Black Templar Tome I

Chapitre 14 : Contrecoups

5734 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 17/12/2020 18:27

Retrouvez les autres chapitres sur : https://www.wattpad.com/story/210971996-black-templar


Retrouvez le Tome II sur : https://www.wattpad.com/story/251252843-black-templar-tome-ii







Le sergent monta difficilement sur la dalle, la faille dans le Warp rougeoyait encore, ses bords s'étant ressoudés. Son sang coulait dans ses jambières, son organisme luttait pour endiguer la perte de sang. Ses cellules de Larraman, envoyait des globules blancs chargés de cellules génétiquement créées pour stopper la perte de sang à toute ces entailles. Des os de son corps étaient brisés, la douleur froide et lancinante, l'empêchait de marcher normalement, il boitait. Mais il était vivant.


-Rassemblement ! Quand il prononça ces mots, il toussa deux fois, et cracha du sang à l'intérieur de son casque, mouchetant l'affichage de gouttelettes vermillon. Ses guerriers approchèrent. Tous dans des états identiques ou pire que le siens. Le Chapelain Markus fut le premier à ses côtés, son épaulière gauche, avec laquelle il avait poussé la lame du sergent dans les chairs du démon, grésillait et des étincelles en sortaient par intermittences, on pouvait voir les mécanismes internes, l'huile de lubrification des circuits se mélangeant au sang qu'il perdait de son épaule.


Il ne portant plus son casque, du sang coulait des coins de sa bouche et entachait sa barbe déjà sombre. Dord arriva ensuite, il boitait aussi, s'aidant de son bouclier cabossé et maculé de sang et d'immondices comme d'une béquille. Tantion derrière lui, son paquetage dorsal ne tenait encore à son armure que par miracle, ne fournissant presque plus d'énergie à son armure, elle était comme un poids mort sur son corps endoloris, mais toujours fidèle à lui-même, il ne prononça aucun mot. Lyderic arriva à son tour, il tenait fermement frère Hank sous son bras, Dord se précipita pour soutenir le frère Hank. Ils le déposèrent au sol, il était haletant, frère Gauron arriva à son tour et se précipita aux chevets de frère Hank. Enfin arrivèrent Luther, Maximilian et Konrad, frère Johann fermait la marche, leurs armures cabossés, leurs chairs blessés. Mais ils tenaient encore debout malgré tout. Frère Johann était celui qui avait connu le moins de blessures de cet affrontement, il était arrivé tardivement et sans son appui ils ne seraient plus de ce monde. Il tenait son bolter lourd de la main gauche et de l'autre un pistolet bolter. Son arme principale était totalement vide. Mais il restait alerte, sur le qui-vive.


-Peut-il marcher apothicaire ? S'enquit le sergent d'une voix calme et posée après cette bataille où les cris avaient fusés comme les balles.

-Je viens de lui administrer un sérum. Il pourra marcher. Nous aurons tous besoins de soins une fois rentré.

-Je peux marcher frère sergent, murmura frère Hank en se relevant, je peux le faire car je dois le faire.

-Remontons à la surface.


Ils reprirent le chemin dans l'autre sens, recroisant les charniers le long du sentier de la mine. Ils gravirent la pente en silence, leur accession dura une heure tout au plus, quand ils aperçurent la lumière du soleil. Abandonnant la grotte, ses cadavres et ses rituels hérétiques. La galerie déboucha sur la salle principale du donjon, comme ils l'avaient laissé, les cadavres des soldats hérétiques fauchés par leurs bolts, étalé sur les barricades de fortunes ou coupé en deux par la violence de l'assaut. Les communications revinrent à la vie, des rapports de situations de la garde saturaient les réseaux. Les nombreuses demandes de clarification de la situation du Revenant apparurent sur l'affichage du sergent. Ils sortirent par la porte du donjon et s'arrêtèrent sur l'esplanade, couverte de cendres, de cadavres, de douilles et de sang.


