Black Templar Tome I

Chapitre 2 : Le Départ

7760 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 02/10/2020 17:51



Le sergent Brüner reprit connaissance. Son visage tuméfié sentait le froid du sol en métal sous lui. Ses plais avaient saignés abondement sur le sol, il gisait dans une mare de sang séché. Il sentait contre le sol les vrombissements et les pulsations sourdes caractéristiques de moteur Warp d'un vaisseau de ligne. Ses blessures commençaient déjà à cicatriser. Il ne savait pas où il était. Il risqua un coup d'œil autour de lui. Une pièce austère, pauvre en mobilier. L'éclairage était faible et la température basse. De la buée sortait de sa bouche aux lèvres ouvertes. Il se rappela dans un flash un frère Black Templar en armure Terminator lui asséner coup sur coup jusqu'à ce qu'un voile assombrisse sa vue. Il avait dû quitter la salle du conseil en étant traîné. Il se souvenait. Il avait été banni. Soudain quelque chose bougea imperceptiblement dans son champ de vision. Toujours au sol, il se releva d'un bond, en position de combat. Il n'était pas seul dans la pièce. Son mouvement soudain fit sursauter la personne avec lui.

Dans un réflexe, l'étranger mis genou à terre et baissa la tête en signe de respect. Le sergent Brüner desserra les poings, mais resta sur ses gardes.


-Qui es tu ? Que fais-tu là ? Où suis-je ? Lui demanda agressivement le sergent.

Le serf, tremblant sous la décharge d'adrénaline, se ressaisit et commença à répondre au véritable interrogatoire qui lui tombait dessus.

-Monseigneur, je suis un serf du chapitre, vous êtes sur la barge de bataille du sénéchal, dans une cellule de rétention, je suis ici pour servir.

-Comment ça ? Le sergent venait de s'approcher de lui.

Il le dominait de toute sa taille, le serf paraissait chétif par rapport à la montagne de muscles génétiquement modifiés qu'était l'Astartes. Il aurait pu lui briser la nuque d'un seul coup.

-Je dois vous préparer pour votre départ dans votre croisade monseigneur. Lui répondit humblement le serf, il avait repris un tant soit peu de contenance.

-Que sais-tu de ma mission ?

-Presque rien monseigneur, je ne fais que suivre mes ordres et vous préparer. Il se leva, toujours tête baissée, et indiqua d'un doigt long et fin le fond de la pièce.


L'Astartes avança, un détecteur automatique de mouvement s'activa et un projecteur zénithal s'alluma, inondant de lumière blanche et cru un renfoncement dans la pierre de la cellule. Le renfoncement était verrouillé par deux battants solides d'adamantium de synthèse, protégeant son contenu. Brüner posa sa paume dans le réceptacle génétique conçu à dessein. Son code génétique fut analysé quand une aiguille aussi fine qu'un cheveu vint se planter dans sa peau. Il ne ressenti aucune douleur. Son organisme surdéveloppé oblitérait les informations telles que les douleurs les plus infimes comme celles-ci. Le réceptacle disparu dans la roche. Un bruissement de vérins hydrauliques et de pistons ce fit entendre.

Les battants d'adamantium s'ouvrirent. Elle le dominait de toute sa taille. Elle faisait une tête de plus que lui. Imposante, robuste, magnifique et mortelle. Dans un murmure l'Astartes parla :


-L'armure des chevaliers errants.

Le serf approcha discrètement sur sa droite et se posta aux côtés du sergent, un peu en retrait.

-Conçu spécialement pour les Anges de l'Empereur errants, monseigneur. Je n'en ai jamais vu de vie d'homme.

-Moi non plus. Lui avoua le sergent.


A chaque intronisation dans l'ordre des Black Templars, un initié recevait une armure standard mark sept. C'était un bijou de technologie guerrière. Une pure invention sortie des cerveaux les plus brillants de l'Imperium. Elle était parcourue de fibres musculaires synthétiques, s'adoptant parfaitement à la morphologie de l'Astartes. Elle était une deuxième peau, reliée par des fiches corporelles directement dans la carapace noire du soldat. Ainsi connectée à la moelle épinière, elle répondait à la volonté de son porteur. Son paquetage dorsal alimentait en énergie les puissants servo moteurs et gyrostabilisateurs de l'armure. Un Astartes se retrouvait dans une carapace le protégeant de tous les dangers externes et améliorant par la technologie ses capacités martiales déjà hors normes.

Brüner n'avait pas encore eu l'honneur de se voir confier une de ses précieuses machines. Avant d'être accepté par ses pairs au sein de l'ordre, il était tombé au combat lui et ses frères dans une bataille abominable où il fut le seul rescapé.

C'était une tradition antédiluvienne de confier les armures mark huit aux chevaliers en disgrâce. C'était le parangon de l'armure standard d'un guerrier de l'Empereur. Elle était mieux blindée, aucun câble d'alimentation n'était pas recouvert d'une plaque de blindage d'adamantium supplémentaire. Et son massif gorgerin venait protéger la jointure entre le coup et la tête du porteur. C'était la principale caractéristique extérieure, par laquelle on pouvait la distinguer des autres.

Ce qu'elle gagnait en protection, on aurait pu penser qu'elle le perdrait en mobilité, mais c'était tout autre. Les capteurs, les servos moteurs, et le paquetage fournissait plus de puissance pour pallier à ses désavantages en termes de poids ou d'encombrement supérieur. Le seul défaut apparent de cette cuirasse, était sa tendance à la surchauffe dans une utilisation prolongée et totale. Ses plaques de blindages supplémentaires laissaient peu de place à une circulation de l'air et un refroidissement optimal des composants dans des conditions extrêmes.

