Black Templar Tome I

Chapitre 1 : Le Pont

14289 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 22/03/2021 16:11

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L'orage venait d'éclater. La pluie commença à tomber sur les cadavres qui se vidaient de leur sang. Elle charriait les immondices en bas de la colline dans des torrents sanguinolents. Le néophyte regarda le ciel, fermant les yeux pour se protéger de la pluie. Il était recouvert du sang de ses ennemies. Le blanc de son tabar avait presque disparu. On pouvait encore distinguer l'héraldique des Black Templar, une immense croix pattée sur l'étoffe. L'eau lava son visage fatigué. Il passa une de ses mains dans ses cheveux maintenant détrempés. Un éclair illumina le ciel au-dessus de sa tête. Le tonnerre gronda quelques secondes plus tard. Il regarda enfin autour de lui pour ne voir que mort et désolation sur cette colline. Des corps mutilés de gardes impériaux, d'hérétiques, et de mutants jonchaient le sol boueux. Des blocs de plastbéton criblés d'impacts de balles, étaient recouverts pour la plupart de membres déchiquetés des ennemis de l'Humanité qui avait essayé de les franchir. Les gardes à couvert derrière avaient tant bien que mal essayé de se défendre devant la charge ennemie, mais c'étaient fait taillés en pièces.


Le néophyte et son escouade avait été envoyé pour défendre cette position stratégique et épauler les gardes dans leur combat. Ils avaient été déployés par module d'atterrissage, directement au sommet de la colline, en plein milieu des combats qui faisaient déjà rage. A peine les portes du module s'ouvrirent, que les dix Astartes sortirent en mitraillant, tailladant, hurlant leurs catéchismes de bataille. Ils avaient combattu avec les survivants de la compagnie Cadienne contre l'avancée ennemie. Ce fut un massacre. Aucun garde ne survécut, ni aucun cultiste des Dieux sombres.

A travers cette épaisse pluie qui tombait maintenant à verse, le néophyte distingua ce pourquoi ils étaient là. Il était encore intact, malgré les affres de la guerre et du temps. Ce pont permettait de traverser les gorges profondes dont était balafrée cette maudite planète. A quelques centaines de mètres au sud de la colline B-deux cent trente-quatre, le joyau de l'architecture impériale resplendissait par sa simplicité et sa résilience. Ses pilonnes renforcés en aciers plongeaient dans le gouffre obscur, portant le tablier principal du pont. Des motifs de l'Aquila impérial, forgé dans un métal sombre surplombaient les deux côtés de la vallée qui approchaient du pont. Loin, plus au sud, on pouvait percevoir des grondements et des roulements rauques. Ce n'était pas le tonnerre, mais l'artillerie lourde de la garde qui pilonnait la dernière cité encore occupée du continent. Ce pont était la clef de voûte de la défense du flanc droit de la dernière attaque, celle qui devait libérer cette planète d'une guerre qui l'avait mise à genoux.


Celons les rapports émis par les instances de l'Administratum, un vaisseau suspect et non identifié était apparu il y a quelques années dans l'espace proche de la planète. S'ensuivit des largages et des parachutages, que certains définiront comme des forces de guérilla et de sabotage hérétiques. Le vaisseau disparu aussi vite qu'il était apparu. Dans les mois qui suivirent, les actes de vandalismes, de cannibalismes, de meurtres et de kidnapping augmentèrent drastiquement. La force brute fut employée, pour mater un début de révolte jamais vu sur cette planète pauvre mais travailleuse, dévouée à l'Empereur Dieu de l'Humanité. Les forces de défenses planétaires durent réprimer des soulèvements qu'elles qualifièrent « d'inhabituel ». Les disparitions d'enfants, de soldats, et de membres de l'Arbites augmentèrent exponentiellement parallèlement aux attaques ciblées et aux attentats meurtriers. Les forces de sécurités furent vite dépassées, sur toute la planète.


Bientôt ce fut une guerre civile qui éclata. Des groupes en armes sortirent dans les rues, massacrant tout ce qui ne portait pas leurs couleurs blasphématoires et impies. Le vaisseau précédemment aperçu dans l'espace proche de la planète réapparu aussi soudainement que la première fois mais accompagné par deux autres de même tonnage, mais cette fois il largua bien plus que de simples agents du chaos en vue de déstabiliser un gouvernement. Ils avaient lâché des chiens de guerre sur une population déjà terrifiée.

La Garde et l'Administratum dépêchèrent des renforts des secteurs voisins. Sous-estimant la menace, ils n'envoyèrent qu'un corps expéditionnaire mineur, qui rencontra une force hérétique préparée. Le combat spatial qui s'ensuivit pour le contrôle des cieux du monde en dessous se résolu par une égalité parfaite. Chaque parti se cachant derrière les lunes et les champs d'astéroïdes pour panser ses plaies et attaquer de nouveau. Le corps expéditionnaire avait néanmoins, au prix de nombreuses vies et d'un antique vaisseau de ligne, réussi à débarquer assez de renfort aux populations locales pour tenir encore quelques mois. Un message d'urgence astropathique avait été lancé à qui voulait l'entendre.

 

Le chapitre des Black Templar envoya alors le néophyte et son escouade, renverser la vapeur sur ce monde oublié de l'Empereur. Un croiseur d'attaque Space Wolves qui conduisait lui aussi une escouade de loups de Fenris vers la zone de bataille se joignirent à eux. Leurs forces combinées débarquèrent sur la planète, combattant côte à côte, accomplissant en quelques mois ce que des régiments entiers de gardes n'avaient pas pu accomplir en une année complète. Les Black Templars d'un naturel méfiant, sympathisèrent avec leurs frères bourrus et sauvages. De réels liens d'amitié naquirent entre les guerriers, ainsi qu'entre leurs officiers respectifs. Le frère sergent des Black Templars, Gerhart, un vétéran endurci avait déjà combattu aux côtés de ces guerriers légendaires lors de nombreuses croisades et avait appris à respecter ces surhommes loyaux et sauvages.

Les hommes de Fenris furent déployés sur le flanc gauche de l'attaque principale, protégeant son accès. Ils étaient en poste dans un petit village de mineurs. Les travailleurs devaient descendre dans ces crevasses abyssales qu'enjambaient les ponts impériaux disséminés un peu partout sur la surface. Celons les rapports vox l'attaque se déroulait bien, et le flanc gauche n'avait rencontré que peu de résistance. Le novice enfila son casque, et se retourna pour rejoindre son escouade de croisés qui l'attendait au sommet de la colline. Il rejoignit son sommet en quelques enjambées puissantes, la boue collait à ses bottes blindées. Il enjambait aussi bien les corps en charpie, ou les fortifications détruites.


Ils étaient tous là, neuf silhouettes, engoncées dans leurs armures énergétiques. Ils se tenaient fiers et puissants, dans l'orage, un éclair vint zébrer le ciel vers le sud, les illuminant une fraction de seconde. Ils dépassaient tous le novice d'une tête, ils étaient aussi sales que lui, mais bien plus imposants, leurs carrures gigantesques les rapprochant plus de statues que d'hommes. Leurs immenses armes dans leurs fourreaux ou dans leurs poings blindés. Ils n'étaient d'ailleurs plus des hommes. Ils étaient bien plus. Les Anges de l'Empereur.

Le novice s'approcha et prit sa place dans le cercle de guerrier. Le sergent de l'escouade prit la parole.


-Nous avons réussi à repousser cette attaque, mais notre objectif reste le même. Nous devons défendre ce pont. L'attaque est toujours en court sur la cité, et nous ne pouvons laisser une ouverture dans notre dispositif défensif. Déclara le Sergent, en frappant le plat de sa main de son poing comme pour ponctuer sa phrase.

Il parlait assez fort pour se faire entendre par-dessus le bruit de la pluie qui tombait abondamment, et le bruit du tonnerre. Sa voix était déformée par le vox de son casque. La rendant agressive et rauque, une voix de machine.

-Je crois aussi qu'il est temps mes frères. Novice ! Approche. Ordonna le Sergent.


Le novice approcha et se posta devant son sergent. Il était au garde à vous, droit et fier, ses armes rangées dans leurs étuis et au fourreau. La pluie battait sur les armures et les épaulières immenses des Astartes, nettoyants dans de large sillon la boue, et le sang qui les maculaient.

Le novice enleva son casque et mis genoux à terre, la tête basse en signe de déférence pour son supérieur. Il senti la pluie lui couler le long du cou, mouillant son corps engoncé dans son armure carapace. Ses cheveux brun coupés court étaient collé à son crâne par la pluie. L'eau lui ruisselait sur le visage, pour goutter dans la boue.


-Depuis combien de temps es tu à mon service, novice ? Lui demanda la voix bourrue du sergent Astartes devant lui.

-Vingt-deux ans monseigneur. Lui répondit le novice, d'une voix forte mais toujours tête baissée.

 

C'était plus du double du temps de servage nécessaire pour un novice au sein d'une escouade d'initiés. Le novice n'y avait pas réfléchi, il avait servi, apprit, combattu, aux côtés de ces guerriers de légendes. Chez les Black Templars, les guerriers expérimentés prenaient sous leur tutelle des novices, qui les accompagneraient sur le champ de bataille et les serviraient durant de longues années aux quatre coins de la galaxie, servant leurs maîtres et le chapitre du mieux qu'ils pouvaient. Ainsi les anciennes générations formaient les nouvelles directement dans le creuset de la guerre. Contrairement à d'autres chapitres qui regroupaient les novices en escouade bien distinctes et à part des autres frères de batailles. Le procédé de formation des Black Templar, prélevait un lourd tribut sur leurs novices qui mourraient en bien plus grand nombre que nul par ailleurs. Ils étaient éprouvés directement sur le champ de bataille, avec des guerriers expérimentés, bien mieux armés et protégés, dans des missions déjà risquées pour un frère de bataille endurci. Mais les novices qui survivaient à leur initiation, étaient fin prêt pour affronter les horreurs de la galaxie et y survivre.


