Black Templar Tome I
Chapitre 3 : Chapitre 3 : Préparatifs
11904 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 25/10/2020 09:42
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Le Scholae Bellum, était un vieux navire. Presque aussi vieux que la croisade elle-même. C'était un ancien transport super-lourd civil, qui fut militarisé voilà des millénaires. Quand il se joignit à la croisade des Black Templars, il fut transformé. Les croisés ne possédant aucune terre, ni aucun fief, seulement des mondes libérés qui devenaient leurs vassaux, ils ne pouvaient mettre en place des planètes de recrutement ou d'entrainement. Les ponts du Scholae Bellum furent alors aménagés pour pallier à ce manque crucial. Chaque pont distinct, longs comme un manufactorum, était censé représenté un écho système où des conditions climatiques que rencontrerais les futurs croisés. Un navire d'entrainement comme celui-là se retrouva bientôt l'objet de toutes les convoitises. Les plus vieux guerriers côtoyaient les plus jeunes dans les salles d'entrainement et de perfectionnement pendant les longs transits Warp. Le Thunderhawk arriva par l'arrière du vieux navire, évitant dans une large courbe les trainées de plasma de ses immenses réacteurs le propulsant dans l'espace. Il dépassa la cathédrale et ses hautes flèches, construites sur les quartiers arrière du mastodonte. Les hangars d'appontage sur ce type de navire étaient sur les flancs du vaisseau. Avant de virer, le Thunderhawk survola une verrière blindée qui donnait sur l'espace. Dans cette verrière on pouvait voir malgré l'épaisseur du blindage, des chars Astartes tirant à munitions réelles sur des projections hololythique dans un entrainement sur terrain vallonné. Les détonations des canons et des bolters illuminaient par intermittence le noir de l'espace qui régnait au dehors.
Le hangar du navire était plein. Ils avaient dû attendre l'autorisation d'appontage pendant de longues minutes, flottant dans l'espace à l'entrée du bouclier atmosphérique bleuté. L'agitation à l'intérieur était électrique. On aurait dit que toute la croisade voulait s'entraîner, recruter ou perfectionner ses techniques de combat quelles qu'elles soient. La croisade et ses guerriers se préparaient au prochain saut Warp qui les amènerait vers d'autres batailles et de glorieuses campagnes. Le sergent Brüner avait regardé la liste des croisés en attente d'affectations, et avaient survolé leurs états de services. Tous étaient de bons et loyaux guerriers, mais il leur fallait quelque chose de plus. Il s'embarquait dans une quête dont personne n'était revenu vivant auparavant. Qu'importe qu'il soit chassé de ses frères. Il devra mener à bien sa mission, regagner son honneur, laver ses péchés, et ramener tous ses hommes chez eux, sur cette croisade. Et pour cela il devait monter, entraîner, une équipe digne de ce nom.
Il traversait le hangar d'un pas rapide et sec, le chapelain à sa hauteur. Des Astartes en court d'embarquement ou de débarquement les regardèrent. Brüner remarqua leurs regards. Certains étaient suspicieux, ou leurs yeux trahissaient l'étonnement de voir leurs armures si rares. Un groupe de croisés sur une rampe d'embarquement, crachèrent au sol en voyant le sergent. La nouvelle c'était répandue comme une traînée de poudre. Un néophyte nouvellement adoubé, fut retrouvé vivant après un massacre et recevait le commandement de son défunt chef. Le bannissement, pour certains croisés n'était pas la solution qu'ils auraient voulue. Le sergent n'y prêta aucune attention et continua son chemin jusqu'au sas de sortie du hangar donnant sur les coursives du vaisseau.
-Chapelain Markus, conduisez-nous à la salle d'entrainement où sont stationnés les Initiés. Lui demanda-t-il sur le vox de son armure.
Le chapelain tablette à la main, accéléra le pas pour passer en tête et guider son sergent. Sur la droite de Brüner un croisé, en armure complète Terminator, déchargeait des caisses de munitions et des armes d'un Thunderhawk de transport, s'arrêta dans sa tâche et regarda le sergent avancer. Remarquant qu'il le fixait, le sergent lui rendit son regard de ses optiques rouge sang. Le Terminator abaissa la tête en signe de respect, le sergent surprit au début lui rendit son signe, le Terminator hocha la tête avant de se remettre au travail en hurlant sur des serfs du chapitre, de se dépêcher.
La salle de contrôle était large et spacieuse, mais mal éclairé. Des consoles de contrôles de toutes sortes illuminaient le miroir sans teint, derrière lesquels des officiers Astartes examinaient les initiés dans le hangar d'entrainement en dessous. Brüner et Markus rentrèrent dans la pièce bourrée de monde. Les regards se tournèrent vers les nouveaux arrivants.
-Que fais-tu là ? Demanda un sergent, explosant de rage.
Le marquage de son épaulière le disait sergent dans une escouade d'assaut. Brüner ne répondit rien, le toisant dans son armure bien différente du modèle antérieur de celui qui venait de lui adresser la parole.
-Une chance que notre seigneur ne t'a pas tranché la tête, sale lâche. Dit-il en crachant au sol.
Markus fit un pas en avant, vers le sergent. Brüner l'arrêta d'une main.
-Surveillez vos paroles frère, ou je serais en devoir de défendre l'honneur de mon officier. Lâcha Markus, lui aussi perdant son calme.
-Votre officier seigneur chapelain ? Un nouvel initié qui usurpe le commandement de son ancien chef ? Il aurait dû être abattu comme un chien. Le ton montait très vite, des Astartes se postaient derrière le sergent des troupes d'assaut, d'autres restaient en retrait.
-Viens m'expliquer ce que tu penses, en face. La voix du sergent sorti des hauts parleurs de son heaume comme un coup de tonnerre.
Le sergent d'assaut écarquilla les yeux de surprise et de colère, ses narines s'ouvrirent quand il prit une pleine respiration de ses trois poumons modifiés pour charger le sergent Brüner. Markus voulu s'interposer, mais Brüner le poussa de nouveau, et chargea lui aussi. Il fit partir son poing droit blindé dans un crochet puissant. Ses jambes fermement ancrées au sol, utilisant tout son poids dans son coup. L'Astartes attaquant, reçu le coup en pleine mâchoire et fit dévier sa course sur le sas qui permettait d'entrer et de sortir de la pièce d'observation. Emporté par sa masse, l'officier des troupes d'assaut rencontra à pleine vitesse, la porte qui céda sous son poids. Le métal plié, dans un geyser d'étincelles, émis un son dur qui résonna dans les coursives.
L'Astartes, sonné, se releva d'un bond, prêt à se battre. Le chapelain lui aussi se mit en garde, les poings levés aux côtés de son sergent.
-Il ne me plaît pas de rester avec des lâches comme vous. Dit-il en paraissant moins sûr de lui, sa respiration décélérant. Vous êtes une honte pour ce chapitre. Nous ne nous reverrons pas, bonne mort. Lança le sergent des troupes d'assaut et il partit.
La porte pliée par l'impact s'ouvrit difficilement, dans un grincement de métal torturé. Le sergent et un attroupement d'Astartes sortirent avec lui. La pièce sembla se vider instantanément.
-Nous n'apprenons pas à nos recrues de tels techniques de combat, sergent Brüner.
La voix venait de derrière lui. Un autre officier, un capitaine à en juger par ses galons, sorti des ombres.
-Il est jeune et fougueux, l'âge et les batailles mettront du plomb dans son crâne étroit. Dit-il en lançant un coup de menton vers la porte blindée tordue.
-Vous me connaissez mon capitaine ? Osa demander le sergent Brüner.
-Bien sur sergent. J'ai entendu parler de vos exploits. Votre avenir était prometteur parmi nous, dommage qu'il soit aussi vite écourté. La voix du capitaine était douce, mais seulement en apparence. On pouvait sentir une réserve, celle des guerriers en temps de paix. Sa voix ne demandait qu'à crier des ordres sur un champ de bataille chaotique.
-Pardonnez-moi mon capitaine, je ne vous connais pas. Lui avoua le sergent.
-Ne t'en fais pas, cela ne fait aucune différence. J'ai servi de nombreuses années avec Reuss. Si ce vieillard t'a confié son commandement, alors c'est qu'il avait de bonnes raisons. Il n'y avait aucune moquerie ou méchanceté dans ce que disais le capitaine, c'était un vieux guerrier parlant d'un autre.
Brüner sourit à la remarque du capitaine inconnu.
