Black Templar Tome II

Chapitre 5 : Dans Les Tréfonds De l'Ame

6345 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 02/04/2021 19:12

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Il était de retour dans les hautes sphères de la plus haute des spires de la cité ruche. Les quartiers dans lequel il déambulait étaient somptueux. Les sols en grillage et en pierre noircie par la saleté d’une cité ruche normale, avaient laissés place aux tapisseries et aux tapis luxueux, et partout où marchait le sergent Erik Brüner des Black Templars, il ne touchait pas le sol directement de ses bottes blindées.

Le chapelain Markus et Dord, son champion le suivait comme son ombre. Ils arpentaient les couloirs, où des braseros et des torches sans fumée, une invention couteuse pour préserver les ornements de la saleté due à une combustion, éclairaient la nuit qui venait de tomber. Des serviteurs et des dames de chambres couraient en tous sens, mais prenaient quand même le temps de s’incliner humblement devant les géants en armure qui passaient devant eux. Certains gardes qui patrouillaient, toujours dans leurs gilets de combat et armure en plastacier, en mauvais état, ou du moins c’était l’apparence qu’elles donnaient, mettaient genoux à terre, puis reprenaient leur tour de garde.


Brüner avait demandé explicitement à ses hommes de rester en orbite à bord du croiseur d’attaque lourd, et qu’une simple escorte d’honneur suffirait. Le Defiance attendait encore sur une aire d’atterrissage, non loin, à plus d’un kilomètre du sol.

Grâce à son ouïe améliorée, Brüner pouvait entendre dans les salles qu’ils passaient, le vacarme de la vaisselle qu’on entrechoque, les cuisiniers qui hurlaient leurs ordres sur leurs brigades de commis et grâce à son odorat, il pouvait sentir l’odeur des plats qui émanaient des cuisines.

Un humain ordinaire aurait continué sa route sans rien entendre ou même sentir, et même sans son casque, qu’ils avaient tous ôté pour la réception en leur honneur, ils pouvaient encore percevoir ce que le commun des mortels ne pouvait pas.


Les rires et les discutions allaient bon train, et Brüner au détour d’un couloir, détecta qu’ils venaient tous de derrière une porte à double battants, gardée par deux gardes d’honneur, mais pas des défenses planétaires. C’étaient des gardes de la maison personnelle du gouverneur. Ils étaient, contrairement aux autres gardes, en armures d’apparat, dorées et impeccables. S’il avait eu son casque, le sergent Brüner aurait tout de suite eu une indication de son armure qu’ils portaient des armes dissimulées sous leurs capes qui leurs tombaient d’une épaule et les enveloppaient entièrement. Il repéra quand même qu’ils étaient armés, sans effort.

Ils arrivèrent aux pieds de l’immense porte, qui ne s’ouvrit pas. Des servitors décérébrés arrivèrent en claudiquant, leurs mains de métal remplacées par des crochets ou des pinces hydrauliques, la tête basse, leurs yeux biomécaniques regardaient le sol, en signe de respect. Brüner comprit aussitôt. Il décrocha son pistolet bolter de son holster, ainsi que son bolter. Il n’avait qu’un chargeur engagé et plein, et il était dans son arme. Il avait enlevé tout porte chargeurs de son armure à bord du Thunderhawk. Il ne pouvait pas se permettre d’arriver à un banquet en arme et armé jusqu’aux dents.


-Je garde mon épée et c’est non négociable. Elle est un signe de mon rang et de mon grade, annonça-t-il simplement aux serviteurs et aux factionnaires.


Dord et Markus déposèrent eux aussi sur des plateaux d’argent, recouvert de nappe de mousseline d’un blanc pur, leurs armes. Aucun mortel ne pouvait toucher l’arme d’un Astartes. C’était un crime passible de la peine de mort. Rapide et immédiate. Les servitors lobotomisés emmenèrent les armes sacrées dans une pièce à part, et Brüner leur faisant confiance pour ne prendre grand soin. Ils les récupèreraient en partant. Les portes leurs furent ouverte.

