Black Templar Tome I

Chapitre 22 : Terres Arides

5138 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 29/01/2021 09:41

Retrouvez les autres chapitres sur : https://www.wattpad.com/story/210971996-black-templar


Retrouvez le Tome II sur : https://www.wattpad.com/story/251252843-black-templar-tome-ii





La ligne de véhicules démarra et quitta la relative sécurité de la ville pour se diriger vers l'imposante montagne, par la route cabossée et ancienne qui sillonnait entre les dunes et les crevasses. Le transport Rhino était en tête de colonne, transportant les Astartes et le sergent Brüner. Rudikher était à la tourelle du véhicule et scrutait les environs à la recherche de la moindre menace, mais c'était peine perdue. Suivaient, ensuite deux chimères de transport Mordian, dedans étaient assis, deux escouades du capitaine Makloff, il avait insisté sur le fait d'accompagner les Astartes. La ville était sous les ordres du lieutenant-colonel, et le capitaine aurait suivi ses maîtres n'importe où, où ils auraient eu besoin de lui, Brüner lui concéda ceci. Suivait encore un transport chimère remplie de la suite du magos ainsi que ses gardes du corps. Enfin dans le reste de la colonne, les sept autres véhicules regorgeaient d'escouades d'infanterie Mordiannes, pour assurer la protection des cadres de la mission.


La route était longue jusqu'à la montagne, environ une dizaine de kilomètres sur la route fracassée. De temps à autre le Defiance, survolait à pleine vitesse le convoi pour repartir dans les nuages. Il surveillait la progression et donnait des bulletins météorologiques précis. Brüner avait largement le temps de réfléchir aux événements qui venait de se passer. Il était assis dans l'habitacle passager du Rhino. Le chapelain Markus assis en face de lui le sorti de ses pensées.


-Que pensez-vous que nous allons découvrir sous cette montagne frère sergent ?

La question n'était pas anodine. Soit le chapelain était réellement intéressé parce qu'ils allaient trouver ou il voulait percer à jour les doutes du sergent. Quoi qu'il en soit Brüner serait franc et direct.

-Le magos semble penser que des trésors archéotechnologiques sont enfouis sous cette montagne. Lui répondit-il avec aplomb.

-Mais nous ne sommes sûr de rien. Ajouta le chapelain, son casque où une tête de mort grimaçante le fixait.


Le sergent ne prit pas le temps de lui répondre et ouvrit un canal avec toute l'escouade et les membres de l'équipage du véhicule.


-Soldats, mes consignes seront claires. Nous sommes ici pour protéger le magos et sa suite. C'est une mission de protection. Je veux un déploiement rapide et précis. Des déplacements sans bavures. Une protection rapprochée irréprochable. Plus vite nous serons partis d'ici plus vite nous pourrons reprendre notre route.

Onze runes vertes de réception du message d'allumèrent dans son affichage. Mais une ligne de texte suivit. C'était le frère Tantion. Il avait fait vœux de silence mais même comme cela il ne parlait que très peu pas écrit ou par signes.

*Notre présence et celle du régiment Mordian représente une force de frappe considérable pour seulement quelques trésors sous une montagne, sur une planète éloignée*.


Il venait de d'écrire ce que tous les Astartes présents ressentaient et pensaient. Mais l'inquisiteur possédait l'autorité nécessaire pour faire plier les Black Templars à sa volonté. Soudain, le peu de lumière qui filtrait par les meurtrières en verre blindé du compartiment passager du Rhino, disparu. Ils furent plongés dans le noir, pourtant ils étaient en pleine journée.


-Nous sommes dans l'ombre de la montagne, déclara de sa voix forte Rudikher toujours à la tourelle du véhicule. Nous approchons de notre destination.


Brüner risqua un œil par la vitre, il put distinguer dans la pénombre, l'immense montagne qui se dressait presque à la verticale, au milieu du désert. La tension monta d'un cran dans la pénombre. Tous ses hommes se tenaient prêt. Quoi qu'ils trouveraient dans ses entrailles.

