Le Royaume des Rats

Chapitre 52 : Une Réception inoubliable

7773 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 25/12/2021 20:41

Filles et Fils du Rat Cornu,

 

Nous y voilà. L’année se termine, mais les Pestilens, plus tenaces et vicieux que jamais, continuent leur infect complot, et de nouvelles victimes sont à déplorer.

 

J’ai heureusement la chance de ne pas avoir de problème à ce jour, et toute ma famille, mes amis, se portent bien également. Je ne peux qu’espérer, cependant, qu’il en soit de même pour vous autres.

 

Je vous remercie pour votre fidélité et votre bienveillance, et je vous souhaite de démarrer une nouvelle année pleine de projets, de réussites, d’espoirs et d’amour. Tant que possible, entretenez vos amitiés, restez proche des membres de votre famille, et profitez de la vie au mieux, ça vaut le coup.

 

Gloire au Rat Cornu !

 

 

Environ une fois tous les trois mois, le Prince organisait un repas spécial où les principales personnalités du Royaume des Rats venaient échanger des nouvelles de manière informelle, se détendre un peu avec une petite blague, et repartaient avec de nouvelles choses à faire. Toute la famille pouvait participer aux réjouissances, mais jusqu’à présent, Isolde avait toujours été tenue à l’écart. Elle était trop jeune et trop innocente pour pouvoir y prendre le moindre plaisir. Cela ne la dérangeait pas de partager son souper avec Magdalena dans la cuisine, toutes deux pouvaient passer un bon moment ensemble.

 

Le plus surprenant était la présence de Gabriel. Pour mieux maîtriser sa peur panique des grandes personnes, il avait proposé de se « tester » en participant au repas précédent. Contre toute attente, tout s’était très bien passé, il n’avait pas eu de crise de nerfs, et avait même pu répondre poliment à une question ou deux. Le Prince avait discrètement prévenu les invités au sujet de la fragilité émotionnelle de son petit-fils. Ils avaient fait preuve de bienveillance, et ne l’avaient pas contrarié de quelque façon que ce soit. Aussi, la place du dernier fils Steiner était déjà prévue pour la séance de ce soir.

 

D’habitude, Bianka appréciait ces soupers « d’affaires », elle pouvait bavarder avec les plus importantes personnalités de Vereinbarung. C’était d’autant plus vrai que Dame Helga Schmidt comptait désormais parmi les invités réguliers. Elle venait seule pendant que Miranda gérait Grüneweiden en son absence. Avant le mariage de Fritz et Martha, les trois femmes avaient eu déjà l’occasion de faire connaissance, elles se portaient mutuellement en haute estime.

 

Or, cette fois-ci, un nuage ardent faisait de l’ombre au plaisir : Brisingr Mainsûre était aussi sur la liste des convives. D’après le plan de table, heureusement, il était placé relativement loin d’elle. En outre, contrairement à ses craintes, Maîtresse Pulcheria Brukenthal n’avait pas été invitée, elle. Heike lui avait expliqué que la Mage Grise était déjà sur le chemin du retour vers le siège du Collège des Ombres à Altdorf.

 

Bianka comptait également sur le nombre d’invités – il y en avait une bonne trentaine – pour éviter le moindre échange de mots avec l’Elfe. Les convives pittoresques ne manquaient pas : des prêtres et prêtresses, des commerçants particulièrement riches et donc influents comme le couple Bäsenhau, Maître Barisson, l’architecte Nain responsable du chantier de Wüstengrenze… les sujets de conversation allaient sans doute être aussi variés que plaisants !

 

Les serviteurs, cuisiniers et autres employés du Prince s’activaient deux fois plus que d’habitude. Les soupers de ce genre devaient être irréprochables. Il était coutumier de réquisitionner en renfort du personnel des meilleures auberges de Steinerburg, en échange d’une compensation pécuniaire, bien évidemment.

 

Et donc, tous les membres du personnel s’affairaient, allaient et venaient en un joyeux ballet. Parfois, il y avait de petits incidents, comme deux hommes qui se percutaient, ou un Skaven qui se retrouvait avec la queue coincée dans une porte. Parfois, un domestique fatigué d’avoir couru à travers tout le domaine s’autorisait une courte pause sur une chaise. Cette agitation savamment calculée donnait lieu à un spectacle extraordinaire pour qui n’y était pas habitué. Il était d’ailleurs difficile de s’attarder sur un détail inhabituel, car le moindre mouvement était rapidement éclipsé par une dizaine d’autres.

 

Quelqu’un voulait justement mettre à profit cet état des choses.

 

Une petite silhouette avançait à pas feutrés dans le couloir. Ses orteils nus épousaient le tapis, et le plancher grinçait à peine sous son poids léger. L’agitation dominait en particulier à l’étage en-dessous, ce qui lui laissait le champ libre.

 

Le sang battait dans les tempes de Gabriel aussi fort qu’un régiment de tambours.

