Black Templar Tome I
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La colonne de gauche et celle de droite disparurent entre les bâtiments, Marrick pouvait encore entendre le ronronnement de leurs moteurs par-dessus le vacarme de son propre char, mais l'acoustique des rues de la cité trompait l'oreille de ceux qui les écoutait. Rudikher fixait chaque fenêtre, chaque coin de rue, chaque ombre suspecte, pointant les canons de son arme dessus. Ils progressaient à un bon rythme. Trop vite selon lui. Il n'y avait aucune résistance à part celle qu'ils avaient rencontrée sur le découvert qui menait à la cité.
Haut dans le ciel au-dessus de lui, il savait que le Defiance les observait et était prêt à semer la mort chez l'ennemi. Le Thunderhawk était à si haute altitude qu'aucun moyen de défense ennemi ne pouvait le toucher, ni même le repérer, l'utilisation de missiles hellstrike, apportait un réel avantage tactique. Ils étaient une menace mortelle, silencieuse et invisible.
Les rues de la cité étaient désertes. Le sable du désert s'y infiltrait à cause des vents et s'agglutinait aux portes des bâtisses. Il devait être balayé chaque matin par ses habitants quand la ville était encore aux mains impériales. Maintenant que ses habitants avaient été massacrés ou pire encore, il y en avait partout. Les longues plaintes lugubres que faisait le vent en arpentant les rues étroites faisaient frémir les équipages qui les percevaient à travers le vacarme des moteurs. C'était un réel labyrinthe. Un piège mortel pour les blindés. Chaque ruelle était une source de danger, chaque toit pouvait abriter un ennemi, chaque tas de sable pouvait cacher une mine. Un enfer pour un tankiste.
Aucune maison ou mur ne portait pas de trace de combats qui c'étaient déroulés pendant la défense de la cité face aux hérétiques du grand Ennemi. Des impacts de balles de tout calibre, d'impacts de laser ou d'explosions venaient parsemer les murs de roches rouges poussiéreuses. On pouvait distinguer même quelque fois une tâche rouge sombre dans un coin de rue, ou sur le chambranle d'une porte en bois. Une trace de sang artérielle ou d'un corps démembré. Mais aucun signe d'un quelconque corps, ni impérial, ni hérétique.
Les écouteurs du sergent Brüner, assis dans le transport Rhino de tête, grésillèrent, lui apportant les propos d'une conversation alliée entrante.
-Contempt, ici Defiance, vous vous dirigez vers un barrage sur la route principale, conseillons de suivre l'itinéraire alternatif. Restons en survol pour encore trente-sept minutes, avant retour en orbite pour réapprovisionnement et rechargement. A vous.
L'artilleur du Thunderhawk Defiance, scrutait à travers les optiques de son casque de vol et les auspex de l'appareil, l'avancée des troupes impériales. Il observait le monstre de pierre qu'était la cité, guettant le moindre contact, sur n'importe quel spectre visible.
-Affirmatif Defiance, prenons itinéraire alternatif. Terminé.
Le transport Rhino suivi de la colonne blindée de Marrick continua encore sur plusieurs centaines de mètres sur la rue principale. Ils arrivèrent sur le barrage signalé plus tôt. En effet il était infranchissable. Il était composé de carcasses de chars brulés et tordus, de pièges à chars en métaux rouillés et enfoncés dans le sol. Des cadavres carbonisés, déchiquetés de leurs anciens équipages étaient empalés sur les tiges de métal de leur châssis. On pouvait encore voir les insignes régimentaires et l'appartenance de leur régiment malgré la peinture écaillée par la chaleur des incendies, c'étaient des soldats du régiment de Marrick. Il ne put s'empêcher de cracher par terre de colère, fulminant des atrocités que ses soldats avaient vécues, elles ne resteraient pas impunies. Le barrage était compact et dense. Les fantassins auraient pu le traverser, l'escalader, mais privés de leurs appuis blindés ils se feraient décimer dans les rues lugubres de la ville. Ils devaient restés ensemble, unis pour espérer vaincre et se frayer un chemin jusqu'à leurs frères piégés depuis des jours dans le ventre de la bête.
Le Contempt of Death s'engagea dans une ruelle perpendiculaire, frère Rudikher aux poignées de son fulgurant quitta des yeux le barrage routier et s'engouffra dans les ruelles tortueuses avec son char. Le transport Rhino crachait sa fumée bleutée dans l'air par ses deux pots d'échappements. La colonne de blindés le suivait, roulant au pas dans cet immense labyrinthe. C'était les premiers cadavres qu'ils voyaient, résultants de l'affrontement. Ils avaient été torturés et exposés à la vue de tous, dans un but de guerre psychologique. La vue de ces cadavres n'affectait pas le moral des Astartes qui avaient vu et fait bien pire, et renforçait la détermination des soldats de la garde impériale. Au détour d'une ruelle, frère Rudikher les aperçus. Les cadavres. Ceux des forces de défense de la cité, mais aussi ceux du colonel qui était venu les libérer. Ils étaient cloués aux murs de la ruelle, certains aux portes de bois, d'autres aux volets, et les autres étaient suspendus sur les cordes tendues entre les maisons pour faire sécher le linge. Certains étaient nus, démembrés, ou d'autres avaient, cloués sur eux les membres d'une autre personne pour faire une étoile à huit branches macabres. Sous certains cadavres des tripes, et des viscères, ainsi qu'une flaque de sang coagulée dans le sable, gisait là. Cela voulait dire que certains avaient été cloués vivants aux habitations. D'autres étaient coupés au niveau de la taille, la partie inférieure était tombée avec la décomposition au sol, sous eux. Les plus anciens de ces pauvres soldats tombés aux mains de l'Ennemi étaient presque momifiés. Du sable emplissait les cavités de leurs yeux ou de leurs bouches. Le sable ensevelissait tout.
-On continue. Voxa Rudikher à la colonne.
Marrick serra nerveusement les poignées de sa mitrailleuse sur pivot. Il passait sous les cordes à linges tendus de soldats massacrés. Il continuait de surveiller chaque fenêtre, à la recherche d'un mouvement ennemi. Dans son char, les artilleurs latéraux qui manipulaient les bolters lourds voyaient par leurs optiques les sévices fait aux soldats de leur régiment. La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre, ou de poussière dans les rues de la cité. Le lieutenant Marrick du faire taire les messes basses dans le compartiment de con char.
-Silence ! Restez concentré par l'Empereur. On va les faire payer et venger nos camarades. Alors fermez la et ouvrez les yeux. Cria-t-il dans le compartiment, baissant la tête à l'intérieur, debout sur son siège de chef de char.
Le transport Rhino ouvrant toujours la marche, continua sa progression, de virage en virage, de ruelle étroite en ruelle étroite. Un char était vulnérable dans un espace clos. Ses arrières, ses flancs, et le toit étaient moins blindés. Même avec une escorte de fantassins, il restait une cible facile. Surtout dans les carrefours entre deux rues. Un char devait s'immobiliser pour actionner la chenille opposée là où il voulait tourner, pour faire pivoter sa masse. Dans ce laps de temps, il exposait son flanc à la rue perpendiculaire qu'il voulait emprunter.
Le bruit des moteurs des autres colonnes avait disparu. Les murs épais et les rues absorbaient les sons. Le sergent Brüner, debout, vouté dans l'habitacle du transport regardait par-dessus l'épaule du pilote et de son co-pilote. Il progressait bien mais trop lentement par rapport à une rue dégagée et droite. Son oreillette grésilla.
-Contempt ici Defiance, retournons en orbite pour rechargement et réapprovisionnement. Vous serez sans soutien aérien pendant ce laps de temps. Terminé.
Le sergent Brüner accusa réception du message. Ils avaient un net désavantage maintenant sur leurs ennemis, et la seule pièce maîtresse qui leur permettait de rattraper leur retard stratégique disparaissait. C'était le moment qu'attendait l'Ennemi pour frapper.
Après la frappe aérienne sur les bâtiments à l'orée de la ville, l'Ennemi posta des soldats à scruter le ciel à la jumelle. Ils devaient trouver d'où venaient ces tirs qui les avaient proprement cloués sur place. Certains soldats en perdirent la vue quand les jumelles croisèrent les soleils brûlants, cramant leurs rétines jusqu'au cerveau. Mais ils l'avaient repéré. Un petit point noir haut dans le ciel. Le Thunderhawk. Ils restaient tapis dans les bâtiments, sous les bâches tendues, les étoffes colorées, passant de bâtiments en bâtiments sous couvert des abatis. Cachés aux yeux du rapace de métal. Ils n'attendaient qu'une chose. Il ne pouvait pas voler indéfiniment, il devrait refaire le plein ou se réarmer à un moment ou un autre. Et c'est là qu'ils frapperaient.