Il pleuvait, la chaleur des incendies de la forteresse faisaient fondre la neige qui continuait de tomber sur la région. Le spectacle qui s'offrait à eux fut saisissant. Un régiment complet de la garde entrait par la grande porte effondrée, prenait possession des lieux. Des escouades de gardes se dispersaient dans la boue de la cour intérieure, allant aux quatre coins de la forteresse, éteindre les incendies ou sécuriser une cache d'armes. Des chimères et des Leman Russ tournaient au ralenti dans la cour, leurs blindages perforés avaient connu des jours meilleurs. L'ascension de la montagne avait été éprouvante pour tout le monde. Les Astartes se postèrent en arc de cercle sur l'esplanade, contemplant de toute leur hauteur le spectacle de la machine impériale à l'œuvre. Les gardes les remarquèrent, un siffla vers un autre pour attirer son attention, il écarquilla les yeux de surprise en les voyant, détourna le regard et parla dans son vox.

La soute d'une chimère aux couleurs Cadiennes s'ouvrit et une escouade de commandement en sorti, courant dans la boue à leur rencontre. La redingote de l'officier supérieur se retrouva aspergée de pluie et de boue à cause de leur course effrénée. Le suivait un commissaire, d'un pas léger et régulier, issu d'une expérience des combats par tous les temps, l'escouade les suivait de près.

Ils arrivèrent haletant devant les Astartes, sauf le commissaire. Tous mirent genou à terre, tête vers le bas en signe de déférence.


-Relevez-vous colonel. Dit le sergent d'un ton grave et autoritaire. Sa voix fit sursauter le garde.

-Mon seigneur, vous avez disparu des communications depuis trente-sept minutes. Nous allions envoyer une équipe de reconnaissance dans les tunnels à votre recherche.

Trente-sept minutes ? Il regarda son chronomètre de mission, cela faisait plus de deux heures qu'ils s'étaient enfoncés sous la montagne. C'était l'œuvre d'une puissante sorcellerie. L'endroit devait être maudit. Il décida de ne rien dire, ses hommes ne trahissant aucune émotion derrière lui.

-Négatif, Colonel, je veux que vous bloquiez immédiatement l'accès à ces tunnels. Mettez en place une surveillance vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Une garnison de soldat doit se tenir prêt au moindre incident. Rien, ni personne ne doit entrer ou sortir de ces tunnels.

-Mais je...

-Ai-je été assez clair colonel ?

-Seigneur je ne comprends pas, je...

-Commissaire. Il se mit au garde à vous dans un réflexe conditionné. Mettez aux arrêts le colonel pour manquement au devoir et non-respect d'un ordre direct. La peine adéquate pour cette trahison sera dispensée par vos soins. Je vous nomme officier supérieur de ce régiment. Je contacterais la très sainte Inquisition, vous garderez ce lieu jusqu'à recevoir un ordre direct et confirmé émanant de leur autorité. Dois-je répéter mes ordres ?

-Cela ne sera pas nécessaire mon seigneur. Il s'inclina. Et commença à hurler ses ordres vers la troupe qui regardait le spectacle en bas. Le colonel fut ceinturé par ses anciens soldats, et mis aux fers. Son ancienne escouade de commandement l'escortait à l'arrière de sa chimère garée au milieu de la cour. Le sergent activa un canal vox vers le Revenant. Il allait prendre la parole quand un cri de terreur fut brutalement interrompu par une détonation. Le corps sans vie du colonel retomba face dans la boue, ses pieds dépassaient de l'arrière du blindage de la chimère. Le commissaire venait d'appliquer la loi de l'Empereur. Il n'aura pas la chance d'avoir des funérailles dignes de son rang, il sera laissé là, à pourrir et nourrir les rats.

-Revenant, ici Avant-Garde 2-9, extraction d'urgence sur la position de la forteresse. Préparez le l'astropathe pour un message urgent. Mettez en place un blocus atour de cette planète, faites passer le mot aux vaisseaux en orbite. Rien ne doit quitter ou entrer sur cette planète. Apposez le sceau de l'Inquisition. Cette planète n'existe plus.

-En approche.


