Black Templar Tome II

Chapitre 8 : Point De Non-Retour

9193 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 19/04/2021 18:39

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Les couloirs de la station tanguaient de plus en plus souvent sous les explosions titanesques qui la secouait. Il était sûr que ces explosions étaient le fait de sabotage internes par les membres du culte genestealer qui laissaient parler leur rage sourde sur les citoyens impériaux encore vivant. Brüner progressait rapidement, Dord avait pris la tête de la formation, son pavois devant lui pour le protéger de la moindre menace. Sa cotte de maille nouvellement acquise faisait un bruit métallique à chaque pas, mais la discrétion n’était plus de mise. Markus fermait la marche, pointant son pistolet bolter vers chaque ombre suspecte, ou bruit dans le vacarme de la station attaquée. Ils arrivèrent devant un sas hermétique, comme il en existait bon nombre à intervalle régulier. Ils étaient placés de manière à ce que si une des coursives fut dépressurisée alors l’intégrité du port orbitale ne connaisse le même sort. Les trois Astartes arrivèrent au sas, devant la console qui en permettait l’accès. Markus prit l’initiative de pianoter sur les touches d’ivoire pour en ouvrir les battants. De l’autre côté du sas, un silence suspect régnait. Même au travers des parois blindées, l’ouïe des anges de l’Empereur ne percevait rien. Dans un chuintement de vérins hydraulique la porte s’ouvrit. Un rapide coup d’œil de la part du sergent vers le chapelain l’avertit que son frère n’avait pas encore terminé de composer la séquence, et qu’il n’était pas responsable de l’ouverture du sas. La porte s’ouvrit vite. Dans un réflexe inhumain, Brüner, Markus et Dord chargèrent de l’autre côté.


Le coup de poing armuré qu’envoya le sergent Brüner dans le visage de la créature de l’autre côté de la porte qui ne s’attendait pas à tomber sur des Astartes, lui broya le crâne dans une bruine d’esquilles d’os et de cervelle. Dord dégaina son épée énergétique qui trancha aussi facilement que dans du papier, les corps et les armes qui essayaient de les viser. Markus envoya un coup de pieds dans le thorax d’un des hybrides, l’envoyant valser loin du sas, le corps brisé. Le carnage ne dura pas plus d’une dizaine de secondes. Quinze hybrides gisaient, mort, annihilés. Dord en acheva un, à l’aide de son pavois, lui écrasant la carotide d’un coup sec, le décapitant, mettant fin aux gémissements de douleur.


Ils pouvaient maintenant tous voir les horreurs qu’étaient ces hybrides. Des têtes chauves, enfoncés dans des crânes bulbeux et mauves, des petits yeux habitués à la noirceur des égouts dans lesquels ils ont grandi et ont patienté pour attaquer. Ceux-là ne devaient être que de la deuxième ou troisième génération, certains n’avaient que trois membres, et d’autres seulement deux. Ils ont dû naître sur cette station, se cachant dans les recoins sombres et les hangars désaffectés, attaquant les rares techniciens ou matelots pour les contaminer. La corruption s’étendait partout. Ils avaient été patient, et maintenant le carnage commençait. Le vacarme d’une fusillade un sas plus loin les tira de leurs observations, et ils repartirent en courant dans les corridors ravagés. L’oreillette vox du sergent prit vie :


-Ici frère Maximilian, nous venons de sécuriser les tourelles de défenses Ouest. Nous avons fait la jonction avec une escouade de sécurité. Nous continuons d’être attaqué sur notre périmètre. Nous tiendrons. Terminé.


Brüner sourit dans son heaume tout en courant, il ne pouvait s’attendre à un autre comportement de Maximilian. Il était sérieux, froid, distant mais minutieux. Son indépendance aurait pu être un frein à une cohésion du groupe, mais pas dans son cas. Il aimait avoir une mission à remplir et faire tout pour l’atteindre. Rien ne pourrait se mettre en travers de son chemin. Il prenait naturellement la tête de son binôme pour le mener vers la victoire. Les tourelles Ouest n’étaient plus un problème.

               

-Contact avant ! Hurla frère Lyderic.


Aucun stress ni mouvement parasites ne virent perturber ses mouvements. Dans un seul geste il épaula son bolter en mettant genoux au sol, son binôme, frère Hank resta debout, derrière lui, et à deux formèrent un mur de céramite et de bolters crachant la mort au milieu du couloir. Des formes de l’autres cotés tombèrent au sol, perforées. Les ennemis qui venaient de surgir de l’autre côté du passage se jetèrent à couvert et essayèrent de délivrer un feu sur les Astartes qui n’avaient pas bougé d’un pouce.


-En avant ! Hurla dans le vox de son binôme Lyderic.


Il se releva tout en tirant au coup par coup sur chaque formes sombres qui émergeaient des couverts pour les y renvoyer, démembrées. Hank était derrière lui, lui suivant de prêt, main sur son épaulière. Il comptait les cartouches que son binôme tirait avec une précision de métronome. C’était le moment, il le savait. Lyderic marqua la pause, posant genoux à terre. Sans une seconde d’hésitation il passa devant lui, et Lyderic commença à la suivre, tout en rechargeant son arme, le chargeur vide tomba au sol. Le feu des bolters ne se tarit jamais. Les impacts ricochaient sur leurs armures, et les parois des murs autour d’eux. Une véritable boule de feu et de fureur était déployée. Ils dépassèrent à deux les premières positions où c’étaient jeté leurs contacts. Hank toujours en tirant, les dépassa. Lyderic maintenant approvisionné et chargé les nettoyait d’un tir net dans chaque corps affalé.

Une poignée de secondes. Voilà ce qu’il avait fallu pour nettoyer la progression ennemie, stoppée net par les deux Astartes, qui baignaient dans la fumée des tirs, et l’odeur de sang qui planait dans l’air.


-Les tourelles de défenses sont par-là, indiqua Hank reprenant la progression comme si de rien n’était, rechargeant son arme, mettant son chargeur presque fini dans sa sacoche à l’arrière de son armure. Ils reprirent leur progression tactique, bolters levés.

