Black Templar Tome II
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Le silence dans lequel il était plongé était assourdissant. Les ténèbres l’enveloppaient, il ne voyait rien. Au prix d’un effort surhumain il ouvrit ses paupières, qui lui semblaient peser une tonne. Il voyait enfin, un peu de clarté dans cet océan d’obscurité. Mais où était-il ? S’entendit-il penser. Son esprit semblait lui aussi peser un poids considérable, et n’était pas aussi réactif qu’à son accoutumé. Tout n’était pas clair, quelque chose n’allait pas. Il essaya de respirer, mais un liquide glacial entra dans sa bouche, surprit il faillit s’étrangler.
C’est là qui réalisa enfin où il était, ou plutôt dans quoi il était. L’eau l’entourait. Il était immergé dans une mer ou un océan quelconque. Cela expliquait pourquoi la lumière n’arrivait pas jusqu’à lui, et qu’il ne voyait presque rien. Il était bien trop profond dans ce liquide, vers le fond, pour qu’elle l’atteigne. Il commença à chercher un moyen de se tirer de là, il regarda vers la surface et su instinctivement qu’il n’y arriverait pas.
Il était trop loin de la surface, et même son organisme amélioré, et la capacité d’air de ses trois poumons ne pouvait pas l’aider à rejoindre la surface. Ses muscles commençaient déjà à le faire souffrir, l’oxygène manquait.
Il ne pouvait pas se laisser mourir comme ça, il se battrait, quoi qu’il arrive. D’une puissante impulsion de ses jambes, il se propulsa vers la surface, ses bras entrèrent en action eux aussi, le propulsant à leurs tours. Il se rapprocha de la surface quand une forme floue passa à toute allure dans l’angle mort de son champ de vision, avant de disparaitre dans la noirceur des profondeurs qui l’entourait. Il ne pouvait pas rester ici, chaque seconde perdue, le rapprochait de la noyade. Il continua à remonter, aux prix d’efforts titanesques, ses muscles étaient en feu, son crâne le lançait, il était à deux doigts de perdre connaissance. Soudain, la forme floue fondit sur lui, il hurla de douleur, son sang se répandit dans l’eau, dans le silence des abysses.
Quelque chose venait de l’attaquer. Sa cuisse le lançait atrocement, la douleur était intenable, mais son esprit entrainé et forgé par la guerre, ignorèrent l’information. Son sang le quittait par une plaie qui ne ressemblait en aucun cas à une blessure infligée par un prédateur. Il ne baissa pas les bras et continua son ascension vers la surface, toujours plus éloignée, lui semblait-il.
La créature, excitée par l’odeur du sang, fondit encore sur lui, de son angle mort, encore une fois. Cette fois il s’y attendait. Il fit volte-face, prêt à se défendre, en garde avec ses mains. Avant qu’il ne puisse riposter, elle avait déjà frappé. Le muscle de son biceps fut arraché par une mâchoire puissante et garnie de dents. La douleur lui vrilla le cerveau, comme si des clous d’argent lui étaient directement enfoncé dans la tête. Son sang s’échappa à gros bouillon d’une blessure béante, aux bords arrachés, la peau flottant dans l’eau paresseuse.
Mais il avait pu voir la créature. Une forme reptilienne de plus de cinq mètres le long. Tout en écailles, se louvant dans les courants marins alentours. Son épine dorsale ressortait de sa peau, par des arrêtes grosses comme des bras humains. Et sa tête abritait une mâchoire hideuse, dont les crocs tranchant et acéré luisant dans le noir ambiant. Mais c’est ses yeux qui ressortaient le plus de la noirceur. Deux billes jaunes maladives, le regardaient depuis les ombres. Aucune haine dans ce regard, seulement la faim de sang et l’envie de prédation. C’était une murène des eaux profondes. Un prédateur alpha. Rien ne pouvait lui échapper. Elle fondit sur lui, il ferma les yeux.
Il ne senti pas la douleur cuisante d’une mise à mort comme il s’y attendait. A la place, le silence marin fut remplacé par un vacarme bien connu. Il entreprit d’ouvrir les yeux, et c’est l’affichage tactique de son casque qui se figea sur ses pupilles. Les informations et les collimateurs de visée rouge sang s’imprimèrent sur ses rétines. Il avait abandonné les profondeurs marine pour l’intérieur de son arnois de guerre Mark VIII. Son armure filtrait les bruits ambiants et les explosions. Il ne savait pas comment il venait d’arriver ici, mais il avait encore mal aux blessures infligées par la murène, et il réalisa enfin qu’il pouvait inspirer de grandes goulées d’air recyclé par son paquetage dorsal. Un rapide coup d’œil à l’affichage de son casque lui indiqua qu’il était en bonne santé, quoi que ses cœurs battissent la chamade. Il regarda enfin autour de lui.
La pénombre régnait dans le compartiment passager du Defiance, le Thunderhawk de transport à son service. Il parcourut la pièce du regard, pour voir enfin ses hommes, alignés, en armes et armures complètes, faisant les derniers préparatifs avant une bataille. La cabine et la carlingue entière vibrèrent devant une explosion proche, qui créa un trou d’air sous l’aéronef lancé à toute vitesse.
