Black Templar Tome II

Chapitre 16 : Poliorcétique

6364 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 07/05/2021 09:59

Retrouvez le Tome II sur : https://www.wattpad.com/story/251252843-black-templar-tome-ii





Les Jardins d’Hiver étaient en feu. La fumée des incendies s’élevait vers le ciel dans des colonnes noires de suies. Il ne restait presque plus rien des magnifiques et précieux Jardins d’Hiver de Terra. Brüner était sûr que dans sa sagesse, Dorn, son primarque avait abrité, dans des bunkers secrets et enfouis profondément la moindre graine ou échantillon génétique, pour qu’un jour, ce qui restait de la végétation Terranne, puisse revoir une fois le jour. Mais pour l’instant, la guerre venait de terrasser ce qu’il restait de plus verdoyant et de plus beau sur la surface de la planète.

Son ami et capitaine venait de mourir dans ses bras. Son corps gisait dans sa cape et son sang, qui se mêlait à la boue du sol. Le vacarme de l’artillerie distante résonnait toujours de ce côté des remparts. Brüner se doutait que les légions renégates arrivaient depuis les plaines en contrebas, et arpentaient même les sections des remparts qui étaient tombées.


Son capitaine gisait là. Une profonde entaille l’avait presque sectionné en deux au niveau du thorax. Une abomination aux ailes membraneuses avait surgi sur cette section des défenses des Imperial Fists. Brüner le savait, il était impossible qu’une de ces choses ne puisse voler. Les lois de la physique la lui interdisaient. Ses ailes étaient trop petites pour la carrure de la bête, et après quelques échanges de tirs, elles furent presque complètement déchirées. On pouvait voir à travers les reflets des explosions et des échanges de tirs. La sorcellerie était à l’œuvre. Le mot de « démon » avait même été prononcé. Les rumeurs circulaient parmi les défenseurs encore en vie. Les légions renégates, pour l’emporter, avaient appelé en renfort plus que de simples soldats. Les défenseurs étaient de moins en moins nombreux, et de plus en plus seuls. Mais ils continueraient de résister. L’Empereur les regardaient, et leur primarque étaient avec eux.

Son capitaine avait chargé la bête en premier. Brüner l’avait suivi, ainsi qu’une escouade complète, tirant au bolter pendant leur course. Le fracas du corps à corps fut terrible. La hache que maniait la chose qui avait surgit des nuages, avait découpé cinq Astartes d’un seul revers. Brüner et le capitaine était aux pieds de la chose. Brüner regardait son capitaine brandir un poing énergétique qu’il avait déjà vu quelque part. Les souvenirs remontaient à la surface. Il c’était battu avec lui sur les remparts, il avait vu par ses yeux, il avait combattu dans son corps. Et maintenant il était observateur de son combat. Brüner savait qu’il n’était pas à sa place. Il était un Black Templar, un guerrier de L’Empereur-Dieu, dix mille ans après ces événements. Tout ça n’était qu’un rêve. Non. Une vision. Des souvenirs. C’était bien réel. Tout ce qu’il voyait c’était passé. Il le savait.


Le capitaine fracassait la peau du démon de son poing énergétique. A chaque coup c’était l’air qui souffrait sous la détonation et l’impact. La créature hurlait de rage, mais ne tombait pas sous les coups rageurs de Brüner ni de l’autre Astartes. Sa hache tomba. Un Astartes trop lent fut coupé en deux, de haut en bas, et tomba au sol, dans un geyser de sang. Brüner d’un coup vertical tenta de couper une des pattes de la chose. La lame énergétique taillada la peau et le cuir, mais aucun sang n’en jaillit. Le capitaine contrait chaque attaque, et parait chaque coup de son énorme poing débordant d’énergie. Soudain, il lui porta une estocade, puis un direct en plein thorax. L’énergie accumulée du poing se vida à l’impact. Le monstre hurla, et tomba sur le capitaine. En une seconde se fut finit. Aucun cri, aucun son. Le corps du capitaine gisait au sol.

