Black Templar Tome I

Chapitre 9 : La Descente

2270 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 18/11/2020 16:14

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L'atmosphère de l'habitacle était étouffante. Ses onze guerriers et lui-même étaient ballottés de gauche à droite par les turbulences de la descente vers la planète glacée en dessous d'eux. Ils venaient d'être catapultés à toute vitesse du croiseur d'attaque Astartes positionné dans la basse atmosphère. Le module d'atterrissage avait été modifié par les servitors et le Techmarine du vaisseau pour pouvoir accueillir douze guerriers au lieu de dix maximums. Pour ce faire, de nombreux composant avaient été retirés, comme des racks de munitions ou des bornes de logus, encastré dans l'afficheur hololithique, situé au centre du module. Les Astartes étaient beaucoup plus serrés qu'a l'accoutumé, épaules contre épaules, dans leurs harnais anti-G. Ils serraient fermement leurs armes contre leurs poitrines. Ils étaient plongés dans l'obscurité, mais leurs optiques et leurs yeux génétiquement modifiés voyaient comme en plein jour.


-Dernières vérifications ! Ordonna le sergent. Il avait été obligé de hurler malgré les améliorations acoustiques des casques de leurs armures qui filtraient les sons parasites, ainsi que l'ouïe améliorée des guerriers.


L'espace clôt était ballotté en tous sens par la rentrée atmosphérique, d'un moment à l'autre ils commenceraient à rentrer dans l'atmosphère, et la friction sur la coque rendrait la température intenable dans la cabine blindée. Le bouclier thermique situé sous la cuirasse du module d'atterrissage les protégerait. Les Astartes vérifièrent leurs armes une dernière fois. Que les bolters soient bien chargés, que les munitions et les chargeurs soient à leurs places, que leurs armures soient dans les normes optimales de combat. Ils étaient prêts et ils fonçaient vers leur objectif.

Le timing devait être parfait. Ils fonçaient à toute allure au-dessus de la couche nuageuse, en formation serrée, le leader de son escadrille en pointe, fondant l'air devant lui, cette formation devait faire économiser le carburant des ailiers, profitant du trou d'air que l'ouvreur pratiquait. L'escadrille changeait de pilote en pointe pour alterner les consommations de carburant. Le commandement osait appeler ça une « escadrille », mais c'était plutôt les survivants d'escadrilles. Les trois seuls chasseurs lourds d'interceptions et d'attaques au sol Maraudeurs des forces impériales en présence. Le reste avait été décimé lors de précédents raids infructueux sur la forteresse ennemie. Tout ça pour prendre une forteresse imprenable, qui aurait pu être rasée depuis l'orbite en quelques heures, mais c'était un symbole pour la population et pour le commandement. Alors ils avaient envoyé escadrilles sur escadrilles pour couvrir les forces au sol dans les tentatives vaines d'assaut. Toutes soldées par des échecs, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que trois chasseurs, envoyés dans une mission suicide. Couvrir l'ultime assaut de la forteresse perdue. Et cette fois la défaite n'était pas une option.


Le sergent ordonna d'une simple pensée par l'interface de son armure, d'activer l'écran hololithique du module. Dans la cacophonie de la descente, les moteurs du projecteur se mirent en marche. Une lueur verte apparue au centre du module, une représentation de l'environnement autour du module. Un monde de flamme et de secousses se dessina devants les visières des casques des guerriers, les baignant d'une lumière verte. Ils étaient en train de traverser l'atmosphère, la température montait dangereusement dans la cabine, mais les armures auto régulaient la chaleur des corps qu'elles protégeaient. Et d'un coup le feu cataclysmique s'arrêta sur l'hologramme vert, il était enfin dans l'atmosphère de la planète. Une étendue de montagnes enneigées apparut.

C'était le moment. Ils virèrent sur la droite comme un seul homme. Ils armèrent leurs canons et leurs missiles. Le cockpit vibrait sous les pulsations des puissants réacteurs du chasseur. Il poussa sur le manche, le nez du chasseur piqua vers le bas en même temps que ceux de ces voisins. Ils percèrent la couche nuageuse en direction du sol, le soleil dans le dos, droit vers la forteresse. Même à cette distance il pouvait voir les canons anti-aériens Hydra se tourner vers eux. Mais ils continuèrent droit dessus. Ils devaient couvrir l'arrivée du module d'atterrissage Astartes. Au prix de leurs vies. Ils ne valaient rien comparé aux Anges de l'Empereur. C'était leur mission.