Le sergent Brüner des Black Templars, se rapprocha difficilement d’un des rares hublots du compartiment blindé pour regarder au dehors. Il aurait dit que son corps ne lui répondait pas comme il l’entendait. Comme si une latence longue et pénible ne lui offrait pas un contrôle total de son corps. Il était plus spectateur de ce que faisais son corps que réel décideur. Il suivait donc ses propres mouvements observateur, engoncé dans son armure vers le hublot quand une autre explosion secoua la cabine.
D’abord il ne vit rien. Un nuage cotonneux blanc passa devants le verre blindé. Puis le Thunderhawk toujours lancé à pleine vitesse sorti de la couche nuageuse. Il les vit. Une cinquantaine d’appareils Valkyries, en formation serrée, espacées seulement d’une dizaine de mètres chacune. Elles volaient en trinômes, les ailiers volaient derrière leurs leaders en étagement négatif. Cette procession longue de centaine de mètres, se continuaient sur l’autre aile du Thunderhawk. Brüner en était sûr, le Defiance menait un débarquement aéroporté conséquent. Il semblait qu’ils soient à une altitude plutôt basse, la pressurisation des cabines des Valkyries étaient inexistante, et le sergent Brüner pouvait voir les gardes impériaux embarqués, assis à l’entrée des portes latérales, les jambes dans le vide. Ils préparaient eux aussi leurs équipements, parlaient entre eux, échangeaient des blagues.
Une main puissante se posa sur son épaulière. Il se releva, toujours dans une posture d’observateur de son propre corps plutôt qu’acteur. Le casque à tête de mort grimaçante le regarda droit dans les optiques de son casque. C’était le chapelain Markus.
-Joignez-vous à nous, frère sergent. Vos hommes sont prêts.
Markus tourna les talons et se rapprocha des deux rangées assises d’Astartes. Brüner lui emboita le pas, s’assis en face du chapelain. Markus prit la parole pendant que Brüner regardait tour à tour ses hommes. Ils étaient tous là. Non, pas tous. Le coton des pensées dans lequel le cerveau de Brüner évoluait l’empêchait de penser correctement. Il manquait un de ses hommes. Il manquait Tantion. Soudain il se rappela. Tantion était tombé. Il était mort. Tué par un seigneur nécron sur une planète dont il ne se souvenait même plus du nom.
Frère Konrad était là lui aussi. Il faisait jouer nerveusement les articulations de sa main augmétiques dans son gantelet de céramite. Il n’arrivait pas à se faire à la prothèse de piètre qualité. Ils étaient tous là, sauf Tantion. Et ceux qui restait étaient blessés dans leurs chairs par cette guerre sans fin. Dord, le champion de l’escouade, restait en silence, priant, la tête basse. Son corps musculeux secoué par les tremblements de la carlingue.
Les explosions à l’extérieur étaient de plus en plus proches. Et de plus en plus rapprochées. Les shrapnels surchauffés venaient ricocher contre l’antique blindage du Defiance. Le sergent Brüner écouta le sermon du chapelain Markus, craché par les hauts parleurs de son armure.
-Aujourd’hui, nous sommes encore réunis mes frères. Par l’appel du combat. Aujourd’hui nous faisons encore la différence dans cette guerre éternelle. Nous avons répondu à l’appel des armes, et nous ne faillirons pas. Battons-nous aujourd’hui, pour qu’un lendemain puisse naitre. Battons-nous pour les morts, que rien ne soit fait en vain. La Guerre nous appel ! Et que répondons nous ?
Tous les Astartes présent rugirent leurs cris de guerre personnel. Certains hurlèrent de rage, d’autres se tambourinèrent la poitrine de leur armure dans un fracas de métal contre le métal. Frère Johann cogna tellement fort son bolter lourd contre son armure que le son que cela produisit ressemblait plus à un son de cloche d’une cathédrale. La lumière tamisée rouge du compartiment passa à l’orange. Il ne restait plus qu’une minute avant le déploiement. Le barrage anti-aérien à l’extérieur redoubla.
Le Defiance tanguait sous les tirs. Son équipage lui faisait prendre des trajectoires d’évitement assez serrées, mais il devait rester en formation, ses ailiers comptaient sur lui. Soudain un tir anti aériens vint éclore juste devant le cockpit du Thunderhawk lancé à pleine vitesse. S’il c’était s’agit d’un autre type d’appareil, la cabine aurait été soufflée et les occupants criblés d’éclats de verre blindé, aspergeant tout le cockpit de leurs tripes et viscères. Mais le vieil oiseau d’assaut résista, il avait vu pire. L’explosion n’avait laissé qu’une trace de brulure superficielle sur le verre. Le pilote et son co-pilote firent prendre une trajectoire descendante à l’appareil, imité par la centaine de Valkyries qui le suivirent dans son piqué. Le Defiance en tête, perça la couche nuageuse, toujours en gagnant de la vitesse, les bouts de ses ailes laissaient des trainées de condensations qui le suivaient depuis les hauteurs du ciel. L’ennemi dut enfin voir la totalité de la force qui fondait sur eux, et ouvrit le feu de toutes ses armes.
Le ciel se stria de tirs énergétiques bleutés, et de projectiles solides comme des missiles qui fonçaient sur eux. Hasmond, le pilote du Defiance actionna d’une pensée le déclenchement des leurres infra rouges et des contremesures. A l’arrière de l’appareil une pluie de contremesures partis dans toutes les directions, vers le sol, séduisant de leur chaleur les têtes chercheuses des missiles en approche.