Des tables longues de dizaines de mètres couraient le long d’une pièce haute et large comme un manufactorum. Des chaises faîtes d’or et d’argent, à intervalle régulier portaient les postérieurs de toute la bourgeoisie et de la noblesse de la cité ruche. Des quantités astronomiques de vin et de plats tous différents et somptueux venaient parsemer ces tables. Aux vues de la quantité de nourriture et des mets spéciaux préparés, cela devait coûter surement l’intégralité des ressources financières d’un guilde honorable. C’était un réel banquet. Des bannières et fanions aux couleurs des maisons dirigeantes pendaient aux piliers de pierres clairs et propres de la salle de réception. Brüner remarqua une musique par-dessus le brouhaha ambiant. La pièce était tellement grande, que deux orchestres devaient jouer en même temps, mais sans se gêner l’un l’autre. Tellement la distance qui les séparait était grande. Devant tant de débauches culinaires et monétaires, Brüner ne pensa qu’aux nombres de gardes et de citoyens qu’on aurait pu nourrir pendant des mois avec ce qui venait d’être dépenser en une soirée.

               

Le banquet était déjà bien entamé. L’heure du souper était déjà bien passée elle aussi, et des quantités de vins fins et agréables avaient déjà coulés. Quand les trois imposants Astartes entrèrent dans la pièce, un hoquet général de surprise se fit entendre. Il se répercuta jusque dans les confins de la salle de banquet, le temps que tout le monde apprenne la nouvelle, même s’ils ne pouvaient pas voir les invités de marque qui venaient d’entrer.

Ils avancèrent de concert, de front, vers les sièges que des valets apeurés leurs indiquaient tandis que leurs pas lourds résonnaient faiblement contre les tapis posés contre la pierre du sol. Le gouverneur était assis en bout de table. Il fallut une cinquantaine de mètres pour arriver jusqu’à lui, et il semblait que les personnes assises le plus proche de lui, étaient les plus importantes dans cette cité. Jusqu’au personnages de la noblesse les plus insignifiant assis à l’autre bout de la table. Ils étaient éloignés physiquement de leur régent, mais aussi métaphoriquement. Ils ne pouvaient se tenir informer des affaires de la cité ou de la politique actuelle. A moins, de payer qui de droit pour avoir ces informations, ou créer des alliances.

Rien qu’à cette pensée, Brüner eut un mouvement de dégout. La politique et les moyens d’arriver à ses fins par des moyens déguisés le mettaient mal à l’aise.

               

Les Astartes étaient vêtu de leurs armures complètes. Mais leurs générateurs tournaient au ralenti, pour ne pas gêner ou créer un inconfort chez les civils alentours. La chaleur dégagée était faible, et le bruit de leurs déplacements plus légers qu’à l’accoutumée. Par-dessus leurs armures de combat, et en plus de leurs tabars, ils avaient revêtu une tunique blanche elle aussi, avec en leur centre une croix de croisé, signe des Black Templars. Le noir de leur armure avait presque disparu, c’était la tradition pour un repas social. L’armure d’un chevalier devenait plus un symbole de leur, effacé par l’insigne de ce qu’ils représentaient.

Brüner prit la place libre que tapotaient de ses doigts le gouverneur, même s’il était excédé par leur retard, il ne le montrait pas complètement, et affichait un large sourire. Brüner s’assit à la droite du gouverneur. Cette place était hautement symbolique, et le sergent Brüner pensait même que le gouverneur l’avait fait sciemment. Asseyant son pouvoir nouvellement obtenu, en montrant à tous et toutes que les Astartes étaient avec lui. Mais il oubliait une chose, c’est lui qui est vassal du noble chapitre Black Templars. Pas l’inverse. Le précédent gouverneur Doumis n’aurait jamais fait cette erreur, car il avait connu ces surhommes, combattu avec eux pour sauver leur futur monde. Cette erreur, ce paiera, mais pas pour l’instant.

Le sergent Astartes déboucla son ceinturon, auquel était accroché son fourreau et son épée. Il l’accrocha aux montants de sa chaise, qui était, à sa taille. Aucun doute qu’elle fut faites pas un maitre artisan spécialement pour des invités Astartes. Dord et Markus à deux pas derrière leur officier, montait la garde, regardant d’un air agressif l’assemblée. Le peu qui osait regarder les Astartes, n’en ayant jamais vu de leur vie, baissant le regard instantanément devant autant de brutalité contenue.


-Mes amis ! Le gouverneur n’eut pas le besoin de moduler le timbre de sa voix pour se faire entendre, l’assemblée était encore sous le choc de leur entrée, et encore silencieuse. Je vous présente les nobles Astartes du chapitre des Black Templars ! Les dignes successeurs des illustres héros qui ont libérés cette planète !


