Black Templar Tome I
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Le sergent Erick Brüner méditait dans la pénombre de ses quartiers. Il fixait de ses profonds yeux noirs son armure Mark VIII, qui lui rendait son regard, impassible. Elle était posée sur son emplacement, dans un renfoncement de pierre brute, dans ses quartiers. Elle le dominait de toute sa taille. Elle était impeccable, son nouveau serf tout nouvellement recruté en prenait grands soins et la nettoyait plus que l'étiquette ne le demandait. Cela faisait maintenant deux semaines qu'ils étaient en transit Warp. Lui et ses guerriers passait le plus clair de leur temps à s’entraîner afin d'acquérir une dynamique de groupe, et d’affûter leurs compétences guerrières. Mais le sergent le savait, ce ne serait que dans un vrai combat qu'ils pourraient forger ses hommes. Il passa une main dans ses cheveux. Ses mains marquées par la guerre passèrent dans ses cheveux noirs coupés très court de sa nuque et des côtés de son crâne. Elles finirent leur course dans ses cheveux un peu plus longs sur le sommet de tête. Il souffla profondément. Vidant ses poumons d'un coup.
L'attente d'un combat est plus meurtrière que le combat lui-même. Tout soldat le savait. Ils se dirigeaient en ce moment même vers la dernière position connue d'une ancienne expédition. Il ne savait pas ce qu'il allait les attendre. Un chemin vers la rédemption ou une route vers la damnation. Un léger tremblement dans le sol métallique et froid de sa cabine le sorti de ses pensées. Les voyages Warp ne se faisaient jamais sans encombre. Le vaisseau était littéralement plongé dans les remous de l'Immaterium, des émotions primaires et des démons hurlants. Seul son champ de Geller les protégeait des horreurs de l'extérieur. Et même cette puissance technologie connaissait des défaillances, laissant filtrer l'enfer dans les coursives des vaisseaux.
Des histoires circulaient dans tout l'Imperium, de ports stellaires en astroports, de vaisseaux perdus corps et biens dans un déchaînement de violence pure quand le champ de Geller rompait en plein milieu d'un saut Warp. Les parois de métal se transformaient en bouches pour venir manger les marins à bords. Des démons prenaient possessions des hommes d'équipages pas encore mort, mais devenu complément fous. Aucune âme n'en réchappait, seule était laissée presque intacte la structure du navire qui ressortait aléatoirement du Warp, des années plus tard, ou même avant que ce même vaisseau ne soit parti de son port d'attache. Le temps n'existait pas dans le Warp. Ses vagues, ses courants étaient au mieux changeant, au pire indéchiffrable. Des navires ramenant des troupes en renforts dans des systèmes assiégés arrivaient des siècles en retard pour une durée de voyage de quelques semaines. Et des cas plus rares, de navires arrivant à destination plusieurs minutes avant que le message d'aide ne soit envoyé.
Les tremblements s'intensifièrent. Les quelques effets personnels stockés dans sa cantine et son armoire de bois sombre tintèrent, quand ils s'entrechoquèrent. Le sergent se leva de son siège. Malgré sa physionomie améliorée, son oreille interne génétiquement modifiée lui permettait de garder un équilibre stable dans n'importe quelles conditions. Mais il dû faire un pas de côté pour ne pas tomber quand une nouvelle secousse heurta le navire. Les ronronnements distinctifs du réacteur et des propulseurs situés à des centaines de mètres plus profondément dans le vaisseau s'accentuèrent, leur régime venant d'augmenter.
Une nouvelle secousse, bien plus puissante que la dernière vint frapper la structure du vaisseau. Les faibles lumières de sa cabine s'éteignirent moins d'une seconde. Brüner dut se retenir à son râtelier d'armes. Quelque chose n'allait pas. Sa porte s'ouvrit, son serf, affolé, pénétra dans la pièce en présentant ses respects malgré la situation.