Le Defiance fut comme soulevé, le nez vers l’avant par l’onde de choc d’un missile qui explosa contre une des contremesures. Ses pilotes tentèrent de rééquilibrer l’assiette, s’acharnant sur les manettes des commandes. Les passagers dans son compartiment étaient secoués en tous sens, mais ils étaient harnachés à leurs sièges. Sur l’aile droite de Hasmond, une boule de feu s’embrasa. Une Valkyrie fut touchée. Un tir direct, juste en dessous de son cockpit. Le compartiment passager s’embrasa quand les conduites de carburants explosèrent. L’escouade de garde complète fut soufflée par le feu. Certains gardes, encore en vie, mais enflammés, sautèrent directement dans le vide, préférant mourir de la chute que du feu. L’appareil ne mit pas longtemps avant de perdre de l’altitude, et gagna de la vitesse. Avant de toucher le sol, la vitesse finir par lui arracher les ailes, ainsi que la majeure partie du fuselage. Le choc avec l’océan en dessous, finirait de les disloquer.
Une autre Valkyrie fut touchée, et une autre encore. Le ciel devant eux était littéralement rempli de tirs en tous genres. Rien ne pouvait passer. Une autre partie en fumée. Un missile vint la percuter sur une aile, elle partit en vrille, faisant sortir ses passagers sous la violence de la rotation et de la force centipède. Dans une course folle, elle frappa une autre Valkyrie, trop occupée à sortir d’une zone de tir dense. Les deux appareils entremêlés dans les flammes et la tôle tordus, finirent en torche incandescente, fondant vers le sol.
Hasmond réalisa qu’à ce rythme, il ne resterait plus aucun appareil, n’y même assez de soldats encore vivant pour reprendre cette île. Il ouvrit une ligne de communication avec le reste des appareils qu’il menait, leur ordonnant d’armer leur armement longue portée. Les Valkyries qui en possédaient armèrent leurs missiles Hellstrike, imité par le Defiance, qui n’avait chargé sous ses ailes que deux de ces missiles surpuissants. Le reste de l’espace disponible était comblé par des paniers de roquettes conventionnelles.
-Mettons à l’épreuves cette caste de la terre ! Hurla-t-il dans son micro sur toute la ligne vox.
Au signal la ligne impériale ouvrit le feu à l’unisson. Elle se retrouva baignée dans une épaisse fumée blanche sous le départ d’autant de missiles au même moment. Hasmond venait de donner l’ordre à son artilleur d’ouvrir le feu, ce qu’il fit, ses deux missiles partirent comme à leur habitude, et il les voyait déjà s’éloigner dans le ciel, fondant vers les postes de tirs anti-aériens, et les bâtiments cibles.
-Passage en basse altitude, préparez le reste de votre armement, suivez-moi !
Le Thunderhawk de plusieurs tonnes piqua vers le sol comme un rapace fondant vers sa proie. Les tirs anti-aériens le suivirent comme une ligne incandescente, explosant trop tard, dans son sillage enflammé. Les Valkyries le suivirent elles aussi à pleine vitesse, les gardes à bord se préparaient pour la dernière phase de l’assaut. D’une seconde à l’autre, ils verraient la terre ferme. Les artilleurs des portes latérales des Valkyries sortaient leurs bolters lourds sur pivots, les armant. Le reste des équipages préparaient les cordes pour leur descente en rappel.
Hasmond vit enfin la cité qu’ils attaquaient. C’était une ancienne cité impériale, tombé durant une sphère d’expansion Tau il y avait de ça quelques semaines tout au plus. Mais elle était méconnaissable. La caste de terre qui dans leur culture s’occupait de construire et réparer n’avait pas chômé. Les architectes Tau avaient œuvré sans interruption, et avaient complètement transformé cette cité gothique en une ville technologique aux formes arrondies et harmonieuses alliées aux couleurs de la race Tau, du jaune sable et du bleu profond. Quand Hasmond réalisa que ses ennemis avaient complètement rasé l’ancienne ville pour y poser la leur, le dégout le submergea. Il activa les armes de son appareil, donnant le relais à son artilleur.
Quand les missiles Hellstrike détonnèrent sur leurs cibles, les bâtiments furent secoués, ébranlés, les armes anti-aériennes détruites dans des champignons de feu et de flammes. Les ondes de choc se répandirent sur l’eau que survolait la centaine d’appareils impériaux lancés à pleine vitesse. La surface de l’eau était striée de ridules sous les tirs, les explosions et le tremblement des réacteurs surchauffés.
Le vacarme des tirs contre eux avait enfin cessé. Le Defiance avait piqué du nez vers le sol, juste après avoir tiré ses deux missiles. Brüner l’avait entendu malgré l’épaisseur de la carlingue, mais surtout il en était convaincu. Comme s’il l’avait déjà vécu. Il c’était levé, ses hommes l’imitèrent. Ils se tenaient tous aux arceaux qui couraient sur le plafond du compartiment passager. Frère Johann se rapprocha de la porte latérale droite de l’appareil, et l’ouvrit d’une simple pression de son poing sur un interrupteur. Elle s’ouvrit en un éclair sur l’extérieur.
