Black Templar Tome I
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Le Revenant pourfendait la noirceur de l'espace. Ses immenses réacteurs le propulsant à une vitesse vertigineuse dans l'immensité du vide. Cela faisait de nombreux mois depuis la dernière campagne, à la recherche de leurs frères disparus. Le plus clair du temps, ils l'avaient passé en transit Warp. Mais leurs réserves de plasma commençaient à manquer. Un croiseur d'attaque lourd pouvait patrouiller de long cycle en parfaite autonomie, mais un ravitaillement de carburant, de denrées et de munitions sont toujours à prévoir. Pendant la majeure partie du transit, l'équipage s’entraîna, occupant leurs esprits et leurs corps dans la prière et l'entretient du navire. Les Astartes aussi. Ils commençaient à devenir une véritable unité de combat. Polyvalente, versatile, et complémentaire. Chaque surhomme connaissait le placement de ses frères et savaient se positionner à son tour pour mettre en place un balais guerrier précis et mortel. Le navire était sorti du Warp deux jours plus tôt dans un secteur quasi abandonné de tous, aux coordonnées indiquées. Comme à leur habitude, l'équipage s'équipa en arme et armure pour la périlleuse translation. Ils arrivèrent dans le secteur reculé, et durent faire face à un imprévu.
Quand le Revenant revint dans l'espace réel, l'équipage resta bouche bée. Tout avait disparu. En temps normal, un point de Mandeville, se situait aux abords du système. C'était un point de rentrée et de sortie Warp stable, permettant aux transports, marchants et vaisseaux de guerre de rejoindre le système. Ce point était presque toujours situé près de la planète principale ou même du soleil du système. Quand le Revenant apparu, il ne trouva que le vide. L'équipage effectua un balayage de la zone grâce à tous les capteurs présents sur le navire. Ils étaient seul. Le capitaine Ström, furieux qu'une transition Warp soi-disant normale l'ai fait dévier ou même fait perdre, ordonna à son équipage de trouver une explication et savoir où ils avaient atterri. Ils finirent par trouver la balise du système. Une sonde relais dérivant dans l'espace, loin d'où elle devrait se situer, normalement aux encablures du point de sortie.
Chaque système ou presque possédait un balise relais. Elles enregistraient automatiquement les entrées et les sorties Warp du système et enregistraient aussi les informations importantes, comme les mouvements militaires ou les déplacements ennemis connu. L'analyse de la balise leur appris qu'ils étaient précisément là où ils devaient arriver, seulement c'était les planètes et le soleil, qui n'y étaient plus.
Quand le Revenant synchronisa ses horloges internes après un si long voyage Warp, ils découvrirent aussi qu'ils étaient arrivés avec deux mois de retard par rapport aux prévisions annoncées. Le temps n'avait plus court dans l'Immaterium, après chaque voyage, une resynchronisation était nécessaire.
Il fallut encore deux jours à l'équipage qui travaillait sang et eau pour trouver une explication pour enfin avoir des réponses à donner à leur capitaine. C'est l'analyse des données brutes de gravitation qui leur donna la réponse. Le soleil du système, une sphère de plasma instable, était au centre de l'économie de ce secteur. Une station automatisée de raffinage et de distribution de carburant avait été aménagée dans son orbite lointaine, assez pour se tenir hors de sa chaleur destructrice et de ses éruptions cataclysmiques. Seulement voilà un millénaire, un navire marchant gigantesque, et laxiste dans son approche de la station de ravitaillement s'écrasa sur le soleil, engendrant une réaction en chaîne sans précédent. La destruction du navire engendra une combustion de l'étoile plus haute que la normale. L'explosion fut si grande que le soleil commença à se dévorer lui-même plus rapidement. Un autre phénomène apparu. Le soleil se déplaça, sortant de l'orbite jusque-là habituelle. Dû à sa grande force d'attraction, il attira toutes les planètes du système avec lui.
De ce fait, un système éloigné, mais essentiel à l'Imperium se retrouva coupé du monde. Ses planètes et sa raffinerie, s'éloignant du seul point d'entrée et de sortie de ce secteur de l'espace profond. Les habitants de ses mondes, n'ayant aucune idée de ce qui se passait, s'éloignaient inexorablement de la civilisation. L'étude de la balise informa que les trois planètes qui composaient ce coin d'espace étaient pauvre, n'avaient aucun minerais ou ressource naturelle particulière, toute l'économie reposait sur la raffinerie qui servait de base de ravitaillement et les passages des navires dans leurs encablures.
Le Revenant et son équipage n'avait aucune autre solution. Ils n'avaient pas assez de carburant pour effectuer un autre trajet Warp vers un autre secteur de ravitaillement. Ils devaient continuer par propulsion classique, de se diriger vers le soleil dérivant dans l'espace et ses planètes. Durant les jours qu'il fallut pour rejoindre sa destination, l'équipage sur ordre de leur capitaine, s’entraîna au rechargement et tir des pièces d'artillerie navale. Chaque voyage en espace réel et vide, était l'occasion de s’entraîner sur des cibles imaginaires. Ce n'était pas la première fois qu'ils s'exécutaient à la tâche. Durant de nombreuses heures, les serfs du chapitre, en sueur rechargeaient les canons qui tiraient à un rythme de métronome.
Le rechargement et le tir, de la première salve était le plus simple. Au branle-bas de combat, tous les serfs se ruaient à leurs pièces et la chargeaient. Attendant l'ordre des maîtres artilleurs pour ouvrir le feu sur un ennemi qu'ils ne verraient jamais. C'était la deuxième, et la troisième, et tous les autres rechargements qui suivaient qui étaient dur. Ils devaient se faire toujours dans les mêmes délais, alors que les chargeurs s'épuisaient, transpiraient, et étaient secoués par un combat naval violent.