Elle était peinte aux couleurs des Black Templars, l'Aquila d'argent trônait fièrement sur son plastron blindé. Le noir profond de la peinture contrastait vivement avec la croix blanche de croisé sur son épaulière gauche. Signe distinctif de son appartenance au chapitre. Le sergent y posa la main, très lentement. Il senti une légère vibration sur la carapace blindée, qui la parcourait.


-As-tu déjà officié en tant qu'artificier ? Connais-tu les rites de montage et d'apaisement de la machine ? Demanda le sergent au serf derrière lui.

-Oui monseigneur. J'ai déjà servi un guerrier du chapitre.

-Aides moi à la revêtir. Lui ordonna Brüner, le regard toujours plongé dans les optiques rouge sang du casque de l'armure.

-Ainsi soit-il, monseigneur.


Le serf s'approcha de la petite table en bois sur un coté de la pièce, y alluma une bougie et un encensoir qu'il laissa brûler doucement. Les huiles et les onguents sacrés brûlaient et laissaient dans la pièce une odeur agréable et épaisse. Le sergent Brüner remarqua que le serf savait parfaitement ce qu'il faisait, ses gestes étaient calculés et précis. Il vidait sur la table dans un ordre bien précis tous les outils et ustensiles qu'il aurait besoin pour revêtir l'Astartes de son armure. Quand il eut fini, le serf dépassa le sergent et activa une rune cachée dans la paroi. Une mechadendrite et un servo bras sortirent du râtelier d'armure. Le son d'un moteur qui montait en régime résonna. Le serf s'arc-bouta sur une massive botte blindée, la soulevant et la plaçant devant le pied droit du guerrier. La botte s'ouvrit pour accueillir le pied du sergent. Il y glissa son énorme pied. Le premier contact fut doux, l'intérieur capitonné dénotait avec le froid du sol en métal. Le serf apporta la deuxième botte, qu'il enfila aussi. Brüner fit tomber au sol la robe de bure qu'il portait. Il n'était plus vêtu que d'un léger voile de lin fin sur ses parties intimes. Le serf paru surpris devant la musculature de l'Astartes mais ne dis rien et continua sa tâche.

Il apporta ensuite les jambières, qu'il plaça et vissa autour des mollets et des cuisses du guerrier, il commença les chants d'apaisements et rituels du montage de ces antiques machines. Les jambières se verrouillèrent elles aussi aux articulations des jambes de Brüner, s'articulant aussi au bottes déjà mise en place. Le bas de son corps était armuré. Le serf tout en récitant ses catéchismes rituels, commença à souder les parties qui devaient l'être.


-Jurez-vous, monseigneur, d'honorer cette armure ?

-Je le jure. Répondit le sergent.


Le servo bras se saisit du plastron, la pièce d'équipement la plus lourde, le serf ne pouvait pas la porter lui-même. L'encens et les huiles bénies, flottaient dans les airs. Donnant à la scène un caractère divin et onirique. Le servo bras arrima le plastron sur-blindé au torse de l'Astartes. Le serf approcha, se sait d'un tabouret pour arriver à hauteur de l'Ange guerrier et commença à boulonner les différentes parties.


-Jurez-vous de sauvegarder par tous les moyens cette antique armure ?

-Je le jure.


Le plastron était presque fixé, son entre jambe, et son torse était engoncé dans le compartiment capitonné. Au dernier boulon, vers son épaule gauche, le serf se mis sur la pointe des pieds. Son mouvement tira sa bure de serf. Le sergent Brüner put voir ses avants bras. Ils étaient perclus de cicatrices monstrueuses. Des trous profonds dans ses chairs venaient parsemer ses avants bras et ses biceps. Ils correspondaient bizarrement aux emplacements connectiques d'une carapace noire, se dit le sergent.


-Jurez-vous de vous allier à l'esprit de la machine et de ne faire qu'un avec lui, pour l'accomplissement de votre mission ?

-Je le jure.


Le plastron fixé, le serf descendit de son tabouret pour aller chercher les immenses canons d'avants bras et de biceps. Au fur et à mesure, le mannequin de pierre sombre sur lequel l'armure l'attendait, se vidait de ses parties. Le sergent fixait toujours les optiques du casque, qui le regardait en retour. Les canons d'avants bras fixé, ses bras puissants, veineux et musculeux engoncé dans l'armature blindée, le serf alla chercher tout en récitant un nouveau verset dans la fumée de l'encensoir, les énormes poings blindés. Il commença à enfiler la main droite, puis la gauche. Le sergent fit jouer ses doigts dans la céramite. Toutes les parties articulées fonctionnaient parfaitement bien. L'armure qu'on lui faisait revêtir commençait à le couper de l'atmosphère glaciale de la pièce de détention. Soudain la mechadendrite elle aussi approcha et commença à souder, les parties entre elles et les câbles d'alimentations dans des geysers d'étincelles qui tombaient au sol.


-Jurez-vous de respecter le précédent propriétaire de cette armure et de transmettre celle-ci à une prochaine génération ?

-Je le jure.


Le servo bras lui enfila enfin le casque aux optiques rouge sang. Sa perception du monde extérieur se limita plus qu'à ce casque. La noirceur l'enveloppa. L'armure ni le casque n'étaient alimentés en énergie. Les sons et les odeurs disparurent. Seule, la chaleur relative de l'intérieure de l'armure fut son environnement direct. Il se tourna, montrant son dos au râtelier et à son serf. Il sentait encore le froid mordant sur ses épaules, son paquetage et la partie arrière de son armure n'étant pas encore fixé. Une légère voix se fit entendre malgré le casque qui lui engonçait le crâne. Il ne voyait rien. N'entendait presque pas. Il utilisait tous ses autres sens pour analyser la pièce dans laquelle il était.