-Je compatis à ta peine frère sergent. Il était mon ami, et je suis le tiens. Il te restera toujours un soutient dans cette croisade. Lui déclara-t-il, les hommes du capitaine venu l'accompagner, dans les ombres hochèrent la tête dans leurs armures.
Brüner s'inclina humblement, Markus fit de même devant les paroles du capitaine.
- Alors comment comptes-tu faire sergent ? Lui demanda le capitaine en montrant du menton, les bras croisés sur sa cuirasse, le fond du hangar où étaient les initiés.
Les initiés, ils étaient une quarantaine à peu près, reprirent leurs occupations après le vacarme qu'ils avaient entendu derrière la vitre sans teint loin au-dessus du sol du hangar d'entrainement.
-Ils s’entraînent depuis le matin, leur raconta le capitaine. Ce sont tous de bons guerriers. Certains sortent du lot.
-Il n'y qu'un moyen d'en être sur frère capitaine. Lui dit le sergent Brüner. Lancez l'Extremis.
Le capitaine sembla surpris et puis sourit de toute ses dents dans son heaume. Il déverrouilla grâce à ses codes de contrôles sur une des consoles les pares-feux permettant de lancer le programme de combat. Il appuya sur une rune rouge clignotante et regarda par la bais vitrée les initiés qui ne se doutaient de rien.
Ils se battaient, tiraient, couraient depuis le début du cycle diurne du navire. Entre deux épreuves de sélections ils rechargeaient leurs armes, complétaient leurs chargeurs, ou s'occupaient des blessés. Un des initiés avait les deux bras brisés par un affrontement à main nu après avoir été désarmé par un servitor de combat. Un Apothicaire s'occupait de ses fractures. Partout dans le hangar gisait des corps désarticulés de servitor de tout gabarit. Les douilles fumantes roulaient sur le sol. Un initié faisait de large moulinet de sa lame, faisant jouer les muscles de son épaule. Un de ses frères, complétait un chargeur en attente de la prochaine vague. Soudain l'éclairage s'éteignit. Et se ralluma subitement. Ça n'avait duré qu'une fraction de seconde. Si l'un des initiés avait cligné des yeux alors il aurait manqué l'extinction et le rallumage des projecteurs du hangar d'entrainement. Les jeunes guerriers furent surpris. Certains se redressèrent et scrutèrent les environs du hangar. Les lumières s'éteignirent derechef. Et se rallumèrent aussitôt. Et puis recommencèrent une nouvelle fois. Le tempo d'allumage et de rallumage accélérait. Soudain dans le fond du hangar, à la faveur de la noirceur, des servitors de combats de toutes tailles et de tous types surgirent. La lumière stroboscopique était si rapide et violente que les yeux modifiés génétiquement des Astartes n'étaient pas assez rapide pour s'habituer au noir et voir dans la nuit. Pareil pour leurs optiques de leurs casques. Les Astartes remarquèrent qu'ils étaient encerclés à la faveur des stroboscopes par une multitude de servitors. Il y en avait des centaines. Les cales de maintenances des servitors étaient vidées. Ils sortaient tous pour un combat. Il y en avait beaucoup plus qu'à la dernière vague. Un initié le remarqua.
-Ils sont trop nombreux ! Hurla-t-il à la foule de ses frères autour de lui.
Soudain la lumière s'éteignit une longue seconde, quand elle revint, les servitors c'étaient rapprochés de dix mètres environs et chargeaient droit sur le groupe d'initié. La lumière s'éteignit, et se ralluma, ils venaient de parcourir encore une dizaine de mètres en chargeant droit devant eux. Un long cri rauque de guerre résonna, les Astartes anticipant le combat à venir. A la prochaine extinction les servitors seraient sur eux.
La lumière revint mais ne disparut plus. Le groupe d'Astartes était encerclé de servitors de combat, ils étaient plantés, en cercle autour du groupe. Certains avec des lances aux pointes effilées à la place des bras, d'autres des marteaux à la place des mains. Chacun était une machine à tuer cybernétique. Quand ils reçurent un ordre qu'eux seuls pouvaient entendre, ils retournèrent dans les alcôves dissimulées dans les murs du hangar, attendant un autre ordre pour servir d'ennemi dans les entraînements du chapitre.
-J'ai vu ce que je voulais voir, déclara le sergent. Chapelain, je vous note en ce moment même les noms de ceux qui feront partie de notre croisade.
Son heaume de combat affichait en temps réel les noms de ceux qu'il avait repérés et envoyait par lien noosphérique les données au chapelain, la tablette cyber data dans les mains.
Le capitaine avait arrêté le programme d'entrainement Extremis au dernier moment, avant que les Astartes ne se fassent submerger. Ce programme prévoyait d'envoyer tout le stock de servitors de combats disponibles jusqu'à la victoire d'un camp et la mort de l'autre. C'était un programme redoutable, visant à tester dans des conditions réelles les réactions d'un Astartes à une mort imminente.
-Lesquels choisissez-vous sergent ? Demanda le capitaine, amusé, Brüner pouvait le sentir dans sa voix.
-Vous voyez ces deux Astartes ? Il montra un guerrier l'épée à la main et un bouclier dans une autre, et un autre à genoux derrière lui. Quand ils comprirent qu'ils n'avaient aucune chance, ils se sont mis dos à dos et s'apprêtaient à vendre chèrement leurs vies. C'est même le guerrier à l'épée, il regarda les informations qu'il avait sur son affichage tête haute, le frère de bataille Dord, qui a hurlé de rage. Il avait compris qu'ils n'avaient aucune chance, pourtant il a formé un dernier carré avec son frère le plus proche.
-Je vois, lui répondit le capitaine.
-Et cet apothicaire ? Il a planqué au sol l'Astartes blessé dont il s'occupait, pour le couvrir de son corps et le défendre. Certains se sont instinctivement rapprochés de leurs frères, les protégeant de leurs corps, mettant des secteurs de tirs en place en une fraction de seconde. C'est ces comportements que je recherche. Lui expliqua le sergent Brüner.
-Il vous a bien formé. Reconnu le capitaine en parlant du défunt sergent Reuss.
-En effet monseigneur. J'ai eu le meilleur des maîtres.
Brüner prit congé du capitaine, et sorti de la pièce d'observation.
-Au fait sergent, rajouta le capitaine avant qu'il ne quitte la pièce. Le Wolf Guard qui vous a trouvé et ramené jusqu'à nous, sur cette colline, avait un message pour vous. « C'était un bien beau combat ». Ce sont ses mots.
-Oui monseigneur, c'était un beau combat. Lui répondit le sergent en sortant de la pièce et rejoignant une coursive.
-Que l'Empereur te garde dans sa paume, Astartes. Murmura le capitaine quand la porte se referma derrière lui.
-Chapelain. Ils marchaient tous deux dans les coursives du Scholae Bellum. Préparez notre départ, donnez leurs affectations aux guerriers que nous avons sélectionnés. Assurez-vous qu'ils revêtent leurs armures de chevaliers errants. Faites-les monter dans notre navire d'affectation, eux et leurs serviteurs. Vous avez une heure.
-Où allez-vous frère sergent ? Questionna le chapelain qui c'était arrêté de marcher pour se fixer dans le couloir.
Sans s'arrêter le sergent Brüner, répondit :
-Je vais prier mon frère. Je ne sais pas si nous rêverons cette croisade un jour.
En finissant sa phrase, d'un pas énergique, il partit vers la poupe du Scholae Bellum, vers la cathédrale de verre et d'adamantium, qui surplombait tout le navire naviguant dans l'espace.
Le sergent Erik Brüner se retrouva devant les deux battants de la cathédrale du Scholae Bellum. Il avait croisé de moins en moins de personnel, plus il s'enfonçait dans les entrailles du navire pour rejoindre sa poupe. Les battants taillés dans un bois noire et dur, s'élevaient vers le plafond en pierre grise, éclairés par les flambeaux et les torches. Le sergent poussa une des portes de ses deux mains. Aussitôt son armure ajouta sa puissance mécanique à la sienne déjà surdéveloppée. Le battant s'ouvrit sans un bruit, et bien plus facilement qu'il n'aurait pu le penser. Aucun homme n'aurait pu ouvrir cette porte seule, ni une dizaine. Il réalisait maintenant la puissance brute de l'armure qu'il avait revêtit. Une puissance contenue dans ses plaques de blindages. Une puissance quasi mystique.
Le réacteur dans le paquetage dorsal, baissa en régime, après l'effort déployé. Le sergent pénétra dans la cathédrale. Il enleva son casque, laissant sa tête nue, et ses cheveux noirs de jais sentir la fraîcheur de l'atmosphère. Ses plaies au visage, qui commençaient à cicatriser, lui firent mal au contact mordant du froid. Son corps et son esprit psychoendoctrinés ignorèrent cette information. Sans un bruit, le système automatisé des portes, les refermèrent derrière lui.