               


Brüner hurla en vidant son chargeur sur le démon qui prenait appuis sur le sol pour s’élancer dans les airs. Il était mortellement blessé et voulait sûrement s’enfuir pour lécher ses plaies. Brüner était seul, tous les autres Astartes présent étaient mort. Tous ses frères, tous ses guerriers. Il vida son chargeur d’une traite sur le démon qui s’envolait. Il rechargea en moins d’une seconde et continua de tirer sur la chose qui s’enfuyait. Soudain, des tirs se joignirent aux siens. Des détonations puissantes résonnèrent dans son dos, quand le démon volant fut secoué par une grêle de tirs de gros calibres. Avant qu’il ne puisse s’enfuir, son corps se contorsionna sous les impacts. Des lambeaux de chairs étaient arrachés, et les murs derrières lui explosaient sous les bolts explosifs. La créature mourut en vol, pour s’écraser au sol, un dernier cri de rage aux lèvres. Brüner à bout de souffle continua de vider le reste de son chargeur sur le corps de la chose, bien après qu’elle ne fut morte. Le clic caractéristique du percuteur qui ne rencontre que le vide résonna plusieurs fois, tandis qu’il continuait de presser la queue de détente. Soudain il réalisa et tomba genoux à terre. Epuisé, le cadavre de son ami à ses pieds.

La terre trembla. Comme si tout ce qui existait allait s’effondrer. Une masse haute de cinq mètres émergea des fumées des incendies du Jardin, martelant le sol de ses pieds griffus d’adamantium. Son canon d’assaut fumait légèrement dans le vent matinal, après le tir continu qui avait coupé le démon en morceaux. Des Astartes sortirent des couverts derrières lui en courant, sécurisant la zone, se déployant en escouade, pour ne rencontrer que Brüner au sol, la tête basse, priant pour son capitaine tombé au combat, finissant de se vider de sang dans la boue du Jardin de l’Empereur.

Le Dreadnought vénérable s’arrêta net dans les grincements des pistons et des servomoteurs de son sarcophage, contemplant le massacre. Ses hauts parleurs résonnèrent d’une voix mécanique, pleine de colère :

-Nous répondons à ton appel, frère.

 

               

Une centaine d’Astartes. Voilà tout ce qu’il restait de la compagnie. La bataille des remparts avait prélevé presque la moitié de leurs effectifs. Des visages durs et déterminés lui rendait son regard froid et inflexible. Certains visages lui semblaient familier, d’autre inconnu. C’était les souvenirs d’un autre, ses pensées étaient confuses. Mais il savait que la situation était désespérée. Il faisait face à une compagnie complète d’Imperial Fists. Leurs armures d’un jaune reconnaissable entre mille resplendissaient dans les premières lueurs du jour qui pointait. Les tabars flottaient aux vents, les sceaux de pureté dodelinaient sur les épaulières et les cuirasses. Un Astartes planta fièrement la bannière de la compagnie dans le sol, sa main tenant toujours fermement sa hampe. Le porteur le salua d’un bref signe de tête respectueux, que Brüner lui renvoya.


Le Dreadnought qui surplombait la scène de toute sa hauteur, ne disait mot, et à intervalles réguliers, on pouvait entendre le son de ses optiques qui claquaient pour faire la mise au point sur Brüner, et ce qui l’entourait. Son canon d’assaut rotatif était tourné vers le sol, désactivé.

Reposait sur un drap blanc immaculé le corps du capitaine. Tous les Astartes présent le regardait. Quand un apothicaire sorti des rangs pour s’avancer vers lui. Brüner regarda aussi la scène, ne sachant pas encore ce qui allait se passer, il ne bougea pas, il faisait face, comme toujours. L’apothicaire se pencha sur la dépouille et entreprit de récupérer le patrimoine génétique du capitaine décédé. Il l’enferma dans des fioles de stases qu’il donna à deux Astartes qui repartirent vers l’intérieur de leurs lignes, surement pour les mettre à l’abris avant les prochains assauts.


-Et maintenant, que faisons-nous ? Gronda la voix de Ulrich.

Brüner resta interloqué. Ulrich, l’ancien guerrier des Imperial Fists, vétéran des vétérans, venait de lui demander son plan ? Ce qu’ils devaient faire ? Brüner ne réalisa pas encore.

-Frère-capitaine ?


Les mots résonnèrent longtemps dans les Jardins d’Hiver. Dans un silence perturbé par les détonations de l’artillerie lointaine, la compagnie entière mit genoux à terre, la tête basse. Même le Dreadnought vénérable, qui lui était impossible de faire de même, se pencha, son thorax penché vers le sol, en signe de respect.