-Jurez-vous d'aller au combat l'esprit pur et le bras solide face aux Ennemis de l'Empereur ?

-Je le jure.


Il senti un poids supplémentaire s'additionner à son armure déjà en place. Le paquetage dorsal venait d'être posé. Les étincelles et la chaleur du poste à souder se fit sentir sur sa peau, mais il n'y prêta aucune attention. Le bruit de la boulonneuse du serf arriva jusqu'à ses oreilles.Le bruit se fit plus distant, son armure le protégeait de l'extérieur. Dans un coquons hermétique. Un poids supplémentaire encore vint s'ajouter sur une de ses épaules, et sur l'autre, quand les énormes épaulières d'adamantium furent fixées. Ainsi que sur ses genoux, quand les genouillères blindées furent soudées. Toujours privé de la moitié de ses sens, il senti l'excitation de revêtir sa première armure de combat intégrale, en tant que simple néophyte il n'avait eu qu'à disposition une armure carapace lors de toute sa formation. A l'orée de son ouïe, il entendit le serf crier derrière lui.


-Lève-toi, guerrier de l'Empereur !


Dans un murmure, Brüner ferma les yeux et pria.


-En son nom, je marche.


La douleur fut atroce et soudaine. Les fiches connectiques rentrèrent de force dans les ports cutanés de la carapace noire de l'Astartes. Si violemment que certaines saignèrent. C'était comme être poignardé par milles aiguilles en même temps directement dans ses nerfs. Brüner serra les dents et ferma les yeux. Ne laissant aucun son s'échapper de ses lèvres tuméfiées. Une autre douleur vint supplanter la première, quand les plus grosses fiches connectiques virent rentrer violemment dans les vertèbres, tout le long de son épine dorsale, rentrant dans sa moelle, la dernière fiche à la base de son coup lui rentra si violemment dans le corps, qu'il eut un hoquet de douleur. Il était connecté. Un vrombissement lui parvint de son paquetage dorsal quand le générateur se mit en marche. Il monta en régime. Les notes graves augmentèrent exponentiellement avec la montée en puissance. D'un coup tous ses muscles se retrouvèrent contractés par une impulsion neuronale. L'armure, d'elle-même, testait si le corps de son guerrier répondait bien. Le sergent essaya de reprendre son souffle, ses cœurs battant la chamade. Il ne put le faire, quand l'intérieur capitonné, se verrouilla, serra et immobilisa chaque membre du porteur. C'était comme être prisonnier de l'estomac d'un monstre ancien, ne pouvant plus bouger sous la pression musculaire exercée. Lentement, très lentement la pression s'évanoui, l'intérieur capitonné, que le sergent pensait à sa taille au tout début, il ne la sentait même plus. C'était comme s'il était vêtu d'une simple robe de prière. Le calibrage musculaire avait fonctionné. L'armure était maintenant parfaitement à sa taille. Toujours dans le noir et le silence le plus total, il perçu un murmure. Une présence. Elle était belliqueuse. Il savait que le traitement qu'il venait de subir n'était pas totalement normal. Beaucoup trop violent. La présence semblait vouloir repousser le porteur vers la sortie. D'une simple pensée, Brüner canalisa toute sa détermination, dans une phrase simple.


-Non, c'est toi qui me sers.


L'esprit de la machine recula devant la volonté déployée. Elle s'avoua vaincu, elle servirait.

Les optiques s'allumèrent d'un coup, l'affichage tête haute aussi. En une seule seconde le courant parcouru les fibres musculaires de l'armure, alimentant les servo moteurs et les stabilisateurs inertiels. Brüner n'avait jamais connu une telle force et une telle énergie. C'était comme si son corps venait de recevoir la puissance de dix de ses frères. Il se sentait fort, imposant et invincible. Tout son être et son corps étaient élevés à une dimension supérieure de force et d'endurance. Il remarqua sur son affichage des données qui défilaient en cascade, au rythme de son cerveau et le cogitateur embarqué qui demandaient des informations en temps réels. Il eut la température de la pièce en une seule pensée, les états de services du serf d'un seul coup d'œil, l'état du navire sur lequel il était avant même d'y penser. C'était grisant.

Il réalisa enfin que ses cœurs étaient en tachycardie. Son organisme fou répondait à la puissance donnée par plus de puissance. Il récita un mantra intérieur pour calmer sa physionomie améliorée. Le réacteur embarqué dans son paquetage dorsal baissa lui aussi en régime en même temps que ses cœurs.

Il décida de se retourner, faisant face au serf maintenant à genou.Ses bottes blindées claquèrent au sol. Le martelant sous le poids immense de l'armure. Ses optiques de combat analysèrent le serf, le traitant comme un allié après une microseconde de calcul. Une rune verte pale vint s'ajouter sur son centre de gravité. Il pouvait entendre grâce aux vox amélioré de son heaume les battements réguliers du cœur du serviteur. Ils étaient calmes et continu. Il n'était pas effrayé.


-Vos armes, monseigneur. Lui annonça le serf.

Deux autres râteliers d'armes s'ouvrirent de part en d'autres du premier râtelier d'armure. Le sergent reconnu en clin d'œil ces armes attachés aux murs par des crochets d'argent ouvragés. Avant même qu'il puisse parler, le serf lui annonça leur provenance.


-Vous avez été trouvé ces armes à la main, impossible de vous les arracher dans votre coma monseigneur. Le seigneur Apothicaire a été obligé de vous administrer un relaxant musculaire puissant pour vous les retirer.