Des rangés de bancs d'airains et de chênes encadraient une allée de pierres sombres, où un immense tapis rubis avait été disposé. Il amenait vers l'autel principal de la nef. Un piédestal où les chapelains faisaient leurs sermons à leurs ouailles avant la bataille, et où leur inculquaient la seule vraie foi en l'Empereur de l'Humanité.
Le sergent s'avança et décida de s’asseoir sur un de ces bancs. Il ne prit pas celui le plus proche de l'autel, ni le plus éloigné. Un braséro crépitait à côté de lui, éclairant de ses flammes un pilier qui supportait la voûte au-dessus de sa tête. Toute la nef était éclairée par une lumière mi- naturelle mi- artificielle.
Un immense vitrail de verre blindé de toutes les couleurs venait laisser filtrer la lumière des étoiles, qui entraient dans la cathédrale. Il représentait un héros du chapitre, ses traits étaient floués, peut-être pour que chaque Astartes s'identifie à lui, ou simplement parce que son visage ne survécut pas aussi bien que sa légende. Il plantait fièrement la bannière du chapitre sur un tas d'éboulis et de gravats, entouré par une ville en flamme. Ses frères en bas le regardaient avec admiration, et une aura dorée illuminait leurs visages emplis de fierté. Quand on regardait assez ce vitrail de plusieurs dizaines de mètres de haut, on pouvait distinguer à travers, toute la proue du navire qui naviguait dans l'espace. Un pouvait distinguer les salles d’entraînements supérieures qui tapissaient tout le long du navire spatial. Ainsi que les traînés de plasma des autres navires de la croisade, qu'ils laissaient s'étendre sur des kilomètres. Un Thunderhawk passa devant les flèches de la cathédrale, et les vitraux. La lumière des étoiles lointaines projeta son ombre sur l'autel. Sans un bruit il disparut aussi vite qu'il était apparu au sergent Brüner.
C'était la première fois qu'il était seul depuis sa chute dans le cratère de la colline B-deux cent trente-quatre. Il posa son casque à ses cotés sur le banc. Prit sa tête dans ses mains et s'effondra.
Les émotions qu'il avait réussi à cacher et endormir resurgirent comme un bolt. En l'espace de quelques instants il fut adoubé par son mentor de toujours. Lui et son escouade tombèrent dans une embuscade, tous ses frères et son officier furent massacrer. Laisser pour mort, il fut sauvé par des frères de batailles. Il reprit conscience dans le vaisseau de son seigneur, jugé et banni pour avoir laissé son ancien maître mourir. Il hérita du commandement d'une escouade, et avait seulement trois jours pour quitter la croisade de son seigneur, le seul foyer qu'il n'eut jamais connu. Les émotions étaient sur le point de le submerger. Il ne le montrerait jamais rien devant le chapelain Markus, mais l'injustice de cette sentence le rendait fou. Il avait accompli sa mission et bien plus encore. Il était plus victime de la colère de son sénéchal, qui avait perdu un ancien ami, que d'avoir trahis.
Sa respiration rauque, ses cœurs battant la chamade, lui indiqua que la colère montait en lui. Il laissa la colère gagner du terrain. Il saisit le montant du banc devant lui de ses mains blindées et l'agrippa. Il serra du plus fort qu'il put. Il c'était entraîné toute sa vie pour ce moment, faire partie du chapitre, et voilà qu'il en était banni. Il était tiraillé intérieurement. Son devoir et ses obligations n'étaient pas fini envers la croisade, son seigneur et le chapitre. Il sera encore plus fort le montant de bois devant lui. Le bois craqua dans sa poigne.
Aussi loin qu'il se souvenait, l'Adeptus Astartes était tout pour lui. Il ne se souvenait pas de sa vie d'avant son intronisation. Ses souvenirs effacés par les procédés d'entrainement et de conditionnement. Il devait n'être qu'un orphelin parmi tant d'autres, qui c'était détaché de la masse par ses compétences martiales et intellectuelles. Il entra au service du sergent Gerhart Reuss à la fin de nombreuses épreuves de sélections aussi éprouvantes que dangereuses. Nombreux prétendants mourraient au cours de leur sélection. Le chapitre ne pouvait garder que les plus forts.
Maintenant il était seul. Il venait d'hériter du commandement de son mentor et avait pour mission de retrouver une relique antédiluvienne perdue. Il desserra sa poigne du banc en face de lui, le bois semblait cassé ou enfoncé, épousant la forme de ses doigts et de ses mains. Il avait perforé le bois dur de ses propres mains sous la rage qu'il ressentait.
Il essaya de canaliser les flots de pensées qui l'assaillaient. Il devait se rappeler son enseignement. Que disait son sergent dans des moments difficiles ? Se concentrer sur ce qu'on savait. Ce qui était sûr. Et en faire émerger un plan, simple et efficace. Il ouvrit les yeux et regarda l'autel de pierre qui trônait au centre de la nef. Un reliquaire protégé par un champ de force bleuté, éclairait la pierre autour de lui d'une lueur fugace. A travers le champ d'énergie pure, Brüner distingua un fragment d'armure qui tournoyant sur lui-même à quelques centimètres du sol. C'était, dis-t-on, un fragment d'une jambière d'un héros tombé sur les remparts des murs de Terra la Sainte. Mort au champ d'honneur, en protégeant le palais impérial.
Devant le spectacle de cet artefact, ses cœurs s'apaisèrent. Sa respiration reprit son calme.
Une mission lui avait été confiée. Aussi dure soit-elle, elle devait être accomplie. Un navire l'attendait, lui et ses hommes. Son seigneur l'avait renié, mais encore certains officiers dans cette croisade comptaient sur lui. Abandonner n'était pas dans sa nature. Il avancerait, contre vents et marées. C'était son but, ce pour quoi il avait été créé, forgé. L'échec n'était pas une option.
Il devait mettre de l'ordre dans ses idées et vite. Mettre en place en plan à court, moyen et long terme. Dans un premier temps, rejoindre son navire et ses hommes. Dans un second temps, préparer leur départ, trouver une piste. Et enfin, retrouver cette relique et rentrer chez eux, leur honneur lavé. En énumérant cela, Brüner paru satisfait. Cela restait des mots, et le plus dur restait à faire. Mais il s'en contentait largement. Il risqua un œil sur le reliquaire. La pièce d'armure paru briller plus intensément que le moment d'avant.
Il se releva et laissa son banc et celui qu'il avait brisé à mains nues. Il s'agenouilla dans l'allée vers la nef et pria l'Empereur, le primarque et le chapitre de lui donner la force, le courage et la détermination de mener à bien sa quête. Il partit d'un énergique vers les portes, les cœurs en paix, et l'âme ravivée.
Le chapelain Markus l'attendait dans le hangar de vaisseaux du navire Scholae Bellum. Il était posté devant un Thunderhawk qu'il avait réquisitionné pour les amener à bord de leur nouveau navire. Brüner le salua et ils montèrent à bord. Durant la traversé, le chapelain l'informa que son serf, ses dix Astartes, leurs équipements, leurs armes, et leurs serviteurs étaient déjà à bord et les y attendait. Brüner paru satisfait et remercia le chapelain pour sa diligence, pour avoir supervisé le transfert. Ils firent le trajet dans un silence relatif, dans le grondement lointain des réacteurs et les turbulences du compartiment passagers. Le silence se brisa quand le pilote du Thunderhawk activa une liaison vox avec eux :
- Messeigneurs, nous arrivons aux abords du Revenant. Leur annonça une voix déformée par la liaison vox de son casque de pilotage.
-Très bien pilote, faites-nous saluer. Lui demanda le sergent Brüner.
Brüner et Markus se levèrent pour regarder par un des rares hublots du compartiment blindé du monstre volant. Ils aperçurent un monstre d'acier, d'adamantium et de verre naviguer sur le flanc droit de la croisade du sénéchal. Il était un peu en retrait, et semblait mis à l'écart par les autres navires. Comme un paria. Il continuait sa route, ses immenses propulseurs à plasma lançaient dans le vide sa masse de plusieurs dizaines de milliers de tonnes laissant derrière lui des trainés de combustion sur plusieurs kilomètres. Ses deux kilomètres et demie de long étaient parsemés de bouches de macro canons et de tourelles de défense rapproché. A l'avant son canon de bombardement et sa lance laser lourde pointaient droit devant lui, cherchant à débusquer la moindre menace. Son pont de commandement, vers la poupe du navire, surplombait de toute sa hauteur le reste du vaisseau en transit. En le voyant, Brüner fut impressionné. Pas que ce fut la première fois qu'il voyait un croiseur d'attaque lourd de la flotte de croisade, mais simplement qu'il en était responsable et en avait le commandement. En s'approchant il vit que le hangar situé à la proue blindée du navire, s'ouvrait pour laisser éclairer l'espace devant lui de la lumière bleutée de son champ de force atmosphérique.
