Le Royaume des Rats

Chapitre 72 : Sus à Vaucanson !

7714 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 15/02/2023 17:48

Pourseille était en vue.

 

C’était un petit village au pied d’une colline au sommet de laquelle se dressait un château. Le château lui-même n’était pas particulièrement grand non plus, mais il paraissait solide. Une muraille haute de quinze pieds l’entourait, et il n’avait pas de douves, ni même un fossé.

 

L’armée conduite par Sigmund s’arrêta aux abords du village, à quelques yards des premières maisonnettes. Le cavalier parti en éclaireur se présenta devant le Skaven Noir. L’Humain descendit de cheval et salua le capitaine.

 

-         Repos, éclaireur. Au rapport !

-         Mon Capitaine, il n’y a personne dans le village. Tous les habitants se sont retirés dans l’enceinte des murs du château de Beyle. Ils ont également embarqué les bêtes, et j’ai même constaté qu’il n’y a plus un seul outil dans la forge.

-         Ce n’est guère surprenant, Vaucanson s’attendait à notre venue.

 

Sigmund descendit d’Okapia, puis repéra une petite cabane à l’air solide. En quelques secondes, il grimpa sur le toit, puis il fit face à son armée. Il était plutôt satisfait. Plusieurs centaines de personnes, aussi bien Humaines que Skavens, constituaient la force de frappe qu’il allait mener pour montrer à cet insolent Bretonnien qui était le maître à Vereinbarung. L’armée avait fait étape quelques fois en chemin, et plusieurs personnes s’étaient portées volontaires pour gonfler les rangs en chemin. On n’avait déploré aucune désertion, ni tentative d’ « accident malheureux ». Au contraire, les militaires comme les civils étaient bien décidés à chasser les envahisseurs et à secourir les prisonniers.

 

Il prit son inspiration, et parla d’une voix puissante.

 

-         Citoyens de Vereinbarung, je vous remercie tous d’être ici aujourd’hui. Ce n’est pas seulement votre Royaume que vous vous apprêtez à défendre, c’est aussi vos terres, vos amis, et votre famille. J’en ai conscience, nous allons devoir nous battre contre des gens qui ont prêté serment de fidélité au Prince Ludwig Steiner, comme vous tous. Il ne faut pas les considérer trop rapidement comme des traîtres. Ils ont sans doute été forcés de collaborer sous la menace des Bretonniens. C’est pourquoi je compte sur vous pour retenir vos coups face aux roturiers s’ils venaient à résister. Je demanderai en particulier aux militaires de carrière d’avoir cette attention. Vous avez appris le métier des armes, vous savez comment gagner un combat sans violence excessive. En revanche, traitez les Bretonniens comme ils sont : des étrangers venus piller et conquérir vos terres sous les ordres de leur seigneur. Horace de Vaucanson…

 

Il hésita à continuer sa phrase. Ses plus proches lieutenants connaissaient la vérité, mais il n’en était pas de même pour toute la garnison.

 

-         Je vais être franc : vous le savez tous probablement, mon père, le Maître Mage Prospero, a été assassiné il y a quelques semaines. Il est très probable que l’homme qui se cache à cette heure dans ce château fasse partie de la conspiration qui a organisé ce meurtre. Je n’ai qu’une envie, c’est de le ramener à Steinerburg pour qu’il soit jugé et puni comme il le mérite. Depuis ce terrible jour, et jusqu’à notre arrivée ici, j’ai reçu à plusieurs reprises le soutien de beaucoup d’entre vous, en particulier les Skavens. Je suis très touché par autant de compassion et de sympathie, et je vous promets que nous saurons faire justice au Skaven Blanc qui a été autant mon père que votre bienfaiteur.

 

Il laissa passer quelques secondes, le temps pour les mots d’arriver jusqu’aux derniers rangs. Il eut un petit frisson. Le vent miaula méchamment à ses oreilles. Il décida de ne pas se laisser intimider par les éléments.

 

-         Nous allons établir nos quartiers ici, mais attention ! C’est un village de la Principauté de Vereinbarung, nous allons donc respecter ces lieux. Utilisons les écuries et les granges, et tout ce qui ressemble à une salle commune, mais interdiction d’entrer dans les maisons des villageois ! Et on ne casse rien, on ne consomme rien qui n’est pas à nous ! C’est bien compris ?

 

Il désigna du doigt un champ en friche à proximité.

 

-         Installez le bivouac ! Nous irons à la rencontre de Vaucanson demain, à l’aube. D’ici là, préparez votre équipement, profitez de la soirée sans pour autant oublier la discipline, et veillez à être en bons termes avec nos Dieux.

 

*

 

Du fond de sa cellule, Romulus entendait ce qui se passait dehors par le petit soupirail muni de barreaux. La nuit était tombée, et seul l’éclairage des torches lui permettait de distinguer quelque chose, mais il n’avait pas besoin de bien voir pour ressentir l’inquiétude chez les hommes d’armes. Il saisissait de temps à autre des bribes de phrases comme « ils sont très nombreux », « ils ont envahi le village », « ils vont attaquer cette nuit, leurs yeux de Skaven voient dans le noir », « ils vont jaillir par le puits et creuser des tunnels ». Rien de tout cela ne réjouissait le prieur, qui n’anticipait que blessures et morts d’un côté comme de l’autre.