Il fallut encore une heure complète pour arriver jusque-là où le magos leur avait indiqué. Le Rhino se stoppa dans un nuage de poussière, le reste de la file de véhicule derrière lui. Quand sa rampe de débarquement s'ouvrit, les douze guerriers en sortirent au pas de charge, et encadrèrent le convoi d'un périmètre de sécurité de bolter et armes levées vers l'extérieur. Les Mordians et les forces de sécurité du capitaine Makloff se joignirent à eux. Enfin le magos sorti de son transport accompagné de ses serviteurs. Il dominait de sa taille ses subordonnés en robes longues et ocres. Cinq skitarris, armé d'armes étranges, bulbeuses et longues le suivaient comme son ombre. Aucune émotion ne venait illuminer leurs visages de métal. Leurs yeux, depuis longtemps remplacés par des optiques plus performantes, scrutaient les environs.


-Mettez en place un périmètre de défense ici, avec nos véhicules, sergent Brüner. L'entrée est toute proche.


La voix du magos résonna dans les bourrasques de vents chargées de sable. D'un mouvement de la main, Brüner donna l'ordre. Les hommes s'ébrouèrent et commencèrent à sortir le matériel. Déposant sur le sol depuis les toits des véhicules, des armes lourdes, des caisses de matériels, et des postes radios.

-Laissez une force d'une dizaine d'hommes avec les véhicules, nous resterons en contact radio permanent. Vous ferez la liaison avec la ville et la flotte en orbite. Makloff venait de donner ses ordres, ses sous-officiers partaient déjà relayer et les faire appliquer.

-Très bien, c'est par là, indiqua le magos en pointant ce qui aurait dû être une main, mais qui n'était d'un agglomérat de câbles et de mechadendrites, dans la direction d'un défilé rocheux escarpé, s'enfonçant dans la montagne.


D'un simple signe de tête, frère Konrad parti en courant, en éclaireur, seul dans les profondeurs du mont. Le reste de l'escouade se disposa en cordon autour des hommes Mordian et de la flotte dans une longue procession, le magos au centre dans la direction indiquée. Ses serviteurs portaient moult affaire, mais surtout ils portaient à deux un coffre qui semblait lourd, fermé hermétiquement. Le sergent se demanda bien ce qu'il pouvait y avoir dedans, et reprit la progression, surveillant chaque crête ou affleurement rocheux, à la recherche de la moindre menace.

Ils marchèrent une vingtaine de minutes, quand frère Konrad donna signe de vie. Un simple bip sonore résonna dans les oreillettes des Astartes. C'était le code pour signaler que tout était clair et sans danger. La procession arriva dans une cuvette qui s'élargissait, dans l'ombre de la montagne. Konrad était posté dans les ombres, à couvert du mieux qu'il pouvait malgré son imposante armure. Il voxa :


-C'est un cul de sac frère sergent.

Brüner arriva enfin dans la cuvette, entourée par les hauts murs de pierre du défilé. En effet, c'était un cul de sac. Seule une paroi rocheuse de plusieurs dizaines de mètres de haut venait fermer le passage.

- Magos, vos informations ne doivent pas être à jour, il y aucun passage par ici. Lui lança le sergent par les hauts parleurs de son casque.

-Non, sergent Brüner, nous sommes au bon endroit. Laissez-nous travailler. Lui répondit-il.


Les soldats et les Astartes formèrent un cordon de sécurité autour du magos et de ses adeptes, dos à la paroi. Brüner risqua un œil derrière lui pour voir ce que les adeptes de Mars pouvaient bien fabriquer. Ils avaient posé le caisson de transport au sol et l'ouvrait. Le magos, illuminé par un halo verdâtre sorti une forme floue et indistincte du conteneur. Brüner entendait les cliquetis rémanents d'une conversation privée à sens unique entre Dord et Tantion sur la suite des événements. Le magos prit à pleine main la forme floue et lumineuse de la boite, pour l'amener aux pieds de la montagne, devant la paroi de pierres lisses.

Soudain son armure détecta une vibration anormale dans le sol. Les données stipulaient que les vibrations allaient en s'accentuant. Quelque chose bougeait dans leur dos. Les soldats et les Astartes ne purent s'empêcher de regarder ce qui se passait. La paroi soi-disant lisse, n'était qu'une porte dissimulée dans la roche. Gauron, l'apothicaire ouvrit un canal de communication. 


-J'avais cru apercevoir une ouverture microscopique dans la roche, et s'en était bien une. Mais aussi fine, aussi précise. Je ne connais pas d'outils impériaux capable de tel exploit de découpe de la roche.