Les contremaîtres devaient redoublés de sévérité et de force pour imposer les cadences infernales de rechargement de leurs pièces d'artillerie. Certain utilisaient le fouet, d'autres les privations de nourriture en châtiment. Mais tous savaient, que si les cadences n'étaient pas respectées, c'étaient leur survie à tous qui était en jeu.
L'atmosphère de la chambre individuelle de chargement était étouffante. Chaque pièce était engoncée dans la coque, profondément enfoui dans les flancs du navire. La culasse de chaque canon donnait sur un hangar immense, où s'entrechoquait les chaines de tirages, les poulies, les serfs en sueur et les obus gigantesques. Quand l'ordre était donné, les sirènes hurlaient à l'équipage déjà sur le pied de guerre, de se mettre en position. La majeure partie de membres présent dans les hangars des pièces navales était sourd. Des années de service, à être aussi prêt de pièces d'artillerie qui tiraient, les avaient prélevés de leur audition. Certains étaient encore bien entendant, cela montrait leur jeunesse au sein de la flotte et de leur poste.
Au signal, le chargeur automatique, une immense chaîne d'adamantium de dix mètres de large, ponctué de crochets pneumatiques titanesques à intervalle régulier, amenait des bunkers à munitions, situés loin dans le ventre du navire des obus de macros canons. C'était des obus capables de traverser les immensités de l'espace sur de très grande distance, de perforer les blindages les plus durs et exploser en faisant un maximum de dégâts. Ils étaient gros comme des tanks et lourd comme des blocs d'habitations.
Quand l'obus émergeaient des cales par le chargeur automatique, une équipe d'une centaine de serfs s'attroupait pour s'en occuper. Leur travail, dans leurs échafaudages qui surplombaient le hangar, était de réceptionner l'obus, le sangler, le faire pivoter vers la gueule béante de l'arme ouverte. Une fois fait, c'était la deuxième équipe qui prenait le relais. Forte de presque deux cents hommes, au sol, elle saisissait d'énormes chaines d'adamantium, reliées à un système de poulies au plafond, démultipliant la force des hommes au sol. Les hommes et les femmes de l'équipe tiraient alors de toutes leurs forces, ce cassant le dos, dans la crasse et la fumée sur les chaines. Lentement, mètres après mètres, l'obus traversait le hangar vers la chambre de tir du canon. Dans un dernier effort l'obus atteignait sa destination. L'immense porte blindée de la chambre de tir se fermait, faisant disparaître l'obus à l'intérieur. C'était le signal pour tous les serfs présents de reculer le plus loin possible de l'arme.
Quand l'ordre fut donné, l'arme navale tonna. Sous la détonation, elle recula de prêt de trente mètres en arrières, sur les rails d'absorption du recul. Malgré les ralentisseurs inertiels, le recul faisait vibrer tout le navire. La graisse déposée sur les rails était vaporisée dans l'air par la force exercée. Se transformant en gaz toxique. Alors le balai recommençait.
Tous aveuglés par les gaz, sonné par la détonation, et rendu sourd par le tir, une équipe était en charge de remettre l'arme dans sa position initiale, pendant que l'autre se préparait à recevoir le nouvel obus qui sortait de la cale.
Un hangar complet regroupait environ cinq cents membres d'équipages pour espérer manipuler, charger et faire tirer l'arme monstrueuse. Le Revenant possédait huit de ces canons, ainsi qu'une lance laser et un canon de bombardement. Quand tout se passait bien, une telle arme pouvait être recharger en moins de douze minutes. Les maîtres artilleurs y veillaient personnellement.
Ils arrivèrent enfin aux abords du soleil. Trois planètes moroses orbitaient autour de lui. D'après leurs informations, seulement une, la plus grande, était habitée. Les autres, complètement déserte et stérile avaient été abandonnées. Sur la planète principale vivait une colonie minime. A peine un million d'habitants. Une ville insignifiante. Le réel objectif était de rejoindre la station automatisée de ravitaillement.
L'approche fut périlleuse, mais la discipline inculquée chez les marins de la flotte Black Templar eu raison de tous les pièges gravitiques ou changements de parcourt à prévoir. Quand un marin vérifiait ses données deux fois pour être sûr de lui, un serf du chapitre des Black Templar vérifiait par trois fois, et on pouvait être sûr que ses compagnons vérifiaient eux aussi les données et les travaux des autres. Chaque action réussie était un hommage à l'Empereur Dieu de l'Humanité. Il n'y avait aucune place à l'erreur ni à l'échec.
Le navire approchait à allure modérée de la station automatisée. Il avait réduit sa vitesse dans son approche finale. La station était un enchevêtrement de hangars déserts, et de bonbonnes de stockages de plasma. Comme des excroissances ou des bubons infectés, qui parcouraient sa peau de métal. Des longs fils semblables à des toiles d'araignées pendaient de la station vers le soleil en contrebas, long de plusieurs dizaines de kilomètres. C'étaient les récupérateurs de plasma, voguant au-dessus de la boule en fusion qui produisait le carburant si convoité. Quand une explosion à la surface envoyait dans l'espace une importante quantité de plasma, alors les récupérateurs, forgés dans des alliages de métaux précieux et rares, prévu pour résister à de fortes températures, récupéraient alors le gaz surchauffé. Il était alors raffiné et stocké dans la station en orbite haute. La récente suractivité de l'étoile, permettait de produire un carburant de première qualité, malheureusement, les effets secondaires faisaient s'éloigner ce système des principales voies commerciales.