Le Contempt s'engagea dans une rue, la colonne du lieutenant Marrick derrière lui. Il était bien avancé, quand une fenêtre où était cloué un garde mort, à l'opposé de la rue, en face du Rhino, s'ouvrit. Les hérétiques ouvrirent tellement fort le panneau de bois que le cadavre accroché en tomba sur le sol. Rudikher dans un reflex surhumain hurla dans sa radio.
-Halte ! Contact douze heure !
Aussitôt son pilote de char actionna les freins. Les chenilles mordirent dans le sable et les pavés recouverts par lui. Le Rhino s'immobilisa presque instantanément. Le char de Marrick derrière lui faillit lui rentrer dedans sous la surprise du pilote de char épuisé pris au dépourvu. Une fumée blanche envahi le cadre de la fenêtre, à cents cinquante mètres devant la colonne. Une roquette anti-char en bondit droit vers les blindés impériaux. Le tireur hérétique avait été trop prompt à appuyer sur la détente, et fut pris de court quand le char s'immobilisa. La roquette fut trop courte. Elle toucha le sol devant le transport dans un geyser de sable, ricocha contre les pavés, et reparti contre le char de frère Rudikher. Elle avait perdu toute sa puissance dévastatrice et rebondit une nouvelle fois contre son blindage à quelques centimètres de l'Astartes, elle partit vers le ciel dans un nuage de fumée blanche et d'étincelles. Elle explosa au-dessus des toits des bâtiments, sans grand dommage. Le blindage du transport était cabossé là où la roquette l'avait frappé.
-En avant toute ! Hurla-t-il de nouveau.
Le Rhino se cabra, son esprit de la machine guerrier titillé par la bataille à venir. Ses pots d'échappements crachèrent un nouveau nuage bleuté sombre, son moteur hurla de rage. Rudikher saisit son arme et fit feu.
Il actionna la queue de détente de son fulgurant sur pivot. Une pression d'une seconde à peine, une rafale de plusieurs dizaines de bolts partit dans la direction de l'embrasure de la fenêtre. Les premiers tapèrent juste en dessous, arrachant des pans entiers de maçonnerie quand les bolts explosèrent dans la pierre après l'avoir perforée. Avec le recul important de l'arme le canon remonta, le reste des bolts pénétrèrent par l'ouverture, et explosèrent à l'intérieur. Marrick se remit debout, il c'était accroupi dans sa tourelle sous le départ et l'explosion de la roquette pour se mettre à couvert. Il prit sa mitrailleuse et ajouta ses tirs à ceux de l'Astartes. Il suivit les bolts traçants pour guider ses tirs. Les rafales qu'ils libérèrent détruisirent la fenêtre et le bâtiment qui l'abritait. Un des bolts toucha la roquette qui devait être amenée pour recharger le lanceur et explosa. Réduisant ses occupants déjà mort en charpie. A travers la fumée, on pouvait distinguer des corps brisés sur l'affut d'un lanceur de roquette sur trépieds.
-Rapport de situation ! Demanda le sergent Brüner dans le compartiment blindé du transport.
Ils avaient tous entendu un vacarme de métal torturé quand la roquette avait percuté l'épais blindage frontal de son véhicule.
-Menace éliminée. Ils ont attendu que notre soutien aérien parte pour attaquer. Informa le chef de char Astartes.
-Nous devons-nous arrêter sous aucun prétexte, si nous nous arrêtons, nous sommes morts. Ordonna Brüner.
-Bien reçu, frère sergent. Répondit Rudikher.
-Lieutenant Marrick, l'ennemi nous attaque, nous poursuivons. L'informa le sergent.
Marrick ouvrit une liaison avec sa colonne et les autres qui progressaient également dans la ville.
-L'Ennemi est sur nous. Dispositions de combat. En avant.
Le char qui fermait la queue orienta sa tourelle vers ses six heures, l'affut de son canon passa de justesse contre les murs étroits de la rue. Ses tourelles latérales ainsi que celles de toute la colonne s'orientèrent de sorte à couvrir les angles morts des autres. Ils formaient une bulle de sécurité.
-En avant !
Les moteurs rugirent de plus belle, pas question de ralentir, ils accélérèrent leur vitesse de croisière, Ils foncèrent dans les ruelles. L'esprit de la machine guerrier du transport de troupes Rhino demandait à être libéré, faisant rugir le régime moteur à chaque passage de rapport. Il avait été réveillé par les prémices du combat.
Au détour d'une ruelle, à quelques blocs d'habitations de l'escarmouche avec le lance-missile dissimulé, le chef de char du char qui fermait la marche hurla dans le vox :
-Contact arrière ! Infanterie et armes lourdes !
A peine eût-il fini sa phrase que son canon de campagne tonna. Il l'avait orienté vers ses six heures pour couvrir l'angle mort de la colonne blindée. Les plans de constructions des Leman Russ interdisaient les armes latérales de caisses de pivoter plus que quatre-vingt-dix degrés sur les flancs, l'interdisant de tirer vers l'arrière du char. L'obus explosif explosa contre le mur d'un bâtiment. Le chef de char était formel, il avait vu passer dans ses optiques une dizaine de fantassins, certains torse nu, d'autre en treillis léger, ils étaient passé en courant d'une ruelle à une autre. Ils encerclaient la colonne du lieutenant Marrick.
-Charge un explosif, vite !
-Oh putain de merde, sur les toits !
C'était l'artilleur du bolter droit de caisse, il avait fait pivoter son arme vers les toits, pour couvrir l'avancée des autres véhicules. L'enfer se déchaîna sur eux.
Le sergent Brüner entendit dans sa radio l'alerte au même moment qu'une une pluie de projectile s'abatis sur eux. C'était comme entendre une pluie torrentielle sur une baie vitrée, sauf que la pluie était faite de projectiles solides et lasers et la baie vitrée n'était que le blindage de son char. Frère Rudikher n'attendit pas qu'on le lui ordonne, il fit pivoter son arme sur pivot autour de la trappe du transport et mitrailla les hérétiques sur les toits. Il pressa la détente, une rafale soutenue partie sur un parapet d'où il avait vu dépasser une seconde plus tôt cinq hérétiques. Ils avaient lâché quelques rafales de leurs armes et grenades pour replonger à couvert, se pensant à l'abri d'une riposte. Les bolts explosifs perforèrent la pierre comme si ce n'était que du papier mâché, et démembrèrent les corps derrière. Il ne prit pas le temps de regarder son œuvre et refit pivoter son arme sur les avants de char qui accélérait, essayant de distancer l'embuscade ennemie.
Marrick reçu une pluie de gravats de toutes tailles quand il passa avec son char sous la position ennemie qui venait d'être détruite par l'artilleur Astartes. Il faillit être assommé par un bloc de rocher de la taille d'un crâne humain qui s'écrasa sur la tourelle. Il n'y prêta pas la moindre attention, et continua de mitrailler les toits des bâtiments. L'ennemi était rapide, il se cachait et ripostait à la vitesse de l'éclair. Les défenseurs ne savaient pas où riposter. L'Astartes devant lui commença à mitrailler les bâtiments du bout de la rue, il se devait de l'aider.
-Cible à douze heures, bâtiment à deux étages, vise le toit.
-C'est parti !
L'obus de gros calibre fila droit sur la cible. Dans un grondement tonitruant le canon le cracha. La maison visée était criblée des bolts de frères Rudikher quand elle explosa en morceaux. Le Rhino se retrouva sous une douche de poussières et de pierres quand il la dépassa, s'ajoutant aux douilles vides du fulgurant sur le toit du char qui n'étaient pas tombées au sol malgré les chaos de la route. Un canon tonna à nouveau, c'était celui du char de queue, l'ennemi progressait aussi sur leurs arrières. Ils ne devaient pas s'arrêter. Les chimères au centre de la formation mitraillaient elles aussi de leurs multi-lasers de tourelle et de leurs bolters les cibles ennemies qui sortaient des fenêtres ou des toits. Une grenade explosa au niveau des chenilles du char de Marrick. Il fut projeté contre le chambranle de son écoutille. Quelque chose lui en cassa. Surement une côte. Il continua de tirer.
Rudikher lâcha la dernière rafale de son arme sur un bâtiment sur la gauche de la rue, des cris de douleurs lui répondirent. Il venait de finir sa boite de munition, il ordonna dans son vox :
-Je suis à sec frère, vite des munitions !