Les deux battants de trente mètres de hauts s'ouvrirent vers l'extérieur sans un bruit, mais faisant vibrer les alentours, sous la charge des portes qui s'ouvraient. Un courant vint aspirer l'air de l'extérieur vers l'intérieur. Ces portes n'avaient pas dû être ouverte depuis un certain temps. Les ténèbres régnaient après quelques mètres dans les profondeurs de la montagne. Les battants s'immobilisèrent, ils étaient épais d'environ cinq mètres, tout en pierre taillée.

-Installez un camp de base à l'entrée, pour garder les portes. Ordonna le magos, tout en rangeant l'objet qui avait servi à ouvrir la montagne. Surement une sorte de clef.


Les ordres furent donnés. Une dizaine d'hommes Mordians furent installés avec leur paquetage et un bolter lourd à l'entrée de la montagne. Surveillant les environs. Brüner et ses hommes s'apprêtaient à rentrer en premier dans les ténèbres quand le Revenant ouvrit une liaison directe avec lui.

-Seigneur, ici le Revenant, nous détectons des secousses sismiques et une montée d'énergie significative provenant de la montagne. Nous arrivons à la détecter depuis l'orbite. D'après nos analyses, l'énergie suit un schéma distinct, et va en s'accentuant.

-Rien à signaler ici pour l'instant, Revenant. Nous avons pénétré sous la montagne grâce un artefact inconnu. C'est ce qui pourrait expliquer vos relevés. Nous vous tiendrons informés. Terminé.


Les Astartes en tête, les Mordians fermant la marche, le magos au centre avec Makloff et ses hommes, tous pénétrèrent dans les ténèbres.

Il ne fallut que quelques secondes pour que les yeux de Brüner ne s'habituent au noir le plus total. Sa physiologie surhumaine prit le dessus et lui permit de voir comme en plein jour. En plus des optiques de son armure qui percèrent les ténèbres pour lui. Les portes gigantesques dans leur dos, la clarté du jour commençait à disparaître. Des piliers épais, taillés dans une pierre noire, posé à intervalle régulier, et disparaissaient vers un plafond bien trop haut pour qu'il puisse les voir.

-Une caverne celons vous ? Ne put s'empêcher de souffler Makloff.

Brüner lui répondit par le vox de son heaume, même s'il n'avait fait que murmurer, le son qui sorti fit trembler tous les humains présents, tellement il était grave et brutal. Comme si la montagne parlait.


-La nature ne trace pas de ligne droite capitaine. Silence maintenant, scrutez chaque pilier, chaque angle. Il se peut que nous ne soyons pas seul ici.


Les lampes torches s'allumèrent. Le magos et ses adeptes voyaient aussi bien dans le noir qu'en plein jour, et ne semblaient pas s'émouvoir de la noirceur qui essayaient de les ensevelir. Les lampes torches fixées aux canons des fusils lasers cherchaient autour de la ligne de bataille le moindre signe de vie. Brüner et ses hommes allumèrent eux aussi les lampes encastrées dans les gardes mains de leurs bolters. Ce n'était pas qu'il en avait besoin, mais ils préféraient illuminer eux aussi les alentours pour les soldats humains. Aussi loin que portait son regard, Brüner ne voyait que des pilonnes de pierre noire comme la suie. Il y en avait tellement, qu'à force de les regarder, on aurait dit un trompe l'œil. Un jeu de l'esprit. Une vision d'un cerveau malade. Il serait facile de se perdre ici, les pilonnes cacheraient les lumières du groupe principal si un individu cherchait à s'éloigner quelques instants.

-Que personne ne s'éloigne de la progression, c'est un ordre. Voxa Brüner dans un souffle.


Les soldats ne répondirent pas, acquiescèrent juste. Focalisant leur attention sur les ténèbres et leur progression.

D'un simple signe de main, le sergent envoya Kantor partir en avant. Il savait qu'avec l'affichage de son armure et les balises dans celles de ses soldats, ils pourraient se retrouver facilement. Kantor parti au pas de trop, arme braquée devant lui, éteignant sa lampe, ne se fiant qu'a son instinct et ses optiques. Il disparut dans la nuit.

Ils marchaient presque depuis une heure. Personne n'avait osé parler, ou prononcer le moindre mot depuis qu'ils étaient sous terre. Le magos rompit le silence pesant qui les entourait.