Le Revenant s'arrima sans difficulté à la station, ses boucliers Void tournés vers la surface du soleil pour protéger le navire de la moindre irruption de l'étoile. Les compresseurs qui envoyaient dans les immenses tuyaux, le plasma sous haute pression depuis la station permettaient un ravitaillement rapide. C'était un atout essentiel pour ce genre de station.
Quand le ravitaillement fut presque fait, le Revenant capta un message, qui leur était adressé.
-Capitaine ! Notre astropathe nous informe qu'un message vient de nous arriver ! Cria à l'autre bout du pont de commandement, le préposé de quart aux transmissions.
-Un message astropathique ? Demanda le capitaine, intrigué.
-Non capitaine, par voie classique. Lui répondit le marin.
-Mais alors, comment c'est possible, personne n'est aussi prêt ni en mesure dans tout le système de nous envoyer un message par voie noosphérique. Nous sommes seuls ici. Lui répondit le capitaine Ström. Que dit ce message ?
-Impossible de savoir. Il est verrouillé par un sceau spécial. Il est réservé aux forces de l'Adeptus Astartes. Quand il eut fini sa phrase, le marin sembla lui aussi réaliser quelque chose.
-Comment est-ce possible qu'ils sachent que nous avons des Astartes à notre bord ? Se demanda le capitaine à haute voix.
Il était fréquent que les croiseurs d'attaques Astartes patrouillent dans les voies navales sous protectorat de l'Adeptus. Mais ce système était éloigné de tout, et surtout un navire de cette taille avait comme marin des serfs du chapitre. De simples humains. Les Astartes étaient trop peu nombreux pour être sur tous les navires, toutes les planètes, sur tous les champs de batailles de la galaxie. Ils devaient délégués. Et il était impossible qu'un autre navire, dans ce système précis puisse savoir la composition de l'équipage. Quelque chose n'allait pas. Soudain, l'officier de quart qui regardait avec attention les auspexs à courtes, moyennes et longues portées, blêmi. Ström le remarqua aussitôt. Avant qu'il ait pu dire quoi que ce soit, une alarme retentit.
-Contacts multiples capitaine ! Différentes signatures énergétiques, des vaisseaux de tonnages différents. Ils viennent d'apparaître de derrière la planète principale. J'en compte quatre.
-Branle-bas de combat messieurs ! Chargez les pièces, que les équipes incendies et d'abordages se tiennent prête à repousser une attaque.
L'alarme hurlait toujours, l'éclairage de sécurité éclairait le pont de commandement dans une lumière rouge stroboscopique. Le sergent Brüner fit irruption sur le pont. Malgré l'alerte, les officiers et les matelots restaient calme.
-Arrêtez moi cette alarme, hurla le capitaine.
L'éclairage revenait à la normale. Les panneaux blindés étaient baissés sur la baie d'observation pour protéger les occupants. Le capitaine avait ordonné de se désarrimer de la station de ravitaillement et de prendre une trajectoire d'interception vers les navires qu'ils venaient de détecter. Le Revenant fendait à pleine vitesse, armé et prêt vers la planète principale pour voir de quoi il retournait.
-Capitaine Ström, votre rapport. Ordonna d'un ton calme Brüner.
Ses onze Astartes étaient sur le pont, en arme et en armure. Ils attendaient les ordres. Frère Gauron regardait par-dessus l'épaule d'un officier les données qui défilaient sur les écrans verdâtres. Avant que Ström ai pu répondre le moindre mot, le projecteur hololythique du pont s'alluma de lui-même projetant un tapis de pixel vert profond qui descendaient du plafond pour former un rideau numérique où des visages pouvaient être modélisés.
-Mes respects capitaine. Je suis l'amiral Humard, commandant de cette flotte. Dit la voix numérique, résonant dans les hauts parleurs du pont de commandement.
Un visage numérique de cinq mètres de haut venait d'apparaître et d'adresser la parole au capitaine Ström sans autorisation.
Si le capitaine Ström était surpris, alors il ne laissa rien paraître.
-Je fais la demande officielle de vos codes d'autorisation et d'authentification. Demanda de la voix la plus calme possible le capitaine. Il mâchouillait nerveusement son cigalho. Et sachez que ce n'est pas une façon de contacter un navire allié, de le prendre par surprise et de forcer ses systèmes de communications, amiral.
Le capitaine avait volontairement fait une pause d'une seconde à peine entre sa phrase et la mention du rang de son supérieur. Malgré le manque de tact, et l'agressivité que faisait preuve l'amiral, c'était son supérieur. Ström était dans l'obligation de lui obéir quel que soit ses ordres et désirs. Ils le savaient tout deux.
-Je ne rends de compte à personne capitaine, et surtout pas à vous. Si je vous contacte ce n'est pas une demande. J'ordonne que vous m'apportiez votre aide. Et vous n'êtes pas l'interlocuteur que je désire avoir en face de moi. La voix qui sortait des hauts parleurs laissait penser que l'amiral sortait de ses gonds rapidement.
Brüner comprit aussitôt que l'amiral voulait s'entretenir avec lui. Tous les regards étaient tournés vers lui. Il déverrouilla son heaume dans un chuintement de dépressurisation. Et s'avança vers l'estrade de commandement.
-Mes respects, amiral.
-Sergent, je sollicite votre intervention et celle de vos hommes immédiatement. Résonna la voix puissante de l'amiral. Sa tête chauve, et glabre, fixait l'Astartes.
-Je vous demanderais de vous adresser au capitaine Ström et à mes hommes avec le même respect que si vous vous adressez à moi. Nous ne sommes pas sous vos ordres. Chaque marin et soldat sur ce navire, sert le chapitre des Black Templars et nous ne reconnaissons l'autorité que de l'Empereur Dieu lui-même. Nous ne sommes pas vos esclaves, amiral.