L’assemblée ne bougea pas d’un pouce. Ni applaudissement, ni vivat. Brüner se releva, prit le verre à sa taille qui était remplie d’une bière sans nul doute couteuse et exceptionnelle, la leva haut devant lui et récita :


-Gloire aux morts ! Il renversa la moitié du contenu au sol, dans une tradition connue des chevaliers Black Templars. Les deux guerriers derrière le sergent Brüner frappèrent leurs cuirasses à l’unisson. Le son mat de la céramite contre les cuirasses se répercuta dans la pièce faisant sursauter les malheureux déjà effrayés par leur présence.


Le gouverneur semblait lui aussi stupéfait par cette tradition mais n’en dit mot. Son visage l’avait trahi. Le sergent Brüner se rassit, dans le craquement de sa chaise en bois qui devait supporter tout son poids.


-Quelle magnifique épée vous avez là, monseigneur. Glissa-t-il à l’Astartes assis à côté de lui, pendant que les conversations reprenaient bon train et que les orchestres recommençaient à jouer.

-C’est un honneur d’avoir cette épée. Elle m’a été transmise par un des héros de notre chapitre. Répondit Brüner, faignant l’absence d’intérêt pour cette conversation.

-Et ce héros, maintenant, où est-il ? Hasarda le gouverneur, passablement ivre. Il prenait ses aises avec ses invités de marque.

-Il est mort, aux champs d’honneurs, dans mes bras. Répondit laconiquement le sergent las de cette conversation, regardant autour d’eux, vers les convives ricanant et gesticulant. S’empiffrant de mets délicieux, et buvant jusqu’à la lie.

-Oh, fit-il de surprise, mes condoléances monseigneur, pour votre perte.

-Nombre de mes frères sont mort avant notre départ de notre croisade, et encore d’autres sur notre chemin pour arriver ici. Lui répondit-il simplement, tournant son regard froid vers lui.


L’image du visage de Tantion, et de son mentor lui vinrent en rafale dans son esprit. Il se rappela aussi ses cauchemars récurrents dans le Warp pour arriver sur cette planète. Il dut faire un effort surhumain pour calmer les palpitations de ses cœurs, sa rage montante, et sa soif de vengeance. Le gouverneur, apeuré, s’enfonça dans son siège comme s’il pouvait encore mettre de la distance entre lui et l’Astartes.


-C’est une arme, exceptionnelle, j’aurais adoré l’avoir dans ma collection.

Brüner usa de toute sa force intérieure pour lui adresser un sourire franc, et honnête mais seulement de façade. En son for intérieur il rêvait de lui écraser son poing armuré dans le visage et lui faire avaler ses dents. Littéralement.

-Peut-être pourrais-je un jour, la voir ? Lui lança-t-il en finissant son verre d’une traite.

 

               

La soirée passa lentement. Trop lentement au goût du sergent Brüner et de ses hommes. Des plats furent amenés sur la table devant l’officier Astartes, mais il n’y toucha presque pas. Mangeant ça et là quelques bouts de viandes et de pains. Il but raisonnablement, quoique son organisme combattait l’ingestion d’alcool comme n’importe quel poison qui entrait dans leurs organismes surhumains. Quand un serveur amena un autre plat, il le saisit par le bras avant qu’il ne puisse faire quoi que ce soit, et lui murmura à l’oreille d’apporter les plats non consommés aux gardes et aux indigents de la spire. Dans toute cette tour de luxe et de débauches, les serviteurs et leurs familles devraient pouvoir partager un repas convenable. Le gâchis de ressources et de denrées n’était pas l’éducation d’un Astartes.


Chez les Black Templars, cette scène n’aurait jamais vu le jour. Les Astartes ne dilapidaient pas, et leurs serfs ne manquaient de rien. Ils n’étaient pas riches pour autant, mais personne n’était pauvre. Et c’était là une philosophie qui aurait dû être mise en place dans un Imperium qui manque de tout mais qui pourtant produit assez pour tout le monde. Le paradoxe aurait pu faire sourire, s’il n’impliquait pas la souffrance de milliards d’individus.

Le gouverneur, titubant sous l’effet des alcools qu’il avait ingurgité, se leva précipitamment de sa chaise pour prendre congé de ses invités, eux aussi éméchés et occupés à manger et boire tout leur soûl.