D'un coup, avant qu'il n'ait pu finir sa phrase, Il fut projeté sur le sergent par la violence de la nouvelle secousse. Le sergent le retint de ses deux mains, ne pouvant plus se tenir, il percuta son armoire située derrière lui. Quelque chose cassa dedans. Les lumières virèrent au rouge. Alerte. Tous les quartiers étaient état d'alerte. Une sirène se fit entendre. Sans un mot le sergent se planta devant son armure et son serviteur commença à l'aider à la revêtir malgré les secousses.
-Tous à vos postes de combat ! Ceci n'est pas un exercice ! Sorti Warp d'urgence !
La voix mécanique répétait dans un ton qui ne trahissait aucune émotion les consignes transmises par la passerelle. Le serf redoubla d'effort sur ses outils pour aider son maître à revêtir son habit de bataille. Le serf venait de poser devant son seigneur les énormes bottes blindées, il actionna le mécanisme en appuyant sur la rune à l'intérieur, les bottes s'ouvrirent au niveau des tibias pour laisser la place au sergent de glisser ses énormes pieds dedans. Des prises connectiques s'arrimèrent à sa peau dans les prises de ses carapaces noires dans ses mollets. La connexion entre la chair et la machine n'était jamais agréable. Une légère douleur se fit sentir au niveau de ses nerfs. Il venait d'enlever sa bure de prière, il était complètement nu et attendant les autres pièces de son armure. Il était grand, presque trois mètres de hauts, sculpté pour la guerre, et forgé par la guerre. Il était glabre et puissant. De légères cicatrices couraient tout le long de son corps. Le serf finissait de fixer les cuissardes de l'armure du sergent. Il jouait de sa visseuse comme une extension de sa main pour fixer les boulons rivetés des deux parties basses de l'armure. Le serf peina à soulever les protections en céramite de bassin de l'armure. Une fois positionnée, le sergent la cala de ses bras puissants pur qu'il finisse de souder et connecter le corps de son maître à l'armure.
Le serf couru jusqu'au râtelier de l'armure et activa une rune en appuyant dessus. L'alarme criait toujours ses consignes, et l'éclairage d'urgence illuminait la scène d'une lumière rouge maladive, presque onirique. Une mechadendrite munie d'une pince sortie de son logement dissimulé derrière le rangement de l'armure. Elle saisit dans un bruit de servomoteurs les pièces les plus lourdes que le serf ne pouvait pas porter seul. Le plastron fut amené sur l'Astartes qui n'avait pas bougé, il était déjà à moitié armuré sur la partie basse de son corps. D'un coup sec la mechadendrite inséra littéralement le plastron dans les ports connectiques de sa peau. Le serf récitait les hymnes de batailles et de préparations au combat de l'armure pour apaiser l'esprit de la machine qui serait contrarié par la vitesse à laquelle ils étaient obligés de s'exécuter. Le sergent se retourna, et la pince-machine, vint apposer le pack dorsal. Une douleur intense et brève vint lui saisir la colonne vertébrale, quand les prises connectiques pénétrèrent sa moelle. Il était connecté à Elle. Il le sentait. Une présence au bord de sa conscience. Elle était encore endormie, mais même dans sa torpeur, il pouvait sentir son esprit guerrier. Le serf activa le réacteur. Et fini la fixation des parties amovibles de la cuirasse, il boulonnait l'énorme gorgerin qui caractérisait ce modèle d'armure, il était debout sur une plateforme repliable, pour arriver à hauteur de torse du chevalier Black Templar. Le réacteur mottait en régime, et le rythme cardiaque du guerrier montait avec lui. Il senti une puissance incroyable lui saisir ses muscles, quand les muscles artificiels vinrent s'ajouter aux servomoteurs qui tapissaient l'intérieur de la cuirasse. Le sergent venait de fixer son canon d'avant-bras droit dans un chuintement de pressurisation, il fit jouer ses doigts blindés de son gantelet et positionna son oreillette dans son oreille droite. Il alluma un canal avec le reste de son escouade.
-Au rapport ! Demanda-t-il d'un ton sec.
Ses guerriers étaient eux aussi en train de revêtir leurs armures. Ils avaient mis eux aussi leurs oreillettes. C'est le chapelain Markus qui prit la parole.
-Nous n'en savons pas plus. Le capitaine nous demande sur la passerelle.