Ils se rapprochaient à grande vitesse du Revenant. L'espace aérien autour de lui était dégagé. Aucun autre transport ou navire ne s'approchait de lui. Ils purent distinguer ses ponts qui envahirent le hublot quand ils frôlèrent sa coque blindée. L’affût d'un macro canon envahi complètement leur champ de vision quand ils passèrent devant. La coque et le blindage semblait avoir subi des dégâts récents et importants. Des éraflures de plusieurs mètres de profondeur, et des impacts d'armes navales balafraient sa coque. Interrogateur, le sergent Brüner se tourna vers le chapelain Markus.
-D'après mes informations frère sergent, le Revenant était une patrouille dans un secteur de la bordure orientale. Il fut engagé, lui et ainsi que deux vaisseaux d'attaques qui l'escortaient, par des pirates Ork. Nous avons perdu un vaisseau d'attaque dans la bataille. Et le Revenant à mit en fuite le reste de la bande de pirate. Il a subi des dégâts légers comparé à ceux qui l'escortaient. Lui apprit-il.
- Il a l'air pourtant encore vaillant. C'est plus que je n'espérais. Dit Brüner dans un murmure empli de respect pour le navire multi-centenaire.
-Il reste un atout majeur de la croisade, mais restait en retrait dans les combats d'envergure jusqu'à ce qu'on puisse le remettre en état. Déclara Markus, en lisant sa tablette. Maintenant, il nous a été confié.
Les moteurs du Thunderhawk moururent dans un sifflement de turbines qui s'arrêtent. Ils venaient de se poser dans le hangar du Revenant. Le chapelain Markus et le sergent Brüner se tenaient debout, droit et fier devant la rampe pas encore abaissée du transporteur lourd. Soudain, dans un bruit de pistons, de dépressurisation, et un nuage de graisse qui s'évapore sous la chaleur la rampe s'abaissa devant eux. L'éclairage était faible dans le hangar, les optiques de son heaume firent la mise au point et augmentèrent la luminosité d'eux même dans un battement de cœur. La rampe toucha le sol du pont dans un fracas de métal. Sans attendre, les deux Astartes en descendirent. Ils se retrouvèrent devant une compagnie complète de serf du chapitre. Ils portaient une tenue complète de combat, fusil et gilets par balles. Ils se tenaient au garde à vous. Un officier dans une tenue d'apparat se tenait devant eux. Lui aussi en armes et au garde à vous. Devant eux, dix Astartes en armure mark huit, ainsi que deux équipages de véhicules Astartes en armure carapace noire eux aussi saluèrent comme un seul homme quand le sergent Brüner posa en premier le pied sur le pont.
-Officier sur le pont !
C'était l'Astartes, qu'avait vu plus tôt Brüner sur le terrain d'entrainement, celui qui portait une épée énergétique et un pavois de guerre, qui avertit tout ceux présent. Sa voix rauque, déformée par son haut-parleur, résonna longtemps dans l'immense hangar vide. Sur la droite du détachement Astartes, un capitaine, à en juger par ses galons, en tenue d'apparat flambant neuve et rutilante, salua le sergent et son chapelain. Au milieu de cette délégation, trônait un gigantesque piédestal, où flottait une immense bannière aux couleurs du chapitre. Une croix de croisé blanche, au milieu du tissu noir de jais. C'était la bannière de sa croisade d'expiation. Un douze stylisé trônait dans le coin supérieur droit de la bannière. Une trentaine de serviteur en bure sombre, portaient sur leurs dos, le pesant symbole du chapitre.
Brüner s'avança et se planta devant le capitaine du navire. Markus en retrait derrière lui. Il se mit au garde à vous, et salua le capitaine.
-Capitaine Ström, commandant du Revenant, mon navire et mes hommes sont à votre disposions monseigneur.
-Sergent Brüner, commandant de la douzième croisade d'expiation, du chapitre des Black Templars.
En prononçant son rang d'officier, Brüner fut surpris. Il n'avait pas l'habitude de se présenter ainsi. Il devait s'y habituer et vite.
-Tout votre équipement et vos hommes ont été transférés. Nous attendons vos ordres. Lui annonça le capitaine, un cigalho entre les lèvres.
-Nous n'avons pas beaucoup de temps capitaine, il nous reste deux jours pour quitter cette croisade, et mettre en place notre plan de route. Lui dit le sergent d'une voix grave.
-Parfait, la guerre me manquait. Lui répondit en souriant le capitaine dans un nuage de cigalho.
L'atmosphère du stratégium était étouffante. La fumée du cigalho du capitaine formait de gros nuages qui passaient devant l'écran hololithique vert au centre de la pièce, au-dessus de la table de commandement. Ils avaient tous retiré leurs casques et attendaient patiemment, les bras croisés sur leurs torses engoncés dans leurs armures, ou au repos, regardant leur sergent. Les dix Astartes nouvellement recrutés étaient à la périphérie de la lueur de la table hololythique, leurs visages baignant dans sa lumière. Les équipages qu'avait aperçu Brüner plus tôt sur le pont se tenaient dans la pénombre et écoutaient eux aussi. En plus du capitaine, un officier, qui semblait responsable des forces de défenses du navire attendait patiemment dans l'ombre des géants autour de lui.
-Messieurs, nous avons une mission. Annonça le sergent de but en blanc. Nous avons deux jours pour quitter cette croisade. Notre but est de retrouver le poing du champion.
Un murmure de surprise parcouru l'assemblée. Même le capitaine laissa tomber son cigalho au sol quand il ouvrit la bouche de surprise. Il alla rouler sous la table hololythique.
-Nous sommes la douzième croisade d'expiation. Lança Brüner à l'assemblée.
L'Astartes à l'épée énergétique s'avança d'un pas, le casque sous le bras. Des ombres verdâtres dansaient sur son visage carré et dur. Ses cheveux blond coupé très court, encadraient un regard perçant et vif.
-Frère Dord, se présenta l'Astartes. Cela voudrait dire que nous partons dans une quête dont aucun frère n'est jamais revenu ?
-Absolument, frère Dord. Mais je compte bien réussir là où nos frères n'ont pu accomplir ce pour quoi ils étaient partis.
Le chapelain Markus observait et jugeait la conversation. Brüner le savait.
Un autre Astartes s'avança. Un profonde cicatrise lui fendait le cuir chevelu sur le côté droit de son crâne dans ses cheveux bruns.
-Frère Konrad, frère sergent. Comment cela se peut ?
-Parce que je vous ai choisi personnellement, et que nous avons un avantage nettement supérieur. Nous avons le Revenant. Lui répondit calmement le sergent, plantant son regard dans celui de Konrad et celui de Dord tour à tour. Capitaine Ström, faites-nous un compte rendu de notre situation s'il vous plait.
Le capitaine s'avança vers la table et pianota quelques touches. La vue de la croisade en hologramme s'évanoui pour laisser place à une vue tournoyante sur trois cent soixante degrés du Revenant.
-Au cours du dernier affrontement nous avons subis de légers dégâts que nous réparons en ce moment même pour reprendre du service actif dans la croisade. Nous avons subi un abordage en règle de la part des Orks et avons perdu de nombreux soldats de sécurité. Capitaine Makloff ?
L'officier des forces de sécurité s'avança lui aussi.
-Nous avons perdu l'équivalent d'un régiment de bons et loyaux soldats dans l'attaque mais nous les avons repoussés.
-Combien d'hommes vous reste-t-il ? Demanda le sergent en croisant ses bras sur sa poitrine.
-Environ trois milles hommes et femmes, fidèles au chapitre et à l'Empereur. Répondit Makloff en retournant dans les ombres.
Les chiffres n'étaient pas en leur faveur. Ils avaient perdu un quart de leur force de défense si un autre abordage survenait. Et impossible de les remplacer en si peu de temps.
-Je vois, dit le sergent en réfléchissant. Capitaine Ström, je veux une révision complète du navire, des réparations les plus succinctes et exhaustives possibles. Je veux être prêt à faire route et partir en guerre dans deux jours. Lui ordonna le sergent.