-Pouvons converser en privé monseigneur ? Demanda d’une voix assez forte le sergent Brüner pour se faire entendre des convives alentours et du gouverneur qui marchaient déjà vers ses appartements, entourés de sa garde rapprochée. Il se retourna et faillit s’affaler au sol.

-Mais bien sur mes nobles seigneurs ! Suivez-moi donc.

Brüner ravala sa colère devant autant de camaraderies mal placées. Le gouverneur s’oubliait dans ce moment d’alégresse simplement non partagée. Toujours le poing serré, il lui adressa un léger signe de tête, lui et sa garde d’honneur se levèrent pour se diriger vers les bureaux du gouverneur indigne.

 

               

L’air était irrespirable. La chaleur étouffante. La physionomie des Astartes les préservaient de cette chaleur, mais le gouverneur avait enlevé ses fourrures et sa cape pour se mettre à l’aise. Cela ne l’empêchait pas de transpirer à grosses gouttes. Il avança pour s’assoir derrière son bureau indécent pour se servir un verre de liqueur brune, sans inviter ses hôtes à s’assoir. Encore un laxisme insupportable envers les Astartes présent.

Un feu immense brûlait dans une cheminée, mais Brüner doutait que ce soit un véritable, mais plutôt un hologramme sophistiqué, et l’air chaut était ventilé par les conduits dans les faux plafonds couverts de dorures.

Brüner toujours debout devant le bureau, ses hommes derrières lui, au repos, les mains jointes dans leurs dos, l’écoutait déblatérer sur l’importance de sa mission en tant que gouverneur, chef politique et religieux. Le monologue durait depuis bientôt une dizaine de minute, s’interrompant quand il se resservait ou avalait de grandes gorgées. Brüner se saisit de l’opportunité de l’interrompre pour l’amener sur le terrain qu’il voulait.


-Et cette collection que vous avez ? Peut-être pouvez-vous, nous en montrer plus ?

Le gouverneur rit de bon cœur, renversant le liquide de son verre sur son ventre rond. Le chapelain devant lui ne dit pas un mot mais scrutait chacun de ses mouvements comme un rapace qui observe une prochaine proie. Dord respira lourdement, mais le gouverneur ne sembla pas le remarquer.

-En effet, messeigneurs !


Encore ce ton condescendant et bien trop familier. Brüner se retint encore une fois, respirant calmement pour apaiser sa rage. Le gouverneur, posa son verre qui tinta sur le marbre qui parsemait son bureau, et alla chercher un mécanisme secret dissimulé. Il tâtonna, et finit enfin par le trouver à grands renforts d’injures et de postillons. Le bureau sembla trembler, et une ouverture sur le dessus apparu dans un silence absolu. Une cloche de verre blindé, illuminé par en dessous s’éleva pour arriver à la hauteur du plateau de bois rare et de marbre. Un champ anti gravitique de poche semblait tenir en apesanteur dans la cloche.

Dans un battement de cœur manqué, stupéfait par l’aplomb et la désinvolture du gouverneur, Brüner rugit et sauta sur celui-ci. Il le saisit à la gorge pour l’amener à lui, au niveau de ses yeux, et de sa tête nue. Les pieds du gouverneur battaient dans le vide, suffoquant comme un ours obèse.

Des serviteurs de défenses sortirent aussitôt des murs, mais Dord et Markus étaient prêt à cela. Markus fonça sur l’un d’eux, et avant qu’il ne sorte complètement du renfoncement du mur, l’y ré enfonça à coup de poings et de pieds. Cassant le réceptacle de recharge et de repos du serviteur. Un épais liquide de lubrification coulait du corps démembré jusque sur le sol sous lui. Dord, attendit que le serviteur approche de lui, pour le saisir et sans difficulté grâce à la puissance de ses muscles véritables et de ceux, synthétiques de son armure, le souleva au-dessus de sa tête pour le projeter contre la porte d’entrée. Elle se fracassa vers l’extérieur, et son corps avec lui. Pour s’ouvrir sur des gardes stupéfaits, branquant leurs armes sur les Astartes dans la pièce.

Le général qui les avait accueillis, surgit lui aussi avec ses gardes en armes et en alerte. Un commissaire l’accompagnait, son épée tronçonneuse sorti de son fourreau et son moteur chantait déjà.


-Je ne vous conseil pas de nous attaquer, général Tobias Draffen. Lança Brüner ironiquement, tenant toujours à bout de bras le gouverneur suffocant qui essayait de donner des ordres à ses gardes paniqués ne sachant que faire. Et amenez-nous nos armes. Maintenant.

