Black Templar Tome II
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Ils étaient là. Dans une ruelle adjacente. Ils se déplaçaient presque à quatre pattes. Le dos voûté, le regard fuyant, la bave aux lèvres. Un des trois brandissait une arme à feu rustique, et aux vues de comment il la tenait, il ne savait pas vraiment s’en servir. Konrad les voyait clairement à travers la lunette de son fusil stalker. Il suivait patiemment chaque pas de l’Ork de tête, chaque mouvement était anticipé, de sorte que son réticule ne sorte jamais du centre de masse de sa cible. Ils étaient à deux cents mètres, un tir facile. Même à travers la pluie et l’orage. Konrad retint son doigt sur la queue de détente et rapporta ce qu’il voyait dans son optique :
-J’ai trois contacts, armement léger, à deux cent mètres, sud-ouest de notre position, déplacement lent. Ils nous cherchent.
-Surveilles les mon frère, à la moindre alerte, abats-les. Ordonna le sergent Brüner, un étage plus bas.
Cela faisait une vingtaine de minutes qu’ils c’étaient mis à l’abris. Konrad à l’étage surveillait les mouvements ennemis aperçus plus tôt. Lyderic surveillait lui aussi avec plus d’attention son secteur, toujours à l’abris du chambranle d’une porte. Soudain dans l’affichage du heaume de guerre du sergent Brüner une diode s’alluma, signe d’une transmission entrante qui attendait d’être acceptée. C’était la rune de Osmound, le techmarine du Revenant, trop grièvement blessé bien avant la croisade d’expiation pour pouvoir encore se déplacer par ses propres moyens. Il était coincé sur le croiseur pour le reste de sa vie, faisant son devoir, sans rechigner, craignant d’être un poids mort pour ses frères il redoublait d’astuces et d’inventivité pour les aider pendant leurs missions.
-Nous vous écoutons frère Techmarine. Commença le sergent.
-Il s’appelait Kargistius. La voix mécanique du Techmarine résonna dans leurs heaumes.
Osmound fit une pause d’une minute complète, dans un silence pesant. Au nom de leur frère, les Astartes présent prièrent en silence. C’était le nom d’un frère depuis longtemps tombé, sans qu’aucun homme ou Astartes n’eut pu lui rendre hommage. Ils prièrent pour son âme, et pour louer ses actions. Il avait, même dans la mort, aidé ses frères, et il n’était pas tombé en vain ni sans combattre. C’était un véritable guerrier de l’Empereur-Dieu. Ses ossements reposeraient avec ceux de ses frères, dans les cryptes du Revenant, et son armure elle aussi reposerait dans le Hall des Héros. Jugeant durement ceux qui l’emprunterait, sur leurs actions, leurs faits d’armes et la pureté de leurs missions. Tel était son destin, et même dans la mort, il servirait. Le devoir était éternel.
-Notre frère tombé nous a laissé un bien beau leg mes frères. Reprit Osmound après une pause. Mais son armure a souffert. L’esprit de la machine est révolté et ne se laisse pas manipuler aussi facilement. J’ai beaucoup de mal à accéder à ses bandes mémoires.
-On dirait que l’esprit de notre frère est entré dans son armure. Il est un peu rancunier. Lança Lyderic, toujours en train de scruter la route.
Le trait d’humour de Lyderic était sans méchanceté, ni moquerie. C’était une observation et un sentiment que partageais tous les Astartes présent. Il venait de vocaliser ce qu’ils ressentaient tous. Quelques frères rires mêmes franchement dans leurs armures. La tension accumulée sembla redescendre un peu. Osmound qui avait depuis longtemps oublié ce qu’était l’humour depuis que la majeure partie de son corps avait fusionné avec la machine ne releva pas ses dires.
-Je suis en train de tout télécharger et de compiler, cela va prendre un peu de temps mes frères. Mais j’arriverais surement à accéder aux dernières minutes d’enregistrement de sa mort. Osmound Terminé.
Avant même que Brüner ne puisse répondre la ligne était coupée. On aurait dit que Osmound n’avait plus aucun sens des relations sociales et restait toujours concis, précis et froid. Un vrai Black Templar, pensa Brüner.
Cette voix le réseau vox prit vie lui aussi mais c’était une voix plus chaude, familière. La conversation débuta même par un juron, quand on entendit en arrière fond les bruits d’une rentrée atmosphérique.
