Black Templar Tome I
Retrouvez les autres chapitres sur : https://www.wattpad.com/story/210971996-black-templar
Retrouvez le Tome II sur : https://www.wattpad.com/story/251252843-black-templar-tome-ii
Il observait le bâtiment depuis une vingtaine de minute, rien ne bougeait. Aucun signe de mouvement ou d'activité humaine. Derrière le sergent Brüner, la colonne de char attendait. Leurs moteurs éteints. Depuis son couvert, au bout de la rue, il pouvait voir une immense place dans le style impériale pur. Elle avait subi les affres de la guerre mais on pouvait encore voir les piédestaux des statues de héros impériaux encore debout. Certaines de ces statues gisaient au sol, brisées. La place était jonchée de cadavres et d'épaves de véhicules. Brüner reconnut l'appartenance régimentaire des véhicules, c'étaient bien ceux de Marrick et du colonel disparu. Ils étaient passés par là, et avaient combattu. Des dizaines de corps démembrés, pulvérisés, avaient peint le marbre des pierres de la place de taches de sang rouges coagulées et collées par le sable.
La place donnait sur un immense bâtiment au toit plat. Ses murs donnant sur l'extérieur étaient criblés d'impacts de balles et de projectiles. Des cadavres d'hérétiques s'empilaient même en dessous des fenêtres les plus basses, comme un pont morbide. Les cadavres commençaient à être recouverts par le sable et la poussière. Mais certains semblait plus récent que d'autre. Continuant de se vider de leur sang sur le parvis.
On pouvait distinguer encore le marquage qu'avait laissé le caducée impérial dans la pierre, sur la devanture du bâtiment. C'était un ancien hôpital impérial. Et à en juger ce devait être aussi une école pour les futurs médecins de cette ville. Le bâtiment dépassait en taille et longueur toutes les autres bâtisses qui le cernait. On pouvait circuler librement autour du bâtiment avec un char, la place s'étendait autour de l'hôpital abandonné. Cela laissait un champ de vision et des positions de tirs idéales pour se défendre. Les corps autour le prouvaient.
Le sergent sorti de son couvert. Il marcha avec détermination, entrant sur la place d'une démarche assurée. Ses armes rangées au fourreau. Il enjambait les cadavres hérétiques et loyalistes avec facilité. Des monticules de corps étaient cachés par les colonnes et les statues effondrés. Figés dans la mort, dans une fresque sordide. Des soldats mutilés étaient morts sur les chars qu'ils pilotaient, essayant de s'enfuir de leurs habitacles, submergés par les soldats du Grand Ennemi. Le sergent Brüner se planta devant la façade de l'hôpital. Ses murs s'élevant sur trente mètres de hauteur, le noyant sous leurs ombres démesurées. Les portes principales étaient fermées. Des pans de maçonneries jonchaient le perron. Toujours aucun mouvement. Rien ne bougeait. Le temps semblait figé. Soudain, dans un boum supersonique le Defiance, passa en rase motte au-dessus de l'hôpital. Faisait vibrer ses fondations, ses vitraux et les cadavres devant ses fenêtres. Le Thunderhawk continua sa route, et pris de l'altitude dans une courbe majestueuse, pour repartir voler au-dessus d'un autre quartier de la ville. Son passage fit tomber sur le parvis un bloc de ferrobéton du toit, qui s'écrasa dans un bruit de pierre brisée, non loin du sergent.
C'était ce qu'il fallait pour convaincre les défenseurs. Les immenses portes s'ouvrirent dans un bruit de métal torturé, et de bois malmené. Une escouade de garde en émergea. Le sergent les observa attentivement. Ils étaient mal rasés, fatigué, mais leur armement était propre et prêt à faire pleuvoir la mort. Ils se déployèrent dans un arc de cercle parfait, en cadrant et bloquant de leurs corps l'accès à l'intérieur de la bâtisse. Ils pointèrent leurs fusils lasers sur lui. Il s'en doutait, mais d'autres gardes, cachés derrière les fenêtres brisées braquaient eux aussi leurs armes sur lui. Au moindre faux mouvement il serait criblé de laser. Il s'avança très lentement, les bras le long du corps et s'arrêta devant la volée de marche qui menait aux portes principales. Il activa les hauts parleurs de son armure :
-Je suis le sergent Brüner, et je sers l'Empereur-Dieu de l'Humanité !
Sa voix porta sur toute la place, se réverbérant sur les murs de pierre, et résonna dans les ruelles encombrées de cadavre.
Une nouvelle silhouette émergea de l'hôpital. Elle dépassa l'escouade qui mettait en joue le sergent. En passant devant elle, il posa la main sur un des canons des fusils pour l'abaisser, les gardes l'imitèrent. Ils suivirent l'officier qui descendait maintenant les marches à la rencontre du sergent Brüner. Il portait un uniforme cadien, ainsi qu'une armure carapace. Il devait avoir une cinquantaine d'années pour un humain normal. Une casquette d'officier cachait son crâne rasé à la perfection malgré la situation délicate qu'ils avaient connue pendant ses trois jours de combats. Il semblait fatiguer, épuisé. Ses yeux étaient profonds et cernés de noir. Ses joues étaient creusées. Pourtant un sourire à peine contenu venait illuminer sa bouche, ainsi que sa moustache en guidon grisonnante. Il arriva devant l'Astartes, et le salua. Un salut protocolaire et parfaitement exécuté. Puis il mit genoux à terre, baissant la tête, en signe de déférence au guerrier de L'Empereur.
-Loué soit-Il, vous êtes venus.
Sa voix était cassée, et rauque. Surement due aux ordres criés qu'il devait donner dans les batailles passées. Pourtant elle était douce, presque soulagée par la venue de l'Astartes.
-Relevez-vous colonel. Nous avons encore du travail.
La colonne de véhicules de Marrick émergea de la ruelle. Les moteurs bruyants firent traverser et négocier les obstacles de la place aux blindés. Et s'arrêta dans le dos du sergent Brüner. Marrick émergea de sa tourelle cabossée et sauta aux pieds de son char avec souplesse. Il courut jusqu'au colonel qui venait de se relever.
-Mes respects mon colonel, il effectua un rapide salut protocolaire.
-Lieutenant Marrick !
Ils s'empoignèrent par l'avant-bras de leur bras droit respectif. Un salut guerrier de l'ancienne Terra, qui avait perduré jusque dans cette partie de la galaxie.
-Vous en avez mis du temps. Vous avez traîné en route ? Il y avait un embouteillage peut-être ? Lui lança-t-il en souriant.
-Nous avons été un peu retardé par le comité d'accueil. Marrick lui rendit son sourire, de toutes ses dents
-Amenez vos chars sur le côté Est du bâtiment, nous allons vous ouvrir la cour intérieure. Suivez-moi.
Le sergent Brüner était un géant par rapport au colonel et à Marrick. Ils arrivaient au niveau de son torse. Par sa carrure et sa taille, les soldats cadiens paraissaient bien fragiles et faibles. Brüner emboîta le pas aux deux soldats, encadrés par l'escouade de sécurité positionnée en haut des marches. Ils passèrent la porte, et le sergent arriva sur une immense cour intérieure, un puits de lumière à ciel ouvert, long de plusieurs centaines de mètres, entouré de couloirs en colonnades, où des arches de pierres blanches supportaient deux autres étages plus hauts. La cour était l'espace central du bâtiment. Toutes les chambres et les ailes de l'hôpital donnaient sur la cour intérieure. Le pourtour des chemins de rondes était parsemé des salles de classes ou des chambres pour traiter les patients.
Les portes se refermèrent dans un claquement. Des gardes s'activaient pour remettre les barres de métal en travers de la grande porte pour la condamner. Il y avait une agitation nouvelle, des gardes couraient en tous sens, amenaient des munitions sur les postions d'armes lourdes dissimulées dans les murs qui donnaient sur la grande place devant. Le bruit des moteurs de la colonne de char était étouffé par les murs mais se dirigeaient vers l'Est du bâtiment. Ils suivirent le colonel et émergèrent de l'ombre des arches qui supportaient le poids des étages, pour arriver dans la cour principale. Des transports chimères, et des chars Leman Russ étaient rangés en rangs d'oignons, prêt au départ dans la cour. Les équipages étaient sur leurs machines, à essayer de les réparer du mieux qu'ils pouvaient. Brüner aperçu un techno-prêtre donner des consignes à un équipage dépassé par les réparations d'un roulement de chenilles. Des étincelles sortaient des postes à souder quand les soldats fixaient de nouvelles plaques de blindage à la hâte sur des entailles de laser qui avaient perforées le char.
Des soldats couraient dans les étages, passant de chambre en chambre, ou de salle de classe en salle de chirurgie, pour prendre position aux fenêtres. C'était bien là où avait échoué le colonel et les restes de son régiment. Un portail massif en fer, où était sculpté un énorme crâne enroulé dans une couronne de lauriers et transpercé par au-dessus par un caducée impérial bloquait l'entrée Est à la cour, s'ouvrit pour laisser passer les renforts. La colonne de Marrick en émergea dans un nuage de gaz d'échappement et de poussière.
-Soldat, montrez-leur où ils peuvent se garer, occupez-vous de leurs blessés ! Le colonel hurla ses ordres, ses hommes lui obéir sans broncher, courant vers les nouveaux arrivant, avec brancards et lampe torches pour les guider vers des emplacements.
-Mon colonel, nous avons essayé de vous joindre par vox depuis notre arrivé.
-Nous avons coupé toutes nos transmissions, ils nous écoutent, je ne sais pas par quels moyens. C'est pour ça que nous sommes tombés dans leurs pièges. Ils ne doivent pas savoir combien nous sommes affaiblis et acculé. Lui répondit-il.
Le colonel s'approcha d'un soldat, assis, la tête entre les mains, il semblait abattu. Le colonel s'agenouilla à côté de lui.
-Debout fils, il y encore du travail qui nous attends.
-Je ne sais pas si je peux encore y arriver mon colonel. Lui répondit-il, aux bords des larmes.
-Tes frères d'armes t'attendent, si tu ne le fais pas pour toi, alors fais le pour eux.
Il se releva et parti, Brüner sur ses pas et Marrick aussi. Le colonel devait être détesté par les commissaires régimentaires. Il était proche de ses hommes, s'occupaient de tout et tous à la fois, là où un autre officier supérieur aurait délégué le travail. Il allait personnellement vérifier les postes de gardes et de mitrailleuses. Le sergent Brüner comprenait pourquoi Marrick et ses hommes étaient aussi motivés à retrouver leur colonel. C'était un officier aimé, dur mais juste. Et il poussait ses hommes à aller plus loin, car il serait avec eux, en premières lignes quoi qu'il arrive.
Le Rhino effectua une rotation à cent quatre-vingt degré, ses chenilles dérapant dans la cour. Il s'immobilisa, et coupa son moteur. La passerelle arrière s'ouvrit et onze Astartes en émergèrent, en armes, tabar flottant aux vents. Le chef de char Rudikher ouvrit la trappe de sa tourelle de commandement, et en sorti. Il se posa fièrement sur le toit, s'étirant le dos de manière théâtrale. Les soldats jusqu'à présent occupé, osèrent un coup d'œil vers les inconnus qui avaient pénétrés dans l'hôpital. Peu de gardes pouvaient se targuer d'avoir vu de son vivant un Astartes. Ils combattaient rarement à leurs côtés. Rudikher surplombait la scène, de toute sa hauteur. Les soldats arrêtèrent ce qu'ils faisaient, une nappe de silence s'abatis sur le bâtiment en ruine. Certains murmuraient à leurs compagnons, d'autres priaient. Quand, d'un coup, un soldat s'inclina, très bas devant le sergent Brüner. Tous les soldats présents l'imitèrent, dans tous les couloirs qui couraient autour de la cour, sur les chars et sous les arches. Le sergent s'inclina à son tour, très légèrement, rendant leur salut, aux soldats épuisés.
Le colonel s'égosilla à les exhorter d'arrêter de bailler aux corneilles et de reprendre le travail. Les menaçant de punitions qui n'avaient pas encore été inventées.
-Frère Rudikher, supervise les réparations d'urgences, le partage des munitions et des vivres avec le reste du régiment. Tu feras ensuite le tour des positions défensives de cette bâtisse. Ordonna le sergent dans le vox. Prenez des positions défensives sur les murs, par binômes de combat, et communication vox régulière.