Tous levèrent leurs heaumes vers le ciel. Un boum hypersonique explosa dans les cieux. Le cuirassé blindé perça la couche nuageuse à toute allure pour foncer vers la forteresse en feu. Les gardes impériaux s'arrêtèrent dans leurs besognes pour regarder le monstre volant qui approchait. Il était d'un noir de jet, sur ses flancs trônait fièrement l'héraldique des Black Templar d'un blanc pur et éclatant. Sa coque était recouverte de minuscules insignes des croisés et de textes religieux. Des centaines de scribes et d'esclaves avaient passés de longues heures de pénitence en sanctifiant l'antique blindage. Le métal du blindage qui venait de traverser l'atmosphère de la planète, était chauffé à des températures incroyables. Les boucliers thermiques étaient rentrés en action et ils refroidissaient au contact de l'air glacé de la montagne. Le Thunderhawk traversa une épaisse colonne de fumée noire qui s'élevait haut dans le ciel depuis une tour en flamme. Il commença un large virage pour amorcer une descente et un atterrissage au milieu de la cour. Quand il arriva à une dizaine de mètres du sol, à toute vitesse, les tuyères de ses réacteurs chauffées eu rouge, ralentirent d'un coup quand ses rétrofusées entrèrent en marche. Elles s'orientèrent vers le bas progressivement pour porter la masse du cuirassé. Il commença à se rapprocher du sol. Tout au long de sa descente, les bolters lourds fixés au bout de ses ailes, scrutaient les alentours, à la recherche de la moindre menace, dans cette forteresse pourtant aux mains impériales. C'était durant l'atterrissage qu'ils étaient le plus vulnérable. Ses rétrofusées diminuaient leurs poussées au fur et à mesure de son approche. Les flammes des tuyères commencèrent à lécher le sol. Faisant s'évaporer les flaques de boue et d'eau dans des geysers de vapeur. Les patins d'atterrissages se déployèrent dans des fumées de graisses à essieux surchauffées. Il toucha le sol. Ses rétrofusées se turent. Les amortisseurs supportèrent son poids dans un atterrissage, rapide et précis. Les patins des trains s'enfoncèrent dans la terre molle de la cour de la forteresse.


-Defiance, au sol.


L'énorme porte de sa soute, située sous son cockpit s'ouvrit vers l'extérieur, dans un nuage de vapeur. La porte blindée toucha le sol, donnant sur l'intérieur du Thunderhawk millénaire, ses tourelles à bolters lourds fouillaient encore la zone, mettant mal à l'aise les soldats autour quand ses optiques les pointaient et analysaient leur comportement. Ils embarquèrent, sur deux rangs, et prirent place dans le compartiment passager, le sergent fut le dernier à fouleur le sol de ce monde, ses bottes métalliques résonnèrent sur le sol blindé de leur transport. La porte de la soute commença à se refermer. Grâce aux caméras disséminées dans les centres névralgiques du vaisseau Astartes, Hasmond, le pilote, put voir que l'escouade de croisés était au complet. Sans attendre le pilote relança les moteurs qui n'avaient pas encore eu le temps de refroidir complètement dans un son rauque et puissant ils revinrent à la vie. Le sergent s'accrocha aux arceaux de la soute, ses bottes fermement arrimées magnétiquement au sol. Les rétrofusées furent poussées dans leurs retranchements, arrachant le cuirassé du sol. Quand ils furent assez hauts dans le ciel, elles se coupèrent et les moteurs principaux prirent le relais. Les Astartes furent poussés dans leurs sièges sous la violence de l'accélération, le sergent s'accrocha fermement. Il put voir le sol s'éloigner à très grande vitesse et la porte se referma, pressurisant le compartiment. Le sergent remonta la file de ses hommes assis en silence, il examina au passage chacun d'eux. Ils avaient tous des blessures plus ou moins grave, mais ils avaient tenu bon. Ils c'étaient battus avec honneur et avaient vaincu. Et il avait de nouvelles informations. Il s'assit en face du chapelain, qui le fixait intensément à travers les optiques de son casque, il le savait. Il lui rendit son regard, lui aussi à travers les optiques de son casque. Ils firent le trajet de retour en silence. Ils venaient de quitter ce monde.


Le Thunderhawk entra dans le Revenant traversa le bouclier atmosphérique du vaisseau, qui gardait l'oxygène et une atmosphère respirable dans le hangar et repoussait le froid du vide interstellaire à l'extérieur du croiseur d'attaque. Le hangar était presque vide, le Thunderhawk ralenti jusqu'à arriver à son emplacement. La délégation les attendait.


