et pourtant...

Chapitre 12 : un ange dort

Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 08:51

Qu'il était beau !

Dans son sommeil il paraissait si innocent, il était si touchant... Christian s'arrêta au pied du lit.

Comment un corps, un visage d'homme pouvait l'émouvoir autant ? Il n'avait jamais, jamais eu aucune pensée de ce genre avec aucun autre homme. Et ce n'était toujours pas le cas d'ailleurs... Il n'y avait que Olli.

Une fois encore Christian ne sût comment gérer l'amoncellement de sentiments, de sensations contradictoires qui déferlaient à travers son cœur, son corps et sa raison.

Il voulait qu'Olli parte et vite. S'il n'était plus là, son calvaire prendrait fin. Mais à la pensée de ne plus jamais le revoir... il ressentit un tel déchirement dans sa poitrine qu'il en eût la respiration coupée, le laissant à bout de souffle et les jambes en coton. Il dût s'appuyer au montant du lit.

Il regarda à nouveau vers la forme inerte dans le lit, qui n'avait aucune idée des tourments dont elle était la cause.

Il en voulait à Olli de le mettre dans cette situation. Il savait pertinement que ce n'était pas de sa faute, qu'il n'était pas responsable... mais il ne pouvait s'empêcher d'éprouver une colére sourde et farouche à son égard.

Son cœur lui disait qu'il était tout ce qu'il avait toujours cherché. Sa tête rétorquait que ce n'était pas possible, que ce n'était pas lui. Elle lui commandait de s'éloigner le plus loin possible... tandis que ses pas le ramenaient inlassablement vers lui.

Son cœur disait oui, sa tête disait non, et son corps prit entre deux feux, ne savaient pas s'il voulait courir le prendre dans ses bras ou le coller contre le mur.

Le combat incessant qu'il menait contre lui-même l'épuisait. Il n'en pouvait plus de tempérer ses émotions, de ménager sa raison et surtout, de lutter contre les pulsions de désir et de violence qui l'assaillaient en permanence.

 

Et de toute façon, quel était l'interêt ? C'était de l'énergie perdue, gaspillée. Olli était à mille lieues d'imaginer ce par quoi il passait...ce qui valait certainement mieux d'ailleurs....

 

Il s'approcha de la tête du lit. Une chaleur diffuse se répandit dans son buste tandis que ses viscéres se rétractérent dans son abdomen. Il n'était sûr que d'une chose ; il n'avait jamais, jamais ressenti quoique ce soit d'aussi intense pour personne.

Il s'agenouilla prés de lui, avança doucement sa main vers le visage d'Olli. Ses doigts effleurérent sa peau. Il se pencha doucement, tout doucement vers ces lévres qui l'appelaient. Son visage tellement proche de celui d'Olli qu'il pouvait sentir la chaleur de sa peau. Il allait poser ses lévres sur les siennes... quand un frisson glacé lui parcouru le corps.

Il sauta sur ses pieds et s'éloigna vivement.

 

Il avait failli abuser de la confiance d'Olli. Il avait failli profiter de son état d'ivresse. Il... Et si Olli s'était réveillé... S'il l'avait trouvé dans cette position, plus qu'évidente sur ses intentions...

Il devait partir. Il devait s'éloigner. Sa volonté et sa raison n'était manifestement pas assez fortes pour contrer ses pulsions. Si quelque chose comme ça se reproduisait, si Olli, ou Gregor, s'appercevait de... Ca n'était même pas envisageable.

 

Christian se dirigea vers la fenêtre et posa son front contre la vitre. La fraîcheur qu'elle lui communiqua lui éclaircit les idées. Il sût ce qu'il avait à faire, la seule chose qui était peut-être capable de l'apaiser, de lui permettre de retrouver celui qu'il était. Cette espéce de pantin balloté en tout sens ça n'était pas lui. Il avait besoin de reprendre contact avec le vrai Christian.

 

Il évita de regarder vers le lit, chercha une feuille de papier et un stylo ; il devait toujours des excuses à Olli. Pour son comportement de la veille... mais aussi pour le fait de le laisser tomber maintenant.

Il posa la feuille en évidence sur la table, et quitta la piéce sans se retourner.

Fort de sa résolution et de son bienfondée, il voulait la mettre en application à l'instant. Gregor risquait d'être faché, mais il comprendrait. Et Olli... il verrait plus tard...

 

 

 

                                                                                     *

 

 

Olli se réveilla avec un mal de tête comme il n'en avait plus eu depuis longtemps. Il voulu se lever, mais le vertige qui l'assaillit l'en dissuada. Il se rallongea sur le dos et ferma les yeux. Des bribes de la soirée lui revinrent.

Les paroles de Christian, sa voix sourde et emplie de rage contenue.

Son arrivé dans la discothéque, la musique entêtante, la foule des corps anonymes et virevoltant.

Alexis, ses sourires, ses caresses. La sensation d'être désiré, voulu. Il s'était abandonné au moment, refusant de voir plus loin... comme il l'avait fait si souvent par le passé.

C'est drôle, il n'avait pas eu conscience d'être prêt à laisser cette vie derriére lui... avant de rencontrer Christian. Et c'était lui aussi qui le propulsait à nouveau là. Mais c'était inévitable, n'est-ce pas ?

Il avait suivi Alexis à son hôtel. Il s'était laissé emporter par la confiance et l'assurance. Il s'était laissé enivrer par les sensations, les frissons, la chaleur d'un corps contre le sien...

 

Mais la torpeur de l'instant passée, le réveil avait été difficile.

La réalité avait été là, toujours, à chaque étape de la soirée. La douleur lancinante ne l'avait jamais quittée. Et là, dans le froid de la nuit, elle l'étreignit à lui faire mal physiquement. Rentrer et retrouver la solitude de sa chambre lui était impossible.

Il était retourné à la discothéque et la magie opéra à nouveau. La foule, la musique, la danse, le tourbillon des sens, à nouveau. Mais il avait aussi rencontré une ancienne amie, la vodka.

Ce qui s'était passé ensuite était plus que flou...

 

Christian était là.

Il l'avait aidé à monter dans sa chambre. Il se souvint de sa douceur... la douceur de sa voix, de son toucher, de sa présence. La douceur... de sa main dans ses cheveux... ? Etait-ce réel ou avait-il rêvé ?

 

Olli ouvrit les yeux et s'apperçu que la piéce ne tournait plus. Il s'assit précautionneusement au bord du lit.

Quelle heure était-il ? 14H !! mince alors !

 

Il se leva. En premier lieu il devait changer de peau et de vêtements.

Il resta un long moment sous la douche, laissant l'eau chaude ruisseler librement sur son corps. La laissant détendre ses muscles endolories, détendre la tension de la nuque, des épaules et du dos. Il aurait voulu pouvoir faire la même chose avec son crâne qui martelait, et surtout avec son cœur, tellement tendu, tellement serré, qu'il l'opressait.

 

La deuxième étape était un café.

Il alla vers l'étagére où il rangeait ses dosettes et choisit la plus corsée. Il prit sa tasse, celle que Christian lui avait offert... Il sourit, hypnotisé une fois encore par le turquoise et l'émeraude qui s'emmêlaient.

Il alluma l'appareil, et c'est alors qu'il vit le mot posé sur la table.

 

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