-Il semblerait que le sol soit en pente. Une légère pente. D'un demi degrés. Nous n'avançons pas en ligne droite. Nous nous enfonçons dans le sol.


Cette information n'était qu'un but instructif pour le groupe, Brüner le savait. Mais les adeptes de Mars ne connaissaient ou avaient oubliés depuis longtemps le tact nécessaire pour parler aux humains. Les soldats Mordians et les hommes de Makloff se raidirent un peu plus. Même si ces soldats avaient l'habitude des endroits exigus et des ténèbres. Mordian étant réputée pour être un monde dans une nuit perpétuelle et pour les soldats du Revenant, ils avaient passé la majeure partie de leur vie dans les entrailles du navire, loin de toute lumière naturelle et de toute gravité non artificielle.

Frère Kantor envoyait des bips sur les ondes de l'escouade pour signaler que tout allait bien et que la voie était dégagée, à intervalle régulier. Les compétences de Kantor dans la reconnaissance et l'improvisation n'étaient plus à démontrer, Brüner le savait. Il le laissait faire, là où il était le meilleur. En avant du groupe, travaillant seul, mais pour le bien commun. Brüner risqua un œil derrière lui, constatant que ses hommes encadraient toute la procession. Les soldats qui progressaient aux cotés des Astartes semblaient minuscule, mais ils semblaient plus fort et courageux, prêt à prouver aux Anges de l'Empereur se dont ils étaient capables. La carrure de Johann avec son bolter lourd protégeait presque cinq soldats dans la colonne. Le sergent ne doutait pas que sil il y avait du grabuge, Johann mettrait sa masse imposante en protection des soldats pour les protéger et leur donner une chance de riposter.


Devenir un Astartes était long et périlleux. Dans ce changement aussi physique que psychologique, on pouvait perdre la raison, être brisé physiquement. Nombre d'aspirants mourraient pendant les épreuves de pré-sélection. Et encore bien plus pendant les véritables épreuves. Pendant tout cet entrainement, cette instruction et ce changement, un aspirant pouvait aussi se perdre. Acquérir la force de dix hommes, la détermination d'une centaine et le courage d'un millier pouvait être aussi un piège pour l'âme du novice. D'aucun dirait qu'abandonner ce qui fait d'eux des hommes ordinaires pour devenir bien plus, était un sacrifice peu onéreux. Ne plus avoir peur de la mort, de plus sentir les ravages du temps avoir d'emprise sur soi, ne plus sentir la douleur. Tout cela pourrait transformer un Astartes en quelque chose de bien plus dangereux. Un Dieu, du point de vue d'un simple humain. Mais non. Brüner le savait, et l'a toujours su. S'il est devenu quelque chose de supérieur, un avatar de la guerre, c'est pour bien plus. S'il a tant sacrifié, son humanité, ce n'est pas pour la gloire. Mais pour servir.

S'il est devenu plus qu'un simple humain de la plèbe ce n'était pas pour les diriger. Certains doivent s'élever de la masse, en sacrifiant tout, mais pour servir le nombre de ceux qui sont faible. La rançon de cette transformation n'est pas les louanges qu'on chantera en son nom dans les églises et les temples, non. La rançon de cette élévation, c'est la servitude. Chaque Astartes se doit de s'élever, s’entraîner, combattre et mourir, abandonner ce qui fait de lui un homme, pour que ceux qui ne peuvent pas, qui non pas la force, pour qu'ils puissent survivre. Telle est la Loi dans l'Imperium. Brüner embrassait cette Loi. La défendrait de sa vie. Il mourrait pour chaque homme présent ici. Et chaque homme présent se battrait jusqu'à la fin des temps pour lui. Il le savait.


Malheureusement, il avait déjà entendu parler de chapitres Astartes qui méprisaient la vie humaine. En s'élevant au-dessus de la masse, ils avaient perdu toute notion de noblesse. L'homme ne valait plus rien pour eux. Ils continuaient de défendre la Vie dans l'Imperium, mais plus comme une notion vague que comme un credo. Pas pour Brüner des Black Templar. Chaque âme arrachée au grand dévoreur était une âme sauvée. Il se battrait, lui et ses hommes pour chaque pouce de terrain, sur chaque planète, sauvant ceux qui peuvent l'être, et purgeant ce qui doivent l'être.