Les portes de la soute s'ouvrirent dans un nuage de vapeur et le bruit de la dépressurisation. Le métal claqua contre le métal, le son résonna dans tout le hangar.

Douze silhouettes en armure complète en émergèrent. Le sergent en tête, ils descendirent la rampe et s'immobilisèrent en un arc de cercle parfait. Les serfs du chapitre les attendaient, comme l'étiquette le voulait. Il était tous vêtu de bures noires, attachés par de grosses cordes sur le devant de leurs tenues, l'habit standard d'un serf. Quand les Astartes, leurs maîtres, touchèrent le sol, tous mirent genoux à terre, la tête bien basse. Les trente serfs qui avaient l'honneur de porter sur leur épaule, le massif piédestal supportant la bannière de leurs maîtres, mirent aussi genoux à terre malgré le poids, sans un son. Les servitors qui s'affairaient sur les réparations du Thunderhawk de transport, stationné un peu plus loin, s'arrêtèrent dans leur tâche et se tournèrent vers la procession. Ils baissèrent la tête en signe de déférence. Les servitors qui comptaient procéder à l'entretien et la maintenance du Defiance, attendirent dans les ombres.

La bannière était gigantesque et impressionnante. Dans des proportions colossales, environ dix mètres sur sept. Elle était simple, sans ostentation comme certains chapitres Astartes le faisait. Elle fut cousue par des saints, des enfants pures, que le chapitre avait sauvés des griffes d'ennemis de l'Imperium. Ces enfants étaient entrés au service du chapitre pour rembourser la dette à vie qu'ils avaient contractée auprès du chapitre. Ils avaient fait vœux de silence après les atrocités qu'ils avaient vu, et certains avaient fait vœux de cécité, et avaient passé leur vie avec un bandeau sur les yeux. Pour ne plus voir les horreurs de la galaxie. Ils étaient devenus des orfèvres, utilisant tous leurs autres sens pour rendre honneur au chapitre.

Son fil noir, fin et délicat, avait été trouvé dans un monastère béni, sur une planète reculée. Elle était brodée de minuscule petite croix blanche, des milliers de petites croix blanches et pures, symbole des Black Templar. En son centre trônait une immense croix d'un blanc éclatant et pur. La tradition voulait que sur les côtés de l'insigne qui trônait au centre de la bannière soit cousu de fils d'or étincelant les exploits, les batailles gagnées et les noms des morts. Sur le côté gauche de l'immense croix blanche, brodé fièrement une seule ligne, de quelques mots. Le lieu, la date de la victoire remportée contre les Eldars, quelques mois plus tôt. Un lieu, une date. Pour la gloire, l'honneur, et le souvenir. Pour le chapitre et l'Empereur immortel.

La hanse en adamantium pure de la bannière était enchâssée dans un crâne immense d'un tyrannide, le transperçant de part en part. Ce crâne trônait au sommet d'un monticule de crânes d'ennemis vaincus, on pouvait y trouver des cranes d'Orks ou d'humains. Le tout formait un solide socle dans lequel la bannière de l'expédition flottait aux yeux de tous. A son sommet, un immense aigle bicéphale, symbole impérial, dominait la scène, la lumière se reflétait sur ses ailes polies par les mains des serfs du chapitre.


Ce fut aux Astartes à leur tour de mettre genoux à terre, devant le symbole sacré. Les serfs toujours genoux à terre, commencèrent un chant religieux, profond et mélodieux. Le chant parlait d'une époque révolue, de guerriers invincibles, de victoires arrachées à des prix immenses, et du deuil des frères perdus. L'acoustique de l'immense hangar, réverbérait le chant et le rendait angélique, aérien et décuplait sa beauté. La fumée des encensoirs que portaient les serfs embaumaient l'assemblée.

Cette procession se devait d'être présente à chaque départ en opération et à chaque retour de leurs maîtres. La vie des serfs était dédiée au chapitre. Ils n'avaient pas réussi les tests pour devenir des surhommes, ou n'avaient même pas essayé. Ils avaient quitté leurs planètes, leurs familles, et vivaient maintenant dans ce vaisseau. Ils devaient vivre avec le poids de la honte de leur échec et se rachetaient chaque jour, par leur travail, leur dévotion, et leurs prières. Les Astartes se relevèrent, et se dirigèrent vers le fond du hangar, les portes blindées s'ouvrirent sur leur passage. Ils disparurent dans les entrailles du vaisseau.