L’eau de mer aspergea l’intérieur et l’armure, ainsi que le tabar de frère Johan. On pouvait voir depuis la porte latérale, une des ailes du Defiance, chargée de roquettes. La lumière crue du soleil se reflétant sur l’eau et éclairait le compartiment. L’onde de choc des explosions des missiles partis plus tôt vinrent faire trembler les Astartes qui se préparaient à l’assaut. Ils se divisèrent en deux équipes, par binôme de combat. Avec la perte de Tantion au sein de ses hommes, Dord menait toujours la deuxième équipe, mais seul cette fois. Il avait positionné ses hommes sur les deux portes latérales, et le sergent Brüner avait positionné ses hommes sur la rampe principale avant. Soudain, les roquettes sous les ailes prirent vie. Une chaleur conséquente alluma des alarmes dans le heaume de Johann, le plus proche d’elles. Il les fit taire d’une simple pensée, et passa la tête par la porte pour contempler le spectacle.
Les installations côtières Tau, les attendaient. Elles étaient construites avec un matériau inconnu, différent du ferrobéton utilisé par les ingénieurs de l’Imperium. Mais pourtant ce matériau pouvait supporter des contraintes structurelles folles. Les bâtisses en bord de mer semblaient fortifiées pour contrer un débarquement naval. Mais ce débarquement venait des airs. Les bâtiments abritaient des meurtrières ainsi que des emplacements d’armes lourdes. Sur leurs toits, scrutant le ciel, les affuts de canon énergétique attendaient patiemment. Mais le Defiance à la tête de la force impériale, avait plongé sous la ligne de tir des armes surpuissantes. Elles ne pouvaient pas le cibler, ni lui ni les Valkyries. Le barrage de roquettes percuta les superstructures avec une violence non contenue.
Moins puissantes que les missiles Hellstrike, une roquette emportait tout de même assez d’explosif pour un tir anti-personnel ou même anti-véhicules s’il était bien placé. Des explosions de poussières et de bloc de gravats fleurirent sur tout le mur côtier. Quelques Valkyries ouvrirent elles aussi le feu, de leurs multi-lasers de proue, accompagné de tirs de roquettes, pour faire bonne figure. Le Defiance accompagna son barrage d’explosifs avec des tirs de bolters lourds, ainsi que le martèlement de son canon de bombardement. Il ciblait ce qui lui semblait les bâtiments qui portaient les dispositifs de défenses sur leurs épaules.
Les tirs concentrés vinrent éclore sur un bunker côtier déjà mal en point, la vague impériale fonçant sur lui, à toute vitesse. Un dernier tir de canon vint saper les fondations enfoncées dans la mer, juste sous un pilier de soutènement. Et dans un grondement digne d’un tremblement de terre, le bâtiment tout entier dégringola. Coupé en deux. Une partie restant sur la terre ferme. Frère Hasmond, depuis son cockpit pouvait voir distinctement les corps des guerriers de feu, tomber dans la mer, dans des torrents de poussières et de débris.
A pleine vitesse, le Defiance passa en rase motte juste au-dessus du bunker qu’il venait de détruire, sans ralentir, son arme anti-aérienne rendue silencieuse. Il était couvert par la nappe de poussière soulevée par les explosions. Et pénétra dans la ville, appuyé par les Valkyries qui le suivait.
Frère Johann s’en donnait à cœur joie. En plus des bolters lourds du Thunderhawk qui ouvraient le feu par intermittence sur des cibles sur les toits des habitations Tau, Johann ouvrait le feu de son bolter lourd par une des portes latérales. Il faisait décrire des allers retours à son arme, balayant les rues et les places de la ville ennemie avec des rafales de bolts de gros calibres. De l’autre porte, la deuxième moitié de l’autre équipe tirait elle aussi avec ses armes, ajoutant quelques victimes au tableau de chasse de l’escouade du sergent Brüner, déjà conséquent.
Les Valkyries, une fois les contreforts de la côte, passés, c’étaient dispersées pour rejoindre leurs objectifs. Elles déployaient déjà leurs troupes et repartaient aussi vite qu’elles étaient arrivées, reprendre de l’altitude pour se mettre à l’abris des tirs anti-aériens, et appuyer les unités au sol. Le Thunderhawk passa à toute vitesse, sur une place qui abritait sans aucun doute un marché, ou ce qui s’en rapprochait le plus possible pour ces Taus. Le marché était couvert d’une épaisse coupole de verre. Il semblait à première vue que cette coupole n’était faite que d’un seul pan de verre façonné. Il devait mesurer au moins une cinquantaine de mètre de diamètre, et aucune tige de métal ou barres de renforcement ne venaient traverser cette œuvre d’art aussi subtile. C’était un réel exploit architectural de créer une pareille chose, un véritable puit de lumière vers les échoppes en contrebas. Mais les rigueurs de la guerre en avaient décidé autrement.
Le marché avait été réquisitionné par la caste du feu Tau. Une des équipes de commandement Tau y avait élu domicile. Dans un réflexe dû à son entrainement, Johann épaula son bolter lourd, quand le Thunderhawk passa au-dessus du dôme de verre. Sa rafale mordit dans la structure. Des impacts fleurirent sur la voute, mordant dedans, explosant sous les impacts. Mais elle sembla encaisser les dommages, et la structure tint bon. C’est la riposte qui arriva qui surprit frère Johann.
-Exo-armures ! Hurla-t-il.
A peine eut-il lancer son avertissement, que les tirs surchauffés et énergétiques striaient le ciel pour essayer d’atteindre le Thunderhawk qui fonçait rejoindre son objectif d’insertion.