-Thunderhawk Defiance en approche pour soutient aérien mes frères. Cette planète veut vraiment notre mort. La traversée de la couche nuageuse semble compliquée.
D’autres rires se firent entendre dans les heaumes des Astartes au sol. Hasmond le pilote était connu pour son tempérament volcanique, sûr de lui mais aussi très vulgaire.
-Nous sommes toujours sur notre position, reste en altitude et donne nous autant d’informations sur les mouvements ennemis que tu verras depuis les hauteurs, frère. Ordonna Brüner.
-Frère sergent, c’était Hasmond, mais sur une ligne privée.
-Je t’écoute.
-Ton serf, me tape sur les nerfs. Il a insisté pour venir sur la première extraction. Et à notre retour, il a lui-même prit les devants et a aidé au rechargement de notre appareil. Rapporta Hasmond toujours aux luttes avec ses commandes.
Brüner resta pensif une demie seconde.
-Je le réprimanderais pour cela à notre retour. J’espère qu’il ne s’est pas invité pour ton deuxième voyage.
-Non, je l’ai congédié, en lui disant que c’était un ordre direct de ta part. Mais ne le punit pas. Cet homme, ton serf, est un véritable serviteur de notre Chapitre. Ne le punit pas. Aujourd’hui il a prouvé sa valeur.
-C’est vrai. Il nous faudrait plus d’homme comme lui, mon frère. Accorda Brüner.
-Oui, j’ai vraiment besoin d’un serf à mon service. Répondit du tac au tac Hasmond.
Brüner coupa la liaison. L’humour de Hasmond l’avait pris au dépourvu et il savait très bien que celui-ci était hilare dans son cockpit, à naviguer à l’aveuglette dans les nuages, sous les éclairs et la pluie. Mais cela ne changeait pas qu’il avait raison. Son serf, aujourd’hui avait fait la différence. C’était plus qu’un serf. Son vox pour la troisième fois en dix minutes prit vie :
-Ils nous ont trouvés.
Le premier groupe qu’avait repéré Konrad avait fait jonction, ou ce qui s’en rapprochait le plus avec un autre groupe, plus populeux. Au détour d’un carrefour à environ cent cinquante mètre de là, ils étaient tombés nez à nez avec une autre bande d’Orks. Dans un premier temps, ils semblèrent s’éviter, comme méfiant les uns des autres. Mais celui qui tenait son arme à feu visa un de l’autre groupe, comme pour le soumettre, et tout commença. Les deux groupes se chargèrent les uns les autres. A coups de poing, de griffes et de massues ils s’attaquèrent, en plein milieu de la route. Trois ou quatre Orks du second groupe s’acharnèrent sur un des trois, le massacrant au sol. Kantor, éberlué, observait la scène, toujours son optique rivée sur la lentille de sa lunette. Il avait déjà entendu parler et vu de ses propres yeux l’agressivité des Orks envers leur propre espèce quand l’appel du combat devenait trop long. Mais là, c’était comme s’ils avaient oublié que des Astartes avait massacré plusieurs centaines des leurs il y avait à peine quelques minutes. Quand une bourrasque de vent glacial remonta toute la rue principale, fouettant les peaux vertes dans leur pugilat. Ils semblèrent s’arrêter de se battre, reniflant dans la tempête.
Kantor remarqua aussitôt le changement d’attitude de la meute d’Orks, et enleva son cran de sureté. Dans sa lunette, on aurait dit que chaque Ork essayait de se grandir, humant l’air, comme une girouette. Soudain il réalisa. Il enleva son œil de sa lunette, pour se regarder lui-même. Il n’avait aucune trace de sang. Malgré le fait qu’il eut été éclaboussé voir même aspergé de sang ennemi durant leur combat, la pluie et la violente tempête avait lavée leurs armures de toute souillure. Non c’était autre chose. Ils sentaient autre chose. Ça ne pouvait être que ça. Ils sentaient la poudre dont les Astartes étaient imprégnés. Kantor ouvrit une liaison vox avec toute l’escouade un étage plus bas pour rendre compte, quant au bout de son fusil, les Orks commencèrent à progresser vers l’origine de ce qu’ils avaient senti, droit sur leur cachette.