 

Personne ne l’avait vu jusqu’à présent. Seuls quelques domestiques avaient croisé son chemin sans ralentir, trop absorbés par leurs propres tâches. Et aucun membre de sa famille, ni l’un des convives de ce soir, ne l’avait repéré.

 

Enfin, il arriva devant son objectif : la porte du bureau de son père.

 

Comme sa femme et ses enfants, le Maître Mage disposait d’appartements privés dans l’aile Ouest du manoir, au troisième étage, mais il avait également un bureau dans la partie centrale de la demeure, avec sa bibliothèque personnelle. C’était généralement dans ce bureau qu’il travaillait avec le Prince ou d’autres gens, quand il n’avait pas besoin de tout le matériel rangé dans le laboratoire installé dans une maisonnette à part.

 

Gabriel fouilla nerveusement dans sa poche, et en ressortit un anneau de cuivre sur lequel était accrochée toute une batterie de petits crochets métalliques de forme et de taille variées. Ce petit outil s’avérait redoutable contre toutes les serrures qui n’étaient pas renforcées par la magie, et jusqu’à présent, aucun verrou, aucun cadenas n’avait résisté à ce passe-partout.

 

Le petit Skaven gris clair inspira un bon coup.

 

Il était sur le point de faire quelque chose que personne n’approuverait, aucun doute là-dessus.

 

C’était le moment le plus critique. N’importe qui pouvait surgir à tout instant. S’il était repéré pendant la délicate manœuvre qui allait suivre, les conséquences allaient sans doute être épouvantables.

 

Il se pencha vers le trou de la serrure, et inséra deux des crochets. Il n’eut besoin que de quelques petites secondes pour déverrouiller la porte. Il l’ouvrit, entra précipitamment dans le bureau, et ferma derrière lui.

 

Il se trouvait à présent dans le bureau. Il n’y avait pas de fenêtre dans cette pièce. Les chandeliers étaient éteints, tout comme la petite cheminée. La lumière du couloir passait par les interstices de la porte d’entrée, ce qui était suffisant pour un œil de Skaven. Gabriel distingua immédiatement la petite porte du fond, à côté de la bibliothèque. Il avança tout doucement, à l’affût du moindre craquement de planche vernie, puis ouvrit la porte.

 

Cette porte donnait sur une petite chambre où Psody pouvait se reposer entre deux sessions de travail, avec même un placard où étaient rangés quelques vêtements de rechange.

 

Mais l’un des plus grands secrets du Skaven Blanc était caché derrière ce placard. Gabriel le savait. Seuls les membres de la famille Steiner et le prieur Romulus connaissaient ce secret.

 

Il se dirigea vers le placard à vêtements. La porte bâilla en grinçant. Le jeune garçon-rat poussa délicatement les vêtements accrochés à la tringle, et tâta la paroi du fond. Il sentit sous ses doigts le contact d’un petit bouton, qu’il pressa.

 

Un petit cliquetis retentit entre les parois de bois du placard. La cloison du fond se désolidarisa de la structure. Gabriel agrippa du bout des doigts l’extrémité de bois, et tira. Il ouvrit ainsi complètement la porte dissimulée.

 

Il écarquilla les yeux.

 

Il était devant un long couloir étroit et très sombre.

 

Une fois encore, l’angoisse étreignit son jeune cœur.

 

Et si un Skaven Sauvage l’attendait dans l’ombre ?

 

Ne sois pas ridicule ! Comment un Skaven Sauvage pourrait être ici ? C’est l’endroit le plus inaccessible de tout le manoir !

 

Alors quoi ? Si ce n’était pas un Skaven Sauvage qui lui faisait peur, était-ce sa propre conscience ?

 

Gabriel secoua vigoureusement la tête.

 

Je ne vais pas me dégonfler maintenant !

 

Il avança courageusement dans le couloir sombre, et arriva jusqu’à une autre petite porte. Il la poussa.

 

Le couloir débouchait dans la salle de prière de la chapelle privée du Maître Mage. Elle était faiblement éclairée par la lumière du jour mourant qui passait par le grand vitrail à l’effigie du Rat Cornu.

 

Gabriel sentit son cœur cogner de plus en plus fort dans sa poitrine.

 

Il se trouvait dans un lieu interdit, il le savait. Si son père débarquait à ce moment, il allait sans doute se faire sévèrement gronder ! Mais les risques lui semblaient d’une valeur inférieure à la raison qui l’avait amené jusqu’à ce lieu.

 

Il s’agenouilla devant l’autel, et leva les yeux vers le vitrail. Ce qu’il vit le pétrifia subitement d’effroi.

 

Cet immense Skaven à quatre cornes était le Rat Cornu. Il n’était pas représenté de manière aussi effrayante que dans les parchemins ramassés dans les terriers, mais cette grande divinité, toute puissante dans le ciel, au-dessus des Humains et des Skavens, avait quelque chose de vraiment inquiétant. En regardant mieux, le jeune garçon-rat remarqua alors que les deux yeux de l’icône de verre coloré luisaient faiblement d’un étrange éclat vert. Compte tenu de l’orientation du manoir, cela ne pouvait être l’effet des rayons du soleil en train de se coucher.