-Ce sera fait. Il sauta du haut de son Rhino et atterrit lourdement sur le sol. Il commença à se diriger vers les chars nouvellement arrivé pour décharger les caisses sur leurs toits, son équipage derrière lui.
Le sergent ouvrit une nouvelle liaison vox avec le Revenant en orbite.
-Nous avons trouvé notre objectif principal. En attente de débriefing. Terminé.
Il adressa la parole au colonel qui supervisait le nettoyage d'un bolter lourd par une jeune recrue inexpérimentée. Il n'avait pas entendu la conversation sur le vox d'escouade qu'avaient eue le sergent et ses hommes.
-Colonel, nous avons divisé la force de sauvetage en trois colonnes, où sont les autres ? Demanda le sergent de sa voix grave. Utilisant les hauts parleurs de son casque.
-Suivez-moi dans mon bureau, dit le colonel.
Son bureau n'était qu'une métaphore, c'était une salle d'opération aucunement stérile, gardée par deux gardes à l'entrée. Des cartes posées sur une table de dissection, des boites de munitions pour sièges, et un lumiglobe de campagne trônaient au centre de la pièce. Un lit de camp défait était rangé dans un coin sombre, ce devait être les quartiers du colonel.
-Je peux vous demander un peu d'eau lieutenant ?
Marrick tendit sa gourde à son supérieur, qui s'assit lourdement sur son siège improvisé. Il but de longues secondes, et rendit sa gourde à son soldat. Brüner et le chapelain Markus qui l'avait rejoint l'observait en silence.
-Je manque à tous mes devoirs messeigneurs. Je me présente, colonel Nathanaël Umar du trois cent quatorzième régiments blindés Cadien.
Le sergent Brüner déverrouilla son casque dans un chuintement de dépressurisation, imité par le chapelain Markus.
-Sergent Erik Brüner, du chapitre des Blacks Templars, commandant de la douzième croisade d'expiation.
-Chapelain Markus du chapitre des Blacks Templars. Enchanté colonel.
La fraîcheur parvint aux sens du sergent, qui senti un léger courant d'air froid parcourir sa peau à découvert. Ses cheveux noirs collés sur son front par la sueur séchèrent légèrement au contact de l'air. Le colonel sembla gêné et surpris de voir les visages des Anges de l'Empereur. Le vacarme des bottes cognant le sol de pierre se faisait entendre malgré l'épaisseur des murs. Il y avait de l'agitation dehors.
-Quand nous avons pénétré dans cette ville, la progression était trop facile. Une résistance faible comparée à ce que nous avions prévu. Le Tactitae Imperialis le stipule clairement. ''Si une attaque se déroule sans encombre vous vous dirigez vers une embuscade''. J'ai commis des erreurs monseigneur, que l'Empereur me pardonne.
Le colonel parlait sans s'arrêter, vidant son sac.
-Toute cette foutue ville nous ai tombé dessus. Impossible de rebrousser chemin dans ces petites rues. Nous ne pouvions plus qu'avancer droit devant. Et impossible de mener à bien notre mission. Nous avons trouvé cet hôpital. L'Ennemi était sur nos talons. Nous avons perdu beaucoup de soldats pour prendre ce bâtiment. Quand nous sommes enfin entrés, j'ai envoyé un message demandant des secours et nous avons coupé nos communications.
-Vous avez fait votre devoir colonel. Sans vous, vos hommes ne seraient que des cadavres dans les rues. Lui dit le sergent Brüner. Le chapelain hocha la tête.
-Peut-être monseigneur. Et puis nous nous sommes retranchés. Comme de la vermine. Nous avons commencé à rationner les munitions et les vivres. Nous n'avions aucune idée du temps qu'il nous faudrait tenir. Le périmètre est trop large à couvrir. Des assassins ennemis venaient égorger les sentinelles déshydratées ou assoupies. Une fusillade a même éclaté entre nos murs.
Les Astartes avaient vu les impacts de balles et de lasers dans l'enceinte du bâtiment mais n'avaient rien dit. Des taches sombres de sang coagulé frais étaient encore visibles sur le carrelage de certains couloirs.
-Nous avons perdu beaucoup d'hommes. Et de véhicules. Annonça le colonel, sa mine devint encore plus sombre.
-Vos pertes colonel ? Demanda le chapelain, songeur.
-Presque la moitié du régiment dans les rues de la ville. Et un quart dans ce fichu hôpital. Avec vos renforts, nous arrivons à peu près à un effectif de compagnie complète. Énuméra le colonel.
-Nous avons aussi subi des pertes pour arriver jusqu'à vous. Raconta le sergent. Qu'en est-il des autres colonnes de véhicules venu vous secourir ? Demanda encore le chapelain. Le sergent Brüner écoutait attentivement et prenait des notes dans sa tête.
-Vous êtes les premiers. Depuis que vous avez pénétré dans la ville, aux premières explosions, les assauts sur nous ont redoublés, comme s'ils voulaient nous exterminer avant que vous arriviez pour nous. Mais votre soutien aérien les a fait fuir.
-Ouvrez vos communications colonel. Nous avons besoin de savoir où sont le reste de vos hommes. Ajouta Brüner.
Le colonel héla les sentinelles devant sa porte, elles entrèrent. Il leur demanda de réactiver les unités vox longue distance à la recherche des autres colonnes blindées. Et d'avertir les gardes de vérifier les cibles qui entraient dans le périmètre, c'était peut-être d'autres survivants. Les sentinelles repartirent au pas de course, refermant les portes derrières elles.
-Colonel. Nous sommes ici pour une raison précise.
Le sergent s'avança et s'appuya de ses poings, sur la table. Le métal grinça sous la charge. Il surplombait de toute sa taille le colonel assis.
-Nous sommes ici pour vous débriefer sur le cas de nos frères.
-Je m'en doutais monseigneur, je ne me fais aucune illusion, les Anges de l'Empereur ne sont pas venus sauver mon régiment sans une bonne raison. Déclara-t-il. Je vais vous raconter. Lieutenant vous avez une cigarette ?
Marrick en sorti une de son paquet souple et la tendit au colonel. Il s'en alluma une aussi. Dans la fumée, la poussière, la sueur et le sang il leur raconta.
Le sergent Erik Brüner marchait seul sous les arches, dans un couloir ouvert sur la cour principal, au deuxième étage de l'hôpital. Ses bottes blindées martelaient le sol, il se déplaçait sans aucune discrétion. C'était un moyen de faire comprendre que les Astartes de l'Empereur étaient avec eux. Les gardes qu'il croisait s'aplatissaient contre les murs, le laissant passer. Certains baissaient la tête, d'autre paraissaient concentré sur les rations qui avaient été distribuées par le convoi de Marrick. Le sergent Brüner risqua un coup d'œil dans la cour. Les préparatifs commençaient et allaient bon train. Un équipage s'affairait sur un Hellhound, remplissant ses réservoirs externes pour son arme d'un liquide non gélifié et suspect. Le techno prêtre accouru, hors de lui. Il alternait entre langage humain et binaire, les suppliants de ne pas faire ça à l'esprit de la machine du char de combat lance flamme.
-Nous devons le faire prêtre ! Nos réservoirs son presque à sec !
-Vous allez casser cette antique machine, il lui faut un combustible spécial ! Se défendit le prêtre.
-Nous ajoutons un faible pourcentage de carburant, il restera assez solide et sous pression pour l'arme. Lui répondit le chef de char avec confiance. Nous savons ce que nous faisons. Nous l'avons déjà fait.
Le prêtre paru sembler exploser de rage, ses mechadendrites fouettaient l'air autour de lui, il reparti vers d'autres char dont il pouvait s'occuper. Les gardes qui étaient au-dessus des réservoirs rigolèrent de bon cœur, le chef de char haussa les épaules et se joignit au fou rire de ses hommes.
Le sergent continua son chemin, venant vérifier lui-même les postes de combats du bâtiment. Il le savait, les gardes avaient peur de lui, mais s'il venait en personne vérifier le matériel et les positions et n'avait rien à redire alors leur fierté et leur moral remonterait drastiquement.
Le sergent arriva derrière un bolter lourd tenu par deux gardes. Il avait remarqué que les soldats avaient démonté les armes de caisses des chars pour les monter dans les étages. Les véhicules parqués en bas étaient presque sans protection, ils devraient remonter toutes les armes si le régiment devait faire mouvement. Depuis qu'ils étaient arrivés, il n'y avait eu que peu de survivant des autres colonnes. Un Leman Russ et quelques chimères. Une heure plus tard seulement un groupe de cadiens à pieds arrivèrent et furent recueillis. Ils avaient l'air encore plus mal que ceux qu'ils étaient venus sauver.
Il croisa aux détours d'un couloir le chapelain Markus. Il menait une messe dans une petite chapelle excentrée du troisième étage. Une dizaine de gardes et frère Tantion étaient agenouillés. Comme à son habitude il était silencieux. Recevant les bénédictions de son chapelain.
-Vous irez au combat, l'âme pure et le corps en rage. Nul ne survivra.
Le chapelain faisait des mouvements larges de son crozius, son champ énergétique était éteint pour l'office.
-Il n'y a que la mort, et le devoir avant elle. Ave Imperator.
C'était la fin de la messe. Tantion se releva de toute sa taille et reprit son tour de garde du troisième étage. Il passa devant le sergent Brüner en hochant la tête en signe de respect. Il continua dans le silence le plus complet à veiller au nom de l'Empereur.
Le chapelain rangea dans son étui de cuir à sa taille son crozius. Les gardes se dispersèrent, en bavardant, à voix basse, le regard craintif, évitant de croiser celui des anges de la mort.
-Patrouillons ensemble chapelain. Lui demanda le sergent.
Ils marchaient cote à cote. Le couloir peinait à contenir les deux Astartes de front.
-Vous avez entendu comme moi le colonel, chapelain Markus. Commença le sergent.
-Oui frère sergent.
Il repensa à la conversation qu'ils avaient eue dans le bureau du colonel. La septième croisade s'expiation. C'était une des croisades les plus récentes. En réparations d'une faute qui avaient été depuis longtemps effacée des annales du chapitre. Privés de moyens de voyager pour mener à bien leur mission sacrée, les Astartes de la septième durent rejoindre un régiment de garde de Cadia. Ils le suivirent pendant des années. Aidant dans leurs campagnes le colonel Umar et ses hommes.
-Je comprends maintenant pourquoi nos frères sont restés aussi longtemps avec ce régiment. Avoua le chapelain Markus. Ce sont de bons soldats. Loyaux et courageux. J'en ai vu peu de cette trempe.
-Et leur colonel est un sacré personnage. Ajouta le sergent.
-Un peu trop proche de ses hommes si vous voulez mon avis.
-C'est peut-être vrai, que dis leur commissaire ? Questionna le sergent.
-D'après les rapports que j'ai eu entre les mains, il est mort au début de l'offensive, et n'a pas encore été remplacé par le Commissariat.
Le sergent resta pensif. Ils continuaient d'arpenter les couloirs, ils s'éloignaient de l'agitation de l'avant du bâtiment et rentrait dans les ailes abandonnées.
-Qu'avez-vous appris d'autre au sujet de nos frères ?
-Ils ont combattu pendant des années aux côtés de ce régiment. Glanant toutes les pistes et indices qu'ils pouvaient sur leur chemin. Déblatéra le chapelain de sa voix rauque.
Son casque à tête de mort hurlante, figé dans un rictus de rage.
-Jusqu'au jour où ils rencontrèrent une Waaagh Ork, qu'ils combattirent avec acharnement sur plusieurs mondes d'un même système.
-Et c'est là que tout a basculé.
-Exactement. Répondit le chapelain.
Le colonel avait tout raconté depuis le début. Alors qu'il n'était qu'un jeune officier supérieur à la tête de son régiment, les Astartes de la septième le rejoignirent. Ils avaient traversé maints et maints dangers. Exterminés des xénos sous leurs chenilles et leurs bolts. Mais quand ils rencontrèrent cette fameuse Waaagh ils changèrent du tout au tout. Il raconta qu'une fois la campagne terminée, et cet embryon de menace éradiqué, ils voulurent savoir d'où elle venait. Le colonel avait refusé poliment, de remonter les origines de cette menace car ce n'était pas dans ses ordres et ils devaient déjà voyager jusqu'au prochain théâtre d'opération. Le commandant Astartes avait alors ordonné au colonel d'apprêter une navette pour y déposer ses hommes sur une des planètes détruites dans le sillage de cette Waagh. A contrecœur, se séparant de ces surhommes, il leur accorda. Et ne les revirent plus jamais.