              

Dans la cloche de verre, tournait lentement une optique brisée de casque Astartes, comme un trophée macabre. Une partie de la collection du gouverneur, imbibé à l’excès.


-Et vous gouverneur, amenez-nous au reste de votre collection, je vous prie. Gronda le sergent enfonçant ses doigts dans la peau de la gorge de l’humain qui se faisait dessus de peur. Plantant ses yeux carnassiers dans les siens.

 

L’ascenseur ressemblait plutôt à un monte-charge, son sol grillagé laissait apparaitre la distance qu’il restait à parcourir, mais même les optiques du heaume de bataille du sergent Brüner, qu’il avait revêtu après l’empoignade dans les appartements du gouverneur, ne pouvaient percer la noirceur dans laquelle ils s’enfonçaient tous ensemble à une vitesse folle.

Cela faisait de nombreuses minutes que le monte-charge descendait, sans interruption, à intervalle régulier un lumiglobe venait illuminer le puit sans fond, Brüner avait calculé qu’une centaine de mètres les séparaient les uns des autres. Il avait arrêté de compter quand le chiffre arriva trente lumiglobes. Ils continuaient toujours de descendre.

Le général Tobias Draffen rompit le silence. Il était lui et ses hommes, une escouade de gardes, armés, et triés sur le volet, dans un des coins du monte-charge, accompagnés du commissaire en uniforme de cuir noir, son képi vissé sur sa tête rasée de prêt.


-Monseigneur, pouvons-nous savoir pourquoi notre gouverneur est-il aux arrêts ?

-Ne vous ne méprenez pas général. Avait répondu le commissaire. Si nous sommes vivants c’est seulement parce qu’ils ont besoin de nous. Ce sont des Astartes loyaux au Trône. Et s’ils ont jugé notre gouverneur comme traitre ou hérétique alors nous ne devons point remettre en cause leur jugement. Nous ne sommes là, seulement pour assister à la sentence.


Brüner ne répondit pas, planté au milieu du monte-charge, encadré par ses hommes. Le gouverneur était prostré en position à genoux, gémissant faiblement, pleurant, et se souillant. Markus se tenait debout devant lui, le jugeant du regard. Dord se retourna imperceptiblement vers le commissaire pour lui répondre.


-Votre commissaire a raison.

La suite de la descente se fit dans le silence relatif, des jérémiades du condamné et du monte-charge descendant dans les ténèbres.

 

               

Les volets s’ouvrirent dans des grincements de métaux mal entretenus, dû aux affres du temps et à l’humidité environnante. Un large couloir, aussi large que deux transports Rhino Astartes s’étendait devant eux, Brüner saisit par la robe le gouverneur qui se fit trainer sur le sol, avant d’essayer de se relever et de suivre comme il pouvait les Astartes qui s’enfonçaient dans la pénombre. L’escouade de gardes levèrent leurs armes, aussi surprit que leur officier et même le commissaire, allumant leurs lampes torches, et se dispersèrent en formation de combat. Ils ne connaissaient pas cet endroit, il n’apparaissait sur aucune carte. Quoi qu’ils y trouvent, ils étaient prêts et suivaient à la trace le sergent et ses hommes.

Les théories fusaient dans l’esprit du général, qui ne se doutait pas un seul instant que la soirée aurait pu se terminer ainsi. Cela faisait maintenant bientôt vingt années standard qu’il s’occupait de la sécurité de son gouverneur. Et avant cela il était un officier de terrain, bien loin de la politique et des basses habituelles. Rien que de penser à son passé martial, une vilaine blessure à l’abdomen se réveilla. Il ne l’avouait pas si facilement, mais une partie de son intestin subit une ablation quand une lame Ork vint le perforer de part en part. Il chassait à l’époque les rares poches de résistances Orks qui persistaient sur la surface de la planète, à la tête d’un régiment avant ses galons de général. Depuis il ne pouvait plus aller à la scelle naturellement et il en gardait une profonde honte, une rancœur tenace et des cauchemars horribles.


Le sol et les murs étaient de ferrobéton gris et poussiéreux. Pourtant des traces de pas fraiche, les devançaient. Une seule paire de pas, cela ne pouvait appartenir qu’à une seule personne. La personne qui avait montré l’accès à cette ascenseur dissimulé dans les recoins de la haute spire. Le gouverneur.