L’ordre fut donné. Comme un seul homme les Astartes présent, renversèrent les tables, barricadant les fenêtres. Frère Hank avec son bolter, se posta derrière un des comptoirs. Le seul couvert à peu prêt viable dans la confrontation qui arrivait. Gauron et Johann sortirent la pièce du fond. Johann posa son volumineux bolter lourd lui aussi sur le comptoir, le bois sembla grincer sous la charge. Il c’était dégagé un champ de tir spacieux devant lui, sur la baie vitrée panoramique de la petite échoppe. Lyderic ne quitta pas son couvert, sur une des portes de la boutique, tandis que de part et d’autre Dord et Markus se positionnèrent à ses côtés. Dord n’avait pas sorti son pistolet bolter, et attendait presque sur le perron, pavois et épée à la main. En quelques secondes, toutes les armes de l’escouade étaient tournées vers la menace qui approchait.
-Faîtes-moi un rapport des munitions.
Tous les Astartes répondirent. Après l’engagement sur la place de la cité, les chargeurs avaient été vidés, mais les niveaux n’étaient pas alarmants. Seul Johann, n’avait plus que la moitié de sa réserve dorsale, pleine.
-Economisez les munitions mes frères. Nous ne savons pas encore combien de temps nous devons rester là. Kantor ? N’ouvre le feu que si nous sommes formellement repérés.
-Bien reçu frère sergent. Répondit-il dans un souffle l’œil toujours braqué dans sa lunette.
Konrad n’était pas un tireur débutant. Il c’était positionné accroupis. Aucune chaise ou même le lit simple dont le bois semblait mangé par la pourriture n’aurait pu supporter son poids. Il était juste à genoux, son fusil bolter posé sur une table, au centre de la pièce. Jamais il n’aurait laissé dépasser le canon de son arme par la fenêtre, trop visible pour un observateur extérieur, même aussi stupide que les Orks. Il était indétectable et même s’il ouvrait le feu, le son de son tir serait plus difficile à détecter. Il regardait une bande d’une cinquantaine d’Orks converger vers eux, remontant la route principale à toute allure, sans progression tactique, ou appuis mutuels. Ils fonçaient juste sur l’odeur qu’ils avaient sentie plus tôt. Konrad vu dans sa lunette le signal qu’il attendait. Un Ork tenait dans ses mains un tube lanceur de missile, surement volé dans un dépôt de la garde impériale de la planète. Il semblait rouillé, et il doutait qu’il réussisse à toucher leur position à cette distance, mais il ne pouvait prendre aucun risque. Il cala sa respiration sur les déplacements de l’Ork, qui s’arrêta pour viser le bâtiment où il se trouvait. L’angle était parfait, les conditions optimales. Il laissa échapper l’air de ses poumons lentement. Ses cœurs étaient calmes même aux vues de la marée de contacts qui arrivaient sur eux. Simplement et calmement il pressa la queue de détente.
Deux cents cinquante mètres plus loin l’Ork fut touché à la gorge. Il s’écroula sur le dos, le tube toujours dans les mains, dans une mare de sang.
La douille brûlante tomba sur le parquet de bois pourri. Le mécanisme d’armement semi-automatique avait déjà envoyé une autre cartouche dans la chambre pour le tir suivant. Le premier tir avait fait tomber un peu de poussière du plafond et décollé de la peinture des murs. Le recul était familier maintenant pour Konrad, qui avait déjà en ligne de mire une autre cible. Il commençait à viser les cibles les plus importantes de la Horde qui arrivait sur eux. De préférence à l’arrière de la colonne, de sorte que ceux qui fonçaient en première ligne ne remarque que trop tard leurs pertes dans leurs dos. Il pressa encore la gâchette, le fusil cracha.
Le bolter stalker de Konrad venait de claquer deux fois à intervalle court depuis l’étage supérieur. Brüner risqua un coup d’œil dans sa lunette vers la rue, pour voir s’approcher un rideau de corps qui convergeaient vers son bâtiment. Il harangua une dernière fois ses hommes, donna ses ordres. Dord d’un tempérament calme semblait tendu, il frappait nerveusement son pavois du plat de son épée, comme un signe de défit. Ils étaient tous paré. Soudain les tambours retentirent dans la cité. La Horde était prévenue.
-Feu à volonté ! Pour l’Empereur-Dieu de l’Humanité ! Pour le Chapitre ! Pour Dorn ! Pas de Retraite ! Pas de Réédition ! Pas de Quartier ! Hurla à pleins poumons Brüner par les hauts parleurs de son heaume de bataille.
