Black Templar Tome I

Chapitre 19 : Aucun Compromis

2349 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/01/2021 18:52

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Le sergent était prostré dans la pénombre de ses quartiers. Ils étaient tous arrivés à bord sain et sauf. Tous blessés mais entier. Il n'avait pas encore retiré son armure, seulement son casque de combat. Son armure était cabossée en de nombreux endroits. Son tabar d'un blanc habituel immaculé, n'était plus. Le sang, la chair et les immondices le recouvrait. On pouvait encore voir la croix de croisé en son milieu, trôner fièrement. Il avait ordonné à ses hommes de disposer, chacun était reparti dans ses quartiers respectifs, penser leurs blessures et remettre leurs matériels de combat en état de marche.

Un nouvel lieu, ainsi qu'une nouvelle date viendrait s'ajouter à la liste qui commençait à grossir en lettres d'or sur la bannière de la croisade. Ils n'avaient eu aucune perte de leur côté, cela tenait quasiment du miracle. Ses hommes c'étaient bien battu, et ils avaient enfin une piste valable.

Dans un soupir de fatigue extrême, le sergent se leva, prit son casque posé sur la table de pierre et se dirigea vers la porte. Son serf entra au même moment, manquant de le bousculer.

Les nerfs déjà tendus, le sergent essaya de se calmer. Son irritabilité ressortait presque de son être.


-Vous m'avez demandé monseigneur ? Demanda-t-il, la tête basse.

-Oui, je t'enverrais mon armure pour réparation, mais avant, je dois aller consulter notre astropathe, pour définir un nouveau cap.

-Je me serais acquitté de cette tâche pour vous, si vous l'aviez demandé, seigneur.


Brüner devinait enfin la personnalité du serf, sous les couches de respect et de déférence. Un homme qui voulait toujours plus faire pour son maître. Surement un homme qui avait échoué une fois dans sa vie, mais une fois de trop, et qui passerait le restant de ses jours à essayer de se racheter.


-J'irais, seul, j'ai besoin de marcher. Je te laisse mon bolter. Attends-moi ici. Lui ordonna-t-il en décrochant son arme de sa sangle pour lui tendre.


Il tendit les deux bras et plia sous le poids de l'arme que l'Astartes lui tendait, sans un mot, sans un bruit.

Brüner activa son oreillette en s'avançant vers la porte pour sortir de la pièce.


-Prévenez le télépathe de mon arrivée, j'ai un message urgent à lui transmettre.

L'officier qui faisait habituellement la liaison entre les Astartes et l'équipage paru hésiter :

-L'astropathe est momentanément indisponible monseigneur.

-Comment cela est possible ? Son ton devint tranchant comme son épée attachée à sa taille.

-Je ne saurais vous l'expliquer. Il est reclus dans ses quartiers, ses communications sont coupées.

Brüner s'arrêta net sur le chambranle. Il réfléchit à voix haute.

-Si l'astropathe c'est isolé, ça ne veut dire qu'une chose...

-Qu'il vient déjà de transmettre un message astropathique. Prononça le serf en finissant la phrase de son maître.


Brüner courait à pleine vitesse dans les coursives du Revenant. Il avait instantanément demandé à l'esprit de la machine de son armure de localiser chacun des membres de son escouade. Tous étaient dans leurs quartiers ou aux armureries. Sauf un. Un seul errait loin de toute coursive habituelle. Brüner calcula une trajectoire d'interception pour lui barrer la route, là, dans cet entrepôt désaffecté dû au manque de personnel. Il pénétra dans l'entrepôt vide, l'éclairage était minime, seulement quelques projecteurs épars. Sa vision surhumaine compensait le manque de luminosité. Il s'avança au centre du hangar, il le savait, il le voyait approcher, il arrivait. Son honneur le pousserait à aller à l'encontre du sergent. Les portes à l'autre bout du hangar s'ouvrirent, d'un pas tranquille il approcha. Comme s'il savait que ce moment viendrait. Son tabar flottait au vent dans des grandes impulsions de ses jambes armurées.


-Frère-Chapelain Markus.

-Sergent Brüner.


Il venait délibérément d'occulter le statut de frère de bataille de sa phrase. Le sergent se tendit imperceptiblement. Il se planta devant lui, à environ cinq pas. Ses bras le long du corps se croisèrent sur sa poitrine. Le sergent prit une pose plus stoïque, une main dans son ceinturon, une autre sur le pommeau de son épée.


-Je me rendais voir l'astropathe en personne, pour lui fournir un itinéraire, nous avons une piste enfin sérieuse. Le sergent Brüner parlait de banalités, et c'était surtout pour voir comment réagissait le chapelain.

