Black Templar Tome I
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Le vacarme des autocanons jumelés était assourdissant. Le lieutenant Mara n’avait pas eu le temps d’enfiler un casque de vol intégral comme celui de son artilleur dont elle avait jeté à bas le cadavre dans la carlingue. Ses oreilles sifflaient, et lui faisaient mal à chaque rafale qu’elle envoyait en appuyant sur les gâchettes de ses armes. Elle n’entendait plus que le rugissement des deux affûts, qui calquaient leur rage sur les flammes qui sortaient de leurs freins de bouche surchauffés.
Le vacarme s’arrêta net. Les percuteurs ne trouvèrent sur le vide sur leurs chemins. Elle était à sec. L’audition lui revint petit à petit sous les acouphènes qui lui vrillaient les tympans. Elle commença à percevoir le monde qui l’entourait. La carlingue qui supportait la tourelle de queue de son Maraudeur était perforée de nouveaux impacts rougeoyants. Un début d’incendie dans le nez de l’appareil venait mélanger sa fumée, à celles des deux armes qui refroidissaient dans la cabine de verre blindé.
Le rugissement plus distant et ténu du bolter du sergent Brüner aboyait toujours sous sa bulle blindée. Elle chercha des caisses de bandes de munitions dans l’habitacle retourné. Elle en vit une, sous un tronçon de poutre de soutènement, qu’elle réussi à débloquer. Elle s’échina à la porter jusqu’à l’arme pour la recharger, mais il manquait toujours une autre caisse pour la deuxième arme. Elle chercha partout, pour enfin trouver trois autres caisses de bandes, coincées sous le poste radio vers le nez de l’appareil. Elle descendit comme elle put, enjamba le cadavre fracassé de son mitrailleur, et porta le reste de caisses vers le sommet de la queue de l’appareil.
Les autocanons s’étaient tus, Brüner rechargeait son bolter comme il pouvait dans le cratère d’obus sous la queue de l’appareil. La horde de nécrons avançait inlassablement. Peu importait le nombre qu’il fauchait, même avec l’aide de cet autocanon jumelé, ils ne reculaient pas, ou même ne semblaient dévier de leur trajectoire. C’étaient de vrais automates, des machines sans âme ni cœur, ni conscience.
Brüner sourit dans son heaume de bataille, alors il leur ferait payer ce manque de discernement. Il venait d’appeler par vox courte portée, un barrage d’artillerie venant des positions Mordiannes. Avec lui comme observateur avancé, les tirs seraient plus précis et meurtriers. Mais ils restaient deux face à une avancée nécron suffisante. Au moins ils libéraient la pression sur la ligne de défense qui pouvait se réorganiser.
Soudain une abomination sortie de derrière une façade effondrée de bâtiment. Une créature mécanique que Brüner n’avait jamais vue. Un corps de destroyer, plus élancé, plus robuste monté sur des battes arachnoïdes, aussi puissante que large. Il battait l’air de ses membres supérieurs, auxquels étaient attachés des faux et des lames qui luisaient de cette fameuse lueur verdâtre. A peine eut-il émergé, qu’il chargea droit sur eux. Brüner épaula son bolter commença à vider son chargeur vers la créature abominable, les tirs ricochant contre elle, ou simplement en détonant dans son corps de métal vivant, sans sembler lui causer beaucoup de dommage. Il savait qu’il n’arriverait pas à la stopper.
Les obus tombèrent en avalanche. Brüner et l’appareil Maraudeur écrasé, était dans les rayons mortels des explosions ou très proche, mais ils n’avaient pas le choix. Le danger était sur eux. Un obus à fragmentation vint cueillir la créature arachnoïde sous une patte pendant sa charge fulgurante. L’explosion souleva sa patte grosse comme une poutre de soutènement des blocs d’habitations environnant, et trébucha pour s’étaler de tout son long dans le sable.
