Le Royaume des Rats

Chapitre 70 : La Colère d'un Cadet

7853 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 02/01/2023 15:37

Femmes-rates, hommes-rats,

 

Et voilà venir la fin d’une année, et le début d’une nouvelle. J’espère que 2022 fut pour vous aussi riche en changements, en améliorations, en bonnes surprises et en progressions que pour moi.

 

Même si je n’ai pas beaucoup de messages, je sais que mon histoire vous intéresse toujours. N’hésitez pas à me parler de vos ressentis, de vos attentes, de vos envies concernant le Royaume des Rats.

 

Je vous souhaite à présent de vivre une très, très bonne année 2023, sous le signe du Rat Cornu !

 

 

Une main fine et délicate, aux doigts longs et agiles, plaça la dernière figurine.

 

-         Et voilà la situation telle qu’elle est à présent, votre Majesté.

 

Le Prince Steiner acquiesça sans dire un mot. Installé derrière son bureau, il regardait la grande carte de la région de Pourseille déroulée sur la table. Plusieurs petites figurines de bois disposées çà et là sur le papier représentaient les forces de Vaucanson et ses alliés aux alentours.

 

La personne qui venait de faire son exposé au monarque s’appelait Gilgalad Boucledor. C’était une Elfe, vêtue à la manière des chasseresses du peuple d’Athel Loren. Elle faisait partie des rares citoyens de Vereinbarung qui n’étaient ni Humains ni Skavens. Maîtresse Boucledor avait été recommandée par les prêtres de Taal qui la connaissaient, et par Nedland Grangecoq qui avait pris le temps de mesurer ses aptitudes.

 

Elle était unanimement appréciée par les gens qui l’avaient rencontrée à Steinerburg. Premièrement, pour qui appréciait la beauté féminine, elle était très attirante : athlétique, élancée, des yeux clairs brillants sous de longues mèches blondes, elle portait une tenue de chasseresse en cuir, pratique, solide et confortable. D’ordinaire, elle ne se déplaçait jamais sans son arc, ni son épée courte forgée à la manière des artisans d’Athel Loren, mais évidemment, pour cette entrevue, les gardes à l’entrée avaient gardé ses armes. Ce qui ne l’empêchait pas de se défendre, le cas échéant, elle savait aussi bien se battre à mains nues.

 

-         Le gros des troupes de Vaucanson est rassemblé dans l’enceinte du château de Beyle. Il peut néanmoins compter sur quelques troupes supplémentaires disséminées dans les villages alentour.

-         Ces troupes sont-elles nombreuses ?

-         Oh, pas spécialement. Pour contenir les paysans et leur ôter l’envie de se révolter, ces effectifs sont suffisants, mais face à notre armée, ils ne pèseront pas bien lourd.

-         Je vois.

 

Le Prince Steiner se risqua à demander :

 

-         À tout hasard… vous n’auriez pas vu un convoi extraordinaire, sur le chemin du retour ?

-         Pas spécialement, votre Majesté. À quoi pensiez-vous ?

-         Horace de Vaucanson a très probablement enlevé un de mes amis. Je n’ai pas de certitude, mais j’ai de bonnes raisons de le croire. Peut-être que vous avez croisé le convoi qui le transportait ?

-         Négatif, votre Altesse. Nous, les éclaireurs, avons l’habitude d’éviter les routes dégagées. Nous préférons passer dans les bois, en particulier quand nous sommes en territoire ennemi.

 

Ludwig Steiner sentit son visage s’embraser à ces mots.

 

-         « En territoire ennemi »… Vous parlez de notre Royaume, Maîtresse Boucledor !

-         Oh… Je vous demande pardon, votre Majesté.

-         Laissez, ce n’est pas contre vous que je suis fâché. C’est Horace de Vaucanson qui dépasse les bornes !

 

Le Prince se leva, et se craqua les doigts.

 

-         Maintenant, ça commence à bien faire. Il est temps de montrer à ce Bretonnien à qui appartient Vereinbarung ! Grâce à vous, nous savons précisément l’étendue générale de ses forces, et ce qu’il faut pour les contrer. Je vous remercie, Maîtresse Boucledor, vous pouvez disposer.

-         À votre service, votre Majesté.

 

L’Elfe s’inclina, mais alors qu’elle allait quitter la pièce, le Prince leva la main.

 

-         Attendez ! Avant de repartir, veuillez demander au Capitaine Klingmann de me rejoindre ici dès maintenant.

-         Je le ferai, votre Altesse.

 

 

Une demi-heure plus tard, le Skaven tacheté entra dans le domaine Steiner. Il fut accueilli par son ami Kristofferson.

 

-         Comment va Bianka ?

-         La maladie lui donne un sale caractère, mais ça passe peu à peu, merci pour elle. Et toi ?

-         Je viens voir ton grand-père, il m’a convoqué.