Vingt-deux ans au service d'un Initié était mêmes chez les Black Templars, une période relativement longue. Le sergent était connu pour pousser à leur maximum ses novices, voulant faire ressortir le meilleur d'eux-mêmes dans la bataille mais aussi avec ses frères. Au court de ces années, le novice apprit ce que c'était d'être un Astartes. Chaque déplacement, chaque arme, chaque tactique de combat du chapitre, chaque prière, chaque cantique lui avaient été enseignées. Le sergent avait une idée derrière la tête pour ce novice. Il ne formait pas aussi longtemps un néophyte sans raison. Il avait descellé chez lui quelque chose de spécial. Et il voulait exploiter ce potentiel à son maximum. Il était enfin prêt. Il l'avait vu. Quand ils montèrent à l'assaut sur cette colline, il vit que son écuyer se déplaçait avec aisance de couvert en couvert, il faisait partie intégrante de la danse macabre que l'escouade mettait en place au combat. Il appuyait de ses tirs ses frères qui rechargeaient, poignardait de sa lame tout hérétique qui venaient à porter et voulaient s'en prendre à son binôme de combat. Quand un de ses frères fut submergé par une vague de mutants immondes, il n'hésita pas une seconde, et plongea dans la mêlée et ils ressortirent, couvert de sang visqueux, son frère sur son épaule, le soutenant, tout en tirant de sa main libre avec son pistolet bolter. Il avait mis sa vie en jeu pour un de ses frères et avait vaincu.


-Renouvelle ton serment en ce jour, Black Templar. Lui ordonna son sergent.


La voix du sergent était puissante, tonitruante. La pluie tombait abondement. Ruisselant sur les armures de combats des chevaliers. Neuf pairs d'optiques rouge sang le fixèrent. Tels des juges silencieux, ils observaient l'intronisation d'un nouveau membre dans leur fraternité de guerriers. Le novice senti ces regards sur lui. Les regards des surhommes avec lesquels il avait combattu durant tant d'année. Il n'avait pas peur. Il était prêt.


-Je crois en l'Empereur-Dieu de l'Humanité et en Son église. Je les protégerais de ma vie. Je jure de protéger le faible contre Ses ennemies. Je défendrais le chapitre qui m'a accueilli. Jamais je ne fuirais devant l'ennemi et je traquerais l'hérétique où qu'il soit, jamais je ne mentirais, il en va de mon honneur, je serais le champion et le gardien du droit et du bien contre les forces du mal. Je le jure.

A ces mots, le sergent dégaina son épée. La brandit bien haut au-dessus de sa tête, vers le ciel zébré d'éclairs lumineux. Le tonnerre gronda et les guerriers avec lui.


-Pour l'Empereur et pour le chapitre !

Neuf gorges hurlèrent dans les cieux, leurs voix amplifiées par les haut-parleurs vox. Ils brandirent leurs poings armurés dans les cieux, leurs lames et leurs armes, hurlant de triomphe, accueillant un nouveau frère de bataille.

-Pour l'Empereur et pour le chapitre. Répondit l'initié, dans un murmure pour lui-même.

Le sergent posa son épée délicatement sur les épaules de son serf, une après l'autre.

-Relève-toi, frère Erik Brüner des Black Templars.

 

L'initié se releva lentement, la tête toujours baissée, et leva le regard qui se plongea dans les optiques du sergent Gerhart. Le sergent parti dans un rire sonore, à gorge déployée. Il riait rarement. Ses hommes hurlèrent leur fierté aux cieux. Ce fut le premier jour du reste d'une vie de guerre pour l'initié.


-Force au sol, ici Thunderhawk en survol de la zone de combat, large mouvement ennemi en approche de votre position par le nord. Fantassins et véhicules multiples.


L'oreillette du soldat Brüner venait de crépiter, il était en faction derrière un bloc de ferrobéton, une couverture installée par les gardes qui avaient fortifiés à la hâte cette colline. Le Thunderhawk attribué à l'escouade avait fait plusieurs passes de mitraillage et de canonnades, au moment du largage aérien par module d'atterrissage. Ce soutien aérien avait permis de réduire l'écart des forces et avait permis de remporter la victoire pour les Black Templars. Depuis la défense contre la première vague, il survolait le champ de bataille et le pont, à l'affut du moindre contact haut dans les nuages.

-Pilote, donnez-moi un décompte précis des forces en approche. Lui ordonna le sergent.

-En attente.

Le pilote communiquait sur un canal privé avec son navigateur et son artilleur.

-Sergent, nous comptons une vingtaine de transports militaires, des camions bâchés, ainsi qu'environ les effectifs d'une compagnie entière à pieds. Des véhicules Astartes les accompagnent. Je répète, présence de renégats. Trois transports de troupes Rhinos.

-Débutez l'attaque. Leur ordonna le sergent.

 

Le cockpit en verre blindé du Thunderhawk était illuminé par les écrans verts profonds des instruments. Le pilote et son copilote manœuvraient à deux le mastodonte volant surarmé. Il lui fit décrire un large arc de cercle autour d'un nuage sombre et menaçant et lui firent piquer du nez vers le sol. L'engin volant prit de la vitesse, le pilote activa une rune sur son tableau de bord et les aérofreins sortirent de leurs renfoncements dans la coque blindée. Ils leur permettraient de ne pas gagner trop de vitesse et de mieux contrôler le vecteur d'attaque en cours. L'artilleur dans son siège, derrière eux, activa les armes. Les huit bolters lourds furent armés, les bandes de munitions déjà entamées étaient prêtes à être consommées à une cadence folle. Le son caractéristique du canon de bombardement qui se chargeait résonna dans l'habitacle pressurisé. L'obus venait d'être mit dans la culasse par le chargeur automatique. L'artilleur activa deux gâchettes sur sa droite, des réticules de visées apparurent dans son casque. Il saisit fermement les manettes de contrôles et patienta.

L'engin supersonique perfora la couche nuageuse comme un bolt. Il ressorti du nuage noir, c'est à cet instant précis qu'un éclair vint frapper une aile de l'engin super-lourd. Il était conçu pour ça, il encaissa la décharge électrique, et continua sa route. Ses instruments furent à peine déréglés. Ils les voyaient maintenant, l'immense colonne ennemie qui approchait par la route. Ils étaient tous feux allumés, clairement visible malgré l'orage. Le Thunderhawk approchait par les arrières de la phalange, dans son sillage. Un vecteur d'attaque parfait. Il allait remonter toute la file de véhicule et massacrer les ennemis de l'Empereur.

Les hurlements de ses réacteurs étaient suraigus, les bouts de ses ailes laissaient des trainées de condensation derrière elles. L'artilleur eu dans son collimateur la colonne. Il pressa la gâchette du milieu. Le canon de bombardement tonna. L'énorme recul de l'arme fit perdre plusieurs nœuds à l'appareil qui décéléra brutalement. Le chargeur automatique rechargeait déjà l'arme pour un nouveau tir. La culasse se referma. Il pressa encore la gâchette, le coup parti. L'appareil décéléra encore plus. Le pilote fit rentrer les aérofreins, le recul de l'arme était tellement important qu'un tir continu pourrait faire décrocher l'appareil. Ils reprirent de la vitesse. Le canon tonna une troisième fois.

Le sol se rapprochait dangereusement vite. Les flashs de tirs du canon éclairaient par intermittence le cockpit. Les ennemies au sol étaient averties de la présence de l'appareil. La colonne de véhicules sembla s'embraser quand ils ouvrirent le feu sur leur assaillant venu des airs.

Les tirs traçants les prenaient pour cible. Les fulgurants montés sur les transports Rhinos tiraient des rafales de bolts traçants, visibles dans l'orage. Certains ricochaient contre l'antique blindage avant du Thunderhawk.


L'artilleur pressa la détente des bolters lourds. Les huit affuts crachèrent la mort. Les gueules des canons illuminèrent la carlingue noire de jais. Les bandes de munitions furent avalées et recrachées par les mitrailleuses lourdes. Un signal sonore continu sonnait depuis maintenant quelques secondes dans le casque de l'artilleur, il bascula ses armes, souleva un capuchon de protection et actionna la rune rouge vif.

Le premier obus tomba sur un camion de transport rempli de soldats hérétiques. Il détonna dans sa cabine de transport, les soldats alignés en rangs d'oignons, à l'abri du vent et de la pluie, furent annihilés par l'explosion titanesque. Les réservoirs sous le châssis prirent feu, les explosions secondaires retournèrent le camion qui roulait au pas sur la route. Des shrapnels volèrent dans toutes les directions, tailladant les soldats et les mutants qui suivaient la formation à pieds. Les corps furent déchirés, déchiquetés et jetés dans le fossé boueux qui longeait la route. Le second obus détonna devant la cabine d'un autre camion de transports à huit roues. L'explosion lacéra d'éclats de métal surchauffés le bloc moteur avant. Sous la surprise de l'attaque le chauffeur fit une embardée dans le fossé. Il écrasa sur sa route des soldats hérétiques allongés ou accroupis dans la boue pour riposter à l'attaque aérienne. Le troisième obus fit exploser l'avant d'un camion et les roues arrière d'un autre, trop rapprochés pour un déplacement en colonne. Tout l'arrière de la cabine fut vaporisé, dans un geyser de boue, de pluie et de feu. Les soldats passagers furent déchiquetés et éclaboussèrent de leurs viscères leurs compagnons encore en vie. Quand ils ouvrirent le haillon du camion pour débarquer, une vague de sang charriant le reste des corps et des membres coula au sol.


Les bolts tombèrent sur toute la colonne. Les rafales soutenues tombèrent dans la terre détrempée et prélevèrent un lourd tribut sur les cibles non blindée. Les bâches des camions furent perforées, les soldats en dessous furent hachés. Ceux à pieds furent emporter par les explosions rapprochées des bolts dans la boue jusqu'à ce qu'ils les coupent en deux. Des étincelles vinrent illuminer la scène quand les bolts ricochèrent sur le blindage des transports Rhino. Sans grand dommage. Le Thunderhawk passa au-dessus de la colonne à une vitesse hallucinante, ses pilotes s'arc-boutèrent sur les commandes pour lui faire prendre de l'altitude et poussèrent la manette des gaz au maximum. La postcombustion fut enclenchée, des flammes rouge orangé sortirent des tuyères hurlantes. L'artilleur sélectionna les canons laser et pressa la gâchette tout en passant en rase motte au-dessus de la colonne. Des trais rouges rubis perforèrent les blindages des Rhinos renégats. Les Astartes voués au Chaos furent démembrés et brulés vif par la puissance des tirs, serrés contre leurs frères dans les compartiments passagers. Les survivants, entourés et éclaboussés par les cadavres de leurs frères hurlèrent de rage et leur envie de carnage dans l'étroitesse de la cabine. Le Thunderhawk orienta son nez vers le ciel et disparu dans la soupe de nuages noirs. Les éclairs continuaient de tomber sur la lande désolée.

