Black Templar Tome II

Chapitre 21 : Baroud D'Honneur

6250 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 27/06/2021 18:50

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Les Black Templars avaient optés pour une translation dans l’espace réel assez éloignée du point de Mandeville du secteur cible. La contrepartie était la faible vitesse à laquelle ils évoluaient, car une vitesse trop élevée aurait causé des dommages au navire, et à son équipage. Ils devaient donc parcourir une plus grande distance, propulsés par leurs moteurs à plasma conventionnels dans le vide spatial. Tous les auspex et les radars longues portées intra système étaient dirigés vers l’astre qui tournait paisiblement sur lui-même, du moins en apparence. Les rapports tombaient, et la connexion à la balise du système leur apprit un peu plus. Généralement les pillards ou pirates aimaient à détruire ce genre d’engin qui laissaient les forces de sécurité ou les navires de passage sans la moindre information, et à la merci des attaques sournoises et rapides des navires embusqués dans les méandres de l’espace profond. C’était un jeu du chat et de la souri où la souri aimait dissimuler ses traces et disparaitre dans les ombres.


Mais les Eldars Noirs étaient une race à part entière. Ils aimaient se cacher, attaquer où l’ennemi est le plus faible, mais surtout, ils adoraient exhiber les massacres qu’ils commettaient. C’était dans leur nature, dans leurs gênes, et même un réflexe de survie, car ils ne vivaient que pour cela. Infliger la souffrance, et se nourrir de peur. Bien avant que l’Imperium ne soit l’empire galactique qu’il était maintenant, la race des Eldars régnaient sur la galaxie tel que nous la connaissons. Ils étaient avides de savoir, mais aussi se vautraient dans la luxure, l’orgueil, et les débauches en tous genres. De ces orgies titanesques, naquit un Dieu sombre, l’un des Quatre. Slaneesh.


Depuis la race Aeldari était sur le déclin. Leurs forces éparpillées, leurs mondes ravagées, et leurs populations dans une exile perpétuelle. Pourtant un pan entier de cette race déchue survie encore, et prospère. Des Eldars aux portes de la damnation, qui n’ont plus qu’un seul objectif, survivre.

Et cette survie à un prix plus exorbitant à payer que n’importe quel pacte passé avec un démon. Pour repousser l’échéance de leur âme qui seraient consumées par la grande dévoreuse, Slaneesh, ils doivent consommer, et consumer la peur et la souffrance des autres races.

Il ne reste plus rien de leur gloire d’antan, de leur supériorité céleste. Ils ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. Des chasseurs de souffrance, des geôliers immondes, ils sont les bourreaux de la galaxie entière. Et leur capitale est Commoragh. L’épicentre de la souffrance, le berceau de la torture, au milieu d’une galaxie baignée par la guerre et la mort depuis son commencement.

 

-Nous avons à l’auspex, quatre navires Drukhari. Faible tonnage. Une bande guerre mineure. Rapporta Ström, toujours son éternel cigare à la bouche.

-Que disent nos scans à longues portées ? Demanda Gauron.

-Nos appareils de détections longues portées sont toujours endommagés, mais nous captons des résidus de transmissions depuis la surface. C’est un mélange d’échanges militaires standards impériaux d’une force inconnue qui combat encore, le reste n’est que des transmissions Drukhari. Lut un officier du navire qui remplaçait le lieutenant Mara dans le stratégium.

-Et que disent-ils ? Johann, soucieux.


L’officier parut hésitant, puis appuya sur une rune de la table hololythique pour retransmettre dans la pièce les échanges radios qui se réverbéraient sur la couche d’ozone de la planète non loin.

Des cris inhumains se firent entendre, le son caractéristique d’une lame râpant sur l’os d’une personne encore vivante vint résonner pendant une longue seconde avant que des rires moqueurs ne résonnent sans discontinuer pendant que les tortures qu’on ne pouvait qu’imaginer continuaient sans cesse. Brüner stoppa la transmission d’une simple pensée, retransmise par voie noosphérique de son armure au navire autour de lui. Les rares humains autour de lui parurent se raidirent, et leurs mines se décomposer quant au contraire, les Astartes parurent s’assombrirent. Leur rage bouillonnait. Le sergent l’a sentie en lui aussi, ses cœurs battaient plus fort, son honneur lui interdisait de laisser continuer une chose pareille, même si la situation était désespérée.