 

Ces yeux… ces yeux émettent leur propre lumière !

 

Une porte qui claqua au loin le fit sursauter. Il résolut qu’il était temps d’y aller. Il s’adressa directement au vitrail.

 

-         Hé, toi, là ! Le Rat Cornu !

 

Aucune réaction. Il prit son inspiration, et bredouilla :

 

-         Tu as fait naître un Skaven Blanc dans une famille de paysans ! Il va attirer le malheur ! D’ailleurs, il l’a déjà fait ! À cause d’Emil Finston, mon père ne me regarde même plus ! Il voulait un fils avec tes pouvoirs ! Il m’a dit qu’il m’aimait comme je suis, mais il ment ! Il sait bien mentir, puisqu’il est né chez les Skavens Sauvages ! Et maintenant, c’est moi qui suis puni ! Comme moi, je n’ai pas tes pouvoirs, et qu’Emil, lui, les a, mon père a décidé d’aimer Emil plus que moi ! Et ça, c’est pas juste ! Psody est mon père, mon père, et pas celui d’Emil ! Maintenant, quand il me parle, c’est juste pour me crier dessus ou pour me demander de fabriquer des armes ! Et quand j’obéis, je me fais taper dessus par Jochen ! J’en ai assez, moi !

 

Gabriel se rendit alors compte qu’il pleurait. Toute sa frustration, sa colère, refoulées depuis des semaines, prenaient leur sens dans son discours.

 

-         On n’a pas besoin d’un autre Skaven Blanc ici ! Alors t’as qu’à le garder pour toi ! Prends-le, emporte-le et fais-en ce que tu veux ! Il paraît que des Skavens Sauvages enlèvent les enfants dans les provinces. Eh bien, tu n’as qu’à prendre Emil Finston ! Il habite à Hemsbach, et son père est un paysan. Ma mère m’a dit que les paysans ont souvent du mal à nourrir leur famille car ils sont pauvres. Va dire à ces Skavens Sauvages qui font des prières pour toi d’emmener Emil Finston ! Il sera vénéré et adoré par les Skavens Sauvages et deviendra un héros, ses parents seront soulagés, car ils n’auront plus besoin de s’occuper de lui, et en plus ils seront fiers d’avoir un héros dans leur famille, et mon père s’intéressera de nouveau à moi ! Tout le monde sera content !

 

Le petit Skaven gris clair était debout, les joues ruisselantes de larmes. Soudain, il sursauta. Il crut voir une étincelle dans les yeux verts du vitrail. Un peu comme si le Rat Cornu lui avait fait un petit clin d’œil.

 

Il… il m’a entendu ? Il va… exaucer ma prière ?

 

Cette pensée le fit frissonner jusqu’au bout de la queue. Et si c’était vrai ? Peut-être avait-il fait ce qu’il fallait…ou bien, avait-il commis la plus grosse bêtise de sa vie ?

 

Il ne voulut pas réfléchir davantage. Pris de panique, il quitta la chapelle à toutes jambes, claqua la porte de l’armoire à vêtements, puis sortit du bureau. Il fit quelques foulées dans le couloir, mais s’arrêta net.

 

La porte !

 

Vite, il se précipita vers la porte du bureau. Il sortit fébrilement son outil de crochetage. Sa panique fut telle qu’il laissa tomber le trousseau métallique sur le tapis. Il le ramassa maladroitement, et tritura la serrure à toute vitesse. Il crut entendre un bruit de pas dans l’escalier. Avec un gémissement catastrophé, il tourna les crochets. Un claquement sec soulagea son cœur. Il vérifia une dernière fois que la porte fût bien verrouillée, puis il déguerpit dans la direction opposée.

 

 

-         Mes Dames, mes Sieurs, c’est un plaisir de voir qu’une fois de plus, vous avez accepté de répondre à mon invitation. J’attends toujours avec impatience ces moments privilégiés où je peux profiter de votre compagnie dans un cadre moins formel que celui où nous nous rencontrons habituellement.

 

Tous les convives attendaient debout derrière leur siège. Les longues tables avaient été disposées de manière à dessiner un carré. Le Prince jeta un petit coup d’œil sur sa droite. La quatrième place était vide.

 

Gabriel est en retard… Tant pis, il nous rattrapera.

 

-         Je vous annonce que nous proposerons un programme riche en émotions fortes et en surprises pour les fêtes d’Hexenstag. Les meilleurs cuisiniers nous concocteront des menus à faire saliver un philosophe d’Ulthuan, et des artistes réputés venus de l’Empire nous réjouiront avec leurs performances incroyables. Mais en attendant, en guise d’aperçu, je vous invite à prendre place, et à déguster ce plantureux souper qui n’attend plus que vous. Faites-lui honneur, nos architectes de la gastronomie n’en seront que plus motivés à nous gâter dans trois mois. Bon appétit à tous ! Le Prince a parlé !