Johann tenta de riposter. Ses tirs saturèrent l’espace qui les séparaient de l’Exo armure qui venait d’apparaitre. Les bolts de gros calibres qui auraient eu raison de n’importe quelle unité d’infanterie semblèrent inefficace, explosant contre un champ de protection bleuté, sortant du bouclier que portait l’armure et son pilote sur son avant-bras robotique.
Le sergent Brüner transmettait déjà les coordonnées de la station de commandement Tau à la radio pour ordonner une frappe aussi vite que possible. Tout autour du Defiance la ville était un champ de bataille. Des Valkyries passaient en rase motte à toute vitesse, par deux ou trois, assurant des tirs de couvertures ou de lâchaient des roquettes sur des positions de tirs Tau. Un de ces appareils lâchait la cargaison de soldat en rappel par les cordes tendues sous sa carlingue, quand un chasseur ennemi, vif, discret et rapide surgit des nuages pour fondre sur sa proie.
Les tirs lacérèrent la carlingue. Les réacteurs au ralenti dans un vol stationnaire prirent feu, et l’appareil chuta instantanément. Les gardes qui descendaient en rappel chutèrent avec leur appareil, tombant d’une dizaine de mettre en bas, avec tout leur équipement sur leur dos. Leurs camarades déjà au sol, succombèrent eux aussi à la chute de la Valkyrie, incinérés dans une vague de prométhium enflammé. D’autres chasseurs Valkyries de la garde, partaient déjà en chasse des chasseurs Tau dans des combats tournoyants.
Les chasseurs impériaux n’avaient pas la grâce ni l’agilité de leurs ennemis, mais avaient avec eux la puissance de feu brut, et le poids du nombre.
-Je ne vais pas arriver à me poser frère Sergent, rapporta Hasmond, le pilote. Je vais devoir effectuer un vol stationnaire et vous sauterez. Nous avons des poursuivants. Nous n’aurons pas beaucoup de temps.
Brüner le savait. Des exo-armures les poursuivaient depuis qu’ils avaient croisé le poste de commandement ennemi. Ils devaient surement vouloir faire taire ceux qui avaient l’information de leur position, ou simplement les tuer par pure vengeance pour toute cette destruction. En tout cas, de puissants robots abritant des pilotes Tau, sautaient de toits en toits, propulsés par leurs jambes mécaniques surpuissantes et leurs réacteurs. Les tirs venaient ricocher contre le blindage arrière du Thunderhawk, qui essayait de mettre autant de la distance que possible entre les poursuivants et eux.
-Quinze secondes ! Préparez-vous ! Hurla Hasmond, s’escrimant sur les commandes de son appareil.
L’objectif d’insertion était une place qu’ils avaient repéré dans la ville, qui était assez large pour qu’un Thunderhawk puisse s’y poser. Les Astartes ainsi déposés, continueraient alors à pieds, traquant les proies les plus importantes des Tau dans la ville, coupant la tête du haut commandement et mettant fin à cette guerre qui durait depuis bien trop longtemps. Cette ville serait aux mains de l’Imperium avant la nuit tombée.
Mais rien ne se passa comme prévu. La place n’était pas non plus déserte, et les poursuivants se rapprochaient de seconde en seconde. Le Thunderhawk arriva à pleine vitesse, en décélérant grâce à ses rétrofusées. Il ouvrit le feu de tous ses bolters lourds de caisse, envoyant un véritable torrent de bolts explosifs. Les deux escouades de guerriers de feu reçurent les tirs, surpris de l’apparition du mastodonte volant qui arriva sur eux. Son blindage noir de jais, aux couleurs des Black Templars et la tête de mort peinte dessus les effraya plus qu’il était possible.
Les corps furent pulvérisés par les tirs. Le peu qui réagit dans un éclair, se jetèrent à couvert comme ils purent, retournant le feu qui leur était adressé. Le Thunderhawk commença son vol stationnaire, maintenant presque à l’arrêt, il commença un arc de cercle, sur son aile droite, vers le centre de la zone d’atterrissage non sécurisée. Johann ouvrit le feu depuis la porte latérale. Son armure, elle aussi noire de jais était illuminée par les flashs de tirs de son bolters lourds, à ses pieds et tombant dans le vide, les étuis de laitons vides de ses bolts en. Il massacrait aussi bien les couverts que les corps des Tau dans des gerbes de sangs qui aspergeaient la pierre.
-Préparez-vous à sauter ! Alerta Hasmond toujours aux commandes de son appareil.
Au signal, Brüner activa l’interrupteur de la rampe principale qui s’ouvrit vers l’extérieur en même temps que les autres. Tout en tirant de son fourreau son épée de métal noir, dans son autre main son bolter rugissant, il sauta dans le vide, en premier, toujours tandis que frère Johann mitraillait allégrement par une des portes, et le Thunderhawk lui aussi.
Brüner, suspendu dans les airs pendant sa chute ne vit que trop tard les renforts Tau qui se déployaient des ruelles adjacentes. Des exo armures, aux affûts en rotations prêt à tirer, suivi de guerriers de feu Tau, se déployaient pour encercler la zone d’atterrissage. Leur vitesse de réactivité était impressionnante. Les autres exo armures qui poursuivaient le Thunderhawk, venaient d’arriver sur les toits alentours, se positionnant pour un tir croisé. Brüner et ses hommes, venaient de sauter dans un piège. Littéralement. Quand soudain, un tir énergétique à haute vélocité fondit sur le sergent. La puissance du tir perfora son armure au niveau du biceps.