Il n’y avait plus aucun contact avec la forteresse de recrutement à la surface depuis bien longtemps, et il était impossible de savoir si au sol, des Black Templars combattaient encore. Pourtant ils devaient tous en avoir le cœur net. En être sûr. C’étaient leurs frères, leur propre sang. Et au sol, subsistait encore quelques civils. Un autre chapitre aurait jugé cette masse informe de populace comme jetable ou remplaçable. Mais les Black Templars aussi cruel, froid, méthodique et fanatique qu’ils étaient, avaient juré de protéger ce monde. Il était dans leur giron. Ils sauveraient le maximum de citoyens qu’ils pouvaient. C’était leur devoir.


-Des poches de résistances existent encore. Pour l’instant l’ennemi semble harceler nos alliés sur toute la planète. Si nous manœuvrons bien, nous pouvons peut-être nous approcher assez pour effectuer un largage au-dessus de la forteresse. Qu’en pensez-vous capitaine ? Demanda Brüner l’air sérieux.


Ström se ressaisit en un instant, choqué par ce qu’il venait d’entendre dans les hauts parleurs dissimulés de son Stratégium. Il sembla faire de rapide calculs mentaux, calculant les trajectoires des navires ennemis, et leur portée de détection. Le Revenant était seul et c’était peut-être son principal atout. Les Drukhari attendaient surement une force d’interception conséquente, et n’avaient pas encore remarqué l’unique navire qui filait vers eux. Dans leur stratégie de guérilla, dès qu’ils auraient détecté une force en approche, ils auraient fui, emportant avec eux des milliers d’esclaves, massacrant ceux qu’ils n’auraient pas pu emporter avec eux. Leur cruauté jouait contre eux. Trop obnubilé à tuer et faire souffrir, ils ne voyaient pas les chevaliers qui allaient tenter une mission suicide de secours et d’extraction.


-C’est jouable. Conclut Ström, en hochant la tête. Je vais m’occuper personnellement de cela.


Brüner lui rendit son hochement de tête, et le congédia. Le capitaine sorti du Stratégium d’un pas vif et alerte, ses aides de camps et ses officiers subalternes sur ses talons, donnant déjà ses ordres pour commencer l’approche de l’astre qui tournait sous leurs pieds. La météo tumultueuse de ce monde hostile serait aussi un faible avantage. Le Revenant pouvait descendre assez prêt des tempêtes monstrueuses de sable fin, qui tournait sur la surface du monde jusque dans sa stratosphère pour s’y dissimuler un peu plus. Les compétences de commandant du capitaine ne seraient de trop dans cette approche risquée.

Brüner risqua un œil au chronomètre de mission qui c’était déclenché à leur départ de Gorst. Ils n’avaient que sept jours avant que les Orks n’attaquent le peu de force qu’ils avaient réussi à rassembler. Le lieutenant Mara était resté sur place, représentant les Black Templars avant qu’ils ne reviennent. S’ils arrivaient à revenir. L’horloge indiqua moins de quatre-vingt-seize heures. En comptant le voyage de retour, il leur restait moins de vingt-quatre heures pour mener à bien leur mission. Le temps jouait contre eux. Brüner congédia aussi ses hommes d’un geste bref, leur ordonnant de préparer leur attaque.

Dord resta dans le Stratégium bien après que tout le monde fut parti, restant dans le silence relatif des moteurs du navire qui ronronnaient plus loin. Il appuya de nouveau sur la rune de la table holographique devant lui, et les hauts parleurs crachèrent encore une fois les transmissions captées à la surface. Il serra fermement la poignée de son épée énergétique à sa ceinture, faisant blanchir les phalanges de ses doigts sous la force de ses muscles dans son gantelet. Animé d’une rage noire, il tourna les talons et quitta enfin la pièce, le son des tortures faites à ceux qu’ils avaient tous jurés de protéger, résonant dans ses oreilles.