Pendant la courte discutions, le serf et son aide mécanique, venaient de fixer les énormes épaulières de l'armure. Le sergent enfila son casque en dernier, juste après le canon d'avant-bras gauche. Effectivement, sur l'affichage tactique de son casque la demande du capitaine Ström lui apparut. Comment le chapelain avait réussi à revêtir son armure aussi vite ? A moins qu'il ne l'a pas enlevé du tout ? Ces questions attendront leurs réponses. Une nouvelle secousse vint percuter le navire sur bâbord. Le serf quitta le sol et percuta le mur opposé. Il se tenu la tête à une main en se relevant, du sang s'écoulait d'une blessure dans son cuir chevelu.
-Rentre dans tes quartiers ! Et attache toi à quelque chose qui est riveté au sol, notre sortie Warp sera encore pire que ça !
Le serf quitta la pièce en se tenant aux murs. Il tanguait de gauche à droite, ayant du mal à tenir sur ses jambes. Il devait prendre les escaliers de maintenance réservés aux serviteurs et marins pour regagner ses quartiers, au plus profond du vaisseau, sous la chambre de son maître.
L'Astartes ne craignait plus les secousses, les servomoteurs de son armure, couplé à son équilibre hors normes le prémunissaient de toutes chutes ou pertes d'équilibre. Mais ce n'était pas le cas de l'équipage humain. Il vérifia une dernière fois son équipement, ses chargeurs, ses grenades. Rangea son épée dans son fourreau. Fixa aux attaches magnétiques de son armure, son bolter et à son holster de ceinture son pistolet bolter. Les paramètres de puissance et de diagnostic de son armure étaient optimaux. L'éclairage d'urgence s'éteignit pendant deux longues secondes avant de se rallumer, sous la puissance d'une nouvelle secousse. C'était comme si le Revenant était malmené dans la poigne d'un géant, dément. Le sergent sorti de ses quartiers et se retrouva sur une des passerelles circulaires qui courait autour du vaisseau. Il partit d'une course rapide, ses bottes blindées claquant sur le métal dans son sprint effréné vers la passerelle de commandement. Il senti toute la puissance de son armure, réveillée, qui donnait toute la puissance après une période de sommeil forcée. Il sentait l'esprit de la machine, son envie de meurtre, de bataille. Il força encore l'allure, et traversa le vaisseau à une vitesse folle.
-Regroupement sur la passerelle ! Maintenant ! Ordonna-t-il.
-En route frère Sergent. Lui répondit frère Gauron. Onze runes vertes de réponses affirmatives lui apparurent dans son casque.
Ils arrivèrent presque tous en même temps sur la passerelle. Quand le dernier Astartes passa les immenses portes en adamentium pur, elles se refermèrent en un battement de cœur. Si un serviteur ou un membre d'équipage c'était trouvé dessous, il aurait été broyé sans autre forme de procès. La passerelle était maintenant coupée du monde extérieur. Ils étaient attaqués par une force ennemie et non identifiée. Ils ne pouvaient pas prendre le moindre risque.
-Capitaine votre rapport ! ordonna le sergent.
Ses guerriers étaient tous en armure complète malgré le peu de temps qui les séparaient du début de l'alerte et en armes. Les volets blindés de la baie d'observation étaient clos. La vision directe des marées du Warp pouvait rendre fous rien qu'en la contemplant un simple humain. L'air était lourd et chaud sur la passerelle. Les serviteurs lobotomisés s'occupaient de leurs taches sur les consoles de contrôles. L'agitation ambiante n'avait pas l'air de les gêner plus que cela. Par contre, les serfs du chapitre et les marins couraient en tous sens, relayaient les informations qui leurs parvenaient des cogitateurs du vaisseau. Le détachement qui s'occupait de la sécurité du pont était tendu, toute cette agitation mettait leurs nerfs à vifs. Ils s'avaient que la situation était grave. Ils vérifiaient nerveusement leurs armes.
-Une force ennemie inconnue essaye de nous sortir de force du Warp. C'est une attaque. Énonça le capitaine.
On pouvait sentir une tension dans sa voix, malgré son expérience. Une sortie Warp d'urgence pouvait mener à la dislocation du navire, sous la pression des forces exercées.