 

              

Le hurlement des flammes couvrait tout. Une épaisse fumée venait lécher avec les flammes de la combustion des corps au sol, le plafond qui commençait à noircir. Karl marchait au milieu des corps et de la chitine qui craquelait, toutes les alertes de son armure hurlait que son environnement était trop chaud. Il ne s’en souciait pas. Les flammes léchaient ses bottes blindées, tandis qu’il visait un nouveau bidon de combustible à son lance flamme. Frère Gauron, l’apothicaire marchait lui aussi dans le brasier pour s’approcher de leur objectif. Ils avaient couru à travers le port pour atteindre les tourelles de défenses Nord, mais à peine étaient-ils entrés dans la salle de commande qu’ils avaient aperçu l’étendu du carnage. Les hybrides avaient pris le contrôle des tourelles et des canons de défenses et s’apprêtaient à ouvrir le feu sur le Revenant amarré. Karl et Gauron avaient pris la décision de neutraliser définitivement la menace. Les consoles de contrôles, les cadavres des loyaux serviteurs massacrés par les soldats hybridés ennemis et les matériels furent baignés dans une marre de prométhium enflammé. Les étincelles surgissaient des équipements détruits et les corps continuaient de griller dans la pièce. Le système anti-incendie prit vie, aspergeant la scène dans un nuage de gaz toxique nocif conçu pour éteindre les flammes.


Dans cette neige surnaturelle Gauron s’approcha d’une des baies vitrées essuyant du plat de sa main la crasse, la suie et le sang qui la maculait. La trace de son gantelet lui permit de voir son navire de l’autre côté, dans le vide spatial, à quai, leur seul refuge. Le Revenant.

Il était massif. Les reflets des rayons du soleil distant venaient lécher sa coque nouvellement réparée. A certains endroits on pouvait encore voir les anciens impacts d’armes de navires ennemis et des combats qu’il avait vécu durant les dix dernières années. L’héraldique des Black Templars sur ses flancs n’étaient pas réhaussées d’or ou de matière précieuses ni brillante. Le tape à l’œil n’était pas dans la mentalité de ces Astartes. Il venait de passer six mois en cales sèches dans le port de la planète Arx. Les équipes de matelots, de soldats et d’ouvriers avaient œuvrés de concert pour le remettre en état. Ses réserves de munitions, et de carburant étaient au maximum mais il aurait fallu six autres mois pour remettre en état de marche son système de communication longue portée endommagé par une armada Ork il y a quelques années.


Il était ramassé sur lui-même, comme un fauve attendant le bon moment pour attaquer. Au contraire des autres navires des flottes impériales, les navires Astartes étaient petits, moins armé. Mais ils étaient rapides, agile, et blindé. Mais surtout, une escouade d’Astartes d’un des meilleurs chapitres de l’Imperium y régnaient en maitre. Gauron remarqua des câbles en adamantine de synthèse et d’acier long comme des autoroutes flotter péniblement dans l’espace, le long de sa coque. Ce devaient être les amarres qui le maintenaient à la superstructure du port qui venaient d’être relâchés. Mais sur son flanc droit, elles y étaient encore fermement reliées. Seulement la moitié avaient été relâchés. Le Revenant était encore amarré au port.

Comme un fauve en cage, ses moteurs rougeoyaient dans le vide spatial, prêt à prendre vie, pour le propulser loin de ce piège mortel. Ses macros canons étaient chargés et prêt à tirer, la lance laser pointait devant sa poupe, ses bobines conductrices des courants énergétiques chargées au maximum de leur puissance. Même à cette distance, Gauron aperçu les tourelles de défenses rapprochées, plus petites mais plus nombreuses, scanner les alentours à la recherche de la moindre menace. Seul le canon de bombardement, situé au-dessus du hangar à véhicules où venait de se poser le Thunderhawk de l’escouade de croisés, pointait vers l’espace profond, vers une cible invisible. Il était prêt à la guerre, mais ses entraves restaient fermement ancrées dans sa chair. La mission des Astartes était de le libérer le plus vite possible.


Le croiseur d’attaque lourd Astartes Mark II Revenant, rongeait son frein en attendant de pouvoir distribuer la fureur de l’Empereur-Dieu sur ses ennemis.

Soudain sa coque fut éclairée même dans la noirceur spatiale par des tirs provenant de la station. Une des batteries d’armes longue portée, destinées à protéger le port des astéroïdes ou des pillards et des pirates ouvrirent le feu vers le vide spatial. Le canon de bombardement du navire amarré ouvrit lui aussi le feu, joignant ses projectiles à ceux tirés par la station.

Ça n’annonçait rien de bon, pensa Gauron. Il vit le projectile partir comme un bolt dans l’espace, pour le perdre de vue après une centaine de kilomètres parcourut. Ces types d’affrontements étaient calculés en milliers de kilomètres, impossible à suivre à l’œil nu. Si une menace nécessitait que le Revenant et la station ouvre le feu sur une quelconque menace alors elle ne devait pas être prise à la légère. Encore des tirs, ils tiraient maintenant à volonté et le Revenant était encore à quai. Gauron se détourna de la scène majestueuse mais dramatique pour se diriger vers frère Karl qui l’attendait. Il le regardait avec insistance, demandant par sa gestuelle corporelle des informations que l’apothicaire n’avait pas lui-même.


-Ici Gauron, le Revenant vient d’ouvrir le feu. Rapport de contact demandé !

Ils sortirent de la pièce incendiée pour faire jonction avec un autre binôme de leurs frères en mauvaise posture.

 

              

Brüner senti les secousses du recul des armes de la station avant que son oreillette pris vie.


-Ici le Revenant, c’était la voix robotique du Techmarine toujours à bord qui parlait dans leurs heaumes. Nous engageons avec la seule batterie d’armes longues portée du port un des navires de transport des gardes impériaux en orbite haute.

Brüner eut un mouvement de surprise. Il s’arrêta dans sa progression, Dord et Markus à ses coté, prenant couvert dans un des couloirs pour se concentrer sur la conversation qu’ils entendaient tous.


-Ici Brüner, que ce passe-t-il ?

-Le premier navire de transport ce dirige vers la planète pour décharger le premier régiment et prêter main forte aux forces à la surface. Mais le second navire a coupé tout communication, et se dirige vers le port à toute vitesse.

-Comment c’est possible ? Hasarda frère Johann, lui aussi sur la communication.