-Au même endroit où la murène m’a mordu, pensa-t-il. Avant que cette idée incompréhensible ne se forme dans son esprit tourmenté en plein combat, son biceps fut pulvérisé. La douleur lui fit fermer les yeux l’espace d’une seconde. Il disparut en un éclair de cette réalité.
Il n’était plus entrain de combattre des Tau sur une planète inconnue. Il n’avait plus son armure, mais la douleur à sa cuisse, et à son bras était bien réelle. Il était de nouveau dans cet océan, lui aussi inconnu. Il était entouré de nappes de sang paresseuses, s’écoulant de ses blessures. Il était toujours aussi loin de la surface et l’air continuait à lui manquer. Avant qu’il ne puisse faire un mouvement, la murène, assoiffée de sang attaqua encore une fois, il mit son épaule en avant, comme il avait l’habitude de faire quand il portait son armure énergétique. Les dents tranchantes mordirent dans la chair, mais pas comme une morsure aurait fait. La blessure s’ouvrit dans la peau du sergent Brüner, en formant comme une blessure par arme blanche, mais d’une taille monstrueuse.
La chaleur, la moiteur. Même dans son armure il la sentait. Il réalisa qu’il était dans son armure, qu’il venait de quitter encore ce maudit océan. A peine eut-il formulé cette idée dans son esprit, qu’elle disparue. Son univers se matérialisa enfin, le vacarme d’une fusillade, l’odeur de la poudre. Même l’air semblait chargée en particule de poudre de mise à feu des bolts et autres armes à feu. L’air était irrespirable devant cette fusillade soutenue. Soudain le vacarme d’un lance flamme vint rugir. Où était-il ? Il voyait enfin. Un espace confiné, une pièce, rustique. On aurait dit un corps de garde. Une lumière faible rentrait par des fenêtres qui ressemblaient plus à des meurtrières que de réelles fenêtres. Une tempête tropicale venait secouer le verre blindé des fenêtres, comme un typhon l’aurait fait. Par intermittence des feuilles immenses d’arbres venaient s’écraser contre les murs et les meurtrières.
Soudain le sergent Brüner réalisa qu’il était en plein milieu d’une armurerie impériale. Ses hommes dispersés dans la pièce tenaient deux portes blindés ouvertes et tiraient vers des escaliers semblait-il. Un pan de mur en ferrobéton avait été soufflé par une explosion, et la poussière de celle-ci commençait à peine à tomber au sol. Des rafales de vents et de pluie venaient entrer dans l’armurerie sens dessus dessous. Johann venait de renverser avec l’aide de frère Maximilian et Konrad des tables en fer servant à poser des armes pour leurs inspections, vers la brèche ouverte par le tir de roquette. Ils venaient d’installer un semblant de couvert donnant sur l’extérieur. Les trois Astartes ouvrirent le feu de leurs armes vers l’orage.
Brüner pouvait voir par la brèche dans le mur, qu’ils étaient à une hauteur vertigineuse, peut-être une centaine de mètres du sol, mais il ne se rappelait pas comment ils étaient arrivés ici. Konrad rechargeait son arme avec l’aide sa main augmétique. Il semblait s’y habituer depuis qu’il l’avait perdue, mais il restait encore beaucoup à faire. Il reprit le tir vers le sol, Brüner savait que ses talents de tireur avaient à peine été entamé par ce handicap, quand un seigneur nécron lui avait sectionné sa main. Le même seigneur nécron qui avait pris la vie de Tantion. Voilà, il s’en rappelait maintenant. Quand Tantion était tombé au combat. Il se rappelait le désert, la ville et la défense sans espoir d’une ligne impériale contre une marée de nécrons.
Soudain il réalisa qu’on l’appelait depuis dix bonnes secondes. Il reprit ses esprits, mais toujours plus en tant qu’observateur de son propre corps et de ses actions. C’était le chapelain Markus qui l’appelait, il se rapprocha de lui et lui hurla :
-Quelle est la situation, Chapelain ?
Le Chapelain paru surpris par cet ordre, mais se reprit et lui donna une description détaillée de la situation.
-Les Orks ont franchis le périmètre de l’astroport. Nous sommes débordés. Les unités de la Garde ont fui ou sont tombés au combat. Tous les rapports du gouverneur son erronés. Il parlait d’un clan Ork réfractaire, peu populeux qui vivait dans ses forêts. Markus étouffa un juron. Comment a-t-il pu avoir autant tort ? C’est toute une Waagh qui nous a encerclé dans cette tour !
La brume de son esprit se dissipa quelque peu au rapport de Markus qui le regardait droit dans les optiques de son casque. La tempête tropicale qui rugissait au dehors et entrait dans la pièce venait jeter des ombres grotesques sur son casque déjà effrayant.
Brüner regarda au dehors quand un éclair vint zébrer le ciel, éclairant le paysage.
C’était une véritable marée verte qui convergeait vers le pied de la tour dans laquelle ils c’étaient abrité. Sur le ferrobéton des zones d’atterrissage de l’astroport, on ne pouvait même plus voir les marquages au sol tellement la masse de corps les cachait. Kantor, Maximilian et Johann, de leurs feux combinés prélevaient de lourdes pertes chez l’ennemis qui continuaient d’avancer malgré la tempête de bolts qui explosaient au milieu d’eux.
