des femelles Drukharis rampaient sur le dos, ou essayait. La bouche en sang, surement les os de son visage brisés. Elle crachait par terre comme pour maudire le gant qui venait de l’envoyer au tapis. Dord frappa, tout fut fini. La lame énergétique transperça son corps, le brulant sous la chaleur de la lame d’alliage et d’acier. Elle mourut sans un bruit, presque coupé en deux.
L’autre tenta de fuir. Elle se releva d’un bond et commença à courir le plus vite possible vers un abri imaginaire. Une fusillade aussi courte que brutale vint la faucher en pleine course. Markus, Gauron, et Lyderic vidèrent en concert le reste de leurs chargeurs. C’était une débauche de violence parfaitement disproportionnée mais salvatrice. Thomaas regarda impuissant le massacre qui se déroulait sous ses yeux. Le cadavre sautait dans tous les sens sous les explosions de bolts à courte portée. Démembrée, écharpée, il ne restait plus rien de la dernière Drukhari.
-Relèves toi, nous avons encore beaucoup à faire, résonna une voix autoritaire derrière lui.
-Ils arrivent ! Hurla une des vigies en faction sur le mur de la forteresse.
Les Astartes, menés par le sergent, et le néophyte arrivait triomphalement par la plaine de poussière, marchant, et contemplant leur œuvre. Ils laissaient les défenseurs les observer d’admiration, car aujourd’hui, Brüner venait de sauver un millier de vies, peu être plus, mais surtout l’honneur de son chapitre. La forteresse en ruine les observait elle aussi. Son donjon en ruine, les incendies à peine éteins laissaient s’envoler des fumées noires de suies. Les remparts fracassés laissaient passer la lumière du jour descendant. Brüner les cœurs lourds mais déterminés pénétra dans la forteresse reconquise à la tête de ses hommes, tandis que le Defiance passa une nouvelle fois en rase motte au-dessus d’eux, tel un affront aux ennemis des Black Templars, tandis que le Thunderhawk de transport, piloté par un serviteur lobotomisé se posait dans la cour intérieure au milieu des cadavres. Les Fils de l’Empereur étaient rentrés chez eux, leurs ennemis pouvaient bien trembler.