 

 

 

               

 


Le vent soufflait fort sur la plaine décharnée. Le paysage était morne, baigné dans une demi-clarté perpétuelle, comme un soleil qui tardait à se lever. Les vents charriaient des tourbillons de poussières qui venaient fouetter son visage, et la muraille sur laquelle il se tenait. Pourtant il était debout, se tenant fièrement droit malgré les conditions climatiques et le danger omniprésent. Il regardait l’orée de la forêt qui entourait l’avant-poste Black Templars. Il n’avait connu que ce monde, pourtant un observateur extérieur lui aurait dit qu’il ne s’agissait en aucun cas d’une forêt. C’était plutôt un agglomérat d’arbres à demi mort, sans feuilles, rachitiques, sec et cassant. Pourtant ils continuaient de pousser, malgré le manque d’eau et les conditions défavorable à leur développement.

Autour du néophyte rodait la mort. La dernière attaque avait prélevé un lourd prix dans leurs rangs. Les survivants emportaient les blessés vers l’intérieur de la forteresse. Les rares soldats humains qui étaient venu renforcer leurs maigres forces étaient assis pour la plupart, respirant difficilement après l’effort qu’ils venaient de fournir. Ils étaient couverts de sang, certains pansaient leurs plaies, d’autres avaient le regard dans le vague, presque perdue. C’était bientôt la fin. Cela faisait trois mois maintenant qu’ils luttaient pour leur survie. Les Drukhari ne leur laissait aucun répit. Pourtant le néophyte, qui, il y a quelques mois n’avait pas idée de leur connaissance, vouait maintenant une haine toute particulière envers eux. Il ferma les yeux, contemplant sa planète vouée à être saccagée par cette espèce xénos qui ne vivait que pour la souffrance infligée aux autres.

              

Tout n’était pas comme ça à l’époque. Quand il était jeune il vivait avec son village, semi nomade, sur le continent du Sud, bien loin de là où il allait surement mourir plus tard, dans le bastion Black Templar implanté sur cette planète voila des siècles. Son monde ne possédait aucune ressource naturelle à proprement parler. Il n’y avait n’y matériaux, ni minéral ni aucune sorte de denrée pour que l’Imperium ne s’intéresse à lui. Mais il engendrait bien plus. Il faisait naitre et grandir des hommes valeureux et combattifs.

Son atmosphère et son climat produisait en masse de jeunes hommes et de jeunes femmes fortes qui n’atteignaient l’âge adulte que grâce à leurs compétences pour la survie et le combat. C’est pourquoi les Anges de l’Empereur du chapitre des Black Templars y installèrent un avant-poste de recrutement. Cet avant-poste était éloigné de toute concentration de population, si bien que sa position était méconnue de tous. Pourtant à intervalle régulier, à chaque génération, le feu de signal de son donjon venait à briller dans les tempêtes de poussières. Le signal était donné, les Anges recherchaient de nouvelles recrues.

 

Le néophyte vivait une vie heureuse au sein de sa famille pour ce qu’il s’en rappelait. Son père menait le clan d’une main de fer. Les gens le respectaient plus que lui-même se respectait. Il vivait avec la honte permanente d’avoir échoué à la sélection pour devenir un des Elus. Un Black Templar. Pourtant il était parti et avait entreprit le grand périple, à pied, pour rejoindre la forteresse cachée des Anges. Quand il arriva, la garnison des cinq Astartes le rejetèrent, le poussant vers les plaines de poussière, lui assurant qu’il était trop vieux pour endurer les épreuves et les changements physiques. A quelques années prêtes il aurait pu prétendre devenir l’un des leurs. Mais il fut repoussé. Alors il entreprit le grand chemin de retour, portant la honte sur ses épaules. Pourtant son village l’acclamât à son retour. Le voyage allé était une épreuve en soit, et bon nombre d’aspirants mourraient en chemin. Le fait qu’il réussit à revenir auprès des siens était un miracle. Pourtant le père du néophyte avait failli. Il se jura de préparer son fils pour ce qu’il n’avait pas réussi à faire. Son père était la génération sacrifiée. Née trop tôt ou trop tard. Pourtant il mena le clan pendant bien des années.

