Black Templar Tome II
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La passerelle du Revenant était en pleine effervescence. Le nombre d’officiers, de matelots et d’esclaves lobotomisés, attachés à leurs pupitres gênait le sergent Brüner, qui comme un rocher au milieu de l’océan, attendait au centre du pont. Les humains couraient autour de lui, apportant leurs rapports et les données aux officiers en charge, en évitant soigneusement l’Astartes qui les regardaient faire. Cela faisait maintenant dix-sept jours complets que le Revenant et le Pride Of The Foe, ainsi que son escorte de deux Dauntless, avaient émergés du Warp aux encablures d’un monde sur le pied de guerre.
Conformément aux ordres du capitaine Ström, officier commandant de la force navale impériale survivante, ils avaient tous fait route sur le monde le plus proche, susceptible d’attirer la Waagh Ork qu’ils avaient attiré dans leur sillage. Un ennemi plus conventionnel aurait frappé ou cherché les faiblesses de son adversaire. Les stratégies militaires des Eldars ou même des Tau reposaient sur un principe simple et clair. Ils frapperaient là où l’ennemi était le plus faible et où il s’y attendait le moins. Ainsi ils s’assureraient de la victoire à un prix peu élevé. La surprise, la ruse, et la planification étaient les piliers de la réussite de leurs forces militaires dans toute la galaxie. Mais pour la race guerrière des Orks, c’était l’exact inverse.
Vous pouviez passer des mois, voire des années à fortifier une position, la rendant presque imprenable, vous pouvez être sûr que les Orks attaqueraient là où les défenses étaient les plus coriaces. Ils ne recherchaient qu’une chose, le combat. Le plus brutal, le plus dur et le plus âpre. Brüner capitalisa sur ce fait. Avant d’emprunter le Warp à la tête de sa flottille, il attira l’attention du chef de guerre Ork à bord de son vaisseau amiral. Il ne pouvait faire plus qu’une chose maintenant que la Bête était réveillée. Chasser celui qui avait osé le défier.
Brüner regardait avec dédain les nouveaux visages atour de lui. Les matelots qu’il connaissait depuis plus d’une dizaine d’années terrestre avaient été remplacés par d’autres. A peine arrivée dans l’orbite haute de la planète principale que la principale force et le principal défaut de l’Imperium leur fit face.
L’Imperium de l’Humanité était connu pour être un empire gigantesque, abritant un milliard de monde sous sa coupe, et un nombre incalculable de citoyens à protéger. Sa force était sont nombre, mais elle était ralentie par sa bureaucratie vieillissante et bancale. Quand la flottille menée par les Black Templars émergea, c’était une force de défense complète, sur le pied de guerre, qui les attendaient.
Un système attaqué, ne pouvait compter dans un premier temps que sur ses régiments propres, levés sur ses mondes pour assurer sa défense. Si la menace rencontrée s’avérait plus imposante ou agressive que prévue, alors un message de secours étaient envoyés à qui veut l’entendre atour du système cible. Et c’était là la force de l’Imperium. Ceux qui envoyait de l’aide étaient innombrable. Et quand ils arrivaient pour porter secours à quiconque l’avait demandé, c’était des forces qui apparaissaient, digne des croisades anciennes. Seulement, le temps de réponse à ces attaques était bien trop long dans un Imperium étendu et vaste. Les renforts ne trouvaient plus rien à sauver. Le monde de départ était sauvé, mais pas sa population. C’était le revers de la médaille d’un Imperium vieillissant et au bord du gouffre.
Le Revenant trouva un monde prêt à combattre. Le gouverneur planétaire avait levé à la hâte, en plus de ses régiments de défenses habituels plus de cent cinquante régiments de citoyens enrôlés avec ou sans leur consentement. La planète industrielle de Gorst IV envoyait même sa flotte à l’encontre de la Waagh qui ravageait ce secteur entier. Brüner à contre cœur ordonna aux forces impériales de faire halte. La bataille vers laquelle ils se dirigeaient tous était déjà perdu, il l’avait vu de ses propres yeux. Leur avenir était ici, dans le système de Gorst et nulle part ailleurs. C’était ici que tout se jouerais. C’est ici que la Waagh qui ravageait cette partie de l’Imperium Nihilus serait stoppée et c’est ici que le Boss Ork serait vaincu et que la relique des Black Templars sera récupérée.
