Black Templar Tome I

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Cela faisait maintenant plus de deux semaines complètes que le Revenant voyageait en transit Warp. Il avait réussi à quitter ce système maudit qui avait failli tous les faire tuer, entre le feu nécron et la rage Ork. Le navire avait quitté l’orbite de la planète aussi vite qu’il lui était possible après les dommages subis lors de l’affrontement titanesque contre les Orks dans l’espace. Et avait distancé, lentement mais surement, les croiseurs Orks qui le poursuivait encore. Les tirs ricochaient contre ses boucliers bleutés, sans dommages, jusqu’au point de Mandeville éloigné du système. Le Revenant fut aspiré par la mer des âmes vers une destination inconnue, simplement pour semer les Orks dans leur retraite. Quand ils furent assurés qu’ils n’étaient pas suivis, le sergent Erik Brüner des Black Templars, ordonna une halte dans l’espace réel.

Le Revenant patrouillait maintenant dans les profondeurs de l’espace, à vitesse conventionnelle, pansant ses blessures. Les dommages étaient titanesques. La pièce d’artillerie défectueuse avait été réparée, mais le reste du navire était touché. De nombreuses coursives tertiaires et secondaires étaient condamnées, donnant directement sur le vide spatial. Pulvérisée, perforée par les obus Ork. Le système de communication longue portée était lui aussi touché, les capteurs et antennes arrachés par les tirs, et la manœuvre d’éperonnage, qui avait elle aussi laissé des stigmates dans le blindage frontal du navire. Il était roussi, brutalisé, craquelé même à certains endroits, mais il avait tenu bon.

Mais c’est les pertes humaines qui furent encore plus grande. Des centaines de soldats de défense du navire, tombèrent pendant l’abordage, mais réussirent à repousser l’ennemi, aux prix de leurs vies. Aucun des points névralgiques du Revenant ne fut atteint par la sauvagerie des Orks. Le croiseur d’attaque Astartes n’était plus que l’ombre de lui-même. Mais cela aurait été une erreur de penser qu’il ne pouvait plus se défendre. Ni même attaquer. Il restait un fauve. Blessé, mais encore bien en vie. Prêt à mordre, et tuer.

L’équipage Astartes était à l’image de sa demeure flottant dans l’espace. Malmené, brutalisé, blessé, mais toujours debout. Brüner avançait dans la pénombre du hall des victoires du Revenant. Il foulait à grandes enjambées le tapis rouge sang qui recouvrait les dalles de pierres du couloir bordé de colonnes sombres montant jusqu’au plafond, illuminés par les braseros. Entre chaque colonne se tenait une armoire toute faite de verre, qui reposait dans la pénombre, vide. A part une seule. Quand Brüner passa devant elle, il ralenti et s’arrêta. Dedans reposait l’armure complète du frère Tantion. Elle était méconnaissable. Certaines parties ne tenaient que grâce au champ de stase invisible de la vitrine de verre blindée. Quand il s’approcha, un lumiglobe caché illumina mieux l’armure antique, balafrée qui avait protégée son porteur du mieux qu’elle pouvait. C’était un bijou de technologie, et maintenant une relique. Dans deux coffrets sertis de soie fine, de part et d’autre de la vitrine, reposaient dedans, les armes de Tantion. Un bolter ouvragé, marqué de l’insigne des Black Templar et son glaive de combat. Le glaive était encore maculé de sang, d’autres liquide, de son dernier combat.

Brüner posa une main armurée sur la vitrine, pouvant presque toucher l’armure du guerrier qui c’était battu pour lui, et était mort. Il revit Tantion se battre sur cette dune, aux côtés de son frère Dord, comme deux lions sauvages, terrassant ce seigneur nécron qui ne voulait que leur destruction, à lui et ses hommes. Ce jour-là, ils les avaient tous sauvé. La cérémonie c’était passé dans les entrailles du navire, dans les catacombes réservées aux Astartes. Le corps de Tantion reposait dans un mausolée retraçant sa vie, ses combats, et tous les honneurs qu’il avait reçu au cours de sa carrière.