Il s'extirpa de ses pensées quand il perçut à l'orée de sa conscience un soldat qui venait de trébucher légèrement. Les humains étaient épuisés. Lui ne sentait plus la fatigue depuis des décennies, depuis sa transformation en ange de l'Empereur. C'était dans ces moments-là qu'il reprenait conscience de sa supériorité physique. Au contact des plus faibles. Éloignés des humains, les Astartes pouvaient oublier leur but. Il avait besoin d'eux et eux besoin de lui. Ils lui rappelaient pourquoi il se battait, et lui leur rappelaient leur devoir envers l'Empereur-Dieu de l'Humanité. Brüner transmit par l'oreillette de son heaume de guerre, l'ordre de sécuriser la zone alentour. Les soldats, au premier abord surpris de voir disparaître dans les ténèbres les surhommes, se figèrent puis entendirent le sergent


Brüner ordonner une halte.

Les soldats, soulagés posèrent leurs bardas au sol, se regroupèrent en groupe autour de feu de campagne chimique, qu'ils avaient à disposition dans les rations de survie individuelles.


-Pourquoi nous arrêtons nous ? Demanda le magos. Nous avons une mission à accomplir, et le temps est une ressource que nous ne pouvons gâcher.

Brüner regarda le chronomètre de mission s'afficher dans son casque. Cela faisait presque dix heures qu'ils étaient partis du village dans le sable. Les hommes avaient besoin d'une pause.

-Nous ne pourrons continuer à ce rythme. Laissez-leur quelques minutes, nous repartirons ensuite. Lança-t-il au magos.


Dans un bruit de mécanismes énervés, le magos parti dans les ombres avec sa suite, emportant la malle contenant l'artefact, plus loin du groupe de soldats.

Makloff regardait la scène, assis sur son paquetage, son fusil laser entre ses genoux. Il faisait chauffer une ration réglementaire sur un bloc chimique allume feu. Brüner avait confirmation que ses hommes étaient en sentinelle autour du camp. Ils n'avaient ni besoin de boire ni de manger.

Brüner posa un genou à terre à côté du capitaine qui machinalement, lui tendit une ration réchauffée. Sans une hésitation, il la saisit, déverrouilla son casque d'une main, qu'il posa au sol pour manger.

Sur les théâtres d'opération, un Astartes était en parfaite autonomie grâce à son armure qui l'hydratait et le nourrissait en recyclant ses fluides et matières organiques. Il n'était même pas nécessaire de retirer son armure pendant de long mois, tellement l'armure était auto-suffisante. Brüner planta la fourchette réglementaire dans la ration et mastiqua son contenu. Makloff regardait fixement la lueur des flammes qui tremblaient.


-Vous savez, je n'ai aucune idée de ce que je fais ici. Ce que nous cherchons dans ces tunnels. Mais je sais une chose, c'est que moi et mes hommes nous allons le trouver et vous aider du mieux que nous pouvons.

Brüner tourna son regard vers Makloff, toujours fixant les flammes. Les ombres dansaient sur sa peau claire.

-Avant de rejoindre la flotte et le chapitre, je n'étais rien. Un travailleur parmi tant d'autres. Vivant entassés dans un appartement d'une ruche, avec ma mère et mon père. J'étais destiné à vivre, travailler et mourir, là où j'étais né.

Il racontait ses souvenirs. Quelques-uns de ses hommes l'écoutait, les autres parlaient à voix basse, et nettoyaient leurs fusils tout en mangeant eux aussi.

- Mais un beau jour, une partie de la ruche s'effondra sous son propre poids, emportant ma famille, notre logement, et tout ce que nous possédons. Du jour au lendemain je me retrouvais à la rue, sans rien. Je n'avais plus que deux choix qui s'offraient à moi. Devenir un tueur, un assassin, un voyou, volant et tuant pour survivre sous la ruche, ou m'engager sur le premier navire qui se poserait sur la planète.


Brüner devinait aisément la suite, mais ne dit rien. Laissant parler Makloff.


-Je me suis engagé comme simple matelot. J'ai abandonné tout ce qui me restait, derrière moi. Evidemment, la vie de marin est dure. Impossible d'avoir une famille, de construire sa maison, son foyer, élever ses enfants. Mais je n'avais pas plus de chance de le faire si je restais à terre.

Il touillait dans sa ration sans la manger, perdu dans son monologue.