L’apothicaire approcha, le gantelet du capitaine dans ses mains. Brüner ne l’avait pas vu le lui enlever, tandis qu’une procession d’Astartes emportèrent la dépouille de leur ancien officier loin des combats, vers l’intérieur du Palais Impérial. Brüner comprit. Il déverrouilla son propre gantelet d’une main experte, et il tomba au sol, dans la boue. Il abandonnait son statut de sous-officier Astartes et donna sa main, paume vers le ciel, à l’apothicaire qui approchait d’un pas lent et cérémonieux.

Tous les Imperial Fists levèrent le regard pour voir leur nouvel officier prendre possession de la relique. Le moment était grave et solennel. Et l’issu incertaine. Sa main nue pénétra dans les renfoncements capitonnés du gantelet qui semblait peser plus d’une tonne. Il se verrouilla en une demie seconde à l’armure de Brüner. Un flux de puissance brute sembla lui parcourir le corps, et son bras gauche. C’était comme si le gantelet avait son énergie vitale propre, une puissance brute. Il ne semblait plus peser le moindre poids. Brüner fit jouer ses doigts dans le gantelet qui répondit aussitôt. Ses servomoteurs étaient silencieux et précis. C’était une pièce d’armure exceptionnelle. Mais soudain tout bascula.

La douleur fut cuisante. C’était comme si une centaine d’aiguille lui perforèrent la peau et c’était le cas. Brüner tomba à genoux. Tout son bras était en feu. Il douta. La relique le repoussait-il ? N’était-il pas digne ? Il se ressaisit et se remit debout, tenant son bras gauche de sa main droite. Moins d’une seconde après, il en était sûr, la peau de son bras gauche s’enflammait dans le gantelet. La douleur était intenable. Mais il ne cria pas. Son cerveau lui faisait mal, la douleur irradiait de son bras. Même après une vie de combat, et de blessures, il n’avait connu aucune douleur comparable. Ses cœurs battaient la chamade. Il transpirait, mais il devait tenir. Il en était sûr, la relique lui arrachait la peau au-dedans, mettant à nu ses muscles et ses tendons. Mais il le savait, c’était un test, une épreuve ultime. Dans un geste de défi, il brandit haut le poing vers le ciel.

Ses hommes attendaient en silence, mais quand il sembla défier la douleur, ils hurlèrent de joie. Un cri qui résonna sur les remparts perdus, et dans les moindres recoins des Jardins. Même Ulrich tendit son corps vers le ciel pour hurler de défis aux traites qui pouvaient les entendre. Ils avaient un nouveau capitaine, qui les mèneraient au combat.


Brüner comprit. Le commandement était une épreuve. Une douleur et le gantelet le mettrait aux défis chaque jour. Torturant ses chairs, mettant à l’épreuve sa détermination. C’était ainsi que les Imperial Fists procédaient. C’était la tradition. Et il avait passé l’épreuve.

Des flashs lui vrillèrent les yeux. Il eut des visions d’une intensité incomparable. Il entrevit des scènes de combats intenses où Ulrich, un pied posé sur le cadavre du démon tenait à lui seul, une ligne de bataille complète, son canon d’assaut rugissant, et son poing énergétique broyant les hérétiques qui arrivaient à portée. Sa compagnie combattait avec lui, dans les Jardins, et quand les visions se succédaient, Brüner sut. C’était ici qu’il allait mourir. Ils allaient tous mourir. Et qu’ils perdraient la relique si durement acquise. C’étaient les souvenir de quelqu’un d’autre, il ne pouvait plus rien faire que d’être spectateur. Mais il savait au fond de lui, qu’en ce moment même, dix mille ans plus tard ses hommes avaient besoin de lui. Sa tête le lança, et il perdit la vue. Les ténèbres vinrent l’accueillir.