Brüner tirait toujours au bolter, c’était son deuxième chargeur qu’il vidait directement sur la créature, qui encaissait les tirs sans broncher, malgré les dégâts déjà visibles. Elle se releva, avec difficulté, plantant ses lames dans le sable pour s’aider à se relever, et reprit sa marche. Elle franchit les derniers mètres vers Brüner qui avait brandit son épée, en prévision de l’affrontement, elle le dominait de toute sa taille, et sauta à sa rencontre.
La rafale d’autocanons vint la percuter juste sous le menton, pulvérisant câbles, métal, et articulation. Brüner au lieu de se faire asperger de liquide corporel ou de lubrification, ne fut aspergé que d’esquilles de métal surchauffés, et de lambeaux de chairs métallique. Sans attendre, il grimpa sur la dépouille encore parcouru de soubresauts de reflex moteur, pour venir lui planter son épée en plein dans ce qui restait de son buste perforé d’obus à haute vélocité.
Mara reprit le tir, balayant de gauche à droite les alentours de son chasseur bombardier, au milieu du tir d’artillerie allié tout proche. Le débattement latéral de son armement ne lui permettait pas de faucher toutes les menaces en approche, et certains nécrons passaient donc sous ses tirs pour se diriger vers la ligne impériale. La majorité de la vague ennemie, convergeait tout de même vers elle, et le sergent Brüner.
Brüner toujours sur la créature détruite, reprit le tir sur ce qui approchait, quand il distingua dans une rafale de vent chargé de sable, trois autres silhouettes que la même créature qu’ils venaient de terrasser à deux. Il appela une nouvelle frappe d’artillerie vers le vecteur d’approche de ces nouvelles machine nécron, et continua à se défendre, les autocanons hurlant leurs chants de mort dans son dos.
-Le Defense of Graïa et son escorte se dirigent bien vers la planète, nos auspex courte portée indiquent qu’ils viennent de déployer des navettes d’évacuations lourdes. Rapporta un officier.
-Concentrons-nous alors sur ce maudit navire Ork ! Pointa Ström de son index vers la carte hololythique. Ils venaient d’abattre le navire d’escorte Ork qui se fracassait en milliers de débris gros comme des habitations dans l’espace glacial.
Le croiseur Ork, quant à lui, plus lent mais plus blindé que le Revenant, continuait son demi-tour, pour présenter ses flancs au navire Astartes, mais le Revenant le prenait de vitesse pour se positionner sur ses arrières. Dans cette manœuvre audacieuse, il y avait deux problèmes majeurs. Le premier était que pendant toute cette approche à grande vitesse, le navire Astartes serait en proie aux tirs hasardeux mais nombreux des Orks, et le deuxième était, qu’une fois sur sa poupe, s’il était trop proche de lui, la trainée des réacteurs Orks pouvaient les incinérer ou leur causer de lourds dommages.
Ström avait donné ses ordres, il faisait confiance à son équipage pour les exécuter comme il se doit, leur survie en dépendait. Ils approchaient de la perpendiculaire de la poupe du navire Ork. Les pièces de macro-canons étaient prête et attendaient pour tirer. Les tourelles secondaires et de défenses, elles, ouvraient le feu sans discontinuer sur le navire, lui infligeant des dommages légers, mais non négligeable.
Au signal, chaque pièce tirera son obus perforant à haute vélocité, presque à bout portant dans les réacteurs Ork qui crachaient fumées et flammes pour faire avancer cette immondice blindée dans l’espace profond du système. Le moment tant attendu arriva. Ström ordonna de faire feu en tambourinant son trône de commandement d’une main enragée. La passerelle trembla sous le recul du canon qui venait de tirer, puis du deuxième, et ainsi de suite.