-Ce sera fait monseigneur. Lui assura le capitaine.
-Je veux aussi un inventaire complet de nos munitions, de notre parc de véhicules, de nos armes. Énuméra Brüner.
-Monseigneur, lui répondit Ström. Un seigneur Techmarine du nom d'Osmound est déjà détaché à notre navire depuis de nombreuses années. Il est non combattant, ses jambes furent sectionnées dans une bataille horrible et aucun implant ne purent lui être greffé. Il est limité aux déplacements dans son atelier par un servo bras puissant. Depuis votre affectation il effectue cet inventaire. Il sera prêt en très peu de temps.
Deux autres Astartes sortirent des ombres. C'était de toutes évidences deux chefs de véhicules.
-Frère Rudikher, frère sergent. Se présenta le premier. Mon équipage et moi-même sommes détachés à ce navire et votre mission. Nous avons reçu un transport de troupe Rhino dans un état lamentable. Mes hommes et moi sommes en train d'essayer de le rendre opérationnel. Mais nous manquons de pièces détachées rares et de mains d'œuvre qualifié.
-Frère Hasmond, pilote de Thunderhawk, frère sergent. Nous sommes aussi détachés à votre croisade, avec mon appareil, qui est en état de voler. Mais le Thunderhawk de transport assigné à ce navire manque de pilote. Nous ne pourrons piloter l'appareil d'attaque et celui de transport en même temps.
-Tant que notre transport blindé Rhino assigné sera hors service, le transport Thunderhawk sera une priorité secondaire, frère Hasmond. Je vous charge de la maintenance et de l'entretient de vos appareils. Faites avec les moyens du bord, nous ferons les demandes concernant les fournitures et les denrées que nous avons besoin. Leur demanda Brüner, d'un ton qui n'appelait à aucune contradiction.
Une évidence commençait à émerger dans l'esprit du sergent. Le sénéchal ne leur facilitait pas la tâche. Et entravait peut-être intentionnellement le bon déroulement de leur départ.
-Demandez à notre navigateur de trouver le dernier emplacement connu de la croisade d'expiation la plus proche. Sauf contre ordre, c'est notre première étape. Ajouta le sergent. Prenez vos quartiers. Soldats, je vous attends dans une heure dans le hangar d'entrainement. Rompez.
Le sergent Brüner se tenait devant la porte blindée de ses quartiers. Il avait parcouru les coursives tertiaires, celles qui couraient tout le long de la coque du navire. Il avait vu de nombreux impacts de lasers et de balles solides tout du long. Au plus fort des combats, des pans de sol grillagé manquaient ou avaient fondu. Les stigmates d'un important abordage apparaissaient partout où sont regard se posait. Les Orks n'avaient pas réussi à atteindre les coursives secondaires et primaires, celles qui protégeaient les quartiers de l'équipage, les armureries et les hangars vitaux. C'était une preuve exemplaire de l'efficacité et du courage des défenseurs de ce vaisseau. Il pénétra dans ses quartiers, quand dans son affichage tactique apparu l'inventaire complet de leurs ressources, compilé par le
Techmarine Osmound qu'il n'avait pas encore rencontré.
Les niveaux étaient alarmants. Les munitions pour les canons principaux étaient au plus bas, pas plus de cinq coups par pièce. Les réservoirs de plasma étaient eux aussi presque à sec. Quelques tourelles de défenses étaient inactives, et les munitions pour les bolter et les armes légères de l'équipage venaient à manquer. Un ravitaillement de taille et d'urgence était nécessaire.
L'éclairage automatique de sa chambre s'illumina quand il détecta le mouvement de l'armure de Brüner. Il transmit en une pensée, les demandes de munitions et d'équipements qu'il avait pris en note lors du briefing plus tôt, par voie noosphérique. Les officiers de communications transmettraient au reste de la flotte et aux ravitailleurs. Sa chambre était spartiate. Un lit aux montants de bois simple, encadraient une paillasse rêche et rustique. Un bureau de pierre simple venait s'appuyer contre le mur opposé, où deux tabourets solides étaient rangés dessous. Une malle était posée aux pieds du lit, et un placard venait terminer le tout. Il remarqua une ouverture dans la pierre au fond de la pièce. Et un scanner d'empreinte génétique dissimulé dans le mur. C'était le rangement dissimulé pour son armure. Il communiquait avec un monte-charge dans la paroi du navire qui amenait directement à la chambre de son artificier personnel et serf, quelques étages plus bas. Une alarme discrète l'averti que quelqu'un attendait devant la porte de ses quartiers. Il vérifia l'affichage pix grâce à la connexion de son armure avec l'environnement technologique qui l'entourait pour voir que c'était son serf. D'une pensée il autorisa l'ouverture de la porte blindée.
Il entra, et s'inclina poliment.
-As-tu apporté toutes mes affaires, serf ? Demanda calmement Brüner.
-Absolument monseigneur. Lui répondit le serf. Comme vous le souhaitiez.
Le sergent avait peu d'affaires personnelles ou de valeur. Son statut de guerrier le voulait ainsi et il s'en contentait.
-J'aimerais que tu installes un râtelier d'arme dans mes quartiers.
-Ce sera fait.
-Bien, j'ai plusieurs règles que tu devras suivre en me servant. La première, je m'occuperais personnellement de mon épée. Tu t'occuperas de mon armure et de mes autres armes. Lui annonça-t-il.
Son épée, était une relique qui appartenait à frère Castar, mort sur cette fameuse colline. Il l'avait défendu de sa vie contre des hordes d'ennemi, et avait été retrouvé inconscient avec, toujours dans ses mains. Refusant de s'en séparer même aux portes de la mort.
-Qu'elles sont les autres, monseigneur ? Demanda humblement le serf.
Le sergent se retint de sourire devant l'empressement du serf d'apprendre et de servir.
-Tu les apprendras en temps voulu. Essaye de voir si tu peux te rendre utile aux réparations du navire avant notre départ. Tu me feras ton rapport. Tu peux disposer.
Sans attendre son reste, le serf sorti à reculons, ne montrant pas son dos à son maître et sorti de la pièce. Brüner l'entendit grâce à son ouïe grandement améliorée, s'éloigner d'un pas rapide claquant sur le sol.
Il s'autorisa un instant pour souffler, s'assit sur un des tabourets. Il but une longue gorgée d'une eau mainte fois recyclée dans un gobelet d'argent posé sur la table. Elle était fraîche dans sa bouche et le désaltéra. Ses hommes devaient eux aussi prendre possession de leurs appartements en ce moment même, dans les quartiers d'équipages réservés aux Astartes.
Certains posaient des questions sur les tenants et aboutissants de leur quête, et c'était normal. C'était maintenant à lui de les convaincre, de leur donner une mission, un but et de les guider vers la victoire. Et il était prêt à voir ce dont ils étaient capables. Il lui restait un peu de temps avant de retrouver sa troupe aux hangars d’entraînements, alors il saisit une tablette cyber data et étudia les archives du chapitre concernant les autres croisades précédentes.
Ils étaient tous à l'heure dans le hangar. Le chapelain entra en dernier, fermant la marche. C'était un vaste espace, dans les profondeurs du navire. Malgré l'épaisseur des murs blindés conçu pour l'entrainement à balles réelles, ils pouvaient entendre les réparations dans les coursives et la coque qui allaient bon train. Deux ponts plus bas, les hommes du capitaine Makloff s’entraînaient eux aussi, dans une remise en forme et à niveau aux vues d'un voyage long et rigoureux.
Quand ils furent tous arrivés, ils se mirent en cercle instinctivement, en armes et en armures complètes. Leur équipement était hétéroclite. Il voyait un bolter lourd, ainsi qu'un lance flammes dans les mains de ses hommes. Mais aussi un pavois et une épée énergétique. L'héraldique d'un apothicaire trônait fièrement sur l'épaulière d'un frère de bataille du cercle. Le sergent prit la parole :
-Nous allons-nous aventurer dans des régions inconnues, affrontant les pires ennemis. Nous serons toujours en infériorité numérique. Nous ne pourrons compter que sur nous-même et nos frères. Nous n'aurons qu'un soutient limiter. C'est pourquoi nous devons apprendre à nous battre comme un seul être. Une seule entité. Bouger comme un seul corps, et combattre comme un seul bras armé.
Certains Astartes hochèrent la tête. D'autres regardèrent leurs frères génétiques à leurs côtés. Ils ne se connaissaient pas il y a quelques heures à peine. Mais certains c'étaient déjà croisé sur les champs de batailles pendant leurs formations auprès de frères plus expérimentés.