-J'ai gravis les échelons, uns à uns, les uns après les autres. Pour arriver au grade de capitaine. Et regardez aujourd'hui. J'ai plus d'hommes sous mes ordres que je n'aurais jamais imaginé. Je les ai recrutés, formés, et pour la plupart vu mourir. Ce sont comme mes enfants, et j'ai trouvé une famille dans tout ça.

Je dois tout au Chapitre. Il m'a sauvé. Mais le chapitre me doit aussi beaucoup. Combien de mission menée à bien ? Combien de vie sauvé grâce à mes hommes ? Vous voyez, je pense que l'équilibre est parfait, je me battrais jusqu'au bout pour vous, et vous me le rendrez sans jamais faillir.

-Un homme se bat pour les siens, sinon il n'est pas un homme ! Lança un Mordian, qui reçut des vivats d'approbations.


Cette phrase sortie Makloff de sa rêverie, qui sourit et porta un toast avec son quart d'eau. Brüner hocha simplement la tête sans un mot, posant son immense main sur l'épaule de Makloff pour se lever, dans un geste paternaliste. Quand soudain son oreillette prit vie.

-Sergent Brüner, vous devriez venir voir ça. Résonna la voix de Kantor.

Le précipice était profond et large. Aussi loin qu'il regardait vers la droite ou la gauche, les milliers de pilier qu'ils avaient traversés depuis leur entrée sous la montagne, s'arrêtaient net. L'horizon disparaissait elle aussi dans le noir, les optiques perçants de leurs heaumes ne pouvant pas percer la noirceur aussi loin.

-Le chemin s'arrête ici frère sergent. Lança Kantor.

Il se tenait les deux bottes au bord du précipice.

-Tu as vu un autre chemin ? Lui répondit le sergent.

-J'ai fait un tour de reconnaissance vers le sud, la seule voie que je vois, c'est un escalier, qui descends perpendiculairement à la paroi. Il est raide, mais large, nous pourrons tous descendre avec notre équipement. Seulement nous serions très exposés si une attaque survenait. Je n'aime pas ça frère sergent. Comment... ?

Il fut interrompu dans sa phrase quand le magos et sa cohorte surgirent des ombres derrière eux.

-Avez-vous trouvé une voie pour continuer sergent ? Demanda le magos de sa voix métallique et chantante.

-Le chemin s'arrête ici magos. Seul un escalier permet de descendre, mais nous serions exposés. 

-Très bien nous prendrons ce chemin alors. Il c'était déjà retourné pour partir vers le camp, avec ses hommes-machines qui le suivaient comme des pantins.

-Magos ! Dites-nous ce que nous sommes venus chercher ici ! Que risquons nous ? Quelle menace nous attends en bas ?


Le magos ne se retourna même pas pour répondre.


-Je n'ai pas à vous répondre sergent Brüner. Contentez-vous de faire travail.

Brüner explosa. Il se rapprocha du magos toujours de dos en quelques foulées puissantes. Kantor, suivit son officier, signalant par son affichage qu'il était prêt quel que soit ce qu'il allait arriver. Les skitarris essayèrent de se mettre sur son chemin, leurs armes vrombirent sous la mise en tension des cellules d'énergies incrustées. Kantor sur ses talons, Brüner se stoppa à quelques centimètres du visage du guerrier de mars le plus proche, son visage arrivant à la moitié de sa poitrine.

-Répondez moi, il en va de votre sécurité et de la réussite de la mission !


Le magos c'était retourné, entouré par ses gardes, ses adeptes derrière lui, toujours portant la malle.


-Mon ordre a trouvé, il y a de ça plusieurs siècles, une carte incomplète et cette clé que nous avons utilisée. Qui menait vers ce système abandonné. Dans ce système, une planète en apparence normale, mais sous sa surface, d'immenses trésors archéologiques. Des manufactorums millénaires, abandonnés, prêt à être saisit par celui qui ose. Dans ces tunnels, sous cette surface, pourrait bien reposer l'avenir de l'Imperium.

Le magos mentait, Brüner en était sûr. Ou du moins, il lui cachait une partie de la vérité.

Kantor derrière lui, voxa à son sergent :

-Nous n'avons pas le choix, mais nous avons un problème plus urgent à résoudre.

Brüner laissa partir le magos et ses acolytes vers le camp plus loin entre les piliers.