-Des rapports de navires et de navettes de réapprovisionnement non autorisés se sont posés il y a quelques jours sur un des navires impériaux. Depuis nous n’avons eu aucun contact. Il se pourrait que le culte genestealer ce soit emparé de ce navire. C’était la voix du capitaine Ström.

-Le culte aurait pris le contrôle de ce navire ? Mais les gardes impériaux à bord ? Ce battent-ils encore ? Demanda Gauron.

-La question n’a pas lieu d’être, trancha Brüner.

-En effet, si leur passerelle est tombée sous leur contrôle, et même s’ils se battent encore dans les cales et les couloirs du navire, il fonce vers nous. Confirma Ström. Ils se servent du navire de transport comme d’une arme.

-Ils on comprit qu’ils ne pourraient pas aborder le Revenant. Ils veulent nous percuter pendant que nous sommes encore à quai. Lança Brüner sur la liaison.

-Affirmatif monseigneur. Confirma Ström.

-Combien de temps avons-nous ? Demanda Dord de sa voix sans émotion.

-Nous avons trente-sept minutes avant l’impact. Nous continuons le tir pour le ralentir, mais même si nous le disloquons, il percutera la station.

-Nouveaux ordres mes frères. Tenez les positions qui peuvent encore l’être. Rejoignez vos frères qui sont déjà en place, je me charge de la salle de commande.

-Ici frère Johann dans l’Enginarium ! Nous subissons un feu nourri et des attaques brutales du culte. Nous ne tiendrons pas éternellement. Ils veulent détruire et couper le courant dans la station. La liaison se coupa brutalement dans une explosion.

-Gauron, toi et ton équipe foncez l’appuyer. Nous ne devons pas perdre l’Enginarium, sous aucun prétexte, sinon nous ne pourrons désamarrer le Revenant. Conclu Brüner, reprenant sa course vers la salle de contrôle de port. A tous les autres, continuez à vous défendre, et préparez-vous à vous replier sur le Revenant. Nous venons de perdre la station, sauvons ce qui peut l’être encore. Brüner coupa la liaison.

Il se tourna vers Dord et Markus qui le regardait.

-Et c’est la dernière fois qu’ils me prenne par surprise. Nous allons leur reprendre l’initiative de leurs corps sans vie. En avant !

 

               

Les balles et les lasers claquaient de toutes part sur le sol grillagé et les murs bas de plafond de l’Enginarium. Johann était à couvert comme il pouvait, derrière un générateur apparemment désactivé et qui ne pourrait plus jamais fonctionner, aux vues des impacts des tirs ennemis qu’il subissait depuis bientôt quatre minutes. A peine fussent-ils entrés dans l’Enginarium qu’un feu compact en approche les accueillit tous les deux. Johann se cola comme il pouvait derrière ce bloc moteur, cachant comme il pouvait son immense carrure et son paquetage dorsal de munition, tout en ripostant pour que binôme fasse de même. Les tuyaux rouillés, les câbles qui couraient au sol et la pénombre, venaient appuyer l’idée que se faisait Johann de l’Enginarium de la station. C’était ici que l’énergie nécessaire au bon fonctionnement de tous les systèmes du port était produite. Johann ignorait comment. Peut-être issu d’une pile à combustible gigantesque, ou bien d’une énergie plasmatique. Pour l’instant le flot de ses pensées s’arrêtait au bout du canon de son bolter lourd, qui refroidissait après la rafale soutenue qu’il venait de tirer. Il risqua un coup d’œil par-dessus son couvert. Une dizaine de corps gisaient là, démembrés et éviscérés. La rafale les avait coupés en deux, même ceux qui étaient à couvert derrière des caisses de matériels ou des poutrelles.


-Konrad, ou es tu ? Demanda Johann sur le vox, qui avait perdu de vue son binôme de combat au début de la fusillade.

-Au-dessus de toi frère. Fait attention où tu tires. Tu pourrais toucher un point vital de l’Enginarium et tous nous incinérer. Ne simplifie pas la tâche à ces montres. Plaisanta-t-il.


Les Astartes n’étaient pas réputés pour leur sens de l’humour, mais il en existait bien une présence dans chacun d’eux. Un humour noir, caustique. Et Konrad, depuis la perte de son bras, redoublait d’humour avec son binôme. Même si l’austérité restait un de leurs traits principaux.


-Je vais te donner un coup de main. Rajouta Konrad sur le vox.

Johann ne put s’empêcher de sourire dans son heaume. Et se redressa pour remettre son bolter lourd en batterie quand un second groupe d’attaque, armé de grenades à fragmentation, passa un portique de soutènement de la passerelle sur laquelle se trouvait surement Konrad. Le bolter stalker de son binôme claqua le premier, cueillant la main du premier hybride qui apparut. Le bolt lui sectionna proprement, dans un geyser de sang infect. La main tomba au sol, toujours serrant la grenade dedans. La rafale du bolter lourd hacha en charpie le reste des hybrides, quand la grenade explosa, faisant voler en miettes les corps déjà massacrés.

-Mes excuses pour ça frère, plaisanta encore Kantor, toujours dans les ombres. En progression, je t’appuie.

 

Johann venait de franchir les monticules de corps qu’il venait de créer pour entre dans le hangar principal de l’Enginarium. Il entendait loin au-dessus de sa tête les pas de son binôme, qui l’appuyait de ses tirs précis. Il était là, le générateur principal. Plongé dans le noir, son ronronnement faisait vibrer les structures métalliques montées autour de lui pour sa maintenance. Les corps des serviteurs et des gardes chargés de sa protection gisaient partout sur le sol de métal. L’assaut principal des hybrides du culte étaient concentré ici, ne laissa aucune chance au peu de défenseurs laissés en arrière. Johann ne s’encombra pas de discrétion quand il arriva aux abords du générateur principal. Il surprit un important groupe d’acolytes et d’hybrides en train de s’affairer autour du générateur gros comme un complexe d’habitation. Des cibles potentielles s’affièrent elles aussi dans son affichage tête haute de son heaume, quand les tirs commencèrent à lui pleuvoir dessus depuis les hauteurs, mais au niveau du sol, quand ils réagirent à sa présence.