Le sergent ne répondit rien. C'était l'épée de Castar, un parfait bijou de guerre. Une épée simple, la lame sombre n'était parcourue d'aucun champ énergétique, mais elle pouvait trancher les pires blindages, il l'avait vu en action. Son pommeau en ivoire, représentait un crâne humain hurlant et sa garde brillante représentait l'aigle bicéphale, symbole de l'Imperium. Castar était tombé au combat, pour défendre son frère il avait dû combattre avec elle, et il avait occis plusieurs renégats avant de se replier au sommet de cette colline. Le bolter il le reconnaissait aussi, il l'avait pris justement sur le cadavre d'un de ses frères au sommet de cette fameuse colline avant de tomber sous les coups ennemis. Le bolter était un modèle godwyn standard, fiable et robuste. Il semblait entretenu et état de fonctionner.


-As-tu pris soins de ces armes ? Demanda l'Astartes.

Sa voix le surpris lui-même. Elle était transmise par son haut parleur vox de son heaume de bataille. Elle était grave et puissante. Elle tonna dans la petite pièce.

-Oui monseigneur. Je suis aussi armurier. Répondit le serf.


Le sergent passa autour de son cou le tabar blanc à la livrée des Black Templar peint dessus, une immense croix de croisé stylisée noire et se saisit de la lame engoncée dans son fourreau de cuir brun, et l'y attacha à ses hanches, de sorte qu'il puisse la dégainer avec sa main droite. Il saisit aussi son bolter qu'il accrocha à sa cuisse par une attache magnétique. En une seconde le cogitateur mit à jour l'armement du guerrier en y ajoutant l'épée et le bolter en surimpression de son affichage tactique. Les fiches techniques et détaillées des armes apparurent en défilant sur le côté gauche.


- Relève toi serf. Lui ordonnât-il. Comment t'appelles-tu ?

Sa voix rauque et puissante résonnait dans la cellule. Les évents du paquetage dorsal expulsaient le trop plein d'énergie par les bouches métalliques, et réchauffait en peu la petite pièce. De la buée sortait encore de la bouche du serf et de la grille du heaume du sergent. On aurait dit un prédateur qui respirait fort avant une attaque surprise dans la neige d'un monde perdu.


-Amaric, monseigneur.

-Tu rentres à mon service dès à présent.

-Mais, monseigneur...

Le serf n'eut pas le temps de finir sa phrase que la porte de la cellule s'ouvrit à la volée et un chapelain vêtu de la même armure que Brüner entra. Le sergent se retourna et lui fit face.

-Frère sergent, je suis le chapelain Markus. Se présenta le chapelain, il inclina légèrement la tête en avant.

Brüner remarqua immédiatement le marquage de son épaulière, il n'y avait qu'un douze en chiffre stylisée, et aucun autre marquage d'appartenance à une arme de la croisade du sénéchal. Brüner regarda aussi son épaulière droite, le même douze y était inscris. Devant le regard scrutateur du sergent le chapelain reprit la parole :


-Nous ne faisons plus parti de cette croisade, sergent. Nous sommes la douzième croisade d'expiation.

-Je reconnais votre voix mon frère, lui répondit le sergent de sa voix caverneuse, déformée par les hauts parleurs de son armure. Vous m'avez défendu à mon procès.

-Effectivement, et maintenant je suis sous vos ordres dans cette entreprise. Lui appris le chapelain Markus.


Le sergent Brüner déverrouilla son casque dans un chuintement de dépressurisation, et le saisit sous son aisselle armurée, il tendit la main vers le chapelain toujours immobile dans l'encadrement de la porte automatisée de la cellule. Le chapelain lui aussi enleva son casque, et tendit son bras droit. Les deux guerriers se saisirent par l'avant-bras droit, une ancienne tradition de la vieille Terra, quand deux guerriers ce salut. Le visage du chapelain était buriné par les années et les combats. Il n'était plus qu'un tissu cicatriciel. Ses cheveux blonds, coupés court venaient encadrer un visage parfaitement rasé et modelé par la guerre.


-Merci d'avoir pris ma défense. Le remerciât le sergent Brüner.

-Je n'ai pris votre défense seulement parce que la justice et l'honneur le demandait. Le code allait être bafoué. Lui annonça-t-il d'une voix cassante.

-Et pour cela on vous a aussi banni de cette croisade. Lui asséna le sergent, le regard du chapelain ne trahissait aucune émotion.

-Notre seigneur est parfois colérique, mais un ordre est un ordre. Il mérite qu'on meure en l'accomplissant. Récita le chapelain, son regard glacial toujours fixé dans celui, déterminé du sergent.

-C'est notre tâche à tous.


Ils se lâchèrent les mains, le chapelain osa un regard vers le fond de la pièce vers le serf qui rangeait ses affaires, et mettait une tablette cyber data dans son sac.

-Qui est-ce ? Questionna-t-il.

-C'est mon serf, il m'accompagne.

Le chapelain paru étonné mais esquissa un léger sourire déformé par ses cicatrices horribles quand il renfila son heaume.

-Frère sergent, nous avons beaucoup de travail, suivez-moi jusqu'à notre vaisseau qui nous a été donné pour mener à bien notre mission.

-Non, chapelain. Il faut que je le voie. Répondit froidement le sergent, en remettant son casque en place dans un bruit de verrouillage mécanique et de pressurisation.

-Nous n'avons pas beaucoup de temps pour notre départ... Essaya d'argumenter Markus.

-C'est mon premier ordre, chapelain, exécution. Toi, serf, suis-nous. Leur ordonna-t-il.