-Pouvons-nous leur échapper, capitaine ? Demanda le sergent.
-Négatif, nous luttons depuis le début de l'attaque pour leur échapper. Si nous continuons dans ce sens, nous serons à contre-courant des flots Warp, nous allons fracasser le Revenant.
-Branle-bas de combat capitaine. Chargez les canons. Que tout le personnel soit à son poste de combat. Faites passer l'ordre, nous allons être secoués. Ordonna le sergent.
C'était une attaque en bonne et due forme. Ils le savaient. Une force d'une taille inconnue les interceptait dans le Warp. Ils n'avaient d'autre choix de concéder ce terrain et de les affronter. Le capitaine donna ses ordres à ses officiers en seconds. Qui retransmirent à tout le vaisseau. Les équipes chargeaient les obus de la taille de tank dans les affûts des quatre macro-canons positionnés sur chaque flanc du Revenant. Ils suaient sang et eau pour charger le plus vite possible et mettre en batterie les armes démesurées. Les batteries de défenses rapprochées étaient chargées en bande de munitions, les accumulateurs d'énergie étaient en train de charger, pour alimenter les tourelles lasers de la coque. Les énormes pilonnes qui permettaient de projeter un bouclier Void autour du navire, montaient en régime pour, qu'une fois sorti de l'Immaterium, ils soient protégés d'un ennemi qui voulait leur perte. Les équipes de sécurités fonçaient vers les arsenaux, et s'armaient pour repousser toutes tentatives d'abordage. Comme l'avait ordonné le capitaine et le sergent, le reste de l'équipage, arrimait les pièces, objets, outils et tout ce qui pouvait causer des dégâts dans une chute lors de la transition de sortie. Dans le hangar et les cales du vaisseau, le Defiance était sanglé au sol par de grosses chaines d'adamantium, et le véhicule blindé Rhino de même. Une sortie Warp normale était en règle générale dangereuse. C'était au bout d'une longue batterie de vérifications, et de calculs qu'un vaisseau pouvait sortir sans encombre dans l'espace réel. Malgré cela des rapports racontaient l'histoire de navire coupé en deux, à cause d'une simple erreur de calcul. La partie arrière de la coque restant dans le Warp pendant que l'avant rejoignait l'univers tangible.
-Nous entamons la sortie ! Accrochez-vous ! Cria le capitaine, pour se faire entendre par-dessus la cacophonie de la passerelle. Il était sur son trône de commandement, il s'accrochait fermement à ses accoudoirs. Ses officiers et soldats s'arc-boutèrent en s'accrochant aux pupitres et calculateurs de données. Ses Astartes étaient solidement ancrés au sol par leurs bottes magnétiquement collés au sol. Le sergent se tenait aux pieds des marches qui menaient au trône du capitaine.
La coque du vaisseau grinça sur toute sa surface. Les vibrations que le sergent avait ressenti au tout début augmentèrent progressivement, jusqu'à qu'ils aient l'impression d'un tremblement de terre continu. Certains marins commencèrent à mugirent de peur. Le chapelain entama des litanies de courage, criées par les haut-parleurs de son casque, pour rappeler leurs devoirs aux humains qui les entouraient.
L'espace s'ouvrit. Comme l'acéré par une lame. Une brèche dans la réalité même. Une lueur violacée en sorti. Comme si le vide spatial pouvait saigner. C'était bien une blessure. Une blessure donnant sur les enfers. La déchirure s'agrandit pour vomir des marées de flots Warp dans la réalité. Si ces flots étaient rentrés en contact avec n'importe quel objet cosmique ou humain, il aurait été consumé, brulé et vaporisé par la violence de cette substance. Ce n'était pas une mer comme les autres. C'était un océan d'émotions négatives. Un condensé de toute la rage et la décadence possible. Une personnification du mal.