 

Sans mot dire, l’aîné de la fratrie Steiner emmena le capitaine jusqu’à la pièce où attendait le Prince, puis il retourna auprès de sa sœur – ils s’étaient mutuellement présenté leurs excuses, et leurs rapports s’étaient améliorés, au grand soulagement de leur mère.

 

Walter Klingmann eut mal au cœur. Le grand Humain exhalait un mélange d’odeurs qui traduisaient autant de sentiments déplaisants.

 

-         Ah, Capitaine, entrez donc.

 

Le Skaven tacheté salua le monarque.

 

-         Comment allez-vous, Capitaine ?

-         Je garde la tête sur les épaules, votre Altesse. Kristofferson m’a dit que votre petite-fille allait mieux ?

-         Oui, en effet, mais elle a encore besoin de repos. J’apprécie votre prévenance, Capitaine.

-         Je tiens à Bianka, votre Majesté. Si je pouvais faire quelque chose pour elle, je le ferais.

-         Vous pouvez toujours ajouter quelques gardes au niveau des tunnels des égouts du quartier, pour être sûr que le domaine soit protégé. Cela rassurera les plus jeunes de la famille. D’ailleurs, y a-t-il eu des problèmes de ce côté-là ?

-         Négatif, votre Grandeur. S’il y a des Skavens Sauvages à Steinerburg, ils n’ont pas osé approcher du Quartier de la Balance. Pas encore.

-         Parfait. Aujourd’hui, Capitaine, nous allons passer à l’action. J’en ai plus qu’assez de voir les citoyens de Vereinbarung subir, encore et encore. Il est temps de rendre les coups. Maîtresse Boucledor et ses éclaireurs ont fait leur rapport auprès de moi. Nous allons pouvoir nous occuper des Bretonniens avant qu’ils ne décident de nous rajouter des problèmes.

-         Excellente nouvelle, mon Prince. Mais pourquoi m’en parler ? C’est plutôt à la Commandante Renata qu’il incombe de diriger le bataillon pour régler cette question ?

-         Je demanderai à la Commandante Renata de se charger des Skavens Sauvages qui enlèvent nos enfants et massacrent leurs parents. Les troupes qui partiront pour Pourseille dès aujourd’hui seront commandées par quelqu’un d’autre.

-         Vous pensiez à moi, votre Majesté ?

-         Non, pas vous, Capitaine Klingmann. Votre place est à Steinerburg. Avec la Main Pourpre, vous avez déjà bien assez de travail. Je vais devoir faire appel à…

 

Le Prince s’arrêta de parler. Le Skaven tacheté sentit la fragrance typique de la personne qui avait quelque chose de difficile à annoncer. Il n’osa pas bousculer son souverain, et attendit.

 

Steiner sentit l’amertume gorger son cœur. Mais y avait-il une meilleure solution ? Finalement, il articula d’une voix affaiblie :

 

-         Libérez mon petit-fils. C’est lui qui partira pour Pourseille.

-         Sigmund ? Est-ce raisonnable ?

-         Je n’en sais rien, Capitaine. J’aurais aimé qu’il en soit autrement, mais à l’heure actuelle, il me paraît le mieux placé pour s’occuper de ce seigneur. Faites-le sortir de sa cellule et dites-lui de venir me retrouver dans cette pièce.

 

Klingmann s’inclina, et s’approcha de la porte. Avant de la franchir, il se retourna, et demanda encore :

 

-         Vous craignez de le voir échouer, votre Altesse ?

-         Non, Capitaine. Allez !

 

Le Skaven tacheté quitta la pièce. Une fois seul, le Prince baissa la tête, et soupira. Il murmura péniblement :

 

-         Je crains de l’envoyer à sa perte…

 

 

Il n’avait plus bougé depuis quelques jours.

 

Depuis que son grand-père l’avait laissé dans cette cellule, il s’était conduit de manière exemplaire : aucun scandale, aucune insulte, pas le moindre acte de rébellion quelconque.

 

Les membres de sa famille étaient venus régulièrement lui rendre visite. Lors de ces moments, il leur avait montré un visage soulagé et joyeux. Mais une fois les visiteurs partis, il retournait dans cet état d’apathie.

 

Ce n’était ni la tristesse, ni le désespoir ; Sigmund savait très bien que sa libération n’était qu’une question de jours. Non, s’il restait assis sur la couchette, immobile, les yeux dans le vide, c’était uniquement pour éviter le moindre débordement. Entre ces quatre murs, son cerveau avait réfléchi sans s’arrêter sur la meilleure conduite à tenir pour quitter cette prison au plus vite.

 

Il comprit que son vœu allait être exaucé quand il entendit les bruits de pas d’un Skaven dont il connaissait bien l’odeur. Un instant plus tard, Walter Klingmann ouvrait la porte de sa cellule. D’une main, il tenait les clefs, et serrait Cœur de Licorne rangée dans son fourreau dans l’autre.

 

-         Salut, Siggy.