 

Tout le monde s’installa. Ludwig Steiner en profita pour repérer les invités les plus notables, ceux avec lesquels il allait probablement avoir le plus d’échanges verbaux.

 

Près de lui, il y avait Helga Schmidt, toujours rayonnante de confiance en elle-même. Elle était venue dans une nouvelle robe cousue aux couleurs de Grüneweiden, et sa cape de laine était attachée par une broche taillée dans un disque de bois, aux armoiries de son bourg.

 

Un peu plus loin étaient installés Vladimir Bäsenhau et son épouse Lorelei. Vladimir était un grand homme mince, aux yeux perçants. Sa petite moustache brune traçait une ligne nette sur son visage clair. Quiconque ne le connaissait pas pouvait être rapidement déstabilisé par le petit sourire en coin qu’il arborait continuellement. Ce soir, il était vêtu d’un costume sombre, sans fioritures. Il s’attabla sans dire un mot. Son épouse Lorelei, de son côté, paraissait radieuse. Son visage rond, surmonté d’une épaisse tignasse châtain nouée en chignon, respirait la joie de vivre… légèrement teintée de malignité. Ses sourcils, naturellement relevés, lui donnaient un air un peu malicieux. Son corps athlétique était tout autant à l’aise quand elle portait une tenue de cavalière que dans la robe raffinée aux tons bleus qu’elle portait.

 

Ces deux commerçants étaient des partenaires et amis de longue date de Ludwig Steiner. Ils avaient tout ignoré de ses études secrètes sur les Skavens, et avaient été choqués par sa disparition d’Altdorf. Aussi, quand il leur avait écrit quelques mois après son installation dans le pays qui allait devenir Vereinbarung, ils avaient été soulagés, et n’avaient pas hésité à répondre à son invitation à tenter leur chance dans cette principauté. Ils avaient ainsi abandonné leur ancienne vie, et construit une nouvelle à Steinerburg. Ils avaient adopté Walter Klingmann, et lui avaient transmis les valeurs qu’il s’appliquait à honorer et faire respecter dans son quotidien de Capitaine de la Garde de la capitale. Après la disparition de Dame Franzseska Gottlieb, Maître Bäsenhau avait été promu intendant, et jusqu’à présent, il avait rempli ses fonctions sans faux pas.

 

Maître Bäsenhau avait déjà entamé une discussion avec un grand Humain aux traits alourdis par cinq décennies, au teint clair éclairci encore par une légère barbe d’or, et des mèches blond cendré qui caressaient ses joues. Kristofferson reconnut Maître Nikita Griekov. Ce Kislévite travaillait régulièrement avec le trésorier Nedland, du fait de sa position. En effet, Griekov occupait le poste de responsable de la Guilde des Commerçants du Royaume. Les plus importantes transactions entre Vereinbarung et le reste du monde passaient par son intermédiaire.

 

Mère Morgana occupait la place entre Sigmund et Romulus.

 

La Grande Prêtresse Desdemona Rebmann, Brisingr Mainsûre et Frère Arcturus, du temple de Sigmar, partageaient des propos passionnés sur des questions mêlant magie et religion.

 

Le Prévôt Tomas était également présent. Il était installé entre deux invités de la même profession : à sa gauche, la responsable de la Guilde des Artisans de Vereinbarung, Branka Isildursdöttir, et à sa droite Soraya Tassadit, la responsable de la Guilde des Artistes. Branka Isildursdöttir faisait partie du peuple des Nains. Ils étaient très rares au Royaume des Rats, mais pas totalement absents. Maîtresse Isildursdöttir était à peine plus grande qu’un adolescent Skaven, mais elle était presque aussi costaude qu’un homme. Elle avait la peau sombre, son visage était entouré de tatouages simples aux reflets rouges, et des anneaux d’or enserraient des mèches de ses longs cheveux noir de jais. Soraya Tassadit venait de Copher, une ville située sur la côte pirate d’Arabie, très loin vers le sud-ouest. Cette grande femme était plutôt impressionnante : son teint mat se mariait habilement avec sa longue crinière rousse, et elle avait un regard d’un vert intense, presque surnaturel. Elle était habillée avec des étoffes aux couleurs bariolées, et des motifs complexes étaient dessinés au henné sur ses poignets.

 

Maître Aghnar Barisson était lui-même placé à gauche de Branka Isildursdöttir.

 

Les domestiques exécutèrent le premier service. Les invités purent déguster le potage de courge au lait d’amande, accompagné d’une salade d’oignons rôtis.

 

L’ambiance était chaleureuse, loin du cadre habituel dans lequel les convives se voyaient habituellement. Plusieurs compliments à l’attention des cuisiniers passèrent par-dessus la table.

 

-         Votre Altesse, vous nous gâtez, une fois de plus ! constata la Grande Prêtresse Desdemona.

-         C’est Maître Bäsenhau qu’il conviendra de féliciter, ma Mère. Il est responsable des finances, du bon fonctionnement de la maisonnée, et donc de ce souper !

