Black Templar Tome I

Chapitre 10 : La Forteresse Perdue

2319 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 19/11/2020 18:28

Retrouvez les chapitres sur: https://www.wattpad.com/story/210971996-black-templar





La neige tombait à gros flocons depuis le matin sur la forêt de pin. Le vent balayait le flanc de la montagne, soulevant des bourrasques de neige glaçante. Elle s'accumulait sur les branches des arbres, si bien que son poids faisait tomber de temps en temps une partie du manteau neigeux plus bas, au niveau du sol.

Une violente rafale de vent venant de l'est vint balayer la cime des arbres et une partie de la neige accumulée tomba à pic aux pieds de l'arbre. Elle s'écrasa sur une forme imposante, immobile, qui commençait à être recouverte de neige. Elle se fondait presque dans le paysage, la neige lui servant de camouflage.

Genoux à terre, il observait. Sans un bruit, sans un mouvement, il observait les alentours, à l'affût d'une menace quelconque. Bolter serré contre son plastron. Le réacteur énergétique de son armure au minimum de sa puissance, n'alimentant que les parties vitales. Les tuyères à l'arrière de son paquetage dorsal n'émettant qu'une infime chaleur, presque indétectable.

Soudain sur sa gauche, son Sergent fit un simple geste de son poing amuré. Les systèmes de son armure s'éveillèrent à la vie. L'alimentation revint en même temps que le générateur de son armure monta en régime. Les tuyères crachèrent la chaleur en trop, les fibres musculaires synthétiques tapissées à l'intérieur et les servomoteurs l'aidèrent à se relever sans un bruit et aisément malgré l'encombrante armure d'Astartes. L'esprit de la machine de son armure venait de se réveiller.


Autour de lui, huit formes similaires s'éveillèrent, se dégageant de la masse de neige qui s'était accumulée sur eux pendant leur halte. Ils allaient reprendre la progression vers leur objectif. Un autre signe de la part de leur chef, il pointa une direction dans la forêt de pins enneigés.

« En Avant ».

La progression aurait été dure pour un soldat mortel. Pour les Astartes c'était relativement simple, malgré les trente centimètres de neige, les aspérités du sol, les crevasses à peine visibles cachées par l'épais manteau. Le casque de leurs harnois permettait de voir plusieurs spectres visibles, comme les sources de chaleurs, d'accentuer la luminosité, ou bien de voir à travers certaine surface, la neige en faisait partie.

Le sergent activa d'une simple pensée différent filtre visuel dans son casque. L'armure étant reliée directement à la moelle épinière de son hôte par le biais de connectique directement incorporée dans la chair du porteur, ainsi que dans sa carapace noire.

Il entrevit une crevasse dans la roche devant lui, qu'il enjamba aisément.

Il voxa :


-Attention aux aspérités de la roche sur cette crête mes frères.

Onze bips de confirmation lui revinrent dans les écouteurs de son casque. Frère Konrad situé cent mètres à l'avant de la formation, en éclaireur, activa son vox sur le canal d'escouade.

-La forêt se densifie. La progression sera plus difficile à partir d'ici frère sergent.

-Très bien. Arrière-garde, réduisez l'écart avec la formation principale.

-Frère Maximilian en mouvement, répondit-il.


Ils reprirent leur progression vers leur objectif.

Cela fessait maintenant des heures qu'ils progressaient dans la montagne, l'exercice aurait été éreintant mais c'était sans compter sur la physionomie des Astartes. Leurs trois poumons fonctionnaient de concert pour capter la moindre molécule d'oxygène, raréfiée à cette altitude, le respirateur intégré à leur casque combiné au recycleur d'air dans leur paquetage, envoyait un air purifié et riche en oxygène dans leurs armures. Leurs deux cœurs pompant leur sang à un rythme soutenu. A cette cadence, un humain non amélioré génétiquement serait mort d'épuisement depuis longtemps, pas un Astartes. Ils étaient à peine fatigués par leur longue marche. Le peu de transpiration qui émanait de leur peau était immédiatement recyclée par leurs armures, et injectée sous forme de liquide dans les ports connectiques greffés à même leur peau. Frère Johann, quant à lui, devait porter son Bolter lourd avec lui. Transportant aussi sur son paquetage dorsal l'énorme magasin à munition. Ainsi que deux chargeurs hélicoïdaux à sa ceinture, de tous les Croisés présent c'était le plus chargé. Pourtant il avançait à un bon rythme, ses muscles de fers, ainsi que les assistances de son armure, l'aidèrent à garder le rythme de progression à travers la forêt gelée.