-Nous nous entrainerons deux fois plus fort, et longtemps jusqu'à devenir une unité de combat implacable et invincible. Notre survie et notre succès en dépendent. Asséna le sergent. L'entrainement commence maintenant. Formez vos binômes de combat.
En quelques instants les binômes se formèrent par accointance et se positionnèrent pour les premiers entraînements. Seul le chapelain Markus restait en retrait, jugeant et surveillant les préparatifs.
-Cela vaut aussi pour vous frère chapelain. Vous faites partie de cette unité de combat. Lui lança le sergent.
Le chapelain paru surpris mais ne le montra pas. Son casque de mort renvoyant les regards qui le ciblaient. Il sorti son pistolet bolter et prit position avec le sergent. Brüner enfila son casque, imité par ses hommes. Il activa sa liaison vox :
-Progression tactique, à mon commandement doublette, puis triplette, puis transition. Rechargement standard avec tir d'appuis. Exécution !
Les bolters aboyèrent dans les mains des Astartes vers le fond du hangar, les douilles volèrent, et les flammes des canons illuminèrent leurs pas.
L'entrainement allait bon train, ils venaient d'effectuer un mouvement de replis avec appuis feu. Le sergent Brüner paraissait satisfait, même si quelque chose le chiffonnait. Il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Ses hommes avaient lâché un torrent de bolt contrôlé vers les ennemis holographiques, et reculait en quiconque, passant derrière leur binôme de combat, tapant sur leurs épaules pour leur signaler leur déplacement. Ils se mettaient alors en position à genoux pour appuyer le mouvement de leurs frères. C'était un balai meurtrier et précis qui se mettait en place. Une vraie chorégraphie. Le sergent rechargeait son arme, insérant un chargeur plein. Il voyait l'Astartes avec son pavois, et son épée discuter avec un de ses frères. Son binôme. Pour l'exercice, il avait rangé son épée dans son fourreau, et c'était doté de son pistolet de service. Chaque soldat se devait d'être versatile et complet. Ils ne pouvaient pas se permettre de troquer un style de combat contre un autre. Ils devaient maîtriser tous les aspects de la guerre s'ils voulaient survivre.
C'était impossible que le guerrier à l'épée, Dord, ne connaisse pas de longue date son frère avec qui il parlait. Son comportement et sa gestuelle, montrait un réel lien, plus profond et ancien que ce qu'il pouvait avoir avec d'autres. Son binôme et lui avait déjà combattu ensemble. Son frère, Tantion, vérifia le sergent sur son affichage tactique, ne semblait pas répondre. D'une simple vérification, il trouva pourquoi. Ce frère avait fait vœux de silence, bien des années auparavant. Dord l'avait surement connu avant que son frère prête ses vœux. Dord semblait expliquer à Tantion, l'angle mort qu'il avait avec son bouclier. Son frère posté derrière lui, devait effectuer des pas chassés sur le côté droit de Dord pour l'appuyer pendant les rechargements à une main de son arme, l'autre étant prise par son bouclier. Tantion hochait la tête pour montrer qu'il avait compris, sans un mot. Dord éclata de rire, posa son gantelet sur l'épaulière de son frère et échangea quelques mots avec lui. Tantion sans un mot, haussa les épaules, Dord reparti d'un éclat de rire sonore. La pause était finie. Dord se remit en position, Tantion derrière lui, prêt.
Ils avaient enchaîné les exercices de tirs. Brüner était en sueur sous son armure. Sa transpiration était recyclée par les systèmes de son armure, pour l'hydrater. Une armure Astartes était un mécanisme complexe et précis. Permettant au guerrier qui la revêtait de combattre en parfaite autarcie pendant une période prolongée et indéterminée.
Ils avaient enchaîné alors avec des exercices de combat au corps à corps. Brüner avait repéré que plusieurs de ses hommes combattaient avec des armes lourdes à distance. Il devait évaluer leurs prouesses dans un combat rapproché. Il ne pouvait se permettre d'avoir dans son unité des combattants avec des lacunes. Le groupe de douze guerriers avait formé un cercle pour délimiter la zone de combat, dans lequel chaque guerrier devait passer affronter un de ses frères, le vainqueur rencontrant le vainqueur d'un autre combat, et ainsi de suite. L'entrainement continuait. Frère Johann avait demandé à combattre sans son bolter lourd, ce que le sergent avait refusé tout net. Un entrainement se devait de se faire dans les conditions du réel ou ce qui pouvait s'en rapprocher le plus possible. Sinon il ne servirait à rien. Alors il s'effectuerait en armure complète, avec portes chargeurs et armes. Frère Johann se débrouillait bien, malgré le poids encombrant de son arme lourde. Il parait, esquivait et ripostait de façon convenable, avec son couteau de combat. A un moment du combat, il bouscula même son frère avec la masse d'acier de son bolter, le projetant au sol, et remportant ainsi le premier tour de la phase de combat.
Vint le moment où le sergent Brüner rencontra le chapelain Markus, tous deux excellents escrimeurs. Au centre du cercle, Markus et Brüner se tournait autour, comme deux prédateurs attendant le bon moment pour se jeter l'un sur l'autre. Dans un balai d'apparence calme, ce n'étaient plus que deux boules de muscles et de nerfs prêts à fondre l'un sur l'autre, dans un déchaînement de violence. Le chapelain attaqua en premier, son casque à face de tête de mort hurlante, retentit d'un cri rauque et puissant. D'une rage à peine contrôlée. Le sergent para son attaque de crozius, qui venait du haut vers le bas. Son arme n'était pas activée, son champ disruptif restait inerte. L'épée de Brüner résonna jusque dans son bras sous la puissance du coup. Ses os renforcés vibrèrent. De sa main libre, il envoya un uppercut en plein dans le sternum de son adversaire. L'armure Mark VIII encaissa le coup, sans grand dommage, ni aucune blessure, mais cela permit au sergent Brüner de surprendre son adversaire. Le chapelain recula de quelques pas, son paquetage dorsal touchant presque les poitrines d'acier des Astartes qui les entouraient.
Le sergent attaqua sans demander son dû. D'un coup du tranchant de sa l'âme, en arc de cercle au niveau de la taille. Devant la puissance du coup et sa rapidité, le chapelain n'avait pas beaucoup d'option pour l'esquiver. Et c'est la base du combat au sabre et à l'épée. Diminuer et cadrer son adversaire avec ses coups pour qu'ils n'aient plus aucun moyen de s'en tirer avec une botte ou une esquive, alors on donnait le coup de grâce. Le chapelain mit son crozius en opposition au niveau de sa hanche droite, la protégeant. Laissant tout son côté gauche à découvert. Le sergent fonça dans sa garde, au plus près de lui. Lui assénant un violent coup de coude dans la tempe. Le chapelain, sonné, mis un genou à terre, pour se retrouver nez à nez avec la lame de son officier qui le toisait.
-Relevez-vous chapelain, il nous reste encore un long entrainement. Lui lança le sergent, debout face à lui.
Reconnaissant sa défaite, le chapelain accepta la main qu'on lui t'tendait, et se releva avec l'aide son officier. Sans un mot, le binôme de combat suivant s'avança dans l'arène improvisée, et commença le combat.
Dord semblait survoler la compétition, remportant ses combats en quelques touches ou moins. Son habileté à l'épée semblait hors norme. Mais il ne semblait pas s'en émouvoir, ni en tirer une quelconque fierté. Il connaissait ses capacités et en tirer le maximum parti pour arriver à ses objectifs. Sans dénigrer ses frères. Arriva le moment, où le sergent rencontra Dord en combat singulier. C'était le dernier combat. Celui de ceux qui avaient passés tous les autres combats. Tous les regards étaient tournés vers eux, Dord, armé de son épée énergétique, son champ disrupteur lui aussi désactivé pour le combat, et de son pavois, contre Brüner armé de son épée lui aussi. Dord osa un salut, celons l'étiquette des Black Templar, pour un combat jusqu'au premier sang. Le sergent Brüner lui répondit aussi, le saluant de son épée devant son visage. Quand ils baissèrent leurs épées respectives, ils se toisèrent. Dord attaqua le premier, dans une passe habile et rapide. Son habileté atténuait l'effort qu'il devait fournir pour ses attaques. Dans une économie de geste, il fit une attaque d'estoc en plein dans le plastron du sergent. Brüner s'y attendait, il l'avait étudié durant ses autres combats. D'une passe de son arme il dévia sa lame vers la gauche, dans un geyser d'étincelles. Ils reprirent leurs distances, comprenant que le combat serait loin d'être aussi facilement gagné. Le brouhaha des réparations résonnait toujours à travers les cloisons du hangar d'entrainement. Dord reparti à l'attaque, avec la pointe de son bouclier, il essaya de frapper le sergent à la gorge, et de son autre main, dans un geste horizontal visa les jambes de Brüner. Aussitôt le sergent réagis. Il para l'épée avec la sienne et se baissa pour esquiver le bouclier. Au lieu de s'éloigner, il réduisit la distance avec son adversaire. Presque au contact il lui asséna un violent coup de casque qui l'atteignit dans le respirateur. Profitant de son élan, le sergent, dans un geste descendant, venant de la gauche, attaqua la poitrine de Dord.