La tête chauve où de petites lunettes trônaient fièrement sur un nez aplati changea de couleur. Elle s'empourpra peut-être, mais tout n'était que nuance de vert.
-Baissez vos boucliers immédiatement et obéissez moi ! Hurla l'amiral. Il n'avait pas l'habitude que quelqu'un lui tienne tête aussi longtemps.
-Non. Répondit simplement Brüner. Je suis le sergent Erik Brüner des Black Templar. En mission pour le chapitre. Laissez-nous passer ou vous en subirez les conséquences.
Bouche bée, surement écarlate, au bord de l'apoplexie, l'amiral ne répondit mot.
-Très bien, préparez-vous à vous battre. Répondit simplement Brüner.
Avant que le sergent ne puisse se retourner vers ses hommes pour le combat à venir, l'amiral disparu et un nouveau visage apparu, ou une absence de visage.
Une capuche de lin sombre masquant les traits de son propriétaire se matérialisa sur l'hololythe central.
-Sergent Erik Brüner, je vous connais. Veuillez pardonner les usages de mon collègue. La voix était douce, mais forte. Comme une main de fer dans un gant de velours. Intrigué, le sergent Brüner se retourna pour regarder qui lui parlait.
-Qui êtes-vous ? Demanda-t-il.
Son interlocuteur esquiva sciemment sa question et reprit aussitôt.
-Je demande humblement votre aide et celle de vos hommes dans l'entreprise que je prévois.
-Nous ne reconnaissons pas l'autorité de la flotte impériale et nous sommes en mission pour le chapitre, très cher inconnu. Brüner lâcha cette pique pour faire réagir son interlocuteur mystérieux. Il frémit juste, la lumière de l'hololythe se refléta dans ses yeux. A la place de deux globes oculaires humains, trônaient deux billes mécaniques. Deux implants comme des charbons ardents dans la nuit.
-Vous reconnaîtrez mon autorité, je vous l'assure, sergent.
Le préposé aux communications lu quelque chose sur son pupitre et faillit s'évanouir. Gauron qui lisait toujours au-dessus de son épaule se retourna vivement vers son supérieur, et le regarda à travers le visage masqué de l'hololythe. Il traça dans l'air avec son index un I.
-Oui bien sûr, inquisiteur. Veuillez me pardonner. Répondit tout de suite, humblement, Brüner en s'inclinant.
La voix dans la capuche paru sourire.
-Vous voyez, je vous l'avais bien dit. Aller contre mes ordres c'est défier l'Empereur Dieu. N'est-ce pas sergent Brüner ?
-Commandez et j'obéirais, seigneur inquisiteur. Répondit laconiquement Brüner toujours incliné devant la capuche de cinq mètres.
-Retrouvez nous à la surface, Inquisiteur Karlhaurss, terminé. L'hololythe disparu comme il était apparu, dans une tombée de pixel vert au sol.
Les hurlements des stratoréacteurs du Defiance, se faisait entendre à travers la carlingue. Le sergent Erik Brüner ne les entendait même plus, tout perdu qu'il était dans ses pensées. Son esprit vagabondait sur les événements qui venaient de se dérouler. A peine étaient-ils entrés dans ce secteur perdu et oublié de tous, qu'une armada les avait accostés pour demander par la force leur aide. Après coup, comme l'avait fait remarquer le capitaine Ström, aux vues de la taille et de la puissance de la flottille, ils n'auraient aucune chance dans un combat naval. Mais Ström servait le chapitre et il comprenait les questions d'honneur. Personne ne pouvait venir et demander comme l'amiral, l'avait fait, de disposer des ressources et des hommes des Astartes des Black Templars. L'armada était constituée d'un vaisseau amiral lourd, un croiseur de combat Mars. Presque deux fois plus grand que le croiseur lourd Revenant. Il était accompagné de deux croiseurs léger Dauntless. Un croiseur de classe Lunar du Mechanicum venait parachever la flottille. Ström avait oser donner son avis sur le comportement de l'amiral. D'un mouvement de main Brüner l'avait fait taire. Ils avaient à leur bord un inquisiteur et ils savaient avant coup que des Astartes étaient à bord du Revenant. L'inquisiteur devait être un psyker extrêmement puissant pour détecter des âmes à cette distance. Autant ne prendre aucun risque, ils pouvaient surement les espionner. Il était courant qu'un inquisiteur réquisitionne qui ou ce qu'il voulait d'un seul mot, d'un simple régiment de la garde impériale à une frange complète d'une croisade quelqu'une pour l'aider dans ses sombres projets.
Ce qui troublait le sergent Brüner c'était comment l'inquisiteur c'était joué de lui pour arriver à ses fins. Il connaissait que trop bien les Black Templars et avait utilisé cette particularité contre eux. A contrario des autres chapitres Astartes, les Black Templars reconnaissaient l'Empereur de l'Humanité comme un dieu. Beaucoup de chapitres le reconnaissait comme un père, puissant certes, mais humain. Pas les Black Templars. Ils l'avaient déifié, comme le reste de la populace de l'Imperium. S'ensuivait des débats théologiques et des querelles entres Astartes pour savoir si oui ou non l'Empereur devait être considéré comme un Dieu. La question ne se posait même pas pour le commun des mortels. Le credo et la foi impériale stipulaient clairement que l'Empereur était l'Empereur-Dieu de l'Humanité. C'était maintenant aux autres chapitres de l'Adeptus Astartes de cacher leur mode de pensée au reste du monde. Pas les Black Templars.
Le fanatisme, la foi aveugle et les carcans idéologiques seraient des euphémismes pour décrire ce chapitre multimillénaire.