 

Le Skaven Noir ne répondit pas. Il se contenta de lever la tête, et de regarder son ami d’un œil sombre.

 

-         Écoute, je n’ai fait qu’obéir aux ordres du Prince. Tout comme je le fais encore en te libérant. Ton grand-père estime que ta peine a assez duré, il t’a convoqué à son bureau. Autant que je te le dise maintenant : il va te demander de régler son compte à Vaucanson. Personnellement, je n’approuve pas, mais je n’ai pas mon mot à dire.

 

Non, en effet, songea Sigmund.

 

Le cadet Steiner se leva sans un mot, et sortit de la cellule d’un pas mesuré. Au passage, il reprit Cœur de Licorne au Skaven tacheté et refixa le fourreau sur son ceinturon. Avant de quitter le couloir, son oreille pivota au son de la voix de Klingmann qui le supplia presque :

 

-         Siggy, fais gaffe à ton cul !

 

Sans répondre, ni même un regard par-dessus son épaule, Sigmund quitta l’aile des cellules, puis sortit de la caserne.

 

Quand il fut dans la rue, il s’éloigna de quelques pas, inspira profondément. Il fit de son mieux pour alléger son cœur, réduire le degré de haine pure qui chauffait son corps à la simple pensée de cet étranger qui avait eu l’outrecuidance de défier son grand-père, il n’y parvint pas. Il serra les poings, et murmura :

 

-         Horace de Vaucanson est mort.

 

 

Le Prince n’avait pas l’air d’humeur très joyeuse. Les événements de ces dernières semaines l’avaient rudement secoué. Mais il n’avait pas perdu de sa combativité pour autant.

 

-         Mon petit, je dois le reconnaître, tu avais raison sur les intentions de ces Bretonniens. Depuis la « visite de courtoisie » de ce Guillaume de Lombard, plusieurs villages ont été violemment soumis à l’autorité autoproclamée de Pourseille. Ils ont même emprisonné des citoyens Skavens. Je connais ton courage et ta pugnacité, ils ne seront pas de trop pour arrêter Horace de Vaucanson.

 

Steiner répéta à son petit-fils les indications données par l’éclaireuse Elfe.

 

-         Grâce au travail d’observation de Maîtresse Boucledor, nous savons exactement de combien de soldats il dispose, et la configuration des lieux. Tu vas emmener la moitié de notre armée sur place.

-         La moitié ? Est-ce nécessaire ? Puisqu’ils ne sont pas très nombreux, nous n’avons pas intérêt à trop dilapider nos troupes ?

-         Je te donnerais raison si nous n’avions pas la Main Pourpre et l’Empire Souterrain dans la balance, or nous devons régler cette question au plus vite pour pouvoir nous concentrer sur nos ennemis cachés. Quand il verra que ton armée sera deux fois plus fournie que la sienne, Vaucanson écoutera peut-être la voix de la raison, et acceptera de déposer les armes.

-         D’accord. Et s’il persiste à résister ? Si j’en crois cette carte, Pourseille reste un endroit fortifié. Ils ont des murailles, ils pourront résister à un siège pendant quelques jours, peut-être des semaines ?

-         C’est pour ça que tu vas utiliser les taupes boum-boum.

 

Sigmund haussa les sourcils.

 

-         Elles sont fonctionnelles ?

-         Oui, Gabriel me l’a confirmé. À ma demande, il a bien fait attention de ne pas en parler autour de lui, histoire que nos ennemis n’en sachent rien.

-         Il est en état de travailler ? Depuis la disparition de Père, il est tellement nerveux qu’il n’a plus la tête à faire quoi que ce soit.

-         En effet. Heureusement, cela fait déjà plus d’un mois qu’elles sont terminées. Il a même rédigé un mode d’emploi. Deux taupes boum-boum sont prêtes, et rangées dans un hangar sécurisé du Quartier du Marteau.

-         Hum… Espérons qu’elles n’aient pas été sabotées.

-         Tu auras tout le temps du trajet pour les vérifier. Avec les notes de Gabriel, ce devrait être facile.

 

Le Prince prit sa plume, la trempa dans un encrier, et dessina deux croix sur la carte.

 

-         Le mieux est de les utiliser ici et là. Les deux endroits sur les côtés sont diamétralement opposés, et donnent directement sur la cour, ce qui laissera le champ libre aux soldats. Les escaliers du chemin de ronde seront suffisamment proches pour vous permettre de neutraliser les arbalétriers au plus vite. Qu’est-ce que tu en penses ?

-         Ça m’a l’air d’être une bonne stratégie. Dommage qu’on n’ait pas une troisième taupe à utiliser sur le donjon lui-même.

-         Il ne faudrait quand même pas tout détruire, n’oublie pas que le seigneur de Beyle est des nôtres.

 

Sigmund releva la tête.

 

-         Opa Ludwig, que comptez-vous faire de ce seigneur-là ? Il a fraternisé avec un envahisseur !