 

La voix d’Horace de Vaucanson retentit par la petite ouverture dans la porte.

 

-         Meyerhold !

 

Le prieur approcha.

 

-         Les renforts que vous attendiez sont arrivés. Ils ont l’air nombreux, mais nous sommes bien à l’abri, ici. Alors ne vous réjouissez pas trop vite ; ils ne pourront pas franchir nos murailles. N’espérez aucun secours.

-         La seule chose que j’espère est qu’il y ait le moins de morts possible, Sire de Vaucanson.

-         Soyez tranquille, il n’y en aura pas de notre côté. Préparez votre meilleure compilation de prières à Shallya, car c’est à vous qu’il incombera d’enterrer les agresseurs qui mourront tantôt.

 

Romulus resta muet, ce qui agaça le Bretonnien.

 

-         N’oubliez pas qu’ils sont venus pour vous, Meyerhold. Vous ne pouvez en vouloir qu’à vous-même.

-         Ils sont venus pour les malheureux que vous retenez prisonniers dans ces caves, Sire de Vaucanson.

 

Vaucanson ne répondit pas, se contenta d’un petit « Fi ! » sec. Alors qu’il le vit s’éloigner puis quitter le bâtiment où étaient parqués les prisonniers, Romulus songea :

 

Et si jamais Sigmund est avec eux, il sera venu pour toi, pauvre inconscient !

 

Horace de Vaucanson balayait du regard les alentours, appuyé au rebord de la fenêtre de la salle du trône. Il grommela en voyant les lumières qui scintillaient aux alentours du village de Pourseille, en bas de la colline.

 

Pour l’instant, les troupes du Prince de Vereinbarung étaient à l’arrêt. Ils préféraient probablement attendre le lendemain pour passer à l’offensive. Leur camp était assez important, et bien organisé : plusieurs hommes étaient en train de planter des torches aux alentours pour prévenir toute tentative d’infiltration.

 

Ils savent que les habitants de Pourseille sont ici. Ils ne vont pas attaquer sans préavis ni réflexion… sauf s’ils sont menés par des barbares !

 

Vaucanson comptait sur un manque de discipline des troupes du camp d’en face. Après tout, les Humains et les hommes-rats ne pouvaient définitivement pas s’entendre, d’après ses croyances. Ils ne pourraient pas lancer un assaut efficace. Et puis, les murs du château de Beyle étaient solides, ses propres troupes motivées…

 

Tant de petites choses qu’il se répétait en boucle pour éviter de penser à autre chose, et de laisser une simple fissure dans le blindage qu’il avait forgé autour de son esprit. Tout au fond de lui, il savait, sans oser le reconnaître, que la moindre seconde d’hésitation pouvait mener à une réflexion plus approfondie, et moins à son avantage.

 

Il essayait de dénombrer les effectifs en dépit de l’obscurité. Les lumières des torches révélaient de temps à autre une silhouette par-ci, une forme vague par-là, mais il n’était pas évident de distinguer précisément les choses, à cette distance. Plus troublant encore était le silence. Normalement, un camp d’armée émettait forcément une rumeur, un bourdonnement entrecoupé de bruits d’outils, mais à part quelques hennissements nerveux de chevaux, il n’entendait rien, comme si les soldats de Vereinbarung s’efforçaient de faire le moins de bruit possible.

 

Ils veulent jouer avec ma patience ! Je vais…

 

-         Vous allez tout droit vers votre propre condamnation.

 

Vaucanson sursauta à ces mots. Il pivota rageusement sur ses talons, et serra les dents, le regard mauvais.

 

Sur le trône de pierre qu’il s’était déjà approprié était installé un jeune homme. Au lieu d’être assis correctement, il était plutôt allongé en travers, le dos appuyé contre l’un des accoudoirs, et les jambes posées sur l’autre. Son visage encadré de longs cheveux bruns était jeune, imberbe, avec des yeux brillants. Un sourire ironique étincelait au-dessus de son menton en galoche.

 

-         Tout au fond de vous, vous savez déjà que vous avez perdu. Vous aurez beau ressasser les mêmes choses encore et encore pour ne pas le voir, vous n’empêcherez pas que ça arrive. Votre croisade s’arrête ici, autant vous faire à cette idée.

 

Horace de Vaucanson se redressa de toute sa hauteur.

 

-         Je vous trouve bien ingrat ! J’ai fait tout ça pour vous !

-         Vous êtes sûr ? Vous ne pouvez plus rien faire pour moi depuis vingt ans.

-         J’ai arrêté votre meurtrier ! Une fois qu’il aura assisté à la chute de Vereinbarung, je l’exécuterai moi-même, aussi salement qu’il vous a fait passer de vie à trépas ! La justice de notre pays sera appliquée dans la Petite Couronne, puis répandue à travers tout le pays ! Ce pays sera consacré à votre souvenir !