La guerre vous vole tout. Votre jeunesse, votre vitalité, vos amis et vos frères. Mais aussi le monde qui vous entoure. La surdité est la première blessure de guerre, bien devant les mutilations ou les dégâts psychologiques. Les coups de fusils, les bolts qui claquent, les explosions, les chars d’assauts, les bombardements même les Titans qui marchent parmi les hommes. Tout cela, un jour ou l’autre viendra à bouts des tympans des gardes impériaux et des combattants à travers toute la galaxie. Une fusillade dans un espace clos vous sonnera pendant de longues minutes. L’explosion d’une grenade dans un bunker et vos tympans ne se remettront jamais. Une passe d’arme sans bouchons de tirs et vos oreilles n’entendront plus rien. La guerre ne vous tue pas, mais vous estropie, à vie.
Le bolter était une arme terrifiante. Elle n’est pas conçue pour être gracieuse, ni harmonieuse, mais pour être mortelle et fiable. Même si ses projectiles son auto-propulsés, la détonation du coup peut vous rendre sourd un homme normal, et le recul lui déboiter une épaule, s’il arrive à le soulever pour s’en servir. L’impact de ses munitions est si terrible que peu de personne peuvent parler pour en témoigner, quant au son de ses bolts qui traversent l’air vers vous, leur bruit vous terrifie. Le bruit de l’explosion de chaque bolt réussi à vous paralyser sur place. C’est une arme de destruction, et son bruit est l’incarnation de la volonté des Anges de l’Empereur-Dieu.
Dix Astartes ouvrirent le feu en même temps depuis leurs couverts. Les caches flammes crachèrent leurs munitions. Dans des geysers de flammes de tirs, et le souffle des canons, l’air vibra. La peinture qui restait encore accrochée aux murs tomba, la poussière tomba des fissures du plafond et du sol. Les meubles vibrèrent à l’unisson devant la fusillade à courte portée qui venait d’éclater en une seconde. Les maigres encadrures de portes et de fenêtres volèrent en éclats devant le déluge de feu qui partait de l’intérieur du magasin où avait trouvé refuge les Astartes. On aurait dit qu’il prenait littéralement feu. Chaque ouverture vers la rue principale fut illuminée par les flashs de tirs des bolters des Astartes qui vidèrent leurs chargeurs sur la Horde qui chargeait droit sur eux.
Le fusil de Konrad claquait. Il avait abandonné depuis longtemps sa sélection de cible prioritaire. Dans sa lunette il ne voyait plus qu’une masse de corps indistincte. Son chargeur vide claqua au sol, il en inséra un autre pour reprendre le tir. Les Orks étaient tellement serré que ses tirs perforants venaient parfois emporter deux ennemis ou trois. Le bolts les pourfendant de part en part avant de détonner dans les chairs vertes. Il continuait le tir, alors que la rue se remplissait d’Orks en proie à la rage la plus sourde et aux sons des tambours de guerre.
Brüner venait de vider son chargeur qui claqua au sol. Tout autour de lui ses hommes criaient qu’ils rechargeaient ou reprenaient le tir. Johann n’avait pas encore ouvert le feu. Son bolter lourd était une bénédiction dans ce genre d’action et il attendait patiemment le moment pour faire son devoir. Il tirait tout de même avec son pistolet bolter, emportant des ennemis à chaque détonation. Brüner ne voyait que des gueules garnies de crocs et des regards perçants dans son viseur. Il venait de perdre le compte des cibles abattues. Dord toujours immobile devant la porte principale tambourinait son bouclier de son épée, comme pour les provoquer. Le barrage de tirs qui emportait des poignées d’Orks à chaque seconde ne semblait pas les ralentir. Les vagues suivantes piétinaient les premières sans ménagement. Tous les Astartes avancèrent d’un pas, campé sur leurs jambes, face à la rue et continuaient de tirer au coup par coup dans des tourbillons de flammes, de fumée et de douilles vides.
Brüner tirait à la hanche. Il n’avait plus besoin de viser. Chacun de ses tirs faisait mouche. Il venait de sectionner une jambe à un Ork quand celui-ci tomba face contre terre, emporté par son élan, la face dans une marre du sang de ses congénères. Il fut piétiné par les suivants, que Brüner faucha d’un bolt dans l’abdomen. A la détonation du projectile, ils furent quasiment coupés en deux. Ils continuaient d’approcher. Plus que cinquante mètres.