Il arriva à toute allure, renversant presque son couvert sous sa carrure pour y déposer son imposant bolter lourd, et appuyer sur la gâchette. Une rafale partie, coupant en deux trois acolytes, aussi difformes que hargneux. Un des leurs portait une bannière que Johann entraperçu, avant qu’elle ne touche le sol. Le symbole de leur culte. Un tentacule recourbé sur elle-même, pleine de crochet coupant et tranchant sur un fond mauve écœurant. Un hybride sorti des ténèbres tout en tirant au pistolet laser vers Johann, pour se saisir de cette bannière et la lever bien haut dans les airs pour guider ses congénères difformes. 


-Cesses le feu frère ! Tu risques d’endommager le générateur principal. Reporte le tir plus à droite de l’Enginarium, je vois des mouvements d’infanterie important. Ils veulent nous déborder.


Le bolter stalker de Konrad aboya trois fois, à chaque tir une silhouette tombait au sol, presque coupée en deux. Johann ne pouvait tenir sa position, les tirs étaient trop nombreux et trop denses pour qu’il puisse sauter derrière un autre couvert, il devait tenir sa position et répliquer comme un il pouvait. Il appela sur le réseau vox du renfort, pendant qu’il entraperçu des ombres furtives sur sa droite, prête à le charger à revers.

 

              

Konrad avait une vue d’ensemble. Il était sur une des passerelles les plus hautes, proche du plafond de l’Enginarium, dans les ombres. A une vingtaine de mètres sous ses pieds, il pouvait voir son frère luter presque au corps à corps avec son imposant bolter lourd qui aboyait rafales sur rafales. Johann venait de repérer sur sa droite, la manœuvre ennemie qui voulait le prendre en tenaille. Il venait de tailler en pièces un des groupes qui couraient le long de canalisations de plasma, quand une ombre surgit dans le dos de son binôme.

Konrad épaula son bolter stalker nouvellement acquis. Il l’avait trouvé dans la collection du défunt gouverneur, et n’avait pas, malgré toutes les recherches dans leurs archives et celles de la cité ruche, trouver l’ancien propriétaire de cette arme. Il l’avait alors prise à son service. Ses qualités de tireur étaient légendaires et ainsi que son habileté à évoluer en avant de l’escouade de croisés. Cette arme lui revenait de droit, et s’imposait à lui de façon naturelle. Le sergent Brüner n’y vit aucune objection. Il s’entraina alors pendant des semaines pour appréhender cette arme, mais à sa grande surprise, l’esprit de la machine l’accueillit comme son nouveau propriétaire très facilement. C’était une arme très fiable, et précise. Son optique et son canon long pouvait lui permettre de toucher des cibles à plus d’un kilomètre de distance sans grande difficulté. Et ses munitions de précisions s’avéraient mortelle à courte, moyenne et longue portée. Quand il repérait une cible, elle n’avait plus aucune chance de s’en tirer.


Le tir parti droit vers la carapace bulbeuse qui servait de dos à la créature qui attaqua Johann dans son angle mort. Le tir la perfora de part en part, aspergeant l’Astartes aux prises avec elle d’une pluie de sang vicié et de chitine explosée. Johann la dégagea d’un violent coup d’épaule et finit par lui écraser le crâne au sol pour s’assurer de sa mort. Toujours les pieds dans la cervelle au sol, il se campa fermement sur ses jambes pour tirer au bolter lourd.


-Merci de veiller sur mes arrières frère, la prochaine fois, ne mets pas autant de temps.

Konrad accusa réception du message. Il avait décelé dans la voix de son frère un gène certaine. Il avait dû être blessé pendant l’attaque de la créature. Ses griffes avaient surement perforé son armure. Il se maudit pour ça, promettant intérieurement de ne pas laisser cela se reproduire. Il repéra encore un mouvement d’infanterie à travers l’enchevêtrement de canalisations, et tira un bolt unique. Il fila droit sur sa cible, pour la cueillir au niveau de la tête, dans une ouverture assez grande pour y passer une main. C’était la dernière erreur de cet hybride.


-Il faut que tu te re-déploie maintenant, ils te contournent.

-Affirmatif, répondit Johann, courant dans les corridors de tuyaux et de passerelles, les hybrides sur ses talons.

               

Konrad vida son chargeur avec la précision d’un métronome. Abatant les ennemis qui poursuivaient Johann dans son mouvement de repli vers une autre position. Il venait d’abattre encore trois autres acolytes, armés de pioches et de pistolets laser aussi proprement que son armement le pouvait. Il devait recharger son arme, et mit genoux à terre pour insérer un nouveau chargeur. Les chargeurs de sa nouvelle arme était plus petit, ne contenant qu’une dizaine de bolt comparé aux autres standards d’une trentaine de cartouche. Son emport de munition était plus faible comparé à ses frères mais son efficacité était nettement accrue.

Il mit son viseur devant son heaume quand il repéra du mouvement vers le premier groupe abattu aux pieds du générateur principal. Son champ de vision était obstrué par les passerelles et les échafaudages mais il distinguait nettement un des hybrides, de ses trois mains, trainer des sacs de toiles. Il s’apprêta à avertir son binôme et le groupe de renforts qui s’approchaient de l’Enginarium, quand il repéra au dernier moment, une créature qui bondit sur lui dans son dos. Il venait de faire une erreur qu’il paierait au prix cher.


Gauron et Karl entrèrent en trombe par une des portes latérales d’accès au Generatorium, ils essayaient de se frayer un chemin pour rejoindre le groupe de Johann et Konrad en prise avec une force ennemie inconnue et nombreuse. Le vacarme du bolter lourd tonnait presque en continu. Gauron, pointa du doigt la direction approximative de Johann, et Karl parti en courant dans les coursives et les tuyaux pour aller aider son frère.