-Faites-donc. Lui répondit-il en faisant mine de reprendre son chemin.

-On m'a informé qu'il était injoignable, surement en repos après une transe. Il vient d'envoyer un message astropathique à longue distance, semble-t-il. Lança Brüner d'une voix puissante, arrêtant le chapelain à quatre pas de lui.

Le casque en forme de crâne hurlant le toisa, puis le chapelain pencha la tête légèrement de côté, comme s'il réfléchissait.

-Laissez-moi passer sergent. Ordonna presque le chapelain.

-Non.


Brüner venait d'enlever sa main de son ceinturon et la posa délicatement sur son pommeau. Ses deux mains y étaient. Le chapelain le remarqua, il le savait. Le message était clair.

-Revenez-vous des chambres de l'astropathe ?

Sans une once d'hésitation, Markus, lui répondit :

-Oui.


Dans un réflexe purement militaire, Brüner fit jouer les muscles de ses épaules. Le chapelain décroisa les bras, pour les placer le long de son corps. Son crozius accroché par une sangle, tintait contre le métal de ses cuissardes. Au moins, il n'y aurait pas de faux semblant. Brüner pouvait reprocher beaucoup de choses à Markus, mais pas de tourner autour du pot.

-Puis-je vous demander ce que vous y faisiez ? Demanda le plus calmement du monde Brüner.

-Non.


En finissant sa phrase, il s'avança d'un pas. Plus que trois.

-Dernière chance, Frère-Chapelain, c'est un ordre. Répondez-moi.

-Laissez-moi passer. Lui répondit Markus, dans un soupir.

-Non, je ne pense pas.


L'alerte fut donnée. Une utilisation d'armes létales fut détectée dans un emplacement non prévu à cet effet dans le navire, sans qu'aucune alarme de guerre ne fut sonnée. Des personnes à bord essayaient de se supprimer. Les Astartes furent prévenus, et partirent au galop, en armes et armures pour y mettre fin.

Le chapelain Markus avait porté le premier coup. Brüner sans dégainer son arme, esquiva le coup descendant d'un pas de côté. Le métal du crozius heurta le métal du pont, dans un fracas assourdissant. Markus n'avait pas activé le champ disrupteur de son arme, ne voulant que blesser ou incapacité son officier. Toujours arme au fourreau, Brüner recula d'un pas pour se mettre à distance.


-Vous avez envoyé un message à notre croisade pour les tenir informé de notre avancée, c'est bien cela ?


Sans aucune réponse de la part du chapelain, Brüner sorti lentement sa lame. Le métal mat ne refléta aucune lumière ambiante. Toujours dans une lenteur maîtrisée, il se mit dans une position de garde, ramassé sur lui-même, sa jambe faible en retrait.

Sans aucun mot, Markus activa le champ disrupteur de son crozius, qui s'illumina d'une lueur bleue. Le champ de force surpuissant, ronronnait son champ de guerre. L'air environnant s'empli d'ozone sous la puissance dégagée. Avec son champ de force activé, cela ne voulait dire qu'une chose. Il comptait le blesser mortellement, ou même le mettre hors de combat. Brüner n'avait pas d'autre choix maintenant. Il devait combattre, pour le résonner et en apprendre plus. 

Les deux se tournaient autour. Comme des prédateurs se jaugeant l'un l'autre. Brüner avait déjà combattu contre Markus dans les cages entrainement du navire.

C'est ce moment que Markus choisit d'attaquer Brüner. Un coup horizontal de son crozius flamboyant. Brüner para avec sa lame, pointe vers le bas. L'impact fut assourdissant. Le bras fort du sergent Brüner trembla sous la force du coup. Le champ d'énergie se vida sous le choc, même à cette distance, Brüner senti la force entrer en contact avec son armure.

Il contre attaqua, en repoussant l'arme de son adversaire d'une parade pour lui asséner un coup vertical descendant. Markus esquiva d'un pas de coté, mais du mauvais côté. Brüner l'avait prévu, et lui envoya un crochet de sa main gauche en plein dans son casque. La tête du chapelain prit un angle inhabituel, partant sur le côté. Brüner en profita pour le saisir à la gorge. Sa poigne de fer agrippa le peu de partie molle possible. Le gorgerin blindé de l'armure le laissant que peu d'ouverture vers la gorge du porteur.


-Réponds moi ! Tu espionnes pour le compte du sénéchal ? Il veut garder un œil sur nous, pour savoir où nous en sommes, et m'éliminer si je faillis ?

La gorge à moitié écrasée, le chapelain Markus, lui répondit :

-Oui.