Le feu des incendies des véhicules éclairait les survivants qui déblayaient le passage pour le reste de la colonne. Les blessés étaient exécutés sommairement et jetés dans les brasiers des transports détruits. Ils avaient été délestés de leurs équipements.


-Passe de mitraillage effectué. Lourd dommage à la colonne ennemie. Rentrons en orbite pour ravitaillement et rechargement. Que l'Empereur soit avec vous. Terminé.


Le sergent Gerhart accusa réception du message du Thunderhawk. Il faisait confiance en son pilote pour avoir prélevé un lourd tribut à l'ennemi. Il avait vu les flashs des explosions et les colonnes de fumées des incendies s'élever dans le ciel. Ils avaient peut-être gagné quelques précieuses minutes pour organiser leur défense. L'agitation était palpable autour de lui. Ses hommes couraient en tous sens, prenaient des positions défensives, établissaient des secteurs de tirs avec leurs binômes de combat. Ils avaient compris que la menace viendrait du nord, par là où était venue la première vague. Cette première vague n'était rien d'autre qu'un coup d'essais, pour tester leurs défenses, elle n'avait en aucun cas l'ordre ou la capacité de prendre cette colline. Pourtant elle avait décimé tous les soldats de la garde. La seconde vague était la vraie. Celle qui devait prendre le pont, et raser tout sur son passage.

Son ancien novice, l'initié Brüner qu'il venait d'introniser aidait aux préparatifs, poussant les corps des mutants en bas de la pente, vers une plaine vallonnée, où plus loin le sol prenait de l'altitude jusqu'à un sommet qui entourait toute la vallée où se trouvait la colline et l'accès au pont. Une route y serpentait et des épaves de véhicules ennemies y gisaient. Détruits par les gardes lors de la première attaque. Le sergent activa son vox vers les postes d'écoutes de la garde.


-Ici le frère sergent Gerhart du chapitre des Black Templars, en position sur la colline B-deux cent trente-quatre. Demande de soutient d'artillerie immédiat.

-Nous vous transférons monseigneur. Le garde qui répondit sembla effrayé, mais s'acquitta de sa tâche.

-Batterie Basiliks Delta 3, nous vous écoutons.


Il n'avait pas attendu plus de quelques secondes. Il était en relation avec la batterie la plus proche, elle devait faire face à la ville dans le cadre de l'attaque principale.


-Je requiers un soutient d'artillerie sur ma position maintenant. Orientez vos canons vers le nord et attendez mes ordres.

-Monseigneur, je dois recevoir l'ordre écris d'un de mes supérieurs hiérarchiques pour effectuer ce repositionnement. Entendit-il. Il avait une voix chevrotante, il avait peur de désobéir à son officier mais aussi à un guerrier de l'Empereur. Il était tiraillé par le devoir dans les deux sens. Le sergent Gerhart Gerhart n'avait pas de temps à perdre, l'ennemi serait bientôt là, ils avaient besoin d'un soutient quelconque.

-Je réquisitionne votre batterie d'artillerie, je transmets en ce moment même les accréditations.


L'esprit de la machine de son armure envoya par liaisons vox sécurisées ses coordonnées ainsi que les accréditations de la campagne en vigueur au croiseur d'attaque en orbite, qui les transmit directement sur le poste vox de la batterie Basiliks. Le chef artilleur, le visage baigné dans la lueur verte de l'écran, à l'abri de la pluie sous une toile de tente, palis en lisant les informations.

-Nous repositionnons la batterie. En attente.

-Dépêchez-vous soldat, sinon je viendrais moi-même vous châtier pour hérésie. Il coupa la communication.

Le lieutenant qui commandait la batterie Delta Trois, sorti de la tente en trombe, à deux doigts de glisser et tomber à la renverse dans la boue. Il courut vers les affuts de ses canons automoteurs. Il alla voir les sous-officiers responsables des tirs. Il leur transmit les ordres, tous semblèrent pâlir.

-Les Astartes ont besoin de nous ? Entendit le lieutenant dans un murmure.

-Silence exécution !


Les moteurs démarrèrent dans des grondements rauques, les échappements crachèrent leurs fumées noires bleutées. Les chenilles mordirent dans la boue, les châssis de chars Leman Russ, où étaient montés les canons Trembleterre pivotèrent vers le nord. Les servants des armes s'accrochèrent aux rambardes qui entouraient l’affût. Les gardes partirent chercher les munitions hautement explosives cachées dans des trous creusés à la pelle dans la boue où de vastes toiles cirées les protégeaient de la pluie. La batterie entière était orientée et prête.

-Batterie Delta Trois en attente de vos ordres.

 

Le sergent venait de recevoir le soutien d'une batterie entière et c'était tout juste suffisant pour espérer tenir cette colline. Ses hommes étaient en position et tenaient en joue la crête qui surplombait la petite colline et l'accès au pont. L'Ennemi ne pouvait venir que de là. L'affichage interne de son casque vint ajouter une surimpression de données en bas à gauche, donnant l'état de la batterie ainsi qu'une ligne directe avec elle. Le frère Brüner était sur la deuxième ligne défensive en partant du sommet de la colline. Il avait collé des cadavres contre le parapet de béton derrière lequel il avait pris position. S'ils devaient monter à l'assaut alors ils devraient escalader leurs propres frères morts. Le sergent Gerhart aima l'idée et alla prendre position sur la troisième et dernière ligne défensive. Le module d'atterrissage encore entouré d'une fumée épaisse dû à sa rentrée dans l'atmosphère était dans son dos. Le sergent avait pensé à demander tout de suite un bombardement sur la colonne de véhicules en approches. Mais il n'avait plus les coordonnées exactes et il perdrait l'effet de surprise. Il devait attendre de voir l'ennemi pour un tir et un résultat optimal. Ils devaient attendre.


Le soldat Brüner avait sorti son pistolet bolter et attendait. Il portait son armure carapace noire des novices. Seul un initié recevait une armure énergétique Mark VII. Il fit le compte de ses munitions et de ses grenades. Il lui restait encore huit chargeurs plein ainsi qu'un autre engagé pour son pistolet ainsi que deux grenades à fragmentations. Quand il viendrait à court de munitions ou au corps à corps son couteau de combat sortirait de son fourreau. Il risqua un œil par-dessus le parapet. La pluie tombait toujours. Trois frères de batailles étaient sur la première ligne défensive, ils étaient fermement campés derrière leurs couverts et avaient en joue la crête. Quelque chose sur la droite de la ligne accrocha la lumière, un reflet argenté. C'était le champion du sergent. Frère Castar. Brüner n'avait jamais vu un Astartes aussi habile à l'épée que ce frère de bataille. Il avait posé son pavois blindé contre un muret de ferrobéton et avait sorti son pistolet bolter pour l'engagement à distance qui les attendait. Le champion remarqua que le jeune initié le regardait, lui rendit son regard et lui fit un signe de tête entendu. Brüner répondit à son geste et reporta son attention sur la crête.


Ils les entendirent avant de les voir. Les moteurs hurlants, les châssis et les suspensions grinçantes. Soudain des phares percèrent la pénombre de l'orage et de la pluie qui continuait de tomber. Ils avaient quitté la route, et avaient formés une ligne. Le bruit des moteurs devint maintenant tonitruant. Ils apparurent. Une ligne parfaite, faisant face à la pente vers la vallée et vers le pont. Ils s'arrêtèrent au sommet de la crête. Ils sortirent des transports en courant, prenant position autour. Ils étaient nombreux. Les effectifs d'environ deux compagnies standard. Mais au milieu des soldats hérétiques, des géants bossus, courbés venaient s'y ajouter. Des mutants. Aucun visuel sur les Rhino Astartes renégats. Ils devaient rester en arrière. Ils allaient envoyer leurs chiens de guerre faire le travail à leur place, essuyer la puissance de feu impérial avant de s'y engouffrer. Le sergent donna l'ordre.

-Batterie Delta trois, obus explosifs, tir de barrage sur coordonnées. Ordonna le sergent, vingt kilomètres plus loin la batterie accusa réception de l'ordre de tir.

Les soldats soulevaient les obus de quarante kilos chacun vers les culasses des armes. Malgré le froid mordant de la pluie sur leur peau, ils étaient tors nu, soulevant les charges lourdes jusqu'à leurs armes. Ils étaient en nage, un nuage de vapeur s'échappait de leur peau luisante de pluie et de transpiration. La batterie était prête. L'ordre fut donné. Les chargeurs se bouchèrent les oreilles et reculèrent aussi loin que possible. Les tireurs tirèrent d'un coup sec les cordelettes de tir. Les six canons Basiliks tonnèrent. Les freins de bouche crachèrent une épaisse fumée acres qui se répandit vers le sol dans une nappe épaisse. Les châssis des canons s'enfoncèrent dans la boue. Les culasses furent ouvertes, les douilles furent éjectées en contrebas, et les chargeurs s'activaient déjà pour recharger les armes.


L'affichage du sergent Gerhart, lui montrait que la batterie venait de tirer. Les obus étaient en approche. L'ennemi devait parcourir trois cents mètres à découvert pour atteindre la colline. Rien ne garantissait qu'ils ne continuent pas leur chemin vers le pont. Rien ne les retenait d'esquiver dans une manœuvre de flanc les forces sur la colline. C'était l'objectif du sergent et de ses hommes. Attirer l'ennemi sur lui et de ne permettre sous aucun prétexte, à un ennemi de traverser. Soudain la ligne de véhicules et de soldats hérétiques s'embrasa. Les explosions soulevèrent des corps par paquets entier, les mutants furent fauchés. Deux camions de transports explosèrent de concert, créant un cratère d'une trentaine de mètres. Le massacre fut immonde sur une concentration de soldats aussi compacte.