-Vos consignes frère sergent, demanda le Chapelain Markus quand un rugissement de lance flamme vint hurler vers un des accès au couloir, frère Karl avec son arme spéciale tenait cette embouchure.
-Nous attirons le plus gros de la force Ork, Chapelain. Ils sont attirés par le combat, et nous allons leur en donner un ! Préparez-vous à faire mouvement.
Tous les Astartes présent avait fait le plein de munitions quand ils étaient entrés dans l’armurerie impériale. Frère Hank et Lyderic avaient commencés à poser des charges de démolitions sur les restes de munitions quand l’ordre de mouvement fut donné. Brüner donna enfin l’ordre, dans une dernière langue de flamme surchauffée, Karl désengagea tout en insérant un nouveau bidon dans son arme. Il venait de condamner son couloir et son accès pour quelques secondes. Dans l’autre couloir, Dord tenait la porte, en mettant son bouclier en protection devant lui. Brüner posa sa main sur son épaulière, son bolter pointé devant lui au-dessus du bouclier et sur le vox de l’escouade hurla à pleins poumons :
-En avant !
Comme un seul homme, lui et Dord avancèrent. Il déversait un torrent de bolt, et rechargeait à la vitesse de l’éclair. Derrière lui, le reste de ses hommes achevaient les cadavres jetés au sol, en leur marchant dessus ou d’un simple bolt dans la tête. Le couloir était tapissé de cadavres de peaux vertes. On ne pouvait pas marcher sur le sol, les corps le jonchaient. Une arrière-garde maintenait la horde loin de la progression du groupe. A un embranchement, Gauron et Markus prirent position et scrutèrent le virage qui descendait lui aussi. Brüner et Dord prirent à droite, vers la passerelle qui menait à la tour de garde voisine.
La passerelle était faite d’arche de pierre, ouverte sur les éléments extérieurs. Sa pierre humide reflétait la fusillade et les fumées qui sortaient de la porte qu’ils venaient de prendre. Elle était si imposante qu’on pouvait traverser à cinq Astartes de front, et assez haute pour qu’un char Leman Russ puisse s’y tenir. Depuis la passerelle on voyait maintenant mieux tout l’astroport tombé, à cause d’un seul homme, vaniteux, corrompu et lâche. Les pistes d’atterrissage étaient en feu pour la plupart. Les navettes de transports stationnées furent attaquées et sabotées aux premières charges ennemies qui avaient réussi à franchir le périmètre. Leurs carcasses en feu, tordues, reposaient au sol, éclairant la vague Ork qui continuait de sortir de la lisière de la forêt tropicale qui bordait l’astroport. La ligne impériale n’avait pas tenu une heure. Les gardes reposaient dans des trous d’obus rempli d’eau maintenant, colorant de leur sang des rivières de boues.
Les deux tours marquaient l’entrée du spatioport. Elles étaient hautes de cent mètres chacune, large de plus de cinquante. Faites de pierres taillées en bloc large et résistante. Des braséros venaient illuminer la nuit ses créneaux et ses remparts. En temps normal, deux régiments habitaient dans ses tours de garde, avec à l’intérieur tout l’essentiel pour tenir un siège ou faire vivre un millier d’homme pendant des mois. Mais elles étaient tombées. Bien trop facilement au goût du sergent Brüner. L’oisiveté avait planté ses griffes sur cette planète.
Le gouverneur avait laissé une population Ork se développer assez pour constituer une Waagh suffisante pour renverser sa ville, mais en plus, ses forces de défenses planétaires n’avaient pas réussi à tenir leur principal atout de défense. Il revenait maintenant aux Black Templars de faire renverser la vapeur, à eux seul.
Dord et Brüner, toujours en avant allaient franchir la seconde porte de l’autre côté de l’immense passerelle quand ils entendirent du bruit venir de devant eux. Des bottes ferrées grimpaient quatre à quatre les marches d’un escalier. Les Orks étaient stupide. Mais là, ils avaient été plus rapide. Ils venaient de fermer la porte de sortie du sergent Brüner et de ses hommes.
-Positions défensives !
Les retardataires arrivèrent enfin sur la passerelle quand les charges de démolitions explosèrent dans l’armurerie qu’ils venaient de quitter. Les flammes et la poussière de brique vinrent sortirent en vague par la porte, arrosant les Astartes d’une douche de débris.
-Au moins, ils auront du mal à passer par là, plaisanta Gauron, l’apothicaire de l’escouade.
Une certaine hilarité vint saisir les Astartes prit au piège sur la passerelle. Johann et Kantor tenait la porte qu’ils venaient tous de franchir, les autres avec leur sergent tenaient la porte de l’autre côté. La pluie continuait de tomber sur eux, rinçant leurs armures pleines de sang, et le blanc de leur tabar commença à ressortir dans la nuit.
D’un coup les Orks commencèrent à sortir par la porte juste devant eux. Les tirs de bolters vinrent les accueillir. Beaucoup tombèrent à la renverse, tombant même de la passerelle vers le sol, cent mètre plus bas. Mais un Ork d’une taille monstrueuse parvint à arriver au contact, juste après avoir défoncer le montant de la porte sous sa taille, élargissant l’entrée pour ses congénères. D’un revers d’un bras puissant et musculeux, Dord se fit renverser. Maximilian se précipita sur lui pour l’empêcher de tomber comme les Orks juste avant lui. Le sergent Brüner chargea, son épée au clair, mais l’Ork fut trop rapide et sa hache fondit sur son épaule. Elle perfora les couches solides de céramite, seul la coiffe des rotateurs de ses os améliorés vinrent arrêter la hache qui allait lui trancher le bras net. A genoux au sol, les Astartes autour d’eux ouvrirent le feu à bout portant sur l’immense Ork qui s’écroula, à moitié sectionné par les tirs explosifs. Brüner toujours avec une gigantesque hache en travers de l’épaule gauche, ferma les yeux.