Brüner recula vers l’arrière du magasin, tout en rechargeant et communiqua avec le Revenant en orbite malgré le vacarme de la fusillade derrière lui. Konrad passa devant lui, il venait de quitter l’étage. Ses talents de tireur de précision ne servaient plus à rien en haut. La Horde ne pouvait plus être stoppée. Il vint joindre ses tirs à ceux de ses frères, pour repousser l’ennemi presque sur eux.
-Encore quelques minutes frère sergent, l’esprit de la machine résiste encore. Répondit la voix d’Osmound.
Brüner coupa la liaison rageusement. Il en ouvrit une autre avec le Defiance qui approchait.
-Sur vous dans une minute frère sergent. Autorisation d’engager ?
-Négatif, donnez-nous une vue d’ensemble, nous appellerons des frappes pour nous aider. Brüner coupa aussi la liaison quand un Ork surgit de nulle part. Il venait de passer par une des fenêtres barricadées du magasin. Il venait de passer à travers. Le ver l’avait entaillé sur la majorité du corps, mais il était dans la boutique. Sans attendre, en une demi seconde Brüner dégaina son pistolet bolter, son bolter dans une autre main. Il logea un seul bolt par réflexe dans le bas ventre de l’Ork qui s’effondra au sol quand il détonna en lui. Ses viscères et ses organes se répandaient au sol, au milieu des douilles vides et des débris de maçonneries. Il l’acheva d’un autre bolt derrière la nuque quand l’Ork essaya encore de griffer ses jambières de ses doigts crochus. Dans une explosion de cervelle et de sang, Brüner ordonna à Lyderic de venir appuyer cette entrée sur leur position défensive. Brüner retourna vers la rue et vit que l’ennemi était sur eux.
-Johann, massacres les !
Johann attendait l’ordre avec impatience. Il poussa ses frères de ses larges épaules, et posa sa jambe gauche le muret qui entourait les murs qui donnaient sur l’extérieur du magasin, comme l’aurait fait un capitaine de navire antique, à la poupe de son bateau pour scruter l’horizon. Dans un grognement d’effort il amena son bolter lourd devant et ouvrit le feu sur les Orks qui étaient presque sur eux. Le bolter lourd hurla. Ses flammes de tirs sortirent même par les fenêtres brisées qui donnaient sur l’avenue principale. Johann faisait décrire des mouvements de gauche à droite à son arme qui rugissait dans ses mains. Le recul de l’arme était monstrueux, mais la carrure de Johann le maintenait en place. Sa première rafale durant dix secondes complètes. Où une centaine de bolts de gros calibres furent envoyés sur la Horde complétement à découvert.
Partout où son regard se portait, les corps tombaient. Les torses étaient broyés, les membres arrachés. Le sang giclait dans la tempête, et les cadavres s’entassaient sur le ferrobéton de la route. L’affichage de Johann n’était plus que flammes de tirs, débauche de violence et le vacarme continue d’une fusillade à sens unique.
Le bolter lourd venait de se taire. Le canon devait refroidir et Johann avait pour ordre d’économiser ses munitions. Sans attendre ses frères repassèrent devant le porteur d’arme lourde qui reculait, pour prendre sa place, et reprendre le tir sur les Orks qui approchaient. Le tir de bolter lourd avait envoyé au tapis plus d’une centaine de cibles qui c’étaient effondrés sur le sol, à l’endroit où leurs corps furent vaporisés.
Là où le bolter était une arme agressive et violente, le bolter lourd l’était encore plus.
Malgré tous les efforts de l’escouade de croisés, la Horde arriva au contact. Dord encaissa le plus gros de la charge. Son pavois presque planté au sol par la pointe ne recula pas d’un pouce quand les corps des Orks qui rugissaient leurs chants de guerre, dans leurs bouches bavant un liquide jaunâtre et garnies de crocs essayaient de le mordre.
Leur nombre joua en leur défaveur. Les corps se pressèrent contre les murs qui tenaient le magasin debout depuis toutes ces années. Ils étaient tellement nombreux, et si collé les uns les autres qu’ils s’empêchèrent de passer les montants. Les Astartes n’attendirent pas pour massacrer les Orks incapable de passer.