L'inquisiteur Karlhaurss ne le savait que trop bien. Aucun Black Templars ne pouvait refuser de servir l'Empereur-Dieu. Et un inquisiteur était l'extension la plus proche de Sa Lumière. Aller à l'encontre de Karlhaurss reviendrait à aller contre la volonté de l'Empereur, et de risquer l'excommunication. Le sergent Brüner et ses hommes étaient dans une impasse et servir l'inquisiteur quel que soit la mission était leur seule porte de sortie.
Le sergent sorti de ses pensées quand le mastodonte blindé trembla dans les turbulences de l'atmosphère de la planète désertique et abandonnée. Il existait belle et bien, une unique ville, peu peuplée, mais elle se trouvait à l'exact opposé de là où ils se dirigeaient. Une vaste étendue caillouteuse et déserte, dans une ville abandonnée voilà des décennies, réquisitionnées par l'Inquisition et la suite de l'inquisiteur.
Brüner n'avait aucune idée de pourquoi il était envoyé ici avec ses hommes. Ils avaient tous acceptés la mission sans poser de question. Il regarda ses hommes, plongés dans la lumière tamisée rougeâtre du compartiment du Thunderhawk. Ils étaient tous prêt et impatient depuis leur dernier combat, même s'ils ne savaient pas dans quoi ils mettaient les pieds.
Son oreillette prit vie, le pilote l'informa qu'ils étaient à dix minutes de leur point de largage. Brüner risqua un œil par le rare hublot de verre blindé de la carlingue. Il distingua une planète aride battue par les vents. Aucune végétation ne venait agrémenter ce décor de fin du monde. Soudain son regard accrocha une montagne, immense et imposante. Ses flancs escarpés menaient vers un sommet difficilement identifiable, car ils disparaissaient dans les nuages. Étrange, ces nuages ne se manifestaient qu'à proximité de cette montagne. Le reste de l'horizon en était absent. Comme si le pic menaçant attirait à lui les cumulus. Aux pieds de ce monstre de roche, au milieu des dunes de sables battues par les vents violents et le climat rude, trônait une petite ville. Brüner calcula a vu d'œil que le village devait se trouver à environ une dizaine de kilomètres des premières pentes de la montagne. Si cela avait été un volcan cela aurait été suicidaire d'y installer sa maison. Le sergent avait du mal à comprendre le pourquoi du comment d'avoir aménagé des bâtisses à cet endroit.
Le Thunderhawk perdit de la vitesse et vira sur son aile gauche. Il se dirigeait maintenant vers ce même village en contrebas, dans une boucle maîtrisée. Frère Hasmond maîtrisait sa bête habilement et les emmenait à bon port.
La rampe s'abaissa dans un nuage de poussière et de sable. Brüner posa le pieds en premier sur le terrain de pierres dures de la place principale de la ville. Elle était assez large pour laisser se poser aux moins trois ou quatre Thunderhawks comme celui-ci. Aussitôt que le sergent posa le pieds à terre, ses hommes en deux colonnes sortirent de la pénombre du navire lourd. Ils formèrent une ligne parfaite, avec en son centre leur sergent. Les attendaient, une délégation hétéroclite. Une compagnie entière de garde impériaux les attendait au garde à vous. Leurs uniformes chatoyants, les boutons lustrés reflétaient la lumière du soleil haut dans le ciel. Cela ne faisait aucun doute. C'était des Mordians. On aurait dit qu'ils étaient en tenu d'apparat, n'importe qui, qui ne connaissait pas ce régiment aurait pu penser qu'il s'agissait de recrue nouvellement formée. Non, c'était des guerriers endurcis, des vétérans de nombreuses guerres. Leurs uniformes criards ne faisaient partie que des traditions et du décorum cérémoniel.
Un officier en tenue réglementaire Mordian salua vivement. Il paraissait dans la force de l'âge, mais une légère grimace de douleur quand il se tint au garde à vous trahissait un âge articulaire avancé. Il avait donc consommé des traitements réjuvénants. Seuls les cartilages et les articulations ne pouvaient être rajeunis dans ce procédé onéreux. Brüner le remarqua mais ne dit rien, il nota dans sa tête que ce simple mortel, pouvait avoir plus d'une centaine d'années de combat à son actif. Un officier de carrière, expérimenté si on croyait ses médailles. Sa casquette fermement enfoncée sur son crâne parfaitement rasé de près, démontrait une discipline à toute épreuve. Assuré une coupe et un rasage réglementaire dans un milieu aride était chose peu commune. Les grelots suspendus à ses épaulières flottaient dans le vent chargé de sable de la grande place.
Le sergent Brüner risqua un coup d'œil vers le ciel. Il savait que le Revenant, c'était joins à l'armada de l'amiral. Il était stationné sur un point d'ancrage gravitique loin dans l'espace au-dessus de la ville abandonnée.
Un représentant du Mechanicus avec sa suite venait lui aussi saluer les Astartes qui débarquaient en parfait ordre de bataille.
-Lieutenant-colonel Stradh du 315 régiment de Garde de Fer de Mordian. Se présenta l'officier.
Ses hommes, dans un geste parfaitement synchrone présentèrent leurs armes et se mirent au garde à vous. Une prouesse martiale sans équivoque. Le son des bottes qui claquèrent sur le sol de pierre disparu dans la poussière et le sable.
La forme encapuchonnée du Mechanicus effectua un signe d'engrenage complexe avec ce qui lui servait de doigt. C'étaient plutôt de longs filaments qui se terminaient par différents capteurs et prises universelles de connections. Brüner salua vivement. Sa main gantée rencontra sa tempe dans un parfait salut militaire.
-Magos Dominus Garnick, au service de l'inquisiteur Karlhaurss. Sa voix ne sortait pas d'une gorge humaine, mais d'un modulateur vocale dissimulé sous ses robes ocres de sa fonction.