Le radio du Contempt décrocha des attaches dans le compartiment une nouvelle boite de bolts et lui tendit, Rudikher se baissa dans la cabine pour la saisir et se releva. Et il vit juste au-dessus de lui, presque caché par le soleil deux hérétiques braquant leurs fusils laser sur lui. Ils avaient le visage caché par des tissus les protégeant du sable du désert, ainsi que des grosses lunettes à vitres fumées. Ils ouvrirent le feu. Le premier tir rata, et frappa le blindage du char, la peinture noire fut vaporisée sur une petite surface. Le deuxième toucha l'Astartes à l'épaule, son armure carapace noire d'équipage de char était moins solides qu'une armure énergétique, elle n'absorba pas toute la puissance du tir. Il lui perfora l'épaule. Il senti une douleur cuisante lui envahir le corps. Deux tirs passèrent devant son visage et rentèrent dans le char, par la trappe et frappèrent son siège de chef de char. Le Rhino continuait son avance implacable, et il n'avait toujours pas rechargé son arme lourde, quand les deux hérétiques furent fauchés proprement par une rafale laser d'une des chimères. La puissance du tir vaporisa instantanément la tête du premier dans un nuage d'os brulés et de sang vaporisé. L'autre fut coupé en deux pas un tir, cautérisée par la chaleur du tir, la plaie ne saigna même pas. Rudikher regarda en arrière, l'affut du multi laser du transport était tourné vers le ciel, à son angle maximal et était chauffé au rouge. Il devait la vie à ce garde. Il s'escrima à recharger son fulgurant, alors que la colonne blindée prenait encore de la vitesse.
L'air dans la ruelle était saturé de tir de laser, de shrapnels, et de poussière. Les hérétiques mitraillaient sans vraiment viser. Les chars encaissaient les tirs d'armes légères, et les rares grenades qui tombaient sur leurs toits roulaient au sol, ne pouvant pas tenir sur un véhicule roulant à cette vitesse. Le transport Rhino bifurqua encore une fois, dans une nouvelle rue, les autres le suivirent, et d'autres tirs vinrent des bâtiments et des toits. C'était comme si dans chaque rue qu'ils empruntaient, les soldats ennemis les attendaient. En réalité, les soldats ennemis sautaient de toit en toit, les bâtisses étaient rapprochées et permettaient de circuler librement. Ils n'avaient à faire que quelques pas pour rattraper le convoi qui devait s'escrimer à tourner dans le labyrinthe mortel. Le Contempt roula sur un éboulis de pierres, causés par le tir du canon du char de Marrick, il écrasa les gravats sans ralentir.
Soudain, déboulant d'une ruelle adjacente, six soldats ennemis surgirent devant le Rhino de tête. Deux des soldats braquèrent des lance-roquettes portatifs sur le blindé. Sans même en avoir reçu l'ordre le pilote accéléra, diminuant le temps de réaction des ennemis pour tirer leurs roquettes. Rudikher faucha d'une rafale continue la majeure partie de l'escouade. Ils furent sciés au niveau de la taille et explosèrent dans orgie de tripes et de sang. Deux des survivants n'eurent pas le temps de tirer ou de fuir, dans un geste de peur un des soldats mis ses mains devant son visage pour se protéger. Le blindé les percuta à toute vitesse. Un passa sous les chenilles et fut broyé dans une gélatine visqueuse de viscères, l'autre percuta le blindage, crachant ses poumons par la bouche sous la violence de l'impact. Il finit sous les chenilles comme son frère impie. Le crâne blanc peint sur le blindage était teinté de sang maintenant, et la poussière s'y accrocha quand une bourrasque enveloppa la colonne.
-Frère, à la prochaine intersection, il nous faut prendre à gauche, nous allons passer sur une avenue plus large que les autres, nous pourrons les distancer. Voxa frère Drescott.
-Bien reçu, lui répondit Praximan. Il écrasa la pédale de l'accélérateur. Le Rhino prit vingt mètres d'avance sur le convoi, frère Rudikher tirait toujours rafale sur rafale sur les ennemis qui les harcelait depuis les hauteurs et les ouvertures. Certaines douilles fumantes rentraient dans l'habitacle du char et glissaient sur le sol de métal celons les virages que prenaient le transport. Frère Praximan, le pilote fit prendre à son blindé un virage sec vers la gauche pour s'engager sur l'artère principale de l'itinéraire indiqué. A cette vitesse il ne put voir le barrage d'obstacles qui leurs barraient le chemin. Il les percuta de plein fouet.
Ils percutèrent les énormes croix de métal plantés dans le sol, des pièges à char. Le croisement donnait sur une large avenue bordée de hauts immeubles, ainsi que d'anciens commerces à leurs pieds. Ils étaient tous fortifiés. Les anciennes échoppes étaient barricadées de sacs de sable et d'affuts d'armes lourdes. Les toits étaient hérissés de fusils lasers. C'était un piège. La colonne ne pouvait pas franchir cette barricade, et devait la longer pour pouvoir atteindre une autre rue parallèle. Les blindés devaient exposer tous leurs flancs pour y arriver. Ils étaient tombés dans un piège.
Le Rhino percuta la barricade. Il ralenti d'un coup, ses occupants furent secoués en tous sens. Rudikher faillit être éjecté hors de son poste de tireur. Il s'accrocha comme il put à son fulgurant. Le char du lieutenant Marrick le suivait de près et allait s'engager à sa suite, à pleine vitesse, au dernier moment le pilote du tank vira à droite, pour l'esquiver :
-Mais putain c'est quoi cette mer...
-Ne vous arrêtez pas ! Nous couvrons votre progression ! Ordonna le sergent Brüner dans le vox.
L'esprit de la machine qui commandait leur système de navigation recalcula instantanément un nouvel itinéraire. C'est là que le piège se referma.
Une pluie de tirs fondit sur eux. Aussi bien d'armes lourdes, que d'armes légères. Une grêle de projectiles traçant et explosifs. Les Astartes dans le Rhino ne percevaient même plus les pauses entres chaque tir qui ricochaient, c'était un bruit continu d'un blindage malmené. Frère Rudikher riposta aussitôt, lâchant un tir de barrage vers les origines des tirs. Les flashs de son arme lourde illuminaient l'intérieur sombre du compartiment passager, et les douilles pleuvaient sur le toit du blindé. Marrick passa derrière le blindé Astartes immobilisé. Ils avaient vingt-cinq mètres à passer de découvert, il ordonna d'orienter sa tourelle principale et son bolter lourd de caisse vers l'embuscade. Il tourna lui aussi sa mitrailleuse et ajouta ses tirs à la fusillade.
-Nous sommes immobilisé. Deux binômes, tir de couverture, maintenant ! Ordonna le sergent Brüner en regardant ses hommes assis dans le transport.
La rampe d'accès s'ouvrit, inondant l'habitacle de la lumière des tirs et des soleils de l'extérieur. Frère Konrad, Johann, Lyderic et Hank sortirent à toute vitesse, leurs armes crachant la mort sur les cibles dans la grande avenue. Lyderic prit position sur la droite du blindé, épaulant son bolter, il était appuyé sur son flanc. Il couvrit de quatre tirs rapides son binôme, frère Hank qui se posta derrière un des pièges à char, à couvert. Ils commencèrent un tir soutenu. Frère Konrad et Johann firent de même. Konrad était posté sur la gauche du blindé, pour ne pas s'exposer il s'appuyait sur son épaule droite sur les flancs du blindé et tirait de la main gauche, cela ne le gênait nullement, chaque Astartes se devait d'être ambidextre. Johann ajouta sa puissance de feu au fulgurant du Rhino.
Les obus d'autocanons pleuvaient sur les Astartes et les véhicules qui passaient derrière eux. Le char de Marrick stabilisa sa tourelle et fit feu tout en roulant, son obus parti vers une position renforcée des hérétiques. L'explosion fit sauter toute la façade du commerce. Au même moment des tirs couleurs rubis à haute énergie percèrent le mur de tirs. Le premier toucha un piège à char et sous la chaleur le fit fondre. Une flaque de métal en fusion fut projetée dans toutes les directions, brûlant tout sur son passage. Le second toucha le blindé du lieutenant Marrick.
Son bolter lourd de flanc tirait en continu, appuyant les Astartes pendant toute la durée de leur traversée. Le tir le toucha dans son élan. La chaleur perça les couches superposées de blindage, les perforant comme si ce n'était que du beurre. L'artilleur secondaire, derrière son arme reçu la majeure partie du torrent de métal fondu. Il n'eut même pas le temps de souffrir. Il fondit avec son arme. L'habitacle du char se retrouva rempli de fumée de métal en fusion et d'une odeur de viande grillée.