Le terrain se détériora encore, l'ascension de ce versant allait être dur à négocier, le sol était composé de pierre friable, de branchements recouverts par la neige. Soudain, une tranchée peu profonde cachée par la neige manqua de déséquilibré le Sergent. Les gyrostabilisateurs de son armure prirent le relais et l'aidèrent à maintenir son équilibre. Il enjamba cet obstacle. Un soldat impérial se serait pris le pied dedans, il se serait brisé la cheville, ou pire. Ses camarades n'auraient d'autres choix que de l'abandonner à son sort. Ne pouvant pas porter un poids mort dans ses conditions. Ils auraient dû lui accorder une mort rapide, ou le laisser à la merci du climat ou des animaux sauvages de la région. Son vox grésilla, la voix de Konrad résonna :


-Nous approchons du sommet, vous devriez venir voir Frère Sergent.

Il répondit par l'affirmative et coupa la communication. Il leva le poing, tous s'immobilisèrent. Et donna l'ordre de maintenir la position. Ils posèrent genoux à terre, arme au poing, prêt à riposter. Certains sous les branches basses des pins enneigés, d'autres dans des formations rocheuses, mais tous par binômes de combat, en espacement réglementaire.

Il commença son ascension en solitaire, vers Frère Konrad, posté cent mètres en avant. Il suivait la rune qui représentait son frère de bataille sur la carte topographique qu'il avait dans le coin inférieur droit de l'affichage tête haute de son casque. Le réacteur lancé à plein régime, les fibres musculaires synthétiques et les servomoteurs de son armure alimentés à leurs maximums, il s'élança.

Il courait sur le versant de la montagne. Évitant les arbres, et les formations rocheuses. Il parcouru la distance en une poignée secondes. Lorsqu'il entraperçu une forme postée à l'orée de la forêt, il ralenti son allure, les poumons en feu, les cœurs battants. Sa physiologie surhumaine étant déjà en train de se reposer après un si important effort physique. Des nutriments, injectés par intraveineuse directement dans son organisme.

Il arriva enfin aux côtés du guerrier posté. La crête et la forêt s'arrêtait net sur une falaise abrupte, où le vent emportait la neige qui s'y était déposée en tourbillon blanc.

-Quatre vingt-sept degrés est, Sergent. Environ six kilomètres. Indiqua frère Konrad.

Le sergent tourna son casque dans cette direction, d'une simple pensée, les optiques de son casque firent un grossissement, après une demie seconde, l'image se stabilisa. Elle était là. Imposante. Immense, inexpugnable. Avec ses tours et ses remparts, éclairés par les incendies des quelques appareils qui se sont crashés, dans la tentative de diversion des chasseurs de la flotte. Elle était dos à un flanc de montagne escarpé, l'autre partie de la forteresse étant sur une immense esplanade rocheuse. Il pouvait distinguer, malgré la distance la petite route de montagne partant de ses portes, serpentant et venant vers eux.


C'est à ce moment précis que trois flashs lumineux partirent du centre de la forteresse. Les remparts cachant ce qui pouvait bien les produire. Ils virent tous deux les ondes de chocs qui se propagèrent du château enneigé. Puis vins le son, bien après, tel le tonnerre, rauque, puissant. Puis encore trois autres flashs lumineux, et encore le son puissant des obus tirés par les pièces d'artilleries cachées à l'intérieur des murs. Ce roulement de tambour venant des enfers, se répercuta dans les montagnes, déclenchant des avalanches sur certaines d'entre elles.

Cette forteresse était leur dernier bastion. La dernière place forte à défendre, dans cette guerre d'usure qu'ils espéraient gagner. Le barrage d'artillerie continua de plus belle. Les canons visaient la seule ville capable d'abriter la garnison de gardes impériaux de la région. Située quarante kilomètres plus bas. Pendant de nombreux mois, les offensives impériales partaient de cette ville, empruntaient les chemins tortueux des montagnes pour espérer atteindre la forteresse et la prendre d'assaut. Et ainsi anéantir la stratégie de guérilla et le commandement ennemi du secteur.

Pourtant aucune attaque n'arriva aux portes de ce bastion dans les montagnes. Les longues files vulnérables de véhicules et de gardes se faisaient attaquer sur les routes sinueuses par de modestes groupes ennemis positionnés en de nombreux points stratégiques dans les montagnes.

Chaque tentative se soldait par de nombreuses pertes humaines, les attaques étant toutes repoussées, et les gardes impériaux ne pouvaient trouver refuge que plus bas dans la vallée. Qui se fessait pilonner inlassablement par les pièces de campagnes de l'Archi-ennemi.