 

Vaucanson était à présent devant le trône, penché vers le jeune Humain. Le sourire de celui-ci s’estompa.

 

-         Je n’ai que faire de ce pays. De là où je suis, ça n’a plus d’importance. Vous, en revanche, vous avez entraîné les loyaux sujets du Roy dans votre chute. Les troupes du Prince Steiner sont à votre porte. Ils sont bien plus nombreux que vous ne pensiez. En outre, ils sont bien décidés à vous mettre à genoux. Parce que vous avez maltraité leurs habitants. Parce qu’ils veulent venger leur Maître Mage.

-         De sales rats ! De monstrueux rongeurs qui agissent uniquement par mimétisme. Ce peuple est un blasphème, je ne fais qu’accomplir la Volonté de la Dame du Lac en débarrassant le pays de cette aberrante engeance !

-         Et pourtant, les Humains d’ici les considèrent bien différemment. Le Prieur a raison, ces Skavens sont leurs enfants, leurs amis. Bien qu’ils se soient mis sous votre protection, ils n’apprécient certainement pas la façon dont vous avez traité leurs protégés. Quant au Maître Mage, n’oubliez pas que chaque homme-rat adulte lui doit une vie différente de celle des répugnantes créatures qui hantent les souterrains. Prospero Steiner était leur héros. Olafsson a assassiné la personne pour qui ces gens seraient prêts à faire absolument tout. Ils ont de forts soupçons à propos de votre implication dans ce meurtre. À votre avis, quel sera le degré de motivation des soldats rassemblés à Pourseille en ce moment ? Vont-ils se battre par obligation et s’enfuir dès la première blessure ? Non, ils combattront avec acharnement. Votre victoire n’est pas acquise.

 

Le seigneur Bretonnien sentait son visage brûlant de colère. Il aboya :

 

-         Je gagnerai ce fief, puis ce pays, même si je dois y passer vingt ans de plus, Meyerhold assistera à la chute du Royaume des Rats ! Vous serez vengé !

-         Je me fiche de cette vengeance. Je vous en prie, arrêtez de me mentir. Ce n’est pas pour moi que vous faites ça, mais uniquement pour vous. Je n’ai jamais compté en tant qu’enfant, pour vous. C’est votre amour-propre que vous tenez à sauvegarder.

 

Horace de Vaucanson était à présent écarlate, les yeux écarquillés.

 

-         Comment osez-vous dire ça ? Je vous ai élevé comme j’ai pu ! J’ai voulu faire de vous un homme ! Mieux, un noble serviteur du Roy Louen Cœur de Lion ! Je vous ai donné la même éducation que celle que me donna mon propre père ! C’est vous qui étiez un hédoniste, qui multipliiez les défections à vos responsabilités, et qui preniez sans arrêt des risques inconsidérés ! Malgré vos innombrables bêtises, j’ai tout fait pour vous maintenir dans le droit chemin. Vous vous êtes acoquiné une fois de trop, avec les mauvaises personnes, j’aurais pu abandonner votre souvenir, mais je me suis accroché ! J’ai voulu montrer que personne, jamais, ne doit s’aviser de salir le nom de Vaucanson. J’ai mis vingt ans à retrouver votre assassin, je vais le punir d’une façon mille fois plus douloureuse que votre propre fin, et vous osez me dire que vous n’avez jamais compté pour moi ?

-         Vous n’aviez pas besoin de vous fourvoyer dans toute cette folie. Des gens innocents sont déjà morts à cause de vous, et d’autres vont très certainement les suivre. Ce n’est pas ce que je veux.

 

Le seigneur de Vaucanson se jeta sur le trône, mains tendues en avant, avec un cri terrible. Quand il voulut les refermer sur la gorge du jeune homme, ses doigts ne saisirent rien. Il trébucha et se heurta au siège de pierre taillée. Il glapit de douleur, les bras et le tibia meurtris par le choc.

 

Quelqu’un frappa à la porte.

 

-         Mon Lige, que se passe-t-il ? demanda la voix de l’aide de camp à travers le bois.

-         Ce n’est rien, de Villefort, répondit péniblement Vaucanson. J’ai trébuché.

-         Tout va bien, vous êtes sûr ?

-         Oui, tout va bien, je vous remercie. Retournez à votre poste !

-         À vos ordres, mon Lige.

 

Le seigneur Bretonnien se traîna péniblement jusqu’à la porte derrière l’étendard, gravit l’escalier marche par marche, et se retrouva dans son armurerie. Il resta debout, immobile, au milieu de ses armes, pendant une longue minute, puis il s’écroula sur ses genoux et pleura en silence, longtemps.

 

*

 

Les rayons du soleil, filtrés par une épaisse brume, éclairaient tant bien que mal le campement. L’aurore n’avait rien de réconfortant, au contraire le ciel était teinté d’une couleur rouge qui présageait de la violence à venir. Et le vent persistait, cinglait les joues et mordait les doigts, sans pour autant dissiper cette nappe de brouillard.