-On est touché chef ! On brûle !
Le chargeur paniquait et essayait tant bien que mal d'éteindre les vêtements de l'artilleur qui avaient pris feu sous la chaleur en piétinant le cadavre de ses bottes. L'artilleur du canon laser de proue, se retourna pour voir le spectacle, il vomit le contenu de son estomac à ses pieds quand il comprit d'où venait cette odeur. Le char de Marrick venait de dépasser le découvert, ils étaient à l'abri, pour l'instant.
Le martellement des obus d'autocanons couvrait les ricochets et les impacts des armes légères sur le blindage du Contempt. Lyderic effectua un rechargement rapide, abandonnant son chargeur vide au sol, il continua de marteler les emplacements d'armes et les toits de son bolter. Ses frères faisaient de même. Le chef de char Rudikher rechargeait son arme lourde, frère Johann fournissait un tir plus soutenu de son bolter lourd pour compenser le manque de puissance de feu. Les tirs de lasers commençaient à les cibler. Ricochant sur leurs armures, ou les barricades ennemis. Ils ripostaient et emportaient des vies hérétiques dans cette fusillade endiablée. Le reste de la colonne continua de passer. Un transport chimère passa à la suite du lieutenant Marrick et de son Leman Russ. Il tirait avec son multi laser jusqu'au point de surchauffe. Il reçut plusieurs tirs, qui détruisirent ses phrases, ainsi que son antenne radio. Son blindage était constellé d'impact de toutes sortes.
La seconde chimère passa, et effectua un tir de suppression comme son homologue. Les canons lasers ennemis venaient de recharger. Le tir de laser la toucha juste sous la tourelle. Une explosion horrible souleva la tourelle loin au-dessus du sol, et elle retomba sur le compartiment passager, rebondit dessus, et fini sa course au sol. On pouvait entendre dans le canal vox de communication des voix paniqués :
-On est touché ! Merde ! Le chef est mort mais on peut encore rouler, Janis occupe-toi de ce soldat, fais-lui un garrot vite. La communication coupa.
Il restait encore deux véhicules à passer et Marrick commençait à prendre de l'avance. Rudikher reprit le tir, fournissant un tir soutenu pour un repli vers le véhicule pour les Astartes. C'est les soldats les plus éloignés qui se replièrent en premier, courant et entrant dans l'espace confiné. Les deux autres à leur suite, une chimère venait de passer, il ne restait plus que le Leman Russ de queue. La soute se ferma, replongeant dans l'obscurité du véhicule les Anges de l'Empereur, illuminés par les flashs des tirs du chef de char. Le pilote fit faire une rapide marche arrière, pour se dégager de la barricade, et fit accélérer son char pour rattraper Marrick. Le moteur hurla de rage, ses chenilles mordirent dans le sable et dérapèrent sur le pavé. Ils gagnèrent de la vitesse rapidement. Ils pouvaient remonter la colonne de véhicule, la rue étant assez large pour laisser passer deux blindés. Le dernier Leman Russ passa à couvert et tira une fois avec son canon de bataille, réduisant en cendres une autre position ennemi pour couvrir leur avancée.
Le Contempt dépassa la file de véhicule, et dut se rabattre au dernier moment derrière Marrick et son char, la route se resserrait brutalement. C'était maintenant le lieutenant Marrick qui avait pris la tête du convoi. On pouvait entendre sur les ondes que les deux autres colonnes de chars étaient en aussi mauvaise posture. Certain avaient même des chars alliés détruit à déplorer. La ville les dévorait vivants.
Ils suivaient un nouvel itinéraire, jusqu'à ce que celui-ci aussi fussent erroné par un autre barrage et une autre embuscade. La fusillade avait faibli, ils n'étaient plus harcelés en permanence, les premiers affrontements avaient peut-être dissuadé l'ennemi ou ils se rassemblaient pour une nouvelle attaque plus meurtrière encore.
Les chars avançaient bien. La fusillade avait cessé, ils progressaient dans les rues étroites, suivant l'itinéraire indiqué. Le lieutenant Marrick en tête, toujours aux commandes de sa mitrailleuse, surveillait chaque toit ou ombre suspecte, il ne pouvait plus prendre de risque. Et cela faisait deux embuscades d'affilée où ils avaient failli perdre un blindé. Leur réserve de chance n'était pas illimitée, chaque soldat savait qu'il ne fallait pas trop tenter le sort. A moins que leur chance ne soit due aux anges de l'Empereur. Le char de Marrick prit une rue sur leur gauche, les véhicules derrière lui, le suivirent. Rien à signaler. Toujours des cadavres de gardes ou de civils cloués aux portes ou pendues aux cordes à linges qui traversaient la rue, de fenêtres en fenêtres. L'esprit de la machine du Leman Russ indiquait qu'il fallait tourner à droite dans quelques rues. Ils approchaient de leur destination, l'Ennemi ne pouvait pas avoir abandonné aussi rapidement. A l'angle de la rue, il y avait une échoppe. On ne pouvait pas distinguer dans les gravats et les débris les denrées qu'elle vendait à l'époque où la ville était paisible et prospère. Maintenant gisait des jarres pleines de sable, des tables sur tréteaux, renversées, souillées de sang et de cadavre en putréfactions. Elle donnait sur l'intérieur de l'échoppe, entre des piliers qui supportait le poids d'un immeuble au-dessus d'elle. Le Leman Russ de Marrick la dépassa et entama son virage. Un peu trop serré. Il percuta les tables et les vases, les réduisant en poussière.
Marrick amena ses magnoculaires à ses yeux. Il put voir la rue dans laquelle ils s'engageaient. Quelque chose clochait. Aucun cadavre suspendu, ou drapeaux brulés venaient assombrir les toits. C'était comme si quelqu'un avait délibérément dégagé la vision dans cette ruelle. De sorte à aménager un couloir de tir.
-Halte ! Ordonna-t-il dans son vox.
Le char s'immobilisa quand ses chenilles mordirent dans la poussière. La colonne derrière lui s'arrêta aussi. Marrick lâcha ses jumelles et saisit son arme sur pivot. Guettant le moindre mouvement. Il était quasiment engagé dans la rue. Il avait à peine dépassé l'échoppe sur leur droite. Quand l'enfer s'abatis sur eux. Marrick sauta sur le siège de sa tourelle, à couvert. Il ne put même pas répondre par des tirs. C'était un tir de saturation en règle. Le blindage du Leman Russ encaissa les tirs des armes légères. Sa peinture fut arrachée par les tirs à énergie et projectiles solides.
Soudain, une chaleur accablante vint transpercer la tourelle. Marrick fut projeté sur la gauche. Il fut sonné par la puissance du son que le choc provoqua. Rendu quasi aveugle par la fumée, il distingua que toute la partie droite de sa tourelle avait disparu. Sa joue et sa tempe droite saignaient abondement. Des éclats lui avaient arraché une bonne partie de la peau du visage, et il ressentait comme une brûlure vers son œil, surement à cause de la chaleur. Le sang commençait à couler sur son visage, mais il n'avait pas le temps de s'en occuper. Les bords arrachés par le tir étaient rougeoyants. Il pouvait voir l'échoppe par le trou dans le blindage de son char. Le sable et le vent rentrait dedans.
Il se ressaisit et donna ses ordres.
-Qui a vu l'origine du tir ?
-A une heure, bâtiment à quatre étages, troisième fenêtre. Répondit l'artilleur du canon laser avant.
Il tira un coup énergétique de son canon, pulvérisant un pan entier de la façade du bâtiment.
-Très bien, chargez un explosif, feu dès que prêt.
-Les moteurs de la tourelle sont touchés, je passe en manuel.
Le tireur s'activa à faire pivoter la tourelle en tournant à toute allure les manivelles qui remplaçaient les servomoteurs électriques. Le canon s'aligna sur la cible. Le tireur appuya sur la pédale de tir.
-Envoyé !
Rien. Le percuteur frappa l'arrière de l'obus dans un bruit de métal contre le métal. Une pluie de projectiles continuait de déferler sur le char. Rebondissant dessus, explosant sur le pavé ou sur les murs du croisement où ils étaient arrêtés.
- C'est quoi cette m... ? Demanda le tireur, en s'éloignant de son poste de tir, regardant la culasse.
-Incident de tir ! Hurla le chargeur, paniqué.