Brüner venait de voir six explosions fleurirent sur la crête. Des corps furent soulevés du sol et retombèrent, brisés, écharpés. Les flammes des véhicules éclairèrent la scène. Un éclair frappa l'arrière des positions ennemies, projetant leurs ombres impies vers le bas de la vallée. L'ennemi ne pouvait plus garder sa position, sinon il se ferait hacher par l'artillerie. Il devait charger. Il le comprit vite, leurs maitres renégats les exhortant déjà à faire mouvement. Une nouvelle masse de soldats et de mutants se bousculèrent vers le sommet de la crête et s'élancèrent à l'attaque.


-Obus incendiaire, reporter le tir de cent mètres en arrière. Ordonna le sergent.


La batterie Delta trois chargea les obus et ouvrit le feu. L'initié Brüner n'ouvrit pas le feu sur les ennemis qui chargeaient dans la boue. Ils étaient trop loin pour la portée de son arme. Mes ses frères eux, armés de bolter ouvrirent le feu. Ils avaient réglé leurs armes au coup par coup. Les bolter aboyèrent. Ce n'était pas une arme subtile, ni discrète. Elle était faite pour tuer. Les bolts perforèrent les corps et détonnèrent dedans. La ligne impériale s'embrasa quand huit bolters ouvrirent le feu de concert. Les corps des soldats ennemis furent fauchés. Le premier rang mordit la poussière et s'écroula face contre terre. Ils furent piétinés par la seconde vague qui elle aussi reçu le même traitement. Certains soldats hérétiques eurent un bras ou une jambe arrachée par un tir, les jetant au sol. Certains se noyèrent dans les flaques de boues et d'eau, criant leur douleur. D'autres ennemis dépassèrent le sommet de la crête et chargèrent. Des tirs passaient au-dessus de la tête du soldat Brüner, c'était la dernière ligne de défense qui venait d'ajouter sa puissance de feu. Sur sa droite, frère Kentin ouvrit le feu de son bolter lourd fermement tenu contre son couvert. Il balaya le no man's land d'une rafale soutenue. Les douilles fumantes volèrent dans la boue. Soudain il inversa la prise de son arme et visa la ligne de crête. D'un mouvement horizontal, le doigt crispé sur la détente, l'arme cracha une volée de bolts de gros calibres. La troisième vague qui attendait patiemment les ordres de ses chefs fut touchée. Des monceaux de corps tombèrent à la renverse vers le fond de la vallée devant eux. Malgré le vacarme de l'arme lourde, Brüner entendit son frère rire à gorge déployée.


Les obus tombèrent sur l'avancée ennemie. Les explosions firent éclore des nuages blancs surchauffés de phosphore blanc, la plaine s’embrasa. La température fut telle qu'elle fit évaporer l'eau dans les ornières en quelques secondes. C'était un nuage compact de vapeur et de feu. Le barrage incendiaire inonda toute la largeur de la vallée. Les hérétiques pris dedans essayèrent de hurler quand leur peau fondit. Mais leur gorge aussi fusionna avec leurs vêtements en feu. Certains à la périphérie du nuage brulant, eurent une partie du corps en flamme, et durent se jeter au sol pour l'éteindre. Les plus avancés furent fauchés par des tirs disciplinés des Astartes sur la colline. Le barrage venait de stopper une bonne partie de l'avance ennemie. Mais la pluie qui tombait toujours, éteignit vite le feu et rendit le barrage quasi inoffensif en quelques secondes. Les hérétiques reprirent leur charge. La troisième vague dévala la pente et se joignit à l'avancée.


-Obus explosif, tir de protection sur coordonnées, unité amie dans la zone. Ordonna le sergent.

Il était maintenant à portée et ajouta sa puissance de feu à celle de ses frères. Le pistolet bolter aboya, il le tenait à deux mains pour mieux contrôler le recul familier de l'arme. Les douilles fumantes furent éjectées de la culasse. Le frein de bouche crachait bolt après bolt. Trois soldats hérétiques, vêtues de simple gilets pare-balles furent pulvérisés. Il éjecta le chargeur vide et en inséra un nouveau. Il reprit le tir. Les hérétiques et les mutants arrivèrent aux pieds de la colline mais au lieu d'y grimper, ils partirent sur ses flancs pour la contourner et foncer vers le pont. Brüner tira dans la masse qui esquivait la colline pour la contourner. Ses frères tiraient toujours mélodiquement, prélevant un lourd tribut dans les rangs ennemi.

-Feu et mouvement. Repliez-vous sur la deuxième ligne de défense. Prenez des positions défensives sur tout le pourtour. Ordonna le sergent d'une voix calme malgré la fusillade.


Les six obus tombèrent aux pieds de la colline là où se séparait le flot de cultistes qui couraient vers le pont impérial. Ils furent oblitérés par les tirs concentrés. De nouveaux cratères ou s'écroulaient les corps fauchés par les bolts s'ouvrirent dans la terre meuble. Le sergent avait prévu que l'ennemi ignorerait la position qu'ils occupaient. Il devait maintenant interdire l'accès au pont.

-Obus explosif, tir d'interdiction sur coordonnée. N'arrêtez le tir sous aucun prétexte.

-Monseigneur ?

-Exécution soldat. Lui ordonna-t-il, il coupa la communication.

 

Les obus qui suivirent ciblèrent l’entrée du pont. Ils tombèrent les uns à la suite des autres dans un flot continu. Les hérétiques n’avaient aucune chance de passer sous ce feu roulant et dense qui explosait à l'entrée du pont. La porte était fermée. Aucune chance de passer par là. Ils firent demi-tour et montèrent à l'assaut de la colline B-deux cent trente-quatre. Ils étaient assez proches maintenant pour que Brüner puisse entendre leurs cris, leurs rugissements et leurs envies de sang. Et par l'Empereur il allait leur en donner. Les cultistes et les mutants commencèrent à riposter vers les Astartes à couvert. Les tirs de laser et de munitions solides touchèrent le parapet derrière lequel ils étaient. Arrachant des monceaux de béton. Mais il tenait bon. Brüner riposta et visa un groupe qui c'était arrêté dans la boue et mettait en joue ses frères. Il vida son chargeur d'une traite. Le groupe était tellement compact que chaque tir fit mouche. Les bolts touchèrent aussi bien des soldats déjà morts et qui s'effondraient que les survivants. Il rechargea d'un mouvement fluide et reprit le tir, achevant le seul soldat hérétique encore en vie. Il s'effondra, un trou béant à la place du cœur. La détonation du bolt était si puissante qu'elle arracha son bras gauche avec.

Malgré le tir continu et précis des Astartes la masse d'hérétiques était trop grande pour être stoppée. Ils arrivèrent aux protections impériales en bas de la butte. C'était le signal qu'attendait l'ennemi, les Astartes seraient trop occupés avec l'ennemi presque au corps à corps pour s'occuper de ceux qui viendrait en renfort. Ils chargèrent tous. Des mutants passèrent par-dessus une barricade de sacs de sable, avançant à grandes enjambées vers le sommet. Brüner les visa et ouvrit le feu. Le mutant de tête, un mastodonte, aux bras disproportionnés, qui touchaient le sol, fut touché plusieurs fois. Il ne ralentit même pas quand les bolts détonnèrent dans ses chairs. Il ignora tout simplement la douleur. Une rafale de bolter lourd vint le cueillir au niveau de l'abdomen, lui et ses compagnons derrière. Leurs corps implosèrent dans des gerbes de sang infect. Ils s'écroulèrent la face dans la boue. D'autres passèrent au-dessus d'eux pour atteindre les guerriers de

l'Empereur.


Les camions de transport firent mouvement, prenant la route qui menait au pont, et inexorablement à la colline. La grêle de tirs des hérétiques redoublait. Le sergent vit des tirs ricocher sur les épaulières de plusieurs de ses hommes, sans grand dommage. Ils ripostaient martialement et efficacement. Le no man's land commençait à être jonché de cadavres ennemis. Et le grondement de la frappe d'artillerie continue résonna derrière eux.

Le soldat Brüner aperçu des phares dans la pénombre qui avançaient vers eux. Les camions voulaient décharger des renforts directement aux pieds de leur position, sur son honneur il n'en sera pas ainsi. Il mit en joue la cabine de pilotage et appuya sur la queue de détente. Les bolts filèrent droit dessus, perforant le blindage inexistant dans des gerbes d'étincelles. Les conducteurs furent broyés par les bolts et les éclats du pare-brise détruit. Dans le compartiment passager, les soldats assis reçurent eux aussi des bolts qui explosèrent dans leurs chairs. Le camion fit une embardée et finit dans un cratère d'obus. Le moteur hurla et cala, une épaisse fumée blanche en sortie, ainsi que les quelques survivants par le hayon arrière. Ils se firent faucher par les tirs d'un frère posté un peu plus loin sur la ligne.


Frère Kentin remarqua lui aussi l'avancée des camions sur la route et ajouta la puissance de feu de son bolter lourd pour les stopper. Les tirs perforèrent les blocs moteurs et les roues, les camions s'immobilisèrent et un débarquement d'urgence fit sortir les soldats dedans sous les tirs meurtriers des Astartes.

Une canonnade en règle venant de la crête vint surprendre les Black Templars. Les trois Rhinos renégats ouvrirent le feu de leurs fulgurants de tourelle. Ils effectuaient un tir de suppression pour que leurs troupes impies puissent arriver au contact. Le sergent Gerhart sauta à couvert, au moment où les bolts explosèrent sur leurs positions, il vit un frère de bataille tomber sous les rafales. Une rune ambre puis noire apparu dans son affichage tête haute. Il venait de perdre un homme.

Le tir de suppression était dense et meurtrier. Il ne pouvait pas sortir à couvert pour stopper l'avance ennemie de ses tirs. Son oreillette vox cracha :


- Grenades mes frères, frère Kentin tir de suppression sur les transports Rhino.