-Où est l'inquisiteur ? Demanda calmement Brüner en se doutant de la réponse.
-Il n'est pas avec nous seigneur, il est resté en orbite pour superviser l'opération. Lui répondit sans broncher le lieutenant-colonel.
Ce genre d'individu aimait tous contrôler, superviser jusqu'au moindre détails. Et cela impliquait de se salir le moins possible les mains dans la boue, le sang et les tripes quand il le fallait. C'était un cerveau qui commandait un corps large et étendu, un corps bien loin des préoccupations du cerveau. Et certaines parties du corps son sacrifiable.
-Rentrons à l'intérieur monseigneur. Je vous exposerais nos plans. Le lieutenant-colonel pivota adroitement sur ses talons pour laisser passer le sergent Brüner dans un couloir de corps. Les soldats derrières pivotèrent eux aussi pour former deux colonnes amenant à ce qui ressemblait au quartier général établis dans cette ville.
Le quartier général était bas de plafond mais les Astartes pouvaient se tenir debout. Brüner pouvait entendre le martèlement des bottes des sentinelles postées dans les étages supérieurs et sur les chemins de rondes autour de la bâtisse poussiéreuse réquisitionnée. Le sergent Brüner fixait fermement l'hololythe principal qui démarrait lentement pour afficher une carte de la région. La lumière pale envahi la pièce, affichant en plein milieu évidemment, la montagne qui surplombait la ville dans laquelle ils avaient atterrit. Le lieutenant-colonel s'éclaircit la gorge pour débuter le briefing.
-Deux cents de mes hommes ont été déployés sur cette ville. Nous avons mis en place avec le peu de moyens disponibles une base arrière pour notre prochaine expédition.
Quand il lâcha cette phrase, l'officier Mordian ne put s'empêcher de foudroyer du regard le magos, qui ne parut pas s'en émouvoir. Les émotions humaines lui étaient maintenant complètement étrangères.
-L'économie de moyens et de ressources sont aussi importantes que les informations et les renseignements, lieutenant-colonel. Répondit le magos de sa voix mécanique.
Brüner remarqua que les pupilles de l'officier se dilatèrent, ainsi que ses narines, signe de colère extrême. L'Astartes se demanda même s'ils allaient en venir aux mains et si un affront aller être perpétré. Le lieutenant-colonel Stradh paru s'apercevoir que Brüner le fixait et avait compris ce qu'il allait se passer. Il se ressaisit.
-Quoi qu'il en soit, notre objectif est cette montagne. Un scan avancé de la région nous a montré plusieurs choses. Cette région n'est pas ce que nous pensions être. Elle est loin d'être abandonnée. Nous avons relevé vingt-trois autres villages, postés tout autour de cette montagne.
-Effectivement, ajouta le magos. Une disposition parfaite de vingt-quatre villes disposées dans un cercle parfait avec pour centre cette montagne. Au fil des années, les vents, la poussière et les tempêtes ont recouvert les villes voisines à la nôtre. Elles sont maintenant ensablées. Il ne reste que celle-ci, il s'agirait de la ville qui fut construite sur les plus hautes hauteurs.
-Toujours d'après ce scan auspex, cette montagne serait en partie creuse. Nous aurions trouvé depuis l'orbite un accès vers l'intérieur et nous sommes ici pour infirmer ou affirmer cette théorie. Répondit le lieutenant-colonel. Ordre de l'inquisiteur.
-Pour quelle raison ces villes ont été construite ainsi ? Demanda le sergent, son casque baigné de lumière verte, ses deux optiques rouges luisants dans la pénombre. Sa voix caverneuse résonant sur la pierre. Ses hommes dans les ombres ne cillèrent pas mais écoutaient attentivement.
-Nous pensons qu'il s'agirait d'une sorte de culte païens. Une vénération de la montagne et de ce qu'il y a dedans. Répondit le magos.
Frère Dord ouvrit une ligne de communication avec son sergent. Le dialogue ne se passait qu'entre les armures des Astartes, les autres participants n'entendraient pas l'échange.
-Frère sergent, cela parait improbable, construire autant de villes aussi loin de terre fertile, d'accès à de l'eau potable, dans un désert, pour vénérer une montagne ? D'après la disposition des bâtiments et la régularité des cités, je dirais que ça ressemble à une ligne défensive.
Le chapelain prit la parole.
-J'ai aussi remarqué cela. Mais cette ligne défensive est tournée vers la montagne, pas vers l'extérieur.
-Je l'ai vu aussi mes frères. Répondit simplement le sergent.
Il coupa la communication, ses hommes avaient remarqué la même chose que lui. Tous les indices indiquaient que la menace était sous la montagne ou la montagne elle-même. Il garda ses informations pour lui. Dord remua légèrement ses épaules derrière lui, il était tendu. L'appel du combat se faisait sentir chez son soldat.
-Qu'y-a-t-il sous cette montagne ? De si important qu'un inquisiteur vous y envoie ? Qu'il nous réquisitionne tous pour aller l'explorer ? La question mourut dans la bouche de Brüner. Une violente vague psychique les cloua tous sur place. Quelqu'un entrait dans leurs têtes. Les Astartes, entraînés à ce genre d'attaque résistèrent du mieux qu'ils purent. Mais la vague fut trop violente. Une voix résonna tous dans leurs têtes.
- J'ai découvert des traités vieux de plusieurs millénaires parlant d'un endroit, d'une planète, reculée abritant une civilisation ancienne. Des trésors de technologie. Tous les indices m'ont mené jusqu'ici. Je pense avoir trouvé un véritable filon de ressources et de merveilles. Pour le bien de l'Imperium, nous allons les sortir au grand jour.