Le règlement voulait qu'on s'éloigne le plus rapidement possible de char quand un incident de tir se produisait. Et on devait attendre une équipe d'ingénieurs qui venaient désamorcer l'engin explosif pour rendre le char de nouveau opérationnel. C'était en théorie. Le tir de barrage était tellement soutenu que s'ils abandonnaient leur char ils se feraient massacrer par les tirs. Et bloqueraient la voie pour le reste de la colonne. Ils devaient gérer ce problème seuls.
-Impossible de tirer, incident de tir !
C'était Marrick. Son char ne pouvait pas tirer avec son arme de tourelle. Et un canon laser les avait sérieusement touchés. Il allait faire feu de nouveau, et cette fois ce sera un tir direct en pleine caisse, vaporisant tous ses occupants. Le Rhino accéléra brutalement, ses chenilles crachèrent du sable vers l'arrière et ses tuyères une épaisse fumée noire.
Marrick descendit au niveau du poste du chargeur, et se posta à ses côtés.
-il va nous exploser à la gueule chef, il faut qu'on s'en aille et vite. Lui lança le tireur, collé à la paroi de la tourelle, aussi loin possible de l'arme, c'est-à-dire à a peine un mètre.
-Non, on reste là et on fait notre boulot. Tu es prêt ?
Son chargeur hocha de la tête.
-Vas-y !
Il actionna le levier qui relâchait normalement la douille de l'obus qui venait d'être tiré. Quand elle était éjectée, elle tombait dans un panier en grillage sous la culasse pour récupérer les douilles. Ce fut un obus qui en fut éjecté. A pleine vitesse et non explosé. Marrick et son chargeur se précipitèrent pour le récupérer à mains nues. Marrick encaissa la majeure partie du poids, il trébucha en arrière devant la charge, et tomba à la renverse sur le tireur derrière lui. Le chargeur arriva à sa rescousse et soulagea son lieutenant. L'obus était massif et lourd. Ils suaient tous les deux pour le porter dans l'espace confiné. S'ils faisaient tomber cet obus sur la pointe, cela déclencherait le mécanisme et l'obus exploserait à l'intérieur du char.
-Il faut qu'on s'en débarrasse. Par la tourelle. Ordonna Marrick, en nage et haletant sous la charge.
Son chargeur ne répondit rien, trop concentré et épuisé par le travail.
Ils réussirent à le porter jusque sur le siège du lieutenant, le temps était compté. L'obus avait été percuté. Sa charge pouvait à tout moment détonner. Ils montèrent à deux sur le siège, arc boutés sous la trappe fermée. Ils étaient presque tête contre tête et suaient sur l'obus dans leurs mains. La transpiration les faisait glisser. La fusillade de dehors était encore plus audible par l'ouverture causée par le tir de canon laser.
-Aller on y va ! Hurla Marrick.
Il souleva de son dos, la trappe de sa tourelle et l'ouvrit aux éléments extérieurs, lui et le chargeur de son char sortirent à l'air libre la charge explosive. Les balles ricochaient sur le blindage tout autour d'eux.
-Lance le aussi loin que possible vers le magasin !
Bandant ses muscles, ils lancèrent l'obus qui pesait son poids vers l'échoppe abandonnée. Le chargeur du Leman Russ fut touché à la tête par un tir chanceux. Sa cervelle éclaboussa le lieutenant Marrick. De surprise il lâcha l'obus trop tôt, le sang rendant glissant l'objet. Et il était tout seul à le porter, son soldat l'avait lui aussi lâcher en mourant.
C'est à ce moment-là que le transport Rhino surgit du magasin. Il avait lui aussi coupé court dans le virage comme le char avant lui, mais cette fois il était rentré littéralement dedans. Il percuta les piliers de pierres qui supportaient la devanture du petit magasin, les réduisant en poussière, frère Rudikher était rentré dans la cabine se protégeant des rochers qui lui tombait dessus. Le Rhino rentra dans l'échoppe, percutant tout, son moteur hurlant, traversant le comptoir de bois fatigué, les chaises et tables et le mur qui donnait sur la rue. Il ressorti en trombe du magasin, recouvert de poussière et de pierre. Frère Rudikher ressorti aussitôt de sa tourelle et se saisit de son arme pour riposter et défendre le char du lieutenant Marrick.
Marrick vit au ralenti l'obus glisser de ses mains et tomber vers le quarter de chenille, il rebondit quand il le percuta sur sa tranche, le repoussant un peu plus loin de son char. Le magasin s'effondrait de l'intérieur. Les piliers porteurs avaient été détruit par le passage du Rhino, qui émergea dans une tempête de poussière et de tir de fulgurant. Le Rhino venait de dépasser le char de Marrick et mettait son blindage devant le sien, dans un geste désespéré pour le protéger de son corps.
L'obus percuta le sol et détonna. Marrick fut emporté par le cadavre du chargeur mort à l'intérieur. Au même moment, l'explosion souffla Marrick par la brèche dans sa tourelle. Il se retrouva sur son siège, le cadavre de son homme sur ses cuisses, se vidant de son sang par sa blessure de ce qui lui restait de tête. Tout l'arrière avait été emporté, même son cerveau avait été fondu par le tir de fusil laser. Il ne restait qu'un demi-crâne vide. Il le repoussa et le cadavre tomba aux pieds de la tourelle.
-Toi, Charge-moi un explosif, même cible, maintenant !
L'artilleur du bolter droit de caisse s'activa au poste de chargeur.
Frère Rudikher mitraillait comme un dément la façade de l'immeuble où était posté le canon laser. Ses bolts arrachaient des pans entiers de roche des murs de la bâtisse. Arrachant les linteaux, les encadrements des fenêtres et les volets de bois. Les fantassins à l'abri derrière, se faisaient cisaillés et réduire en charpie. Tout en mitraillant Rudikher espéra que ça laisserait assez de temps au lieutenant Marrick d'accomplir son devoir. Il allait bientôt devoir recharger son fulgurant au rythme auquel il consommait ses bolts.
Dans son dos le canon de bataille tonna. Le frein de bouche à la sortie du canon vomi une flamme de tir, suivie d'une fumée épaisse et acre. L'obus explosif fila vers sa cible. Il explosa dans une des pièces attenantes à l'arme lourde ennemie. La façade explosa dans un geyser de poussière et de flammes. Emportée par les explosions secondaires de réserves de munitions hérétiques.
Le Leman Russ de Marrick était mal en point et son équipage aussi. Il n'avait plus qu'un artilleur, celui du canon laser frontal. L'autre artilleur rechargeait maintenant le canon. La tourelle ne fonctionnait plus que manuellement, le blindage était percé à plusieurs endroits, et ils étaient tous blessé.
Frère Rudikher lança la boîte de munition vide dans la rue et rechargea son arme avec une nouvelle. Avant qu'il ait le temps d'ordonner de reprendre la route, il entendit un bruit suspect. Un bruit de moteur. Similaire à ceux des chars de la colonne. Mais il avait l'impression d'en entendre un de plus. Comme un bruit parasite, à l'orée de la perception de son ouïe. Il pouvait l'entendre malgré le vacarme de la guerre qui les entourait. Il fit volt face pour regarder la fin de la colonne de véhicule. Il le distingua.
Cette embuscade devait les immobiliser assez longtemps pour lui permettre de manœuvrer sur leurs arrières. Il avait attendu dans une rue adjacente, moteur éteint et l'avait allumé quand les chars impériaux étaient passés devant lui. Il arriva sur les arrières de la colonne. Le char de queue, sa tourelle orientée vers l'arrière pour couvrir se secteur fut le premier à donner l'alerte.
-Char ennemi, à six heures ! Hurla-t-il, prévenant toute la colonne mais aussi les autres.
C'était un Leman Russ. Il avait appartenu à la garde impériale, du même régiment que Marrick et ses hommes. Mais il avait été capturé et perverti. Les symboles impériaux avaient été arrachés à coups de barre à mines ou souillés par des slogans obscènes aux divinités du chaos. L'ancien équipage était accroché à son blindage par des chaines et des crochets de bouchers. Son ancien camouflage vert était visible sous les croûtes de sang et de tripes séchées qui le recouvrait.
Le char de queue ouvrit le feu. Malheureusement ils n'avaient affronté que des soldats à pieds depuis le début de la bataille et il avait chargé un obus explosif, en vue de riposter contre des fantassins à couvert. L'obus toucha le char volé, mais ricocha contre son blindage frontal. Dans un cri d'air torturé par l'obus à haute vélocité, l'obus parti dans le ciel et alla exploser dans un autre quartier de la ville, plus loin. Il n'avait causé aucun dommage.