Les obus ne pouvaient manquer leur cible à cette distance. Dans un premier temps, on aurait cru que les dommages n’étaient que superficiels, presque insignifiant. Mais les obus détonnèrent profondément. Ce qui causa le plus de dommage, ce furent les explosions secondaires et tertiaires, des conduites de carburant percées, qui remontèrent jusque dans les réacteurs eux même. Tout l’arrière du croiseur prit feu, dans une débauche de flammes, qui luttaient pour brûler dans un espace sans oxygène. Une tuyère de propulsion Ork, se décrocha dans une explosion tonitruante, et vint percuter une autre qui fonctionnait encore. Les deux se vaporisèrent l’une l’autre, emportant avec elles, un pan entier de l’arrière du navire, réservé au personnel de maintenance Ork.
-Sortez-nous de là ! Bâbord toute ! hurla Ström, visiblement satisfait du résultat.
La panique sur la passerelle Ork les mena à leur perte. La cible qu’ils voulaient détruite, venait de disparaitre derrière eux, et des explosions cataclysmiques venaient les secouer jusque sur le pont de commandement. L’ordre fut donné de mettre machine en avant toute. Une réaction en chaîne rajouta au désastre, quand plus de carburant fut envoyé dans les conduites déjà en flammes ou détruites. Des ponts entiers furent noyés sous le carburant surchauffé, qu’utilisaient les Orks, certains furent vaporisés sous un déluge de plasma. Une étincelle suffit pour allumer le brasier.
Les flammes englobèrent le Revenant, quand le navire Ork mit plein gaz pour s’échapper de l’étreinte mortelle du navire Astartes. Les boucliers tinrent bon, quelques minutes, avant de céder, et les flammes plasmatiques léchèrent la coque, la noircissant, la brûlant et la faisant fondre dans une orgie de chaleur, à peine compensée par la froideur de l’espace alentour.
Le Revenant lancé à pleine vitesse dans une courbe l’éloignant du géant Ork blessé, continua de faire feu de toutes ses armes sur la poupe du navire moins blindé que ses autres flancs. Prit de panique, le navire ennemi encaissait des dégâts capables de raser des villes entières, perdant des monceaux de coque et de blindage dans le vide. La destruction était telle que le sang du capitaine Ström ce glaça. Il s’imagina ce sort lui était réservé, pour lui et son équipage. Il se ressaisit en un instant. Il n’aurait pas fait cette erreur, et son équipage aurait tenu bon. Il sourit pour lui-même. Les victoires navales étaient gagnées avec seulement ces deux facteurs.
Propulsé par le reste de ses réacteurs entrain de s’autodétruire, le croiseur ork fut propulsé vers le vide spatial, loin du combat et la planète. Il ne pouvait plus s’arrêter, et plus il avançait, plus les explosions dans les compartiments moteurs prenaient de l’ampleur. Il était dans une boucle infernale, impossible d’en réchapper. Il finit sa course, loin dans le système, proche d’une lune qui tournait paresseusement autour de sa planète inhabitée. Le croiseur finit de se consumer dans le silence, dans une débauche de lumière, comme si un soleil venait mourir sur la surface du planétoïde inerte.
-Capitaine ! Les rapports venant de la planète sont incompréhensibles, je n’arrive pas à comprendre ce qui se passe. Rapporta un matelot, qui remplaçait son officier mort pendant l’affrontement, quelques minutes plus tôt.
-Montrez-moi, ordonna sans attendre Ström.
Le matelot lui apporta une tablette cyber data résumant la situation qu’il avait lu sur les écrans de contrôles de son poste. Le capitaine lu en quelques secondes.
-Cap vers la planète, pleine vitesse ! Hurla-t-il dans le rugissement la coque torturée par le virage et l’accélération soudaine.
Les obus de mortiers Mordians tombaient presque en continu tout autour du sergent Brüner et de la carcasse du Maraudeur du lieutenant Mara. Il avait utilisé toutes ses munitions pour son bolter. Il avait alors dégainé son pistolet et son épée, pour se défendre. Des cadavres nécrons jonchaient le sol tout autour du trou d’obus dans lequel il c’était mit à couvert. Quelques dépeceurs avaient même réussi à le prendre à revers, en longeant la carlingue perforée.