Les tirs étaient à bout portant, les chairs explosèrent dans des geysers de muqueuses et de sang. Même les morts ne semblaient pas pouvoir tomber, la masse des autres les en empêchaient. Dord perforait les thorax de la pointe de son épée, tranchait quelques fois une main ou un bras qui essuyait de l’agripper. Les Astartes avaient reculés d’un pas ou deux, toujours en tirant sur ce qui semblait être un véritable mur de corps Orks. Maximilian vidait inlassablement son fusil à pompe à courte portée. Son armure luisait de sang qui à chaque cartouche s’en retrouvait aspergée d’une nouvelle volée. Brüner rechargeait encore son chargeur. Au lieu du son mat qu’il aurait fait en tombant au sol, il ne fit presque aucun bruit. Surprit il regarda ses pieds. Il baignait dans le sang. Les cartouches flottaient dans un à deux centimètres de sang Orks qui continuaient de s’écouler depuis le mur de corps qui continuaient de se presser devant eux.
Markus cessa son chant de guerre pour arrangeur une nouvelle fois les Astartes autour de lui :
-Nous manquerons de bolt avant de manquer d’ennemi ! Nous les noyerons dans leur propre sang s’il le faut ! Son crozius s’abattit sur la marée verte, explosant les bras qui dépassaient, et les têtes qui hurlaient de frustration.
-Que voyez-vous depuis les airs, frère ?
-La Horde principale continue son avancée sur vous, mais la masse de corps devant votre couvert les empêche d’avancer. Je vois un autre groupe prendre des rues parallèles pour essayer de vous contourner.
-Autorisation d’ouvrir le feu. Broyez-les. Ordonna Brüner qui venait de dégainer son épée pour perforer les corps qui se tassaient devant lui.
Hasmond dans son cockpit réceptionna l’ordre. Il le transmit à son équipage, déjà préparé au combat. Son artilleur n’attendait que le signal pour ouvrir le feu. Hasmond avait fait changer la configuration d’équipement de son Thunderhawk quand il c’était posé sur le Revenant pour déposer l’armure et son porteur pour analyse.
-Missiles Hellstrike frère pilote ? Demanda l’artilleur.
Ses écrans pix étaient remplis de runes rouges censés représenter un Ork au sol. La masse était si compacte que l’esprit de la machine marquait comme hostile toute la zone, sans différencier les individus au sol. Ils étaient trop nombreux pour que le vénérable Thunderhawk ne puisse les détecter séparément.
-Economisons nos ressources. Passe de mitraillage.
L’artilleur accusa réception de l’ordre et braqua ses armes sur la Horde en contrebas.
Le Defiance volait en spirale, dans un cercle presque parfait, avec en son centre la position du sergent Brüner, un kilomètre plus bas. Il avait baissé d’altitude pour avoir une meilleure optimisation des tirs de son appareil et un meilleur visuel. Il avait aussi descendu sa vitesse au minimum, de fait qu’il puisse faire de larges et longs tours au-dessus de la cible pour un maximum d’efficacité.
C’était le flanc gauche de l’appareil qui était incliné vers le sol dans la large boucle perpétuelle qu’effectuait le cuirassé. Les deux bolters lourds jumelés de ce flanc-là, tournèrent à quatre-vingt-dix degrés sur la gauche, braqués sur le sol. Quatre bolters lourds ouvrirent le feu à l’unisson sur une masse de corps si compacte que le sol n’était plus visible.
Le flanc gauche s’illumina sous la douche de tirs qu’il tira. Les bolts traçants filèrent vers leurs cibles, et broyèrent les Orks en dessous. Les bolts frappèrent sans distinction les corps, le sol et les cadavres. L’artilleur tirait des rafales contrôlées et courtes, avec un maximum d’efficacité. Bientôt ce fut toute la rue principale qui fut noyée sous le sang Ork qui coulait dans les canalisations et les caniveaux par hectolitres.
Au dehors, Brüner entendait malgré le vacarme ambiant de la fusillade et de l’empoignade, les bolts tomber autour d’eux. Le Thunderhawk les appuyaient avec une passe de mitraillage. Le carnage devait être grandiose, mais celui à l’intérieur l’était tout autant. Il ne savait pas combien de temps ils tiendraient. Quand tout à coup son oreillette prit vie.
-Frère-sergent, ici Osmound. J’ai réussi. J’ai trouvé la position du reste de l’escouade nos frères. Je vous envoie les coordonnées. Terminé.