C'est ce moment qu'attendait l'Ennemi pour attaquer, ils avaient révélé leur dernier atout pour les arrêter dans leur progression. Rudikher sans hésiter hurla ses ordres :
-Évacuation ! Sortez des chars ! Et dispersion, vite !
Les trappes des véhicules s'ouvrirent en vitesse, soulevant des bourrasques de poussières et de sables, tonnant sur les pavés de la rue. Les gardes impériaux sortirent au pas de course, et les Astartes firent de même.
Le char hérétique ouvrit le feu. Son obus perforant anti-char toucha le Leman Russ loyaliste au niveau du bloc moteur. Il arrêta la majeure partie des shrapnels surchauffés, meurtriers pour un équipage de char. Mais le moteur pris feu. Sa réserve de carburant avec lui. Un violent appel d'air vint embraser le compartiment, aspergeant les tankistes de carburant enflammé. Ils brulèrent vif, le commandant essaya de sortir par la tourelle, mais mourut en essayant, s'affalant sur le canon de son char, brûlant avec lui.
Le moteur du char hérétique hurla et il prit de la vitesse. Il commença à remonter le long de la colonne de char, il devait passer la carcasse fumante du premier char pour atteindre les transports chimères vulnérables.
Les fantassins impies revinrent à la charge. Les soldats impériaux sortirent enfin à l'air libre et prirent des positions défensives autour de leurs blindés respectifs. L'escouade de la dernière chimère remarqua un mouvement ennemi sur la droite du blindé, dans une rue où seul un homme pouvait avancer de front, tellement elle était étroite. L'ennemi voulait surement prendre à revers l'unité impériale par une rue aussi minuscule. Deux soldats loyaux à l'Empereur de l'Humanité, ouvrirent le feu. A eux deux ils libèrent une rafale soutenue qui hacha littéralement le premier soldat. Déjà mort, il tomba au sol et bloqua l'accès à ses compagnons derrière lui. Son corps les protégea de quelques tirs avant que les lasers ne le transpercent et ne tue le soldat suivant et ainsi de suite. Une quinzaine mourut, piégés par les corps des autres. C'était un abattoir. La ruelle c'était transformée en un gigantesque moulin à viande. Il ne restait qu'un agglomérat de corps déchiquetés, méconnaissables. Les deux soldats impériaux rechargèrent leurs armes et reprirent le tir de suppression vers les toits d'où les hérétiques leur tiraient encore dessus.
Le transport chimère venait de débarquer son dernier soldat, son moteur monta en régime, il prit de la vitesse, sa tourelle multi laser criblait un attroupement de troupes ennemies sur leurs flancs gauches tout en avançant. Il n'attendit même pas que sa rampe de débarquement soit fermée pour essayer de se mettre à couvert. Un char ennemi était sur leurs arrières et le transport n'était pas équipé pour riposter. Il devait se cacher dans le dédale de rue pour espérer lui échapper.
Quand la chimère commença à se mouvoir les soldats coururent à couvert. Ils défoncèrent les portes d'un bâtiment attenant et s'occupèrent de le sécuriser. Ils devaient monter jusqu'aux toits pour espérer déloger les hérétiques et aider les transports restés au sol.
La chimère de milieu de colonne, celle qui avait été touché à la tourelle et qui l'avait perdu venait de débarquer son dernier soldat.
Le tank ennemi émergea des flammes du Leman Russ détruit. Il tira. Son canon fit partir un obus perforant. Il visait une des chimères qui rejoignaient un couvert dans les ruelles. Mais il toucha celle encore à l'arrêt. L'obus pénétra dans le compartiment passager encore ouvert et explosa dans la cabine de pilotage. La carcasse blindée fut prise de soubresauts, et explosa dans une gerbe de flammes qui monta vers le ciel. Une épaisse fumée noire en sortie juste après.
Le rayon de l'explosion faucha l'escouade qui venait d'en sortir. Des gardes furent pris dans l'onde de choc et furent projetés contre les murs des bâtiments, comme des poupées de chiffons. Leurs corps brisés s'affalèrent sur le sol. Les rescapés entreprirent de s'engouffrer dans le couvert des bâtisses occupées par l'ennemi.
Ils venaient de perdre un autre char et de valeureux soldats. Rudikher fit pivoter son arme sur pivot sur son axe pour pouvoir viser le char ennemi qui les avait pris par surprise. Il lâcha une rafale sur lui dans l'espoir d'attirer son attention et son feu. Les bolts ricochèrent dans des geysers d'étincelles. Les Astartes du sergent Brüner venaient de débarquer, la rampe commençait à se refermer, le Rhino prit de la vitesse et s'engagea dans une ruelle. Le lieutenant Marrick à sa suite.
L'obus perforant parti droit sur le blindé de Marrick, le pilote prit un virage serré sur la gauche pour s'engouffrer à la suite du Contempt. Il fut touché au niveau du garde boue arrière de sa chenille droite. Il vola en éclats, l'acier tordu par l'obus résonna dans le compartiment blindé. L'obus explosa quelque dizaine de mètres plus loin quand sa tête toucha une paroi solide de briques.
Le sergent Brüner enfonça la porte d'un coup de pied et pénétra dans la pièce, ses hommes à le suivaient. Ils n'avaient pas le temps de procéder selon le règlement. S'ils restaient dans la rue ils se feraient faucher par les tirs venant des toits ou les tirs de bolters du char volé. Douze Astartes rentrèrent dans ce qu'il semblait être un espace de vie pour une famille impériale. Sans hésiter ils se séparèrent en binôme de combat, et se dispersèrent pour sécuriser le bâtiment et ses alentours. Des gardes arrivaient en courant comme des déments pour se mettre à couvert. Le char ennemi ouvrit le feu de ses bolters lourds de caisses et balaya la rue. Les projectiles explosèrent, transformant la rue en un maelstrom de shrapnels. Deux gardes furent coupés en deux avant d'avoir atteint la porte encore ouverte. La majeure partie de l'escouade de garde avait survécu. Ils étaient à bout de souffle, et transpirant dans leurs uniformes cadiens.
-Nous allons sécuriser ces bâtiments jusqu'à ce que nous ayons détruit ce char ennemi sergent. Suivez-nous. Lui dit Brüner.
Pour toute réponse le garde le regarda et hocha la tête. Trop impressionné par le géant en armure pour lui répondre. On entendait déjà des cris et de détonations de bolter, étouffées par les murs. Son escouade massacrait déjà les hérétiques dans la barre d'immeuble.
Il montait les escaliers quatre à quatre, le chapelain Markus, Konrad et Johann derrière lui. Lyderic et Hank avait pris un autre escalier qu'ils avaient trouvé dans une cour d'immeuble. Par intermittence on entendait les tirs de bolters de Lyderic ou de son binôme, ainsi que des cris de douleurs criés par des gorges humaines.
Le char ennemi s'immobilisa devant la porte enfoncée par le sergent Brüner, orienta sa tourelle sur l'encadrement et ouvrit le feu à bout portant. Il voulait surement essayer de tuer un maximum de gardes qui avaient réussi à échapper à son embuscade.
Il fut enfoui sous une montagne de poussière de l'explosion de la bâtisse. Les gardes et les Astartes étaient déjà loin. Il reprit le chemin, poursuivant Marrick, Rudikher et leurs véhicules.
Le bâtiment trembla sous le coup de canon à bout portant du char ennemi. Il délogea de la poussière qui tomba sur l'épaulière du sergent. Brüner arriva à un inter pallié. Il donnait sur deux couloirs, partant dans deux directions différentes. Il n'avait pas encore franchi les dernières marches pour se trouver sur le seuil. Son armure émettait les vibrations habituelles du réacteur qui fonctionnait à plein régime. C'était très désagréable pour les gardes qui les suivaient. C'était comme avoir les dents qui grincent. Une sorte d'ultra-son inconfortable. Le vacarme de la bataille en dehors couvrait les sons des armures et des déplacements des impériaux.
Brüner perçu une agitation dans le couloir de gauche, une sorte de cavalcade. Et le bruit distinctif des armes en aciers qu'on dépose sur le sol ou qui rebondissent sur le plastron d'un treillis de combat.