Gauron, maintenant seul, se dirigea, pistolet bolter levé devant lui, jusqu’au générateur principal, ceux pour quoi ils étaient ici. Au détour d’un embranchement, il le vit. Une immense boule de métal et de plaques soudées, au milieu d’un hangar. Il était relié de tubes et de canalisations, pour soit évacuer le trop plein d’énergie ou pour en apporter pour l’alimenter. Des câbles conducteurs couraient au sol pour le relier lui, et le reste de la station pour l’approvisionner. Des cadavres jonchaient le pourtour du générateur, aussi bien impériaux ou ceux du culte. Gauron vit aussi un attroupement autour du générateur. Sans flancher, il pointa son pistolet bolter et commença à tirer sur les cibles qui lui tournaient le dos. Les cadavres se multipliaient sous les tirs implacables de l’apothicaire. Il venait de vider deux chargeurs d’affilé, sans discontinuer. Il tirait tout en avançant d’un pas calme, en plein découvert, au milieu des câbles d’alimentation aussi gros que des poutrelles. Les chargeurs vides tombaient au sol, laissant un sillon de douilles fumantes et de chargeurs au sol. Il engagea son troisième chargeur, pour le vider sur l’attroupement toujours au pieds du générateur. Ils lui tournaient le dos, comme si de rien n’était, cachant ou protégeant par leur masse quelque chose de plus précieux que leurs vies.


Gauron, engagea d’un geste précis et expert un quatrième chargeur dans son pistolet, il était encore à une dizaine de mètres de l’attroupement, quand son oreillette prit vie :


-Replis toi frère ! Maintenant !


C’était la voix de Konrad. L’apothicaire ne l’avait pas encore vu quand il était entré dans le Generatorium. Sa voix était saccadée, comme s’il souffrait ou était blessé. Un rapide coup d’œil sur l’interface de ses frères le lui confirma. Sa rune habituellement verte, était ambré. Il était blessé. Gauron s’apprêta à faire demi-tour tout en faisant face aux hybrides toujours occupés, quand il remarqua qu’ils avaient tous disparu, il commença par ouvrir une ligne directe pour ses frères pour leur faire part de ce replis étrange, quand son monde brûla.

 

               

Konrad était sur le dos. Brisé. Quelque chose en lui avait cassé. Peut-être une côte. Peut-être plus. Son armure lui administrait déjà des antalgiques et des drogues de combat directement dans les entrées de sa moelle. Ses cœurs battaient plus vite, la fatigue et la douleur disparurent. Son crâne lui fit mal, et sa vision se brouilla une fraction de seconde devant le pique d’adrénaline dans son sang. Il venait de tomber d’une dizaine de mètre. La créature qu’il l’avait attaqué, lui avait balafré son armure de gauche à droite, d’une violente rafale de griffes aussi coupantes qu’une lame énergétique. Son paquetage dorsal avait subi le plus de dégâts, et il avait chuté de sa passerelle d’observation, où il se sentait en sécurité. Il avait baissé sa garde, et il venait de le payer. Soudain un vacarme retentit tout prêt de lui. La créature venait de tomber devant lui. Elle venait de chuter de la même distance, mais sans dommage. D’un bond souple et habile et avait atterrit avec grâce sur le sol grillagé d’une autre passerelle, plus basse. Konrad retrouva la vision, quand son organisme s’habitua à la surcharge de drogues de combat. Il ne vit qu’une gueule béante de crocs et de baves s’apprêter à avaler son casque et lui avec. Avant qu’elle ne bondisse, il enfonça de toute sa force le canon de son bolter stalker dans le gosier de la créature. Surprise, elle mordit le métal du canon long, et le frein de bouche de l’arme. Il appuya une unique fois sur la détente, emportant la gueule, la tête et l’arrière de la colonne vertébrale de la créature. Le bolt venait de la pulvériser tout simplement. Quand, plus bas, les charges de démolition pour lesquelles les hybrides et les acolytes avaient sacrifiés leurs vies, explosèrent.

Gauron fut soulevé de terre, et projeté à travers le Generatorium, il alla se fracasser contre les poutrelles et canalisations du hangar. Une tempête de feu engloutit le générateur principal qui fut oblitérer par les charges explosives réservés à l’excavation minière. Les bobines de chargements d’énergie, les réserves de plasma et les condensateurs furent annihilés. Une pluie de shrapnels et de débris surchauffés vola dans la pièce, incinérant les cadavres et les rares membres du culte encore assez prêt.


Il ne fallut que quelques secondes avant que toute la station et ses installations furent plongés dans le noir complet quand toutes les lumières s’éteignirent les unes après les autres.

Konrad voyait encore bien grâce à ses optiques de son heaume de bataille. Il venait de descendre les quelques marches depuis les passerelles supérieures et se dirigeaient vers le dernier endroit où il avait vu Gauron. Il pointait le canon de son arme vers toutes les ombres qui bougeaient, dans le brasier du générateur qui se consumait lui-même. Il le trouva, évanoui, sous une pile de scories et débris brulants et tranchants. Il s’attela à le dégager, pour le trouver, sur le dos, son armure avait encaissé la plupart de la déflagration, et à quelques endroits, des débris avaient perforés son armure. Du sang déjà coagulé, venait maculer les shrapnels qui l’avaient perforé.


-Frère, tu m’entends ? Aboya Konrad dans le vox.

-Je t’entends, parle moins fort mon frère. J’ai les oreilles qui siffle. Lui répondit Gauron dans un murmure.


Il était lui aussi blessé, mais semblait ne pas vouloir le montrer. Il l’aida à se relever avec grandes difficultés, Kantor le porta sur son épaule, s’éloignant du point de l’explosion. Des torrents de plasma surchauffés et radioactifs s’écoulaient du cœur du générateur en mauvais point. Ses runes d’alarmes clignotaient sans discontinuer sur son affichage, l’intiment de s’éloigner prestement de cette menace. L’oreillette de Konrad, prit vie ainsi que celles de tous les membres de l’escouade.


-Plus de courant, le générateur vient d’être détruit. Rapportait déjà Johann, plus loin avec Karl.

-Ils viennent de nous couper l’alimentation sur la dernière partie du désamarrage du Revenant, répondit aussitôt Markus.

-A tous, replis vers le Revenant, nous allons trouver un autre moyen de quitter cet endroit. Ordonna Brüner dans la salle de commande, tous au navire !

Johann et Karl surgirent d’un des corridors en trombe, passant devant Konrad qui portait encore Gauron le temps qu’il puisse se déplacer seul.

-On évacue ! Suivez-moi !

Les quatre Astartes partirent en courant vers les coursives qui les amèneraient vers le Revenant toujours à quai.