Dord pivota sur lui-même, esquivant le coup meurtrier. Du coin de l'œil, le sergent vit son soldat l'esquiver par la droite, se mettant hors de portée de son attaque. Il savait qu'il allait se retrouver dans son angle mort et l'attaquer, et qu'il n'aurait aucune chance d'esquiver. Il partit vers la gauche, pivotant sur lui-même, essayant de prendre de vitesse, dans le même tourbillon meurtrier que son adversaire.
Brüner senti le choc de la lame inactive l'atteindre au gorgerin. Dord venait de le toucher. Pourtant dans son bras droit, celui avec lequel il tenait sa lame, il senti aussi qu'il avait touché quelque chose. Le sergent Brüner réalisa qu'ils étaient chacun à une distance d'un mètre d'écart, leur lames pointées sur la gorge de l'autre. Dans une parfaite égalité.
Le chapelain s'avança, posa ses gantelets blindés sur les armes respectives des deux combattants.
-Exæquo, messieurs. C'est la fin du combat. Jugea le chapelain d'une voix calme.
Les deux guerriers, surpris, reculèrent de quelques pas et se saluèrent énergiquement.
-Frère Dord, vous m'honoreriez si vous acceptiez de devenir le champion de cette croisade. Demanda poliment le sergent. Ses hommes répondirent en frappant leurs cuirasses de leurs poings, approuvant la demande, dans un geste guerrier.
C'était une tradition, vieille de plusieurs millénaires. Les Black Templars étaient connu pour nommer le meilleur de leur soldat comme champion de compagnie. Il devait prendre le rôle de champion de l'Empereur, comme Sigismund, avant eux, leur fondateur, l'avait fait. Il représenterait le pinacle guerrier de leur chapitre et défendrait les couleurs et les principes des croisés.
-Tout l'honneur est pour moi, frère sergent. Répondit Dord dans un souffle en s'inclinant.
Le martèlement des poings sur les armures reprit pour fêter la nomination du champion de la croisade d'expiation. Dans un sourire sous son heaume, le sergent Brüner tendit son avant-bras pour que Dord le saisissent à l'ancienne mode de Terra.
-Reprenons l'entrainement alors.
Les exercices de tirs se poursuivaient, ça faisait bientôt vingt-quatre heures d'affilé, qu'ils s’entraînaient ensemble. Brüner voulait pousser ses hommes dans leurs retranchements, et les pousser à la faute. C'était le seul moyen de se remettre en question, et de progresser. Ils travaillaient sur un exercice de transition. Ils simulaient la fin d'un chargeur, et le fait de passer sur leurs armes secondaires pour continuer de traiter la menace en face d'eux. D'un geste ample de sa main gauche, toujours sur le garde main, il amenait son bolter dans son dos, toujours attaché par sa sangle à son armure, et de la main droite, il sortait son pistolet bolter à sa cuisse, pour continuer le tir. Il ordonna à tous de se remettre en place, pour recommencer l'exercice. Le son d'un chargeur vide frappant le sol un peu trop fort résonna dans le hangar.
Le sergent réalisa dans un battement de cœur, ce qui n'allait pas depuis le début de leur entrainement. Un de ses guerriers, rechargeaient une demie seconde trop lentement, était une seconde en retard sur les déplacements. Imperceptiblement il montrait son mécontentement.
-Fin de l'exercice ! Prenez cinq minutes, et reprise des exercices de tir ! Hurla le sergent à l'assemblée.
Il comprit qui était responsable de cette dissension et il devait y mettre un terme le plus vite possible. C'était un Astartes du nom de Karl, le porteur de lance flamme. Depuis leur rencontre il n'avait prononcé aucun mot, était resté en retrait. Brüner avait pris ça pour de la réserve, ou de la déférence. Mais pas du tout, c'était de la colère et du ressentiment.
Le sergent Brüner s'approcha du guerrier isolé, entrain de recharger et compléter ses chargeurs.
-Astartes, suivez-moi je vous prie, nous devons parler. Lui demanda Brüner, d'une voix calme mais ferme.
-Qu'avez-vous à me dire frère sergent ? Lui lança frère Karl. Ses paroles étaient cinglantes. Vous ne voulez pas que tout le monde sache ce que vous voulez me dire peut-être ?
Le ton était vite monté, le chapelain Markus s'approcha rapidement, les hommes autour de lui firent de même. Le sergent se retourna et d'un mouvement de la tête fit comprendre au chapelain qu'il s'occuperait de cette affaire.
-Vous êtes à la traîne soldat, vous handicapez cette escouade de croisés, mais pas par incompétence, vous le faites délibérément, pourquoi ? Demanda le sergent, sa voix commençait à perdre son calme.
Karl se retourna vers son sergent, remettant son chargeur dans son porte chargeur et croisant ses bras sur sa poitrine.
-Permission de parler librement ?
Il venait d'oublier consciemment le titre de son officier en s'adressant à lui. Le chapelain bondit.
-Vous vous prenez pour qui soldat ? Vous avez oublié à qui vous vous adressez ? Hurla Markus.
Le sergent d'un mouvement de la main le fit taire. Markus s'arrêta net et regarde le sergent d'un air interrogateur.
-Parle. Répondit le sergent.
Karl prit une grande inspiration et ce lança, vidant son sac.
-Nous nous retrouvons dans une croisade d'expiation, bannis de notre propre chapitre pour les fautes d'un autre, dans une quête où aucun de nos frères n'est jamais revenu, avec à notre tête un usurpateur ! Je n'ai pas mérité cette honte ! J'étais promis à un avenir glorieux au sein de mes frères de batailles, et nous voilà embarquer dans une quête à la poursuite de chimère !
Karl avait hurlé, explosant de rage, et regardait aussi bien ses frères que son sergent pendant son monologue.
-As-tu fini soldat ? Demanda calmement le sergent.
Sans attendre sa réponse, le sergent arma son bras et envoya un puissant direct en plein casque à son guerrier. Le choc fut tonitruant. L'impact envoya le soldat à terre, qui essaya dans un réflexe de se relever aussi vite que possible. Le sergent se retrouva sur lui. Posa sa botte blindée sur son plastron le maintenant au sol.
-Je suis le sergent Erik Brüner des Black Templars. Appelle-moi par mon titre, Astartes. C'est la première et dernière fois que je te le rappelle. La prochaine fois, je te prélèverais un bras en compensation. Déclara-t-il, assez fort pour que tous puissent l'entendre.
Pour toute réponse, un grognement retentit dans le heaume du soldat à terre. Son nez devait être brisé, et saigner abondement. Le sergent recula d'un pas, laissant l'Astartes au sol se mettre sur les coudes, toujours en le regardant.
-Depuis quand les Black Templars rechignent à la tâche ? Demanda-t-il à l'assemblée. Aucune réponse ne lui parvint. Dois-je vous rappeler pourquoi nous sommes en croisade mes frères ? Depuis presque dix mille ans ? Toujours aucune réponse.
-Je vais vous le dire, mes frères. Pour laver nos péchés. Pour montrer à la galaxie notre pureté. C'est le prix que notre chapitre paye, chaque jour. Mais, mes péchés, ne rejailliront pas sur vous. Les péchés du père n'entacheront pas son enfant. Et cela je vous le promets, mes frères. Nous avons une mission à accomplir, et je ne compte pas échouer. Déclara-t-il, d'une voix forte et claire qui résonna dans le hangar. Chapelain, je vous laisserais le soin de choisir sa punition. Maintenant reprenons l'entrainement. Dit le sergent en s'éloignant.
Aucun soldat n'aida à se relever Karl à terre, désapprouvant publiquement son comportement, même si intérieurement, peut-être qu'ils ne pensaient pas moins. Le binôme de combat de Karl, frère Gauron, l'Apothicaire, fut le seul à lui tendre une main, qu'il repoussa violemment, sa fierté piquée au vif. Il se releva seul et se remit en position pour poursuivre l'exercice de tir.