Un vaisseau en émergea. Sans aucune précaution. A une vitesse folle. Le croiseur d'attaque Astartes, Revenant, retrouva l'espace réel à tombeau ouvert. Avant qu'il ne soit complètement sorti de la faille, une dernière vague vint le percuter vers la poupe, ce qui le fit dériver, dans une courbe non contrôlée. La faille eue du mal à se refermer, vomissant encore et encore des substances d'enfers. Le Revenant était déjà loin et commençait à s'immobiliser. Il était sorti de l'enfer pour entrer dans un autre.
La passerelle était emplie de cris de douleur et de lamentation. Des étincelles sortaient de quelques bornes de calcul, des marins étaient au sol, et tenaient leurs membres fracturés. Des équipes médicales convergeaient vers les blessés les plus graves, mais les médecins de bord étaient eux aussi secoués. Ses guerriers n'avaient rien, ils avaient tenu bon. Le capitaine était toujours sur son trône, il n'avait pas bougé. Du sang coulait de sa tempe, il avait dû heurter un bord de son trône sous la violence de la sortie Warp d'urgence. Avant que le capitaine n'ait pu donner un ordre, le sergent aboya :
-Levez les boucliers énergétiques ! Rapports d'avaries !
Il se précipita vers le capitaine et le soutint de sa poigne de fer pour le mettre debout. Le capitaine qui reprit sa constance ajouta :
-Scan d'auspex sur toutes les bandes ! Trouvez toute présence ennemie et où nous avons atterri ! Dégagez les blessés de mon pont et remplacez-les !
-Ouvrez les panneaux blindés. Demanda le sergent aux timoniers.
Les épais panneaux de blindage, s'élevèrent progressivement vers le haut, s’emboîtant l'un dans les autres et disparaissant dans les arrêtes épaisses de la coque. La lumière des étoiles lointaines passa par les filtres du verre blindé épais de plusieurs mètres. Le pont vu envahi d'une lumière crue d'un soleil mourant à des centaines de milliers de kilomètres de là. Ils étaient seuls. Ils étaient perdus.
-Où sommes-nous, timonier ? Exigea de savoir Ström.
-Aucune idée mon capitaine. Nous avons dérivé dans le Warp lors de l'interception. Aucune correspondance pour l'instant dans nos cartes stellaires. L'informa l'officier responsable.
L'espace devant la baie d'observation était profond et vide. Aucune anomalie. Seulement des petits points brillants, d'étoiles lointaines. Une ondulation bleutée passa devant la vitre, signe que les boucliers étaient levé et à pleine puissance. L'apothicaire aidait à soigner les quelques blessés du pont. Il savait que dans tout le navire, les blessés étaient emmenés aux différentes infirmeries disséminées dans les coursives et étaient soignés. Les équipes de sécurités patrouillaient aussi dans ces couloirs, rapportant l'étendue des dégâts, et cherchaient la moindre anomalie.
-Aucun contact ennemi ! Les auspex courte et longue portée ne montrent pas le moindre signe de bâtiment ennemi. Annonça l'officier penché aux dessus d'une table hololithyque. Son visage était emmailloté dans des pansements teinté de sang.
-Comment va mon vaisseau messieurs ? Demanda le capitaine gravement.
-Avaries minimes au réacteur, les équipes de réparations sont déjà sur le problème. Quelques conduites de refroidissement ont rompu. Il faudra un examen approfondi de la structure du vaisseau après une sortie Warp aussi mouvementée. Quelques blessés à déplorer dans l'équipage, aucun mort. Nous avons eu beaucoup de chance. Expliqua l'officier de quart lors de l'incident.
Le sergent se rapprocha de la baie d'observation, posa une maie armurée sur le verre glacial qui donnait sur le vide interstellaire. Il fronça ses sourcils, dans son casque. Il venait de voir une anomalie. Des reflets étranges. Cela arrivait souvent. Le verre était blindé et épais, la lumière subissait des effets de distorsions, comme dans un prisme. Il rapprocha ses optiques de la paroi. La lumière du soleil lointain accrocha l'espace d'une seconde, une forme immense à la proue du croiseur d'attaque lourd, une forme qui ne devait pas être là.
-Puissance maximum aux boucliers de proue, maintenant ! cria-t-il de toute sa voix.