Il franchit les dernières marches d'une seule enjambée. Markus sur ses pas. Konrad et Johann le suivirent et s'orientèrent vers le couloir de gauche pour le couvrir. Sans attendre le sergent Brüner ouvrit le feu sur les silhouettes des hérétiques qui manipulaient l'arme lourde. Ils étaient en train de mettre en batterie un autocanon sur trépieds pour couvrir le couloir. Les deux soldats furent fauchés net par les tirs. Le sergent colla son épaule gauche au mur et continua de tirer. Une escouade complète sortie d'une des pièces adjacentes pour vérifier d'où venait se vacarme. Le chapelain colla son épaule droite sur le mur, pour pouvoir ajouter sa puissance de feu à celle de son sergent.
Les gardes qui les suivaient restèrent dans l'escalier, se bouchant les oreilles, le vacarme d'un bolter était déjà assez puissant mais dans un espace confiné comme celui-ci c'était une torture. Les armures noires des Astartes étaient illuminées par les flashs de leurs armes, projetant sur les murs les ombres des géants.
Le sergent Brüner appuya sur la queue de détente de son arme, une rafale de trois bolts partie sur les corps désarticulés des hérétiques. Ils perforèrent leurs chairs et explosèrent dedans. Le couloir était repeint de cervelle, d'entrailles et de sang. Les corps recouvraient l'arme lourde déposée au sol, la cachant.
Le sergent donna l'ordre de sa main droite à Lyderic et Johann de partir le long du couloir gauche pour le sécuriser. Sans un mot ils obéirent. L'officier des gardes impériaux arriva à la hauteur du sergent Brüner.
-Sécurisez les pièces derrière nous, nous nous retrouverons sur les toits. Ordonna Brüner.
Ils repartirent dans le couloir, piétinant les cadavres déjà démembrés.
La barre d'immeuble trembla encore. Un coup de canon de bataille venait d'être tiré. Tout proche. Comme pour lui répondre un autre coup tonna. Il était trop proche du premier pour que ce soit le même char. Les deux chars se tiraient dessus à bout portant dans un combat rapproché dans les rues de la ville. Le sergent Brüner était devant une porte en métal, dans un escalier de maintenance d'un bâtiment impérial. Le chapelain Markus derrière lui. Il rechargeait son pistolet bolter. Son chargeur à moitié peins atterrit dans sa sacoche de récupération et en rechargea un nouveau.
-En position. Indiqua le sergent sur le vox de son escouade.
Tous lui répondirent par l'affirmative. Le binôme de Lyderic venait à l'instant d'arriver lui aussi en position.
-Maintenant !
Il enfonça de l'épaule la porte blindée qui sauta de ses gonds pour s'écraser sur le toit. Il s'engouffra sans une hésitation, et parti sur la droite de la porte, il posa genoux à terre, bolter brandit. Le chapelain s'engouffra à sa suite, et parti sur la gauche. Les gardes hérétiques se retournèrent devant la menace qui surgissait de derrière eux. Ils étaient à l'air libre et venait de surprendre un détachement ennemis concentré sur la rue. Surement entrain de tirer et informer par radio les déplacements des chars impériaux dans les ruelles.
Brüner ouvrit le feu tout en avançant sur les soldats ennemis. Les bolts les broyèrent. Quand il arriva au corps à corps il asséna un violent coup de botte blindée dans le torse d'un soldat. Il volât par-dessus le parapet de pierre et alla s'écraser dans la rue, plus bas. Le chapelain massacrait avec son crozius les ennemis de l'Imperium, scandant des hymnes de bataille sacrés.
Sur les toits alentours la scène se répétait, les binômes de combats prenaient processions des bâtiments, et commençaient une fusillade acharnée vers les autres bâtiments encore aux mains de l'ennemi.
Il les talonnait de prêt. Marrick tirait obus sur obus. Sa tourelle endommagée avait beaucoup de mal à pivoter manuellement, entre chaque tir. Son pilote arrivait à distancer le char ennemi dans les ruelles. Frère Rudikher ne pouvait rien faire contre le monstre blindé. Il n'avait pas l'armement pour. Il fallait donner une chance à Marrick de détruire ce char volé.
Un cadavre hérétique s'écrasa sur le toit du Rhino, dans une gerbe de sang. Rudikher regarda vers les toits et aperçu l'armure noire de son sergent. Au moins il n'avait plus à se soucier des tirs venant des hauteurs. L'hérétique écrasé sur son véhicule bougeait encore, la colonne et les jambes surement cassées. Il le saisit par les cheveux et le tira vers la rue qui défilait, le jetant sur le pavé sans ménagement. Il fut broyé par les chenilles du char de Marrick qui le suivait et tirait en même temps.
Le sergent Brüner risqua un coup d'œil par-dessus le parapet. Le char ennemi passait juste en dessous au même moment et tirait sur les arrières des blindés impériaux. Le char de Marrick tira. L'obus rebondit sur le blindage, l'obus parti en l'air et défonça le parapet où se tenait le sergent, il continua sa course dans les airs loin de lui. Il vida son chargeur sur le haut de la tourelle du char hérétique. Sans dommage. Soudain il fut pris à parti par un tir soutenu du toit d'une autre barre d'immeuble. Les lasers crépitèrent sur la pierre, la noircissant. Son armure encaissa quelques tirs, et mis genoux à terre et entreprit de répondre à l'agression par des tirs précis de bolter. Les gardes impériaux qui les suivaient arrivèrent par la porte arrachée et prirent position sur les flancs du sergent, tirant des salves de lasers disciplinées.
-Force au sol, ici Defiance, réapprovisionnement terminé. Sommes en route, tenez bon. Résonna dans l'oreillette de Brüner.
-Lieutenant Marrick, nous allons bifurquer vers la droite, et vous continuerez tout droit, nous allons essayer de le prendre à revers pour vous ouvrir une fenêtre de tir plus favorable. Voxa le frère Rudikher.
-Bien reçu. Nous n'allons pas encore tenir très longtemps.
Comme pour ponctuer sa phrase son canon tonna. L'obus manqua complètement sa cible et explosa contre l'angle d'une petite maison bordant la route. L'explosion noya le char ennemi sous une douche de poussière. Il perdit le contact visuel pendant l'espace de quelques secondes le temps de la traverser. Il tira à nouveau, sur la position supposée du char de Marrick. Le tir les manqua.
Le Rhino tourna à droite, dans une ruelle très serrée. Les murs se rapprochèrent dangereusement du blindage de flanc du char. S'ils continuaient comme ça ils se retrouveraient coincés entre deux murs hauts de plusieurs mètres sans pouvoir ni faire marche avant ou ni marche arrière.
-Halte, coupez le moteur, on les laisse passer.
L'atmosphère de l'habitacle était suffocante. Les tirs répétés du canon principal crachaient une fumée âcre qui avait du mal à être évacuée par les filtres endommagés. Le canon tonna à nouveau, le chargeur actionna la manette, la douille sortie de la culasse avec fracas, et rebondit sur le plancher du char. La douille venait d'écraser le cadavre mort du précédent chargeur. Mais personne n'avait remarqué devant l'urgence de la situation. Marrick avait les yeux rivés sur les optiques encore fonctionnels de sa tourelle. Le char ennemi volé était surement piloté par un expert, mais le reste de son équipage était novice. Il rechargeait une seconde trop tard. Les mouvements de sa tourelle étaient erratiques. C'était surement grâce à cela qu'ils étaient encore en vie.
-En approche !
Son pilote actionna la manette de la chenille gauche d'un coup sec, le char dérapa, esquivant l'obus en approche. Il toucha le pavé devant la chenille du Leman Russ, le pavé fut pulvérisé. Il roula dans le cratère nouvellement crée, ses suspensions lutèrent pour négocier l'ornière.
Les deux chars luttant à mort venaient de passer devant Rudikher et son Rhino. Il frappa trois fois sur haut de sa tourelle, les moteurs reprirent vie. Crachant leurs fumées bleutées toxiques. Le Rhino parti dans un dérapage en marche arrière grâce à la puissance motrice du moteur. Il sorti de la ruelle sombre dans laquelle il était entré et commença à poursuivre le char volé.
-Nous sommes derrière lui, à mon commandement vous tournerez à gauche, il vous suivra. Chargez un obus explosif Marrick et tenez-vous prêt à tirer.
Marrick reçu le message par vox. Il avait peut-être mal entendu, avec le vacarme ambiant. L'Astartes venait de lui demander de charger un obus explosif. Mais c'était inefficace contre un monstre blindé tel qu'un Leman Russ. Qu'importe, il s'exécuta et donna l'ordre à son nouveau chargeur qui le regarda avec stupeur.
-Exécution ! Et attendez mon ordre pour tirer. Tenez-vous prêt.