La porte automatique reconnu son empreinte génétique, et s'ouvrit dans un battement de cœur. La pièce était baignée dans une lumière tamisée. L'air était froid. Glacial. Les coursives des vaisseaux spatiaux n'étaient pas chauffées. Cela s'avérait trop consommateur en énergie. Seuls quelques points névralgiques, tels que les salles de repos, les armureries, ou bien le pont principal étaient chauffés par le surplus de chaleur des réacteurs actifs. Sa pièce était meublée de façon spartiate. Un lit, simple, deux tabourets aux dimensions des Astartes, un bureau, où étaient rangés, quelques livres sur l'art de la guerre et de poésie. Un râtelier d'armes vide, et au fond de la pièce, un rangement, tout en bois sombre et solide pour son armure.

Son serf personnel se leva précipitamment du sol, il n'était pas autorisé à s’asseoir sur les chaises ni le lit. Il se devait d'attendre son maître malgré le froid mordant de la pièce. Il mit tout de suite genou à terre, et salua son maître. Il était entré à son service il n'y a que quelques mois. Beaucoup d'Astartes prenait un ou plusieurs serfs du chapitre pour les faire leurs serfs personnels. Ils s'occupaient de leur équipement, de l'intendance, et des affaires de leurs maîtres en leurs absences. C'était un honneur d'être à leur service, aussi bien que dans le vaisseau et au sein du chapitre, être le serf d'un Astartes donnait droit à des passes droits et certaines faveurs. Cela donnait presque l'aura d'intouchable. Mais cela impliquait aussi de grandes responsabilités.


- Relève toi, serf. Prend mes armes. Et enlève mon armure. Dit le sergent.


Le serf s'exécuta. Il prit le bolter tendu par l'Astartes. Il dut le prendre à deux bras, et arc-bouta sous la charge. Il était massif, lourd et encombrant pour un humain normal. Pour un Surhomme ce n'était qu'une arme, un outil. Pour le serf c'était un fardeau. Mais il le prit, les manches de sa toge sur ses mains, pour que sa peau n'entre pas en contact avec le métal béni avec lequel l'arme de son maître avait été forgée. Il la déposa sur le râtelier d'arme. Le sergent lui tendit son pistolet bolter, ainsi que les sacoches de munitions, et les chargeurs vides, qu'il s'empressa de déposer dans les logements adéquats. Le sergent rangea lui-même son épée. Lui seul pouvait la toucher ou la manipuler, c'était un des principes, et une des règles qu'il lui avait inculquées dès qu'il était rentré à son service. Il la déposa au centre du râtelier.

Le sergent mis genoux à terre pour être à bonne hauteur. Le serf couru chercher les outils pour retirer l'armure de son maître. C'était un travail minutieux de retirer une armure Astartes. Elles étaient faites pour résister à n'importe quel dommage, presque invulnérable à un grand type d'armes. Il retira en premier le casque de son maître, dès que les attaches furent retirées, dans un souffle de dépressurisation, l'odeur du sang séché embauma la pièce. Son maître avait été blessé au crane. Le spectacle qui s'offrit à lui le fit frissonner de surprise. Il s'immobilisa sous le choc. Le Sergent le remarqua.


-Qui-y-a-t 'il ? demanda le Sergent.

-Vous êtes gravement touché à la tête monseigneur, je pourrais appeler le seigneur apothicaire sur le champ pour qu'il vous examine.

En effet, une partie de l'os du crane du Sergent c'était enfoncé vers l'intérieur sous la violence d'un choc lors du combat contre le démon.

-Pas la peine, d'abord l'équipement, ensuite mes blessures.

-Bien mon seigneur. Acquiesça le serf. Et il se remit au travail.

Le serf s'escrima à déboulonner les épaulières, le gorgerin, les plaques pectorales. Chaque pièce étaient rangées sur le mannequin de pierre, aux dimensions de son maître, au fond de la pièce. Quand il eut terminé, il actionna une rune enchâssée dans le mur. Le mannequin de pierre maintenant en armure complète recula tout doucement jusqu'à rentrer dans une alcôve prévue à cet effet. Une porte de métal le fit disparaître et se referma sans un bruit.