 

Maître Bäsenhau se contenta d’un petit sourire. Son épouse, Dame Lorelei, fit signe à Helga, et les deux femmes engagèrent la conversation sur l’agrandissement de Grüneweiden, et les investissements à y prévoir.

 

Heike, en bonne fille de Prince soucieuse du bien-être des invités, tâchait de circuler pour s’assurer que tout allait bien. Mais Bianka lui proposa de prendre rapidement sa place, afin de minimiser ses déplacements.

 

-         Tu dois te ménager, Mère, ce serait mieux pour le bébé.

-         Oui, mon ange, tu as raison. Je compte sur toi.

-         Tu peux !

 

Bianka fit le tour de la salle, à l’affût du plus petit détail qui réclamait d’être corrigé. Elle passa devant la Grande Prêtresse.

 

-         Tout se passe bien, Grande Prêtresse ?

-         On ne peut mieux, Grande Archiviste. Vous avez l’air en pleine forme, vous aussi.

-         Les nouvelles ont été bonnes, dernièrement. J’ai reçu l’inventaire des documents endommagés suite à la pluie de l’autre jour. Heureusement, il y a moins de dégâts que je pensais. Et puis, je le reconnais, Bernhardt a été très efficace sur ce travail.

-         Oh, vraiment ? demanda Mère Desdemona, mi-surprise, mi-amusée.

-         Bernhardt n’a pas la conversation facile, mais pour ce genre de tâche, il se débrouille plutôt bien. Maintenant, j’espère pouvoir m’attaquer sérieusement au fonds Girotti.

-         Peut-être qu’il pourrait vous aider ? suggéra la Grande Prêtresse.

-         Oui, peut-être. Mais ne parlons plus travail, détendons-nous.

-         Excellente idée, murmura Brisingr Mainsûre d’une voix suave.

 

Bianka ne répondit pas, elle préféra reprendre son tour de salle. Elle croisa les valets qui assurèrent le deuxième service accueilli par les convives avec satisfaction : tourte de menues feuilles et pâté de gigot d’agneau en pot.

 

 

Vladimir Bäsenhau et Nikita Griekov se livraient à une véritable joute oratoire, à laquelle chacun prenait un malin plaisir. Griekov était la troisième fortune du Royaume des Rats, mais la trésorerie des deux hommes était fluctuante, et il était difficile de déterminer précisément quelle était la plus riche des deux familles. Cet état des choses était l’objet d’une rivalité tantôt amicale, tantôt impitoyable, selon les circonstances. Bien que travaillant pour le même Prince, leurs affaires personnelles pouvaient se muer en véritable conflits d’intérêt.

 

Pour cette soirée, Griekov avait choisi une approche conciliante.

 

-         Et donc, au lieu de considérer que l’un pourrait marcher sur les plates-bandes de l’autre, il y a bien un moyen de négocier un terrain d’entente sur cette question, vous ne croyez pas ?

 

Griekov parlait avec un fort accent, bien plus prononcé que celui qui slavisait la voix de Dame Franzseska Gottlieb. Bäsenhau ne répondit pas, subitement distrait par quelque chose ; il plissa les yeux.

 

Il venait de voir Psody se frotter la nuque, comme s’il avait été piqué par un insecte.

 

-         Quelque chose ne va pas, mon ami ?

 

L’intendant secoua la tête.

 

-         Oh, juste une poussière dans l’œil. De quoi parliez-vous ?

-         La Passe du Col du Feu Noir, Bäsenhau. Nous pourrions nous y partager une route commerciale, au lieu de nous la disputer.

-         Hum… Sans doute. Vous avez une suggestion ?

-         En vérité, je voulais… Tiens, mais qu’est-ce qu’il fait là, celui-ci ?

 

Le grand homme blond regardait quelque chose derrière Bäsenhau. Celui-ci se retourna, et sentit ses sourcils se relever.

 

-         Oh, c’est le jeune fils Steiner. Vous ne le connaissez pas ?

-         Jamais vu de ma vie.

-         Pas étonnant, il ne se montre jamais en société. Pourtant, il était là au dernier banquet.

-         Pas moi, j’étais en déplacement. Il a l’air plutôt…

 

Griekov n’arriva pas à finir sa phrase. L’intendant suggéra :

 

-         « Décalé » ?

-         Oui, si on veut.

-         Il n’est pas du tout à son avantage ici, mais d’après son grand-père, il a un cœur en or massif.

-         Hum… Il m’a l’air plutôt sympathique, mais il semble mort de peur, aussi.

-         Le Maître Mage m’a expliqué qu’il tente de soigner sa timidité. Tâchons de ne pas lui faire peur.