 

Sigmund s’occupait de panser Okapia. Il tâchait de garder le moral malgré la tempête qui l’attendait. Au moins, les Bretonniens n’avaient rien tenté de stupide pendant la nuit, les sentinelles n’avaient pas relevé le moindre mouvement. La jument avait passé la nuit à l’écurie, et semblait en bonne forme.

 

Le Skaven Noir brossait le crin de l’animal avec douceur et application, en prenant tout son temps. La brave bête se laissait faire, tranquille, sereine. Était-elle consciente que dans moins d’une heure, peut-être qu’elle se ferait transpercer par une lance bretonnienne ? Sigmund savait qu’elle était bien trop intelligente pour ne pas percevoir l’appréhension de son maître. Après tout, n’avait-il pas créé et entretenu pendant des années un lien affectif avec elle, seulement dépassé par celui qu’il partageait avec Bianka ?

 

Connaissait-il quelqu’un qui pouvait se vanter d’avoir une telle connexion avec sa monture ? Chez le fier peuple de Norsca, peut-être ? Ou les Elfes des bois, plus proches de la nature que n’importe qui d’autre ? Les grands personnages de l’Histoire du Vieux Monde étaient souvent accompagnés d’un tel animal lorsqu’ils partaient au combat. Qu’en était-il des Bretonniens ?

 

Son grand-père lui avait raconté qu’en Bretonnie, les chevaliers avaient généralement un écuyer sous leur responsabilité. Sigmund avait interprété cette information de manière plutôt pragmatique : selon son avis, le héros en armure brillante récoltait tous les honneurs, tandis que le gamin qui l’accompagnait partout était condamné à exécuter les basses besognes, et n’obtenait pour tout paiement que moqueries et dédain de la part de la foule et des conteurs.

 

Une autre idée pire avait germé dans l’esprit du jeune homme-rat : le chevalier n’entretenait pas une relation très étroite avec sa monture, si l’écuyer en prenait soin à sa place. Peut-être qu’il considérait son cheval ou sa jument comme un simple instrument de parade et de guerre ?

 

Le Skaven Noir frissonna à cette idée. Il flatta le cou d’Okapia avec douceur.

 

-         Tu es ma meilleure amie, ma belle. Certainement pas un outil bon à jeter le jour où il casse.

 

La jument tourna alors la tête vers son maître. Celui-ci décela alors dans son œil sombre un mélange de sentiments controversés, mais qui convergeaient tous vers la même émotion. Il répondit en lui caressant la joue.

 

-         Je ne sais pas encore si ce Bretonnien a tué Père. Opa a raison quand il dit que je dois garder mon calme devant lui. Mais plusieurs villages à nous sont tombés sous sa coupe, et ça, j’en suis certain. Je dois l’arrêter, Okapia. Non, je veux dire, nous devons l’arrêter.

 

Okapia lécha la main de Sigmund. Celui-ci termina l’opération, rangea les outils, puis il passa à la jument sa bride, et la fit sortir du bâtiment. Il marcha quelques minutes, et repéra une petite barrière de bois à laquelle d’autres chevaux étaient déjà attachés. Il prit soin de la laisser légèrement à l’écart, et enroula les rênes autour du rondin de bois.

 

Il allait revenir vers ses hommes, lorsqu’il entendit un bruit caractéristique et parfaitement reconnaissable, celui d’une succession de chocs moelleux. Un fumet tout aussi identifiable agaça son nez. D’abord, il esquissa une grimace, puis il réalisa que ses intestins traduisaient une envie similaire. Avec un faible sourire, il plaisanta par-dessus son épaule :

 

-         Remarque, tu as raison de faire ça maintenant plutôt qu’au milieu de la bagarre. Je vais t’imiter !

 

Il se déplaça discrètement vers un carré d’arbres.

 

 

Quelques minutes plus tard, Sigmund, à l’abri sous la grande tente centrale qui avait été dressée pour lui, finissait de se préparer. Il posa l’extrémité de la poire élastique à l’intérieur de sa narine gauche, et la pressa en reniflant un bon coup. Il réitéra le geste pour la narine droite. Il ferma les yeux, et s’assit sur sa couchette. Le sang tambourina dans ses tempes, une sensation de vertige le fit tanguer. Heureusement, il était habitué aux effets de la médication, qui s’estompèrent bien vite. Une minute plus tard, le Skaven Noir était de nouveau en pleine possession de ses moyens. Il rajusta ses gants, puis sortit de sa tente, prêt à se battre.

 

Il donna à ses lieutenants les consignes pour battre le rappel des troupes. Quand tout le monde fut prêt à l’écouter, il grimpa de nouveau sur la maisonnette, et s’exprima d’une voix puissante.