Maintenant il reposait en silence, sous leurs pieds, gardant et protégeant ses frères, comme il l’avait toujours fait de son vivant.

Brüner reprit la marche vers le chemin de ronde qui menait à la passerelle de commandement. Il arriva devant les battants blindés, fermés. Deux gardes dans un uniformes auparavant bigarré, mais maintenant sombre de la couleur du chapitre, montaient la garde. C’étaient deux Mordians, fusils lasers en travers de la poitrine. A leur retour sur le Revenant après leur empoignade féroce avec les nécrons, les soldats Mordians qui avaient réussi à fuir avec eux, environ cinq cents furent incorporé au sein des forces des Templars. Brüner, à même le sol du hangar, quand tous furent débarqués, leur avait fait prêter serment envers lui et le chapitre, leur assurant une place à bord, et les avaient nommés comme sa garde d’honneur. Ces soldats avaient alors pensé leurs blessures, et repeint leurs uniformes d’apparat en noir profond. Seuls leurs décorations étaient les seules différences visibles entre eux et les autres serfs du chapitre. Ils formaient une garde rapprochée, et d’élite de cinq cents courageux, qui avaient vécu l’enfer, et survécu à la mort de leur régiment.

Les gardes ouvrirent les portes pour laisser passer le sergent Brüner en le saluant. Il les dépassa dans son armure complète, réparée et nettoyée par son serf durant leur transit Warp. Il portait ses armes à sa ceinture, et arriva sur la passerelle.

Le capitaine Ström comme à son habitude mâchouillait tout en fumant un cigalho, collé à un coin de sa bouche. Il supervisait encore les quelques réparations qu’ils pouvaient encore faire, mais pour le reste il leur faudrait un port en espace profond. Dix Astartes l’attendait, c’étaient ses hommes. Tous en armure, leurs casques en positions, cachant leurs traits.

Brüner avait ordonné que le sacrifice du régiment Mordian vienne d’ajouter à la liste d’honneur sur la bannière de la croisade. Une ligne d’or c’était fait alors rajouter sous le lieu de la bataille sur terre et dans l’espace, la date, et la mort héroïque de Tantion. Maintenant plusieurs lignes d’or venaient ornementer cette bannière. Et Brüner en était sûr, de nombreuses autres viendraient s’y ajouter.

Il regarda la salle, de gauche à droite, et distingua dans la cohue d’officiers et de serfs, affairés sur leurs tables hololythique, pour les derniers préparatifs, le lieutenant Mara qui elle aussi supervisait un groupe d’officier se chargeant d’auspex. Leurs regards se croisèrent, il lui envoya un léger signe de tête qu’elle lui rendit, le regard sévère.

Son attention se reporta sur le capitaine qui attendait patiemment.

-Où allons-nous monseigneur ? Demanda Ström dans un nuage de cigalho.

-Nous poursuivons notre chasse. Certains de nos frères ont trouvé une piste, et nous partons à leur recherche. Déclara Brüner, envoyant les coordonnées transmises par un colonel de la garde, il y de ça bien longtemps. Nous ne laisserons plus rien se mettre en travers de notre route. Notre mission est maintenant toute tracée.

-A la bonne heure ! Lança le capitaine, donnant déjà ses ordres.

Brüner se rapprocha de ses hommes, et posa une main sur l’épaulière de Dord, qui contemplait l’immensité du vide spatial par la baie de verre blindé, dans un silence religieux. Ils admirèrent le spectacle jusqu’à ce que les volets blindés ne se ferment pour protéger les occupants pendant la traversée Warp. Dans un vacarme assourdissant rendu inaudible par l’absence d’oxygène, l’espace réel se fractura sur une faille Warp ouverte par le navire Astartes. Lancé comme un bolt, il fila dans l’Immaterium, vers sa prochaine destination, jonchée de corps, de souffrance et de guerres éternelles.