Le moteur du char Rhino hurlait pour rattraper son retard sur les deux chars. Il fonçait tel un bolt dans la rue pavée, soulevant un nuage de poussière et sable sur son chemin. Il venait de dépasser la soixantaine de kilomètres par heures et remontait vers les deux blindés très rapidement. Rudikher rentra dans le blindé et ferma l'écoutille.
-Préparez-vous à l'impact. Ordonna-t-il à ses hommes.
Son pilote souri sous casque, le radio se cramponna aux arceaux de la cabine, Rudikher boucla ses sangles de protections de son siège et saisit la poignée de l'écoutille.
Le char de Marrick dérapa vers la gauche. Il était arrivé trop vite dans le virage, l'obus en approche frappa la devanture du magasin qui faisait l'angle. Il explosa dans une tempête de d'échardes, de gravas et de shrapnels. Le char ennemi dérapa à sa suite, exposant son flanc gauche au Rhino lancé à pleine vitesse.
Il le percuta de plein fouet. Le métal contre le métal. Blindage contre blindage. Le choc fut tout simplement cataclysmique. L'équipage du Rhino fut projeté en avant devant la décélération soudaine. Drescott, le radio du char heurta avec son casque un rebord de métal. Il dut perdre connaissance une fraction de seconde, sa tête pendait mollement, puis il reprit connaissance. L'éclairage de l'habitacle se coupa une seconde ou peut-être plus. Le char ennemi avait pris le choc sur son flanc. Ses chenilles avaient dérapé sur une bonne dizaine de mètres, et il avait percuté le magasin qu'il venait de détruite à l'instant. Il était immobilisé entre le Rhino, toujours moteur hurlant, ses chenilles d'adamantium mordant sur le pavé, et le magasin. Un étau de métal. Il était pris au piège mais pouvait toujours se défendre. Son équipage devait être sonné lui aussi, peut-être y avait-il aussi des morts, mais sa tourelle commença à pivoter lentement vers le transport Rhino qui le maintenait prisonnier contre la façade en ruine.
Le char de Marrick s'arrêta brusquement. Le char qui les poursuivait venait d'être fauché par les Astartes. Ils étaient immobiles. Une cible parfaite. Le chef de char Astartes émergea de sa tourelle, et regarda dans sa direction, c'était le bon moment. Un tir facile.
- Immobilisez-le.
Marrick voyait dans ses optiques l'Astartes lui donner l'ordre, la main sur son oreillette. Le Rhino commença une manœuvre pour s'éloigner du char hérétique bloqué, c'est à ce moment qu'il tira à bout portant sur le Rhino. Le canon de la tourelle n'avait pas un angle optimal pour tirer sur le char qui l'avait percuté. L'obus fila vers le compartiment passager, s'il y avait encore eu des membres de l'escouade, cela aurait été un massacre. L'obus perfora le compartiment pas au-dessus, le traversant de part en part, et perfora la rampe. Il explosa quand il ressorti de la rampe, laissant un énorme trou aux bords tranchant et brulant. Le transport continua sa marche arrière pour se dégager de l'étreinte mortelle du Leman Russ. Marrick donna l'ordre :
-Feu !
-Envoyé !
L'obus explosif fila vers le char arrêté. Il toucha le montant de la chenille droite qui vola en éclat sous l'explosion brutale. Les pignons de roulement volèrent en éclats. La chenille explosa et fracassa le pavé sous son poids quand elle sortit de son axe. Le Contempt reprit sa marche avant, fonçant pour rattraper Marrick qui commençait à repartir. Sa mission accomplie. Le char ennemi tenta d'aligner son canon sur les chars qui se repliaient, mais il heurta le mur du magasin contre lequel il était encastré. Il fit hurler son moteur pour avancer mais n'avança pas d'un mètre. Il était immobilisé et ses ennemis échappaient à ses griffes. Le chef de char ouvrit sa tourelle, il estimait qu'il ne pouvait plus accomplir sa mission, son char étant inutilisable. Il mit un pied en dehors de son blindé quand le missile frappa le bloc moteur.
Le char et les bâtiments adjacents furent oblitérés par la puissance du missile hellstrike. Le magasin ainsi que l'immeuble au-dessus s'écroula, ensevelissant la carcasse fumante en dessous. Le carrefour fut soufflé entièrement, les fenêtres des maisons qui n'étaient pas brisées, volèrent en éclats sur un rayon de deux cents mètres Une vague de poussière rattrapa les deux chars mal en point dans la rue, les noyant dedans. Ils sentirent l'onde de choc de l'explosion jusque dans leurs os, malgré l'épaisseur du blindage. Un champignon de flamme et de fumée s'élevait derrière eux.
-Ici Defiance, ennemi détruit.
-Allons chercher nos hommes lieutenant. Rudikher coupa la communication.
Les soldats ennemis avaient fui devant le retour de la couverture aérienne du Thunderhawk Defiance, désertant les toits et les nids d'armes lourdes. Le sergent Brüner se releva, rechargea son arme, laissant tomber son chargeur vide en bas du parapet. Il alla rebondir sur le trottoir recouvert de sable. Il regarda les alentours. Sur les toits voisins ses hommes sortaient de leurs couverts et observaient eux aussi. Les cadavres éventrés et désarticulés parsemaient la rue. Une fumée noire et grasse montait des carcasses fumantes du transport chimère et du Leman Russ détruit. Les ronronnements des moteurs des véhicules impériaux dispersés se firent entendre, ils revenaient chercher les troupes impériales à couvert.
Le sergent avait entendu et aperçu des bruits et des flashs d'explosions, vers là où il se dirigeait, lui et sa colonne de char. Vers la dernière position connue du colonel cadien. Il prit une capture pix de la zone désignée, l'esprit de la machine en calcula des coordonnées. Il les transmit au Thunderhawk en survol loin au-dessus d'eux.
-Defiance, ici force au sol. Survol demandé de la zone indiquée. Appuis à toute unité impériale. Terminé.
Ils avaient essayé de contacter les forces survivantes du colonel régulièrement, mais sans succès. Leurs moyens de communications à longue distance étaient peut-être endommagés. Les véhicules impériaux surgirent dans la rue et s'immobilisèrent devant les bâtiments cibles. Les gardes impériaux parurent soulagés, certains s'autorisèrent à boire à leur gourde, d'autre s'allumèrent une cigarette.
-Aller, debout la troupe, vous n'êtes pas payé à l'heure, on a encore beaucoup de travail à faire aujourd'hui. Commença à crier leur officier.
Malgré la situation désespérée dans laquelle ils étaient, ils gardaient leur moral aussi haut que possible, ils se battaient bien, échangeaient même des blagues entre eux. Pourtant ils étaient dans une ville hostile, sur une planète hostile, en sous nombre, encerclé par des forces inconnues en nombre, parti secourir leur officier supérieur, lui-même encerclé et acculé, et ils ne savaient même pas s'il était encore en vie. Ils descendirent des toits en trottinant, chahutant même dans les escaliers.
Le sergent Brüner retourna un cadavre hérétique du bout de sa botte. Il avait la face dans le sable. Il portait un équipement standard de garde, quoi qu'un peu usé. Son visage était figé dans un rictus de plaisir et aussi de douleur. Il remarqua qu'il n'avait plus aucune dent. Il se les était surement arrachées, et les avaient remplacés par des échardes de métal, qui c'étaient planté dans les gencives. Brüner regarda ça avec dédain. Pour lui ce n'était qu'une raison de plus de tous les massacrer. Il poussa le cadavre par-dessus le parapet et il alla rejoindre son chargeur vide, dix mètres en bas.
Le transport Rhino de frère Rudikher s'arrêta là où il les avait débarqués, quelques moments plus tôt. Ils montèrent dans le compartiment passager, maintenant ouvert par la balafre de l'obus perforant, aux éléments extérieurs.
-Frère Rudikher, je vous transmets des coordonnées, c'est surement notre objectif.
-Bien reçu frère sergent. Je vous conseille de vous ravitailler. Nous avons encore une longue route.
Brüner regarda derrière lui. Les gardes embarquaient eux aussi dans les transports chimère. Vu qu'un était détruit, il n'y avait plus assez de place dans les compartiments passagers intérieurs des deux autres. Le reste des soldats montèrent sur les toits des blindés, s'accrochant aux caisses de munitions, aux tronçons de rechanges de chenilles, et aux câbles de remorquages. Quand ils furent prêts, ils reprirent leur progression, le Contempt en avant. Marrick le suivit. La ville était étrangement calme. Le silence approximatif venait être troublé par le bombardement lointain du Thunderhawk Black Templar qui appuyait les autres colonnes de chars, ou détruisait une cible suspecte au sol.