 

-         Soldats, le moment est venu de montrer que nous, habitants de Vereinbarung, ne pouvons laisser nos terres, nos villes et nos gens à la merci du premier envahisseur venu. Comme nous ne sommes pas des Orques, nous allons d’abord donner à Horace de Vaucanson une chance de se rendre. Je pars devant avec une demi-douzaine d’entre vous et le drapeau blanc. S’il rejette mon offre, alors nous reviendrons et nous lancerons l’assaut. Et si jamais il a le malheur de nous attaquer pendant cette offre de reddition, alors vous chargerez, et vous ne ferez preuve d’aucune pitié !

 

Il désigna trois Skavens et trois Humains.

 

-         Himmelstoss, Ickert, Van Habron, Kohl, Merkel, Stolz, venez avec moi. Stolz, vous tiendrez le drapeau blanc.

-         À vos ordres, mon Capitaine !

-         Tous les autres, apprêtez-vous, et soyez prêt à engager le combat dès cette minute !

 

 

L’effervescence gagnait les Bretonniens à l’abri entre les murailles du château de Beyle. Les soldats étaient déjà tous parés pour la bataille. Les citoyens de Pourseille étaient nerveux, et la présence des soldats du Prince installés dans leur village depuis la veille augmentait d’autant leur appréhension.

 

Sire Reginald de Villefort, l’aide de camp, marchait le long des remparts. Le soleil était à présent complètement levé. Il sentit ses yeux se plisser d’inquiétude quand il vit pleinement les effectifs de l’armée de Vereinbarung. Ils étaient nombreux, bien plus qu’ils n’avaient estimé, lui et son lige. Il se pencha vers l’intérieur de la muraille, et repéra Sire Guillaume de Lombard.

 

-         De Lombard, tenez-vous prêt !

-         Nous le sommes tous, répliqua le porte-étendard.

-         Cavaliers ! s’écria l’une des sentinelles. Des cavaliers arrivent !

 

Sire de Villefort rejoignit à pas rapide le soldat qui avait crié.

 

-         Chargent-ils ?

-         Non, Monseigneur, ils avancent au trot.

-         Combien sont-ils ?

-         Une demi-douzaine, Monseigneur. Ils arborent le drapeau blanc !

-         Ah oui ?

 

Le chevalier se plaça à côté de la sentinelle. Il compta quatre Skavens, tous à fourrure noire, et trois Humains.

 

-         Ne bougez pas, soldats, et restez prêts à agir dès que vous en aurez reçu l’ordre !

 

Puis il fila vers le donjon.

 

 

Les sept cavaliers étaient à quelques yards de distance de la lourde herse. Sigmund s’avança un peu, et leva le museau. Plusieurs soldats portant les couleurs de la Bretonnie attendaient, à l’abri derrière les créneaux.

 

-         Holà, vous autres ! Je viens parler à votre lige !

-         Qui êtes-vous ? interrogea l’une des sentinelles.

 

Le Skaven Noir, bien décidé à rester en position de force, ne répondit pas à la question, mais préféra déclarer :

 

-         Je ne parlerai qu’au seigneur Horace de Vaucanson. Allez le chercher maintenant.

-         Et pourquoi on dérangerait le seigneur de Vaucanson pour vous, Skaven ?

-         Vous vous êtes installés ici sans la permission du Prince Ludwig Steiner, et vous avez envahi les villages alentour, soumis les citoyens Humains et enfermé les citoyens Skavens. Le Prince m’envoie vous faire quitter les lieux, de gré ou de force !

 

Une deuxième sentinelle parla à son tour avec insolence.

 

-         Vous n’êtes pas dans le domaine du Prince Steiner. Ici, vous êtes sur les terres du seigneur Horace de Vaucanson.

-         Ne jouez pas sur les mots ! rétorqua Sigmund. Jusqu’à preuve du contraire, Pourseille reste un village soumis à l’autorité du Prince Ludwig Steiner. Maintenant, allez chercher Horace de Vaucanson. Je veux lui parler, et tout de suite !

-         Sire Horace de Vaucanson ne parle pas aux rats géants qui ne daignent pas se présenter !

 

Van Habron maugréa :

 

-         Capitaine, si ces bouffons raisonnent tous ainsi, ça s’annonce mal.

 

Sigmund leva la main.

 

-         Gardons tous notre calme, les gars. Ce genre de provocation minable ne doit pas nous atteindre. Je vais tenter le coup encore une fois. S’ils refusent le dialogue, ils nous mâcheront le travail, car nous n’aurons plus aucune raison de retarder l’assaut.

 

Puis, de nouveau vers les sentinelles :

 

-         Ceci est mon dernier avertissement, messieurs : ou vous faites venir Sire Horace de Vaucanson séance tenante, ou je donne l’ordre d’attaquer. Je vous laisse dix secondes de réflexion !

 

Cette fois, il n’y eut pas de réponse. Le capitaine Steiner compta intérieurement jusqu’à dix.

 

-         Très bien, puisque vous le prenez…

-         Attendez ! cria alors une voix par-dessus le parapet. Me voici.

 

C’était une voix claire, assurée, la voix d’un homme sûr de lui, expérimenté et peu impressionnable. Elle était bien différente de celle du porte-étendard qui avait provoqué le Prince quelques semaines plus tôt. Pour Sigmund, une telle assurance ne pouvait émaner que du maître des lieux.