Osmound coupa presque aussi vite qu’il l’avait ouverte la liaison. Brüner prit un instant pour analyser la situation. La cible était un complexe d’habitation à presque cinq kilomètres de leur position actuelle. D’après les plans qu’avaient téléchargé l’esprit de la machine de son armure, c’était une des tours les plus hautes de la cité ruche. Un des seuls bâtiments qui sortaient un temps soit peu du sol. Le vacarme du mitraillage en règle du Defiance venait faire trembler le sol jusqu’à l’intérieur de la boutique où ils c’étaient réfugiés.
-Defiance, ici force au sol. Demande de frappe de précision sur le sud-ouest de notre position. Ouvrez-nous un passage dans la Horde. Et appuyez notre avancée jusqu’à notre objectif. Terminé. Brüner n’avait pas fini sa phrase mais se tourna vers Kantor. Brûle-les.
Kantor attendait patiemment l’ordre. Il pointa son lance flamme sur le mur de crocs et appuya sur la gâchette. C’était comme si la langue de combustible frappa un mur fait de béton. Elle sembla s’accrocher à sa surface mais parti vers le haut. Le sol et le plafond de la pièce furent aspergés de combustible incendié. Les cris de douleurs retentirent dans le magasin. Le Orks étaient brûlés vif sur place sans pouvoir rien faire. Dord continuait malgré tout, de pourfendre tout ce qui passait à portée. Le massacre était grandiose. Les murs et le plafond commençait à prendre feu. Bientôt tout leur abri prendrait feu, mais la Horde semblait reculer aux vues des flammes qui la rongeait. Le Thunderhawk pilonnait encore les devants de leurs positions, à l’extérieur.
-Nous faisons mouvement vers le reste de nos frères disparus ! Attendez la frappe du Defiance pour bouger à mon signal. Kantor, ouvre-nous un passage dans ce mur ! Hurla le sergent.
Kantor se retourna en vissant un nouveau bidon dans son lance flamme. Il le passa en bandoulière pour prendre dans ses mains le lance plasma qu’il avait récupéré. Il actionna sa rune de mise en marche. Le peu de liquide qui restait encore dans son réservoir commença à luire dans la pénombre de la pièce. Dord avait cessé son combat pour se tenir presque le plus proche du mur en question. Derrière eux, la Horde semblait avoir perdue son enthousiasme, pour l’instant.
Le monde sembla s’effondrer. Une bombe tomba juste dans la ruelle derrière le magasin. Les Orks furent soulevés de terre. Le souffle dans un espace aussi restreint chassa les corps et les blessés, dans des bourrasques de shrapnels et de flammes. En un instant une centaine d’Orks furent broyés sous la charge explosive, dégageant un couloir de mouvement pour l’escouade de croisés.
Kantor finit sa prière, et dans un murmure brandit droit devant lui son lance plasma. Il pressa la queue de détente. Au lieu du recul habituel d’une arme à feu, une chaleur insupportable se dégagea de l’affût de l’arme. Toutes les alarmes des Astartes présent se déclenchèrent devant le projectile qui parti droit devant eux. Une boule de plasma surchauffée toucha le mur de pierre épais de plusieurs dizaines de centimètres. Dans une débauche d’effets pyrotechniques, le mur fondit en une seconde, laissant béant un trou de deux mètres sur un. La pierre fondue dégoulinait des bords, touchant le sol en grésillant. Dord s’élança en premier, hurlant de rage, des insultes mêlées à des prières de dévotions pieuses. Dans son dos Kantor remercia l’esprit de la machine de son lance plasma, maintenant vide, le repassant dans son dos.
Brüner fut le second à passer la brèche. Des gouttelettes de pierre fondue tombèrent sur ses épaulières quand il passa. Dans le lointain, presque à l’horizon, il la vit. La tour, immense, noire et froide. Elle semblait luire elle aussi, d’un feu ardent qui illuminait une de ses côtés, mais pas une qui leur faisait face. Sûrement dû aux feux de guerres Orks qu’ils avaient déjà croisés. Son attention se tourna vite vers la ruelle par laquelle ses hommes passaient. Achevant les blessés et les agonisants, courant tout droit. Le Thunderhawk continuait de marteler les ruelles voisines, abattant des cibles que les Astartes ne voyaient pas. Brüner s’élança, rejoignant ses hommes, qui couraient droit vers l’ennemi, la prière aux lèvres, le feu dans leurs mains et la rage dans leurs cœurs.