-Occupe-toi de mon armure, répare là, nettoie là. Va demander de l'aide au frère Techmarine si tu as besoin. Je t'appellerais si j'ai encore besoin de toi. Je m'occupe de mes armes. Tu peux disposer. Termina le sergent d'une voix qui ne laissait aucune place à une autre réponse que l'affirmative.

Le serf s'inclina et sorti de la pièce en reculant, ne présentant jamais son dos à son maître. L'armure complète était déjà en train d'être convoyée par des ascenseurs et monte-charges dissimulés dans les murs à l'atelier du serf, situé des étages plus bas, plus profondément dans le vaisseau. Sous la chambre personnelle de son maître.


Il enfila une robe simple, noire comme la nuit sur son corps meurtri par les combats, et s'attela à l'entretient de ses armes. Il passa de longues heures à nettoyer lames, et armes à feu. Graissant chaque pièce, chaque ressort, nettoyant de toutes impuretés les composants de ses outils de mort. Au plafond, il avait activé son encensoir, pour calmer les esprits de la machine de ses armes. Il priait tout en se chargeant de sa tâche. Brüner aimait ces moments, où il pouvait réfléchir dans un silence complet, quoi que le ronronnement des moteurs des kilomètres plus loin, se fasse sentir et entendre. Ses mains se chargeaient de la tâche sans que son cerveau n'ait à lui indiquer quoi faire. C'était devenu au fil des années, un réflexe musculaire, une extension de sa volonté.

Du simple garde impérial aux surpuissants Astartes, le code militaire était simple, au retour d'une mission le soldat se devait d'entretenir son équipement pour une nouvelle mission, et cela avant de pouvoir dormir ou même manger. Le fusil du soldat passait avant son bien-être, et ainsi soit-il dans cette galaxie. Le Sergent mit en pratique ce principe.


Le démon qu'ils avaient affronté avait dit qu'il savait que ses croisés « La » cherchaient. Qu'ils cherchaient dans la mauvaise direction. Mais que certains de ses frères avaient été sur la bonne piste. Ce pourrait-il qu'une autre expédition d'expiations comme la sienne ai été sur la bonne voie ? Non cela ne pouvait être. C'était les paroles d'un infâme démon, il mentait comme il respirait. A moins qu'il dise la vérité. Mais pourquoi dirait-il cela ? Serait-ce un piège ? Peut-être. A moins que lui aussi La cherchait. Qu'il veuille mettre la main dessus.

Une diode s'alluma prêt de la porte d'entrée de ses quartiers, quelqu'un attendait dehors. Le coupant son flot de pensées, de ses rêveries et de son monologue intérieur, il reposa son bolter qu'il avait remonté et nettoyé depuis longtemps. Il ne faisait que le polir depuis de longues minutes avec un chiffon propre, machinalement. Il le rangea et alla ouvrir la porte.

Le frère Apothicaire entra dans les quartiers du Sergent Brüner. Il était vêtu d'une simple toge noire de prière, l'habit réglementaire des Astartes quand ils n'étaient pas en opération. Il avait des profondes entailles sur le visage, une lui courait du haut de la tempe jusqu'au milieu de la joue gauche. N'ayant pas perdu de temps pour se soigner lui-même, préférant soigner les autres croisés, treize agrafes de métal fermait sa blessure. Une belle cicatrice viendrait décorer son visage. Ses cheveux blonds coupés court, était collé dans sa nuque par du sang séché. Lorsqu'il franchit le pas de la porte blindée, Brüner put voir qu'il boitait légèrement, presque imperceptiblement à l'œil nu. La bataille avait meurtri les chairs de tous ses guerriers.


-Puis-je ?

-Bien entendu. Lui répondit le Sergent. Et il lui montra la deuxième chaise vide à ses côtés pour qu'il puisse s’asseoir.


Frère Gauron posa sur le bureau les deux sacs qu'il avait emmenés avec lui. Quand le premier toucha le bureau, le bruit d'une bouteille en verre se fit retentir. Le sergent le regarda avec une expression interrogative, frère Gauron lui rendit son regard et lui sourit de toutes ses dents.