 

Brüner sorti une grenade à fragmentation, la dégoupilla et la lança à l'aveuglette par-dessus son parapet. Tous ses frères firent de même. Huit explosions vinrent balayer la vague ennemie qui franchissait la première ligne de défense. Frère Kentin posa lourdement son arme sur son couvert et ouvrit le feu sur les trois transports sur la ligne de crête. La première rafale coupa en deux l'artilleur d'un fulgurant. Il tomba à la renverse dans le compartiment immonde de son blindé. Les autres durent rentrer dans leurs compartiments ou baisser la tête devant le tir de riposte. Ils cessèrent le tir. Le bolter lourd consommait ses munitions beaucoup trop vite. Il allait en manquer. Une fois le magasin dans le dos de frère Kentin, il ne lui resterait que des chargeurs hélicoïdaux à sa ceinture. Il continua de cracher la mort sur les hauteurs. Les douilles fumantes s'éparpillaient autour de ses pieds armurés.

Brüner se releva et ouvrit le feu sur les ennemis qui devaient enjamber maintenant les corps fumants, lacérés par les grenades Astartes. Ils étaient proches. Un éclair vint frapper tout prêt. Illuminant la vallée. Le tonnerre vint ensuite, s'ajoutant au grondement du barrage d'artillerie. Le flash lumineux éclaira la marée de soldats encore vivant avançant sur eux. Ils étaient bien trop nombreux.

Une clameur inhumaine partie de la crête. Le sergent focalisa ses optiques et y vit un attroupement d'hérétiques Astartes. Il reconnut aussitôt les héraldiques. Des World Eaters. Des barbares enragés, pervertis, qui ne vivaient que pour tuer, boire le sang de leurs ennemis et collectionner les crânes des vaincus pour le trône du dieu sombre Khorne. Ils levèrent leurs haches tronçonneuses vers le ciel et partirent à la charge. Eclairés par les incendies, les explosions et le tonnerre. Des cris venaient de la crête, le soldat Brüner risqua de regarder par-dessus le parapet entamé par les tirs de fulgurants ennemis. Une marée se pressait vers lui, ils étaient sur eux. Il ouvrit le feu imité par ses frères. C'était une fusillade à bout portant. Les hérétiques s'effondrèrent, du sang gicla dans la pluie. Les éclairs éclairaient de façon stroboscopique le carnage. Brüner rechargea son arme. Il ne lui restait plus beaucoup de chargeurs pleins. Il sorti son poignard de la main gauche. Prêt à défendre chèrement sa vie.

Le bolter lourd crachait la mort sur les Astartes qui chargeaient à découvert. Ils hurlaient comme des déments. Le sergent ajouta ses tirs à ceux de son porteur d'arme lourde. Du coin de l'œil il vit sur la crête des rapides mouvements ennemis, puis deux trainées blanches partirent dans un sifflement distinctif. Les missiles antichars filèrent droit sur le sommet.


-En approche ! Hurla le sergent dans son vox.


Les missiles passèrent au-dessus de sa tête et détonnèrent. Une immense explosion vint soulever des monceaux de terre dans les airs. La fumée et le feu envahirent l'univers proche du sergent Gerhart. Il fut projeté contre son parapet de béton. Sous la violence de l'impact il eut le souffle coupé. Quelque chose lui en céda. Une de ses parois costales se brisa. Il cracha du sang à l'intérieur de son heaume de bataille. Il eut beaucoup de mal à se relever. Il risqua un œil derrière lui. Le module d'atterrissage avait été touché. Il ne restait plus qu'un cratère fumant. L'eau de pluie le remplissait déjà.

 

Une explosion titanesque venait de terrasser la colline. Impossible pour Brüner de voir ce qu'il c'était passé. Il combattait maintenant au corps à corps. Les monstres mutants et les hérétiques essayaient de passer son remblai. Il tirait à bout portant dans des visages grimaçants. Et tailladait à grands coups de moulinets dans les bras qui le saisissaient. Les ennemies perdaient doigts et bras dans leurs vaines tentatives. Le bolter lourd tirait toujours, il visait les Astartes ennemis. Plusieurs furent fauchés sans ménagement, leurs armures ne pouvant pas encaisser la puissance de feu. Le tir continu se sembla pas les affecter, même plutôt à les enrager d'avantage si c'était possible. Soudain le tir de suppression stoppa. Frère Kentin venait de consommer toute sa réserve de munition, d'une pensée il libéra le magasin de son paquetage dorsal. Il tomba dans la boue, au milieu des douilles encore fumantes. Il saisit son bolter lourd et y inséra un chargeur hélicoïdal. Il reprit le tir avec parcimonie.


-Replis sur la dernière position défensive ! Feu et mouvement ! Le sergent hurlait pour se faire entendre par-dessus la fusillade intense et les corps à corps sanglant.

 

Brüner tira quelques cartouches et sorti de son couvert, à reculons, tout en ripostant et en tirant. Un soldat venait de sauter par-dessus le parapet et le chargea. Il dévia sa baïonnette d'une parade. Le garde emporté par son élan dépassa l'Astartes qui lui planta son couteau de combat dans la nuque. Il rengaina ses armes, saisi une grenade et la lança. Il partit en courant vers le sommet. Dans son dos la détonation fut étouffée par l'amalgame de corps qui passait au-dessus. Sur sa droite, il vit un spectacle qui réveilla en lui son instinct guerrier. Frère Castar traînait un de ses frères, mort, coupé en deux au niveau de la taille vers la dernière position défensive. Il était assailli de toute part et ne pouvait pas se défendre et ramener le corps de son frère dans leurs lignes. Aussitôt, Brüner couru dans sa direction, il dépassa deux de ses frères qui continuaient de délivrer un feu nourri tout en se repliant. Un mutant passa entre ses deux frères et tenta de l'intercepter dans sa course effrénée. Il ne ralenti pas et mis son épaule gauche en avant en accélérant la cadence de course. Le choc fut brutal, l'hérétique passa par-dessus son épaule pour tomber dans son dos, se brisant la nuque sous son propre poids. Il restait qu'une dizaine de mètres pour atteindre ses frères en mauvaises postures. Brüner sauta par-dessus un remblai de béton et atterri lourdement derrière, son pied droit rencontra l'arrière de la tête d'un ennemi blessé à l'abdomen. Sous la masse de L'Astartes, il fut plongé la tête la première dans la boue, l'avalant à pleine bouche, avant que le pied blindé ne lui brise les os du crâne.

Il était à portée de ses frères, il dégaina ses armes et mitrailla la masse grouillante autour de Castar. Il découvrit les deux Astartes. Castar respirait encore, il était enseveli sous les corps. L'autre Astartes n'était plus. Le champion était gravement touché. Il essayait de le relever pour reprendre le repli vers le sommet, mais ses jambes se dérobaient sous lui. Brüner s'attendait à tout moment à recevoir un coup de baïonnette ou de lame tronçonneuse dans le dos pendant qu'il aidait tant bien que mal son frère. Il releva la tête, les hérétiques passaient à côté de lui, sans lui prêter à attention. Il vit pourquoi. Une bande d'Astartes en armure d'un model qu'il n'avait jamais vu le toisait de haut. Elles étaient peintes en rouge cramoisis, soit avec de la peinture soit avec du sang. Ou un mélange des deux. Une voix résonna, puissante, horriblement inhumaine, comme si dans cette gorge surhumaine coulait des débris de verre pilé.


-Il est à moi. Je veux son épée.


Il parlait de l'épée de frère Castar. Les deux Astartes impériaux comprirent. Castar dans l'incapacité de se battre tendit son épée à Brüner. Une épée d'apparence commune. Ce n'était pas une épée énergétique. Aucun champ disrupteur ne la parcourait. Sa fusée en cuir tanné, finissait par un pommeau en ivoire, une tête de mort stylisée y trônait. Sa garde représentait, dans un métal clair l'aigle bicéphale de l'Imperium. Le métal dont était faite la lame était sombre. C'était une relique, donnée au frère Castar pour des états de services exemplaires. C'était un engin de mort parfait.


-Alors viens la chercher, traître.

L'Astartes renégats parti d'un rire sonore et faux. Il se moquait ouvertement du jeune initié.

-Combattre un novice ? Ce n'est pas un combat pour moi. Toi, tue-le.


Il désigna un de ses soldats en armure. Il s'avança dans un grognement grotesque. Il était armé d'un fléau. Aux bouts des chaines pendait des crânes humains à plusieurs étapes de décomposition, ainsi que des boules de métal hérissées de piques. Le renégat chargea. L'initié chargea lui aussi. Raccourcissant l'allonge supérieure de l'arme de son adversaire. Il enjamba frère Castar mourant. Qui se vidait de son sang par de nombreuses blessures. Ses cellules de Larraman peinaient à endiguer le flot qui quittait son corps.

Brüner passa sous sa garde, le fléau de crâne siffla au-dessus de sa tête. Il planta fermement ses pieds dans la boue et entama un arc de cercle avec son épée la tenant fermement à deux mains. Il rencontra les genoux de l'hérétique qui lui aussi se retournait, mais pas assez vite. Ses deux jambes furent sectionnées. Il tomba au sol, sur le ventre. Il hurlait de rage et de douleur. Maudissant l'initié. Il mit fin à ses obscénités en lui plantant la lame dans l'arrière de son crâne. Elle ressorti par sa fosse nasale, transperçant son casque.

Brüner extirpa la lame d'un mouvement sec, découpant ce qui restait du crâne, et revint au-dessus de frère Castar, le protégeant de son corps.


-Qui sera le suivant ? Lança-t-il à l'assemblée d'hérétiques.

Ce n'était plus un rire qui sorti de la gorge de l'officier ennemi. C'était un rugissement de haine.

-Que personne ne les touche. Ils sont à moi.


Il activa ses haches tronçonneuses. Dans un grondement de moteurs torturés, elles crachèrent leurs fumées d'échappements. Il chargea lui aussi. Il était beaucoup plus rapide que son soldat. Il était sur lui. Il effectua une rapide passe d'arme, en feintant un coup d'horizontal pour frapper de son autre main verticalement. Brüner mit l'épée de Castar en opposition au dernier moment. Les lames mordirent dans le métal de l'épée mais ne parurent pas l'entamer. Des trombes d'étincelles jaillissaient des lames tronçonneuses, tombant sur le corps mourant de Castar. Soudain, une de ses lames partis vers le ventre de Brüner. Il sauta en arrière, essayant d'esquiver l'attaque sournoise. La lame mordit dans le plastron, et entailla la chair en dessous. Une douleur vive lui vint de sa blessure. Un sang chaud se répandait dans le bas de son armure. Son adversaire possédait l'avantage des armes, il en possédait deux. Il devait réduire se désavantage s'il voulait survivre. Il dégaina son couteau de combat de sa main gauche.