Leurs pas claquaient sur le sol de pierre sombre, les torches illuminaient leurs pas dans les coursives intérieures de la barge de bataille. Ils passaient d'un pas énergique sous les arches de pierres, qui loin au-dessus d'eux n'étaient éclairés que par les flammes de grands braseros. Brüner, Markus et le serf qui courait derrière eux, croisaient de temps en temps d'autres serviteurs du navire. Ils semblaient connaitre le serf, et lui lançait des regards interrogateurs, voyant qu'il suivait les deux géants en armure. Le serf haussait les épaules et ne prononçait aucun mot, il était aussi surpris que ses anciens collègues. Le sergent le remarqua mais ne dit rien. Ils avançaient à grand pas, le serf devait trottiner avec son sac en bandoulières regroupant toutes ses maigres affaires qu'il avait réussi à prendre avec lui avant son départ précipité.

-Chapelain Markus, réquisitionnez un Thunderhawk pour un trajet jusqu'au Caemeterium. Ordonna le sergent tout en continuant sa marche dans les coursives sombres jusqu'au hangar de proue.

Il entendit distinctement une liaison vox s'ouvrir dans le casque du chapelain. Il exécutait ses ordres. Toujours sur ses talons le serf les suivait.

Les portes du hangar s'ouvrirent dans un hurlement de sirènes et les flashs des gyrophares jaunes maladifs. Ils arrivèrent sur le pont de métal du hangar où régnait une agitation certaine. Des escouades de sécurités de gardes de la barge de bataille patrouillaient entre les transports et les engins d'appuis Thunderhawk. Certains appareils cloués au sol étaient recouverts par des équipes de maintenance, dans leurs mains des postes à souder ou des clefs nanométriques, effectuant les entretiens et la maintenance des engins volants centenaires. Un de ces mastodontes reçu l'ordre de décoller, faisant hurler ses rétrofusées qui le soulevèrent du sol, pour qu'il puisse enfin engager ses trois réacteurs à pleine puissance, le propulsant vers le bouclier atmosphérique à l'entrée du hangar. Il marquait la frontière entre l'espace et le hangar de sa lueur bleutée, gardant l'oxygène et l'atmosphère à l'intérieur, repoussant le froid du vide spatial.

Le chapelain Markus pointa du doigt un Thunderhawk amarré au sol. Ses réacteurs en chauffe, ils s'y dirigèrent. Le serf bouchant ses oreilles de ses mains comme il put.


Le sergent fut le premier à poser le pied sur la rampe blindée juste en dessous du cockpit. Quand il passa, il put voir à travers le verre blindé et teinté les pilotes et co-pilotes effectuer la check-list d'avant décollage. Le serf s'enfonça dans le compartiment passager et s'assit tout au fond dans un siège trop grand pour lui. Ce mastodonte était conçu pour accueillir des Astartes en armure complète pour la bataille, pas un humain non modifié. Il avait attaché son harnais du mieux qu'il pouvait, le serrant au maximum pour arriver à sa taille. Les deux Astartes s'assirent l'un en face de l'autre et s'harnachèrent eux aussi. Le vox du casque du sergent prit vit, c'était le pilote.


-Bienvenu à bord frère sergent. Autorisation de décoller. Il coupa la communication.

La carlingue vibra, de plus en plus, avec les grondements des moteurs qui eux aussi montèrent en régime. La rampe se referma, Brüner put voir les équipes d'entretiens et de sécurité quitter les environs du Thunderhawk. La rampe se ferma complètement. Le sol trembla de plus belle, ils avaient quitté le sol. Les rétros fusées les maintenaient au-dessus du sol. Ils étaient en train d'effectuer une rotation pour faire face à la sortie du hangar. Soudain ils se retrouvèrent collés au fond de leurs sièges, le serf serra fort sur les sangles de son siège pour reste en place sous la poussée phénoménale. Ils quittèrent l'atmosphère du hangar et se retrouvèrent dans l'espace silencieux. Les tremblements de la carlingue se furent plus diffus et le vacarme des réacteurs surpuissants, plus lointain.

Le sergent déboucla son harnais de sécurité. Ses bottes blindées s'arrimèrent au sol métallique de la carlingue par magnétisme, dans l'environnement en apesanteur de l'espace. Il partit vers la cabine de pilotage, montant l'escalier central au milieu du compartiment passager. Il laissa seul, le chapelain. Un cogitateur optique reconnu l'Astartes devant le cockpit et déverrouilla la porte. Brüner rentra dans un long couloir où dos à dos l'artilleur et le navigateur, concentré sur leurs écrans pix verts scrutaient les fréquences, et les informations de la flotte autour d'eux. Brüner monta les trois marches métalliques qui menaient à la bais d'observation du pilote et du co-pilote. Il baissa la tête sous le plafond assez bas et risqua un œil à travers le verre blindé, où en surimpression les données de vol étaient affichées.


-Nous serons à destination dans une vingtaine de minutes, frère sergent. Lui annonça le pilote.

-Le trafic est dense. Remarqua le sergent Brüner, quand l'appareil passa sous la coque parsemée de tourelles de défense d'un escorteur de la flotte de croisade.

-En effet, nous faisons route pour quitter ce système dans les plus brefs délais. Lui répondit le pilote, tout en guidant son appareil dans un balais spatial maitrisé.


Le spectacle à travers la bais du cockpit était époustouflant. Le Thunderhawk, lancé à toute allure, remontait une procession de vaisseaux spatiaux innombrables, ses trois statoréacteurs poussés à plein régime. Suite à l'hérésie d'Horus il y a presque dix mille ans, le chapitre des Black Templar fut créé. Sigismund, champion de l'Empereur prit la tête du chapitre, successeur des Imperial Fists, descendants du grand primarque Rogal Dorn. Ils se lancèrent dans une croisade éternelle, n'acceptant pas le Codex Astartes, dicté par le Saint Guilliman. Découpées en croisades, les forces de Sigismund sillonnèrent la voie lactée, rachetant leurs anciennes fautes et lavant leurs péchés dans des guerres saintes sanglantes.