Il fut pris par surprise, mais le lieutenant Mara, toujours dans sa tourelle, au-dessus de lui, avait alors pivoté ses canons à la verticale du sol, directement au-dessus des têtes des dépeceurs et avait lâché une rafale qui avait mordu dans le sable, la pierre et le métal des assaillants. Brüner c’était alors retourné d’un geste vif, tranchant le peu de ce qui restait des dépeceurs. Mara venait de recharger ses armes avec les deux seules boîtes de munitions qui lui restait. Elle n’avait en sa procession plus que quelques secondes de tirs soutenu. Elle se jura que chaque obus compte.
Une phalange émergea des fumeroles, de la fumée et des explosions. Elle était accompagnée de deux destroyers, leurs canons crachèrent des rayons mortels vers les deux alliés en mauvaise posture. Elle orienta les canons sur les destroyers, et Brüner demanda un nouveau report des frappes vers cette nouvelle menace.
Elle appuya sur les gâchettes. Deux violente rafales d’obus partirent vers le destroyer le plus à découvert. Son corps se tordit, tandis qu’il essayait d’esquiver les tirs. Il semblait convulser sous la tornade de projectiles, perdis quelque peu d’altitude, pour rentrer de plein fouet dans un bâtiment en ruine. Il n’était sûrement pas détruit, mais il avait disparu.
Les obus de mortiers touchèrent le sol dans leur sifflement distinctif, soulevant des nuages de sable, et des monceaux de corps désarticulés. C’est à ce moment que l’autocanon se tut.
Brüner regarda par-dessus son épaule, pour voir le lieutenant Mara dans sa bulle de verre blindé, s’acharner sur un des affûts, lui donnant de violent coup de pieds. Leurs yeux se croisèrent. Elle lui fit non de la tête, il comprit. Ils venaient de perdre la majeure partie de leur puissance de feux. Il lui fit signe de sortir de l’épave et de courir vers leur ligne. Il les retiendrait.
La sueur lui coulait dans les yeux, une douille venait d’éclater dans la culasse d’une de ses armes la rendant inutilisable. Elle jura à haute voix, se saisit de la poignée de celle encore en état de marche et vida ce qui lui restait de munition vers la horde approchante. Quand l’arme devint muette, elle glissa vers le nez de l’appareil et couru à toute allure vers les lignes Mordiannes, toujours en train de se défendre.
-Mission de tir, sur ma position, tir de barrage. Ordonna au vox Brüner.
-Bonne chance monseigneur. Lui répondit simplement le chargé de communication.
Les obus partirent, il sorti de son couvert et vida d’une traite le chargeur de son arme, emportant, bras, jambes et têtes qui apparaissaient dans son viseur tête haute, beaucoup trop pour qu’il puisse les compter.
Le soleil disparu, une ombre gigantesque vint lui cacher la lumière du soleil brûlant haut dans le ciel. Puit vint le son rocailleux et puissant des réacteurs d’une navette. Ce ne pouvait être qu’une navette impériale aux vues de son armature et de son armement. Brüner se leva et parti lui aussi au pas de course, pourchassé par le raz de marée nécron, survolé par leur unique espoir d’extraction, quand le Maraudeur explosa dans un champignon de flammes et de shrapnels, emportant avec lui les guerriers autour de lui.
Le sergent Brüner était hors d’haleine. Le lieutenant Mara avait de l’avance sur lui, elle venait de sauter par-dessus les barricades improvisées de la ligne de défense Mordianne. Les soldats autour d’elle continuaient de fournir un tir de lasers et de bolts de gros calibres continu et soutenu. Brüner sentait qu’il était poursuivi mais il faisait confiance aux gardes impériaux pour l’appuyer et le couvrir de leurs tirs. Il ne pouvait pas s’arrêter à découvert, il serait abattu et rattrapé par la horde qui était à ses trousses. Il entendait dans le lointain le piétinement des pas des Chevaliers impériaux, ainsi que le vacarme de leurs armes. Comme si c’était possible, un autre brouhaha vint s’ajouter à la cacophonie de la bataille, une des navettes qui avait survolée la carcasse du Maraudeur avant qu’il n’explose, disparu dans un vol stationnaire descendant vers la position d’un des immenses Chevalier. Une autre la suivait de près, et une dernière, descendant paresseusement vers le centre de commandement Mordian, en plein milieu de la place du marché. Brüner atteignit enfin la ligne impériale, sauta à couvert et entreprit, en même temps qu’il reprenait son souffle, de se défendre. L’extraction avait débutée, ils devaient résister encore quelques longues minutes et tout serait terminé.