Les tirs traçants partirent d'un coup des contreforts du château enneigé. Ils leur permettaient de traquer et voir où leurs tirs partaient. Les obus anti-aériens commencèrent à exploser autour d'eux, dans des fleurs de shrapnels de métal et de fumée. Son ailier gauche vira de bord pour éviter une rafale soutenue le visant, il se déporta sur la gauche. Un tir concentré de deux batteries Hydra le pulvérisa tout simplement. Les obus perforèrent le cockpit et explosèrent dedans. Le pilote et son co-pilote furent réduits en bouilli. Les explosions coupèrent en deux l'appareil qui tomba comme une feuille morte vers l'esplanade rocheuse devant la forteresse pour s'écraser. L'opérateur radio et l'artilleur de l'appareil étaient encore vivants mais sonnés au moment de l'impact au sol. Devant la perte d'un de ses appareils le leader de la formation tenta une manœuvre osée pour sorti du champ de mort qu'ils tentaient de traverser, il tira brutalement sur le manche, et le poussa d'un coup sec, les obus l'évitèrent de quelques mètres seulement. Mais les deux batteries Hydra qui venaient de cribler ses hommes se tournèrent vers lui pour ajouter leurs puissances de feu à leurs sœurs. Une explosion d'un obus vers l'arrière de l'appareil toucha un réacteur et la gouverne de profondeur du Maraudeur. Une fumée épaisse sortait du réacteur gauche, et les shrapnels de l'explosion bloquaient la gouverne sur un angle mortel. L'appareil perdait de l'altitude à un rythme constant, droite vers le flanc de la montagne au-dessus de la forteresse. Les artilleurs des batteries d'Hydra voyant cela cessèrent le tir sur cet appareil dans un élan sadique, ils voulaient qu'avant l'impact les occupants de l'appareil souffre et meurt de peur, en prenant conscience de leur avenir immédiat. Ils reportèrent leur feu sur le dernier appareil.


C'était le chaos dans l'habitacle. Le co-pilote s'escrimait sur le manche. L'artilleur hurlait de peur dans sa coupole. Le corps sans vie de l'opérateur radio avait repeint l'intérieur du fuselage. Il avait été touché par les éclats. Le pilote avait compris ce qu'il se passait. Ils allaient s'écraser. Il ferma les yeux. Recommanda son âme à l'Empereur et enleva ses mains du manche de son appareil.

La montagne fut illuminée quand le leader de la formation s'écrasa sur son flanc. Le prométhium enflammé éclairait la vallée en contrebas. Une lumière macabre. Il était le dernier chasseur en l'air, l'ultime chasseur de toute la flotte qui était venu sur cette planète. Il avait participé dans de nombreux raids aériens, avait même abattu quelques chasseurs ennemis, leurs escadres avaient été réduites à néants. Mais tout était fini aux pieds de cette montagne.

Ses missiles n'avaient même pas eu le temps de se verrouiller sur une cible plus basse, les tirs concentrés ne permettant pas de se stabiliser pour un tir. Il descendait dangereusement proche du sol et des batteries ennemies. Les éclats des explosions commençaient à ricocher sur sa carlingue. Le pilote ne paniqua pas, il tira sur son manche, et fit prendre au nez de son appareil la direction des nuages. Il encaissa les G, grâce à l'aide de sa combinaison. L'habitacle s'empli de la respiration saccadée des soldats, qui régulait l'oxygène dans leurs organismes pour ne pas s'évanouir. Les tirs traçant le suivirent dans sa montée.

Il voulait faire une dernière passe suicidaire, un dernier piqué vers le centre de la forteresse. Le module d'atterrissage ne devait plus tarder, il devait encore occuper les batteries anti-aériennes. Les obliger à concentrer leur feu sur lui. Son plan vola en éclat en même temps que son aile droite.


L'affichage verdâtre du module montrait un combat aérien perdu d'avance, ils avaient déjà perdu deux appareils. Le troisième montait dans une tentative d'échapper aux tirs. Ils les avaient assez occupés pour que le module passe la zone de tirs sans être inquiété. Ils fonçaient à une allure folle, ils étaient dans l'approche finale de la descente. En un battement de cœur, l'aile droite du dernier appareil vola en éclat, atteinte par les tirs croisés de deux Hydra. L'appareil parti dans une vrille incontrôlable montante. Droit sur la trajectoire du module.

Le Sergent compris en une seconde la catastrophe qui allait arriver.


-Impact ! hurla-t-il.


C'était trop tard, ils ne pouvaient plus rien faire. Leur univers se transforma en bruit et en fureur.