Une flotte Astartes était un spectacle rare et brutal. Mais une croisade Black Templar était bien plus. La croisade du sénéchal Organon était titanesque. Les forces Black Templar sont des croisades itinérantes, n'ayant aucun monde chapitral, recrutant leurs futurs soldats sur des mondes récemment libérés. Ils n'avaient aucune maison, aucun port d'attache. Nul par où retourner. Ils ne faisaient qu'avancer, toujours plus loin, guidés par la volonté de l'Empereur Dieu. C'est pourquoi une croisade ne comportait pas que des vaisseaux de lignes et de guerres.

Le Thunderhawk accéléra brutalement et passa au-dessus d'un lourd cargo ravitailleur. La croisade en possédait plusieurs, disséminés dans la longue procession de navires de guerres. Elle était escortée par une multitude de croiseurs d'attaque lourd, qui eux même était escortés de vaisseaux d'attaque légers. Des frégates et destroyers gravitaient autour de ces monstres d'aciers et d'adamantium, assurant une bulle de protection pour le convoi long de plusieurs milliers de kilomètres. Au milieu de cette formation précise et millimétrée, hérissée de tourelles, de macros canons lourds et de lances lasers, naviguaient des vaisseaux inhabituels. Il n'y avait aucun vaisseau non combattant dans une croisade Black Templar, même les ravitailleurs, gonflés d'excroissances bulbeuses de métal renfermant du carburant volatile et du plasma en fusion pour alimenter les réacteurs de la flotte possédaient un armement relativement lourd. Plus d'un ennemi de l'humanité, pensait attaquer un vaisseau civil non armé, une proie facile. Ils se retrouvaient dans un tir de barrage venait du navire ravitailleur, assez puissant et soutenu pour que des renforts spatiaux arrivent et les mettent en fuite ou les détruisent. La protection sur ces navires clefs était renforcée par une escadre toute particulière. La barge de bataille menait la colonne spatiale, fendant l'abîme noir de l'espace de son blindage sanctifié.

Le pilote du Thunderhawk slalomait entre les spires innombrables d'un croiseur d'attaque lourd. Brüner pouvait distinguer malgré la vitesse, des équipes de réparations sur sa coque, ressoudant des pilonnes de bouclier Void. Un brutal virage sur la droite les amena dans un couloir spatial entre deux croiseurs d'attaque. Un vaisseau d'attaque Astartes, escorté par deux frégates Gladius, remontait la file de vaisseaux pour se positionner sur le flanc gauche de la croisade. Ces navires, pourtant immenses et puissants, paraissaient minuscule face aux deux géants de plus de deux kilomètres et demies de long que faisaient les croiseurs d'attaques.


-Nous approchons, à une heure frère sergent. Le pilote pointa de sa main droite une direction vers la baie du cockpit.

Malgré les flammes des réacteurs à plasma démesurés, que crachaient les deux croiseurs d'attaques, qui naviguaient presque flanc contre flanc, seulement une centaine de kilomètre les séparaient, Brüner put distinguer un énorme vaisseau non conventionnel. Il naviguait à l'arrière de la colonne de croisade. Non pas qu'il n'était pas important, bien au contraire. Il était encadré par deux formations de trois vaisseaux d'attaques légers chacun. Les Black Templar de la croisade Organon, l'appelait le Caemeterium Imperialis. C'était une ancienne barge de bataille reconvertie. Son armement était resté en état de fonctionner et il restait un navire combattant. Mais ses coursives, ses espaces de vies, et ses hangars avaient été modifiés au court des millénaires. C'était un vaisseau tombeau.

Ils approchèrent du hangar, son champ réfracteur bleuté était la seule lueur qui sortait de ce mastodonte de l'espace. Toute lumière était éteinte. On aurait dit un navire mort, à l'abandon. Il se déplaçait, naviguait, dans la noirceur d'une nuit sans étoile, les rayons d'un soleil distant venaient quelque fois éclairer ses spires et flèches majestueuses de sa lumière. Le vaisseau nécropole fermait la marche d'une croisade carnassière.

Le sergent retourna dans le compartiment passager, après ce spectacle saisissant. Le chapelain avait dans ses mains, une tablette cyber data qu'il avait décrochée d'une paroi du Thunderhawk et semblait aspiré par les données qu'il consultait. Brüner se rassit devant lui. Le chapelain, toujours absorbé par sa tablette lui adressa la parole par les hauts parleurs de son casque :


-Vous avez l'autorisation de recruter une escouade d'Astartes nouvellement adoubés dans notre croisade. Je consulte en ce moment même leurs états de services. Certains sont prometteurs.

-Nous n'avons pas le temps de mettre en place un programme de sélection chapelain Markus. Lui répondit le sergent.

-A quoi pensez-vous frère ? L'interrogea Markus.

-Ils sont normalement sur le Scholae Bellum, non ? En attente de rejoindre leurs affectations ?

Le chapelain consulta sa tablette, une lueur verte défilait sur son casque à tête de mort hurlante. Il trouva l'information, et paru satisfait.

-Exactement, ils ont été regroupés sur le navire d'entrainement, et attende d'être transférés dans leurs unités respectives. Lui assura le chapelain, en levant le nez de sa tablette.

-Bien, mets en attente leurs transferts, ce sera notre prochaine étape.