Les serviteurs lobotomisés enchâssés sur les consoles de contrôle réagirent mécaniquement, reconnaissant la voix du sergent Astartes. L'énergie fut transférée en vagues successives vers l'avant du navire. Le sergent pu voir les reflets bleutés plus intenses de la marée d'énergie pure, converger vers la proue. C'est à ce moment précis qu'un nouveau soleil naquit devant eux.
La batterie d'armes pulsar du vaisseau ennemi déchaîna sa toute-puissance sur les boucliers du croiseur d'attaque Astartes. Grâce au sergent Brüner, l'énergie avait été transférée de la poupe vers la proue, permettant d'encaisser l'attaque sans trop de dommage. Dans le cas contraire, les boucliers auraient lâché sous la puissance brute d'une telle bordée.
La baie d'observation changea de teinte aussitôt que ses capteurs détectèrent une source lumineuse assez puissante pour rendre aveugle n'importe quel matelot sur la passerelle. Les optiques du casque du sergent changèrent aussi de teinte pour lui éviter d'être éblouis. Les boucliers tinrent bons. Déviant toute la puissance lancée contre eux, dans des gerbes d'énergies pures rejetées vers l'espace glaciale. Des ondes de chocs énergétiques se répercutèrent sur toute la surface de plusieurs centaines de mètres du navire impérial.
-Boucliers à vingt pour-cent ! Nous ne tiendrons pas une autre salve ! Cria l'officier responsable des boucliers, penché sur sa console de contrôle. Il pouvait y voir les relevés de capteurs de proue qui avaient enregistré la première salve et extrapolaient les suivantes. Les pilonnes projecteurs de champs du bouclier avaient tenus bons. La première salve n'avait pas réussi à faire sauter les énormes disjoncteurs disposés dans la coque du vaisseau.
-Capitaine Ström ! Amenez-moi à portée d'abordage. Demanda calmement le sergent. Il venait de se rapprocher du centre de la passerelle, il le regardait depuis le bas des marches de son trône. Il se tenait parfaitement droit, sans tenir compte de l'agitation ambiante d'une destruction prochaine. Le capitaine le savait. Tenir sa position était inconcevable. La prochaine salve ferait disjoncter les boucliers et les traits d'énergie feraient fondre le blindage. S'en était fini d'eux s'ils ne réagissaient pas.
-En avant toute ! Moteur à plasma à pleine puissance. Cap droit sur eux, quand ils vireront de bord pour éviter la collision, nous prendrons la même courbe, pour être sur leur flanc. Préparez-vous à utiliser les rétrofusées si le virage est trop court. Que les deux ponts d'artilleries se tiennent prêt, nous leur assénerons une bordée à courte portée. Ils ne doivent pas nous échapper. Préparez vos hommes à un abordage mouvementé sergent.
Les immenses tuyères des moteurs crachèrent des langues de plasmas surchauffées dans l'espace. Le navire commença à accélérer progressivement vers la cible ennemie qui les avait pris pour cible. Les volets blindés de la passerelle se fermèrent sous l'ordre de son équipage devant le combat spatial qui arrivait.
-Ennemi identifié, mon capitaine. Croiseur Eldar, de type Shadow.
-Bien, nous savons maintenant qui nous allons annihiler. Déclara le capitaine d'une voix pleine d'amertume.
Ils étaient en train de courir le long des corridors de métal du vaisseau. Il se dirigeait, lui et ses hommes vers le centre du vaisseau, sous les affûts des gigantesques pièces d'artilleries. Là, ou se trouvait les rampes de lancement des torpilles d'abordages. En plein dans leur course, ils purent sentir l'accélération que le navire prenait. Ils fonçaient droit vers leur cible, ne leur laissant pas le temps nécessaire pour utiliser leurs armes de proue. La particularité des vaisseaux Eldar est la concentration des armes sur l'avant de leurs navires. Ils comptaient généralement sur leur vitesse, et leur agilité, grâce notamment à leurs étonnantes voilures solaires, pour utiliser leurs armes dans de dévastatrices embuscades. Mais dans un combat à courte portée, ils étaient vulnérables. Et les Astartes ne leur laisseraient surement pas l'avantage de la surprise.
-Nous, nous approchons dangereusement de la cible capitaine. Signala le timonier.