               

Le sergent Brüner sentait son corps sombrer. Ou plutôt dériver. Il ouvrit les yeux pour ne voir que la pluie qui lui tombait sur son heaume. Il était sur le dos. Son paquetage rappait le sol. L’ouïe lui revint. Ses oreilles sifflaient. Il senti une paire de mains puissantes le tirer vers un couvert tout relatif. Gauron l’apothicaire essayait de le tirer de là, malgré la fusillade à courte portée, les cris et les explosions alentours. Ils étaient piégés dans une ruelle. Brüner remarqua enfin que le coin inférieur gauche de son affichage était fendu. Son optique avait subi des dommages. La roquette Ork l’avait envoyé au tapis en explosant juste à côté de lui. Il ne devait sa survie qu’a son armure et à sa chance. Gauron stoppa net ce qu’il faisait quand une bande d’Orks surgirent de la fumée pour charger les deux Astartes en mauvaise posture. Gauron épaula son bolter et faucha d’un bolt chacun les ennemis qui hurlaient en approchant. Brüner était dos au sol. Au prix d’un effort surhumain il se releva. Il s’aida du canon de non bolter, en le plantant au sol, comme une béquille pour se relever. Quand il se redressa, une quinte de toux le surprit, et faillit le terrasser. Il aspergea son menton de sang et quelques gouttelettes carmin virent moucheter l’intérieur de son heaume. Des shrapnels avaient perforé les couches d’adamantium.


Son armure réagit tout de suite, injectant un cocktail d’antidouleur et d’adrénaline directement dans sa moelle épinière. Sa vision se brouilla un instant quand son organisme encaissa les drogues de combat. Il ne senti plus rien, la douleur fut absorbée par son corps, il se releva d’un coup et épaula son bolter. Il le vit. Le tireur de lance-roquette. Il venait de finir de recharger, il était positionné sur le toit d’un hangar désaffecté de la rue. Il était à couvert derrière un muret de béton. Il pressa quatre fois la détente. A chaque coup de feu, son viseur se déporta vers le haut et à gauche. Brüner y était habitué. Il contracta ses muscles puissants, et ramena entre chaque tir son bolter sur sa cible. Quatre bolts perforèrent le béton.

L’Ork fut pulvérisé. Les deux premiers bolts réduisirent en miettes son couvert, et en détonant l’aspergèrent de fragments. L’Ork réussi tout de même à tirer. Son projectile fila droit sur le sergent, dans son sifflement caractéristique. Brüner se mit à genoux, quand la roquette passa à un mètre de lui, les alertes de son armure lui vrillant les tympans. Le mur du bloc hab derrière lui fut vaporisé par l’explosion de l’engin explosif, l’aspergeant de feu et de poussière, qui retomba assez vite, la pluie la collant au sol.


-Mouvement ! Ordonna Brüner, en reprenant la course droit vers leur objectif.


Il passa derrière Lyderic, lui donnant un coup sur son épaule pour lui signaler que des alliés passaient derrière sa position. Il était seul, planté face à une horde Ork, tenait un carrefour. Il tirait en rafale de quatre bolts. Les Orks mordaient la poussière, mais progressaient. Lyderic n’était aucunement à couvert, il était debout, bolter à l’épaule, en plein milieu de l’embranchement d’une rue. Soudain, sa rue s’embrasa.

Le Thunderhawk toujours en vol circulaire, à un kilomètre d’altitude venait de larguer une bombe de cinq cents kilos sur leurs positions. Lyderic, imperturbable fut pris dans le souffle de l’explosion. Fermement ancré avec ses bottes dans le sol, il fut submergé de poussières et de fragments de roche. Le buste d’un Ork démembré le percuté même. Activant sa vision thermique, il reprit le tir pour achever ce qui restaient dans son secteur.

               

Le Defiance fournissait un appui aérien non négligeable, mais parcimonieux. Il ne pouvait pas se permettre de gâcher ses précieuses bombes et missiles. Et son artilleur devait redoubler de précision. Chaque mission de tir qu’appelait au sol les Astartes étaient presque sur leurs positions. Le Defiance mitraillait à chaque rotation, les larges ruelles de ses bolters lourds presque chauffés à blancs.


-Vous y êtes presque frère sergent. Plus que deux kilomètres vers l’objectif prioritaire. Niveau de munition bas, presque plus de carburant. Nous sommes obligés de nous désengager mes frères.

-Appuis aérien total ! Dégagez-nous la voie un maximum et effectuez un largage au plus près de notre objectif ! Ordonna Brüner tout en rechargeant et en reprenant la tête de la colonne Astartes à l’arrêt.

 

Hasmond le pilote, accusa réception du message. Son artilleur activa tout l’armement disponible et ouvrit le feu quand le Defiance effectua son dernier virage avant de piquer droit vers la tour principale.