Le ronronnement distant des statoréacteurs se fut plus présent et bruyants. Ils venaient de pénétrer une atmosphère, et donc le bouclier atmosphérique du hangar du Caemeterium Imperialis. Le Thunderhawk perdit de la vitesse, et ses patins d'atterrissage frappèrent le sol du hangar, ils étaient au sol. La rampe sous le nez de l'appareil s'ouvrit. Le hangar du Caemeterium Imperialis, dénotait avec l'effervescence du hangar de la barge de bataille personnelle du sénéchal. Dans le bruit des moteurs surchauffés de leurs transports qui s'éteignaient progressivement dans une note aiguë, la rampe s'abaissa sur un hangar sombre, et vide. Un léger courant d'air vint les accueillir quand la rampe toucha le sol.

-Attends nous ici, serf. Ordonna le sergent en descendant la rampe accompagnée du chapelain.


La rampe se referma derrière eux. Aucun comité d'accueil cérémoniel ne vint les accueillir. Même à travers les respirateurs et purificateurs de son heaume de guerre, Brüner pouvait sentir l'odeur de la mort, de la pourriture, et des produits d'embaument. L'air recyclé par les systèmes de survie du navire, n'avait pas connu une purge complète et un remplacement de ses réserves d'oxygènes depuis des éons.

Le hangar était vide de tout vaisseau ou véhicule, ils étaient les seuls. Le pilote avait posé son engin au plus près d'un sas d'entrée vers les coursives du navire. Les deux Astartes partirent vers ce sas d'un pas décidé, dans un silence inquiétant, troublé par le son et les plaintes du vent.

Le sas s'ouvrit dans un grincement métallique. Il ne devait pas avoir été entretenu ou connu un graissage depuis un certain temps. Les deux guerriers franchirent son seuil, le sas se referma derrière eux. L'air était glacial. La respiration rauque des deux Astartes laissaient des nuages de vapeur sortirent de leurs grilles à l'avant de leurs heaumes. Une fine couche de givre recouvrait les coursives de métal. Et un léger brouillard venait envelopper les chevilles des deux croisés. La coursive dans laquelle ils étaient, partait dans trois directions, ils étaient au centre d'un carrefour. Un reliquaire fait de crânes humains empilés les uns sur les autres, s'élevant à cinq mètres sol, étaient maintenu par des tibias et des fémurs eux aussi humains, mais d'origines Astartes, c'était ce qu'avait remarqué le sergent Brüner. Ces autels, fais des restes de leurs illustres frères, servaient de panneaux giratoires, pour se repérer dans les méandres de coursives du navire.

Au bout du couloir devant eux, deux silhouettes encapuchonnées surgirent, et marchèrent vers eux. Ils avaient la tête basse, et marchaient vite. Ils tenaient dans leurs mains bleuies par le froid, de petits cierges pour s'éclairer. Ils s'approchèrent des Astartes et tournèrent vers la gauche sans s'arrêter.


-Serviteurs ! Héla le chapelain à l'intention des deux serfs.

-Ils ne pourront vous aider, messeigneurs. Ils ont fait vœux de silence. Répondit une voix dans leurs dos.

Un serf, lui aussi encapuchonné, qu'ils n'avaient pas entendu approcher venait de surgir et de leur répondre. Ils se tournèrent vers lui. Brüner main sur le pommeau de son épée, Markus sur la hampe de son crozius.

-Je vous servirais en ce jour, messeigneurs. Que puis-je pour vous ? Sa voix était faible mais pourtant les deux guerriers pouvaient l'entendre distinctement.

Il semblait frêle sous sa bure. Ils ne pouvaient distinguer un pan de peau ou de visage, entièrement dissimulés par son habit.

-Nous souhaitons voir la sépulture du frère sergent Gerhart Reuss et de ses hommes. Demanda poliment le chapelain avant que Brüner ne puisse lui-même faire la demande.

-Suivez-moi. Lui répondit tout aussi doucement le serf chétif et il partit, suivi des deux guerriers dans les couloirs sombres et austère du mausolée volant.


Leurs pas claquaient sur le métal du sol des coursives du navire. De part et d'autre, à la place des murs donnant sur des antichambres, des cloisons creuses ou des quartiers d'habitations de l'équipage, ce trouvait des murs de crânes humains. Ils ne faisaient pas la taille d'un crâne d'un humain lambda. Ils avaient été modifiés génétiquement et renforcés. Brüner pouvait le voir par les arcades sourcilières plus prononcées et la forme de la mâchoire carrée et protubérante. Ils se déplaçaient dans une immense catacombe dérivant dans l'espace. Il était impensable pour un Black Templar d'abandonner le cadavre d'un de ses frères sur un champ de bataille. Un croisé n'abandonne jamais ni ses frères ni ses armes. Chaque corps était ramené au sein de la croisade. Ses glandes progénoïdes récoltées et son équipement distribué pour équiper et former une nouvelle génération de guerrier. Les Black Templar, ces croisés sans terre, inhumaient alors leurs morts dans des vaisseaux tels que le Caemeterium Imperialis, qui suivraient la croisade où qu'elle aille. Ils pénétrèrent au détour d'un couloir dans les coursives intérieures du navire. Le plafond s'élevait bien au-dessus du sol, les torches disposées de manières régulières mais très espacées entre elles n'éclairaient pas le sommet de la voûte du couloir. Des murs de crânes s'élevaient eux aussi vers le plafond, disparaissant dans la pénombre.

Brüner risqua un œil sur sa droite, une chandelle votive était allumée devant un de ses murs d'ossements, elle était brûlée jusqu'à la moitié. Un Astartes était venu récemment ce recueillir devant la sépulture d'un guerrier tombé il y a bien longtemps. Le sergent Brüner réalisa d'un coup que les mugissements du vent qu'il pensait entendre n'en était pas. Le chant doux d'une centaine de gorge, résonnait dans les coursives morbides. Le magnifique chant parlait d'honneur et de repos éternel pour un guerrier ayant fait preuve de sa bravoure.

