et pourtant...

Chapitre 37 : la lettre

Catégorie: M

Dernière mise à jour 24/03/2013 14:54

Ses doigts tremblérent quand il se saisit de l'enveloppe. Sans avoir vu l'écriture encore, il savait que c'était de lui. Qui d'autre que lui, lui laissait des surprises au beau milieu de la nuit ? Mais il ne s'attendait plus à en avoir... Encore moins aprés cette nuit !

Décidément, il ne lâchait jamais...

 

Il décacheta l'enveloppe précautionneusement.

 

 

Christian,

je ne sais pas trop par où commencer...

je ne sais même pas si tu liras cette lettre... peu importe finalement ; de toutes façons je ne le saurais jamais... Je le fais surtout pour moi. Parce-que j'ai des choses à te dire avant de partir.

 

J'ai enfin compris que ça ne servait à rien de rester, de m'accrocher encore... J'aurais mis le temps, je sais.

Je me suis un peu perdu en chemin... Je ne comprends toujours pas vraiment comment nous en sommes arrivés là...

 

Je me suis apperçu assez vite que j'étais amoureux de toi. Et je ne t'ai rien dit, c'est vrai. J'avais peur que tu ne comprennes pas, et je tenais énormément à ton amitié... c'était toujours ça.

Je suis désolé de t'avoir embarqué là-dedans. Je comprends que cela n'a pas du être évident pour toi, même si j'aurais préféré que tu réagisses différement.... Tu as été vraiment dur !

Je n'oublierais probablement jamais les mots que tu as pû prononcer, mais je te promets d'essayer...

J'espére, avec le temps, me souvenir de toi comme de l'ami du début, et oublier... l'autre.

Est-ce que cela a un sens pour toi ?

Mais je n'écris pas cette lettre pour te plomber.

 

Je voulais déjà m'excuser. Je pense que si je n'avais pas eu ces sentiments pour toi, tu n'aurais pas été « désorienté ». Je suis désolé d'avoir troublé ta vie ces derniers mois... Je te souhaite d'être heureux, vraiment.

 

Et autre chose, le plus important... je voudrais que tu oublis, toi aussi, le Christian de ces derniers mois. Ranges-le loin quelque part dans ta mémoire. Mais, s'il-te-plait, redeviens le Christian que j'ai connu, celui que j'estime, celui dont je

S'il-te-plait, range toute cette colére, tout ton ressentiment, penses à ton avenir... bats-toi pour ton avenir. Ne laisses pas cet épisode gâcher ça, gâcher qui tu es vraiment !

 

Voilà, c'est à peu prés tout...

Je ne pense pas que nos chemins se croiseront à nouveau. Au moment où tu lis ces lignes, je suis déjà parti...

Bonne route Christian.

Je t'aime.

 

Olli.

 

 

 

 

 

Les mots dansaient sans qu'il n'arrive à en comprendre le sens...

 

Il s'excusait ! Cet idiot s'excusait ! Lui ! Lui qui lui avait tant apporté. Lui qu'il avait fait souffrir tant de fois. Et c'était lui qui s'excusait !

 

« je me suis perdu en chemin »

L'image d'Olli à la discothéque lui revint. Il était seul au bar, se contentant d'observer, un verre à la main. Il semblait comme extérieur à ce qui se passait, appréciant les choses de loin, sans vraiment y participer. Et c'était tellement étrange de voir Olli simple spectateur... Olli était vivant ! Olli dansait, riait, sautait... souriait. Il n'était pas celui qui restait au bar, se contentant d'observer les choses de loin sans les vivre...

 

Et lui aussi s'était tellement perdu. Il n'était pas celui qui se cachait. Il affrontait les choses. Il se battait. Et surtout, il était loyal avec les gens qui comptaient. Merde, il était allé en prison pour son pére ! Et là, il reculait devant l'idée de dire « je t'aime » à la personne qu'il aimait, juste parce-qu'il s'avérait que cette personne était un homme... ça n'était pas lui !

Il faisait du mal à la personne qu'il aimait, par lâcheté, ce n'était pas lui !

 

 

«  je ne pense pas que nos chemins se croiseront à nouveau »

La phrase le percuta de plein fouet.

Non, ce n'était pas possible !

Il ne pouvait pas ne plus jamais revoir Olli. Il ne pouvait pas ne plus jamais voir ses yeux, son sourire, entendre son rire.

 

Les images de son rêve lui revinrent en mémoire, les paroles de son frère... il ne serait plus jamais lui-même sans lui ! Comment avait-il pû mettre si longtemps à s'en rendre compte ?!

 

 

Il jouait avec la lettre, quand il remarqua qu'il y avait encore quelque chose de l'autre côté. L'écriture était beaucoup plus hératique... comme s'il avait écrit dans l'urgence. Ça semblait plus ancien.

Christian commença à lire, et ses yeux s'embuérent rapidement.

C'était un poéme. Un poéme qu'Olli avait écrit. Et il ne faisait aucun doute qu'il l'avait écrit en pensant à lui...

 

 

 

Le masque est tombé, le miroir brisé,

j'peux plus m'regarder, sans me juger.

 

Et je me moques, moques, moques des gens

qui tendent la main mais ne comprennent pas...

 

je n'entends que le silence

je ne sens que ton absence.

 

Sourire, ressentir,

je ne le fais que dans le souvenir.

 

J'ai envie de m'enfuir...

là où tu pourras m'emporter,

m'aider à écrire une autre histoire,

 

avant qu'il ne soit trop tard...

 

mais je n'pourrais plus attendre,

si mes larmes tombent.

Tombent comme des perles,

tombent comme ma peine,

tombent comme je tombe...

 

coulent comme une pluie,

sous laquelle je me perds...*

 

 

 

 

 

 

 

Il s'assit à la table, but encore un peu d'eau.

Ces yeux parcouraient les mots encore et encore.

Il retourna la feuille, revenant à la lettre ; faire face au poéme était encore plus difficile !

 

 

 

« Au moment où tu lis ces lignes, je suis déjà parti... »

Une peur panique s'empara de lui.

Il s'élança vers la porte ; pourvu qu'il ne soit pas trop tard...

 

 

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