-Et vous savez de quelle Waagh il s'agissait ? Demanda le sergent.
-D'après les rapports du régiment, ils n'ont combattu qu'une vrille dissidente de la force principale. Qui doit sévir toujours d'ailleurs.
-Si nos frères ont abandonné ce régiment pour un objectif clair, c'était qu'ils avaient de bonnes raisons.
-Je le crois aussi frère sergent. Lui répondit le chapelain.
Ils c'étaient arrêtés, se tenant l'un en face de l'autre. Les optiques du chapelain Markus fixant ceux du sergent Brüner.
-Nous avons une piste.
-Monseigneur, j'ai des ordres très clairs. Je dois reprendre cette ville coûte que coûte.
-Et je respecte cela, colonel. Lui répondit le sergent Brüner.
-Je vous ai tout dis concernant vos frères monseigneur. Je vous demande humblement de nous aider à finir ce combat. Nous devons reprendre cette ville.
-Je vois.
Ils se tenaient sur le chemin de ronde du troisième étage, regardant vers la cour intérieure de l'hôpital. Le colonel était venu le rejoindre après un conseil de guerre avec ses principaux officiers. L'agitation était palpable. Le régiment se mettait en mouvement. Les moteurs ronronnaient. Les mitrailleuses et les bolters étaient chargés. Les soldats se préparaient.
-Avec ou sans vous, nous ferons face monseigneur.
Le colonel enfila son casque lourd, et parti en direction des escaliers rejoindre ses hommes. Ils ne pouvaient plus se permettre de rester retranché dans un bâtiment en ruine, ils devaient passer à l'offensive. Avec très peu de chance de réussir, mais ils étaient des soldats de l'Imperium, ils iraient combattre quel que soit leur sort.
-Colonel. Appela l'Astartes.
Il s'arrêta et se tourna vers le géant en armure derrière lui.
-Vous ne serez pas seul. Faisons face ensemble.
Le colonel Umar était à pied. Il était à couvert derrière une poubelle de tôle renversée en travers de la route. Il avait sorti ses magnoculaires. Les courants d'air chargé de sable venaient lui fouetter le visage. Il avait passé la plus claire partie de sa vie d'adulte dans le compartiment d'un char Leman Russ, et se retrouver comme ça, à la merci des éléments comme un vulgaire fantassin commençait à l'agacer. Son char Exterminator attendait dans la rue, deux cent mètres plus loin. Ses autocanons jumelés braqués vers le marché.
C'était une place immense, un marché à ciel ouvert du temps où la cité était aux mains impériales. Surélevé de quelques marches, l'esplanade accueillait des échoppes, des petits magasins de toiles tenus sur des piquets de bois. Maintenant il n'y avait plus rien de ça. Des cadavres parsemaient le sol, les tissus colorés étaient souillés et jetés au sol. Les soldats ennemis avaient établi leur quartier général ici. Sur cette place. A l'abri des regards indiscrets de l'orbite. Il ne restait du marché que les immenses tissus de toutes les couleurs tendus entre les bâtiments cernant la grande place pour l'abriter des rayons des soleils. La pierre du marché était plongée dans l'ombre et était fraîche dans cette immense cité du désert.
Le colonel pouvait voir circuler des escouades d'hérétiques, marchant entre les tentes et les dortoirs préfabriqués du camp. Des véhicules à l'arrêt, leur avant orienté vers l'extérieur du marché, faisant un rempart de leur masse. C'était le centre des opérations des forces d'occupations de cette cité. De ce qu'il pouvait voir le haut commandement ennemi c'était retranché dans l'hôtel de ville. Un immense immeuble sombre, où un aigle impérial en or massif devait être suspendu sur sa devanture. Il avait été arraché par l'ennemi. Et fondu dans de grands creusets. Les soldats des forces de défenses furent plongés dedans, vivant. Ce n'était pas une hypothèse. Le colonel voyait les cadavres, suspendus aux fenêtres de la rue, comme un avertissement. Les rayons des soleils se reflétant sur leurs chairs fondues d'or et de sang.
Ils avaient quitté l'hôpital avec toutes les forces qu'ils leur restaient se dirigeant vers le marché, lieu supposé du quartier général ennemi. Les Astartes leur avaient donné le signal de départ, quand ils eurent sécurisé toute la route pour y aller. Ils étaient partis en avant de la colonne régimentaire reformée, égorgeant les sentinelles ennemies, massacrant les guetteurs et les forces déployées pour surveiller les abords de l'hôpital. Le trajet c'était fait sans embûche, et le plus discrètement possible. L'ennemi n'avait pas eu le temps de prévenir que le régiment blindé était en mouvement. Ils avaient même réussi à se rapprocher assez du marché couvert sans être découvert et pouvait l'observer librement. Ils prenaient aussi des positions pour pouvoir attaquer l'ennemi par surprise. Les Astartes n'avaient pas chômé.
Le colonel rebroussa chemin, le dos courbé, courant du mieux qu'il pouvait vers son char qui l'attendait. Il arriva devant ses chenilles et sa lame de bulldozer. Il regarda sa montre, son cadran pointé vers le bas, le protégeant pendant les combats. Il était bientôt l'heure. Le reste de son régiment devait être en position maintenant. Ils attaqueraient par trois vecteurs prédéfinis, ne laissant aucune chance à l'ennemi de riposter convenablement. Il grimpa sur le blindage et sauta dans la tourelle. Les cadrans à la lueur verte éclairèrent son visage. Il ferma l'écoutille et regarda une nouvelle fois sa montre.
-Il est l'heure, démarrez le moteur.
Le char fut pris de tremblements. Le moteur rugis, et parti au quart de tour. L'équipage en avait pris grands soins dans leur arrêt forcé dans l'hôpital. Il avait encore un demi plein, et avait réparti le carburant de manière équitable sur tout le parc de véhicules.
-Chargez les canons, obus perforants. Tourelle à douze heures.
Son chargeur sélectionna le type d'obus dans l'approvisionneur automatique de l'arme. Un obus perforant pénétra dans chaque chambre de tir. Ils étaient prêts. Il le savait, les véhicules qui attendaient derrière lui au coin de la rue se mettaient en branle. Il ne restait plus qu'un ordre.
-Pour l'Empereur, c'est maintenant qu'ils payent.
Le char passa l'embranchement des deux rues. Sans attendre il ouvrit le feu. La cadence de tir des autocanons jumelés cracha flammes, fumées et obus au bout de la ruelle qui donnaient sur le marché. Les obus touchèrent plusieurs cibles. Un camion volé, stationné pour barrer la rue fut perforé de part en part par les obus. Il se tordit sous les chocs, son châssis se disloqua et son réservoir explosa. Il se retourna sous la force de l'explosion. Barrant complètement le chemin pour accéder à la place. Le tireur continua de tirer pendant que son char avalait les mètres qui les séparaient de leur objectif. Les compensateurs aux bouts des autocanons crachaient sans discontinuer des rafales d'obus de gros calibres. Il tirait à l'aveuglette, mitraillant abondement les forces ennemies. Le colonel sorti de sa tourelle, debout sur son fauteuil de commandant de char, et se saisit de la mitrailleuse sur pivot qu'il arma d'un seul geste. Il ouvrit le feu. Il pouvait voir derrière les flammes de l'incendie du camion qui leur barrait la route, l'agitation du camp ennemi. Des soldats couraient en tous sens, passant de droite à gauche. Ils étaient attaqués par un ennemi qu'il pensait retrancher à l'autre bout de la ville.
Un groupe d'hérétiques passa entre deux tentes de toiles, il les faucha en pleine course d'une rafale de cartouches de gros calibres. Les douilles fumantes roulèrent sur le côté de sa tourelle de char. Son bolter avant de caisse donna lui aussi de la voix. Le char crachait un torrent de mort, en avançant vers le marché. Les tirs traçants inondaient la rue.
Marrick reçu l'ordre de son colonel. C'était ce qu'ils attendaient tous. Moteurs rugissants ils sortirent de leurs cachettes. Les blindés en avant, les chimères et les troupes à pieds les suivaient. Ils ne devaient en aucun cas perdre l'effet de surprise. Ils devaient enfoncer la lame blindée dans les flancs de l'ennemi maintenant, avant qu'ils ne se ressaisissent et appel des renforts de tous les quartiers de la ville. Le transport Astartes était devant son char. Son chef pilonnait les marches du marché avec son fulgurant sans discontinuer pour appuyer leur avancée. Il approchait vite de la place, le sergent Brüner donna l'ordre.
-Frappe aérienne approuvée sur les bâtiments administratifs. Rasez-les.
Le Thunderhawk envoya deux missiles Hellstrike droit sur le toit de l'hôtel de ville. Il implosa quand ils le perforèrent et détonnèrent dedans. Il fut vaporisé. Envoyant des blocs de maçonneries entiers dans les airs, les flammes incinérant les soldats à pieds stationnés devant, qui essayaient tant bien que mal de résister à l'avancée des blindés. L'explosion tonitruante souleva une tempête de poussière dans les rues avoisinantes. On ne pouvait plus voir à moins de cinq mètres devant soi. C'est sous ce couvert que les gardes impériaux et les Astartes débarquèrent sur la place du marché.
-Pilote, accélérez ! Hurla le colonel dans sa radio.
Le char fit une embardée vers l'avant quand son moteur monta en régime d'un coup. Il se cramponna solidement à la tourelle, lâchant son arme sur pivot. La lame de bulldozer percuta de plein fouet le camion brisé en flamme qui leur faisait barrage. Son armature déjà fragilisée se disloqua et se cassa en deux, dans un geyser d'étincelles et de flammèches. L'incendie de l'hôtel de ville éclairait la scène de façon fantomatique. Comme une chape de brouillard sur un monde glacé, mais elle n'était faite que de sable et de poussière. Les incendies diminuaient la visibilité, se reflétant sur les particules de poussière en suspension dans l'air. Le char poussa les deux parties du camion sur le côté et arriva sur la place, il s'arrêta sur les marches, les brisant sous son poids, et mitrailla de ses autocanons dans la tempête de sable autour de lui. On voyait dans ce blizzard par intermittence une gerbe de sang quand un corps se faisait démembrer ou un flash lumineux quand une grenade venait exploser. Les chimères arrivèrent derrière le char et débarquèrent leurs soldats, les appuyant de leurs tourelles multi lasers.
Le Contempt of Death s'immobilisa dans un dérapage aux pieds des marches, et sa rampe d'accès arrière s'ouvrit avec fracas et percuta le sol de pavé, soulevant encore plus de poussière comme si c'était encore possible. Le char de Marrick parti sur sa droite et se positionna, toutes ses armes sauf son canon de campagne et son canon laser étaient inopérantes, il ajouta sa puissance de feu pour couvrir les troupes qui débarquaient. Les chimères arrivèrent ensuite.
Le sergent Brüner fut le premier à poser le pied au sol, il partit sur le flanc droit du blindé, posa genoux au sol et balaya l'horizon du canon de son arme. Il ne voyait pas plus loin que les marches les emmenant sur la place du marché. Il activa tous les spectres visibles de ses optiques de combat pour trouver un qui lui permettrait de percer cette soupe de pois. Ses hommes débarquèrent à sa suite, prenant position en arc de cercle autour du véhicule. Frère Rudikher pilonnait sans cesse devant le transport Rhino, les flammes de tirs illuminaient la tempête autour d'eux.
-Vision infrarouge frère sergent. Lui indiqua frère Konrad.
Ils l'activèrent d'une simple pensée. Leur armure réagissant à leurs ordres mentaux, étant reliée par leurs moelles épinières à leurs porteurs. Le sergent pu les distinguer, des soldats ennemis, couraient en tous sens sur la place, des losanges rouges de cible confirmée s'apposèrent sur leurs silhouettes. Les gardes impériaux venaient eux aussi de débarquer et prenaient position en arc de cercle autour des transports, des chars mais aussi de la place dans une manœuvre extrêmement bien orchestrée.
-En avant ! Hurla le sergent dans ses hauts parleurs d'armures.
L'ordre qu'il venait de crier perça la tempête. Les gardes se mirent debout et grimpèrent les marches, les Astartes aussi. Ils arrivèrent sur l'esplanade et ouvrirent le feu sur les cultistes désemparés.