-Un remède qui soigne aussi bien le corps que l'esprit.

Le Sergent acquiesça et sourit intérieurement. On pouvait compter sur frère Gauron pour accomplir sa part, et bien plus encore. C'était un frère dévoué, franc, et jovial. Un guerrier qui pouvait se montrer brutal sur le champ de bataille mais calme et affable avec ses frères. Le sergent sorti deux verres en Crystal. Deux verres anciens, ciselé des mains d'un orfèvre longtemps oublié. C'était des verres bas et carrés, de ceux qu'on utilise pour boire des alcools forts, autres que du vin. Le Sergent se saisit de la bouteille, et commença à verser l'alcool brun et puissant dans les verres.


-Votre rapport s'il vous plait frère Apothicaire.

-Tous vos soldats se sont rendu à l'Apothicarion, j'ai pu soigner toutes les blessures, aucune séquelles graves et irréversibles ne sont à déplorées. Il faudra seulement du temps pour les guérir. Nous avons eu beaucoup de chance.


Le sergent inspira profondément et souffla, pour chasser toute la tension accumulée depuis le début de la mission. Aucun de ses hommes n'était blessé gravement. Loué soit l'Empereur.


-La chance n'y est pour rien. Buvons frère.


Ils firent tinter leurs verres respectifs contre l'autre, une tradition de l'ancienne Terra. Le tintement semblerait-il dû éloigner les démons et la malchance. Le sergent fit couler le liquide vers ses lèvres, il ferma les yeux pour apprécier l'arôme du liquide. Quand il ferma les yeux, l'espace d'une seconde il revit l'intérieur du module d'atterrissage en flamme, la descente non contrôlée vers la surface, le bruit des tirs anti-aériens contre la coque. Une autre seconde après il revit le démon cornu hurlé sa rage dans la caverne. Il rouvrit les yeux. Il était bien à bord de son vaisseau. Dans ses quartiers peu éclairés, avec son frère. L'alcool passa dans son œsophage, et le lui brûla légèrement.

Sa physionomie améliorée combattit tout de suite l'ingestion d'alcool. Un Astartes ne pouvait être soul, son organisme ne traitant pas l'alcool et le rejeta directement. Aucun salut dans la bouteille. Seulement le réconfort de pouvoir déguster le goût des plus grands vins et alcools. L'apothicaire ouvrit le deuxième sac qu'il avait posé sur le bureau, un servo- crâne en émergea et vint se positionner à trois mètres du sol dans le bourdonnement de ses répulseurs gravitiques. Frère Gauron en sorti aussi une sacoche contenant ses outils médicaux et de chirurgie.


-Je dois maintenant guérir vos blessures, frère Sergent. Surtout celle à votre crâne.

Il commença à déballer ses instruments sur la pierre froide du bureau, le servo- crâne s'activa, et une lumière blanche et crue sorti d'une de ses orbites, éclairant la blessure à la tête du sergent dans la pénombre de la pièce.

-C'est une vilaine blessure frère, votre os occipital est enfoncé vers l'intérieur sur plusieurs centimètres.

-Faites votre office frère Apothicaire. Nous pouvons discuter en même temps.

L'apothicaire se mit au travail. Il commença par raser les cheveux brun coupés court, collé par le sang sur le crâne du sergent Brüner. Un sillon de plusieurs centimètres sur son crâne laissant apercevoir un bout d'os enfoncé dans sa tête.

-L'astropathe attend vos ordres, et la mise en place du blocus autour de la planète a commencé.

-Dans la caverne, le démon majeur à t-il parlé ? Dis quelque chose ? Demanda le sergent à son frère.

-Non, frère. Seulement des hurlements et des grognements de douleur.

-J'ai pourtant eu l'impression qu'il c'était adressé à moi.


L'apothicaire bu dans son verre, et regarda son contenu avec sérieux. Il parut réfléchir profondément. Il reprit le travail. Il commença par forer avec à l'aide d'une mèche très fine la partie enfoncée, avec sa perceuse à os. Du sang commença à couler, le servo-crâne descendit de quelques centimètres pour venir éponger le liquide à l'aide d'un de ses pinces libres, avec de la gaze. Le sergent restait impassible, les mains sur ses cuisses, les poings serrés. Les Astartes avaient subi de nombreux entrainement pour ne pas ressentir la douleur. Ils portaient leurs fruits. Un Astartes pouvait endurer toutes les douleurs, les tortures, et même des fois les ignorer. Leur détermination et leur rage occultant les informations extérieures.