 

               

La salle de contrôle était plongée dans le noir. Quelques lumiglobes rouges du système d’éclairage d’urgence venait l’illuminer d’une aura malveillante. Le courant venait d’être coupé quelques minutes avant que les dernières amarres ne fussent désolidarisées du navire Astartes. Le Revenant était maintenant illuminé de toute part par toutes ses armes de défenses rapprochées qui tiraient en continue leurs tirs traçants et leurs missiles vers le vide spatial. On pouvait maintenant voir les impacts et les explosions sur une forme floue dû à la distance, mais qui se rapprochaient trop vite pour qu’une arme conventionnelle ne puisse la freiner. Markus dans sa frustration envoya un violent coup de poing armuré dans un des écrans de contrôle, le fracassant dans une nuée d’étincelles et de verre.


-Il reste encore une attache à la poupe. Et le navire renégat fonce sur nous. Combien de temps avant impact ? Demanda Markus.

-Dix-neuf minutes frère. Rapporta Brüner, regardant son chronomètre de mission. Impossible de quitter le port sans arracher toute la poupe du Revenant. Revenant répondez. Brüner avait une idée derrière la tête. Tournez vos canons sur le point d’attaque des dernières amarres. Vous serrez obliger d’ouvrir le feu sur la station et de vous libérez par ce moyen. Attendez que tous nos hommes soient à bord. Envoyez le Thunderhawk dans le hangar que nous avons emprunté en venant. Nous nous y rejoignons.

-Contact arrière ! Hurla Dord dans les hauts parleurs de son casque quand son sergent finit sa phrase.


Il était resté en retrait, devant le sas qui menait à la chambre de contrôle des amarres de la station spatiale. Il avait saisi son pistolet bolter en vue d’un affrontement à distance avant de sortir son épée énergétique. Brüner et Markus sortirent à leur tour, sur le chambranle du sas. Dord ouvrait déjà le feu dans le couloir plongé dans le noir illuminé par les flashs de tirs de son arme. Brüner activa la vision nocturne de son heaume pour voir ce qui les attendait. Dans un réflexe surhumain, il épaula son bolter pour ouvrir à son tour le feu sur les cibles qui se présentaient à lui, marquées sur son affichage rétinien. Markus travers le couloir pour se poster de l’autre côté, et ouvrir lui aussi le feu.

Il les vit, les dizaines de paires d’yeux, aussi brillantes que des points lumineux dans la nuit. Ils convergeaient vers eux à une vitesse folle, malgré le feu mortel qui leur était adressé. Brüner appuya de façon répétée sur la queue de détente, emportant à chaque bolt un hybride ou un acolyte qui même en mourant, lâchait des tirs de ses armes. Il venait de vider un chargeur entier sur la horde qui approchait, quand il leva la tête pour regarder le plafond, lui aussi perdu dans le noir, pour voir s’y déplacer des formes serpentines, couvertes de chitine.


-Ils sont sur le plafond ! Ils sont sur nous, désengagez-vous, replis vers le Thunderhawk ! Hurla Brüner tout en mitraillant le plafond avec son nouveau chargeur.

 

               

Leur course était effrénée, Brüner venait de recevoir le rapport de ses différents groupes de combats comme quoi ils étaient tous arrivés au hangar où les attendaient le Thunderhawk Defiance. Ils étaient attaqués par des petits groupes de membres du culte, mais leurs attaques ne semblaient pas vouloir les submerger, seulement les ralentir. Le gros de leurs attaques étaient menées contre Brüner et ses deux hommes, encore dans les coursives de la station. Cela faisait trois embranchements qu’ils n’avaient pas pu franchir. Au dernier, une de ces choses immondes étaient tombés depuis le plafond, sur Dord. Elle c’était surement embusqué depuis de longues heures pour attaquer une proie de choix. Dord avait réussi à la déloger de ses épaules d’une violente torsion, et l’avait proprement découpé de son épée, avant de reprendre la route à toute allure. Il n’avait fallu que quelques secondes au reste de ces créatures pour combler l’écart que les Astartes tentaient de maintenir.


Brüner marqua une pause, laissant Markus et Dord le dépasser, pour qu’il puisse mettre genoux à terre et ouvrir le feu pour tenter de les ralentir. Le recul familier du bolter fit tressauter ses mains quand il ouvrit le feu, ayant passé son bolter en mode rafale, emportant des groupes entiers d’hybrides immondes. Il rechargea, en quelques secondes, laissant son chargeur vide au sol, et reprit la course, rattrapant ses frères. Dans sa course il lâcha sa dernière grenade à fragmentation derrière lui, sans regarder, l’explosion et les bruits de douleurs des choses mutantes lui assurant de son efficacité.

Elles les rattrapaient. Elles convergeaient de toute la station pour les bloquer dans un des couloirs plongés dans le noir. A chaque embranchement, une porte était soit bloquée, ou soudée sur ses gonds pour les empêcher de passer. Les membres du culte les avaient bloqués dans un labyrinthe élaboré. Un nouvel itinéraire se dessina sur l’affichage de Brüner, une voie vers le Thunderhawk. Il leur restait tellement de chemin à parcourir jusqu’au hangar où les attendait leur seul moyen de fuir. Plus ils progressaient, plus ils s’éloignaient de leur destination à cause des embuscades et de leurs poursuivants.

Huit minutes.


Les cœurs jumeaux du sergent Brüner battaient à un rythme soutenu, mais il faisait un effort surhumain pour les calmer. Il devait de garder son énergie pour quand la situation deviendrait vraiment critique. Soudain, il aperçut dans les flashs de tirs de Markus qui étaient en retrait pour repousser la vague ennemie, de l’autre côté du couloir, une seconde vague. Voila. Ils étaient maintenant coincés entre deux hordes ennemies. Il dégaina son épée, son bolter toujours dans son autre main et se prépara à vendre chèrement sa vie.