Le magos frémit. Ses mechadendrites s'agitèrent. Sa suite parut elle aussi s'émouvoir de concert. Ils communiquaient entre eux. Seule une chose pouvait les mettre dans cet état. La découverte de schéma de construction standardisé. Des reliques de l'Age de la technologie. La redécouverte de prouesse technique depuis longtemps oubliées, qui permettraient à l'Imperium de reprendre l'avantage dans cette guerre sans fin pour le contrôle de la galaxie.
Brüner transpirait sous son casque, il sentait la colère et le dégout de ses hommes pour ce qui se passait en ce moment même dans cette pièce. L'inquisiteur, en orbite, au lieu d'utiliser des moyens de communications standard, utilisait ses pouvoirs de psykers. Les Black Templars méprisaient les psykers de toutes sortes. Ses hommes derrière lui s'agitèrent.
-Vous allez entrer sous cette montagne, et me ramener ce qu'il y a dedans. Nous serons alors quitte et vous pourrez disposer. La voix de l'inquisiteur Karlhaurss résonnait dans l'esprit du sergent Brüner.
-Si nous arrivons à nos fins, le Mechanicus se montrera généreux envers ceux qu'ils l'ont aidé. Ajouta le magos, visiblement excité par la mention de trésors technologiques. Ses yeux artificiels brillaient plus fortement dans la pénombre.
Brüner répondit à voix haute, il lui était impensable de répondre dans ses pensées pour parler à l'inquisiteur.
-Si nous devons mener à bien cette mission, ce sera à mes conditions. Son ton ne laissait aucune place au doute, ou à une quelconque contradiction.
Le magos et sa suite parurent discuter entre eux, sur un canal impossible à entendre pour les autres occupants. L'armure de Brüner détecta un pic de données échangées entres les prêtres de Mars dans la pièce. La température revenait à la normale, les picotements dans sa nuque disparurent. L'aura de psyker de l'inquisiteur avait disparue, ils étaient seuls.
-Nous écoutons vos exigences. Voxa le magos Garnick.
-Je veux le déploiement du 315ème régiment Mordian au grand complet. Un détachement de cinq cent de nos hommes s'ajouterons aux hommes du lieutenant-colonel et renforcerons la position.
Le sergent Brüner pointait en même temps les zones clefs de la ville sur l'hololythe principale au centre de la pièce.
-Je veux le déploiement de véhicules de transports, d'équipes de logistiques, d'artillerie et d'appuis feu. Je veux la mise en place de moyens de défenses sur tout le périmètre de la ville. Des sentinelles sur tous les toits, emplacements d'armes lourdes en tirs croisés sur les axes d'approches, barricades, sacs de sable et mise en place de dépôts de carburants et de munitions. Qu'aucune zone de défense ne soit à plus de cinquante mètres d'un dépôt. Que ces dépôts soient gardés jour et nuit, et renforcés de plaque pare-éclats. Que chaque maison, bâtiment soit fouillés. Je veux le déploiement de pièges antichars et des barbelés soient mis en place sur les axes les plus vulnérables. La mise en place de ligne de défense secondaire et tertiaire, la sécurisation d'une zone d'atterrissage. Si nous devons nous aventurer sous cette montagne, cette ville sera notre base de repli.
Le lieutenant-colonel paru surpris par cette diatribe, et commença à sourire de toute ses dents. Cela ne faisait aucun doute, qu'il avait longtemps argumenté avec le magos pour mettre en place ce genre de dispositif de sécurité, mais le magos avait refusé tout en bloc. Le sergent Brüner avait enfin débloqué la situation en faveur du régiment Mordian.
-Lieutenant-colonel Stradh, au travail. Ordonna le sergent Brüner.
Le balai aérien n'avait pas tardé à suivre. A peine l'ordre fut donné, que le Defiance redécolla vers l'orbite pour rejoindre le croiseur d'attaque Astartes. Il revint à pleine vitesse avec à son bord le capitaine Makloff et cents de ses hommes. Le suivait de près le Thunderhawk de transport. Y était arrimé le Contempt sur les attaches arrière, et sur le devant y était fixé un conteneur de transport de troupes. Le Thunderhawk de transport pouvait si on le voulait servir de rôle de transport d'infanterie. Il fallut une autre rotation pour que les cinq cents hommes de Makloff prennent pieds dans la ville.
Le capitaine était vêtu de sa tenue complète de combat. Il portait un gilet par balle lourd, sur lequel étaient fixés les portes chargeurs pleins de son fusil laser court de la marine impériale. Il portait les couleurs du chapitre, dans un noir sombre agrémenté du bleu de la marine. Ses hommes étaient vêtus à l'identique. Contrairement à ses hommes, il ne portait pas de casque de combat mais un béret noir avec l'insigne de son rang épinglé dessus. L'insigne ne reflétait aucune couleur dans le soleil, il avait été terni volontairement pour qu'aucun sniper ennemi ne puisse identifier un officier à abattre trop facilement. Seuls les soldats au plus près de lui pouvait discerner son grade. Le capitaine qui n'était pas un soldat de terrain, connaissait cette technique ce qui surpris le sergent Brüner.
-Mes ordres monseigneur ? Demanda le capitaine en débarquant la passerelle du Defiance.
-Vous renforcerez le dispositif Mordian avec vos hommes, transformez cette ville en base de repli imprenable. Je ne sais pas encore dans quelle histoire nous allons, mais nous y allons à toute allure. Préparez aussi un contingent de vos hommes à se tenir prêt si nous devons faire mouvement. Exécution capitaine.