L'entrainement durait depuis des heures, enchaînant les exercices de tirs et de mouvement. Des bips sonores avertissaient de la direction d'une menace et l'escouade réagissait en prenant position pour faire face et répliquer dans l'instant. Quand les chargeurs furent vidés, et que le paquetage dorsal du bolter lourd de frère Johann arriva à sec, ils alternaient avec un entrainement aux techniques de corps à corps. Des serfs alors apparaissaient et nettoyaient le sol de toutes les douilles vides avec de grands balais. Les récupérant pour les refondre dans les modestes forges du navire. D'autres changeaient les cibles au fond du hangar et d'autre rechargeaient les chargeurs pour leurs maîtres surhumains. Les déplacements devenaient fluides, un début de cohésion apparaissait. Mais seule la guerre pouvait forger un véritable esprit de groupe.
Brüner esquiva un coup de crozius ascendant vers son visage. Le champ de force désactivé, l'arme entailla l'arrête de l'optique de son casque. Il répliqua d'une botte d'escrime qu'il avait apprise en regardant ses frères combattre. Il porta un coup d'estoc de la pointe de son épée et quand elle atteint le prolongement de son bras il la ramena vers le haut. La pointe entailla aussi l'arrête du heaume du chapelain. Une liaison vox s'ouvrit :
-Egalité frère sergent. Lui lança le chapelain de sa voix neutre.
-Recommençons alors. Lui répondit sur le même ton le sergent.
Il était en nage dans son armure. Les entraînements de forces, de tirs et de combats se suivaient sans interruption. Sa physionomie améliorée répondait bien, ses cœurs alimentaient en oxygènes ses muscles de fer, et ses poumons pompaient à plein régime l'air filtrée par son armure. Avec la puissance motrice de son armure Mark VIII, il pouvait encore combattre pendant une longue période sans fatiguer. Ses hommes eux aussi combattaient au corps à corps, même le porteur d'arme lourde, frère Johann, qui tenait son bolter lourd d'une main et de l'autre parait et attaquait au couteau.
Il leur avait dit qu'un entrainement se devait d'être dans des conditions réelles, sinon il ne servait à rien. Un frère qui avait une affinité pour les armes à distance se devait d'être aussi un guerrier émérite au combat rapproché et à contrario, un guerrier ne jurant que par l'escrime se devait d'être irréprochable à distance, comme le frère Dord. Ils devaient tous être aussi versatiles que possible. Un véritable rouage dans une machine de guerre bien huilée.
Les bruits des réparations ne s'arrêtaient pas de résonner dans le hangar, les équipes de maintenance étaient à pieds d'œuvre.
-Le sénéchal a tenu sa promesse et a honoré sa part du contrat. Déclara le chapelain, dans un mouvement horizontal de son crozius, en terminant sa phrase d'un crochet de son poing gauche.
Le sergent esquiva facilement le premier coup et le deuxième le toucha au bras droit. Il ignora la douleur et reparti à l'attaque. Il fut presque déstabilisé par les propos du chapelain, c'était comme s'il arrivait à lire ses pensées.
-En effet, mais j'ai l'impression qu'il ne nous laisse que très peu de chance de réussir. Répondit le sergent dans un mouvement de parade, il frappa le poignet du chapelain qui laissa échapper son crozius. Rattaché à son armure par une lanière de cuir il ne tomba pas au sol, mais il était trop loin pour le récupérer. Il se saisit de son couteau de combat à sa botte pour continuer le combat.
-Vous vous trompez, il nous fournit un navire et une escouade, peu de bannis peuvent se targuer d'avoir eu autant. Le chapelain semblait défendre son seigneur devant les réticences de son sergent.
Brüner eut soudain sur son affichage tactique un message écrit qui s'afficha sur sa rétine. Tout en combattant il le lut.
-Je n'en suis pas si sûr. Répondit-il au chapelain tout en parant ses attaques au couteau.
Toutes les requêtes ou presque avaient été refusées. Le rechargement en munition pour les macros armements avaient été simplement ignorées et n'avaient reçues aucune réponse. Seuls, le ravitaillement en carburant plasma avait été accepté, mais seulement la moitié de la quantité demandée, et le quart de munitions légères pour les soldats et Astartes. Les pièces pour l'entretien et la réparation du transport Rhino avaient été refusées elles aussi. Le chef de char Rudikher devrait faire sans avant de pouvoir trouver un substitut ou une forge capable de les produire. La requête concernant la demande de renfort de troupes de sécurité, elle aussi fut refusée, sans motif apparent. Un rapide calcul mental, permit à Brüner de comprendre qu'ils ne pourraient faire route vers les derniers signes de vie de la croisade d'expiation la plus proche d'eux, car ils n'avaient pas les ressources pour l'atteindre, tout simplement. Il devra choisir un autre plan de route. Ils continuèrent l'entrainement, jusqu'au prochain cycle diurne du navire.
Ils étaient tous sur le pont de commandement du Revenant. Le sergent Brüner admirait la vue par la baie panoramique du navire. Il pouvait voir la coque peinte en noire, absorber la lumière des étoiles lointaines. La croisade du sénéchal prenait de la vitesse et s'éloignait de plus en plus de son vaisseau. De longues trainées bleutés, et verdâtres des réacteurs à plasma les suivaient dans le vide intersidéral. La multitude du navire de tout tonnage se resserraient pour ne former qu'une pointe de flèche d'adamantium et de canons. Soudain une déchirure dans l'espace réel le fendit en deux. Une balafre mauve émergea du néant et s'ouvrit de plus en plus. Des arcs de foudres eux aussi dans les teintes mauves, poignardaient le vide spatial, et la longue procession de navire s'y engouffrait à pleine régime. Le cœur astropathique de navigateurs de la flotte communiait pour ouvrir un passage assez grand pour qu'une croisade entière s'y engouffre en une seule fois. Les plus petits navires collaient leur peau de métal à leurs frères plus gros, profitant de leur tonnage pour les suivre vers l'Immaterium. Une longue heure fut nécessaire pour que toute la colonne pénètre dans le Warp. Quand le dernier navire passa le portail vers l'espace irréel, la déchirure se referma d'un coup, les éclairs léchant le blindage sanctifié et millénaire. En un instant, ce fut comme si aucune vie n'était passée par là. Ils avaient disparu. La croisade venait de quitter le secteur.
Brüner était maintenant seul, sur son navire. Au court d'une discussion avec Ström, le capitaine du Revenant, il lui avait assuré qu'il lui laisserait son commandement. En tant que commandant de cette mission et aux vues de son grade, il pouvait commander et ordonner sur ce navire. Mais il préférait le laisser au capitaine, qui avait plus d'expérience dans ce domaine et connaissait son navire et ses hommes. Le pragmatisme était de mise. Le sergent Brüner aurait tout de fois, le dernier mot sur la marche à suivre.
Le Revenant était quasiment à l'arrêt. Ses moteurs à plasma tournant au ralenti. Ses dix hommes et le chapelain le regardait fixement. Le capitaine Ström était assis sur son trône de commandement, surplombant toute la scène et les consoles logiques de contrôle des systèmes du vaisseau.
-Nous faisons route vers le port le plus proche, pour nous ravitailler. Prévenez l'astropathe capitaine.
Cette route les éloignerait d'aux moins une centaine d'années-lumière de leur premier objectif, mais ils n'avaient pas le choix. D'après les calculs effectués au préalable, ils leurs faudrait au moins trois semaines de transit complet pour arriver à la station et six semaines complète pour rejoindre le dernier emplacement connu de leurs frères disparu. Si tout se passait bien.
-Vous avez entendu ? Nous partons ! Cria le capitaine à ses hommes qui s'activèrent sur leurs consoles.
L'agitation et la bonne humeur du capitaine, toujours cigalho aux lèvres, motiva ses troupes. Le navire reprit vie. Le rugissement et les vibrations des réacteurs se firent sentir jusque dans la passerelle. Le navire effectua un virage à presque cent quatre-vingt degrés, et accéléra dans le vide de l'espace. Une alarme stridente résonna sur tous les ponts avec un avertissement sonore comme quoi le Revenant, allait pénétrer dans le Warp à son tour. Les champs de Geller poussés à leurs maximums s'activèrent et englobèrent la coque. L'espace réel se déchira devant eux. Les volets blindés s'abaissèrent sur la passerelle. Les plongeant dans le noir, quand l'éclairage artificiel prit le relais. Ils accélérèrent, toutes sirènes hurlantes, et dans une dernière poussée, ils pénétrèrent dans le Warp.
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