Le général se demanda à quelle distance de la surface ils se trouvaient. Comme pour répondre à ses interrogations, le commissaire s’exprima dans un murmure.

-Nous sommes bien en dessous du niveau le plus bas de la ruche. Lança-t-il comme à lui-même, en dégainant son arme de service de son holster de cuir usé.

Pour l’imiter, le général sorti lui aussi son pistolet laser de service et continua de marcher derrière les géants en armure qui ouvraient la marche.

Ils arrivèrent enfin à la fin du tunnel lugubre. Un sas blindé d’une épaisseur sans doute vertigineuse, en alliage tout aussi couteux que résistants leur barrais la route. Rien ne dépassait des murs lisses. Pas un panneau de commande, ni une console de reconnaissance faciale. Rien ne laissait voir un moyen d’ouvrir cette porte blindée gigantesque. Les gardes arrivèrent à leur tour, se dispersant en formation dans le vestibule avant la porte, le commissaire et le général aux cotés des Astartes, le gouverneur dans la poigne du sergent.


-Le code. Aboya brutalement le sergent.


Sa voix résonna dans le tunnel, il n’avait pas prononcé un mot depuis au moins une heure, et ce son agressif et rocailleux fit sursauter le gouverneur à ses pieds. On aurait dit que la masse de roche au-dessus de leur tête s’écroulait sur eux. Le gouverneur gémit de nouveaux, et se refit dessus de peur. Souillant le sol de béton d’une flaque d’urine. Le sergent tira violement sur le col du riche costume, comme un maitre tire sur la laisse de son chien désobéissant. Dans un dernier gémissement, il articula avec peine :


-L’Empereur n’est plus.


A ces mots, le commissaire passa son arme devant lui, au repos, prêt à faire son devoir, comme son instinct de chasseur le lui avait ordonné. Il s’avança pour saisir le gouverneur lui aussi par le col, et l’emmena loin des Astartes. Il savait que c’était le moment d’entre la charge.

Au début rien ne se passa. Mais finalement la porte s’ouvrit, lentement. Pour laisser apparaitre une épaisse couche de blindage, qu’aucune épée énergétique n’aurait pu percer. Même celle du frère Dord toujours silencieux. Les ténèbres les accueillir. Brüner fit un pas en avant, passant le chambranle de la chambre forte, pour pénétrer dans une purée de pois.


-Attendez-nous ici. Ordonna le chapelain à tête de mort en suivant Dord et son officier dans les ténèbres.


Soudain la lumière vint. Deux projecteurs s’allumèrent. Ceux le plus proche de l’entrée. Illuminant une bande de ferrobéton poussiéreux comme le tunnel, mais vide. Puis une deuxième série de lumiglobes accrochés aux murs espacés d’une centaine de mètres et au plafond pour éclairer la collection du gouverneur Kruzzius Barns. Les lumiglobes s’allumaient, éclairant des rangées de trésors enfouis aux regards de tous. Gardés jalousement dans les profondeurs de sa cité ruche.

Une vingtaine de minutes passèrent en silence. Le gouverneur avait cessé de gémir et de se plaindre, comme s’il savait que cela ne servirait plus à rien. Il avait abandonné. Une autre vingtaine de minutes s’écoulèrent, avant qu’une voix puissante venant de l’intérieur de la chambre forte n’ordonne aux gardes et officiers à l’extérieur d’amener le prisonnier.

Sans attendre le commissaire jeta d’un bras puissants le gouverneur par la porte, et il s’écroula de tout son long, à genoux, dans une position de supplication, au sol. Les gardes se dispersèrent en cercle autour de lui.

Le général entra à son tour pour tomber sur un véritable musée. Il ne comprit pas tout de suite ce qu’il avait sous les yeux, mais il fit le rapprochement bien vite, en comparant ce qui était stocké ici avec les armures des Astartes bien vivants devant lui.

C’était une collection, ancienne. Vieille. Mais c’était bel et bien la même technologie. Ici, la lumière laissait apparaitre sous une bâche, un type de véhicule blindé qu’il n’avait jamais vu, à part sur les fresques qui montraient la conquête de cette planète, des centaines d’années en arrière. Malgré la couche de poussière et les traces du temps et des projectiles sur l’antique blindage, il pouvait voir l’héraldique des Black Templars. Là il pouvait voir dans une vitrine une armure presque identique, mais antérieure à celle que portaient les Astartes qui arrivaient vers lui. Elle était en mauvais état, presque détruite, elle avait souffert d’une bataille terrible, et son porteur était sans nul doute mort aux champs d’honneurs.