               

La vie n’était pas facile sur cette planète. Si le climat ou le manque d’eau ne vous tuaient pas, c’étaient les autres clans qui voulaient votre mort, pour vous voler le peu que vous aviez réussi à amasser. Les guerres tribales étaient monnaies courantes. Et les batailles sur les plaines de poussières étaient elles aussi régulières. Le néophyte se rappelaient très bien sa première bataille rangée aux côtés des hommes et des femmes de son clan. Sa hache d’un métal pauvre et mal usiné, ainsi que son bouclier fait dans une écorce d’un vieil arbre mort pesaient lourds dans ses mains juvéniles. Pourtant il était fort pour son âge, mais surtout il apprenait vite. Son père lui avait apprit à se défendre, mais surtout à tuer ses ennemis. Le clan adverse chargea droit sur eux. Il tua beaucoup d’hommes ce jour là et son clan, victorieux, s’empara des possessions de ceux qui les avaient attaqués.

Il vécut quelques années encore parmi son clan. Devenant un membre respectable et respecté de la petite communauté. Il aurait pu devenir le nouveau chef à la mort de son père vieillissant, mais le destin en choisit autrement. Un matin au levé du jour son père vint le réveiller. Il lui avait préparé ses affaires. Un sac de toile léger mais robuste l’attendait à la sortie de la tente, ainsi que quelques provisions et surtout son arme. Sa hache avec laquelle il avait combattu lors de sa première bataille. Le bruit courait maintenant depuis quelques jours que les feux du bastion Black Templar luisait dans la demi-pénombre perpétuelle de la planète. Tous les jeunes hommes en âge de se battre commençaient leur périple. Les jeunes femmes, elles, restaient aux camps. Elles avaient le devoir de procréer avec ceux qui restaient, et maintenir la survie du clan, quoi qu’il en coûte. C’était leur devoir et chacun s’y astreignait.

Son père l’amena aux abords du campement alors que tout le monde dormait encore. Le néophyte se rappela l’empressement de son père. Il semblait nerveux, peu être même extatique. Il ne l’avait jamais vu comme cela.


-Je dirais à ta mère que tu es parti sans nous le dire. Ça lui briserait le cœur de te voir partir.

Le jeune garçon ne dit rien, mais hocha simplement la tête. Il savait que ce jour arriverait, et même en s’attendant à ce que cela se produise, il sentit une douleur dans son cœur. Il devait abandonner tout ce qu’il n’avait jamais connu pour entreprendre son propre voyage vers le Nord. Vers son destin.

-Je ne peux pas te révéler où se situe ta destination. Car moi-même je l’ai oubliée, mais va vers le Nord. La forteresse des Anges est dans les montagnes, cachée. Suis ton instinct et ta foi.

-Bien père. Répondit simplement le jeune homme.

-Je t’ai mis quelques provisions dans ton sac. Mais tu n’iras pas loin avec ça, alors chasse dès que l’occasion se présente.

-Bien père. Répondit encore le jeune garçon.

-Fais attention aux prédateurs des plaines. Mais surtout aux autres hommes qui feront le voyage en même temps que toi.


Tous les clans envoyaient leurs jeunes hommes les plus fort vers la forteresse. Et il était connu que les clans les plus agressifs et vils ordonnaient à leurs aspirants de massacrer ceux des autres clans qui faisaient la même route qu’eux. Ils voulaient s’assurer de tuer leurs rivaux avant d’atteindre les épreuves de sélections et ainsi de s’assurer de meilleures chances de réussite. Ces clans calculateurs et fourbes ne se doutaient pas que les Black Templars ne recrutaient pas leurs néophytes en fonction du nombre qui arrivaient jusqu’à eux. Si un aspirant ne réussissait pas les épreuves alors il n’était pas digne et repartait, couvert de honte. Certaines années aucun aspirant n’était recruté, car le panel de recrues était trop faible. C’était la dure loi de la sélection par le mérite et la force. Pourtant à chaque génération envoyée, le chemin jusqu’à la forteresse était pavé de meurtre sanglant et de massacres entre clan.


-Je sais que tu ne reviendras jamais, fils.

-Comment pouvez-vous en être aussi sûr, père ? Demanda-t-il.

-Car tu vas réussir. Je me reconnais en toi. Tu es meilleur que moi en tout point pour ton âge. Garde la foi en l’Empereur et il te guidera.