Le crozius libéra son énergie entre les deux Astartes empoignés. C'était une stratégie de dernier recours pour repousser son assaillant. L'impulsion blessa autant le chapelain que le sergent. Maintenant à bonne distance l'un de l'autre.

Le tabar du chapelain était en feu. Il ne prit pas la peine de l'éteindre, se concentrant plutôt sur le combat. Il était baigné dans une auréole de fumée. Celui du sergent ne prit pas feu, il était trempé de sang ennemi. Seule une épaisse fumée noire l'entourait.

A l'orée de sa perception, Brüner perçu du mouvement. Des formes venaient d'entrer dans le hangar vide. Le sergent les ignora, un combat plus urgent se déroulait devant ses yeux. Il en allait de son honneur et de sa survie.


-Devons-nous les arrêter frère Apothicaire ? Demanda Maximilian, entouré du reste de ses frères.

-Non je ne pense pas. Ce combat est nécessaire. Laissez-les régler leurs différends. Nous ne pouvons interférer, car nous ne pouvons pas, et nous ne devons pas.

-Je ne comprends pas, frère. Lança Luther.

-Des choses nous dépasse dans cette croisade. Plus que la simple recherche de cette relique, l'avenir de notre officier est en jeu. Et sa vie aussi. S'il laissait partir le chapelain ça aurait été un acte de faiblesse, et sans nul doute qu'il aurait été exécuté par lui pour ça. Mais s'interposer risque aussi de lui coûter la vie. Aucun choix n'est facile, mais ne pas faire de choix est interdit. C'est notre fardeau à tous.

-Je vois. Répondit Luther pensif.

-Alors notre avenir aussi se joue maintenant. Murmura Konrad, dans les ombres.


Le combat durait depuis bien trop longtemps. Brüner avait des os cassés. Son bras gauche pendait mollement sur le côté, son bras droit était engourdi au niveau de l'avant-bras sous tous les coups qu'il avait paré. Le sang coulait dans ses jambières. La fatigue de la campagne à la surface combinée à celle de ce combat allait le terrasser. Le chapelain aussi semblait à bouts de force. Son casque était perforé à de nombreux endroits, Brüner pouvait même distinguer la peau de Markus sous les couches de métal détruites. Il fallait en finir. Brüner reconnue les silhouettes hors de son champ de vision, c'étaient celles de ses hommes qui observaient la scène. Il devait gagner, pour pouvoir continuer sa quête, remettre à sa place le chapelain qui les espionnait et jouait un double rôle depuis leur départ. Il devait le soumettre pour continuer.

Brüner marcha droit vers le chapelain haletant. Le coup de crozius le toucha en plein plastron. Le coup aurait dû le terrasser. Le tabard se fit carboniser dans l'instant, le ceinturon, les portes chargeurs, et les couches supérieures de blindage volèrent en éclats dans le hangar.

Le chapelain avait mis toute sa puissance, pensant battre son adversaire en un coup, il n'avait pas prévu qu'il soit encore debout et continu d'avancer sur lui.

Brüner arma son bras et enfonça sa lame dans l'épaule de Markus, celle qui tenait son arme. Le crozius tomba au sol, Brüner laissa la lame fichée dans son adversaire, et martela la tête du chapelain de sa seule main valide.

Markus tomba au sol sous le coup et la douleur.


-Nous ne pouvons avancer si vous complotez contre nous dans notre dos Chapelain. Il ponctua sa phrase d'un violent direct en plein casque.

-Je ne peux avancer si je dois constamment surveiller si mes hommes ne me trahissent pas.

Brüner leva encore le poing au-dessus de son adversaire dos au sol. Il arrêta son geste.

-Je ne faisais que suivre les ordres. Frère-Sergent.

-Je sais.


Titubant, Brüner s'éloigna de Markus au sol. Il errait dans le hangar, sans savoir où aller. La douleur et le sang lui troublaient la vision. Il entendit quand même ses hommes accourir vers eux, le combat était fini. Il ne pouvait pas en vouloir à Markus de respecter les ordres donnés par le sénéchal avant leur départ. Mais ces ordres allaient à l'encontre de son autorité, et du bien de sa croisade d'expiation. Il savait que la situation allait mettre du temps avant de vraiment se résoudre. Mais au moins, son frère chapelain savait ce qu'il en pensait et qu'il ne trouverait aucune faiblesse chez lui. S'il voulait s'en tirer, faire honneur, il devait faire partie intégrante des Astartes du Revenant. Dans un dernier soupir, Brüner s'évanoui, tombant au sol de tout son long. Les ténèbres l'envahirent, les pas précipités de l'Apothicaire se rapprochant de lui, furent la dernière chose qu'il entendit.

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