-         Si vous le dites…

 

 

Avant son petit détour, Gabriel avait pris soin de mettre ses plus beaux habits. Il avait réussi à contenir sa nervosité, et ne les avait pas encore froissés. Mais il eut beaucoup de mal à entrer dans la salle à manger. Il dut rester une longue minute sur le pas de la porte, à guetter le moment où il pourrait atteindre sa chaise sans risquer de croiser la route d’un inconnu. Déjà, ce grand Humain blond barbu l’avait fixé d’une manière embarrassante, et l’homme à la fine moustache, celui qui avait remplacé Dame Franzseska, avait murmuré quelques mots à son oreille. Que lui avait-il dit ? Sûrement des moqueries à son égard, après tout, il les méritait ! Où donc devait-il s’installer ? Il regarda nerveusement les invités, et repéra avec soulagement sa mère. Ah, on avait laissé une place libre juste entre elle et sa sœur Bianka !

 

Gabriel zigzagua entre les serviteurs et se précipita vers la chaise. Mais son père se tourna vers lui avec un regard chargé de reproches.

 

-         Ah, te voilà tout de même ! Tu es en retard-retard.

 

Tout penaud, Gabriel tenta de bredouiller quelque chose, mais il parla tellement doucement que ses paroles se retrouvèrent noyées dans le brouhaha environnant. Psody montra la chaise vide d’un doigt énergique et ordonna d’un ton qui n’autorisait pas la moindre réplique :

 

-         Assieds-toi et viens manger.

 

Cela inquiéta le petit Skaven gris clair, plus que ça ne le contraria. Heike le rassura d’un sourire, et leva la main vers l’un des domestiques. Gabriel oublia vite ses soucis lorsqu’il vit le contenu de l’assiette que la servante posa devant lui !

 

 

Parfois, un invité avait un sujet à aborder avec un autre en particulier, mais la disposition des tablées ne permettait pas une conversation directe. Il n’était pas étonnant, ni spécialement mal considéré, de voir un convive se lever de table. Aussi, Frère Arcturus se leva sans hésitation pour approcher du Prince. Steiner s’en rendit compte.

 

-         Eh bien, Frère Arcturus ? Tout va bien ?

-         La soirée est très plaisante, votre Altesse, mais j’ai une information à vous transmettre qui l’est beaucoup moins.

-         Oh, vraiment ? Alors, éclairez-moi, je vous prie.

 

Le prêtre de Sigmar avait l’air préoccupé.

 

-         Votre Majesté, j’ai entendu parler dernièrement d’un nouveau Seigneur du Chaos qui souhaiterait se construire une réputation.

-         Ah, vous aussi, Frère Arcturus ? Mon petit-fils a lui-même eu connaissance d’une telle nouvelle.

-         C’est exact, confirma Kristofferson, avec une légère inquiétude dans la voix.

-         D’autres villageois l’ont vu. Il s’appellerait Lennart Sang-de-Feu.

-         Comme c’est poétique, ironisa Bianka.

-         D’après la description que j’ai lue dans une missive envoyée au temple ce matin, cet olibrius aurait prêté serment de fidélité à Khorne.

-         Ha ! Avec un nom pareil, je ne m’attendais pas à un tendre rêveur bucolique ! s’exclama Sigmund.

 

Bianka ne sourit pas.

 

-         Khorne est le dieu du massacre et de la destruction, Siggy. Il est réputé comme étant le plus redoutable des dieux du Chaos. Ses champions sont tous des bêtes sauvages assoiffées de sang et de violence.

-         Ah ouais ? Eh bien, qu’il vienne donc me voir, et je saurai la noyer, sa soif de sang, répondit le Skaven Noir.

-         Vous ne devriez pas prendre cela à la légère, jeune homme. Un champion de Khorne est bien plus dangereux qu’un homme ordinaire.

-         J’ai affronté pas mal de sales types, Frère Arcturus. Certains Skavens étaient déjà très redoutables, sans parler de leurs créatures.

-         Sans doute, mais n’oubliez pas que les adeptes du dieu du massacre sont consumés par une folie meurtrière insufflée par leur maître. Au combat, ils sont plongés dans un état d’ivresse à côté duquel même la Rage Noire n’est qu’un simple agacement.

-         Hum… Je retiendrai vos sages paroles, Frère Arcturus.

-         J’entends bien votre inquiétude, Frère Arcturus, répondit le Prince. Nous enverrons dès demain des patrouilles dans le secteur. Il n’est pas question de laisser un champion de Khorne batifoler sur mes terres !

 

Le prêtre de Sigmar inclina la tête avec un petit sourire reconnaissant, et regagna sa place.

 

 

Coincé entre sa mère et sa grande sœur, Gabriel ne se sentait pas très bien. Tout le monde parlait si vite, riait si fort, mangeait si bruyamment ! Et la chaleur ! Il faisait de plus en plus chaud. Le jeune garçon-rat passa sa main sur son front, et sentit entre les poils de son pelage gris clair des gouttes de sueur.

 

-         Hé, Gab ?

 

Gabriel pivota vers Bianka.

 

-         Je… je… devrais… enfin, je vais prendre l’air.

-         Vas-y.

 

Heike le retint par la manche.

 

-         Ne t’éloigne pas trop. Avec tous ces invités, la maison est encore mieux gardée que d’habitude, mais on ne sait jamais.

-         Bien, Mère.