Le jeune homme ne sut quoi répondre. C’était la première fois que son vieux père lui disait ces choses-là. Son clan avait été introduit à la foi impériale il y a de ça une centaine d’années, à sa création. Quand les Black Templars eux même réclamèrent cette planète, comme monde de recrutement. La foi se répandit sur le monde comme une trainée de poudre, portée par les vents de poussière. Les Astartes ne voulaient pas de recrues impies ou corruptible. Les graines de la foi pure et du fanatisme étaient encrées dans l’esprit de sa population depuis leur naissance.

-Adieu père.

-Adieu fils. Lui répondit son père.

Ils ne s’étreignirent pas. Aucun geste d’affection ne ressorti de leurs derniers moments ensemble. Le père laissa partir le fils. Confiant en ses capacités. Le fils risqua un dernier regard vers son clan quand il s’éloigna. Ne voyant que son père dans la pénombre bombant le torse et tourna les talons pour rejoindre les siens, quand son enfant unique continua de s’éloigner de son foyer pour l’inconnu et une vie de guerres éternelles.

 

 


Il tua pendant son voyage. Des bêtes mais aussi des garçons de son âge, qui, rendu fous par la faim l’attaquèrent. Le cœur lourd il se résigna à tuer ses adversaires d’autres clans, et triompha.

 



Le jeune homme fit le pari de conserver le peu de nourriture qu’il avait en sa possession pour plus tard. Et son pari paya. Il se résigna à piller les cadavres des quelques garçons comme lui qu’il avait dû tuer pour se protéger, et les quelques prises de chasses qu’il réussi à tuer, lui apporta la nourriture qu’il avait besoin. Pourtant le chemin fut long. Il marcha pendant un mois, sans discontinuer. Il traversa des plaines, et des montagnes. Des forêts et des lacs asséchés. La soif fut son plus grand danger. Il dut se résoudre à boire sa propre urine, sous peine de mourir déshydraté, et un jour, alors que la soif faillit le rendre fou, il se résigna à boire le sang des animaux qu’il arrivait à tuer.

Nombres d’aspirants qui traversaient comme lui le continent pour rejoindre leur destination, renonçaient à leur humanité pour survivre et commettaient des actes de cannibalisme. A leur arrivée au bastion, s’ils y arrivaient, les Black Templars leurs faisaient passer nombre de tests sanguins et nerveux. Le cannibalisme prélevait son tribut dans le corps des aspirants et les maladies dégénératives et nerveuses dû à l’ingestion de viande de sa propre espèce laissaient des séquelles graves. Ils étaient eux aussi rejetés vers les plaines inhospitalières.  

Enfin il arriva à la lisère d’une forêt dense, mais qui semblait morte. Les arbres séchaient sur place, mais semblaient continuer de persévérer à survivre. Il continua son périple, reniflant dans le vent une odeur de combustion lointaine. Se souvenant de ce que lui avait dit son père avait de partir. Confiant dans ses capacités à sentir une piste, il continua sa route dans les méandres de la forêt morte.

 

               

Depuis le haut des remparts le néophyte regardait la forêt qu’il avait traversé depuis bien longtemps et elle ne ressemblait aucunement à ce qu’il avait connu. Les Drukharis dans leur folie meurtrière l’avait perverti. Remplaçant des feuilles qui n’avaient jamais vu le jour à cause des tempêtes, les Eldars corrompu avaient empalés aux branches les cadavres des hommes, des femmes et des enfants qu’ils avaient trouvés sur tout le continent. A quelques exception prêtes, même des blessés y avaient été empalés, et c’étaient leurs cris de douleur qui empêchaient les derniers défenseurs de fermer l’œil. Jusqu’à ce qu’il ne se vident de leur sang, ou ne puissent plus hurler de douleur, leurs gorges blessés par autant de cris sans réponse. Le néophyte regardait la forêt de cadavres qui tanguaient avec le vent d’Ouest qui venait faire frémir leurs membres ballants. Il pria en silence, toujours le regard braqué vers la forêt, de là où viendrait la prochaine attaque, et elle ne tarderait pas, il en était sûr. Et ce serait la bataille finale.