Il était à quelques pas de frère Castar, toujours au sol. C'était le traître qui était au-dessus de lui. En l'enjambant pour se rapprocher de Brüner il entailla d'une de ses lames hurlantes la jambe du frère Black Templar. Celui-ci hurla de douleur.


-Vous êtes faibles, loyalistes.

-Approche, viens voir par toi-même si nous sommes faibles. Lui répondit Brüner.

La réponse parue rendre encore plus fou de rage l'hérétique.

-Ton crâne viendra embellir ma collection. Ton corps nourrira mes esclaves. Et tes frères supplieront que je les achève.

-Sur mon honneur tu ne quitteras pas cette planète en vie, sale chien.


Brüner enrageait. Mais canalisait cette envie de meurtre sanglant au nom de L'Empereur-Dieu de l'Humanité. Il c'était redressé, pointait la pointe de l'épée vers les cœurs impies de l'hérétique et avait prononcé cette insulte. Il n'avait pas fallu plus. Le renégat chargea de nouveau. Cette fois c'était une attaque sans feinte. Les lames venaient des deux côtés horizontaux en même temps. L'initié au lieu de reculer, avança d'un pas, dans l'étreinte mortelle des bras de l'ennemi, mais trop près pour être inquiété par ses haches. Il lui assena un immense coup de tête. Son arcade sourcilière s'ouvrit sous le choc. Sa vision était obscurcie par le sang qui lui coulait dans les yeux. L'Astartes ennemi, surprit, recula de quelques pas.

Il enleva son casque, ses optiques fissurés par le coup et le jeta au sol. Brüner fit de même. Il put voir le visage de son ennemi. Un regard noir, sans pupille. Une peau blanche et blême. Scarifiée à l'excès. Ses doigts taillés en pointes venaient entailler ses lèvres bleues, pourrissantes. Des câbles venaient perforer son crâne pour plonger dans son armure. C'était un spectacle immonde. La pluie lui coulait sur le visage, lavant le sang qui s'échappait de sa blessure. Il avait maintenant la vue un peu plus dégagée. Tout autour de lui les autres Astartes renégats les encerclaient et regardaient le spectacle. Ils semblaient amusés, et impatient d'eux aussi se joindre au massacre. Mais ils laissaient leur chef s'amuser un peu. Derrière eux les hérétiques continuaient de progresser vers le sommet. La fusillade faisait toujours rage.


L'hérétique chargea de nouveau, des fluides étranges se déplaçaient dans les tubes qui étaient reliés à son crâne. Surement des drogues de combat. Elles augmentaient l'agressivité et la soif de sang du patient. Il attaqua sans subtilité. Une de ses haches fondit sur le crâne de l'initié. Il intercepta le coup avec l'épée de Castar. Sous la force du choc, il ploya le genou. Il avait arrêté les dents de la lame rugissante à quelques centimètres de son visage. L'effort surhumain avait ré ouvert sa plaie à l'abdomen qui se remit à saigner abondement. Dans un élan insensé il décida de poignarder la hache de son couteau. La lame monomoléculaire pénétra enter deux dents, et arrêta la lame. Le métal vola en éclats, la garde restante fermement planté dans le moteur qui ne pouvait plus tourner. L'hérétique jeta son arme inutilisable à terre. Et asséna un violent coup de poing ferré au visage de l'initié. Sa blessure à la tempe empira quand sa peau s'ouvrit encore plus sur une dizaine de centimètres. Il grogna de douleur et fut projeté sur le dos, au sol, plus loin. L'hérétique approcha rapidement, bien décidé à achever son ennemi.


Soudain il fut retenu par une force inconnue. Frère Castar dans un élan héroïque agrippa la jambe de l'hérétique, l'empêchant d'avancer plus pour tuer son frère. D'un mouvement ample et rageur, il fit fondre sa seconde hache en état de fonctionner sur le bras qui le retenait. Le bras quitta son propriétaire dans une gerbe de sang et un cri de douleur. Brüner saisit l'occasion, se releva et sauta sur le traître. Sous la violence du choc ils tombèrent tous les deux au sol, Brüner sur lui. Il lui asséna un violent coup de poing, et un second. Puis une série ininterrompue. L'hérétique au sol avait essayé de riposter, mais ses coups manquaient de précision. Le crâne du guerrier du chaos commença à céder. Brüner dans un cri de rage pure donna un unique coup de poing qui passa à travers le visage du renégat. Il ne restait qu'une bouillie immonde de dent, d'os et de cervelle. Il se releva, titubant sous l'effort, blessé. Il recula jusqu'à son frère, lui aussi blessé et reprit sa garde pour le protéger. Le reste de la troupe de guerre semblât surpris devant la mort de leur chef et n'attaquèrent pas tout de suite. Ce fut leur perte.

Un tir soutenu venant du sommet les faucha tous. Le bolter lourd aboyait, couvrant le bruit des blessés et de l'artillerie.


-Couvrez-les ! Replis vers le sommet, maintenant frère ! Hurla le sergent.


Brüner avait perdu son oreillette et son casque dans le corps à corps avec le chef hérétique. Ses frères devaient hurler jusqu'à lui pour se faire entendre. Sans attendre il donna son pistolet bolter à Castar, lui donna son épée qu'il cala comme il put, de son bras invalide, le saisit par les aisselles et le traîna vers le sommet. L'ascension fut longue et difficile. Son frère blessé en armure était lourd et encombrant. Aucun mutant ou soldat humain ne les atteignit. Fauchés avant de les atteindre par un tir de bolter précis. Les deux survivants furent éclaboussés de terre et de sang dans leur repli. Frère Castar tirait bolt après bolt sur les ennemis enragés qui les chargeaient. Il rechargeait d'une main et aidait son frère qui le traînait en poussant sur son unique jambe dans la terre meuble.

Brüner était en nage, perdait son sang de plusieurs blessures grave. Il n'avait pas la puissance d'une armure énergétique avec lui pour l'aider dans sa tâche. Les fibres musculaires synthétiques qui tapissaient l'intérieur de l'armure et les servomoteurs auraient rendu sa quête plus facile. Ses jambes le lançaient. Ses cœurs pompaient son sang sans discontinuer, envoyaient ses globules rouges améliorés, chargés d'oxygènes à ses muscles de fer, forgés par la guerre et la chirurgie. Les tirs de bolter dans son dos se rapprochaient. Ils étaient bientôt au sommet. Frère Castar rechargeait son arme, un mutant horrible surgit d'une nappe de brouillard, en hurlant de rage, un poignard à la main. Il se rua sur frère Castar. Brüner lâcha son frère qui tomba dans la boue se saisit d'un seul mouvement de son couteau de combat de lança de toute ses forces sur l'ennemi. Il se ficha dans son plexus solaire, il s'écroula de tout son poids sur frère Castar au sol, l'écrasant sous son poids. Le frère blessé hurla de rage, et de douleur, insultant et maudissant le mutant renégat. Brüner se ressaisit et traina son frère sur les derniers mètres. Il cala son frère mal en point, dos contre une barricade, lui donna ses derniers chargeurs. Frère Castar reprit le tir, méthodiquement. Traitant chaque menace qui assaillait ses frères.


-Frère Brüner, prend mon épée, je ne peux plus combattre avec elle, tu t'en es montré digne. Va et poursuit le combat. Je te couvre. La voix de Castar était ténue et faible. Presque dans un murmure.

Brüner se releva l'épée à la main et parti rejoindre ses frères encore valides sur la ligne de défense.

Le bolter lourd c'était tut. A court de munition, il gisait au sol, son canon chauffé au rouge dans une flaque d'eau la faisait s'évaporer dans ses volutes de vapeur. Le sol était jonché de douilles vides. Un corps d'Astartes gisait lui aussi contre un remblai, perforé par des tirs de bolts ennemis. Brüner accouru vers son frère tombé. Il vit le carnage qui l'avait emporté. Fit une rapide prière pour son frère tombé au combat et se saisit de son bolter. Il lui restait encore quelques bolts dans son chargeur entamé.

-Frère Brüner avec moi ! Appela le sergent.


Il se tenait fièrement sur un monticule d'hérétiques occis. Il tirait et fauchait tout ce qui passait à sa portée dans de grands moulinets précis de son épée énergétique. Elle séparait les os des corps et les têtes des coups dans ses grésillements d'énergie. L'eau qui tombait sur la lame s'évaporait sous la chaleur dégagée.

Dans une course effrénée ils se rejoignirent au bord du cratère du module d'atterrissage. Il commençait à se remplir d'eau. Un cadavre d'Astartes allié gisait au fond avec plusieurs autres d'hérétiques. La fusillade faiblissait. Il commençait à tomber à court de munition et entamaient des corps à corps sanglant tout autour de la dernière ligne.

Brüner vida le chargeur de son bolter qu'il tenait à une main sur un groupe ennemi qui contournait le frère Kentin, tirant au pistolet bolter maintenant que son arme lourde n'avait plus aucune munition. Il rejoignit le sergent Gerhart. Son amure était en piteux état. Son tabar blanc était méconnaissable, brulé, perforé de part en part. Une de ses épaulières était fissurée, et du liquide de lubrification s'en écoulait abondement. Un violent choc avait embouti un coté de son casque et fissuré une de ses lentilles optiques.


-J'ai demandé l'appui d'une seconde batterie d'artillerie sur notre position, les tirs sont en approche. Lui annonça-t-il.

-Frère Sergent, nous devons nous regrouper dans un dernier carré autour du cratère.

-Nous sommes débordés, nous ne pouvons pas... La phrase mourut dans sa bouche.