Les niveaux de munitions étaient bas. Brüner venait d’engager son avant dernier chargeur. Cela faisait de nombreuses minutes que le chapelain Markus ne tirait plus au pistolet, mais n’utilisait plus que son crozius. Johann venait d’abandonner sa réserve de son paquetage, n’utilisant plus que des chargeurs hélicoïdaux. Certains Astartes n’avaient plus que leur pistolet de secours et leurs poignards. La situation était critique.

Le Defiance passa à toute vitesse au-dessus d’eux et seulement quelques secondes plus tard la terre trembla. Les bombes et les missiles frappèrent le sol à toute vitesse. Les shrapnels et les éclats mutilèrent des cadavres déjà tombés au sol. Les bolts et les tirs pulvérisaient les Orks sans distinction. C’était une empoignade sordide. Les murs qui tenaient encore debout étaient maculés de sang. Même Dord était en difficulté. Il était dos au mur, son armure laissait des emprunte de peinture noire contre la roche, quand il fut attaqué par une dizaine d’Ork en même temps. Les haches et les objets en tous genre s’abattaient sur lui. Son pavois arrêtait la plupart. Mais une lame trouva un espace et entama la céramite de son épaulière. Les Orks étaient tellement prêt, que Dord les empoignaient à pleine main pour les étrangler et leur fracasser les os à coups de poings. C’était un pugilat, plus aucun honneur ou tactique n’avait court. Le plus sauvage gagnerait.


-Munitions larguées vers la face Nord de l’objectif. Zone de largage éparpillée, nous avons essuyé des tirs soutenus en provenance des bâtiments adjacents. Defiance terminé. Bonne chasse mes frères.

               

Brüner et ses hommes chargèrent droit devant, dans les bâtiments qui s’écroulaient, dans des orgies de décombres et d’explosions secondaires. La passe de bombardement avait réduit en cendre toute la zone. Assez pour leur permettre de se désengager et continuer leur progression. Les Astartes escaladèrent les débris gros comme des chars, semant leurs poursuivants. Les rares guerriers encore approvisionnés, appuyaient leurs frères, vers l’objectif qui se dressait fièrement dans l’orage qui faisait encore rage.

 

               

La zone de largage était en flammes. Le Thunderhawk avait essayé de déposer des caisses de chargeurs et autres munitions devant l’entrée principale du bâtiment cible. A peine eut-il commencé son approche que des tirs d’armes légères et lourdes pleurent sur le mastodonte volant. Les tirs traçants partaient des groupes de maisons et magasins adjacents. L’artilleur tenta de riposter. Les rafales de bolts coupèrent les murs de béton comme s’ils étaient fait de papier. Centaines façades s’effondrèrent, mais il ne lui restait pas assez de munitions pour faire taire les tirs Orks imprécis. Le Defiance avait même tenté d’ouvrir sa rampe d’accès frontale pour pouvoir déposer sa cargaison. Mais au dernier moment Hasmond tira sur les commandes comme un diable quand son cockpit fut visé par des tirs concentrés. Les balles ricochèrent, mais un missile bien tiré fila droit vers la rampe. Le missile la toucha par le dessous, la charge creuse perfora le blindage dans une débauche d’étincelles surchauffées. Le Thunderhawk se désengagea dans un virage serré sur son aile droite, tandis que sa cargaison tombait vers le sol, attiré par la gravité. Elle percuta le ferrobéton, et implosa sous la pression. Les boites de munitions furent éparpillées, les chargeurs épandus au sol sur une cinquantaine de mètres. Le Defiance continua de tirer de toutes ses armes restantes, jusqu’à ce que ses compteurs de munitions ne clignotent d’un zéro rouge de mauvais augure. Il prit de la vitesse, et repartit en orbite faire le plein de munitions et réparer.

 

               

Ils étaient encore poursuivis. Il ne restait au sergent Brüner plus qu’un chargeur plein, déjà engagé dans son arme. Il était encore un des seuls avec des munitions. Le reste de ses hommes se battaient au corps à corps, comme des déments. Comme les anciens peuples guerriers qui peuplaient Terra il y a de ça des dizaines de milliers d’années. Ils arrivèrent sur l’esplanade qui entourait le bâtiment cible. Une immense tour, de plus de huit cent mètres, presque aussi large que haute les accueillait. A peine eussent-ils mit le pieds à découvert, sortant des ruelles, que des tirs frénétiques tambourinèrent le sol autour d’eux. Sans attendre, Brüner commença à appuyer ses hommes qui fonçaient vers la cargaison au sol. Gauron, Lyderic, Konrad, et Maximilian essayaient de constituer des dotations de munitions en plein découvert. Leurs armures encaissaient des tirs, mais les rares mortiers et roquettes qui tombaient à côté d’eux pouvaient les blesser ou les tuer. Si l’un de ces projectiles touchaient une des réserves de munitions, l’explosion pourrait les vaporiser tous.