Le lieutenant Mara avait disparu, elle avait surement continué sa route vers le bunker de commandement, pour gérer l’évacuation en bonne et due forme. Une des navettes réapparues par-dessus les bâtiments en ruine pour prendre de l’altitude, suivie de l’autre, chargé toutes les deux, des Chevaliers Kord et de son frère, sous leurs ventres bulbeux. Les tirs nécrons les prenaient pour cible, mais les tirs étaient absorbés par les couches de blindage prévues pour résister aux dangers de l’espace et les boucliers atmosphérique déployés.
La troisième ne mit pas longtemps avant de les suivre, et disparu à son tour, dans le ciel strié de tirs et d’explosions. Brüner ouvrit une communication vox avec le commandement au sol pour se tenir informé de l’avancée de l’extraction en cours, un garde hésitant à sa radio lui répondit :
-Je n’ai pas les informations que vous avez demandé, plusieurs rapports contradictoires nous parviennent.
Sa phrase fut interrompue par un chahut et le bruit d’une bagarre rageuse dans le bunker. Quelqu’un hurlait de rage, et le son de sa voix se rapprocha du combiné.
-Donnez moi ce combiné, espèce d’imbécile. C’était la voix du lieutenant Mara, Brüner la reconnut malgré la friture sur la ligne due aux explosions et aux entrées dans l’atmosphère récente autour d’eux. Extraction annulée, le Mechanicus n’a en réalité extrait que ses atouts de la bataille. Le cadavre du magos, son second et sa suite, ont réussi à monter dans une navette, quelques gardes ont voulu eux aussi les suivre, ils se sont fait abattre dans sommation. Ils nous ont abandonnés, monseigneur.
Brüner coupa la liaison, et essaya de joindre les navires en orbites. Aucun ne répondit, la rage bouillonnait en lui. Tout ce qu’il craignait, prenait forme. C’était une des machinations de l’inquisiteur Karlhaurss, il en était sûr. Il avait ce qu’il voulait, et maintenant il abandonnait ce dont il n’avait plus besoin. Et le Mechanicus, dans ses froides calculassions ne faisait qu’obéir.
-Revenant, vous me recevez ? Rien. Seulement les parasites lui répondirent. Il retenta sa chance mais toujours rien. Soudain son vox prit vie.
-Forces au sol, ici Defiance en approche rapide dans la haute atmosphère, en escorte de notre Thunderhawk de transport.
-Defiance ? Ici le sergent Brüner, nous sommes débordés et les navires du Mechanicum nous ont abandonnés.
-C’est ce qu’il semblerait frère sergent, préparez-vous à une extraction d’urgence, nous arrivons. La liaison se coupa dans le tonnerre sonore du cockpit du Thunderhawk qui rentrait dans l’atmosphère surchauffée de la planète.
Brüner comprit vite ce qu’il avait à faire. Il ordonna aux gardes autour de lui de continuer à se défendre comme si l’Empereur lui-même les regardait, et il savait qu’ils ne failliraient pas, il en était persuadé. Il recula de la barricade, toujours sous les tirs, répliquant lui aussi vers les silhouettes qui approchaient, et entreprit de retrouver le lieutenant-colonel Mordian et le capitaine Makloff, toujours en charge des défenses de la ville.