La fusillade fut brutale et le corps à corps qui suivi le fut encore plus. Les tirs de bolter à bout portant brûlant de leurs flammes de tirs les gueules garnies de crocs des engeances du culte. Les coups d’estocs et de taille tranchait dans les membres et les visages albinos qui essayaient de les submerger. Dord avait saisi son pavois et son épée et commençait à se battre comme un diable. Son épée énergétique coupait aussi bien les armes que les corps, avec la même facilité. Il tenait à lui seul un des pans du couloir. Ecrasant de son bouclier les os, fracturant les griffes qui lacéraient son armure. Il n’était plus que mouvement et rage. Une tempête de fureur dans une autre tempête de monstruosité. Brüner tenait l’autre côté du couloir, il venait de tirer le dernier bolt de son arme, mais elle ne restait pas moins une masse de métal mortelle. Il fractura les membres de tous ceux qui approchait de trop prêt ou qui évitaient les arcs qu’il faisait décrire à son épée de métal noir. Il était baigné de sang ennemi, son tabar n’était plus qu’une éponge du sang de ses ennemis. Seul restait l’héraldique des Black Templars qui trônait encore fièrement au milieu.

Markus était au centre de la formation et venait achever ceux qui passaient entre les mailles du mur de défense qu’ils avaient constitué à la hâte dans ce corridor. Quelques hybrides trop rapide ou agile, venait à passer sous la garde de Dord ou Brüner pour les attaquer dans le dos, et Markus venait les abattre d’un tir bien placé.


Quelque chose se passa, l’affichage du sergent Brüner n’était plus que sang, violence et visages grimaçants. Une griffe trouva une faille dans son armure et vint perforer le haut de sa cuisse dans une brûlure qui lui lacéra les tempes. Il ne put s’empêcher d’hurleur de rage et de douleur quand sa jambe se déroba sous lui, incapacité. Maintenant à terre, la blessure s’aggrava. Dans le sens de la hauteur, sa cuisse était perforée, aussi bien que son armure sur une trentaine de centimètre. Son sang bouillonnait et s’échappait de sa jambe, bien que son organisme surhumain s’attelât déjà à refermer la plaie.

Dans un large balayage de son épée devant lui, il faucha cinq acolytes qui pensait pouvoir le submerger quand il était à terre. Les corps tombèrent mollement sur les cadavres encore chauds de leurs congénères. Un de ses ennemis, plus courageux que les autres le chargea en piétinants les cadavres de ses homologues. Brüner se ressaisit et lança sa main gauche armurée vers la forme qui le chargeait. Il le saisit à la gorge écrasant sa trachée et ses organes respiratoires. Dans un réflexe purement animal, l’hybride essaya de griffer l’armure, arrachant plus de peinture qu’autre chose, coupant les bandelettes de lins de certains sceaux de pureté.


Il lui enfonça sa dernière charge à fusion dans la bouche, lui cassant les dents au passage, lui raclant la gorge et le palais, arrachant sa peau et un cri étouffé de douleur. Un violent coup de poing s’ensuivit propulsant le malheureux à travers le couloir vers les autres qui arrivaient. Elle se déclencha dans sa bouche de l’hybride qui commençait déjà à se griffer le visage pour essayer de la retirée dans des spasmes de douleur. La charge entra en fusion annihilant son porteur et ses voisins dans une orbe d’énergie en fusion, incendiant presque le corridor, dans les cris des brûlés vifs.

Sept minutes.


-Ouvre nous un passage dans le mur Markus ! Nous ne pouvons pas passer par là. Ordonna Brüner en se relevant dans un grognement de douleur. Une seconde vague attendait derrière le brasier pour attaquer.


La boule de feu en fusion liquéfiait le sol et les cadavres dessus dans un mélange abject d’organes cuits et d’excréments. La fumée emplissait le passage. Dord reculait lui aussi sous les attaques de son côté. Malgré les vies qu’il prélevait, ils continuaient d’arriver sur lui. Tombant des plafonds, et des conduites de ventilation.


Markus se précipita sur un des murs du corridor où ils étaient bloqués. Un rapide coup d’œil dans son affichage lui confirma que de l’autre côté de la cloison épaisse et blindée, un autre couloir de maintenance courait en parallèle. Il arma son bras pour fracasser son crozius contre la paroi. Le champ réfracteur pulvérisa la première couche de rouille et d’acier dans un fracas sonore. Dord venait de jeter ses dernières grenades à fragmentation pour tenir en respect la horde qui avançait toujours, et Brüner avait repris le tir de son bolter. Il ne lui restait plus beaucoup de chargeurs pleins et la situation devenait critique. Les trois Astartes étaient dos à dos, Dord contre Brüner et Markus dos au deux autres, martelant le mur de son crozius. Dord arrêta le chapelain, pour lui intimer de prendre sa place. Sans sourciller, Markus ouvrit le feu de son pistolet bolter en changeant de place.

Dord activa sa lame énergétique, et découpa dans l’acier du mur. De l’autre côté on pouvait voir l’éclairage maladif des ampoules d’urgences, mais aucun ennemi. Dord s’engouffra, ses épaulières râpèrent contre les contours du passage surchauffés par la découpe à l’arme énergétique, puis Markus à son tour, et en dernier Brüner qui s’engouffra alors que les hybrides et les acolytes fonçaient sur lui. Il passa dans l’ouverture, une marée de griffes fouettant l’arrière de son paquetage dorsal.


-Ils ne nous attendaient pas dans ce passage. Vers le hangar maintenant ! Hurla Brüner.


Quatre minutes.

Leur course était effrénée. Les armures Astartes frottaient et cognaient contre les parois du couloir trop petit pour leurs carrures. Les membres du culte n’avaient pas prévu qu’ils empruntaient cet itinéraire secondaire, et n’avaient pas posté de gardes sur ce parcourt. La route était libre jusqu’au hangar où les y attendait le Thunderhawk et le reste de l’escouade de croisés. Les cris et les grognements des poursuivants résonnaient derrière eux, et Brüner devait s’arrêter de temps à autres pour tirer quelques bolts. Les cadavres venaient ralentir la progression de leurs poursuivants dans cet espace exigu. Sa blessure à la cuisse le faisait souffrir, mais il ignora cette information pour continuer d’avancer. Dord et Markus avaient eux aussi l’air mal en point, mais aucun des deux n’auraient pensé le signaler. C’étaient des guerriers taciturne et déterminés.

Ils arrivèrent à un embranchement dans la coursive basse de plafond, où un sas donnant sur un des couloirs principaux rejoignaient le hangar.