-         C’est vrai, mais je ne serais pas surpris qu’il l’ait fait sous la contrainte. De Beyle n’est pas quelqu’un de très courageux. Vaucanson a dû le convaincre de l’aider en le menaçant, et en le gavant de beaux discours sur la loyauté à la patrie bretonnienne, ce genre de choses. Mais je ne perds pas de vue cet élément. Quand nous en aurons fini avec les Skavens Sauvages et la Main Pourpre, nous nous occuperons de lui.

-         S’il ne s’est pas enfui ou pendu entretemps !

-         Dans le premier cas, je le déclarerai anathème. Dans le second, il n’aura eu que ce qu’il mérite. À présent, mon garçon, il est temps pour toi d’y aller. Tu as ma bénédiction, et celle de Verena.

 

Sigmund hocha la tête, mais il ne se leva pas.

 

-         Opa, j’aimerais vous demander…

-         Je t’écoute ?

-         J’ai entendu des rumeurs concernant Romulus.

-         Ah… Je craignais que tu abordes ce sujet, mais après tout, c’est légitime. Et donc ?

-         Qu’est-ce qu’il a fait à ce Bretonnien pour le mettre en boule à ce point-là ?

 

Le Prince hésita. Au bout de quelques secondes de réflexion, il articula d’une voix fatiguée :

 

-         Je ne peux pas te répondre précisément pour l’instant, cela pourrait te déconcentrer. Tout ce que je peux te révéler, c’est qu’il a causé un tort immense à Horace de Vaucanson il y a une vingtaine d’années.

-         Vaucanson n’a donc pas oublié après tout ce temps ?

-         Non, mon garçon. Romulus est coupable d’un crime trop grave pour être oublié. Ce crime a eu des conséquences telles qu’il a pensé à mettre fin à ses jours ou à se livrer de lui-même aux autorités. Heureusement, au lieu de ça, il a eu l’idée de se consacrer à Shallya, ce qui a été de très loin la meilleure décision à prendre.

 

Le Skaven Noir secoua la tête, incapable d’imaginer le brave prieur de Shallya responsable de toute vilénie.

 

-         Qu’est-ce que Romulus peut avoir fait de si horrible ?

-         Je te le dirai quand toute cette affaire sera terminée, si Vaucanson ne te le dit pas lui-même. À mon avis, il le fera, ne serait-ce que pour te déstabiliser.

-         Alors, autant que je sache tout de suite de quoi il en retourne !

-         Non, je ne veux pas obscurcir ton jugement. Je veux que tu sauves Romulus.

-         D’accord, Opa, je le ferai.

-         Bien.

 

Steiner estima que le Skaven Noir était disposé à entendre sa plus importante supplique.

 

-         Sigmund, j’ai parfaitement conscience de ce que tu éprouves envers ce seigneur. J’espère juste que ça ne te poussera pas à commettre une erreur. Je t’en conjure, par le Marteau de Sigmar, reste concentré.

-         Je resterai concentré, Opa.

-         Rappelle-toi que nous n’avons aucune preuve qu’il est l’employeur de Mainsûre. De Lombard nous a nargués à ce sujet l’autre jour, c’est vrai, mais il n’a pas clairement affirmé que Vaucanson est à l’origine de cet empoisonnement.

-         Il avait pourtant l’air bien sûr de lui.

-         Oui, pour mieux te provoquer, et ça a marché. Il est très probable que Vaucanson fasse la même chose quand tu seras devant lui. Ne tombe pas dans son piège, Siggy. Si ça se trouve, il est parfaitement innocent de l’assassinat de Psody. On ne peut rien prouver ! Cette haine que tu nourris envers lui n’est peut-être même pas justifiée ! Elle ne fera que t’aveugler ! Alors, souviens-toi que ce n’est qu’un adversaire de plus, pas ton ennemi juré qu’il faut absolument exterminer. Si tu gardes ça en tête, si tu résistes à ses provocations, ton bras restera stable.

 

Le Prince perçut alors une petite subtilité. Son petit-fils avait déjà la respiration moins haletante.

 

-         Vous avez raison, Opa. Je ne sais pas à quel point il sait se battre ou non, je dois donc garder mon calme. Je ferai mon possible pour cela.

-         Bien. Mais j’aimerais te demander une dernière chose.

-         Je vous écoute.