La fusillade était dense et chaotique. Partout où regardait le lieutenant-colonel, il voyait ses hommes se battre aux côtés de ceux déjà morts, ne pouvant pas évacuer les cadavres loin des zones de guerre. Même certains blessés, stabilisés et encore valide arrivaient depuis le Médicae pour aider au combat ceux encore debout. Le lieutenant-colonel Mordian venait de rejoindre la ligne de bataille, il ne pouvait plus se permettre de gérer cette bataille de loin, il devait s’impliquer personnellement. Et, il le sentait, si c’était la fin de son régiment il mourrait avec ses hommes, les armes à la main. Il plongea à couvert pour recharger son pistolet laser. Ces satanés nécrons étaient dur à tuer, ils continuaient de se relever malgré les dommages colossaux subis, et quand ils arrivaient à en détruire un, un autre prenait sa place instantanément. C’était une véritable vague qui venait ronger un littoral affaibli de corps et de fusils laser.
Plus loin, il voyait le capitaine Makloff, entouré lui aussi de ses hommes, distribuant autant de tirs vers l’ennemis que d’ordres et d’encouragement à ses hommes. Le lieutenant-colonel avait vu beaucoup d’officier de différent régiment au cours de sa carrière, mais ce subalterne des Astartes était différent. Comme s’il savait qu’il incarnait le chapitre qu’il servait, à chaque seconde de sa vie. Il était le réceptacle d’un fragment de la puissance martial et de la droiture des Black Templar. Et pour un humain, c’était un don. Il voyait ce don dans chaque serf, et soldat du Revenant. Et ce n’était pas maintenant que son régiment allait faire pâle figure. Pas aujourd’hui.
Il encouragea ses hommes à se battre et se sacrifier, mais il savait aussi que ses hommes avaient vu les navettes partir sans aucun de leurs compagnons. Les Chevaliers et les hommes-machines du Mechanicum étaient tous parti. Chaque homme présent, dans son cœur, savait qu’ils se battaient tous contre la montre. Contre une mort douloureuse.
Une silhouette drapée de noire, rendue floue par sa vitesse, arriva derrière lui et sauta à couvert à ses côtés. C’était l’Astartes qui commandait tous les autres anges de l’Empereur-Dieu. Le sergent Brüner. Sans un mot, il épaula son bolter et pulvérisa de plusieurs rafales les nécrons qu’essayaient d’envoyer au tapis les hommes de Mordian depuis de nombreuses secondes.
-Monseigneur, notre périmètre s’effondre. Bientôt notre ligne de bataille sera poreuse et des ilots de résistance vont éclore. Nous ne pouvons pas les retenir plus longtemps. Enuméra le lieutenant-colonel, rechargeant son pistolet laser pour la seconde fois.
-Je sais lieutenant-colonel, mais une extraction d’urgence arrive. Nos deux navires, ainsi que le Revenant viennent nous sauver. Lui répondit Brüner, toute son attention accaparée par les cibles qui bougeaient devant lui.
Les yeux du lieutenant-colonel semblèrent briller d’un espoir brûlant, entendant peut-être une échappatoire à lui et ses hommes. Mais aussitôt un voile vint assombrir son regard. Il comprit.
- Donnez moi deux compagnies au complet, et je les retiendrais assez longtemps pour que vous puissiez vous extraire vers l’orbite. Annonça calmement le Mordian.
Brüner fut surprit. C’était en effet, ce qu’il allait ordonner à cet homme, mais il l’avait devancé. Le lieutenant-colonel avait compris que pour qu’une infime partie de ses hommes puissent vivre, alors les autres se devaient de se sacrifier. Dans le cas contraire, il n’y aurait plus personne à sauver. Un prix élevé à payer pour que le régiment survive, sauvé de l’annihilation, et lavé d’une honte indélébile.
-Je ne vous en ai pas donné l’ordre, soldat. Argumenta Brüner, regardant maintenant fixement dans les yeux le Mordian, d’un mètre plus petit que lui.