-Plus qu’une centaine de mètres après cette porte, rapporta Dord qui menait la marche.


Il ouvrit la porte, et s’engouffra dans le couloir chargé de fumée d’incendies, toujours plongé dans le noir. Ils les virent. Les portes du hangar, mais devant elles des silhouettes tout à fait gigantesques, aussi grande que des Astartes. Leurs armes énergétiques luisaient dans la pénombre du corridor. Des pioches et des masses qu’aucun humain n’aurait pu soulever à la force de ses bras. Des outils de mineurs portés par des monstruosités. Sans attendre, les trois Astartes chargèrent comme un seul homme. Brüner et Markus ouvrirent le feu de leurs armes, envoyant une volée de bolts sur la première silhouette. Brüner finit son dernier chargeur sur la créature, avalant les mètres qui les séparaient en quelques rapides enjambées. La première chose mourut sous les bolts, tombant au sol, hachée par la puissance des projectiles. Les Astartes arrivèrent au contact dans un fracas de céramite contre la chitine, de l’acier contre la chair.

C’était des aberrants. Les créatures les plus fortes du culte. C’étaient des anomalies, des monstres, des atrocités, même dans ce mélange génétique qu’était cette branche du culte genestealer. Le choc frontal fut brutal, Dord envoya à terre une de ces créatures de son pavois, mais les autres en profitèrent pour se jeter sur lui. Les impacts des marteaux de mineurs sur les Astartes fracassèrent les couches supérieures de céramite, fracturant les os, brisant les membres.

Markus abattit son crozius de toute sa force sur le torse d’une de ces créatures, elle sembla vaciller, mais ne tomba pas. Elles étaient littéralement des aberrations. Impossible à foudroyer. Dord se battait comme un démon contre deux de ces choses, parant leurs attaques comme il pouvait, son épée énergétique, coupant dans les chairs des monstres sans les envoyer au tapis. Brüner se battait contre une des plus grandes, son épée et son pistolet bolter dans les mains, essayaient de trouver une brèche dans la garde de la créature. A chaque attaque d’épée il venait tirer un bolt à bout portant sur les parties exposées du monstre en face de lui.


Deux minutes.


Soudain ils furent projetés au sol par une violente déflagration. Toute la station trembla sous l’impact titanesque.


-Ici Revenant, nous venons de nous libérer de la dernière amarre, nous partons. Bonne chance frère sergent.

Brüner n’attendit pas une seconde de plus, et profita de l’impact des canons de son navire sur le port pour enfoncer son épée dans l’abdomen de la créature. Un sang épais ressemblant presque à de la mélasse, en sorti à gros bouillon, mais elle refusa de mourir. Le sergent Brüner tira ses hommes hors de là, tirant au bolter pour éloigner leurs ennemis désemparés, mais plus pour très longtemps. Ils pénétrèrent dans le hangar, celui-là même qu’ils avaient abordés en débarquant sur la station. Les cadavres des hybrides et des acolytes jonchaient encore le sol, et de nouveaux, plus frais, venaient s’y ajouter.

Le Defiance était en vol stationnaire au milieu du hangar, ses réacteurs principaux au ralenti, et ses rétrofusées poussées au maximum de leur capacité. La rampe sous le nez de l’appareil était entrouverte, le reste de l’escouade les attendaient à l’intérieur.


-Nous nous désengageons frère sergent ! Sautez à bord !


Le Defiance commençait à reculer vers l’ouverture dans l’espace, sortant du hangar, il prenait de la vitesse. D’une simple analyse, Brüner comprit qu’ils ne le rattraperaient jamais. Il se saisit d’un long câble d’acier tressé au sol, et enroula un de ses poignets autour. Il ordonna à Dord et Markus d’en faire autant, et de ne le lâcher à aucun prix. Ils s’élancèrent à la poursuite du Thunderhawk qui quittait bientôt l’intérieur du port.

Leur course fut effrénée, esquivant les débris qui jonchaient le sol, les cadavres et monceaux de métal qui tombaient du plafond. La station se disloquait. Le Thunderhawk sorti enfin du bouclier atmosphérique, pour toujours s’éloigner du danger grandissant qui approchait. A travers le bouclier, Brüner pouvait voir le Revenant plus loin encore, continuer de tirer de toutes ses armes sur le navire de transport qui fonçait sur le port. C’était un spectacle grandiose. Quand ils arrivèrent au bord du bouclier atmosphérique, ils sautèrent dans le vide. Au début la gravité les attira vers le sol, mais soudain l’absence de cette dernière les fit continuer leur route tout droit, dans le vide spatial.

               

A peine eut-il franchit la barrière invisible, que le froid mortel du vide spatial mordit dans la chair de sa blessure à la cuisse. Dord sembla s’étrangler dans son heaume, l’intégrité de son armure semblait compromise, et l’air s’en échappait. Il avait retenu sa respiration. Ils se dirigeaient tous les trois, attachés par un câble, vers le Thunderhawk qui s’éloignait encore.

Une minute.


Ce fut le chapelain Markus qui visa le mieux l’intérieur du Thunderhawk, il atterrit sur ses frères qui l’attendait à l’intérieur, le saisir à la volée pour le trainer à l’intérieur. Toujours attaché au câble, Brüner et Dord, se fracassèrent sur le blindage ancien du Thunderhawk. Son heaume tapa contre l’adamantium, fracturant une des optiques, il fut sonné pendant de longues secondes, des acouphènes résonnèrent dans ses oreilles. Il perdit presque connaissance, une douleur le garda éveillé, quand un de ses bras se brisa contre la carlingue. Une fracture ouverte, il put le sentir. Son os perfora sa peau, répandant son sang dans ses gantelets.

Une force invisible le tira vers l’intérieur, et enfin ses hommes, l’agrippèrent ainsi que Dord, lui aussi en mauvaise posture. Il fut finalement posé sur le sol du compartiment passager du Thunderhawk qui entamait un virage serré pour les éloigner le plus possible du point d’impact.

Le sergent Brüner, de sa seule optique en état de fonctionner, vit le navire de transport, lancé à pleine vitesse, percuter la station dans le silence du vide spatial. Il perdit connaissance, quand la rampe du Thunderhawk se ferma sur l’oblitération complète dans le feu et la fureur du port de Arx.

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