 

Le Prince réfléchit un bref instant avant d’expliquer :

 

-         Je vais rester ici pour défendre Steinerburg contre la Main Pourpre. Je ne pourrai rien faire pour toi, à part prier Verena et Sigmar de t’accorder la victoire. Je te souhaite de te retrouver face à Horace de Vaucanson et de le vaincre dans les formes. Cependant, je t’en prie, au nom de l’éducation que tu as reçue, des valeurs que ton père et ta mère t’ont transmises : ne tue pas Horace de Vaucanson pour te venger. Tu peux le forcer à se rendre, puis le ramener à Steinerburg en vie, qu’on puisse le garder en prison en attendant que les Chevaliers du Graal viennent le chercher. Mais si vraiment tu dois le tuer, alors que ce ne soit que parce qu’il ne t’a pas laissé le choix. Je ne veux pas que tu abrèges sa vie autrement que pour défendre la tienne, ou celle d’un allié, à la rigueur. Bien sûr, tu pourrais être tenté de l’achever s’il dépose les armes. S’il n’y a pas de témoin, il sera facile de mentir. Mais je sais que ce n’est pas du tout dans ton caractère. Tu es trop intègre pour ça. C’est pourquoi j’ai confiance en toi, Siggy. Mais je te le demande encore une fois : fais tout ce que tu pourras pour garder Horace de Vaucanson en vie. Et si ça peut t’aider à le faire, rappelle-toi qu’une défaite et un jugement sera une punition bien plus humiliante pour lui qu’une mort glorieuse au combat contre un adversaire désigné.

 

Le Skaven Noir inclina la tête. Steiner n’en pouvait plus. Il se leva, avança maladroitement vers son petit-fils, et le serra dans ses bras. Il pleurait presque.

 

-         Je t’en conjure, Siggy : pense avant tout à toi. Fais tout pour rester en vie, même si tu dois fuir comme un lâche. Je t’ordonne de rentrer en un seul morceau, avec ou sans Vaucanson. S’il t’échappe, il sera toujours temps de le rattraper. Le Prince a parlé.

-         D’accord, Opa. Faites attention à vous et aux autres.

 

 

Quelques minutes plus tard, Sigmund était à l’écurie. Okapia, sa fidèle jument, ne cacha pas sa joie quand elle le vit approcher de son box. Il s’appliqua à la panser soigneusement. Pour cette occasion, il avait prévu d’emporter tout l’attirail de guerre : la barde complète à ses mesures, le caparaçon aux couleurs de Vereinbarung, les protections pour les rênes. La brave Okapia n’avait pas souvent eu l’occasion d’utiliser le barda complet, mais Maîtresse Boucledor avait parlé d’arbalètes.

 

Sur son ordre, un valet chargea le matériel sur un chariot pour l’emmener à la caserne.

 

Satisfait, Sigmund murmura :

 

-         On part à la guerre, ma belle. Je n’aime pas ça, mais nous devons défendre ceux qui nous sont chers.

 

La jument piaffa, et secoua la tête. Le Skaven Noir ne put s’empêcher de penser :

 

Je fais ça pour lui, aussi…

 

Il sentit alors son oreille pivoter quand il entendit le bruit d’un souffle rauque, chargé de maladie. Il reconnut difficilement la voix brisée qui l’appela.

 

-         Siggy ! Sig… gy !

 

Il quitta le box, et tomba nez-à-nez avec sa sœur jumelle. Bianka, en chemise de nuit, le regard fiévreux, tremblante, se tenait difficilement debout devant lui. Le Skaven Noir, très gêné, n’osa pas bouger. Il se contenta de murmurer :

 

-         Je n’allais pas partir sans te voir, tu penses bien.

-         La question… la question n’est pas…

 

Bianka ne put terminer, secouée par une quinte de toux. Elle se plia en deux et cracha quelques glaires. Elle se tint les côtes, et gémit de douleur, larmes aux yeux. Le grand Skaven Noir la prit dans ses bras, et la porta jusqu’à son lit.

 

Au contact du matelas et des draps, la jeune Skaven blonde rouvrit les yeux. Sigmund la borda, et posa sa main sur son front.

 

-         Tu dois vraiment te reposer, Bianka.

-         Ce n’est pas à toi de me dire ce que je dois faire ou pas, Sigmund ! Je ne suis pas ta petite chose précieuse à protéger ! En tout cas, je ne le suis plus !

-         C’est vrai. Tu m’as vraiment impressionné. Tout ce que tu as fait pour coincer Mainsûre, c’était du grand art. À présent, c’est à mon tour de passer à l’action.

-         Arrête de faire le fier-à-bras, et ne va pas crever à l’autre bout du Royaume, Siggy ! Pas pour un étranger qui ne tiendra pas deux heures contre nos soldats !

-         Je ne veux pas « faire le fier à bras ». Ce que je veux, c’est la justice.

-         Non ! Ce que tu veux vraiment, c’est la vie de ce seigneur ! Ne le nie pas, je te connais par cœur ! Je le vois à ton regard, Siggy. Ce regard, c’est celui qui appelle au sang !

 

Le visage du Skaven Noir se tordit d’amertume. Les sanglots de la jeune fille-rate redoublèrent quand elle comprit que son silence était une réponse affirmative. Sigmund n’avait pas envie de discuter plus longtemps. Il allait franchir la porte de la chambre, mais Bianka glapit encore :

 

-         Je t’interdis d’y aller !