Les distances des combats spatiaux se calculaient en milliers de kilomètres. L'espace entre les deux belligérants diminuait rapidement, quelques dizaines de kilomètres les séparaient. Et le vaisseau ennemi ne semblait pas vouloir virer de bord pour éviter le choc frontal. Il espérait surement avoir le temps de faire feu avant. Les mastodontes de métal que sont les vaisseaux impériaux, n'ont en rien l'élégance ou la grâce des vaisseaux Eldar. C'était plus des cathédrales mouvantes. Faites de couches de blindages d'adamantium, hérissés d’affûts de canons, et de tourelles. Il était difficile d'arrêter un navire impérial dans sa course, sa masse et son inertie, ne lui permettant pas des manœuvres serrées. Un croiseur d'attaque était plus petit qu'un vaisseau de la marine impériale de même tonnage. Il était plus robuste, compacte, ramassé sur lui-même. Mais plus blindé aussi. Il était fait pour des percées et des combats à courte portée. Un félin prêt à bondir sur sa proie, comparé aux pachydermes de la marine. La proue blindée du Revenant était faite pour supporter des collisions entre vaisseaux. C'était même une tactique répandue pour se débarrasser de vaisseaux de plus petit tonnage dans des combats à bout portant.
-Ils virent. Ils nous présentent leur bâbord ! Nous arrivons trop vite, nous allons les percuter !
-Virer de bord, à bâbord toute, moteurs en panne, rétrofusées tribord à mon signal. Sergent, embarquez dans les torpilles d'abordages tribord, et attendez mon signal. Que l'Empereur soit avec vous.
Le vaisseau Eldar bascula de bord d'une simplicité enfantine. Comme si ça masse n'était pas un problème pour la réalité physique de cet univers. Le croiseur d'attaque n'eut pas cette facilité. Il arriva à pleine vitesse, et commença sa courbe qui devait l'amener flanc contre flanc de son ennemi. Mais la courbe était trop courte. Il allait percuter en son centre le navire ennemi. Quand tout à coup, sur son flanc tribord, des rétrofusées prirent vies et crachèrent leurs flammes chimiques dans l'espace, pour ralentir abruptement la masse du Revenant et l'aider à changer de cap. Au début cela ne parut pas suffire. Mais les rétrofusées, presque chauffées à blanc commencèrent à accentuer la trajectoire folle du navire Astartes. Elles s'éteignirent. Une utilisation prolongée aurait pu les faire fondre. Le métal des tuyères refroidissait dans le silence du vide spatial. Les moteurs arrière reprirent vie pour caler la vitesse des deux vaisseaux. Ils étaient bord à bord, à une cinquantaine de kilomètres l'un de l'autre. Le Revenant ouvrit le feu.
Ils venaient d'être projetés pendant qu'ils couraient, vers la gauche. Le capitaine entamait sa manœuvre pour les mettre à l'abri des armes Eldar. Quand quelques moments plus tard, ils furent projetés sur la droite. Ça y est, ils étaient en place, le long des flancs de leur ennemi. Ils se séparent en deux groupes de combat. Dord prit le commandement du deuxième, et le sergent Brüner du premier. Ils firent embarquer leurs hommes dans les torpilles d'abordages. Le sergent fut le dernier à embarquer, avant de passer la porte, il vit frère Dord, et lui adressa un signe de tête. Ils avaient leurs ordres. Et il savait qu'ils accompliraient leur mission. Il passa la porte et elle se referma en un éclair, et se verrouilla. Ses hommes étaient déjà sanglés, et verrouillés à leurs emplacements. Leurs armes rangées dans des compartiments prévus à cet effet, ou fixées à leurs armures. Ils étaient parés au combat.
-A mon commandement, batterie tribord, feu ! Ordonna le capitaine Ström.
A cette distance, les écrans de camouflages Eldar ne servirent à rien. Leur manœuvrabilité ne pouvait les faire esquiver les obus impériaux. Tous leurs avantages en termes de combat spatiaux étaient réduits à néant. La balance était équilibrée.