Les cages d’entrainements étaient bondées. La main d’œuvre et les matelots qui avaient rejoint l’équipage d’expérience du Revenant passaient leurs classes et continuaient leurs entrainements dans les mêmes hangars que les Astartes. La place était devenue une ressource comme les munitions ou le carburant. D’un certain côté, voir son navire presque à capacité maximale en termes de population, réchauffait les cœurs du sergent Brüner qui combattait en combat à l’épée son champion, Dord. Son esprit était partiellement concentré sur sa tâche, et tentait de calculer, gérer et imaginer les possibilités qu’offrait ce regain de population dans son navire. Mais d’un autre côté, il savait. Il savait que la plupart des hommes autour de lui n’étaient pas digne de servir le chapitre, il repensa à la conversation qu’avait eu Dord et Gauron, l’apothicaire de la croisade :
-Trente pour cent, déclara Gauron, penseur, observant les nouveaux contingents débarquer dans le hangar.
-Quarante pour cent. Trancha Dord, en lui tendant sa main pour qu’il la serre.
Brüner avait observé cela sans y penser, mais maintenant il réalisa. Ils venaient de parier tous les deux sur le pourcentage d’hommes qui mourraient dans les prochaines semaines sur le Revenant pendant leur service. Si ce trait d’humour noir avait fait frémir n’importe quel humain, ce ne serait pas le cas des Astartes qui regardaient la mort en face plus que quotidiennement. Après réflexion, quarante pour cent était un chiffre bien inférieur que ce qu’aurait évaluer comme perte humaine le sergent aux vues des batailles à venir. Quoi qu’il en soit, il y aurait des morts, et le grain serait séparé de l’ivraie. C’était comme cela que fonctionnaient les Black Templars. La guerre prélevait son tribut, et seuls les plus forts et les plus dignes restaient. Il fallait juste être patient.
La douleur le ramena à l’instant présent. Dord de son épée désactivée, venait de laisser une estafilade sur le bras droit de Brüner. Ils n’étaient vêtus que de simples bures d’entrainement.
-Neuf partout. Compta Dord en se remettant en position pour la nouvelle passe d’arme. Etes-vous avec moi frère sergent ?
-Pardonne moi mon frère, ne prends pas mon manque d’implication pour que la supériorité morale. Je ne suis pas complétement dans ce que je fais en ce moment. Répondit Brüner simplement.
-Alors arrêtons en-là mon frère. Faisons une pause.
C’était un réel geste de bienveillance dont venait de faire preuve Dord. En combat c’était un lion, un animal sauvage, inarrêtable. Mais quand il était avec ses frères, son humanité ressortait pour illuminer ses ouailles de bienveillance. Il restait strict, taciturne, préférant écouter que parler, comme son défunt frère le faisant si bien. Tantion. Son corps reposait maintenant dans les cryptes du navire, et son armure contemplait quiconque passait dans le Hall des Héros, jugeant sévèrement qui osait l’observer.
Brüner s’assit, le corps en sueur, du sang coulait de la blessure infligée par l’arme de Dord qui s’assit lui aussi à ses côtés. Autour d’eux, l’agitation régnait. Les ponts d’entrainements étaient surchargés à cette heure de la journée. Les Black Templars avaient autorisés leurs serfs et serviteurs à s’entrainer autour d’eux. Ils pensaient sincèrement que voir leurs maitres partager le même quotidien qu’eux, renforceraient leur détermination, et leur cohésion. Et ils avaient raison.
Comme à son habitude, Dord ne parla pas le premier. Il essuyait simplement le sang de son officier de sa lame, et la planta, pointe vers le sol, les mains sur son pommeau, attendant que Brüner parle en premier.
-Deux cent cinquante régiments d’infanterie, quarante d’artillerie, trente régiments complets de blindés. Et dix escadres de chasse et de bombardiers. Dix croiseurs lourds de toutes classes, trente-cinq croiseurs légers et aussi leurs escortes, et enfin le Revenant. Voilà ce dont nous disposons mon frère. Pour arrêter une Waagh d’un milliard d’Orks, peut être plus. Seulement ça pour défendre un monde.
-Plus. Répondit de sa voix grave Dord.
Brüner tourna la tête vers lui. Le ton qu’il venait d’employer ne lui permettait pas de savoir si l’humour pointait dans sa phrase. Dord esquissait un léger sourire en coin. Il lui arrivait maintenant de sourire. Même après toutes ces années, l’humour était quelque chose qu’il utilisait très peu.
-Ils nous attaqueront avec tout ce qu’ils ont après la résistance que nous leur avons opposée. Ils sont beaucoup plus nombreux que tous nos calculs les plus pessimistes.