 

Sigmund pivota vers sa sœur. Bianka eut un coup au cœur en voyant sa silhouette se découper dans l’encadrement de la porte. L’éclairage du couloir laissait son visage dans la pénombre, et ses yeux scintillaient d’une lueur très dérangeante. Sa voix douce articula :

 

-         La seule personne susceptible de m’interdire quoi que ce soit est morte, Bianka. Maintenant, c’est entre moi et son assassin.

 

La jeune fille brûla ses dernières forces pour relever la tête.

 

-         Et Mère ? Tu y as pensé, à Mère ?

-         Mère est trop sensible. Si Vellux l’avait violée, elle lui aurait pardonné vingt fois s’il lui avait demandé vingt fois. De toute façon, je dois y aller. Le Prince a parlé.

-         Le… le Prince ?

-         Tu crois que je me suis évadé de prison et que je suis devenu fugitif ? C’est lui qui m’a ordonné d’arrêter Vaucanson, et c’est ce que je vais faire.

 

Il revint vers le lit, et prit délicatement entre ses doigts la main de sa sœur.

 

-         Je reviendrai en vie, je te le promets, Bianka.

 

Elle ne répondit pas. Ses yeux étaient tellement inondés par les larmes qu’elle n’arrivait même plus à distinguer ses traits.

 

 

Les adieux aux autres membres de sa famille ne furent pas plus faciles. Sigmund avait d’abord cherché Gabriel, mais celui-ci avait mystérieusement disparu. Il retrouva Kristofferson et leur mère dans la serre, à l’abri des oreilles indiscrètes.

 

La pauvre mère-rate était aussi fatiguée que terrifiée. Hélas, elle le savait, il n’était pas question de désobéir à son père. Elle ne pouvait qu’encourager son fils. Mais elle n’en avait pas le cœur.

 

-         J’aimerais tellement te voir rester à la maison ! Seulement, ton grand-père a exercé son pouvoir de Prince.

-         Il n’est pas possible de contester son pouvoir, Mère.

 

Heike refoula difficilement ses sanglots.

 

-         Je t’en supplie, je t’en supplie, mon chéri : ne laisse pas la colère te faire faire des bêtises ! Ton père… ton père ne voudrait pas que tu perdes la tête pour lui. Et moi non plus !

-         Je te le promets, Mère.

 

Il se tourna vers Kristofferson.

 

-         Je ne boirai pas une goutte d’alcool. Pour la vertu de notre Licorne.

-         Je le sais, Siggy. Mère a raison : ne joue pas au con avec ce Bretonnien, il ne le mérite pas. Fous-lui une tannée, et ramène-le au plus vite. Ne perds pas de temps.

-         Je ne traînerai pas. Toi, garde les yeux ouverts.

 

Une dernière accolade, et le grand Skaven Noir parvint à quitter les lieux. Il retourna vers le manoir, et monta à l’étage des appartements. Il entra à pas de loup dans la chambre de sa mère où, il le savait, Isolde dormait – ses nuits étaient de plus en plus difficiles, elle rattrapait les heures de sommeil perdues pendant la journée.

 

À la vue de sa petite sœur endormie, son cœur se serra. D’autant plus qu’elle n’avait pas l’air de profiter d’un repos paisible et réparateur. Son visage était crispé, sa respiration sifflante et irrégulière. Larmes aux yeux, il lui fit une petite bise, et quitta rapidement la chambre à coucher.

 

Une demi-heure plus tard, il était à la caserne. Il était temps de choisir les troupes qui allaient l’accompagner. Il se concerta avec la commandante Renata et le capitaine Klingmann. Il demanda à emmener six des membres de la Garde Noire dont Van Habron, Ickert et Himmelstoss.

 

Du coin de l’œil, il reconnut la caisse contenant les protections pour Okapia posée sur l’un des chariots prêts à partir.

 

-         Ickert ! Van Habron ! Venez un peu par ici.

 

Les deux Gardes Noirs se tinrent au garde-à-vous devant Sigmund. Celui-ci remit un papier au premier, et une clef au deuxième.

 

-         Vous allez vous rendre à cette adresse, et fouiller le bâtiment. Nous avons une cargaison à aller chercher. Mais il vaut mieux éviter les mauvaises surprises. Veillez à ce que personne ne traîne à l’intérieur ou aux alentours, et faites attention à ne pas tomber dans un piège.

 

Les deux Gardes Noirs prirent leurs chevaux et quittèrent la caserne.

 

Le départ n’était plus qu’une question de minutes. Avant de partir, il voulut évacuer les humeurs négatives qui alourdissaient ses tripes. Il monta jusqu’à la plus haute tour de la caserne. Arrivé au sommet, il dégaina Cœur de Licorne, la brandit vers le ciel, et hurla de toutes ses forces dans la direction de Pourseille :

 

-         PRÉPARE-TOI, HORACE DE VAUCANSON ! TU VAS CONNAÎTRE LA VRAIE PEUR !