Lyderic venait de récupérer une réserve de munitions dorsale complète pour Johann qui se la faisait fixer sur son dos, pendant qu’il se défendait au pistolet. Les couverts étaient peu nombreux. Dord comme à son habitude encaissait la plupart des tirs. Il hurlait de rage et des insultes pour attirer l’attention des ennemis. Les balles ricochaient sur son pavois et sa cotte de maille.

Brüner vit du mouvement sur sa droite. Un groupe de quinze Orks sortirent en hurlant d’une bâtisse qui semblait vide jusqu’alors. Dans un réflexe il ouvrit le feu tout en avançant sur l’ennemi.


Il était complètement à découvert. Sa visée était solide, et sa lunette bougeait au rythme de ses pas. Il commença le tir. Le premier coup parti et coupa la jambe de l’Ork le plus avancé du groupe. L’attention de la charge ennemie se focalisa sur lui. Il continua le tir. Tous les deux bolts, un Ork tombait. L’écart entre lui et la Horde diminuait. Il arrêta de viser dans sa lunette et pencha son arme sur le côté pour avoir une vision d’ensemble. Il continua de tirer. Le canon soufflait les flammes de tirs, les Orks tombaient. Le sang giclait. Le groupe qu’il venait de prendre pour cible, venait d’être rejoint par une autre bande qui fonça sur lui. Leur nombre venait de doubler en moins d’une seconde. Il s’arrêta. Il pressa la queue de détente, rien.

D’une rotation sèche du poignet avec lequel il tenait son bolter, il envoya valdinguer son chargeur vide loin à gauche de lui. Sa main gauche ne trouva rien dans les portes chargeurs de son armure. Vide. Il se maudit. Dans la fièvre des combats il avait perdu le compte de ses munitions. Sa main gauche agrippa le garde main quand sa main droite lâcha la poignée. De sa main faible, il amena son bolter toujours accroché à sa sangle un point dans son dos, tandis de la main droite il dégaina son pistolet bolter de son holster à la cuisse. Transition d’arme parfaite. Il était un tueur né. Un guerrier parfait. Il reprit le tir.

Il tenait maintenant le pistolet bolter à deux mains, l’arme tressautait dans sa poigne de fer. Les Orks tombaient encore et encore. Chargeur vide. Du pouce il éjecta le chargeur en appuyant sur le bouton poussoir. Son autre main venait déjà en insérer un nouveau. Il reprit le tir après moins d’une seconde. La horde était bientôt sur lui. Il dégaina son épée de sa main gauche tout en continuant de tire de la main droite. Les éclairs frappaient les bâtiments alentours, tandis que sur la place le chaos régnait. Le premier Ork arriva au contact. Brüner lui logea un bolt dans l’estomac. Coupé en deux il fut pris par son élan et tomba droit sur la lame qui l’attendait. Il fut scié en deux, proprement. C’était son dernier bolt. Il rangea d’un geste son pistolet dans son holster. Il ne lui restait plus aucune munition. L’épée fermement tenue à deux mains, il chargea.

               

Konrad venait de remplir temps bien que mal ses portes chargeurs avec ce qu’il avait trouvé sur la zone ratée de largage. Lyderic finissait lui aussi de ramasser ce qu’il pouvait. Johann venait d’être ravitaillé, et courait pour prendre une position de tir afin de défendre le reste de l’escouade. Maximilian armé de son fusil à pompe avait rejoins Dord et à deux, ils formaient un roc solide au milieu d’une marée de peau verte, un phare dans la nuit. Un point de ralliement. Gauron et Markus tentaient de ramasser le maximum de chargeurs et de munitions au sol. Gauron remplissaient sa sacoche de décharge de chargeurs neufs, tandis que Markus, venait de passer en bandoulière un plein sac. Le reste devait être abandonné, faute de pouvoir le prendre, ou de s’exposer aux tirs de plus en plus nombreux.


-Mais où est notre sergent ? Hurla Lyderic, en train de recharger nerveusement.