Il avait raison. Il y a quelques semaines, ils avaient observé presque deux cent navires de tout tonnage autour de la précédente planète. Et c’était avant que leurs renforts n’arrivent. Même après une bataille spatiale âpre, où les forces impériales réussirent à détruire plusieurs dizaines de navires ennemis, il restait un nombre incroyable.
A côté d’eux une escouade de défenses du navire s’entrainait d’arrache pieds au combat à la baïonnette. Ils plantaient, piquaient et lacéraient des cibles d’entrainements prévue à cet effet depuis plus d’une heure. Les hommes étaient à bout de souffle mais les officiers et frère Johann qui surveillait l’entrainement de prêt savait que c’était le moment pour leur demander encore un effort supplémentaire. C’était quand l’entrainement devenait dur que les leçons commençaient à rentrer. Et dans un combat réel, l’ennemi attaquait rarement quand on était frai et disponible. Johann montra n’exemple, il s’empara de l’affut de son bolter lourd, sans son paquetage dorsal de munition, et commença lui aussi sa routine de combat au corps à corps malgré le poids de son arme. En temps normal c’était une équipe de deux ou trois gardes impériaux qui maniaient ce genre d’armement. L’escouade à côté, galvanisée par ce qu’elle voyait, redoubla d’effort.
-Nous avons pris le commandement de la défense de cette planète. Notre statut d’Anges de l’Empereur-Dieu nous y autorise. Mais comment allons-nous faire ? Demanda à haute voix le sergent Brüner, plus par pure rhétorique que réellement à Dord.
-Comment vous allez faire, plutôt. Toute trace d’humour avait disparu. Avant que Brüner ne puisse répondre, Dord continua. Le commandement est un fardeau. Une malédiction. Vous allez envoyer des gens mourir pour une mission, une cause ou un idéal qui les dépasse, mais vous y serez obligé. C’est votre devoir.
-Je le sais mon frère. Lui répondit Brüner, mais il le laissa continuer. Dord serrait fort son épée, les jointures de ses mains étaient blanches sous l’effort.
-Le commandement comme toute malédiction, vous tombe dessus. Vous ne le demandez pas, il vous est imposé. Personne ne demande à devenir un officier, ou un chef. C’est la nécessité qui le dicte. Les hommes normaux parlent de destin, nous autre Black Templars, nous l’appelons autrement. La fatalité. Quand tout espoir semble perdu, quand nos frères tombent, nos chefs meurent, un héros surgit des ombres et se dresse fièrement pour nous mener à la victoire. C’est dans nos gènes, dans notre histoire, depuis nos commencements.
Brüner laissa parler Dord, il semblait fiévreux, il n’avait pas parlé comme ça depuis longtemps. Ses yeux semblaient voilés. Brüner risqua un regard vers le chapelain Markus qui observait lui aussi la scène depuis une certaine distance, mais il ne manquait aucune parole de leur conversation, il en était sûr.
-Sergent Erik Brüner des Black Templars. Vous avez accédé à cette place par votre mérite. J’ai lu vos états de service. Si le sergent Gerhart vous à fait confiance, je vous ferais confiance. S’il a vu quelque chose en vous, alors vous aurez ma confiance. Nul n’est ici aujourd’hui sans une bonne raison. Si je n’avais pas vu la même chose que lui, en vous, il à maintenant dix ans, je ne vous aurais jamais suivi. Vos hommes vous suivront, jusque dans le Grand Œil, et feraient le chemin inverse pour vous. Je ne sais pas comment vous y parviendrez, mais je sais que vous y arriveriez.
Markus venait d’arriver devant eux, il posa une main amicale sur l’épaule de Dord, qui secoua vivement la tête, comme pour chasser un mauvais rêve. Son regard voilé redevint comme à son habitude, dur et sévère. Brüner hocha lentement la tête et se leva. Markus, en armure complète, activa les hauts parleurs de son armure qui rugirent dans le hangar d’entraiment :
-Hommes de l’Empereur !
Tous les entrainements cessèrent. Les gardes, les serfs et les serviteurs tournèrent leurs regards vers le sergent Brüner qui venait de se lever et de brandir bien haut son épée sombre, qui ne reflétait aucune lumière. Johann mit genoux à terre devant l’instant, imité par les autres Astartes dans le hangar. Comme une trainée de poudre, les hommes et les femmes firent de même. La scène, par ordre vox de Markus fut rediffusée sur tout le Revenant par le biais des flux noosphérique et des tables holographiques sur tous les ponts, toutes les passerelles, tous les hangars. Le silence complet s’abattit sur le navire.