 

*

 

L’atmosphère de la petite chapelle était étouffante. L’image en verre teinté paraissait plus effrayante que jamais. Les deux yeux en malepierre scintillaient encore plus fort que dans son souvenir. Mais ça n’avait plus d’importance pour Gabriel, qui était venu régler les comptes avec celui qu’il estimait responsable de tous ses malheurs.

 

Il se dressa de toute sa hauteur, et pointa un doigt rageur vers le vitrail.

 

-         Tu n’as fait que des bêtises ! Je t’avais demandé de faire d’Emil un de tes favoris ! Tu as tout compris de travers, et à cause de toi, mon père est mort, et Emil a été enlevé par un Skaven Blanc qui va le brutaliser et s’en servir comme esclave !

 

La colère l’emporta sur la terreur. Il serra les dents, et cracha :

 

-         Dieu de pacotille !

 

Cela ne lui parut pas suffisant. Alors, il regarda tout autour de lui, et repéra un candélabre posé sur l’autel. Il s’en saisit, et se plaça devant l’image du Rat Cornu. Il prit une profonde inspiration, leva le candélabre, et cria de toutes ses forces :

 

-         TOUT EST DE TA FAUTE !

 

Il lança son arme improvisée vers la fenêtre ouvragée qui explosa dans un fracas multicolore. Aussitôt, un tourbillon de flammes vertes aspira Gabriel. Il se retrouva balloté avec une force infernale dans une spirale de nuages au milieu desquels zigzaguaient des éclairs.

 

Un cri terrible, anormalement aigu, lacéra ses tympans. Il baissa la tête, et hurla de terreur quand il vit, au milieu du cyclone, l’immense tête du Rat Cornu qui le regardait avec une méchanceté démesurée.

 

 

Gabriel tomba de son lit, et se réveilla en sursaut. Il suait tellement que le tissu de sa chemise de nuit était trempé, et collait à son pelage. Plus gênant encore, l’odeur caractéristique et la tache sombre sur la camisole confirmaient que la peur avait été trop forte pour sa vessie. Il glapit, se tortilla sur le tapis, et arracha son vêtement. Il se leva d’un bond, se secoua vigoureusement, puis tomba à genoux.

 

Il resta immobile sur le plancher pendant de longues minutes, à trembler et gémir. Mais contrairement à ses espérances, il n’y eut pas la moindre réaction du côté du lit de Kristofferson.

 

Alors quoi ? Il a les oreilles bouchées, ou…

 

Il ouvrit les yeux, et roula sur le dos pour voir le grand lit.

 

À son grand désarroi, il était vide.

 

Kristofferson n’était pas encore couché, sans doute absorbé par sa traque des agents de la Main Pourpre.

 

Personne pour le rassurer, ou pour le réprimander, alors qu’il venait une fois de plus de se conduire comme un hystérique.

 

Je suis seul… seul avec ma peine… seul avec mon crime…

 

La douleur était si forte qu’il eut le vertige. Un court instant, il espéra s’évanouir.

 

Kit me retrouvera par terre, il sera bien obligé de faire quelque chose pour moi !

 

Mais rien ne se passa. Il resta conscient, et lucide. Son estomac, ses poumons, sa gorge et ses intestins étaient plus comprimés que jamais. Il n’y avait plus rien d’autre que cette douleur lancinante qui l’empêchait de respirer. Il serra ses bras autour de sa tête et roula de nouveau sur le parquet.

 

Ce n’est plus possible ! Je n’en peux plus !

 

Il resta de longues secondes dans cet état, quand une idée germa soudain dans son esprit torturé. Une idée extrême, définitive. Quelque chose qu’il n’arriva pas à définir précisément. Une idée qui était peut-être la pire, mais qui pouvait aussi être la meilleure.

 

En tout cas, avec cette idée-là, il n’aurait plus jamais de problème.

 

Gabriel cessa de gigoter. Il déroula posément ses bras, puis se leva. Il pivota pas à pas vers la fenêtre de la chambre, puis avança, pouce par pouce. Quand il se retrouva face aux panneaux vitrés, il tendit lentement la main vers la poignée. Curieusement, elle ne tremblait plus.

 

Une fois les volets ouverts, Gabriel se retrouva face au ciel étoilé de la nuit.

 

Pendant un court instant, il se rappela qu’il était tout nu à la fenêtre. Il eut un petit sourire nerveux.

 

À cette heure-là, beaucoup de gens étaient couchés. Qui pouvait le voir, dans l’obscurité de la chambre ? Les gardes ? Ils avaient bien assez de soucis comme ça, à guetter les tueurs de la Main Pourpre venus pour faire apparaitre d’autres monstres, et à surveiller les conduits d’évacuation des égouts, et toutes les latrines de la maison.

 

De toute façon, plus rien n’avait d’importance.