 

 

Après un mois complet à marcher sans discontinuer, il la trouva enfin. La forteresse des Anges. Elle était à flanc de montagnes et donnaient sur une plaine de poussière aussi longue que large de plusieurs kilomètres. Comme il s’y attendait, un feu immense brûlait au sommet du seul bastion de la structure, illuminant les alentours de son aura protectrice. Le jeune garçon savait que dans la forêt autour de lui, d’autres mâles comme lui attendaient patiemment de s’élancer à découvert pour rejoindre leur destination. Mais il ne voyait personne traverser la plaine. Il se tapit alors dans un renfoncement d’un arbre couché pour observer. Il voyait distinctement les remparts depuis où il était, malgré les nuages de poussières habituels qui parsemaient l’atmosphère de sa planète. Il ne voyait aucun mouvement, seul le feu au sommet de la seule tour brûlait paisiblement. Soudain, sur sa droite, un cri résonna sur la plaine. Il le reconnut instinctivement. C’était le cri d’un humain. Même aussi prêt de leur objectif, les aspirants continuaient de se massacrer pour une place aux côtés des Anges qui n’était assurée. Il décida de se reposer encore une nuit complète avant de s’élancer sur la plaine le lendemain.

Il ne dormit pas de la nuit. Toutes les deux ou trois heures un autre cri inhumain brisait le silence. Parmi les arbres, quelqu’un chassait ceux de sa propre espèce, pour le plaisir ou par pure folie. Il serra fort sa hache contre lui, guettant le moindre mouvement autour de sa cachette.

Le jour pointa à l’horizon, baignant la plaine de la demi-pénombre caractéristique d’un jour pâle qui viendrait. Rassemblant ses maigres provisions et son courage, le jeune homme s’avança jusqu’à la ligne d’arbre, et fit le premier pas vers la forteresse qui semblait les contempler tous.

Il fut le premier à donner le signal à tous les jeunes hommes qui avaient fait le chemin jusqu’ici. Il aperçut du coin de l’œil d’autres qui suivaient son exemple et sortait de la forêt d’arbres mort pour atteindre la forteresse. Le garçon marchait d’un pas vif et déterminé, sa hache dans une main. Il était confiant. Il avait réussi à trouver les Anges. Mais le plus dur était encore à venir. Les épreuves qu’il avait à passer étaient encore à venir, et il ne savait pas à quoi s’attendre. Puis un nouveau cri retentit juste derrière lui, dans un nuage de poussière. Il se retourna, en position de combat, prêt à défendre sa vie. Dans la pénombre, trois silhouettes en sortirent. Il supposa que c’étaient des aspirants comme lui, mais quand elles furent assez proche de lui, il distingua leurs vêtements. C’étaient des garçons comme lui, mais ils étaient couverts de sang. De leurs armes coulaient un sang frais et écarlate. Même sur la plaine le massacre continuait.

Il calcula ses chances de survie en un éclair, et jugea qu’il ne pouvait espérer survivre à trois adversaires aussi forts que lui, il tourna les talons vers la forteresse, et commença sa course. Comme s’il avait donné le signal à tous ses congénères, ils sortirent de la forêt en une vague humaine de jeunes aspirants qui s’élancèrent à découvert comme un seul homme. Les cris et le vacarme des combats se répercuta sur la plaine ensanglantée tandis que le garçon courait vers les remparts.

 

               

Il arriva à bout de souffle, et comme pour se convaincre qu’il n’était pas fou, toucha la pierre des remparts. Elle était froide au touché, et sombre comme la nuit. Il n’était pas fou, la forteresse était bien réelle. Pourtant rien ne se passa quand il arriva aux pieds des murs. Et ses poursuivants arrivèrent eux aussi, prêt à le massacrer pour une place aux côtés des Anges.

Le néophyte se retourna, et lança son sac à terre. Sa hache dans sa main était sa seule défense. Il fit jouer ses muscles, faisant tournoyer son arme dans sa main forte. Son arme était composée de deux côtés. L’un était formé de la lame d’acier rouillé en mauvais état pourtant sa capacité tranchante était encore mortellement présente. A l’autre extrémité, sa hache se finissait par un pic de métal nu, qu’il utilisait comme un outil d’escalade quand la situation le permettait. Ce côté de son arme n’était pas à sous-estimer. Ses trois poursuivants semblèrent arriver, sortant des nuages de poussières de la plaine, eux aussi essoufflés. Pourtant le jeune homme avait un avantage, il avait eu quelques minutes d’avance sur eux, et commençaient déjà à récupérer de son sprint à découvert.