-Notre devoir nous guide ! Hurla Brüner, le feu dans le cœur. Nous allons combattre, les yeux dans les yeux avec la mort ! Mais nous ne craindrons rien, car Nous, Sommes la Mort Incarnée !
Johann et les Astartes se relevèrent comme un seul homme, imité par tous les hommes, serfs, serviteurs, esclaves et matelots du Revenant. Le cri inarticulé de défis, de colère pieuse de tout l’équipage fit vibrer le blindage, quand environ soixante-cinq mille hommes hurlèrent en cœur pour leur officier. Le flux pix se propagea à toutes la flotte impériale de cinquante navires, qui dans le silence du vide spatial firent sonner leurs cors de guerre. L’armée de l’Empereur se réveillait, et partait en guerre.
Le conseil était limité. Brüner avait fait convoquer Gauron et son chapelain, Markus. Ils étaient tous les trois dans la faible lumière de ses quartiers, tous en armure de combat complète. Ils étudiaient en détails les plans de bataille, et les ressources dont ils disposaient. Il y avait dans la chaine de commandement des généraux, des colonels, et surtout le gouverneur planétaire. Mais l’aura d’influence qu’exerçait les Black Templars, voulait que chaque décision ou plan soit approuvé par eux. Brüner voyait défilé depuis plusieurs jours des rapports de munitions, de mouvements de troupes et de population, concernant la surface de Gorst IV. Brüner était obligé de délégué ce genre de tâches aux officiers supérieurs de la Garde, et leur faisait grandement confiance pour mener leurs hommes à la bataille. Tout était nouveau pour Brüner. Il était un officier de terrain de l’Adeptus Astartes. Un commandant de première ligne. Bien que son cerveau amélioré et conditionné pour la guerre puisse gérer ce montant d’informations, il devait s’y habituer. Il n’avait jamais commandé autant d’hommes, de chars et de navire de toute sa vie. Mais il faisait confiance à ses hommes pour l’appuyer. Sa première décision fut d’ordonner de commencer les entrainements d’infanterie et de cavalerie blindé pour contrer un ennemi qui serait supérieur en nombre. La nature de la planète ne jouait pas en leur faveur. Le climat était doux, et la planète vaste. Les déserts, les forêts et les océans venaient parsemer le paysage des continents où les cités principales c’étaient implantées. Bien qu’entrainé, les régiments blindés devaient par exemple revoir leur tactique d’encerclement et de destruction, vu que l’ennemi qu’ils allaient affronter serait dix fois supérieur en nombre.
La seconde décision qui fut prise fut d’abandonner les cités, les villes et villages qui ne pouvaient pas être défendu. Un exode massif fut ordonné, et les civils fuirent par million vers les cités ruches qui pouvaient les accueillir. La décision fut douloureuse, pour le peuple mais aussi pour le commandement, qui la fit appliquer, quoi qu’il en coute. Les civils fuyaient leurs maisons pour trouver refuge dans des cités ruche où la faim, le manque de place et d’hygiène les attendaient. La stratégie de la terre brulée fut ordonnée, et les cités évacuées furent bombardées depuis l’orbite. Si les Orks réussissaient à débarquer à la surface, ils ne trouveraient rien qui puisse servir pour leur avancée. C’était un prix exorbitant à payer, mais il serait indubitablement utile si cette guerre devait être gagnée.
Les villes restantes commencèrent à être fortifiée à l’excès. Les portes extérieures barricadées. Les murs consolidés et les batteries de défenses pointées vers les plaines, les déserts et les forêts. Le ciel était scrupuleusement observé par les batteries anti aériennes, et les patrouilles de chasseurs quadrillaient chaque nautique d’espace aérien sensible.
Les munitions, bolts, obus, et cartouches étaient produites en masse par les manufactorums qui tournaient vingt-quatre heure sur vingt-quatre, chaque jour, pour être stocké en vue de l’affrontement qui allait venir. Les emplacements de défenses orbitaux furent réactivés, les missiles intercontinentaux, retrouvés, dans leurs bunkers de stockage. La planète entière se réveillait d’une trop longue période de paix.
-Signez de votre sceau ce document frère sergent. Demanda Markus, en tendant un parchemin à son officier. Ce traité autorise la levée de milices dans la population quand le besoin s’en fera sentir. Nous pourrons avoir quelques régiments de réserves avec cet édit.