 

Stoïque, il prit appui sur le rebord de la fenêtre, et se hissa. Debout sur la poutre de bois, il contempla l’horizon, d’un œil rêveur.

 

Il n’était plus qu’à un pas, un seul, de la fin de ses souffrances.

 

Tout ce qu’il avait à faire était d’être suffisamment courageux pour se lancer en avant. Attention, il devait impérativement rester la tête en bas. S’il tombait mal, il risquait de rester en vie, mais être paralysé à jamais. À cette hauteur, il y avait peu de chance de survivre, mais il ne fallait prendre aucun risque. Tête la première, c’était un aller simple garanti devant Morr. Rapide et sans douleur. Même pas besoin de regarder, au contraire, il fallait garder les yeux bien fermés, pour éviter de paniquer.

 

Une petite chanson lui revint alors en tête. Il se surprit à fredonner :

 

Je voulais être fou

Paumé et menteur

Je voulais surtout

Être dans l’erreur

Je voulais m’accomplir

Ne plus être un jouet

Je voulais mentir

Sans jamais échouer

 

Et vivre des jours heureux

Dans un lieu merveilleux

De beaux amours

Parfaits, pour toujours

Des jours heureux

Dans un lieu merveilleux

Un nouveau rêve naît

Viennent ses phénomènes

 

 

Un petit sourire tranquille détendit son visage. Il ferma les yeux, et leva le pied…

 

Soudain, quelque chose le ramena brutalement à la réalité.

 

Un cri suraigu déchira la nuit. Puis des couinements et des pleurs provoqués par la peur.

 

Gabriel ouvrit les yeux d’un coup lorsqu’il reconnut la voix d’Isolde. Sa petite sœur avait sans doute été elle aussi victime d’un cauchemar.

 

C’est alors qu’il se rendit compte de ce qu’il était sur le point de faire. Son sang se figea dans ses veines.

 

Vite, il redescendit dans la chambre, rabattit les volets, ferma la fenêtre, et se palpa, regarda furieusement ses mains, ses jambes, sa queue, comme s’il passait en revue chaque partie de son corps.

 

Je deviens fou ! Si je fais ça, elles seront tellement tristes qu’elles mourront de chagrin, aussi sûrement que si c’est moi qui les poignarde !

 

Les larmes lui provoquèrent des démangeaisons aux joues. Il inspira et expira profondément. En quelques instants, il sortit complètement de son état de transe. Il se gifla une fois, deux fois, trois fois, et continua en ponctuant chaque geste d’un reproche.

 

-         Imbécile… crétin… égoïste… il n’y a… que les… Skavens… Sauvages… pour être… aussi… trouillard !

 

Il arrêta, s’écroula sur son lit, les joues en feu, la langue pendante, la respiration haletante.

 

Ça ne pouvait plus durer.

 

Il n’y avait que deux issues : fuir sa famille ou l’affronter.

 

La fuite n’est pas une solution ! Où irais-je ? Comment subsisterais-je ?

 

Il le savait bien, il n’était pas suffisamment mature pour pouvoir vivre par ses propres moyens. D’abord, juridiquement, il était encore un enfant, et ne pourrait pas espérer travailler légalement dans un cadre ordonné, où ses compétences intellectuelles pouvaient être utiles. Alors quoi ? Devenir un de ces nombreux gamins des bas-quartiers, à l’affût d’un passant à détrousser, d’un vol à l’étalage à faire ? Lui, un petit-fils de Prince malingre et pusillanime ? Bien entendu, il restait la fuite ultime, la plus minable de toutes, mais l’expérience qu’il venait de vivre l’avait définitivement dégoûté.

 

Non, il n’aurait plus peur, il n’aurait plus envie de fuir.

 

Il allait faire face aux conséquences de ses actes.

 

Il allait tout avouer à un adulte de confiance.

 

Romulus a dit qu’on pouvait lui parler de n’importe quoi pour se soulager !

 

Oui, mais Romulus était en prison. Non, pire, il s’était évadé, et était à présent considéré comme un criminel en fuite ! Même s’il avait été là, il n’avait sans doute plus la moindre légitimité pour recueillir sa confession au nom de Shallya !

 

Restait son grand-père, sa mère, et son frère Kristofferson. Mais s’il les aimait tous profondément, il avait tout de même très peur : quelle allait être leur réaction ? Et les Finston ? Ils allaient forcément apprendre un jour ou l’autre ce qu’il avait souhaité dans la petite chapelle privée du maître mage. Allaient-ils se contenter de laisser le Prince décider de son sort, ou allaient-ils vouloir lui casser la tête eux-mêmes ?

 

Tant de questions qui trouvèrent rapidement une réponse.

 

Et puis merde ! Foutu pour foutu, autant que ce soit moi qui décide !

 

Oui, il n’allait pas faire les choses à moitié. Et le plus beau, c’est qu’il serait celui à choisir quand et comment !

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