Les affûts des canons crachèrent leurs obus gros comme des blocs d'habitations. Ils reculèrent sur leurs essieux, faisant disparaître la graisse déposée dessus en des nuages toxiques, sous la chaleur dégagée par le coup de feu tiré. Les équipages s'escrimaient déjà à recharger l'arme. Un nouvel obus montait déjà du magasin à munition, situé loin en dessous, dans les cales blindées.
Le sergent attendait avec son équipe de combat dans la soute de la torpille. Ils étaient immobilisés par des bras pneumatiques et mécaniques qui partaient du plafond et les maintenaient au sol en les comprimant au niveau des épaules. D'un coup, il senti une vibration profonde et un bruit impressionnant venir de plus haut au-dessus de lui. L’affût sous lequel il était venait de tirer. Il l'avait senti malgré les couches de blindages, et les corridors qui le séparaient de lui. Il entendit même le monte-charge disproportionné amener la nouvelle munition pour qu'il soit rechargé. Il n'osait pas imaginer la destruction qui se déroulait entre les deux vaisseaux.
A cette distance, il était impossible pour les maîtres artilleurs de rater leur cible. Les quatre obus sortirent des bouches des canons, à la suite, partant de l'avant du vaisseau vers l'arrière. C'était un combat au corps à corps. Les obus filèrent et traversèrent la distance qui les séparait de leur cible, en un battement de cœur. Le blindage Eldar ne tint pas. Ils perforèrent profondément son flanc et détonèrent. Des pans entiers de carlingues en moelle spectrale, furent arrachés et emportés dans le vide spatial. Le flanc bâbord du navire Eldar, était maintenant outrageusement défiguré. Quatre trous béants venaient le balafrer. Le navire ennemi perdait oxygène, et divers liquides non identifiés par ses plaies béantes. Des corps désarticulés de guerriers Eldar étaient aspirés par le vide insondable de l'espace glacé.
Les débris qui dérivaient après la bordée meurtrière, venaient percuter les boucliers encore levés des Astartes. C'est à ce moment-là que les batteries de défenses des flancs du croiseur d'attaque ouvrirent le feu. Elles visèrent les plus petits débris qui passeraient les boucliers et ceux qui entraveraient les torpilles d'abordages.
Il se retrouva coller au fond de son habitacle, son armure lui permettant d'encaisser les G. Ils venaient d'être catapultés à travers l'espace entre les deux vaisseaux. Il entendait les armes de défenses de son propre navire tirer tout autour de lui ses obus et ses lasers, qui permettaient de couvrir sa progression. Le blindage de sa torpille encaissa un choc frontal avec un débris qui n'avait pas pu être détruit à temps. Aucun dommage à déploré. L'esprit de la machine, avait déjà corrigé leur trajectoire. Les deux torpilles d'abordages passeraient inaperçu aux scans et auspex de l'ennemi, l'espace entre les deux mastodontes était saturé de débris. La torpille accéléra une nouvelle fois, juste avant de percuter le blindage du navire. Ses foreuses lasers, une technologie antédiluvienne, s'éveillèrent, et perforèrent couche après couche, le blindage, tandis que la torpille lancée à pleine vitesse continuait sa route vers le cœur du vaisseau.
-Coups au but. Rapporta l'officier artilleur. Importants dégâts sur le flanc bâbord.
-Rechargez et tenez-vous prêt à une nouvelle bordée. Ordonna le capitaine.
Les équipes d'artilleurs étaient déjà en train de s'activer sur leurs immenses pièces d'artilleries. Ils tiraient leurs immenses chaines de métal, amenant l'énorme obus dans la chambre de l'arme. L'obus avançait mètres après mètres, sous les cris des maîtres de manœuvre et les coups de fouets. Les esclaves tractaient l'engin de destruction vers son destin. Ils leurs fraudaient de longues minutes avant de mettre en batterie leurs armes.
-Le vaisseau ennemi accélère, il essaye de s'éloigner de notre portée de tir. A cette vitesse nous ne pourrons pas le poursuivre très longtemps.
-En avant toute, essayez de ne pas nous laisser nous faire distancer. Répondit Ström. Où en sont les torpilles d'abordages ?
-Ils sont entré.