-Approuvé, répondit Brüner laconiquement. Il venait de celer le sort de milliers de familles, qui enverraient leurs hommes et leurs femmes en âge de combattre alors qu’ils n’avaient pas choisi la voie des armes pour survivre. Mais il faut impérativement garder un seuil minimum d’ouvrier pour nos manufactorum à la surface. Le flux constant de munitions ne doit jamais se tarir. Tout dépend de qui tiendra le fusil et si ce fusil est approvisionné.
-Ce sera fait monseigneur. Répondit Markus en reprenant son parchemin.
-Frère sergent, le trois cent douzième blindé de Gorst, les Irrévérencieux, demandent une affection précise pour avoir l’honneur du premier sang sur l’ennemi. Ils portent bien leurs noms. Rapporta Gauron.
-Laissez cette décision au général du secteur, nous ne pouvons perdre de temps avec ce genre de considérations. Mais dites leur bien, que quand tout cela va commencer, ils n’auront que l’embarras du choix en termes de cible à détruire. Répondit Brüner.
Gauron et Markus échangèrent un regard entendu que Brüner ne remarqua pas, top occupé à préparer un ordre écrit pour le transfert d’un régiment d’infanterie sur une position qu’il pensait vitale. L’apothicaire et le chapelain venait de remarquer le tact que venait de faire preuve leur officier. Il y a de ça quelques années, le sergent aurait envoyé balader ce régiment et leur demande, mais aujourd’hui il venait de faire preuve de diplomatie. Il apprenait vite, il était sur la bonne voie. Les deux Astartes replongèrent dans leur paperasse. Soudain le sergent Brüner s’arrêta et s’adressa au chapelain :
-Frère, quand il y a deux jours, Dord s’est adressé à moi, il semblait différent. Son regard semblait perdu.
-Effectivement frère sergent. Répondit simplement Markus, sans vouloir divulguer quoi que ce soit d’autre.
-Dites m’en plus, frère chapelain. Ordonna Brüner, son regard braqué vers les optiques rouge sang du heaume de Markus.
-Depuis quelques temps Dord me rapporte avoir des visions. Il semblerait qu’il voit ou perçoit des choses que nous ne pouvons pas voir ou entendre.
Brüner interloqué tourna son regard vers Gauron qui lui répondit :
-Ce n’est pas d’ordre physique, ou psychologique. Aucun marqueur corrobore que son état de santé physique ou mental ne soit détérioré.
-Ni spirituel, ajouta Markus.
-Alors quoi ? Demanda Brüner.
-Il semblerait qu’il soit habité par des visions prophétique, ou même divine. Lança Markus sûr de lui.
-Il devient un réel champion de l’Empereur-Dieu… Souffla Gauron, guettant la réaction de son officier.
Brüner la mine grave, sembla concentrer sur ses pensées. Il était rare mais possible chez certains Astartes du chapitre, au cours de leur vie, de pouvoir voir des souvenirs ou mêmes des futurs possibles sans qu’aucun signe avant-coureur ne surgissent. Ces Astartes étaient révérés entre tous, car ils étaient considérés comme envoyés de l’Empereur lui-même, c’était des signes vivants, des bannières de foi pure. Ils étaient alors considérés comme des symboles vivants, arpentant les champs de bataille.
-Alors quand il m’a assuré que je pouvais le faire… Murmura à lui-même Brüner.
-C’était surement une vision, oui. Conclu Markus. Je saurais canaliser son potentiel, je vous en fais la promesse.
Les chaines de montage tournaient à plein régime. Les navires Astartes étaient conçu pour de longues périodes de navigation et de patrouille en espace profond. Si bien que l’autonomie et l’autosuffisance étaient leurs principaux atouts. Chaque navire Astartes avaient leur propre manufactorum miniatures. Ils étaient tous équipés en chaine de montage, de réparations, et de préparations de matériels. Brüner observait depuis les hauteurs, sur une des passerelles d’observations, celles situées le plus haut dans le hangar, proche de son plafond. En dessous de lui, défilaient des tapis roulants et des presses hydrauliques à haut rendement. Les serfs expérimentés et les autres, s’alignaient sur leurs postes de travail pour fabriquer des munitions, des bolts, et des grenades. Cet atelier en particulier fabriquait des munitions pour les Astartes et la demande était grandissante. Le Revenant emportait avec lui de nombreuses matières premières de sorte que les manufactorums marchent en continu. Ce qui avait stoppé la production n’était pas d’ordre technique mais par manque de personne. Maintenant la main d’œuvre ne manquait plus, et la production allait bon train. Les stocks d’obus d’artillerie avaient été rempli il y a peu et ceux de munitions légères se remplissaient également à bon rythme.