Le sergent avançait d'un pas lent et méticuleux, dès qu'une rune de contact apparaissait il mettait en joue son bolter et appuyait sur la détente. Une forme s'écroulait alors, face contre le sol, dans une explosion de sang chaud qu'il pouvait voir grâce à sa vision infrarouge. Comme un bouquet de couleurs criardes. Les hérétiques ripostaient de manière chaotique. Ils tiraient vers là où ils pensaient qu'était l'ennemi. Les rayons lasers traversaient la tempête de sable. Les rayons rubis faisaient fondre les grains de sable en suspensions dans l'air, et laissant une traînée incandescente dans leurs sillages. C'était un spectacle étrange à observer. Les véhicules grimpèrent les marches en même temps que les soldats. Dans un large éventail, ratissant toute la place. La visibilité était trop mauvaise, aucun soldat loyal à l'Empereur ne pouvait se permettre de charger l'ennemi. Il pouvait se trouver sur la trajectoire d'un tir impérial. Le danger de tir fratricide était élevé. Ils restaient en ligne et avançaient à la même vitesse, balayant toute la place et massacrant toute menace.
Le sergent remarqua dans ses optiques un groupe de cultistes bien déterminés à riposter. Ils étaient à couvert derrière une sorte de table en pierre brisée. Ils ne voyaient pas sur quoi ils tiraient, mais tiraient rafales sur rafales vers la ligne impériale qui avançait. Le sergent mit en joue le couvert en tira trois bolts. La table vola en éclats. Deux cultistes furent projetés en arrière, disloqués. Un troisième, arrosé du sang de ses camarades rechargeaient fébrilement son fusil. Le sergent monta sur la table et sauta jambe droite en avant sur le soldat ennemi. Il l'écrasa au sol de tout son poids, son pied armuré pulvérisa son bassin en une pulpe rouge. Les cris de douleur lui parvinrent dans ses écouteurs, il mit fin à ses souffrances avec le dernier bolt de son chargeur, tiré à bout portant en pleine tête. Il rechargea son arme, le chargeur vide atterrit dans la mâchoire explosée du soldat au sol. Il reprit sa marche et continua de tirer sur les soldats en fuite.
Les gardes impériaux mitraillaient eux aussi à l'aveuglette devant eux. Certains tirs faisaient mouche, mais c'était par pur chance que par maîtrise martiale de leurs armes. Les tissus tendus au-dessus du marché claquaient au vent dans la tempête qui se calmait un peu. La poussière commençait à retomber. Le rugissement puissant d'un lance flamme lourd de coque parvint jusqu'au sergent Brüner et ses hommes, sur sa droite. Le char du colonel Umar venait d'embraser une série de tentes où c'était réfugier des soldats hérétiques. Des torches humaines en sortirent, hurlant de désespoir et de douleur. Les gardes qui les dépassaient ne mirent pas fin à leur calvaire.
La place commençait à être jonchée de cadavres hérétiques qui fuyaient. On pouvait voir maintenant à une quinzaine de mètres devant soi. La débandade fut généralisée. Les soldats ennemis purent voir l'ensemble de la force impériale qui fondit sur eux, et les cadavres des leurs. L'hôtel de ville en flammes, là où le haut commandement s'séjournait projetait les ombres de son incendie sur eux. Les cendres vinrent se mélanger au sable dans les airs. Ils n'avaient plus aucune chance de gagner cette bataille, ils fuirent vers les ruelles derrière eux, la seule porte de sortie possible.
C'était le plan du colonel. Attaquer sur un large front, en offrant une porte de sortie visible des soldats adverses. Quand ils tournèrent les talons, les impériaux avancèrent de plus belle, et massacrèrent les fuyards à découvert. Les Astartes s'immobilisèrent devant le spectacle. Les soldats étaient fauchés dans le dos par les tirs des survivants du régiment de cadiens. Aucun n'arriva à l'abri des ruelles étroites qui entouraient la place du marché.
Le vox revint à la vie, la voix du colonel résonna dans tous les émetteurs.
-Place du marché sécurisée, prenez des positions défensives, dégagez-moi cette esplanade. Les renforts ennemis ont surement été prévenus. Ils arrivent.
Le régiment se mis en branle, les chimères pivotèrent pour orienter maintenant leur blindage vers l'extérieur de la place, elles avaient pour celles qui en possédaient, abaissées leurs lames bulldozer et poussaient des monceaux de cadavres et de débris en bas des marches de la place. Construisant un talus de cadavres et de pierres. Marrick et les officiers du régiment supervisaient le nettoyage et le déploiement des troupes.
Le colonel sauta en bas de son char habilement, comme un chat, son expérience parlait pour lui. Le sergent Brüner venait de disperser ses hommes autour de la place à intervalle régulier pour couvrir toutes les approches venant des quartiers extérieurs. Il alla à la rencontre du colonel.
-C'était la partie la plus facile de notre plan colonel.
-En effet monseigneur, la suite risque d'être plus compliquée.
Il était en sueur, des gouttelettes venaient lui couler dans ses yeux vifs et perçants.
-Tous les quartiers aux mains de l'ennemi vont nous attaquer ici. Nous serons assaillit de tous les côtés. Lui indiqua le sergent.
-Absolument, nous leur avons assez laissé de temps pour prévenir leurs renforts. Nous devrions les retenir assez longtemps ici pour les exterminer. Le colonel venait d'enlever son casque de combat pour éponger son front luisant et collant de poussière. Laissant une marque sombre de crasse.
-Nous lançons l'attaque, prévenez vos hommes.
Le colonel Umar salua énergiquement et reparti au pas de course vers son engin qui avait effectué une rotation à cent quatre-vingt degré et visait maintenant une artère principale menant au marché. Des soldats impériaux étaient positionnés sur ses flancs.
Le sergent rejoignit le chapelain Markus, genoux au sol, observant les alentours. Des gardes couraient autour de lui, déplaçant des gravas pour faire un couvert décent, ou déplaçant des sacs de sables des véhicules de transports pour établir une position de combat viable. Le chapelain était sur la gauche d'un immense Hellhound qui surveillait des ruelles étroites qui courraient autour de la place. La veilleuse de son lance flamme lourd illuminait la jetée de marche plus bas et les cadavres brisés à leurs pieds.
-Revenant, ici force au sol. Début de l'attaque. Je répète, début de l'attaque. Force alliée à proximité, je transmets nos coordonnées. Anéantissez la ville.
Le capitaine Ström, cigare au bord des lèvres, la mine sévère venait de recevoir l'ordre sur la passerelle du Revenant. Il avait positionné le croiseur d'attaque Astartes au-dessus de la ville en orbite basse, son canon de bombardement pointé sur elle. Une minuscule tâche sur la baie d'observation, quoi qu'assez grande pour la distinguer d'aussi haut dans l'espace. Les servitors et les membres d'équipages calculaient les trajectoires, s'escrimaient sur leurs instruments pour avoir un rapport clair de la situation, projetant sur l'hololythe vert principal, les projections de l'attaque. Une représentation en trois dimensions de la ville pivotait au centre de la passerelle de commandement. Le capitaine parut satisfait et donna l'ordre. Le canon de bombardement, situé au-dessus du hangar du croiseur se positionna, ses équipes amenant déjà l'énorme obus dans la culasse de l'arme. La lance laser de proue fut mise en tension, l'énergie s'accumula dans les ses énormes bobines jusqu'à atteindre un seuil critique. Les magasins à munitions dans les entrailles du croiseur prirent vie, et amenèrent les munitions pour l'arme de bombardement pour un tir soutenu. Il donna l'ordre.
La passerelle trembla sous le recul de l'arme. La détonation du coup se répercuta dans la coque, et le grondement fut perceptible même à cette distance. A l'extérieur on n'entendit rien, le son ne se propageant pas dans l'espace, seul un flash blanc d'une mise à feu d'un obus vint éclairer le blindage de proue du croiseur. L'obus mettrait quelques minutes avant d'atteindre la surface. Les équipes transpiraient déjà sang et eau pour amener le prochain obus, en tirant des chaines d'adamantium pour amener la culasse en position de tir. Ils rechargeaient le canon pour un nouveau tir.
Le capitaine observait la baie principale du pont. Il eut un très léger flash d'une explosion à la surface, là précisément où les équipes de tirs l'avait calculée. Dans un des quartiers de la périphérie de la ville. Le canon tonna à nouveau, les vibrations se répercutèrent encore une fois jusque dans la passerelle. Le tir illumina l'avant de son vaisseau. Et la lance laser libéra elle aussi sa puissance vers la surface, un trait d'énergie pure bleuté perça le vide spatial et fila vers la ville. Deux autres flashes lumineux lointains apparurent un peu plus tard sur la croûte de la planète désertique.
-Ça doit être un véritable enfer pour eux, en bas. Murmura pour lui-même le capitaine.
-Pardon, vous avez parlé mon capitaine ? Lui demanda un très jeune officier d'artillerie, derrière lui, debout devant une console de données.
-Non rien, poursuivez. Ordonna-t-il.
Le premier obus perça la couche nuageuse. Il fendit l'atmosphère à une vitesse vertigineuse, scindant les molécules d'oxygène sur son passage. En résultat une plainte sonore de la matière elle-même qui se fissurait. Il percuta la croûte terrestre à une vingtaine de kilomètres de la place du marché. Sous l'impact le sol s'enfonça de plusieurs dizaines de mètres dans un cratère de pierres brisées et de pavés pulvérisés. Une nanoseconde plus tard la tête explosive se déclencha. L'effet inverse se produisit. Le sol se souleva d'une centaine de mètres dans les airs, emportant tout sur son passage. Un feu destructeur consuma la moindre parcelle d'air dans un rayon de cinq cent mètres. Sous l'effet de la dépressurisation immense, l'atmosphère se rétracta dans le vide ainsi créé. Et soudain l'onde de choc vint pulvériser et brûler tout sur son passage dans un rayon de deux kilomètres. Les véhicules militaires et civils furent retournés comme des fétus de pailles, les bâtiments furent soufflés sur un immense rayon autour du cratère. Les flammes brûlèrent tout sur leur passage dans les ruelles poussiéreuses. Les soldats ennemis qui avaient survécu à l'explosion initiale furent brulés vifs, ou simplement soufflés contre les murs de pierre. Un quartier entier de la ville fut rasé en quelques secondes de la surface de la carte du monde. Le rayon laser bleuter presque blanc sous la chaleur toucha lui aussi un autre quartier de la ville. Sous la chaleur dégagée, la poussière et le sable dans l'air fondirent et se transformèrent en cristal. Il neigea des particules de verre sur la ville dans les jours qui suivirent. Une vague de feu rasa elle aussi un quartier de la ville, anéantissant les forces d'occupations ennemies qui y avaient élus domicile. Des incendies gigantesques s'élevaient dans le ciel, emportés au loin par les vents violents. Le second obus tomba lui aussi, semant la mort sur son passage. L'onde de choc parcouru la ville, comme un vague de vent puissant, qui atteignît le marché couvert.
Les gardes impériaux postés sur les marches et les éboulis faisaient face aux rues qui donnaient sur le reste de la ville, elles sursautèrent devant le bruit caractéristique d'un bombardement orbital en règle. Les obus tombaient dans un rythme de métronome mortel. Un ras de marré de poussière et de sable épais les atteignit. Le vent fut si violent qu'il arracha les toiles tendues au-dessus du marché couvert. Les soleils jumeaux éclairèrent alors la pierre qui ne les avait pas vus depuis des décennies. Les toiles s'envolèrent à l'opposé de la première explosion gargantuesque, vers un quartier qui n'avait pas encore été touché, elles s'embrasèrent quand un obus de bombardement rasa cette partie de la ville.
Le sergent Brüner ressentait les ondes de choc des explosions à plusieurs dizaines de kilomètres de là jusque dans ses jambes engoncées dans son armure énergétique. Il avait posté ses hommes par binôme de combat sur tout le pourtour du marché, aux côtés des gardes et des chars de la garde. Ils avaient pris des positions défensives plus que convenable et établis des lignes de tirs croisés sur les rues et les accès à cette place. Ils étaient prêts. Le ronronnement du moteur au ralenti du char Hellhound, vrombissait à côté de lui. Deux escouades complètes de gardes ainsi que leur sous-officier se déployaient elles aussi de part et d'autre du blindé lance-flammes. Soudain au bout de la rue ils surgirent. Ils hurlaient, couraient, se bousculaient. Une marée humaine. De corps, d'armures, et d'armes. Certains tombaient à la renverse et se faisaient piétinés par leurs camarades hérétiques. Certains d'entre eux semblaient blessé, brûlé sur une bonne partie de leur corps. Ils avaient été exposés aux explosions cataclysmiques des obus de bombardement.