Le bolt ennemi le frappa dans le dos, perforant les couches d'armure, sectionnant son épine dorsale et l'avant de sa cuirasse. Il détonna entre les deux Astartes. Le sergent mortellement surpris, posa sa main armurée contre l'épaule de Brüner. Les deux guerriers touchés tombèrent à la renverse.

Sous le choc il avait perdu connaissance quelques secondes. Il reprit ses esprits, écrasé par une masse énorme sur son torse. Il ouvrit les yeux et vit son sergent, mourant sur lui. Ils étaient au fond du cratère, qui se remplissait d'eau et de sang. Un nouveau choc percuta les deux Astartes, un nouveau corps tomba dans le charnier c'était des soldats ennemis tués par le reste de ses frères à la surface. Soudain une détonation retentit, c'était la seconde batterie qui visait directement leur position. Les explosions soulevèrent des monceaux de terre dans les airs qui retombèrent dans le cratère. Ensevelissant un peu plus, les deux Astartes touchés, dedans.


-Frère sergent ! Appela l'initié.

Son visage touchait presque le casque de Gerhart.

-Erik, survit par n'importe quels moyens. Venge-nous, accomplis ta mission, et honore le chapitre. Il parlait dans un murmure à peine perceptible malgré les hauts parleurs de son heaume de guerre.

-Nous devons-nous sortir de là et combattre notre ennemi.

-Honore ton serment chevalier, rends-moi fier. Jure-le.

-Je le jure.


Le sergent coupa la communication et Brüner put entendre les sons caractéristiques d'une communication privée dans le heaume du sergent Gerhart. Il essaya de soulever le corps de son officier qui le clouait au sol quand un nouveau choc venant du haut du cratère vint les percuter. Une nouvelle détonation de l'artillerie retentit. Brüner avait la respiration coupée, le sternum écrasé, il ne pouvait plus respirer. Plus haut, au sommet, il distingua les bruits d'une empoignade violente. Un cri de guerre couvrit les détonations de l'artillerie, des mourants et du tonnerre. Il se répercuta sur toute la vallée, comme un signe de défis.


-Pour Dorn, pour Sigismund, et Pour l'Empereur Dieu de l'Humanité, à mort !

Une violente explosion, si proche et puissante qu'il sembla à Brüner que son âme lui était arraché de son corps, vint percuter le fond du cratère. Il perdit connaissance, et entra dans un voile de ténèbres.




Le soldat Brüner se réveilla dans un sursaut. Le corps trempé de sueur, ses deux cœurs battant la chamade. Il ne réalisa pas tout de suite où il se trouvait. Son cerveau pensa qu'il était encore sur cette planète maudite, au fond de ce trou immonde où tombait les corps de ses frères de batailles et les cadavres impies. Il se releva d'un bond et sauta au sol. Ses pieds nus sentirent le froid du sol en métal. Il était ébloui par la lumière blanche et crue qui l'enveloppait. Ses yeux s'habituèrent vite à son nouvel environnement. Les parois de carrelage blanc, d'une propreté clinique lui rappelèrent quelque chose dans la brume qui obscurcissait ses pensées. Il risqua un œil vers son torse. Une blessure bandée de pansements neufs venait barrés le coup de hache tronçonneuse qui avait failli l'éventrer. La cicatrisation avançait bien, une légère cicatrice était encore visible sur ses abdominaux.

Il pouvait percevoir les ronronnements distinctifs des moteurs d'un vaisseau spatial malgré l'épaisseur des murs et des couches de blindage. Il était surement en orbite.

Soudain une porte sur sa gauche qu'il n'avait pas vu s'ouvrit à la volée, se rétractant dans le plafond. Un géant en armure complète entra. Il était du chapitre des Blacks Templars lui aussi. Le soldat Brüner, seulement vêtu d'un bas de pantalon rêche, paru surpris. L'Astartes qui venait d'entrer leva ses mains dans un geste d'apaisement.


-Du calme, néophyte.

-Je ne suis plus un néophyte, frère. J'ai été adoubé. Où sont mes frères ? Où est notre escouade de croisés ? Avons-nous gagné ? Lui demanda précipitamment le soldat Brüner.

-Je ne peux répondre à tes questions mon frère. Habille-toi, je dois t'amener au sénéchal à ton réveil. Ce sont mes ordres. Quand il eut terminé sa phrase il barra sa poitrine de ses bras puissants et armurés, bloquant l'accès à la seule sortie de cette salle de ce qui ressemblait à un Apothecarion.


L'Apothicaire marchait vite, aidé par la puissance de son armure. Brüner suivait la cadence malgré sa carrure plus petite sans armure. Il était toujours pieds nus, portant une bure de laine épaisse sur ses épaules. Il entendait les bruits de liaisons vox qui s'ouvraient et se coupaient dans le heaume de guerre de l'Apothicaire.


-Où sommes-nous ? Depuis combien de temps je suis plongé dans le coma ?

-Tu es sur la barge de bataille du sénéchal Organon. Cela fait près de trois semaines que tu étais dans le coma. Nous t'y avons plongé suite à tes blessures.

Maintenant silence, croisé.


Brüner réfléchi à toute vitesse. Cela faisait trois semaines qu'il devait être à bord, les Black Templars des suites d'une altération de leur patrimoine génétique, perdait la capacité de rentré dans une transe réparatrice des suites à une blessure grave, les Apothicaires du chapitre avaient pris pour habitude de les y plonger eux-mêmes les guerriers touchés grâce à de puissantes drogues. Ils marchaient dans les corridors de la barge de bataille, les torches et les braseros accrochés aux murs et aux plafonds éclairaient leurs pas dans les coursives du vaisseau.

Ils étaient venus accompagner des loups de Fenris sur cette planète et dans ce système pour mener à bien cette campagne aux cotés de la garde impériale. Comment ce pouvait-il que le sénéchal soit aussi présent dans ce système perdu ?

Il n'avait aucune réponse à ses questions, et suivait humblement son frère de bataille. Ils arrivèrent vers une allée majestueuse de colonne de pierre immense qui la bordait. Ces colonnes faisaient la taille d'un transport Rhino en diamètre et supportaient une voûte elle aussi de pierre, tellement haute que les feux qui crépitaient dans des braseros énormes peinaient à éclairer le plafond qui les surplombait. Un tapis d'un rouge profond et somptueux était tendu sur toute la longueur de la voûte et des colonnes. Entre chaque colonne, un garde d'honneur, portant épée et bouclier, scrutait les allers et venues des serviteurs ou des frères de batailles. Le tapis contrasta immédiatement avec le froid glacial du sol sur lequel ils venaient de marcher. Ils durent traverser tout le grand hall menant à la salle du conseil du sénéchal.


Brüner n'avait jamais eu l'honneur d'arpenter la barge de bataille du sénéchal. C'était une très étrange opportunité de le faire en ce jour. Il avait entendu parler des exploits de leur commandant. Le sénéchal Organon, chef de la croisade, avait été formé par le sergent Gerhart Gerhart bien des années auparavant. C'était même des amis de longues dates. Le sergent refusant catégoriquement toute promotion à un grade supérieur. Préférant être au plus près de la bataille et former les jeunes recrues dans les horreurs de la guerre. Le temps les avait séparés, mais ils gardaient un lien très fort. Organon était un héros de légende, aussi bien connu pour ses stratégies pointues et adroites, mais aussi pour sa fureur légendaire.

Ils arrivèrent devant deux immenses portes d'adamantium. Sur chaque battant était gravé dans le métal dur comme du diamant, les exploits d'illustres champions qui ne seront jamais oubliés. On voyait des guerriers brandir haut dans le ciel d'immenses bannières aux couleurs des Black Templars, sur des monticules de corps Orks, sur d'autres on pouvait voir des carrés héroïques se battre contre des nuées tyrannides. Chaque héros sublimé par les coups de burin du maître artisan qui avait façonné ces portes pendant une centaine d'années de travail acharné. Ces battants inspirèrent l'humilité à qui quiconque les regardes. De part et d'autre de ces portes deux Astartes en armure Terminator barrait le chemin de leur masse. Ils portaient une hallebarde énergétique chacun. A l'approche de l'Apothicaire et du soldat Brüner ils croisèrent leurs armes dans un tintement de métal qui se réverbéra sur les murs et colonnes derrière eux.


-Je suis l'Apothicaire Drausd. J'ai été convoqué par le sénéchal avec ce guerrier.


Les hallebardes les laissèrent passer. Quatre Astartes torse nu, et musculeux sortirent des ombres et s'arc-boutèrent contre les battants de la porte. Ils poussèrent de toutes leurs forces dessus et elles commencèrent à infléchir leurs directions vers l'intérieur. Un immense brouhaha sorti immédiatement de la pièce que les portes protégeaient. Un courant d'air chaud vint de l'intérieur, charriant l'odeur des feux de cheminées et des lampes torches de la salle de guerre. Le vacarme cessa d'un seul coup quand les occupants s'aperçurent que des nouveaux arrivants entrèrent.

A peine eussent-t-ils franchit le pas de la porte, que l'Apothicaire disparu dans l'assemblée qui entourait une estrade de pierre au centre de la pièce. Les gardes d'honneur qui protégeaient les portes entrèrent et encadrèrent le soldat Brüner. L'un d'un geste brusque le poussa en avant. Ce fut comme si un marteau venait de lui frapper les os. Il avança vers le centre de la pièce. Les armoiries de la maison du sénéchal flottaient fièrement à des colonnes de pierre noire, suspendues au-dessus de feu immenses, éclairant et chauffait l'immense pièce. Les frères réunis autour de l'estrade fixaient le soldat Brüner des optiques rouge sang de leurs casques. Brüner senti immédiatement l'hostilité des personnes présentes. La foule s'écarta devant lui, le laissant voir l'estrade de pierre et les trois marches qui amenaient dessus. Il y grimpa, d'un pas souple et lent. Et se fixa, debout, fier et droit.

Il le vit, le sénéchal, dans une armure Terminator complète. Assis dans son trône d'airain. Sa puissante main droite tenait son épée à deux mains pointées vers le sol, sa main reposant sur sa garde. Son casque était posé sur un des accoudoirs de son trône. Son visage n'était que haine et fureur. Tailladé de cicatrices. Ses cheveux blonds coupés court encadraient un visage qui un jour avait dû être beau, mais aujourd'hui ne ressemblait qu'à un champ de bataille ravagé. Des clous de services étaient plantés dans sa tempe, montrant à tous la durée de sa vie de guerrier héroïque. Il était le parangon d'un Black Templar. Un chevalier, qui ne vivait que pour la guerre.