Au loin un cri attira son attention. Un serviteur, surement nouvellement incorporé tomba au sol, se tenant un moignon sanguinolent. Il venait de perdre sa main dans un accident tout ce qu’il y avait de plus banal. Sa manche c’était prise dans une presse et l’avait attiré. Lui broyant les os et les chairs. Deux serfs s’approchèrent. Le serviteur pensait qu’ils allaient l’aider, mais au contraire. Un le tira hors de position de travail, pour prendre sa place et recommencer là où il c’était arrêté. L’autre remis le blesser debout, toujours tenant son moignon. Il commença à le frapper, et pointer une direction vague, surement vers l’infirmerie. Avant de disparaitre à son tour.
Si le blessé n’arrivait pas à récupérer de sa blessure, alors il serait jugé comme poids mort, et il ne servirait plus à rien pour le chapitre. Il était impensable qu’un vaisseau ou une navette de transport ne soit gâchée pour l’emmener à terre. Il serait alors emmené pour être expulsé dans le vide spatial ou transformé en servitor décérébré au-dessus d’une table de données le reste de sa vie. Beaucoup fuyaient dans les entrailles du navire, pensant survivre, mais les équipes de gardes du navire, les traquaient comme des chiens errants pour les exécuter.
La production ne s’était pas arrêtée plus de quelques secondes, et la manufacture de munitions reprenait bon train. Brüner savait que ce qu’il venait de voir se reproduisait sur tout son navire, et sur toute la flotte, ainsi que sur toute la planète. Les faibles étaient évincés, les forts restaient, eux seuls assureraient la survie de l’espèce. Il hocha la tête pour lui-même et reprit sa tournée d’inspection de son navire sur le pied de guerre.
-Deux contact, vaisseaux d’escorte, surement des éclaireurs. Rapporta Ström, dans la fumée de son cigalho. Devons-nous briser le dispositif pour leur donner la chasse monseigneur ?
-Négatif. Maintenez le cordon. Nous devons leur montrer notre force sans exposer nos atouts tactiques que nous possédons. Envoyez une frégate légère avec deux navires d’escorte. Engagez le combat, mais la priorité n’est pas de les détruire. Ils doivent attirer le reste de la Waagh ici. Ordonna Brüner.
C’était des ordres simples, et même pour lui qui était un officier Astartes de terrain, il commençait à appréhender la stratégie à plus grande échelle, que ce soit sur terre que dans l’espace.
-Maintenez les trois cordons de défenses, et que nos forces en orbite autour de la lune principale reste en retrait. Donnons-leur ce qu’ils veulent, un combat qui vaux le coup d’être livré. Ce sera tout messieurs, vous pouvez disposer, reprenez l’entrainement et les préparatifs.
Brüner clôt la conversation dans le stratégium tandis que trois navires quittaient la ligne impériale de défense, tout moteurs lancés à plein régime pour intercepter l’avant-garde Ork qui tentaient de s’enfuir devant l’étendu de la flotte qui avait été regroupée en orbite de Gorst.
-D’après nos calculs, vous seriez de retour dans une semaine. En comptant les aléas du Warp, ou même de légers affrontements à venir. Ström risqua un œil vers le sergent Brüner, à côté de la table hololithyque, les bras croisés sur sa poitrine armurée.
Le sergent ne réagit même pas à la dernière remarque et sembla emmagasiner les informations. Ses hommes étaient autour de lui, tous au complet. Le chapelain Markus, comme à son habitude attendait dans les ombres et semblait observer tout ce qu’il se passait. Gauron était à la droite du sergent, et semblait réfléchir.
Depuis l’entrée dans le système des deux navires éclaireurs Orks, il c’était passé presque cinq jours. Les astropathes rapportaient sans cesse des mouvements importants dans l’Immaterium vers leurs positions. Leur plan avait fonctionné, ils avaient attiré toute une armada Ork droit sur eux, et ils les attendaient. Mais leur plan commençait à se retourner contre eux. Dans cette partie de l’Imperium Nihilus, les avants poste, et les planètes peu défendues étaient attaqués sans arrêt depuis l’apparition de la Cicatrix Maledictum. Des forces jusque là peu courageuse, se ruaient sur un Imperium ou ce qu’il en restait, pour satisfaire leur soif de vengeance, de sang et de massacre.