Dans son uniforme bigarré, taché de sang et couvert de poussière, il lui rendit son regard :
-Prenez soins de mes hommes, de ceux qui arriveront à partir avec vous. Je vous les confie, monseigneur.
Le sergent Brüner des Black Templars auraient pu s’en moquer, mais il accepta ce grand honneur. Cet homme allait se sacrifier pour que le nom de son régiment et de sa planète perdure. Il agrippa l’avant-bras de l’homme, qui lui rendit son salut des anciens guerriers de Terra La Sainte. Le lieutenant-colonel lâcha le bras qu’il agrippait, deux fois plus gros que le siens et se saisi du combiné du porteur de radio posté à côté de lui. Il donna ses ordres :
-Compagnie, Baker à Echo, vous vous replierez dans les transports Astartes qui arrivent. A toutes les autres, nous restons ici pour leur donner assez de temps de se replier. Messieurs, préparez-vous à défendre chèrement vos vies. Le devoir nous l’ordonne. Lança le lieutenant-colonel dans sa radio.
Le soldat portant l’étendard régimentaire, planta la hampe dans le sol, pour que tout le monde voit bien haut dans le ciel la bannière flotter aux vents. Il en profita pour sortir aussi son pistolet réglementaire pendant que les soldats alentours, mettaient baïonnettes aux canons. On aurait dit que c’était comme une habitude pour tous ces soldats, ou peut-être qu’ils avaient été préparés pour cela toute leurs vies. Entrainés, préparés, à répondre à l’appel du devoir le moment venu. Et ils avaient répondu.
La couche nuageuse fut transpercée par deux oiseaux d’assaut surarmés, leurs carlingues surchauffées par l’entrée atmosphérique à toute vitesse. Leurs ailes laissaient des trainées de condensations ainsi que leurs réacteurs poussés à plein régime. Le Thunderhawk de transport descendit plus que son homologue qui devait l’appuyer de ses tirs pendant la descente.
L’équipage du Defiance aperçu enfin la ville qu’il avait laissé il avait seulement quelques dizaines d’heures auparavant. Elle était maintenant méconnaissable. Les incendies la ravageaient. Les bâtiments s’écroulaient les uns après les autres dans des nuages de poussière. Les abords de la ville et ses dunes étaient retournés par les bombes et les tirs. Les cadavres nécrons et impériaux jonchaient le sol, et le contraste du sang du le sable ou la pierre du sol, faisaient comme des milliers de taches brunes depuis le ciel. L’équipage du Defiance n’attendit pas une seule seconde de plus, et déversa la haine de l’Empereur-Dieu, personnifié sur les nécrons en contrebas. Frère Hasmond, le pilote, avait choisit comme sélection d’arme, un éventail pour l’attaque au sol. Les bombes incendiaires et explosives quittèrent les ailes pour venir s’enfoncer dans le sable avant d’exploser dans des champignons mortels.
La rue vers laquelle Brüner tirait, fut soufflée comme un château de cartes. Les nécrons furent désarticulés, emportés dans les airs par la force de l’explosion de la bombe qui venait de perforer le toit d’une bâtisse pour détonner dedans. Une vague de poussière, vint percuter la barricade, noyant les défenseurs dans une épaisse couche, impossible à percer, sauf avec les optiques du casque du sergent Brüner. Ce bombardement allait leur laisser une fenêtre salvatrice de quelques secondes. C’est à ce moment que le Thunderhawk de transport se posa dans une cacophonie de tuyères chauffées à blanc. Dans ses attaches ventrales, une était libre pour accueillir le Contempt of Death, et dans l’autre, reposait un conteneur de transport de troupe.