-Je n'arrive pas à joindre le Revenant en orbite. Ça doit être à cause de l'épaisseur des murs et du plafond. Le réseau ne passe pas. L'averti Kantor.

-Essaye de joindre le premier checkpoint que nous avons laissé à l'entrée de la caverne.

Kantor s'exécuta et passa un rapide message pour tester les communications.

-J'arrive à les joindre parce qu'ils sont plus près. Vos ordres ?

-Qu'ils mettent leur poste radio sur réception diffusion sur toutes les bandes existantes. Ils nous serviront de point relais radio pour communiquer avec le village en contrebas et l'orbite. Nous allons laisser une patrouille avec poste radio au sommet de ces escaliers pour faire la liaison. Ça sera notre premier point nodal sur la grille de communication. Ça ne me plait pas du tout, nous allons être obligé de laisser encore plus d'hommes derrière nous pour faire la liaison. Déclara à haute voix le sergent Brüner. Peut-être que nous pourrons nous servir de ce contretemps à notre avantage. Laissez une arme lourde avec dix hommes sur ses escaliers.


Ils seront notre couverture en cas de replis intempestif.

Cela faisait de nombreuses heures qu'ils avaient mis en place ce système de points nodaux. Ils avaient placé encore deux autres équipes de relais radios sur leur route. Leur nombre allait en s'amenuisant. Il ne restait plus qu'une soixantaine de soldats avec eux et plus aucune arme lourde. Le réseau était encore en état et les Astartes avait une liaison directe avec l'orbite. Le Revenant les avait prévenus que la montée en puissance d'une source d'énergie depuis leur entrée sous la montagne ne faisait que progresser graduellement. Le sergent ne savait pas quoi en penser et le magos lui avait assuré que c'était tout à fait normal, que les systèmes de détections de vie d'un manufactorum en sommeil, se réveillaient progressivement. Ils avaient descendu l'escalier sur près de deux cents mètres de dénivelé. Loin au-dessus d'eux ils voyaient encore la lueur d'un feu de camp improvisé du poste radio avec son autocanon posé sur son trépieds entouré des bardas des soldats. Ils avaient alors progressé.


Maintenant les piliers réguliers avaient laissé place à d'énormes arches et pilonnes épais, bien plus espacés. Il était plus facile de voir les couloirs qui se dessinaient à perte de vue. Aux pieds de certains de ces pilonnes massifs gisaient des éboulis. C'était le premier indice du ravage du temps sur cette pierre qui ne semblait pas altérée par les années. Sur un des pilonnes de pierre noire, seuls les Astartes purent distinguer un visage gravé dans la pierre. Il était au sommet du pilonne, surement au niveau du plafond, bien trop haut pour que les lampes torches des soldats puissent l'éclairer. Il était de nature humanoïde, quoi que ses traits fussent confus et anguleux. C'était le visage d'un humain, changé, différent. Presque inexpressif. Plus ils avancèrent plus les visages gravés aux sommets des colonnes furent nombreux. Scrutateurs figés dans la pierre. Jugeant ceux qui s'aventuraient sous la montagne pour trouver leurs trésors.


Kantor toujours en avant de la formation voxa que le terrain changeait. Brüner prit une décision et ordonna à Kantor de rester sur sa position, la procession le rattrapa et il rejoignit le groupe. Ils étaient arrivés à un drastique changement. Les pilonnes ne laissaient place plus qu'à une ouverture verticale dans la pierre, comme l'ouverture dans la paroi rocheuse à l'entrée, des dizaines de kilomètres plus loin. Elle était large de cinquante mètres environ, et les deux surfaces qui partaient dans les directions opposées pour l'encadrer étaient de pierre cette pierre noire, mais polie. Qui aurait pu polir une aussi grande surface de pierre, et comment ? Cette pierre semblait solide et très difficile à travailler. C'était une véritable tour de force. Le plus choquant dans tout ça c'était la lueur qui émanait du bout de cette fente dans la pierre. Loin devant, à l'horizon, une lueur maligne venait éclairer les visages et les armures des soldats présents.


-Nous sommes sur la bonne voie, messieurs. Leur déclara le magos, une pointe d'excitation dans sa voix mécanique, ne se traduisait que par un débit de parole plus rapide qu'à l'accoutumée.

-Laissez une équipe radio ici. Nous continuons. Ordonna le sergent Brüner.

Laisser un commentaire ?