La tempête avait disparue. L’odeur de la poudre, la moiteur elles aussi avaient disparue. Plus aucune trace des Orks. Seule, l’eau. L’océan dans lequel il était plongé, et dont il ne pouvait pas s’échapper. Sa nouvelle blessure à l’épaule saignait elle aussi abondement. Les cellules de Larraman dans son corps luttaient pour endiguer le flot de sang qui s’écoulait dans l’eau. Mais les blessures étaient trop profondes et nombreuses. Il comprit qu’il n’avait plus aucune chance de survie, soit il se noierait, soit il se viderait de son sang, ou peut-être que le serpent des mers qui l’attaquait allait lui donner le coup de grâce.
Il la vit. Mais seulement ses yeux et ses dents qui reflétaient le peu de lumière qui arrivait jusqu’à eux. Elle se louvait dans l’eau profonde, comme si elle volait, ou flottait sur les courants. C’était maintenant une question de secondes avant qu’elle ne passe à l’attaque. Brüner se savait condamné. Il prit du mieux qu’il pouvait une position défensive. Ses bras en avant. Son épaule, le lançait. Son biceps ne tenait que par un fil. La tête lui tournait sous la perte de sang. Sa vision se rétrécissait de seconde en seconde.
-Je vendrais chèrement ma vie, viens monstre ! Tout ceci est peut-être mon purgatoire, mais je suis prêt à souffrir encore ! Hurla-t-il dans sa tête.
D’un coup d’un seul, la murène chargea vers sa gorge. Il hurla de défit dans l’eau, seul un filet de bulle s’échappa de sa bouche ouverte.
-Non, tu n’as pas encore souffert.
Une voix puissante et rocailleuse venait de résonner dans sa tête, lui vrillant les tympans, la nausée lui vint. La murène avait disparue. Il était seul dans l’eau, flottant encore dans les profondeurs. Il regarda autour de lui, et remarqua qu’il portait maintenant son armure complète. Ainsi que son casque. Malgré le poids de la céramite, il ne coulait pas, mais restait en apesanteur, dans l’eau, flottant légèrement. D’un coup il se senti tiré vers le fond. Il regarda vers ses pieds engoncés dans ses bottes armurées pour voir une puissante main, elle aussi armurée dans son gantelet, lui saisir une cheville. La forme se tracta vers lui, lui saisissant la cuisse, et un casque apparu. C’était celui de Tantion. Il était aussi abîmé que le jour où il était tombé contre ce seigneur nécron qui menait sa horde contre eux. Son torse lui aussi engoncé dans une armure était arraché en de multiples endroits, il tenait à peine par des bribes de boyaux et de muscles abdominaux. Il ressemblait à un revenant des légendes anciennes. Un esprit malin revenant hanter les vivants.
Brüner remarqua que sous Tantion, une marée de revenants, humains ceux-ci, tiraient avec l’Astartes décédé, le sergent vers les profondeurs. Brüner les reconnut tous. Ils étaient tous morts sous ses ordres. Mordians, soldats du Revenant, Cadiens. Dans un dernier cri de défis, Brüner essaya avec son bras droit d’atteindre dans une tentative désespérée le ciel qui brillait loin au-dessus des eaux froides, avant qu’il ne soit ensevelie sous une mer de cadavres.
Il se réveilla en sursaut et en sueur. Sa tête le lançait, un tournis pourtant impossible dû à sa constitution surhumaine lui interdisait de se lever de sa couche pour l’instant. Le monde autour de lui tanguait. Ses oreilles, rendues sourdes par les acouphènes ne percevaient aucun son à part ceux de ses deux cœurs en tachycardie.
Un Astartes était un être vivant bio-ingeneré pour la guerre. Il pouvait combattre dans des conditions où un homme normal n’aurait pas survécu plus d’une dizaine de minutes. Il pouvait endurer les pires atrocités et continuer le combat. Il avait même la capacité de ne pas dormir pendant des périodes de temps très longues et ce grâce à plusieurs moyens. Le cerveau d’un Astartes pouvait, à loisir, choisir d’endormir une partie d’un des lobes de son cerveau pendant que l’autre restait actif. Le combattant restait alors conscient de son environnement, dans une demie transe, pendant qu’une partie de son cerveau se reposait et l’autre restait sur ses gardes. Il pouvait ainsi se priver d’un sommeil complet et profond où il aurait été trop vulnérable.
En réussissant à se lever, le sergent Brüner s’accrocha au lavabo d’étain accroché au mur de ses quartiers et vomit du sang, dans un mélange de bile. Tandis qu’il s’essuyait la bouche avec un torchon de lin blanc posé à côté, il se jura que ce serait la dernière fois qu’il dormirait d’un repos complet, quand les hauts parleurs du Revenant crachèrent :
-Sortie Warp imminente, L’Empereur vous garde.
La Guerre n’attendait pas.