-Je l’ai perdu de vu, répondit Gauron, qui scrutait son affichage tactique à la recherche de son officier.

-Mouvement, vers le bâtiment. Konrad prend la tête, appuie-nous depuis l’entrée, vite ! Johann suit-le. Karl, appuie notre flanc droit. Ne gaspille pas tes réservoirs. A tous ! Replis vers le bâtiment !


Markus venait de prendre naturellement le commandement des croisés, mais quand il réalisa que Brüner était peu être mort, le poids de la mission faillit l’étouffer. Il devait maintenant mener ces hommes à travers une planète entière, peuplée d’Orks hostiles et sauvage. Et si jamais ils s’en sortaient, ils devaient encore retrouver la relique du chapitre. En une seconde, en prenant le commandement, il réalisa ce que vivait Brüner au quotidien depuis des années. Il pria pour que son officier soit encore vivant.

Brüner venait de fracasser une gueule ouverte béante de croc en un coup de poing. Son poing armuré avait raclé sur les dents, jusqu’à s’enfoncer dans la gorge de la bête. Dans un réflexe il avait serré le poing pour agripper tout ce qu’il pouvait et avait tirer. Les amygdales, la gorge et la langue cédèrent, et il se retrouva avec la main pleine des organes du mort qui convulsait au sol. De l’autre côté, il tailladait nerveusement tout ce qui arrivait à portée. Son épée, tranchait les chairs, les armures et les armes avec la même facilité. Pour se déplacer il devait marcher sur les corps, écraser les têtes, piétiner les mains et les jambes. La horde qu’il avait chargé était au sol autour de lui. Il pouvait enfin voir le ciel, toujours aussi menaçant. Il était épuisé, à bout de force et de souffle. Ses bras lui faisaient mal, ses cœurs aussi, et ses jambes ne le portait presque plus. Sa physionomie surhumaine commençait à faiblir. Ses limites étaient hautes, mais pas impossible à atteindre.


Un Ork seul, semblant perdu le remarqua et chargea droit sur lui. Avant même qu’il ne puisse arriver à portée, il tomba au sol, comme prit d’une crise cardiaque. Seul le trou béant dans son dos montrait qu’il venait d’être abattu par un tir de précision.


-Je l’ai retrouvé. Sud Sud-Ouest, deux cent mètres, à découvert. On dirait qu’il vient de massacrer une Waagh à lui tout seul.

               

C’était Konrad qui venait de parler dans le vox d’escouade. Dans la rage de la bataille et de l’empoignade il n’avait même pas réalisé qu’il avait dérivé loin de ses hommes, et surtout qu’ils le cherchaient depuis de longues minutes. Poussé par une force renouvelée aux sons de la voix de ses hommes inquiets pour lui, il reprit la course droit sur eux.

A peine eut-il fait quelques pas qu’il s’arrêta. La façade de l’édifice était en feu. Les Orks depuis le début de la campagne semblaient allumer de grand feu sur les toits et dans les bâtiments pour signaler à la Horde la position de Brüner et de ses hommes, mais là c’était différent. Des flammes chimiques sortaient de certaines fenêtres dans des explosions de verre brisés et d’appels d’air. Il semblait que les incendies n’étaient pas anodins, ils formaient tous, dans une fresque grotesque, quelque chose. Brüner baissa les bras. La pointe de son épée toucha le sol. Il était bouche bée. Il contemplait une parodie de ce qu’il cherchait depuis plus de dix ans. Ce pour quoi il était ici. Ce pour quoi ils étaient tous morts. Tant de mort, de sang et de souffrance. De sa main gauche il tenta de toucher l’image que ses optiques lui renvoyaient. Dans la tempête et les flammes d’un incendie qui ravageait la façade d’un bâtiment impérial, une idole grotesque représentait un poing de feu aux dimensions impressionnantes. C’était l’emblème de ces Orks sauvages c’étaient choisi, imprimés dans leur ADN, imprimé dans leurs gênes, et dans leur lignée abâtardie. Ils vénéraient une chose et une seule. Le Poing de l’Empereur.

 

               

La rune d’alerte d’un tir en approche le sorti de son admiration de l’idole Ork. Derrière lui, un peau verte, tourna sur lui-même en se fracassant au sol. Le bolt du fusil stalker venait de le toucher sous le menton.