 

Enfin, je vais voir le visage de ce maudit tueur !

 

Deux nouvelles silhouettes parurent entre les créneaux, deux chevaliers dont la maturité tranchait avec la jeunesse des sentinelles. L’un des deux restait en retrait. Cet Humain au visage assombri par une légère barbe bien taillée avait l’air un peu inquiet. Mais le Skaven Noir n’y prit pas garde, trop absorbé par la vue de l’autre. Pour lui, pas de doute à avoir, c’était bel et bien Horace de Vaucanson. Mais quelque chose le tarauda : depuis la visite de Sire de Lombard, Sigmund avait donné mille visages au Bretonnien, or il n’avait pas pensé faire face à un homme manifestement ravagé par les années. En réalité, Horace de Vaucanson paraissait être d’un âge comparable à celui de son grand-père. Peut-être même avait-il vécu une décennie de plus ?

 

Par la balance de Verena, c’est un vieillard !

 

L’homme en avant fit résonner la voix impérieuse.

 

-         C’est moi, Horace de Vaucanson, fils de Godefroy de Vaucanson, petit-fils du Baron Prétextat de Vaucanson, et serviteur du Duc Folcard de Montfort.

 

Le Skaven Noir secoua la tête, et se concentra. Il avait vu juste ; l’heure était venue d’affronter la source de sa colère. Il n’allait pas se laisser piéger comme devant le porte-étendard.

 

-         Seigneur de Vaucanson, je suis Sigmund Steiner, Capitaine de la Garde Noire de Vereinbarung. Je suis le fils du Maître Mage Prospero Steiner, que l’un de vos complices a lâchement assassiné, et au nom de mon grand-père, le Prince Ludwig Steiner, je suis venu rendre justice !

 

Le seigneur de Vaucanson eut un sourire cruel.

 

-         Ah, c’est vous qui vous êtes permis de menacer mon représentant ? Mes compliments, mon garçon, vous êtes encore plus bestial que je ne l’avais imaginé !

 

Sigmund avait vu venir l’insulte. Il n’eut besoin que de deux secondes pour l’encaisser, et continuer sur le même ton :

 

-         En tant que représentant de sa Majesté le Prince Ludwig le Premier, je vous donne néanmoins une chance d’éviter la pire issue. Horace de Vaucanson, sur ordre du Prince, vous allez quitter ces lieux, libérer vos prisonniers, aussi bien le Prieur Romulus que les citoyens Skavens, et vous soumettre à la justice de notre pays. Dans ce cas, et dans ce cas seulement, vos sujets pourront regagner la Bretonnie, sous notre escorte, il n’y aura pas de sang versé. Toute autre réponse de votre part entraînera notre attaque. Faites votre choix, maintenant !

 

Le Skaven Noir vit le Bretonnien faire une petite moue.

 

-         Vous ne me faites pas peur, Capitaine Steiner. Nous sommes motivés, guidés par la Dame du Lac, et nous libérerons ce royaume de l’influence néfaste des putrides créatures de l’Empire Souterrain qui y pullulent. Vous n’êtes pas des gens normaux, seulement des monstres qui tentent de nous ressembler, en vain. Vereinbarung a besoin d’un bon coup de balai, et je me ferai un plaisir de le donner. D’ailleurs, vous autres, les trois Humains, je n’arrive pas à comprendre que vous puissiez faire confiance à cette vermine ? Depuis des milliers d’années, les Skavens ne cessent de prouver qu’ils sont tout juste bons à être exterminés, alors pourquoi fraterniser avec cette engeance immonde ? Ce serait rejeter les enseignements de la Dame du Lac. Non merci, je vais plutôt tous vous occire !

 

Sigmund ne réagit toujours pas. Contrairement à Ickert, qui sentit un coup de sang brutal. Le Skaven Noir leva le nez vers les remparts, et aboya :

 

-         Hé ! Ouvrez, je vais aller donner une leçon à ce vieux con !

 

Les gardes Bretonniens se firent menaçants. Certains d’entre eux brandissaient déjà leur arbalète. Sigmund fit un geste en direction de son subordonné.

 

-         Ne gaspillez pas votre salive, Soldat Ickert. Il semblerait que notre indésirable interlocuteur ait pris sa décision. Très bien, Seigneur de Vaucanson. Vous l’avez voulu, nous allons vous déloger par les armes !

 

Il allait souhaiter aux Dieux de lui venir en aide, mais se retint de justesse.

 

-         Demi-tour !

 

Les sept cavaliers galopèrent vers Pourseille.

 

Vaucanson ricana.

 

-         Nous n’avons rien à craindre. Regardez, ils n’ont amené aucune machine de guerre !

-         Ils sont tout de même bien plus nombreux que nous, mon Lige, observa Villefort.