-Alors, lequel d’entre vous sera le premier ? Hurla-t-il à la face des meurtriers.

Pour toute réponse ils attaquèrent ensemble, le jeune homme se lança à leur rencontre, prêt à mourir aux pieds des murailles qui restaient silencieuse aux sons de ceux qui mourraient devant elles.

 

L’aspirant lança un coup de pied frontal dans le premier attaquant en face de lui. Son talon percuta le sternum de son assaillant, l’envoyant valdinguer plus loin. D’un simple coup il venait de se dégager une fenêtre d’action. Il n’avait plus que deux adversaires à terrasser s’il espérait survivre. Un jeune garçon le chargea en hurlant, tenant deux poignards recourbés, un dans chaque main. Le jeune homme para une des attaques, du fer de sa hache, mais l’autre main armée de son adversaire trouva une faille dans sa parade et lui entailla le muscle de son bras gauche. La douleur lui vrilla les tempes. Pourtant elle était familière, il avait déjà été blessé au cours de rares batailles qu’il avait livrées plus jeune. D’un rapide jeux de jambes, il se déporta loin de son premier adversaire, pour se retrouver nez à nez avec le deuxième qui l’attaquait.


Son opposant était armé d’un simple marteau. Il lui sembla que c’était plus un outil de forgeron de mauvaise qualité que d’une arme, mais elle pouvait être aussi dangereuse qu’une autre. Il feinta une attaque, et son ennemi sembla déstabilisé, emporté par son propre poids. Le jeune homme fit tourner la hampe de sa hache dans sa main, pour présenter la pointe de métal, et donna un coup sec et franc, du haut vers le bas vers le sommet du crâne du meurtrier qui l’attaquait.

Le son de la pointe de métal qui perfora le crâne fut sourd et mat. La cervelle réduite à l’état de bouillie sorti de la plaie béante que le coup venait d’ouvrir. Le cadavre, emporté par son poids, glissa le long de la pointe, avant de s’affaler au sol, comme une poupée de chiffon. Du sang coulait abondamment de son crâne perforé. Le jeune garçon sentit du mouvement dans son dos, c’était le deuxième adversaire aux deux poignards qui l’attaquaient dans son dos. Il n’avait pas été assez rapide pour faire face, dans un réflexe il tenta un coup circulaire pour tenter de se défendre, même s’il savait que c’était trop tard pour lui. En deux battements de cœurs, il s’attendit à sentir la morsure froide de la mort venir le frapper dans le dos.

               

Sa hache ne trouva que le vide. Surprit il se retourna d’un bond sec pour trouver son premier adversaire au sol, le dos sur la pierre, un autre aspirant sur lui, lui tambourinant le visage de ses poings nus. Le garçon ne savait pas quel adversaire attaquer, restant coi une seconde tout au plus, quand il vit son premier agresseur, celui sur le dos, essayer d’armer ses bras pour lacérer celui qui était sur lui. Sans hésiter, le jeune homme frappa du tranchant de sa hache le haut du sommet de la tête celui au sol. Le fer se planta dans crâne, le décapitant presque au niveau des oreilles. Le sang éclaboussa les deux jeunes survivants, quand il dégagea sa hache fichée dans le crâne de l’autre.

Celui qui venait de le sauver roula au sol, haletant. Le jeune garçon le surplombait de toute sa taille, prêt à l’achever, quand il rouvrit les yeux pour lui sourire.


-Par l’Empereur-Dieu je n’ai jamais aimé les meurtriers. Lui lança-t-il dans un souffle.

Surprit par le trait d’humour aussi inapproprié qu’incongru, il lui tendit une main amicale pour l’aider à se relever. Les deux debout, se toisèrent du regard, s’évaluant, se jaugeant. Mais pas par défis, mais plutôt par respect mutuel.

-Je t’ai vu t’élancer dans la plaine. Tu étais le premier à te risquer aussi prêt de la forteresse des Anges. Lui lança celui qui venait de le sauver de la mort.

-Ce n’était surement pas une bonne idée. Où sont les Anges ? Sommes-nous en retard ? Sommes-nous rejetés ? Demanda le garçon.