Leur plan fonctionnait. Si l'ennemi campait sur ses positions il serrait oblitéré par le bombardement orbital précis du navire Astartes en orbite. Pour se mettre à couvert ils devaient soit fuir la ville par le désert et mourir des aléas du climat ou se rapprocher assez prêt des lignes impériales, que le bombardement ne pouvait pas cibler, par risque de tir fratricide. D'un simple bombardement, le sergent Brüner et le colonel Umar venaient de supprimer les deux avantages tactiques de l'ennemi. Le surnombre et les postions de défenses dans toute la ville. Mais pourtant cette tactique était coûteuse. Il ne resterait presque rien de la ville qu'ils étaient venus libérer, mais la menace hérétique serait anéantie. Les survivants ennemis couraient sur les impériaux retranchés dans l'espoir de se cacher du feu purificateur venu depuis l'orbite.
Le sergent de la garde dégaina son épée tronçonneuse et son pistolet laser dans l'autre main.
-Formez deux rangs ! Exécution !
Les gardes s'exécutèrent prestement, ils étaient des vétérans endurcis et connaissaient leur travail. Deux rangs de dix gardes chacun encadraient le blindé. Une masse grouillante de mutants dégénérés, de soldats pervertis, et de sadiques sanguinaires fonçaient sur eux. Quelques coups de feu partirent de la charge ennemie. Le sergent n'attendit pas plus.
-Feu à volonté !
Et comme pour ponctuer son ordre il ouvrit le feu de son pistolet laser.
Le fusil laser standard d'un garde impérial pouvait tirer plusieurs dizaines de laser pour un seul chargeur-batterie. La puissance du tir pouvait elle aussi être modifiée par le biais de commutateurs sur la carcasse de l'arme. La puissance d'un tir à moyenne puissance pouvait mettre hors de combat un soldat humain ennemi lambda. Lui infligeant des brûlures horribles, cautérisées immédiatement par la chaleur du tir. Certains tirs pouvaient même perforer les parties molles du corps humains. Les dégâts de laser n'avaient rien à voir avec des blessures d'armes à cartouches. C'était une autre forme de massacre.
Vingt fusils laser crachèrent une première volée meurtrière de tirs vers l'ennemi qui chargeait. Le premier rang fut fauché sans autre forme de procès, les corps démembrés, perforés, ne purent même pas tomber au sol sous la pression des corps derrière eux. Ils furent emportés par la seconde vague. Une autre volée sortie des canons des fusils. Les cadavres de la première vague furent à nouveau fauchés, et la seconde vague aussi. La boucherie commença. Les gardes tiraient avec une précision d'horloger, comme on leur avait appris. De façons optimales, un tir par demi-seconde. De quoi laisser le temps au canon de ne pas surchauffer et de libérer un volume de tir convenable. Une grêle de tir s'abatis encore et encore sur la marée humaine. Les corps tombèrent, se vidant de leur sang, se faisaient écrasés par les autres survivants qui chargeaient. Mais se faisaient faucher par une nouvelle vague de tirs. Le sergent Brüner se tenait debout derrière les rangs impériaux les dépassants de sa taille. Il avait sorti son arme, mais de son œil expert avait évalué qu'ajouter sa puissance de feu ne serait pas nécessaire. La charge sembla perdre de son élan, il ne restait plus qu'une cinquantaine de cultistes qui devaient enjamber les cadavres qui tapissaient déjà le sol de pierre.
-Soldat Pitckofsky, grenade ! Hurla le sergent pour se faire entendre malgré déferlement de tirs.
Un soldat du second rang, debout devant le premier rang à genoux, lâcha son fusil laser qui tomba sur sa poitrine retenue par sa bandoulière. Il recula de deux pas en arrière de la ligne de tir, dégoupilla une grenade à fragmentation et la lança par-dessus ses camarades qui tiraient toujours.
Le sergent Brüner avait rarement vu un garde impérial de cette corpulence, il devait faire presque deux mètres, il arrivait à la poitrine de l'Astartes et peser ses cents cinquante kilos. Il avait des bras énormes qui envoyèrent la grenade loin dans la rue. Elle atterrit dans les corps désarticulés qui jonchaient le sol. Elle explosa dans un bruit étouffé, sous les corps. Une nappe de shrapnels et de sang pulvérisé envahis l'air. L'explosion brisa finalement la charge des hérétiques. Il ne restait plus que des cadavres assis contre les chambranles des portes, leurs têtes manquantes, ou gisaient face contre terre, le sang avait repeint les murs de la rue.
-Joli lancé soldat. Lui lança son sergent.
Certains de ses camarades lui tapèrent dans le dos, il sourit de toutes ses dents et reprit sa place dans la formation. Un autre obus tomba sur la ville, les gardes essayèrent de garder leur équilibre sous l'onde de choc.
-Frère sergent, ici Defiance. Son oreillette vox venait de vibrer dans son casque. Multiples contacts en approches de votre position. Nous avons aussi des forces ennemies qui fuient par le désert. Autorisation d'attaquer ?
-Affirmatif Defiance, autorisation d'attaquer, n'en laissez aucun en vie.
Il coupa la communication. Le Thunderhawk qui patrouillait haut dans le ciel allait commencer une attaque en piqué sur les unités ennemies qui fuyaient à pieds vers le désert. Le mastodonte volant restait à l'écart des zones de tirs orbitales transmises par les esprits de la machine du croiseur d'attaque.
Le bruit de plusieurs fusillades éclata tout autour de la place du marché. Ils étaient attaqués par tous les côtés possibles. Le grondement de l'obusier d'un char Leman Russ couvrit les fusillades en cours.
-Déplacement d'une cinquantaine de fantassins d'ouest en est, ils passent à découvert maintenant et ils se dirigent vers une cuvette. Des véhicules légers les accompagnent. Annonça le navigateur du Thunderhawk, les yeux rivés sur les écrans verts de ses auspex.
-Nous passons à l'attaque. Passe de mitraillage et canonnade. Ordonna le pilote de l'engin.
Le mastodonte pris un virage serré. Les bouts de ses ailes laissèrent des trainées de condensation dans les airs quand il manœuvra sur un vecteur d'attaque. L'artilleur du vaisseau arma le canon dorsal, le claquement d'un obus chargé par un système automatisé retentit dans le cockpit. Les runes d'armement des bolters lourds en bouts d'ailes, de chaque côté du nez de l'appareil et du canon illumina son casque. Les jauges de munitions étaient bonnes. L'engin prenait de la vitesse, le pilote déploya les aérofreins, les faisant ralentir assez pour une fenêtre de tir optimale. Ils surgirent des nuages, les traversant en un éclair. Loin derrière eux le bombardement orbital se poursuivait, oblitérant toute une section de bâtiments civils dans un feu aveuglant. Ils c'étaient positionnés dos à un des soleils, quasi indétectable par les soldats à pieds en fuite. Jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Le canon dorsal tonna. L'appareil ralenti d'un coup de plusieurs dizaines de nœuds sous le recul de l'arme. La douille fut éjectée de la culasse, le bruit du métal qui rebondit dans le panier de récupération résonna dans l'appareil. Il tonna à nouveau. Frère Hasmond, le pilote rétracta les aérofreins pour gagner de la vitesse. Le recul du canon dorsal était trop important. A cause d'un tir soutenu ils perdraient trop de vitesse et risquaient de décrocher. Le canon tonna à nouveau, le chargeur automatique fonctionnait à plein régime.
Ils les aperçus, des silhouettes, courant dans le sable meuble, fuyant la zone des combats. Des camions à huit roues s'enlisaient dans les dunes, des soldats essayaient de les dégager en les poussant. Frère Borgius activa d'une pensée les huit bolters lourds de l'appareil. Il pressa la détente de ses commandes de tirs. Les flashs lumineux sortirent des bouches des armes lourdes. Illuminant les verrières de verre blindé. Les bandes de munitions étaient avalées par les armes rugissantes.
Le premier obus fut trop court de quelques mètres et détonna dans le sable à côté d'une chimère de transport ennemi. Les turbulences de vol avaient fait dévier le tir. Les shrapnels de l'explosion perforèrent quand même le blindage du transport. Ses occupants furent hachés dans le compartiment. Une légère fumée de départ d'incendie sorti de la trappe de commandement. Les bolts mordirent dans le sable, le soulevant dans des geysers. Les soldats furent fauchés dans des rafales de bolts lourds qui explosèrent dans leurs chairs. Certains levèrent leurs armes vers le ciel mais furent aussitôt fauchés eux aussi. Un obus du canon explosa contre le bloc moteur d'un camion. L'explosion vaporisa dans des flammes les conducteurs. Les passagers furent écrasés et renversés quand le réservoir pris feu et fit se retourner le véhicule dans le sable.
Là où les explosions venaient brûler le sable, il devenait noir, il était grêlé de trous fumants, comme les cadavres qui le jonchait. Le dernier obus tomba au milieu d'un attroupement d'hérétiques, projetant les corps brisés dans les airs. Les bolts mitraillèrent encore les cadavres déjà tombés au sol.
Le Thunderhawk passa en rase-motte, toutes tuyères hurlantes, au-dessus d'un champ de mort. Il n'avait fallu que quelques secondes pour anéantir cette colonne ennemie. Le pilote et le co-pilote tirèrent de concert leurs manettes de contrôle pour reprendre de l'altitude. Ils poussèrent à fond la manette des gaz et actionnèrent la postcombustion, les trois puissants réacteurs devinrent rouges de chaleur et propulsèrent l'engin vers le ciel. Un tir de lance laser frappa la ville derrière eux.
Quelques mourants gémissaient dans la ruelle, ils étaient ensevelis sous les cadavres de leurs camarades. Le vacarme des fusillades sur la place du marché couvrait presque le bruit du bombardement orbital lointain. Le sous-officier de la garde impériale se demandait s'il ne devait pas aller lui-même achever les soldats ennemis d'un tir de pistolet laser en pleine tête. Leurs gémissements commençaient à lui taper sur les nerfs. Il n'eut pas le temps de mettre en place son plan, quand une seconde marée humaine surgit d'un coin de rue. Les mutations dues à l'exposition au Warp pouvaient être très variées. Dans certains cas les sujets entendaient des voix qui les empêchaient de dormir ou de penser librement. Ils devenaient fous et leur physique semblait diminuer avec le harcèlement mental qu'ils subissaient. Sur d'autre ces voix les poussaient à se mutiler, offrant leurs corps en offrande aux dieux sombres. Dans certains cas des membres poussaient dans des endroits incongrus. Des bosses, des cornes ou des plaques de croûtes poussaient un peu partout sur leurs corps, dans des motifs impies. La vague humaine qui chargea la ligne impériale était composée de ces sombres ères.
D'un simple coup d'œil le sergent Brüner calcula que la force attaquante n'avait rien à voir avec la précédente. La première attaque avait été lancée pour tester leurs défenses. La vraie bataille démarrait maintenant. Il empoigna et épaula son bolter, le chapelain Markus sur sa droite fit de même avec son pistolet bolter et son crozius. Sans attendre les ordres du sous-officier humain, il hurla dans les hauts parleurs de son armure :
-Battez-vous comme si l'Empereur lui-même vous regardait ! Tenez la ligne !
Les gardes, soient par peur de la masse qui fonçait vers eux, ou par crainte de ce que pouvait leur faire les Astartes derrière eux s'ils faiblissaient face à l'ennemi, parurent reprendre contenance. Toujours sur deux rangs ils pointèrent leurs fusils laser sur l'ennemi innombrable. Le sergent Brüner pressa la queue de détente de son arme. Le recul familier de son bolter dans ses mains, le bolt parti droit sur l'attroupement ennemi. Il explosa dans un corps humain, le coupant à moitié au niveau de la taille l'homme tomba à la renverse dans sa course. Sans attendre le résultat de son premier tir, les fusils lasers claquèrent. Une bonne vingtaine d'hérétiques mordirent la poussière sur la première salve. Ils tombèrent face contre terre, se faisant piétiner par ceux qui les suivaient. D'une rue perpendiculaire, un autre attroupement vint s'ajouter au premier, renforçant leurs lignes. Le sergent savait qu'ils n'arriveraient pas à les retenir.