-         Peut-être, mais nous sommes ici bien à l’abri et nous avons suffisamment de vivres pour tenir quelque temps. Oh, je sais ce que vous vous dites, de Villefort : un jour ou l’autre, nous finirons par mourir de faim ? Vous auriez raison si nous étions les seuls à les affronter, mais rappelez-vous d’Olafsson ! Ce gredin va continuer à semer le trouble dans leurs rangs, et bientôt ça se terminera en guerre civile. Le Royaume des Rats va s’effondrer sur lui-même. Et si ça ne suffit pas, les créatures de l’Empire Souterrain qui sont en train de grignoter leurs fondations massacreront les survivants. Autant d’éléments qui vont forcer cette armée à abandonner son siège et à défendre ce qu’il restera éventuellement à défendre. Ce n’est qu’une question de jours. Tant que ces murs restent debout, nous n’avons rien à craindre.

 

 

Les sept cavaliers étaient revenus au camp. Sigmund arrêta Okapia devant ses soldats. Il se mordit la lèvre en sentant les effluves de l’inquiétude lui monter au nez.

 

-         Hélas, braves soldats de Vereinbarung, le seigneur Horace de Vaucanson a clairement refusé notre offre. Nous allons devoir recourir à la violence. Cela ne me plaît pas plus que vous, mais si nous voulons récupérer notre bien et sauver nos gens, il ne nous laisse pas d’autre choix. Ils semblent déterminés, et ont des arbalètes. Mais ils ne sont sans doute pas prêts pour ce que nous avons, nous. Himmelstoss ?

 

Sigmund avait remarqué des capacités de commandement plus prononcées chez Maximus Himmelstoss. Le corps de la Garde Noire n’avait pas encore officiellement de grades comme dans l’armée ordinaire, mais le capitaine avait pris l’habitude de considérer Himmelstoss comme son lieutenant. Ickert et Van Habron étaient ses sergents.

 

Pendant leur trajet jusqu’à Pourseille, Himmelstoss avait écouté le plan d’attaque que le Prince avait conseillé à son petit-fils. Le Skaven Noir avait cogité pour mettre au point cette stratégie, et Sigmund avait approuvé. Telle était la raison pour laquelle le capitaine invitait à présent le jeune Skaven Noir à s’exprimer.

 

-         Comme vous le savez, nous avons avec nous deux taupes boum-boum. Ces machines ont été inventées par Gabriel Steiner, le frère de notre Capitaine, pour pouvoir percer une brèche dans une muraille. Nous allons nous en servir à deux endroits opposés de la muraille qui entoure le château de Beyle. Le quart de nos troupes va venir avec moi pour placer la première taupe sur le côté nord. J’ai besoin d’un volontaire qui mènera le deuxième quart de nos troupes au côté sud. Je vous préviens tout de suite : il faudra lever les boucliers, les soldats de Vaucanson feront tout pour nous en empêcher à coups de projectiles. Le mot d’ordre des troupes qui seront affectées à cette tâche est d’agir rapidement et en ne pensant qu’à se protéger. Qui est volontaire ?

 

Une grande femme brune fit un pas en avant.

 

-         Sergente Mahaut Lescuyer, au rapport !

-         Hmm… C’est un nom Bretonnien ? demanda Sigmund.

-         Je suis originaire de Bretonnie, tout comme ma famille, mon Capitaine. Mais cela ne veut pas dire que j’approuve les actes de ce seigneur, au contraire ! Les enfants adoptifs de mes cousins sont ses captifs, et je donnerai ma vie s’il le faut pour les délivrer !

-         Très bien, Sergente, vous prendrez la tête du peloton. Himmelstoss, veuillez continuer.

-         À vos ordres, Capitaine. Sergente Lescuyer, votre rôle consistera à conduire la machine jusqu’au pied du mur sud, à la mettre en marche, à l’orienter dans la bonne direction, puis quand elle aura commencé à creuser, vous retirerez la sécurité et vous courrez le plus vite et le plus loin possible. Cela vaut d’ailleurs pour tous ceux qui seront avec vous et avec moi : une fois l’appareil mis en surchauffe, vous aurez moins d’une minute pour vous mettre hors de portée de la déflagration.

-         Quand vous serez à peu près sûrs de la stabilité du terrain après l’explosion, alors vous pourrez passer à l’attaque, reprit Sigmund. Normalement, les dégâts causés devraient déjà bien les secouer. Pour ma part, pendant que vous serez au nord et au sud, j’attaquerai avec le reste de nos troupes à la porte principale, tournée vers l’est. Cela devrait créer une diversion suffisante, peut-être même que nous réussirons à passer par là ? Quoi qu’il en soit, les combattants sous les ordres d’Himmelstoss devront trouver les prisonniers et les libérer. Nous savons qu’il y a une caserne dans l’enceinte de ce château, les cellules sont très probablement dedans. Les combattants de Lescuyer devront monter sur les remparts et relever la herse, si elle est encore debout. Dans le cas contraire, battez-vous au mieux, et concentrez-vous vers le donjon. Je vous rappelle le plus important, citoyens : faites de votre mieux pour ne pas blesser trop sévèrement les habitants qui ne sont pas armés et protégés. Dès que vous voyez quelqu’un faire mine de se rendre, laissez-le fuir, ou assommez-le si c’est une ruse pour vous piéger. N’oubliez pas que ces gens agissent sans doute par peur de voir leurs terres brûlées et les Skavens de leur famille exécutés. Je sais que Verena et Shallya vous aideront à faire les bons choix. Y a-t-il des questions ?