-Aucune idée. Répondit l’autre. Soudain il se tendit comme la corde d’un arc. Attention, revoila le troisième. Prépare-toi, on dirait qu’il veut en découdre.

 

               

La silhouette de celui qu’avait envoyé valdinguer le garçon de son coup de pied, revenait à la charge. Son nouvel ami, toujours mains nues se mit en position de combat, prêt à attaquer. Le jeune homme, toujours armé de sa hache maintenant rouge de sang, fit de même. Mais la silhouette semblait ne pas s’approcher. Il venait surement de voir les cadavres de ses deux frères qui gisaient au sol, dans une marre de sang. Il s’éloigna, retournant la tête basse vers la plaine de poussière et la forêt. Il venait de renoncer ceux pourquoi ils étaient tous venu ici.


-Je pense que nous sommes tranquilles maintenant. Déclara l’autre garçon, les poings ensanglantés.

Un mouvement à l’orée de son champ visuel attira son regard vers le sommet de la muraille qui les surplombait. On aurait qu’une ombre les observait, mais il ne vit rien, que les vents qui battaient la pierre froide et sombre.

-Au moins nous sommes à l’abris du vent. Lança le garçon, ramassant son sac qu’il avait jeté à terre en prévision du combat.

Ils s’assirent, adossé à la pierre, pourtant à une certaine distance l’un de l’autre, doutant toujours des intentions de son homologue.

Celui qui se battait à main nu semblait plus jeune que le garçon, mais seulement de quelques mois tout au plus. Le jeune homme le remercia d’un hochement de tête entendu.

-Merci de m’avoir aidé. Sans toi je serais mort.

L’autre ne répondit pas, mais lui adressa un signe de main dédaigneux comme s’il ne s’agissait que d’un coup de main banal entre amis. Le garçon ouvrit son sac et en sorti ses maigres provisions qu’il partagea avec son nouvel ami. Ils mangèrent en silence, dans le vent, à l’abris de la poussière.

-Reposons-nous. Je prends le premier tour de garde. Nous verrons bien ce qu’il se passera.

-Oui tu as raison, lui répondit le garçon, calant sa tête contre son sac en guise d’oreiller.

-Dord bien petit frère. Conclu le premier garçon qui essayait temps bien que mal d’enlever le sang de ses poings meurtri par le combat.

 

 

 

-Je sens qu’ils arrivent.


La voix venait de résonner dans son dos, le sortant de ses pensées. Le néophyte se retourna pour trouver une parfaite copie de ce à quoi il devait ressembler. C’était maintenant un homme, grand et fort, dans une armure carapace noire aux couleurs des Black Templars qui approchait de sa section des remparts. Il était tête nue, mais son casque reposait dans son bras gauche, dans le creux de son aisselle. Il portait dans son holster un pistolet bolter de dotation, ainsi qu’une lame dentelée dans son fourreau à la cuisse. Le néophyte portait lui aussi la même lame, mais en guise d’arme à feu, il portait un bolter. Un des Astartes qui les avaient recrutés étaient mort devant ses yeux il y a de ça, quelques jours, avant de rendre son dernier souffle, il avait fait don de son arme au néophyte qui c’était jeté dans la mêlée pour l’aider, mais trop tard.


-Je le sens aussi, prépares les hommes. Lui répondit-il.

-T’en fais pas petit frère, nous sommes prêts.

Le néophyte sourit dans son casque. Depuis qu’ils c’étaient trouvés aux pieds des remparts, son nouveau frère d’arme se cessait de l’appeler « petit-frère ». Malgré les injonctions des Astartes qui les avaient entrainés et recrutés, il continuait malgré tout.

-Tu sais que je suis plus vieux que toi et que nous n’avons aucun lien de parenté ? Lui demanda-t-il amusé.

-Je suis au courant petit frère. Mais il faut bien que quelqu’un qui veille sur toi non ?


Le néophyte détourna le regard pour continuer son observation de la forêt morte, au-delà de la plaine de poussière sous les murailles.


-Au moins je ne mourrais pas seul ici. Pensa-t-il sinistrement, la main sur le pommeau de son couteau de combat. L’autre serrant fermement la poignée de son bolter. 



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