Quelques soldats ennemis s'arrêtèrent dans l'embrasure de porte pour appuyer de leurs tirs la charge désespérée. Les fusils à munitions solides crachèrent une grêle disparate mais bien réelle. Un garde impérial de la première ligne s'effondra, un trou béant dans la poitrine. Son gilet pare-balle perforé, son sang s'échappait de sa blessure par flots entiers. Ses camarades n'arrêtèrent pas de tirer. Un autre garde tomba, son genou droit pulvérisé par un tir, un médicae vint le tirer hors de la ligne de tir, pour essayer de contenir la perte de sang et le choc de la blessure. Le soldat avait perdu connaissance. Brüner tirait toujours, au coup par coup, la masse d'hérétiques et de mutants gagna du terrain. Il venait de recharger, son chargeur vide tomba au sol, dans une marre de douilles de bolts vides.
Sans cesser de tirer, il écarta de sa main gauche la deuxième ligne de garde pour passer, il mit son armure en opposition aux tirs en approches, protégeant les gardes de sa masse. Il se tenait debout, sur sa droite le chapelain Markus fit de même, ils étaient en avant de la ligne. Les tirs étaient absorbés ou déviés par l'épaisse couche d'adamantium et de céramite de l'armure.
L'ennemi était sur eux, aux bruits des fusillades sur tout le périmètre le sergent Brüner devina que l'attaque était généralisée. Ils attaquaient par tous les vecteurs possibles, si une position était submergée, alors c'était tout le dispositif qui tomberait. Il ne restait à l'avancée ennemie qu'une dizaine de pas pour atteindre le talus de gravas et de corps en bas des marches. Ils devaient enjamber et piétiner les cadavres de la charge précédente. Les salves de laser étaient plus rapprochées, presque à bout portantes. Les cultistes étaient fauchés, pulvérisés, les corps désarticulés volaient dans les airs, étaient jeté à bas par la puissance des tirs combinés de bolters et de fusils. Le premier hérétiques mis pieds sur le talus, le moteur du Hellhound monta en régime, le compresseur de son arme principale émis un bruit aigu quand il mit sous pression le liquide contenu dans son réservoir. Un liquide vert chimique sorti de la bouche de l'arme, il prit immédiatement feu quand il toucha la veilleuse en bout de canon. Un jet continu de prométhium enflammé parti du char sur une distance de plus de cent mètres. Devant la chaleur dégagée, les gardes aux pieds de l'engin s'en écartèrent précipitamment, cachant leurs visages devant la vague brûlante. Tout dans ce cône de flamme meurtrier se retrouva aspergé d'un liquide visqueux en feu. Il collait aux vêtements, aux cheveux, à la peau, aux armes, et aux os. Il pouvait même brûler sous l'eau. Rien n'en échappa.
Les gardes continuaient de tirer à volonté sur la horde maintenant en feu. Toute la rue avait été noyée sous une vague de flamme. L'odeur de la chair carbonisée monta dans l'air. Les sacoches de balles et les grenades ennemis détonnèrent sous la chaleur devenue trop intense. Des cadavres explosaient de çà et là. Même des cultistes voués aux puissances de la ruine, qui se scarifiaient ou se mutilaient par plaisir malsain hurlèrent de douleur. Deux cents gorges humaines qui fondaient crièrent leur douleur au ciel. Le sergent Brüner regardait de haut un soldat ennemi ramper en haut du talus. Son bassin avait disparu, ses entrailles traînaient derrière lui, son plastron pare-balle était en feu, son crâne aussi. Il arriva à la hauteur des bottes blindées de Brüner, et racla de ses ongles arrachés la céramite. Il mourut dans un soupir de douleur. Le peu de survivant avait fui de cette rue, imprenable tant que le Hellhound en gardait l'entrée. Quelques cultistes arrivaient par intermittences des maisons en bordure, plus par désespoir que dans une attaque coordonnée.
Une clameur retentit vers le côté sud de la place du marché, une clameur qui sortait non pas des gorges des gardes impériaux mais de gorges qui avaient mutées. Des sons rauques, des cris de joie dans un carnage. Le sergent se retourna et vit la débandade généralisée de la position défensive sud. Des gardes se repliaient sans soutient ou appuis d'aucune sorte. Des cultistes plantaient des baïonnettes dans le dos des gardes, ou les massacraient à coups de pelle de tranché affûtées.
-Gardez ce secteur sergent. Ordonna-t-il.
Sans attendre la moindre réponse il partit au trot vers la ligne qui tombait. Son chapelain sur ses pas. Il franchit plusieurs obstacles en sautant par-dessus. Il mit en joue les hérétiques et tira tout en courant. Les douilles fumantes volaient derrière lui. Il était bientôt assez prêt pour espérer tenir la ligne. Un mutant avec une excroissance osseuse immonde sur le dessus du crâne, l'empêchant de mettre un casque de combat tenait en joue un garde allongé sur le dos, désarmé. Il allait lui planter sa baïonnette dans l'abdomen sans autre forme de procès. Le bolt le toucha sur le côté du crâne, vaporisant sa tête dans un nuage d'esquilles d'os et de sang. Le corps tomba à la renverse sur le garde. La baïonnette se planta quand même dans l'épaule du pauvre soldat au sol. Il réussit à se dégager malgré la masse qui l'écrasait, sorti son pistolet de service et entreprit de se défendre contre la charge qui était sur eux.
Le char qui était posté devant cette rue faisant marche arrière tout en faisant face à la menace en tirant de toutes ses armes. Le chef de char tirait au pistolet laser, sa mitrailleuse sur pivot était à court de munition, il n'avait pas le temps de la recharger. Il tirait sur les hérétiques qui montaient maintenant sur son blindage. Un soldat armé d'un long poignard égorgea le chef de char et lança une grenade dans la trappe ainsi ouverte. Le char explosa, emportant dans l'explosion l'égorgeur et tous les soldats des deux camps qui se battaient au corps à corps aux pieds du blindé.
Un garde rampait sur le ventre pour échapper à un bossu qui avait des couteaux plantés dans sa bosse. Il c'était lui-même infligé cette pénitence. A chaque nouvelle victime il retirait un couteau de sa bosse pour poignarder quelqu'un avec. Le garde avait deux dagues dans chaque jambe et ne pouvait plus marcher, il rampait vers un fusil laser cadien tombé au sol. Le corps à corps autour de lui tournait à l'avantage des cultistes. Les gardes ne pouvaient plus riposter contre l'avance dans la ruelle, des renforts arrivaient continuellement.
Le sergent accéléra la course, laissa tomber son bolter attaché par sa sangle, et sauta d'une impulsion fluide et souple. Il enjamba d'un bond le garde rampant, et asséna dans son saut un coup de genou monumental au bossu. La céramite lui cassa les dents ainsi que tous les os du visage, il s'écroula sans un cri. Plus aucun son ne pouvait sortir de ce visage détruit. Le sergent Brüner était maintenant au cœur de la bataille. Il dégaina de sa main droite son épée dans un arc de cercle meurtrier. Des hérétiques c'étaient précipités sur lui pour l'attaquer sous la force du nombre. La lame les faucha, cinq corps tombèrent au sol, éventrés. Le sergent se rua dans la mêlée la plus proche, il devait faire barrage de son corps contre les cultistes qui voulaient escalader le remblai. Une fois au sommet du talus il vit la ruelle, noire de corps qui se bousculaient pour arriver jusqu'à la place du marché. Tel un rocher qui fait dévier le courant de la rivière il pourfendait le courant de cultiste qui arrivait jusqu'à lui. Certains fuyaient dès qu'ils voyaient l'éclat du métal, mais ils étaient poussés en avant par la masse de corps derrière eux, et finissaient éventrés. D'une simple pensée il activa son vox :
-Unité impériale en danger d'être submergée, demande frappe aérienne immédiates sur coordonnées.
Le Thunderhawk reçu l'ordre du sergent Brüner et arrêta l'attaque au sol en cours, il reprit de l'altitude et se dirigea vers la place du marché à toute vitesse. Sur sa gauche un nouvel obus de bombardement toucha le sol. Les baies de pilotages s'assombrirent pour compenser le flash lumineux de la détonation cataclysmique.
-Coordonnées reçues. Autorisation d'ouvrir le feu.
-Ce sont nos deux derniers missiles. Dit frère Borgius en appuyant sur la gâchette de tir.
Deux panaches de fumée blanche partirent des ailes maintenant vides de tout missile.
Les missiles frappèrent le sol à environ deux cents mètres du sergent toujours au sommet du talus. Fermement campé sur ses jambes puissantes, il vit l'explosion anéantir en un battement de cœur une vague d'hérétiques qui allaient franchir l'intersection pour s'ajouter à la masse de soldats qui chargeaient encore. L'autre missile frappa plus loin derrière les bâtiments pour couper la ligne de renfort ennemie. L'onde de choc jeta au sol les simples humaines renégats. Sans autre forme de procès il laboura les dos, et les crânes des soldats qui se relevaient. Cette frappe aérienne allait leur laisser un moment de répit pour reformer leur ligne de bataille. Il rengaina son épée au fourreau, prit son bolter pour le recharger, son chargeur était vide. Le chargeur tomba en bas du remblai, couvert de cadavre et de mourant qui se vidaient de leur sang. Soudain un cultiste vit une opportunité d'attaquer. L'Astartes n'était pas en position de se défendre. Il franchit les trois pas qui le séparaient de son adversaire surhumain, brandissant un sabre énergétique volé à un officier des défenses planétaires. Le sergent le vit. Il épaula son bolter à la taille et tira. Il restait une cartouche encore dans la chambre, l'arme aboya, la culasse se bloqua en position ouverte, maintenant à sec. Le cultiste fut touché au plexus. L'impact l'envoya voler au pied du talus, son corps brisé alla rejoindre ses frères corrompus.
Il avait fini de recharger son bolter et le tenait de la main gauche, dans sa droite il brandissait son épée. Il risqua un coup d'œil sur sa droite, le chapelain Markus était lui aussi sur le remblai, couvert de sang et de viscères, le champ réfracteur de son crozius brûlait toutes les immondices qui s'y étaient collées.
-Renforcement de la position sud demandée. C'était la voix du chapelain, il semblait essoufflé.
Le sergent lui aussi était épuisé. Son bras droit lui faisait mal. Il avait mouliné comme un dément, fauchant vie sur vie pour ne pas être submergé par la masse d'hérétiques.
Dans la rue en contrebas, les soldats jetés au sol par l'explosion se relevaient tant bien que mal. Ils allaient reprendre la charge, ce n'était qu'une question de temps. Le sergent était prêt et adopta une position d'escrime à une main, défensive. De la fumée des explosions émergea des formes gigantesques. Des aberrations génétiques. Cinq ogryns apparurent. Ils poussaient les cultistes sonnés de leur chemin. Ils étaient recouverts de plaques d'armures artisanales. Des bouts de blindage de char sur leurs épaules musculeuses, des sections de chenilles comme mantelets d'armures. Ils brandissaient des armes d'hast à l'allure rustique mais meurtrières. Un des abhumains corrompus brandissait même un lampadaire, duquel dépassait à son pied encore le bloc de ferrociment. Les ogryns n'étaient pas réputés pour leur intelligence, ils ne devaient même pas savoir pour qui ou quoi ils se battaient. Les cultistes les avaient surement faits prisonnier et les lançaient contre les forces impériales qui elle-même les exploitait de la sorte dans les combats.
Le sergent ouvrit le feu de son bolter, imité dans l'instant par le chapelain Markus. L'ogryn qui menait la nouvelle charge blindée, essuya les tirs. Son casque surement moulé dans une cloche d'une église locale dévia les bolts pourtant perforant. L'épaisseur de leur armure devait être exceptionnelle. Presque rien ne résistait à la puissance brute d'un bolt. Sa démarche ralentie sous la grêle de tir. Pourtant il ne s'arrêta à aucun moment d'avancer. Les soldats qui se relevaient furent fauchés par les shrapnels des bolts qui explosèrent contre les monstres mutants. Le chargeur du sergent et du chapelain était vide. L'ogryn de tête releva la tête et sourit, d'un sourire malveillant et sanguinaire. Ils chargèrent.