 

Personne ne broncha. Sigmund montra du doigt les deux énormes caisses montées sur chariot rangées dans un coin.

 

-         Himmelstoss, allez expliquer à la Sergente Lescuyer comment mettre les taupes boum-boum en marche, et alimentez-les. Il faudra attendre une heure pour qu’elles soient prêtes à fonctionner. Pendant ce laps de temps, Van Habron et Ickert, prenez une dizaine de combattants chacun, allez me trouver un grand arbre, et fabriquez un bélier. Tous les autres, vérifiez votre matériel, allez pisser un coup et tenez-vous prêts !

 

Tout le monde partit à la tâche.

 

Himmelstoss et Lescuyer restèrent près des taupes boum-boum. Chacune des deux caisses contenait un engin pour le moins curieux à regarder. Il s’agissait d’un énorme tonneau de huit pieds de long, d’un diamètre de cinq pieds, cerclé de cuivre et monté sur roulettes, avec une petite chaudière encastrée dans l’une de ses extrémités, et une mèche conique longue de dix pieds à l’autre bout. La chaudière, expliqua le Skaven Noir, était conçue pour chauffer de l’eau stockée dans un réservoir, dont la puissance de la vapeur faisait tourner une turbine qui, à son tour, entraînerait une rotation de la mèche. Gabriel s’était inspiré des foreuses Naines pour l’élaborer. Contrairement aux outils des Nains, toutefois, la taupe boum-boum n’était pas conçue pour creuser de longs tunnels, encore moins durer plus d’une dizaine de minutes. Mais cela n’avait pas d’importance.

 

-         Quand la machine se met à siffler, c’est que la pression est suffisamment forte pour entraîner la mèche de forage. Alors vous tirez fort ce levier, ça lancera la mèche. Ensuite vous poussez la taupe en avant, et arrangez-vous pour faire tomber la pointe de la mèche au pied de la muraille, idéalement sous les pierres. La taupe va s’enfoncer dans le sol. Quand elle aura commencé, arrachez cette goupille. Elle va libérer un liquide acide qui dissoudra un petit crochet, crochet qui retient une grosse pierre à briquet montée sur ressort. Une fois décrochée, cette pierre à briquet tourne et envoie des étincelles qui mettront le feu à une réserve de poudre à canon, et la machine pète. Si elle est suffisamment enfoncée dans le sol, l’explosion peut provoquer de sacrés dégâts sur la structure.

 

Pendant le trajet, par sécurité, la poudre avait circulé dans un coffre blindé posé sur une petite charrette à part. Les soldats de Vereinbarung attendraient le dernier moment pour charger les taupes, et les transformer en engins dangereusement explosifs. La sergente Lescuyer fit la moue.

 

-         C’est pour ça que vous parliez d’ « une minute » tout-à-l’heure, Sire Himmelstoss ?

-         Une minute, c’est le temps que met l’acide à dissoudre le crochet qui retient la pierre à briquet. J’espère que vous vous êtes entraînée à la course de vitesse.

-         Et… est-ce qu’on a déjà testé cette arme ?

-         Oui, Sergente, répondit Sigmund qui aiguisait son épée, quelques yards plus loin. J’ai participé à l’exercice le mois dernier. C’était une vieille tour en ruines, elle n’est pas restée debout.

 

Et les soldats de Vereinbarung continuèrent leurs préparatifs. Van Habron et Ickert revinrent bientôt avec un énorme chêne. Ils tâchèrent de le monter sur l’un des chariots de transport d’équipement, avant de se préparer à leur tour en vue du combat qui s’annonçait. Pendant ce temps, Sigmund, Himmelstoss, Lescuyer et les autres alimentèrent les deux chaudières à grand renfort de charbon de bois qu’ils avaient également emmené.

 

Enfin, au bout d’une heure, un sifflement aigu et très puissant émergea de la première caisse. Les soldats, hommes et femmes, Humains et Skavens, crièrent d’enthousiasme.

 

-         Ça marche ! La première taupe est prête ! Préparez-vous, l’autre ne devrait pas tarder à chanter !

 

Et en effet, moins d’une minute plus tard, la deuxième taupe boum-boum confirma son bon fonctionnement. Sigmund bondit sur Okapia.

 

-         Himmelstoss, Lescuyer, attendez une minute et partez avec vos troupes vers votre point d’impact. Puisse Verena et Myrmidia guider votre bras ! Les autres…

 

Sigmund sortit Cœur de Licorne et la brandit dans la direction du château de Beyle.

 

-         En avant ! Sus à Vaucanson !

-         Sus à Vaucanson ! répondirent à l’unisson tous les membres de l’armée.

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