Soudain, il comprit. C’étaient des vestiges de la libération de Arx. Sa planète. Quelqu’un avait récupéré les vestiges de batailles oubliées pour les entreposer ici, pour son plaisir personnel. Avant qu’il ne puisse faire le moindre geste, le commissaire braqua son pistolet sur l’arrière du crâne du gouverneur toujours prostré.


-Vous êtes mis aux arrêts en accord avec la réglementation et les saints écris du Très Grand Empereur-Dieu de l’Humanité. Pour détournement, recel et trafic d’objets saints appartenant aux Anges de l’Empereur. Vous êtes démis de vos fonctions avec prise d’effet immédiate, pour hérésie, corruption, complot et blasphème.


Les Astartes s’arrêtèrent devant le gouverneur pour écouter la sentence. Ils revenaient de leur tour d’inspection dans la grande galerie d’artefacts cachés de leur chapitre, depuis longtemps disparu.


-Que plaidez-vous ? Demanda le commissaire.

Le gouverneur implora pour une pitié qui ne viendrait jamais.

-Ce n’est pas ce que j’ai demandé, hurla le commissaire en abattant la crosse de son arme sur l’arrière du crâne du gouverneur qui tomba, du sang jaillissant de d’une affreuse plaie dans le cuir chevelu.

-Non coupable, répondit-il enfin en sanglot.

-Je vous laisse le choix, hérétique. Soyez exécuté ici et maintenant et que votre âme pourrisse dans le Warp ou souhaitez-vous un procès équitable.

-Je veux un procès, répondit-il aussi vite qu’il le pouvait, engaillardi par l’espoir de survie. Sa voix résonna dans le hangar de stockage d’objets plus vieux et précieux qu’une cité ruche de cette taille.

-Aux vues des preuves contre vous, je prononce la sentence. Coupable. Vous serez écartelé en place publique. Emmenez-le au monte-charge, et attendez-y moi.


Ordonna le commissaire aux gardes en rengainant son arme.

Les gardes se saisirent du gouverneur par les épaules pour l’escorter loin du trésor qu’ils venaient de découvrir, dans les pleurs et les injures d’un homme qui avait cru qu’il pouvait s’en sortir sans souffrance.

Le commissaire baissa la tête devant les Astartes, le général se positionna à ses côtés, lui aussi la tête basse, de honte.

-Nous ne savions pas, que cet homme cachait des reliques vous appartenant messires. Commença le commissaire.

-Je n’avais pas idée de ce qui se cachait ici. Renchérit le général, abasourdit.

-C’est soit du laxisme, ou de l’incompétence. Général. Déclara Brüner, grave. La colère pointait dans le timbre de sa voix. Dans tous les cas vous perdez votre liberté des à présents. Vous n’êtes plus une planète féodées à notre chapitre. Vous devenez un de nos mondes. Et je vous prie de me croire, que nous allons le purger de toute cette ignominie.

-Il sera passé à la question, répondit toujours la tête basse le commissaire, je m’en occuperais personnellement.

-Vous pouvez disposer commissaire, je peux voir à votre visage et vos réactions que vous n’étiez pas au courant, mais je garderais un œil sur vous. Vous pouvez aussi me croire. Ordonna le chapelain Markus.


Le commissaire prit congé comme la coutume le devait, sans tourner le dos aux Astartes, sans croiser leurs regards, il fit trois pas en arrière avant de tourner les talons rejoindre les gardes au monte-charge. Le général à qui on n’avait rien ordonné, resta là, sonné.


-Vous, général. Vous serez en charge de cette chasse aux sorcières sur toute cette planète. Vous allez trouver les nobles qui cache des reliques, vous allez trouver et détruire tout culte non impérial, vous allez remettre cette planète sur le droit chemin. Vous avez passé beaucoup trop de temps en dehors de notre poigne. Et nous allons superviser ça. C’était la voix de Dord qui venait de résonner.

-Ce sont vos archives que nous avons consulté qui nous ont mis la puce à l’oreille général. Beaucoup d’Astartes sont mort sur cette planète pour la libérer. Beaucoup d’équipements perdus, mais au fil du temps, peu de ces artefacts ont refait surface. Trop peu, pour un monde minier qui prospecte dans les profondeurs de la terre. Expliqua le sergent Brüner, à deux doigts d’exploser de rage.