Marrick entendit une clameur inhumaine du coté où le Leman Russ avait reculé. Il avait aperçu deux Astartes courir pour renforcer cette position. Depuis il ne percevait que des coups de bolter et des cris de guerre inarticulés. Il se focalisa sur le spectacle devant lui. Il avait été posté dans un secteur secondaire, l'état de son blindé ne lui permettait pas de participer aux gros des combats, mais ils feraient son devoir de défendre l'accès à cette place par la ruelle qu'on lui avait demandé de surveiller. Son char était au sommet du talus, le moteur tournant au ralenti. Il ne lui avait été donné qu'une seule escouade de garde pour protéger son char et couvrir la petite ruelle. Marrick était penché sur son arme sur pivot, la seule arme qu'il lui restait, ainsi que le canon laser frontal et l'obusier. Les autres étaient inopérantes. Soudain au bout de la rue, quelque chose bougea, ça y était. Sa ruelle et son secteur était attaqués. Les gardes autour de lui ouvrir le feu, abattant dans une vague meurtrière la première et seconde ligne. Mais la charge progressait trop vite. Et le volume de tir était trop faible pour la contenir. Marrick actionna le mécanisme de tir et la mitrailleuse sur pivot cracha la mort dans des gerbes de flammes et de fumées. Les tirs traçants, labourèrent la charge. Tout en tirant il hurla vers le compartiment du char.
-Tireur envoie leur un explosif un plein dedans !
-Envoyé !
Le canon tonna, et la première ligne fut soulevée de terre. Les corps désarticulés et démembrés volèrent dans tous les sens et se fracassèrent sur le pavé quand ils atterrirent sur le sol. L'impossible se réalisa. Les portes et les fenêtres closes des bâtiments attenants s'ouvrirent à la volée, et d'autres cultistes et mutants en sortirent. Ils submergèrent les gardes qui tentaient de résister à la charge initiale.
Marrick continuait de tirer à la mitrailleuse sur la horde qui venait d'émerger par les bâtisses soi-disant désertes. Dans une avalanche de coups de baïonnettes et de coups de crosses les gardes se firent submerger. Certains essayèrent de grimper sur le char de leurs mains ensanglantées et avec leurs moignons, mais ne laissèrent que des trainées de sang sur le blindage quand ils furent tirés vers le sol par les mutants avides de sang.
- Feu à volonté, ne vous n'arrêtez pas !
- Il faut qu'on recule lieutenant ! Lança le pilote depuis son poste de conduite.
-Négatif !
Le canon laser tira à bout portant sur la masse devant lui. Le tir vaporisa les trois premiers malheureux qui se trouvaient devant, la chaleur leur fit bouillir le sang et le vaporisa en une seconde. Il perfora la masse et traça un sillon sanglant dans la charge ennemie. Le pilote paniquait et voyait par sa trappe de conduite des visages grimaçants et monstrueux, de soldats mourants ou d'autres tuant.
Marrick senti lui aussi la panique monter en lui. Les mutants commençaient à monter sur son char pour essayer de le saisir et lancer des grenades dans les trappes ouvertes. Il orienta sa mitrailleuse vers le bas et ouvrit le feu sur les corps qui montaient. Les douilles fumantes volaient en bas du blindage, ricochant contre lui. Une rafale de cinq cartouches partie et le percuteur ne rencontra que le vide. L'arme était à sec.
-Une boite de munitions, vite ! Hurla-t-il dans le compartiment.
Les hérétiques escaladaient le blindage avant, il sorti son pistolet laser de service et ouvrit le feu d'une main sur eux. Le premier fut touché au plexus. Il s'effondra face contre la caisse du char. Les autres escaladèrent son cadavre pour arriver au lieutenant Marrick. Ils trébuchaient et glissaient sur le sang et les douilles vides. Il tirait en continu, fauchant les soldats ennemis en passe de le submerger, quand son chargeur lui amena une boite de munition sur le toit.
-Donnez-moi une arme et verrouillez !
Le canon de l'arme principale continuait de tirer, et le canon laser aussi, faisant partir un torrent mortel vers la ruelle.
Le chargeur sauta dans le char et parti fouillé les râteliers dans la tourelle à la recherche d'une arme qui pourrait aider leur chef. Le pistolet était bientôt à sec. Un soldat ennemi saisit le canon de sa mitrailleuse pour s'aider à franchir le dernier mètre. Le pistolet refusa de cracher son rayon mortel. Dans un rugissement Marrick lança son pistolet vide sur le visage de l'hérétique. Il lui fractura le visage et dégringola, emportant deux autres de ses congénères avec lui en bas.
Le canon d'un imposant fusil à pompe sorti de la trappe de commandement, Marrick le saisit, enclencha une cartouche et remmenant la glissière vers lui et sorti de la tourelle. Il vit une dernière fois le visage de son chargeur rentrer dans la tourelle et verrouiller la trappe blindée, il entendit l'artilleur hurlé :
-Le canon laser est en surchauffe, le canon a fondu, je ne peux...
La trappe se ferma dans un claquement de métal. Il était seul dehors. Il épaula le fusil et tira. C'était comme recevoir un coup de poing d'Astartes dans l'épaule. Il faillit se faire embarquer par le recul ahurissant de l'arme. La grêle de plomb emporta trois hérétiques qui escaladaient le blindage. Il actionna le mécanisme de rechargement, et appuya encore sur la gâchette. Ça devrait lui laisser assez de temps pour recharger sa mitrailleuse. Il posa le fusil à pompe, et s'acharna sur la boite de munitions vide encore en place. Il réussit dans la précipitation à la déloger et il la jeta de toutes ses forces sur la marée humaine qui l'entourait. Il toucha un hérétique qui s'apprêtait à lancer une grenade. Sous le choc il la laissa s'échapper et elle roula aux pieds des autres. Elle détonna dans les corps agglutinés. Les mutants furent mutilés et moururent sous la douche de shrapnels. Marrick avait réussi à mettre en place la nouvelle boîte, il tirait la bande de cartouches vers la chambre de tir ouverte, mais il ne fut pas assez rapide. Un hérétique ayant profité du chaos ambiant était monté sur le côté droit du char et sauta sur le lieutenant occupé à rechargé. Sous la charge ils dégringolèrent vers le bloc moteur brûlant du char. Dans l'empoignade, ils roulèrent encore vers l'arrière. Marrick pouvait sentir l'odeur de sang, de crasse et de haine de son assaillant émaner de la gueule hurlante en face de la sienne. Ils atterrirent sur le sol dur. Marrick eu le souffle coupé par la chute, il était en mauvaise posture, il était sur le dos, son ennemi sur lui. L'hérétique lui asséna un coup de poing sur sa pommette et qui s'ouvrit sous le choc, il le saisit à la gorge. Il menaçait de l'étrangler à main nue. Il le soulevait du sol pour le plaquer violemment dessus, son crâne heurtait le pavé en dessous. D'une contorsion de son dos, il poussa de toute sa force sur ses bras. Il amena l'hérétique vers un pot d'échappements surchauffés. Le pot de métal crachant la fumée, brûla l'arrière du crâne du soldat qui se mit à hurler. La prise de l'hérétique paru faiblir, il appuya encore plus sur le corps, faisant toucher la chair sur le pot. Le canon de bataille tonna, sous la puissance du recul, le char parti vers l'arrière, le pot d'échappement rentra de quelques centimètres dans l'os. Le sang et la cervelle aspergèrent le lieutenant au sol. D'un coup l'hérétique arrêta de hurler et tomba mollement sur Marrick.
Une importante fusillade explosa sur le char. Soulevant le corps pour se dégager, toujours sur le dos, il aperçut, à une cinquantaine de mètres un immense Astartes, maniant un bolter lourd dans ses mains, sur le toit du Rhino, fermement campé sur ses jambes blindées. Il tirait en continu sur le blindage du char du lieutenant, maintenant que tous les gardes impériaux alentours avaient disparu. Les rafales traçantes fauchèrent les corps qui tombèrent raide mort sur le blindage, qui crachait des étincelles quand les bolts ricochaient dessus.
Marrick se remit difficilement sur ses pieds, bien déterminé à remonter sur son char pour le défendre. L'Astartes semblait-il l'avait vu et avait arrêté son tir de suppression. Il escalada le bloc moteur surchauffé, se brûlant les mains, les yeux pleins de larmes de douleur, hurlant de rage. Il marchait sur les cadavres désarticulés qui parsemaient son tank, jusqu'à sa mitrailleuse. Il finit de mettre la bande de munitions, verrouilla la culasse de tir, et reprit le tir. Balayant de gauche à droite les hérétiques encore vivants autour de son char.
Brüner ne pensait pas qu'une telle bête pouvait se mouvoir aussi rapidement. Ils couvrirent la distance en quelques enjambées, et sautèrent au sommet du talus. De l'autre côté du talus, vers les postions impériales, les gardes survivants finissaient d'achever les cultistes qui avaient franchis la barricade de gravas. Ils étaient rejoints par vingt-cinq autres gardes qui arrivaient en courant des autres sections défensives. Ils escaladèrent les gravats, à l'assaut, dans le but de renforcer et d'aider les Astartes au combat. Ils percutèrent les ogryns qui arrivèrent dans l'autre sens. Le chapelain Markus fut percuté de plein fouet et jeté en bas de la barricade. Il roula sur le dos et se remit sur pied immédiatement. Il escalada l'aspérité pour aller à la rencontre de l'ogryn qui l'attendait au sommet.
Le sergent dévia d'une parade simple de son épée une attaque d'estoc. Emporté par son élan l'ogryn bascula en avant. D'un mouvement de taille ample Brüner entailla l'arrière du casque du monstre quand il le dépassa. Il alla s'écrouler plus bas. Son casque portait une profonde estafilade, du sang coulait de l'arrière de son crâne à moitié tranché. Un autre ogryn était sur lui, il n'eut pas le temps d'achever le premier.
L'ogryn qui tomba du remblai écrasa sous sa masse un garde pas assez rapide pour l'esquiver. Il peina à se relever sous le choc du coup d'épée et de la chute de plusieurs mètres. Les gardes impériaux, baïonnettes aux canons le poignardait dans le dos, ouvrant des plaies béantes dans les interstices de son armure artisanale. Finalement il se remit debout et attrapa un garde par la tête. Il écrasa d'une pression de sa main, son casque et son crâne dans une pulpe sanguinolente. Le corps s'affaissa au sol. Les autres gardes percutèrent les ogryn qui chargeaient, au sommet du talus. Plusieurs gardes furent massacrés. Mais ils donnèrent assez de temps aux Astartes pour entamer un corps à corps violent.
Brüner para un coup vertical descendant d'hallebarde. Son épée encaissa la force du coup, tout son bras vibra. De sa main libre il envoya un uppercut dans la mâchoire de l'ogryn. Il ne sembla pas le remarquer. Il ne devait pas sentir la douleur comme tout être intelligent. Le sergent lui asséna un violent coup de tête, lui prélevant quelques crocs. Il recula cette fois sous la force du coup. Leurs armes se libérèrent. Le sergent reparti à l'attaque ne lui laissant aucun répit. Il devait réduire la distance dans ce corps à corps, sa hallebarde n'était dangereuse qu'a une distance moyenne, à très courte portée elle était presque inutilisable. Il passa sous la garde de l'arme d'hast, parti sur la gauche du mutant en feintant une passe à droite et colla sa lame sur la gorge à découvert. Les yeux de l'ogryn s'écarquillèrent de surprise sous la passe d'arme. Le sergent appuya de tout son poids et de ses deux mains sur la garde l'épée et effectua un geste tranchant horizontal, comme un couteau coupant un quart de viande. L'ogryn fut presque décapité. Sa tête ne tenait que par quelques bribes de peau et de tendons. Il tomba à genoux et bascula. Un autre ogryn venait prendre sa place et chargeait.
Le monstre venait de se relever et avait broyé à main nu deux de ses compagnons. Il mangeait un autre vivant. Le soldat chargea frontalement, visant les yeux de la bête de sa baïonnette. L'ogryn lança sur le côté le corps à moitié dévoré et saisi le garde qui le chargeait de ses deux mains de géants. Il le souleva du sol au-dessus de sa propre tête. D'une simple contraction de ses muscles noueux il resserra sa prise sur le garde. Il hurla de douleur. Il venait de lui briser les cotes. Il cracha du sang. Dans un geste de défis il arma son bras et planta son fusil et sa baïonnette dans la mâchoire de l'ogryn. La lame était fermement fichée dans son crâne mais il ne le lâchait pas. Ses cotes le lançaient, sa respiration était sifflante, une de ses poumons était perforé. Il pressa la détente. Le premier tir paru inefficace. Grillant la peau et les muscles en dessous. Le soldat passa son fusil en monde automatique et pressa la détente. Il vida son chargeur dans la tête du monstre jusqu'à épuisement du chargeur. Il ne pouvait pas manquer un tir, la baïonnette était fichée dans le crâne de l'ennemi. Il s'écroula, faisant tomber le garde au sol sur ses cotes. Il s'évanoui. Deux de ses camarades l'agrippèrent et le tirèrent hors de l'affrontement, appelant un médecin de combat pour s'occuper de lui. Ils avaient été témoin de la scène. Cette action vaudrait à ce soldat le surnom de « tueur de géant » par ses pairs, quelques mois après qu'il se soit remis de ses blessures.