Le module se fit percuter de plein fouet par le Maraudeur fou sur sa droite. L'appareil allié se disloqua complètement sous l'impact. L'explosion et le choc envoyèrent valdinguer sur la gauche le module dans sa chute. Le choc fut si brutal que le sergent cru qu'ils avaient touché le sol à leur vitesse maximale. Il se retrouva projeté dans son renfoncement, son harnais tentait tant bien que mal de le maintenir en position. Tous ses guerriers tenaient leurs armes encore plus fermement. Ce n'était surtout pas le moment de laisser échapper le moindre équipement dans la cabine, qui pouvait se transformer en projectile mortel.


-Analyse d'avaries ! Rapport de Situation ! Hurla le sergent.

L'esprit de la machine s'exécuta avec quelques secondes de plus que lors des exercices et entretiens régulier. Il était touché. L'hologramme vert récapitula toutes les informations demandées. Le sergent lut aussi vite qu'il le pouvait, ses guerriers aussi, les informations qui défilaient devant eux. Leur côté droit avait subi le gros de l'impact. Leurs tuyères droites de poussées étaient détruites, ainsi que plusieurs rétrofusées conçues pour ajuster l'approche dans une descente optimale. Sous la violence de l'impact le module avait pris un angle presque parallèle au sol, l'éloignant de leur objectif, les dommages qu'il avait subis l'empêchaient de se remettre d'aplomb et corriger les erreurs de trajectoires.

-Visualisation ! Hurla-t-il.

Rien ne se passa.

-Visualisation ! Maintenant ! S'époumona-t-il à l'esprit de la machine.


Une image verte pale, pleins de parasites s'anima devant eux. Des arbres. Beaucoup d'arbres. Ils léchaient presque la carlingue du module. Ils s'écrasaient dans la forêt. Ils s'approchaient beaucoup trop vite et beaucoup trop prêt. L'image se coupa, arriva le second impact.

Un Astartes au court de sa longue vie de combat, vient toujours à relativiser la guerre. La chance n'existe pas. C'est une invention. Il n'y a pas de destin. Seulement l'entrainement et les compétences comptent. Seuls l'entrainement, la lecture de l'environnement et l'instinct permettent de survivre. Dans un combat spatial par exemple, on se doit de mettre sa vie dans les mains des officiers du vaisseau dans lequel on est. On doit faire confiance dans le timonier, ou le capitaine pour accomplir sa tâche et ramener tout le monde en vie. Alors qu'au dehors des plaques de blindage l'enfer se déchaînait. Il y a des choses qu'on ne peut contrôler. Tout ce qu'on peut faire c'est patienter et se tenir prêt pour accomplir sa tâche du mieux que l'on peut avec les compétences qui nous appartiennent quand les autres membres des rouages miliaires auront accompli la leur. Un guerrier digne de ce nom se devait de ne pas détester cela, mais l'accepter. Ne pas avoir de prise sur son environnement, être impuissant jusqu'à ce qu'on puisse enfin avoir un impact sur son monde. C'est une sensation désagréable, surtout sur un champ de bataille. Pourtant tous les guerriers présents dans le module ne paniquèrent pas. Ils n'avaient aucune prise sur la chute incontrôlée du module vers la forêt. Tout ce qu'ils pouvaient faire c'était de se tenir prêt s'ils s'en sortaient vivant.


Le tronc centenaire du pin vola en éclats. Le module d'atterrissage le traversa de part en part. Des aiguillons d'échardes volèrent dans tous les sens. Le module continua sa course vers le sol sans s'arrêter. Il perfora d'autres troncs sur sa course. Il rebondit sur d'autre, les coupants à moitié. Et enfin il toucha le sol, avec un angle presque parallèle à lui. L'esprit de la machine du module actionna la propulsion sous le module, celle qui devait permettre de freiner juste avant de toucher le sol, ce qui les fit décélérer d'un coup. Ils percutèrent le sol. Le module rebondit et parti dans plusieurs tonneaux non contrôlés. Il ravagea la forêt alentour. La carlingue se déchira en plusieurs endroits, exposant l'intérieur à l'air glacial et à la neige qui s'engouffra dedans. Le module fini par s'immobiliser contre une grosse pierre. Il avait semé un carnage dans la flore locale. Un profond sillon de terre retournée et brûlée, de neige fondue sous la chaleur de l'impact, et de la carlingue chauffée à blanc. Des arbres coupés en deux et arrachés, certains finissaient de tomber dans le silence de la forêt gelée. Ils étaient au sol.

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