Le système de Gorst venait de recevoir par voie télépathique un message des plus alarmant. Cela faisait une dizaine d’heures qu’il avait été décodé, déchiffré et transmis au commandement de la flotte de défense, c’est-à-dire les Black Templars. Et les nouvelles n’étaient pas bonne.
-Nous ne pouvons pas demander à une force conventionnelle de quitter le dispositif, pour aller prêter main forte à nos frères. C’est impensable. Dans moins d’une semaine les Orks attaqueront ici, comme nous l’avons prévu, nous serions démunis. Dégarnir notre front de bataille n’est pas une option. C’était Brüner qui avait parlé.
Ses hommes hochèrent la tête. Cette stratégie et se raisonnement était solide. Personne ne les discuterait. Mais dans le même temps c’était du sort de leurs frères de sang dont il s’agissait. Les Black Templars excédaient les mutants, xénos, et hérétiques, mais par-dessus tout les psykers. Au sein de leurs navires et de leur chapitre, il y en avait un petit nombre. Surveillés comme s’il s’agissait d’ennemis, et tolérés, aux prix de punitions corporelles et psychiques pour les garder sous leur contrôle. Le dégout était tel qu’il était courant que les psyker soit tenu dans des cellules loin de leurs seigneurs pour assurer leur propre sécurité. Les Black Templars les utilisaient que par nécessité. La fin justifiait les moyens.
Il y a dix heures, les psykers du cœur astropathique de Gorst réceptionnèrent un message faible, mais pourtant clair. Tout de suite, il fut approuvé et reconnu comme un message émanant de servants des Black Templars par le psyker en chef du Revenant. Quand ils eurent la confirmation, les Astartes s’intéressèrent à ce qu’il leur apprit.
Dû à la faible puissance du message, les psykers assermentés déduisirent qu’il fut envoyé pas dans une direction, mais dans toute, pour qu’il soit intercepté le plus facilement possible. La force qui appelait à l’aide n’était pas loin, mais essuyait une violente attaque. Quand le nom de l’avant-poste Eternal Tower fut entendu, Gauron et Markus partirent immédiatement dans les archives rechercher les informations qu’ils avaient en leur possession. C’était une forteresse comme il en existait des centaines dans la galaxie, construite par une croisade Black Templars lors de leur croisade perpétuelle, y laissant une force Astartes pour sa défense et le recrutement de nouvelles recrues sur un monde qu’ils jugeaient assez dur et hostile pour forger de nouvelles générations de combattant.
Le message fut bref mais concis. Les psykers détectèrent que le psyker qu’il l’envoya devait être le dernier de son cœur astropathique, car sa voix spectrale mourut à la fin du message. Il fut consumé par la puissance du message de détresse qu’il envoya. Sa voix s’éteignit en même temps que sa demande d’aide. S’il y avait des survivants alors ils étaient seuls, encerclés, et muets. Les archives faisaient mention d’une forteresse de taille modeste, défendu pas toute une escouade de croisés. Des frères de batailles endurcis, qui avaient reçu l’ordre de recruter, former et endoctriner une nouvelle génération d’Astartes. Celons les archives, cette forteresse n’avait pas été relevée depuis bientôt deux cycles complets. Les conditions de navigations et des combats dans le secteur justifiaient l’attente des équipes de relèves. Pourtant Brüner en était sûr, les forces de cette forteresse n’avait pas perdu la foi, et avait continué leur devoir malgré tout.
-Combien sont-ils ? Demanda Markus, bougeant imperceptiblement dans la fumée du cigare du capitaine Ström.
-Aucune idée, le message parle seulement d’une force Astartes encore en activité. Répondit le capitaine.
-Qu’affrontent-ils ? Demanda Dord, qui n’avait pas parlé depuis bien longtemps comme à son habitude.
-Ils font mention d’Eldars Noirs.
A peine les mots furent prononcés que Johann cracha par terre de dégout. Lyderic fit mine de faire un pas en avant, dans une colère noire qui venait d’apparaitre. Maximilian d’une main assurée, le retint par son épaulière. Konrad fit jouer les articulations de son bras augmétiques nerveusement, comme pour détendre une épaule endolorie. Dord prit la parole pour calmer ses frères et poser des mots sur la situation :
-Des pillards. Ils ne doivent pas être assez nombreux pour attaquer ces chiens. Les Eldars Noirs sont reconnu pour aimer faire souffrir, et torturer les populations vaincues. Nos frères sont en enfer.
-C’est exact, ajouta Markus qui c’était approché après la mention de ces ennemis.
-Depuis combien de temps résistent-ils ? Demanda Brüner, soucieux.