Le chapelain Markus venait de mettre à bas un ogryn. Son crozius avait pulvérisé chaque membre du monstre, avant qu'il ne tombe à genoux. Le chapelain avait alors enfoncé sa tête dans son cou d'un simple coup de son arme sans activer le champ disrupteur. Le cadavre cracha du sang par la bouche enfoncée dans la plaie de sa cage thoracique. La forme de crâne du casque du chapelain était couverte de sang impie.
Des gardes venaient de prendre position autour du corps à corps du sergent et du chapelain, fauchant les soldats humains hérétiques qui voulaient encore charger. Ils se tenaient à bonne distance des empoignades pour ne pas se faire prendre par les passes d'armes des deux guerriers.
Les fusils laser claquaient à côté de lui, mais il n'en avait cure. Le sergent affrontait ce qui semblait être le chef de la troupe d'ogryn. Il paraissait plus alerte, plus vif d'esprit. Une lueur perçante brillait dans son regard. Il effectua une passe de son arme d'hast pour feinter un coup horizontal du tranchant de la lame. Au dernier moment il inversa sa garde sur la hampe et asséna un coup oblique de métal tranchant. Il frappa le casque du sergent sur sa tempe. L'intérieur capitonné du casque percuta ses chairs, le sang coula de sa tempe tranchée. Le sang coagulait déjà sous l'effet des cellules de Larraman. Il se ressaisit et pu voir une deuxième attaque d'estoc de la pointe de la lance de l'ogryn. Il agrippa de sa main valide la hampe pour ralentir le coup. Elle l'atteignit tout de même, entaillant l'Aquila impérial sur son plastron et déchirant son tabar aux couleurs des Black Templar. Devant l'injure il enfonça la pointe de son épée dans la genouillère grossière du mutant. Un sang muté chaud et collant en sorti à gros bouillon. Se répandant sur sol, se mêlant aux cadavres qui recouvraient le talus. L'ogryn paru se relever malgré la blessure.
Un son de cor retentit en bas du talus. Le rugissement d'un moteur hurla. Le transport chimère mordit dans le remblai de débris avec ses chenilles de métal. Sa lame bulldozer lancée à pleine vitesse. Le sergent sauta de côté, le véhicule le frôla et percuta le chef des ogryns toujours à genoux, blessé. Ses os renforcés et ses organes furent pulvérisés par la force de l'impact frontal. La chimère ne ralentit même pas, écrasant son cadavre sous son blindage, elle continua sa course en bas des marches, ses suspensions peinant sous la charge et les aspérités du terrain à maintenir un équilibre convenable sur le sol. Elle s'immobilisa devant la rue. Sa lame bulldozer fermait une grande partie de l'accès à la place. La tourelle multi laser du blindé crachait un torrent de tir sur les hérétiques qui chargeaient. Les soldats cadiens suivirent la chimère et ajoutèrent leurs tirs à la fusillade. Le véhicule avait dû écraser tous les cadavres en bas du remblai pour bloquer le chemin, il n'y avait qu'une marre de corps. Une bouillie. Les soldats pataugeaient dans les immondices. Les viscères leur montaient jusqu'aux chevilles. Ils continuaient de faucher les vies qui les chargeaient.
Le chapelain Markus mit à mort le dernier ogryn. D'un bolt à bout portant dans la gorge, et le poussa en bas des marches d'un coup de pieds dans le thorax. Il s'agenouilla et fit une rapide prière silencieuse à l'Empereur Dieu qui l'avait protégé durant ce combat. Les soldats cadiens le dépassaient en courant, comblant la brèche dans leur défense.
Les fusillades continuaient tout autour de la place, les autres attaques n'étaient que des diversions pour éloigner les impériaux du flanc sud. Le Thunderhawk Defiance passa en rase motte au-dessus de la place du marché, dans un vecteur d'approche presque parfait, aligné dans le prolongement d'une rue à l'est. Ses huit bolters lourds crachèrent un océan de projectiles qui pulvérisèrent tous les cultistes présents dans les méandres de la ruelle. Le mastodonte blindé reprit de l'altitude pour une autre passe de mitraillage.
Le colonel Umar n'en revenait pas, la charge ennemie semblait perdre de son élan. Les autocanons jumelés de son char étaient fumant et rouges sous la chaleur. Il avait presque tiré jusqu'à faire fondre ses armes. Ses stocks de munitions étaient bien bas. Aux pieds de son char les cadavres de ses hommes finissaient de se vider de leur sang, quelques gardes s'occupaient des morts. D'autres marchaient dans la rue, achevant les survivants ennemis.
Marrick se mit debout sur la tourelle de son Leman Russ, il regarda en l'air, le Thunderhawk Astartes passa au même moment. Il fouilla dans son uniforme pour trouver son paquet de cigarettes souples. Il le trouva et le regarda. Il était maculé de sang, le sien ou celui de ses ennemis. Il fit le tri entre les cigarettes souillé de fluides et celles intactes. Il s'alluma une cigarette, toujours la tête vers le ciel. Inspira une grande bouffée de fumée et l'exhala. Son char était criblé d'impacts. Plus aucune arme de caisse ne fonctionnait, sa tourelle était labourée d'impacts de rayons lasers. Seul son canon fonctionnait encore. Son blindage avant était recouvert de cultistes qui avaient essayé de monter pour attaquer sa trappe de commandement. Il avait tiré avec sa mitrailleuse sur pivot à bout portant sur les assaillants. Les déchiquetant un par un dans des rafales dont les flammes de tir brûlèrent le visage des hérétiques. Il sauta en bas de son char, avec souplesse, malgré son corps endolori par le combat et les jours de privations. Il alla rejoindre le colonel Umar qui donnait des ordres au milieu de la place du marché.
-L'ennemi fuis, la débâcle est totale lieutenant. L'informa le colonel. Ils n'ont nul par où aller, il nous reste encore beaucoup à faire, nous devons les traquer dans les ruines de la ville, mais ce sera chose facile.
-Mon char a besoin d'une bonne révision avant mon colonel. Lui répondit Marrick.
Le colonel rit de bon cœur.
-J'ai un poste de capitaine qui vient de se libérer lieutenant. Ça vous intéresse ?
Marrick sembla perplexe, il ne s'attendait pas une déclaration pareille. Il reprit sa contenance et salua vivement son colonel.
-A vos ordres !
-Vous auriez une cigarette pour fêter ça, capitaine Marrick ? Lui demanda le colonel Umar.
Ils partirent tous les deux en fumant, vers un attroupement de fortunes qui faisait office de poste de campagne. Certains soignaient les blessés, d'autres s'escrimaient sur les postes vox longues portés pour informer le haut commandement que la ville était aux mains de la garde.
Rudikher amena son transport de troupe Rhino au centre de la place. Il sauta sur le sol pavé et regarda ses hommes eux aussi sortir du transport. Son blindé était recouvert de poussière collée au sang séché. Son blindage était constellé d'impacts de tous calibres. Mais il avait tenu bon. La peinture était arrachée sur de grosses portions en de mains endroits. Il était fier de son engin. Il posa une main gantée sur le blindage sanctifié. Il aperçut quelque chose qui brillait sous un quarter de chenille. Il le saisit et tira énergétiquement dessus. La chose sembla résister puis se libéra. C'était une main, sectionnée au niveau du poignet. Une montre cassée y était encore attachée. La main avait des ongles taillés en pointes, comme pour servir d'armes blanches. Rudikher soupira, ils devraient s'occuper de nettoyer tout ça une fois retournés en orbite.
Le Thunderhawk de transport venait de se saisir du Rhino dans ses pinces magnétiques. Les occupants ne pouvaient pas quitter l'atmosphère dans le compartiment du Rhino qui avait été perforé par un tir à bout portant par un char ennemi. Il était ouvert aux éléments. Ils avaient appliqué une mousse d'urgence qui durcissait au contact de l'air pour colmater la brèche. Le Thunderhawk de transport accéléra d'un coup, passant du vol stationnaire au vol linéaire. Il s'envola vers le croiseur d'attaque en orbite.
Puis vint le Defiance, qui lui aussi atterrit en vol stationnaire, soulevant des tonnes de poussières. Ses patins touchèrent le sol, il ne coupa même pas ses réacteurs. Les Astartes embarquèrent au complet. Tous sales, poussiéreux, certains blessés légèrement, leurs armures cabossées, recouvertes de sang poisseux. Les hommes du sergent Brüner embarquèrent, s'assirent et se sanglèrent dans leurs sièges. Brüner se tenait un peu à l'écart du transport, il était devant le colonel. Le sable soulevé par les réacteurs entrait dans les yeux du colonel qui essayait de les cacher d'une main et de regarder l'Astartes.
-Nous avons repris cette ville, grâce à vous monseigneur. Il devait hurler pour se faire entendre par-dessus le vacarme des réacteurs.
-Vous vous êtes montré brave. Vous ne serez pas oublié par le chapitre.
Le colonel accepta le compliment, inclinant la tête.
-Nous devons partir. Je vous remercie pour les informations que vous nous avez données, colonel Umar.
-Ce fut un honneur monseigneur. Lui répondit le colonel.
Il le salua. D'un salut fort, droit et précis. La fierté se lisait dans ses yeux ainsi que le soulagement d'avoir mené ses hommes vers une victoire impossible, frôlant l'anéantissement de son régiment. L'Astartes lui rendit son salut. Garda la pose quelques secondes et reparti d'un pas rapide et droit vers la rampe d'accès du Thunderhawk. A peine eut-il posé le pied dessus que les moteurs montèrent en régime et l'engin quitta le sol dans un vol vertical. Une fois qu'il eut dépassé les toits des bâtiments, il actionna ses trois propulseurs arrière et se catapulta en postcombustion à travers la ville dans un rugissement.
Le sergent traversa le compartiment passager. Ses hommes se détendirent. Certains enlevèrent leurs casques, et commençaient à discuter entre eux. Dord priait à voix haute et Tantion semblait l'écouter et prier avec lui, en silence comme à son habitude. Il arriva sur les marches grillagées qui menaient au poste de pilotage. Il déverrouilla la porte blindée et entra. Le navigateur calculait déjà une trajectoire optimale pour rejoindre l'orbite, ne gaspillant pas plus que de raison le carburant, s'aidant des bilans météo et des courants aériens. L'artilleur semblait détendu sur son poste de combat, mais scrutait encore le moindre mouvement sur ses auspex. Le sergent arriva derrière les sièges de pilotage.
-Vous nous avez sauvé la mise en bas. Merci. Lui lança le sergent. En enlevant son casque à son tour.
Il avait du sang séché sur sa tempe droite, et la plaie commençait déjà à cicatriser.
-Je n'ai faits que mon devoir frère sergent.
-Je voulais voir l'ampleur des dégâts. A quoi ça ressemble ? Lui demanda le sergent.
-Une victoire totale. Lui répondit Hasmond, avec ironie.
La ville était ravagée par les incendies secondaires, des foyers de fumées épaisses et noires s'élevaient dans les airs dans des colonnes de plusieurs kilomètres de haut. Il ne restait presque rien à part les alentours de la place du marché qu'ils avaient défendus. Quelques colonnes de fumées plus petites s'élevaient du désert, là où le Thunderhawk avait massacré les fuyards ennemis. A travers le verre blindé, des reflets étranges venaient s'y refléter. Là où la lance laser orbitale du Revenant avait frappée, le sol était vitrifié. Luisant comme une couche de crystal. Les rayons des soleils jumeaux venaient s'y refléter. Le Thunderhawk passa dans une immense colonne de fumée noire de suie et en ressorti aussitôt. Il gagnait en altitude, il allait perdre de vue la ville quasi détruite. Le ciel étoilé s'ouvrit sur la baie vitrée quand ils pénétrèrent dans l'espace.