 

Le petit Skaven gris clair se laissa tomber de sa chaise, et se faufila entre les serviteurs et les convives. Au bout d’une longue minute, il arriva enfin dehors. Il s’éloigna de la maison pour se retrouver quelques pas plus loin.

 

Loin de cette chaleur, de tout ce bruit, enfin il pouvait se rafraîchir la tête. Il poussa un soupir de soulagement. Pour le moment, tout allait bien. Il se permit même de sourire. Les quelques silhouettes qui déambulaient dans le parc étaient celles des gardes… à l’exception, peut-être, de celle-ci, en particulier ?

 

Gabriel plissa les yeux, et sentit sa queue frétiller nerveusement.

 

Tiens, qu’est-ce qu’il fabrique ?

 

Il n’eut aucun mal à reconnaître Brisingr Mainsûre, à quelques yards de la maison. Oh, le Mage Flamboyant avait sans doute besoin d’un peu de calme, lui aussi ? Alors, pourquoi faisait-il de grands gestes en regardant au loin ? Oui, le petit homme-rat était perplexe. Voulait-il s’étirer ? Danser ? Ou autre chose, encore ? Et toujours en regardant dans la même direction, à l’opposé de la propriété.

 

C’est comme… comme s’il parlait par gestes à un complice !

 

Et ces gestes lui semblaient de plus en plus incongrus.

 

Peut-être que je me fais des idées ? Peut-être qu’il s’agit d’une prière à son dieu ?

 

C’est alors que l’Elfe s’immobilisa. Puis il se retourna brutalement. Ses yeux violets étincelèrent par-dessus la lueur des lampadaires. Le petit Skaven gris clair avala sa salive. Brisingr Mainsûre le regardait avec une insistance malsaine. Gabriel ne pouvait distinguer les traits de son visage, dans la pénombre. Seul l’éclat améthyste était parfaitement visible. Sans s’en rendre compte, il était en train de reculer vers la porte ouverte sur la salle à manger. Il allait la franchir, mais au moment de se retourner pour pénétrer franchement dans le manoir, il percuta de plein fouet Aghnar Barisson. Le Nain protesta aussitôt :

 

-         Eh bien alors, fiston ! Faut regarder où tu vas quand tu marches !

 

Le pauvre Gabriel était épouvanté. Vite, il fallait un moyen d’amadouer le Nain.

 

Parle-lui dans sa langue, ça lui fera plaisir !

 

Il chercha rapidement un compliment parmi les quelques mots en khazalide qu’il connaissait vaguement. Soudain, il trouva.

 

-         Pardonnez-moi… Maître Wazzok.

 

À ces mots, Aghnar Barisson écarquilla les yeux. Il gronda :

 

-         Qu’est-ce que tu as dit ?

 

Le petit homme-rat comprit avec horreur qu’il avait dû se tromper de mot. Muet d’effroi, il était incapable de bouger un orteil.

 

-         Je t’ai posé une question, raki ! Qu’est-ce que tu viens de me dire ?

 

Plusieurs invités regardaient la scène, surpris et inquiets. Mais pour l’esprit prompt à la culpabilité de Gabriel, tous étaient en train de se moquer de lui et de s’indigner. Il entendit presque des voix furieuses ordonner sa pendaison. Ce n’était que le fruit de son imagination, en vérité, plus personne n’osait parler.

 

Soudain, la voix du Prince rompit le silence.

 

-         Eh bien, Maître Barisson, que se passe-t-il ?

 

Le Maître Ingénieur pivota vers Steiner.

 

-         D’abord, ce raton me bouscule, ensuite il m’insulte !

-         Il vous a insulté ? Vraiment ?

-         Votre Altesse, ou j’ai mal compris, ou il vient de me traiter de « pauvre crétin naïf » !

 

Sans perdre une once de calme, le Prince leva la main.

 

-         Attendez, je vous prie, Maître Barisson. Tirons cela au clair.

 

Puis il s’adressa à son petit-fils.

 

-         Gabriel, tu n’as quand même pas volontairement insulté notre invité ?

-         Je croyais… que c’était… un compliment ?

-         « Pauvre crétin naïf », un compliment ? Je ne suis pas sûr de comprendre…

-         En fait, votre Majesté, il a dit « Wazzok », précisa le Nain.

 

Le malheureux Skaven gris clair était sur le point de mourir de honte. Sa mère se leva, et se plaça aux côtés de Gabriel.

 

-         Maître Barisson, je suis certaine que mon fils a cru bien faire. Il a voulu dire quelque chose de gentil, tout en faisant honneur à votre peuple, mais il a dû se tromper de mot. Tout ceci n’est qu’un affreux malentendu.

 

Le Nain regarda tour à tour Heike, puis Gabriel. Enfin, ses traits se détendirent, pouce par pouce. Il leva quand même l’index.

 

-         Mouais… Bon. Fais quand même attention à bien être sûr des mots que tu utilises, fiston. Chez moi, y a des guerres qui ont commencé comme ça !