Le chapelain prit le relais, sentant son officier prêt à exploser.

-Et des rapports non officiels font la lumière sur la famille de votre gouverneur, qui aurait usurpé le pouvoir à la vraie famille régente des Doumis. Les seuls, dignes de confiance pour régner sur un de nos mondes.

-Nous avons tous entendu ces rumeurs monseigneur, mais il m’était impossible de lancer une enquête alors que les principaux acteurs sont au pouvoir sur ce monde. Se défendit comme il put le général.

-Il n’est plus l’heure pour les excuses, général. Vous allez passer le reste de voter vie à vous faire pardonner et faire amende honorable. Je vous place à la tête de ce monde. Ne me décevez pas. Maintenant partez. Lui lança le sergent, lui tournant le dos, l’ignorant complètement.

Hébété par la nouvelle, s’attendant à ce faire sauvagement exécuter pour avoir failli, le général salua, et se dirigea à pas décidés vers le tunnel qui les avait amenés ici.


-C’est un homme bon, mais il a failli. Lança Dord sur le réseau vox.

-Vous connaissez la maxime tout autant que moi, lui répondit lui aussi Markus.

-Il n’y pas d’innocence, seulement des degrés de culpabilité. Finit le sergent Brüner, contemplant l’immense salle qui renfermait une partie du passé de son chapitre. Et il passera le reste de sa vie à nous payer la dette d’honneur qu’il nous doit. Et je suis sûr, qu’il s’en montrera digne. Sinon notre colère s’ablatera sur lui.


Les deux Astartes, bras croisés sur le torse, regardèrent avec leur officier l’ampleur de l’hérésie devant eux. Des rangées de racks d’armes et de munitions aussi ancienne que la cité. Des bouts d’armures et d’armes blanches sur des râteliers, exposés aux éléments dans une galerie d’exposition irrespectueuse de la technologie antédiluvienne des esprits de la machine de ses objets de destructions. Là on distinguait un véhicule surblindé, au repos. Le gouverneur avait amassé au fil des années, et même peut-être sa famille avant lui toutes sorte d’artefacts Astartes. Il avait même surement acheté à prix d’or, avec l’argent gagné à la sueur des travailleurs des niveaux inférieurs de la ruche, des reliques d’autres chapitres. Brüner crut distinguer dans la salle, le gris d’une épaulière Space Wolf. Son cœur principal battait fort dans sa poitrine, et le deuxième encore plus sous le cocktail de stimulants que lui avait injecter dans le sang, son armure devant la rage d’une bataille à venir qui ne viendrait jamais. Il fit un ultime effort pour se calmer.

La loi, et la crainte inspiré par un chapitre Astartes aurait suffi à n’importe quel citoyen, pour qu’il mette tous ses efforts à resituer les objets à leurs propriétaires. Les nombreuses batailles et conflits dans la galaxie, au fil des décennies, dispersaient les armures des soldats génétiquement modifiés, et leurs véhicules. Quand un chapitre venait à succomber sur le champ de bataille alors il devenait un lieu de pillage pour les rebus de l’Imperium, revendant aux collectionneurs de la galaxie ces fragments de grandeur, de courage, et de loyauté, qu’eux, n’avait pas.


-Chapelain, contactez l’orbite. Déployez le reste de notre escouade. Je veux un périmètre de sécurité autour de nos reliques jusqu’à ce qu’elle soit compilée, étiquetée, répertoriée, sécurisée et envoyée en orbite sur le Revenant. Prévenez notre Techmarine qu’il aura du travail. Que notre navire s’amarre immédiatement aux docks orbitaux pour une maintenance complète. Nous allons superviser le nettoyage et la purification de cette caste dirigeante qui nous à dépossédé de nos biens. Dans notre dos. Je prends ce manque de respect comme une marque d’hérésie. Et je veux, personnellement organiser leur purge. Aucun coupable ne survivra. Le joug des Black Templar va s’abattre sur cette planète. Les innocents seront protégés, mais la punition sera totale.


-Ce sera fait mon seigneur. Dit le chapelain en s’éloignant et en contactant la surface par son réseau vox.

-Et si la relique la plus précieuse de notre chapitre se trouve là, quelque part ? Que notre but pour lequel bous parcourons la galaxie est ici ? Demanda Dord.

-Alors nous la trouverons. Mais personne ne sortira indemne de cet affront.  

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