Il était entouré par une cohorte de chapelains, à l'air menaçant. Leurs heaumes aux faciès de crânes et de démons hurlants toisaient Brüner.

Les Terminators se postèrent derrière Brüner et avant qu'il ne puisse mettre genoux à terre, il reçut de la part des deux géants deux violents coups dans le creux de ses jambes. Il se retrouva à genoux, la tête baissée, grognant sa rage et sa douleur. Un héraut du chapitre s'avança, un parchemin dans ses mains. Il était vêtu humblement comme le voulait la tradition du chapitre qui ne tolérait aucun faste. D'une voix claire et forte il entreprit de lire le contenu de sa missive.


-Néophyte Erik Brüner, au service du Frère Sergent Gerhart, engagé dans la campagne visant à libérer ce monde oublié de l'Empereur-Dieu, vous serez jugé par ce tribunal militaire.

Le soldat Brüner prit la nouvelle comme un missile en plein cœur. Il était jugé. Voilà pourquoi l'assemblée semblait si hostile à son égard. La tête toujours basse, il prit la parole.

-Je ne suis un pas un néophyte, je suis un initié du chapitre des Black Templars, adoubé par le frère sergent Gerhart !


Le héraut paru décontenancé devant l'annonce. Il se retourna légèrement vers le sénéchal qui n'avait pas bougé d'un pouce sur son trône, comme une statue antique, jugeant la scène. Un des gardes Terminator avança d'un bas lourd et asséna un violent coup de poing sur le visage du soldat à genoux. Ce fut comme si un char de combat lui roulait dessus. Il fut projeté à terre, crachant du sang de sa bouche ouverte. Il se remit à genoux s'aidant de ses bras.


-Vous paraissez en ce jour, pour avoir faillis à votre devoir. La sentence est la mort.

-Pour quel crime ? Où sont mes frères ? hurla le condamné, toujours à genoux. Saignant abondement sur la pierre de jugement.

-Ce n'est pas à vous de poser les questions ! Lui répondit un chapelain, derrière le trône du sénéchal.


Le second Terminator s'avança et lui asséna un autre coup de poing armuré. Lui ouvrant l'arcade sourcilière. Il cracha de nouveau du sang. Qu'importe la douleur, il devait savoir. Le héraut poursuivis.


-Le frère sergent Gerhart est mort au champ d'honneur ainsi que toute son escouade de croisés. Vous êtes le seul survivant. Vous avez été retrouvé gisant dans un cratère entouré de cadavres de vos frères, et de votre officier. Les fils de Fenris ont découvert votre corps et nous l'on amené.

- Nous avons accomplis notre mission, nous avons tenus cette colline. L'ennemi n'est pas passé, par l'Empereur-Dieu nous avons combattu des Traîtres ! Ce défendit l'accusé.

-Silence ! Hurla de rage un Astartes dans l'assemblée.

Le premier Terminator fit un pas en avant et saisit la nuque du guerrier à genoux. Il lui serra si fort qu'il écrasa son larynx, l'empêchant de parler et en l'immobilisant.

-En effet, celons les enregistrements vox de l'affrontement, des renégats du chapitre trois fois maudits des World Eaters ont été aperçus. Les loups de Fenris ont massacré ce qu'il restait d'eux. Quoi qu'il en soit, pour manquement à l'honneur, et pour avoir failli à votre serment, ce tribunal vous condamne à mort. Appliquez la sentence.


Le deuxième Terminator souleva sa hallebarde haute dans le ciel, armant son bras pour frapper la tête immobilisée du soldat Brüner.

-Monseigneur ! Appela un chapelain. Il sorti de la foule, bousculant ses frères pour se tenir devant son maitre. Notre frère Techmarine m'a fait part d'un détail dans cette affaire. Notre regretté frère sergent Gerhart , aurait laissé un message avant de succomber à ses blessures.

Le sénéchal paru enragé. Les veines sur son crâne et sa gorge se gonflèrent sous l'effet de la colère.

-Parlez Techmarine ! Lui ordonna le chapelain.

-Notre regretté frère a en effet, enregistré son testament avant de mourir. Il l'aurait enregistré alors qu'il gisait dans ce cratère, mortellement touché.

Une représentation audio verte pale s'afficha au centre de la pièce, au-dessus de la pierre de jugement. Les hauts parleurs dissimulés dans la salle du trône retransmirent la voix du sergent.

-Moi, Gerhart du chapitre des Black Templars, demande assistance immédiate, unité impériale Astartes submergée. A quiconque entendra ce message, mes hommes se sont vaillamment battus. On entendait le vacarme de l'artillerie derrière sa voix. Ainsi que les tirs de bolter et les cris de guerre.

-Je confie mon commandement à l'Initié Erik Brüner, du chapitre des Black Templars, ne...

-Assez ! Hurla de rage le sénéchal. C'était la première fois qu'il prenait la parole. Sa voix ressemblait à un cri rauque d'un prédateur d'un monde sauvage. Elle était sans douceur aucune. L'extension d'une âme guerrière.

L'enregistrement disparu aussitôt.

-Poursuivez la sentence !

-Monseigneur, en vertus de nos lois, un officier Astartes ne peut être condamné à mort par notre main. C'était encore ce même chapelain. Il c'était encore plus avancé, et était maintenant sur les marches menant à la pierre de jugement. L'autre Terminator se posta devant le chapelain pour qu'il ne s'avance pas plus.

Quelques grognements d'approbations sortirent de la foule amassée aux pieds de la pierre, qui avaient appris la nouvelle.

Un membre de la cour du sénéchal s'approcha et murmura quelque chose à l'oreille de son officier. Il hocha imperceptiblement la tête. Et fit geste d'une main aux Terminators. Ils desserrèrent leur prise sur le condamné, qui put respirer librement.

Le héraut repris la parole. Appliquant la loi en vigueur.


-Sergent Erik Brüner, du chapitre des Black Templars, je vous condamne au bannissement de cette croisade.

Le choc fut encore plus douloureux pour le soldat. Il venait d'apprendre que son mentor était mort. Qu'il héritât de son commandement et était bannis du chapitre qui venait de l'accueillir en son sein. Sa tête lui faisait mal, son esprit bouillonnait.

-J'ai une requête ! Hurla-t-il.

Ce fut le mot de trop. Le sénéchal se leva d'un bond, planta la lame de son épée dans la pierre, sous son trône. Il hurla de rage :

-Comment oses-tu ? Ils sont morts et tu as survécu, mon mentor est mort par ta faute, et tu prends son commandement. Qu'a-t-il pu voir en toi ? Cracha-t-il.

-Je demande humblement « le premier choix ». Brüner avait prononcé ces mots dans un murmure.

C'était une vieille tradition, que peu d'Astartes mettaient encore en place. Pour tout soldat qui prenait des fonctions en tant qu'officier, il était coutume chez les Black Templars d'honorer la première requête faite par l'officier. Certains demandaient de rejoindre un théâtre d'opération particulièrement dangereux, cherchant la gloire et les batailles, d'autres demandaient qu'une relique leur soit confiée.

Les deux Terminators le saisirent par les bras, dans leurs étreintes puissantes. Le sénéchal se rassit, encore essoufflé sous l'adrénaline de son emportement.


-Je demande qu'on me fournisse le moyen d'arriver à mes fins. Demanda le jugé.

Le sénéchal se pencha sur son trône, rapprochant son regard carnassier et rageur du soldat à terre.

-Tu ramèneras notre relique dans ce cas. Tu seras la douzième croisade d'expiation.


Un murmure parcouru l'assemblée. Il y a bien des millénaires, pendant le siège de Terra, un héros légendaire, se battit aux cotés de Sigismund et du primarque Dorn. Son nom fut depuis longtemps oublié, mais pas son équipement. Il rejoignit par la suite, le champion de l'Empereur, Sigismund, dans la fondation du chapitre des Black Templars. Il mourut dans une campagne aux proportions dantesques. Son équipement fut démantelé et distribués à toutes les croisades existantes du chapitre. Son poing énergétique revint de droit à la croisade de frère Organon. Dans des circonstances étranges cette relique fut perdue corps et bien, et depuis les frères de batailles punis étaient envoyé à la recherche de cette relique. Aucune de ces croisades ne revint jamais. Cet artefact aux propriétés quasi mystiques était connu sous le « Poing du champion ».

Les cœurs du soldat Brüner se glacèrent d'effroi. Son mentor lui avait souvent parlé de cette relique et de la quête punitive visant à la rechercher.


-Tu auras ce que tu demandes, chien, seulement parce que je respecte le code de mon mentor que tu as laissé mourir. Donnez-lui un vaisseau, et une escouade. Et chassez-le de ma croisade. Il a trois jours pour partir. Lança-t-il à la foule, magnanime.

Des approbations se firent entendre.

Un des Terminator souleva le jugé et lui asséna un violent coup de tête. Son crâne parti en arrière selon un angle étrange, mais l'Astartes était trop têtu pour s'évanouir, le Terminator lui asséna un autre coup et un autre et un autre. Le visage en sang il perdit enfin connaissance. Il chargea le corps saignant abondamment sur son épaulière, laissant une traînée rougeâtre derrière lui et parti de la salle du trône, son frère gardien sur ses talons. Le chapelain ayant pris sa défense, se retourna pour retourner dans la foule, mais le sénéchal l'arrêta.


-Chapelain Markus ! Vous l'accompagnerez, et vous n'en répondrez qu'à moi. Au moindre signe de faiblesse. Exécutez-le. Lui et ses hommes. Maintenant partez.


Le chapelain effectua une révérence et parti à la suite des Terminators, passant les portes en adamantium qui se refermaient déjà dans un claquement. Etouffant les conversations et le brouhaha de la salle du trône, qui avaient repris.













Les chapitres suivants et tout le premier tome sur : https://www.wattpad.com/myworks/210971996-black-templar

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