-Ces démons, nous le savons aime torturer leurs victimes, psychologiquement et physiquement. Dans cette caverne des phénomènes étranges se sont déroulés, le court du temps n'avait plus lieu, l'air était chargé d'ozone, la marque des pouvoir psychiques, et des rituels impies qui avaient eu lieu. Il se pourrait que ce soit par contact mental qu'il vous a parlé Frère Sergent ?

-Cela ce pourrait, en effet mon frère. Répondit le sergent Brüner d'un air pensif.


L'apothicaire continua son office. Il retira délicatement la foreuse de la tête du sergent. Le servo- crâne épongea de nouveau le sang qui coula. L'Apothicaire se saisit d'une minuscule mèche, qu'il inséra délicatement dans le trou pratiqué. Une fois à l'intérieur le servo- crâne commanda aux moteurs miniaturisés dans la mèche pour qu'ils déploient quatre autres tiges de métal supersolide perpendiculairement à la mèche principale, de sorte à former une pince. L'Apothicaire pourra alors tirer vers l'extérieur la partie enfoncée de l'os.


-Que vous a-t-il dit, sans indiscrétion ?

-Que « nous faisions fausses routes », que « certains de nos frères avaient été sur la bonne piste », » qu'il savait que nous La cherchions ».


D'un coup sec frère Gauron tira sur la mèche. L'os revint à sa place d'un coup, dans un crac écœurant. Le Sergent ferma les yeux sous la douleur, mais son visage ne trahi aucune émotion. La seconde où il ferma les yeux, il le revit, la tête de taureau énorme, crachant de la vapeur quand il expirait par ses naseaux. Il ouvrit les yeux, plus rien.


-Pas un mot à qui que ce soit avant que j'en ai parlé à nos frères. Il est l'heure de rassembler tout le monde. Tu préviendras les autres. Rendez-vous dans le Strategium dans une heure. Nous avons un plan de route à établir. Ordonna le Sergent.

Il n'avait toujours pas bougé, stoïque, les mains le long des cuisses, les poings fermés. L'Apothicaire retira la mèche délicatement, apposa des agrafes de métal sur le pourtour de la blessure. Les agrafes se refermeraient d'elles même pour immobiliser l'os le temps de la recalcification. Elle ne prendrait pas plus de quelques jours. Une légère cicatrice devrait ensuivre, quasi invisible sur les cheveux qui repousseront.


-J'en ai fini avec cela, frère Sergent. Passons à vos autres blessures.

Le sergent Brüner desserra les poings et bu à son verre. L'Apothicaire, en silence, désinfecta, recousu et soigna les blessures mineures du sergent, pendant qu'ils buvaient. Le sergent semblait perdu dans ses pensées pendant de longues minutes quand son frère brisa le silence.

-Je suis sûr que nous ferons toute la lumière sur cette affaire en temps voulu et que vous nous guiderez vers la victoire mon frère. Lui dit frère Gauron, un sourire franc illumina son visage.

-Tu as raison, j'admire ton optimisme. Rassemble tout le monde, nous allons mettre en place notre futur cap à suivre.


L'apothicaire comprit que l'entretient touchait à sa fin. Son servo- crâne se posa sur le bureau froid, et se désactiva, il rangea soigneusement ses outils chirurgicaux, qu'il désinfecterait une fois dans son Apothecarion. Ils vidèrent leurs verres d'une seule traite.

Peu importe ce qu'ils avaient vécu. Ils avaient vaincu. Malgré les éléments qui venaient à se mettre sur son chemin, ils les avaient surmontés. Comme de vrais Astartes. Leurs débuts étaient prometteurs, ils avaient quelques indices. La piste semblait bien ténue mais elle était là. La défaite n'était pas une option. Et ils auraient besoin de tout le courage, leur détermination, et leur foi pour la mener à bien.

Laisser un commentaire ?