Même s'il avait quitté la protection relative des coursives du Revenant pour le sable chaud et le désert brûlant, Makloff semblait enjoué et motivé pour remplir la mission qui venait de lui être donné. Il partit en courant vers ses hommes postés sur la grande place en hurlant des ordres et pointant du doigts des directions. Il ne faisait aucun doute qu'il rendrait cette ville aussi sure qu'il était possible de faire. Le sergent Brüner donna l'ordre par son vox personnel au char Rhino de se positionner dans la rue principale, celle qui partait vers l'immense montagne, de sorte de placer une barricade de plusieurs tonnes de blindage pour obstruer l'entrée de la ville. Rudikher semblait impatient de remplir sa mission, où qu'on l'envoie.
C'est à ce moment que les transports lourds de l'armada trouèrent la masse nuageuse et arrivèrent par leurs vecteurs d'approche vers la piste d'atterrissage.
Presque deux mille hommes en armes et armures sortirent des transports lourds, toutes turbines hurlantes, prêts à repartir en orbite acheminer le matériel, les munitions et les armes demandées. La rigueur Mordianne fut mise à rude épreuve dans un cet exercice de précision et de communication entre compagnie de combat. Brüner observait depuis le toit d'un bâtiment comment allait les préparatifs. Du coin de l'œil il vit Makloff aller saluer et présenter ses respects au lieutenant-colonel Mordian. Ils se serrèrent la main et discutèrent la mise en place du dispositif.
D'énormes astronefs, différents de ceux qui étaient sur le tarmac improvisés, arrivèrent. Ils portaient le sceau du Mechanicum sur leurs carlingues. Ils ne prirent pas la même approche, et effectuèrent un vol stationnaire au-dessus des abords de la ville. Leurs larges portes latérales s'ouvrirent, leurs réacteurs soulevant des nuages de poussières dans l'atmosphère. De lourds croix anti-char en fer furent poussées hors des astronefs qui se déplaçaient le long des secteurs de tirs au sol. Les croix tombaient et venaient se planter dans le sable meuble. Ils déployaient en ce moment même et de façon efficace, des barricades sur les secteurs les plus vulnérables, c'était tout à l'image du Mechanicus.
Il fallut presque une journée complète pour fortifier la ville abandonnée. Conformément aux ordres donnés par le sergent Brüner, les postes de combats furent installés, les nids de mitrailleuses couvraient chaque vecteur d'approche de la ville, les soldats patrouillaient silencieusement derrière les sacs de sable et les croix anti-char. Dix transports chimères avaient été largués sur le terrain d'atterrissage et attendaient patiemment leurs déploiements. Brüner avait envoyé ses hommes aider à la fortification. L'église du très saint Empereur trônait encore au centre de la ville. Pour qu'aucune ouaille ne soient plus éloignés de sa lumière qu'une autre. Dans le clocher délabré, une équipe d'observateur d'artillerie Mordian et de sniper avaient été déployée. Les trois cents soixante degrés étaient observés, scrutés, rien ne bougeait. On aurait dit un monde mort.
La nuit passa rapidement. Le Defiance et le Thunderhawk de transport effectuèrent encore une rotation de ravitaillement. Les munitions de bolters, de fusils et d'armes spéciales avaient été stockés dans des bâtisses aux murs épais et couvert de plaques pare-balle et anti-explosions. A intervalle régulier, les équipes de mortiers placés dans des quartiers stratégiques, enterrés jusqu'au niveau de la taille dans des trous de combats spacieux, venaient éclairer d'obus lumineux le périmètre. Rien n'était laissé au hasard. Brüner le savait, tout en observant une escouade de Mordian, combler une brèche dans un mur à la limite de la ville, avec des sacs de sables. L'inquisiteur, aux premières heures du jour donnerais l'ordre de faire mouvement vers la montagne, plus loin. Il risqua un coup d'œil vers le monstre de pierre qui dominait toute la région de sa taille. La nuit était fraîche après la chaleur de la journée. L'Astartes n'en avait cure. L'atmosphère à l'intérieur de son armure était régulée automatiquement pour donner une température optimale malgré les conditions climatiques extérieures.
Il n'y manqua pas, ils étaient tous dans le quartier général poussiéreux de la veille. Brüner et ses hommes, ainsi que le chapelain Markus. Makloff et son officier en second attendaient eux aussi dans la pénombre. La table hololythique projetait une aura verte dans la pièce. Le magos et sa suite semblait impatient, et communiquaient sur des réseaux privés. Les premières lueurs du jour pointèrent à travers les volets anti-souffle du quartier général, illuminant la poussière qui tombait du plafond par intermittence quand une sentinelle venait marcher au-dessus d'eux.
L'hololythe s'éveilla, le visage de l'inquisiteur, toujours dissimulé derrière sa capuche, apparu.
-Comme demandé sergent Brüner cette base arrière est désormais fortifiée. Je vous ordonne de vous mettre en marche prestement vers les coordonnées que le magos a calculées. Je ne peux me permettre d'attendre plus longtemps. Vous le protégerais durant sa mission, ainsi que sa suite. De vos vies si cela s'avérait nécessaire. Ordonna-t-il de sa voix autoritaire.
-Comme bon il vous semblera seigneur inquisiteur. Répondit laconiquement Brüner.
-J'ai calculé que nous avons quatre-vingt-dix-sept pour cent de chance de mener à bien cette mission sans encombre, récita le magos de sa voix robotique. Toute cette opération de fortification n'est qu'un gâchis de ressources, et de temps.
Makloff respira soudainement plus fort. L'ouïe du sergent décela que son cœur battait plus fort, dû à la colère. Tous les soldats dans la pièce savaient que partir en expédition, dans un endroit inconnu, dans un but inconnu demandait de la préparation. Ils manquaient tous de cela.
-Bien, mettez-vous en route. Inquisiteur Karlhaurss, terminé.