Le sergent Brüner donna l’ordre, et le Contempt dans une marche arrière vint s’arrimer sous la carlingue du Thunderhawk qui, on aurait dit, attirait les tirs nécrons. Le Defiance les survola à toute vitesse, tirant au bolter lourd et au canon de bombardement avant de repartir vers les nuages pour une nouvelle passe de bombardement à basse altitude. Brüner regarda sur sa carte tactique dans son affichage tête haute, le Contempt était arrimé, et le peu de soldats Mordians et de l’équipage du Revenant embarquaient dans la soute de transport. Sans attendre, quand il fut chargé, le pilote cybernétique, actionna la propulsion, et lesté de plusieurs tonnes, il reprit de l’altitude avant d’enclencher sa post-combustion et de disparaitre dans les nuages, vers l’orbite.
Le Defiance arrivait lui aussi maintenant. Il était presque en vol stationnaire. Ses ailes ne portaient plus aucune bombe ni missile, il avait tout tiré, en s’allégeant, et en donnant un sursis aux forces aux sol. Ses patins touchèrent terre, Hasmond n’avait pas coupé ses réacteurs, et la rampe d’embarquement s’abaissait déjà.
Le lieutenant-colonel se retourna vers le sergent Brüner, un regard hargneux, plein de fureur, et lui cria :
-Allez-y ! Nous vous appuyons !
Sans attendre, Brüner donna l’ordre, tous les Astartes présent se désengagèrent en bonne et due forme, appuyant leur retraite, délivrant un tir de barrage colossal, pour traverser tout le découvert jusqu’à la place centrale de la ville.
Il était là. Abimé, entaillé, mais entier. Plus que trois de ses quatre stratoréacteurs fonctionnaient. Il avait dû être endommagé pendant la bataille spatial, mais il fonctionnait toujours. Hasmond ne les aurait jamais abandonnés à la surface. Brüner posa un pied sur la rampe, l’autre toujours au sol, et s’acharnait à appuyer de ses tirs ses hommes qui arrivaient vers lui, imité par le chapelain, et Johann, avec son bolter lourd, tirant depuis une des portes latérale, ouverte. Des gardes Mordians arrivaient encore, pénétrant dans le compartiment qui commençait à se remplir. Puis surgit frère Gauron, l’apothicaire, il portait le cadavre de Tantion, sur une civière avec l’aide de Dord. Les deux autres blessés Astartes étaient déjà chargé à l’intérieur.
Gauron semblait couvert de sang. D’un simple regard, Brüner vit que ce n’était le sien, mais celui d’hommes ordinaires, bien moins riche en oxygène et globule rouge.
-Que s’est-il passé ? Lui demanda Brüner, finissant de vider son chargeur vers le lointain.
-Ennemi dans le périmètre, le Médicae est attaqué par un adversaire venu des profondeurs. Ils sont sortis du puit de la ville et ont massacré tous les blessés. C’est un vrai carnage.
Brüner fit mine de descendre de la rampe pour aller voir ce qu’il en était. Gauron l’arrêta d’une main ferme mais amicale sur son épaule.
-C’est trop tard, ils sont tous mort.
Le sergent Brüner, la mine assombrit sous son casque, laissa entrer les derniers retardataires. Il verrouilla la rampe et le Thunderhawk décolla dans les rugissements des turbines. Toujours la porte latérale ouverte, Johann finit ses dernières cartouches avant de lui aussi verrouiller la porte, plongeant le compartiment dans le noir, et verrouilla son armure à un siège, secoué par les turbulences des tirs et de l’ascension violente en altitude.
Les Mordians encore au sol, virent le dernier Thunderhawk s’arracher à la gravité de la planète, avant de disparaitre. Résolus, combattifs et déterminés, ils tirèrent toutes les cartouches en leurs possessions, jetèrent toutes les grenades qu’ils avaient. Même certaines escouades chargèrent à découvert les nécrons qui fonçaient sur eux. Prit entre deux feux, de l’intérieur et de l’extérieur du périmètre, ils furent ensevelis sous la masse des corps mécaniques. Des gardes se battaient encore sur des monticules de leurs camarades tombés, et des leurs ennemis brisés. Aucun ne faillit, ils celèrent leur destin avec le sang des ennemis de l’Imperium. Tel était leur devoir, et telle fut leur mort.