Certains héros illustre du chapitre demandaient ou étaient inhumés dans leur propre vaisseau. Une statue ou une épitaphe venait embellir le hall des commémorations des croiseurs d'attaque lourd des Black Templar. Le recueillement et le respect des héros passés étaient aussi importants pour un croisé que la maîtrise martiale et la guerre éternelle qu'ils avaient choisi de poursuivre.

Le serf s'arrêta soudainement et pointa du doigt, la tête toujours baissée, un renfoncement dans le mur de crânes. C'était une arche faite de cages thoraciques d'Astartes, où brûlaient à l'intérieur de petits cierges, éclairant le passage dans le mur. Sans attendre Brüner pénétra. Le chapelain paru hésiter, ne voulant pas s'immiscer dans le moment de recueillement du sergent. Brüner tourna la tête, lui indiqua d'un signe qu'il pouvait le suivre. Markus décrocha une torche du mur juste avant d'entrer.

Ils entrèrent dans une chapelle, entièrement faite d'os et de crânes. C'était impressionnant. La clef de voûte était tenue par un crâne hurlant, une chaîne épaisse en sortait pour tenir suspendu une énorme lanterne qui éclairait faiblement la pièce faite de cadavres Astartes.

Brüner et Markus enlevèrent leurs casques en signe de déférence. Le sergent Brüner s'agenouilla, son armure accompagna subtilement son corps dans son mouvement, sa genouillère blindée teinta au sol. Au centre de la chapelle trônait un monument aux morts bien particulier. Une statuette d'un Astartes aux contours du visage floue et indistinct, gisait l'épée planté dans le sol et semblait mal en point. Un bolter et une épée gisait contre l'autel. D'un coup d'œil Brüner les reconnus, c'étaient les armes de son sergent et maître. Chaque autel ou statue avait une signification dans la posture où l'effigie qui avait été sculptée. Dans le cas du défunt frère sergent Reuss, elle représentait un guerrier tombé au combat, des suites de blessures graves.

Brüner commença à prier en silence, les yeux fermés. L'odeur de mort était plus présente que jamais, ainsi que le parfum des torches et des braseros qui brûlaient.


-Pour une faute que je n'ai pas commise, j'ai été banni seigneur. Pria-t-il.

L'autel demeura silencieux. Il était posé sur un monticule de crânes. Il comprit que c'étaient ses anciens frères, eux aussi tombés au combat. Ils avaient été nettoyés de toutes chairs et blanchis. Certains portaient les impacts de bolts ou de lames. L'arrière de leur crâne défoncé par les projectiles.

-Donnez-moi la force de poursuivre votre œuvre et de laver mon honneur. Demanda-t-il. Par l'Empereur votre enseignement ne m'a pas préparé à tout cela.

Le silence et le chant angélique qui résonnait dans ces coursives furent les seuls à lui répondre. Le chapelain priait en silence. Sa torche projetait des ombres inquiétantes sur les crânes de ses frères.

-Dans l'adversité je suis né et j'ai vaincu. Dans le chaos Tu m'as trouvé, et j'ai triomphé. Dans la bataille je me suis forgé et je me suis hissé au-dessus de la masse. Prononça-t-il dans un murmure.

Le chapelain parut entendre ces mots et réagis physiquement, imperceptiblement.

-Des paroles dignes. Affirma-t-il.

-Frère Reuss terminait souvent ses prières par ses mots. Ils n'ont jamais été aussi vrais qu'en ce jour. Lui avoua Brüner.

-Je ne vous décevrais pas, maître. Prononça-t-il enfin à haute voix.

Le sergent Brüner posa sa main gantée d'acier sur l'autel, et n'en ressenti aucunement le froid de la pierre sombre taillée par un artisan habile et maître de son art. Son regard porta sur les crânes de ses frères de bataille. Ses cœurs s'accélérèrent, son esprit prit feu, une rage intérieure et puissante menaça de le submerger. Il focalisa tout son être à ne pas contenir cette rage mais de la conserver le plus longtemps possible. Il se releva et sorti de la chapelle, le chapelain sur ses talons.

-Merci serf, de nous avoir conduit. Remercia le sergent.

-Le sénéchal, trois fois béni, Organon a insisté pour que le seigneur défunt Reuss et ses hommes reçoivent les plus grands honneurs et une chapelle dédiée pour le dernier de leurs voyages. Leurs appris le serf.

-Ils le mérite.


Brüner remonta la rampe du Thunderhawk, le chapelain sur ses talons qui alla s'asseoir. Les moteurs montaient déjà en régime. Le sergent risqua un dernier œil sur le hangar du vaisseau tombeau. Il n'était pas sûr de le revoir un jour, lui et la sépulture de son mentor et de ses frères de bataille. Le Thunderhawk prit de la hauteur quand ses rétrofusées crachèrent leurs langues de flammes vers le sol, l'arrachant à la gravité artificielle du hangar à vaisseaux. La rampe se ferma, dans un bruit de pressurisation et de vérins hydrauliques. Le serf n'avait pas bougé et semblait occuper, il mettait de l'ordre dans ses effets personnels qu'il avait eu de prendre avant leur départ précipité. Quand Brüner s'assit, le chapelain lui tendit la tablette cyber data qu'il regardait sur leur chemin pour venir jusqu'ici.

-Pilote, amenez-nous sur le Scholae Bellum. Ordonna le sergent, se saisissant de la tablette.

-A vos ordres, monseigneur. Lui répondit le pilote.


Le Thunderhawk quitta le hangar à toute allure, ses tuyères crachant le feu et la fureur, traversant le bouclier atmosphérique comme un bolt, rejoignant l'espace. Ils remontèrent la procession de vaisseau de la croisade sur les traînés de combustion de leurs statoréacteurs poussés au maximum.


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