-Trois mois, peut être plus. Répondit Ström, la mine basse s’attendant à ce qui allait suivre.
Déterminé, Brüner prit la parole. Il frappa de son poing, le plat de son autre main, comme pour donner un jugement. Ses hommes attendaient patiemment son verdict et en furent satisfait :
-Nous partons mes frères. Mission de sauvetage.
-Mais mon seigneur, je pensais que nous ne pouvions pas dégarnir notre front de bataille ? Demanda Ström, interloqué.
-C’est exact, seulement le Revenant quitte Gorst. Les Orks seront sur nous dans une semaine, détachez une équipe de commandement à bord du Pride of the Foe, représentant les Black Templars pour assurer la liaison avec le chapitre, et assurer la défense du secteur pendant notre absence. Ajoutez-y un détachement de ma garde personnelle pour appuyer notre autorité. Le Revenant est un atout dans cette défense, mais si les Orks arrivent, et ils arriveront, premier combat sera naval.
Les Astartes commençaient déjà à quitter le stratégium, la lumière blanche et crue de l’extérieur retrait par la porte blindée ouverte, pendant que les géants plongeaient déjà dans les coursives préparant leur départ vers l’inconnu. Brüner continua, dos à Ström, la tête légèrement tournée vers lui :
-Nous serons de retour dans une semaine, quand le combat naval sera fini et que nous aurons besoin de nous au sol. En attendant, lieutenant Mara, je vous détache à bord du Pride. Vous serez ma représentante, ne me décevez pas. Nous partons dans une heure, mettez vos affaires en ordres.
Brüner tourna les talons, abandonnant le lieutenant Mara, jusque là silencieuse dans un coin du stratégium, prenant des notes et écoutant ce qui se disait. Interloquée, il ne put que saluer, et ne répondit rien. Elle croisa le regard du serf du sergent Brüner, sur la passerelle, de l’autre côté de la porte blindée. Son cœur se déchira, mais elle tourna les talons, pour partir exécuter son devoir.
Le Revenant quittait l’orbite de Gorst à toute vitesse. Il laissait derrière lui une flotte de défense complète, attendant sur le pied de guerre les Orks qui ne tarderaient pas à arriver. Les défenseurs commençaient à se poser des questions. Pourquoi les valeureux Black Templars quittaient leurs positions ? Le combat était-il perdu d’avance ? N’y avait-il aucun espoir de victoire ?
Ce serait au lieutenant Mara, seule représentante des Black Templars de superviser, encourager et rassurer les défenseurs qui restaient en orbite autour de Gorst. Le croiseur d’attaque lourd Astartes et son équipage fonçaient vers un ennemi inconnu, qui massacrait leurs frères. Pourtant ils reviendraient, à temps, espérait le sergent Brüner, pour massacrer les Orks comme il se devait.
Tourner le dos à un combat était tout bonnement impensable. Le devoir exigeait d’avancer, tout droit, vers l’ennemi. S’ils avaient osé penser abandonner un seul de leurs frères à son sort, alors ils n’auraient plus été digne de porter les couleurs des Black Templars.
Le serf était dans ses quartiers, il regardait sa main ensanglantée. Il venait de pulvériser à main nue d’un coup rageur, le seul miroir de ses minuscules appartements. Il respirait fort et laissait couler le sang au sol. Il n’avait pas eu le temps de faire des adieux à sa femme, qui était resté autour de Gorst, pourtant sa tristesse était mêlée de fierté. Elle commanderait pour un temps une armada impériale complète. Elle avait pris leur fils avec elle, à bord du Pride, et il savait qu’ils avaient plus de chance de survivre à son bord qu’à bord du Revenant dans ce qui allait suivre. Il se maudit de ne pas avoir eu le temps de lui dire adieux comme il fallait, mais le devoir consumait tout. Il transforma sa détresse en colère, et commença à bander sa main. Il avait encore beaucoup de travail, et ce qui allait suivre serait encore pire. Dans les hurlements des sirènes avertissant qu’un saut Warp approchait, il repensa à ce que lui avait dit le « vieux » comme il l’appelait, celui après de qui il avait apprit son métier d’artificier et de serf. Il lui avait répété sans cesse, toute sa vie une chose, que le devoir emportait tout sur son passage, mais la plus importante des leçons de vie pour un homme : « Rappelle-toi que tu vas mourir ».
Dans les turbulences caractérisées, le Revenant plongea à toute vitesse dans la mer des âmes qui les aspira, tel un bolt dans une plaie sanguinolente de la réalité torturée.