 

Gabriel avala sa salive. Non, en fait, il n’avait plus rien à avaler, tant il avait sué. Le Prince proposa alors :

 

-         Allons, Maître Barisson, ne gâchons pas l’ambiance de cette soirée sur la petite maladresse d’un enfant. Permettez-moi de vous faire goûter le vin que m’a offert le Prince Calderon, originaire d’Estalie. Vous m’en direz des nouvelles !

 

Aussitôt, le visage de l’ingénieur se décrispa totalement.

 

-         Par ma barbe, voilà une excellente idée !

 

Cette affirmation sonna comme un signal de reprise des festivités. Les conversations fusèrent de plus belle. Gabriel sursauta en entendant la voix de sa mère :

 

-         C’est pas grave, allez. Retournons manger.

-         Je…

 

Heike prit son fils entre quatre yeux.

 

-         Écoute, tu t’es très bien conduit jusqu’à présent, je suis très fière de toi. Tu ne voulais pas dire des méchancetés à Maître Barisson, n’est-ce pas ?

-         Non, Mère.

-         Bien ! Ce n’est pas grave, à mon avis, après avoir vidé une bouteille ou deux, il n’y pensera plus. On va bientôt apporter les fromages. Tu ne veux tout de même pas rater les spécialités de Maître Collodi, n’est-ce pas ?

 

La mère-rate fit un petit clin d’œil. Aussitôt, le visage de son fils s’illumina. « Collodi » était un mot magique pour lui.

 

 

Le prieur de Shallya fit claquer sa langue.

 

-         Une vraie merveille, en effet !

-         Maître Clarin m’a expliqué dans son courrier que les habitants de Sueño cultivent le vin de la même façon qu’en Estalie, précisa Bianka. Il faut dire que le climat ressemble à celui de certaines régions de leur pays d’origine.

-         Il se marie avec le fromage à la perfection ! observa Steiner.

 

La Skaven blonde gardait un œil sur son frère Noir. Sigmund ne s’était autorisé qu’un seul gobelet de vin pour la soirée, vin qu’il dégustait au rythme d’une gorgée à la fois.

 

-         Tout-à-l’heure, tu avais à nous parler du Collège Gris, mon ami ? demanda Romulus pendant qu’il remplissait le verre du Skaven Blanc.

-         Ah oui ! J’ai rencontré Maîtresse Brukenthal. Comme Brisingr Mainsûre, elle a une personnalité un peu différente-différente, mais je pense qu’elle sera efficace pour dessiner les plans et superviser le chantier.

-         A-t-on déjà une idée de combien d’argent il faudra débourser ?

 

Psody but quelques gorgées de vin, se frotta le menton, et réfléchit.

 

-         Hum, je ne sais pas encore-encore, mais ça ne doit pas trop s’éloigner du coût d’un Collège de Feu. On n’a pas l’outillage d’un Collège Doré…

-         C’est amusant, chaque fois qu’on parle du coût d’un Collège de Magie, on entend toujours « ce ne sera pas aussi cher qu’un Collège Doré », remarqua le Prince. À croire que le Collège Doré sera un gouffre financier épouvantable ! Tiens, mon fils, pourrais-tu me dire quel serait le coût d’un Collège à Prophètes Gris ?

 

Le Maître Mage eut un sourire nerveux. Gabriel, subitement intéressé par cette question, leva l’oreille, et écouta avec curiosité la réponse.

 

-         Oh, c’est difficile-compliqué à estimer, Père. Déjà, les ingrédients utilisés par les Prophètes Gris ont souvent une valeur minime dans l’Empire Souterrain, tandis qu’à la surface, ils sont beaucoup plus difficiles à trouver, et donc coûteraient bien plus chers. La malepierre est le meilleur exemple. Ensuite…

 

Psody se racla la gorge, et toussa.

 

-         Ensuite, les Prophètes Gris utilisent beaucoup de matériaux de récupération. S’il était possible de reproduire un laboratoire de Prophète Gris avec les moyens d’un Collège Impérial, ce serait sans doute surprenant. Et…

 

Encore une fois, le Skaven Blanc toussa, cette fois-ci, plus fort. Il fut soudain saisi d’une quinte de toux telle qu’il n’arrivait plus à reprendre son souffle.

 

-         Psody, ça ne va pas ? s’inquiéta Heike.

 

Psody ne répondit pas. Il fut pris de convulsions. Ses yeux roses écarquillés roulèrent frénétiquement, de l’écume s’échappa d’entre ses lèvres. Il bascula en arrière et roula sur le tapis. Les invites crièrent de surprise.

 

Psody eut un dernier sursaut, se recroquevilla, et ne bougea plus.

 

Le Prieur Romulus bondit de sa chaise, s’agenouilla près du Skaven Blanc. Il posa son oreille sur sa poitrine, puis donna quelques petites claques sur ses joues duveteuses. Lentement, il passa sa main sous la tête du Maître Mage, examina attentivement ses yeux, puis il se tourna vers le Prince, et balbutia d’une voix blanche :

 

-         Que Shallya ait pitié… il est mort !

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