-Je ne sais pas ce que vous contemplez frère sergent, mais même moi je ne pourrais les tenir en respect aussi longtemps.

La voix de Konrad résonna dans ses écouteurs. Ils y étaient, ils l’avaient trouvé. Le Poing. Leur relique perdue. Brüner démarra au quart de tour, courant droit sur la position de ses hommes. Ils étaient en hauteur, au sommet d’une quinzaine de marche menant à une des entrées de la tour noire. Ils étaient devant un sas hermétique encore ouvert, tirant sur les Orks en approche. Ils avaient fait le plein de munitions et leur avantage tactique était maintenant supérieur. Brüner courait comme un dératé. La vitesse de sa course s’affichait dans son heaume, quand il dépassa la cinquantaine de kilomètre par heure, il décida de ne plus y prêter attention. Il tourna la tête à droite, puis à gauche. Il était suivi. Des hordes de peaux verte convergeaient sur lui depuis les ruelles. Elles le talonnaient.

Les tirs de ses hommes étaient précis. Ils venaient faucher les monstres comme des fétus de pailles. La place était jonchée de corps démembrés. Brüner du sauter par-dessus un monticule de corps. Quand depuis sa droite, un Ork qui courait en hurlant, une hache dans chaque main bifurqua pour lui couper la route.

« Pas maintenant, pas comme ça. Pas si près du but. » Pensa Brüner dans sa course folle. Au moment de l’impact, il mit l’épaule en avant. Son énorme épaulière aux couleurs des Black Templars percuta la face de l’Ork qui fut pulvérisé. Le choc ralentit le sergent, qui dut reprendre ses enjambées pour atteindre sa vitesse de pointe. Il voyait le lance flamme de Karl rugirent au loin, comme un phare dans la nuit. Il se concentra sur ce point précis, avalant la distance à toute allure.

 

               

-Verrouillez ! Hurla Brüner. Il montait quatre à quatre les dernières marches.

Ses hommes étaient déjà derrière le chambranle de la porte anti souffle, toujours en train de l’appuyer dans sa montée. Des Orks avaient eux aussi commencé à monter les marches pour bloquer le sergent dans sa montée.

Dord était aux prises avec le système de fermeture de la porte. Il appuyait frénétiquement sur le bouton de fermeture, mais rien ne se passait. Dans un excès de rage, il frappa du point le cadran qui fut pulvérisé par le coup. Il dégaina son pistolet et visa les immenses chaines qui maintenaient en place les contrepoids.

-Maintenant ! Verrouillez ! Hurla à bout de souffle Brüner.


Dord vida son chargeur à bout portant. Les chaînes cédèrent, et la porte commença à glisser vers le sol, attirée par la gravité. Brüner s’élança et sauta, tête en avant. Son armure toucha le sol, dans une débauche d’étincelles de la céramite contre le béton. Il passa le seuil blindé, quand le sas tomba au sol, verrouillant l’accès, dans un fracas du métal contre le métal. Dehors la Horde se fracassa contre l’acier renforcé et l’adamantium de synthèse du sas. Emporté par sa vitesse dans sa glissade non contrôlée, Brüner alla percuter le mur de l’autre côté. Sa tête percuta le sol et le mur, dans un craquement sinistre.

Dans le noir total, Karl illumina la pièce dans laquelle ils se trouvaient à l’aide de la veilleuse de son lance flamme. Un son inquiétant venait de là où c’était écrasé le corps de Brüner. Karl approcha, ainsi que Gauron. Ils découvrirent Brüner, étendu sur le sol, comme assis contre le mur de béton, lézardé par l’impact de sa carrure, en train de rigoler de bon cœur. Il avait retiré son heaume de combat, et entre deux rires, crachait des glaviots de sang au sol. Son visage était couvert de coupures, écrasés par endroits, lacérés à d’autres. Du sang lui coulait dans les yeux, ses cheveux collés par le liquide qui s’échappait de son cuir chevelu.

Gauron fut le premier à tendre une main amicale à son sergent pour le relever.


-Qu’y a-t-il de si humoristique ? Demanda Gauron le sourire aux lèvres.

Dans un sourire carnassier et froid, Brüner lui répondit, sa voix pleine de douleur, mais de détermination, résonna entre les murs de pierres humides de l’entrée du bloc hab abandonné.

-Nous l’avons trouvé, mes frères.

Laisser un commentaire ?