La solution d'un raid aérien avait été envisagée, mais la défense anti aérienne de cette base avait anéanti tout espoir en même temps que la moitié des forces aériennes impériales dans une ultime attaque par les airs. Le reste des forces aériennes impériales encore en état de combattre n'avait été que peu utile, aux vues des récents événements.


La garnison importante de force ennemi envoyait régulièrement ses soldats prendre la relève des nids de mitrailleuse et d'armes lourdes protégeant l'approche par la seule route de montagne menant au château. Le commandement impérial assigna alors les chasseurs restant à la surveillance aérienne des forces de guérilla envoyées depuis les montagnes. Espérant se servir de la vision thermique des patrouilleurs des airs pour repérer et détruire dans des attaques puissantes et ciblées les forces qui s'éloignaient de la couverture aérienne du bastion.

Les résultats se firent attendre. Les chasseurs volant à haute altitude voyaient effectivement l'agitation précédente à un départ de troupe mais une fois passé les portes, aucun signe de chaleur d'une quelconque présence ennemie. Les troupes de l'Archi-ennemi possédant, semble-t-il des dispositifs pour dissimuler la chaleur de leur corps dans les montagnes de la région.

Le sergent s'autorisa un moment, pour se perdre dans ses pennées. Son tabard flottait au vent, l'héraldique des Black Templar trônant fièrement en son centre, en partie cachée par la sacoche porte-chargeurs supplémentaires qu'ils avaient pris dans la carcasse du module d'atterrissage. Un bref coup d'œil à la carte de son affichage tête haute lui indiqua que ses hommes étaient toujours en position, cent mètres derrière lui, leurs armures régulant leur chaleur corporelle, se servant du surplus de chaleur du réacteur pour chauffer l'intérieur. Même dans ces conditions climatiques extrêmes, ils ne bougeaient pas d'un pouce, là où un soldat humain devait bouger et rester actif sous peine de mourir d'hypothermie.

Il décida de rompre le silence radio avec leur vaisseau en orbite basse.


-Revenant, ici Avant-Garde 2-9, répondez.

-Nous vous écoutons Sergent. Répondit quelques secondes plus tard, l'officier des communications. Il y avait quelques grésillements sur le vox, dû aux perturbations climatiques et à la tempête de neige.

-Nous avons notre objectif en visuel. Nous continuons notre progression, et devrons arriver dans environ trois heures. Où en sont les forces de la garde ?

-Elles poursuivent leur ascension comme convenue. Elles subissent de lourdes pertes mais ne battent pas en retraite. D'après les images depuis l'orbite, notre stratégie fonctionne bien.

Cela voulait dire que de petits groupes de gardes se déplacent en parallèle de la colonne, et à chaque attaque des nids de mitrailleuses, ils pouvaient les prendre à revers pendant que l'Archi-ennemi se concentrait sur la force principale. Cette tactique était coûteuse en hommes, mais permettait de raser chaque îlot de résistance aux bords de cette route. L'escouade d'Astartes devait arriver avant la force de frappe impériale sinon ils n'auraient aucune chance de la prendre seul. Après une pareille ascension, ils n'auraient ni les ressources physiques et morales pour la prendre d'assaut.

-Nous avons aussi observé, une forte activité dans l'enceinte de la forteresse. Ils sont au courant de l'attaque inhabituelle en cours et envoie des renforts massifs vers les dernières positions avancées aux abords de la route. Mais nous n'avons aucun visuel sur les forces qui ont quittées leur base. Elles ont disparu des capteurs quelques minutes après avoir quitté l'enceinte. Cela voulait dire que les positions défensives allaient être renforcées dans les heures qui venaient. Et l'avancée des forces impériales, seulement à quelques kilomètres de l'escouade de croisés, serait ralenti voir complètement annihilée.

-Revenant, ici Avant-Garde 2-9, nous nous remettons en route vers l'objectif, que la Garde continu selon notre plan de bataille, nous avons quelques heures d'avance sur eux, nous allons prendre cette forteresse une bonne fois pour toute. Pour l'Empereur. Terminé.

-Frère, trouve-nous un chemin. Ordonna le sergent.


Konrad fit un rapide hochement de tête et parti à la recherche d'un moyen de se rendre vers leur objectif. D'une simple pensée, le Sergent Brüner fit s'afficher une rune sur les écrans du reste de son escouade ordonnant de le rejoindre.

Ils se remirent en marche.

Laisser un commentaire ?