et pourtant...

Chapitre 11 : en eaux troubles

Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 19:55

Christian se réveilla groggy. Il s'était endormi comme un masse la veille, assomé par toutes les émotions et la fatigue accumulée de ces derniers jours. Il avait dormi d'un sommeil profond et sans rêve. Il se tourna vers le réveil ; 5h, merde. Et ce n'était même pas la peine d'essayer, il savait qu'il ne se rendormirait pas.

Il se leva et s'habilla, décidé à aller réparer ses bêtises de la veille. Et en premier lieu, cela commencait par remettre de l'ordre dans la cuisine et le salon.

 

Il fut surpris, en ouvrant la porte de communication entre la piéce à vivre et le reste de la maison, de la retrouver dans un état à peu prés potable. Il s'était attendu à pire. Et puis il remarqua la pile de vaisselle sale dans la cuisine. Ce devait être Lars... il avait dû ranger sommairement en rentrant hier soir.

Christian sourit. Il se souvint de leurs réactions à tous quand ils avaient découvert que le 3eme colocataire n'était autre que l'oncle d'Olli. Le monde était vraiment petit comme on dit, et décidément, il ne pourrait pas éviter de le croiser ...

 

Il s'attaqua à la vaisselle.

Ses pensées l'amenérent évidement vers les événements de la veille. Encore une fois Olli avait été là pour lui. Il avait prévu des films pour le distraire, et ne s'était pas offusqué devant son refus. Il avait montré la même compréhension et la même discrétion que le soir d'avant, devant le feu camp ; le laissant libre de parler ou non. Il n'avait posé aucune question, n'avait insisté sur aucun détail – contrairement à son frére. Il l'avait juste assuré de son soutient et de sa disponiblité... Il avait même surement dû annuler une fois encore son rendez-vous.

Sa seule préoccupation avait été qu'il mange. Et il serait parti juste aprés, ayant annulé sa soirée pour si peu.

Et lui, pour le remercier, il n'avait rien trouvé de mieux que de passer ses nerfs sur lui ; de projeter sur lui toute sa colére, ses angoisses et ses frustrations.

Et au lieu de s'excuser comme il l'aurait dû aprés la réponse plus que justifiée d'Olli, plus que vraie aussi, il l'avait envoyé sur les roses, encore une fois.

 

Dans tous les cas, il lui devait des excuses... mais d'abord il devait terminer de nettoyer le bazar qu'il avait laissé. Sans compter qu'à 6h du matin, il n'était pas sûr que ses excuses soient pleinement acceptées.

 

Une heure plus tard il avait terminé, et cela ne l'arrangeait pas du tout. Il avait besoin de se tenir occupé. Il n'avait toujours pas réussi à faire le point dans ses... troubles émotionnels, et il ne comptait pas s'y mettre aujourd'hui. Il avait besoin d'une pause. Il sauta sur ses pieds. Ce n'était pas son tour d'ouvrir le bar, mais cela lui éviterait de penser.

 

 

                                                                  *

 

Il n'avait pas l'habitude de faire l'ouverture et se répétait la liste des choses à faire, quand il apperçut une forme avachie contre la porte. Il pensa qu'il s'agissait d'un sdf, et même si cela ne l'enchantait pas, il allait devoir le déloger afin de permettre l'accés aux clients.

Il ouvrit la porte et se figea.

 

- Olli!

La détresse de son cri le surpris lui-même. Il s'agenouilla auprés de son ami, le cœur battant à tout rompre, les oreilles bourdonnantes.

- Olli, Olli, réponds-moi ! Il vit sa poitrine se soulever et soupira de soulagement. Il avait eu tellement peur. Olli ne semblait pas blessé, mais ne réagissait toujours pas à ses appels. Une odeur puissante et âcre d'alcool lui sauta au nez.

- Olli... Olli, qu'est-ce que t'as fait... dit-il tendrement en lui caressant les cheveux.

 

Enfin, Oliver ouvrit les yeux et Christian eut une nouvelle fois le souffle coupé devant l'intensité de la couleur de ces yeux.

- Christian. La voix rauque et cassée était à peine un murmure.

- Olli, qu'est-ce que tu fais là ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Oliver essaya de s'adosser contre le mur, mais ses jambes ne voulaient pas répondre.

Il rejeta sa tête en arriére.

- Viens, je te raméne dans ta chambre. Christian lui prit le bras et l'aida à se mettre debout doucement, lui permettant de garder l'équilibre.

- Je n'ai pas réussi à trouver mes clés, avoua Olli.

- Attends, laisses-moi faire. La voix de Christian était douce et rassurante, et Olli se laissa aller entre les bras de son ami. Christian le maintint fermement contre lui, un bras le soutenant, tandis que de l'autre main il cherchait les clés dans les différentes poches d'Olli.

Malgré la situation, il ne put s'empêcher d'être troublé par l'étreinte, par le corps d'Olli contre le sien, sa tête posée sur son épaule. L' abandon d'Olli dans ses bras l'ému tellement qu'il sentit une boule se former dans sa gorge et ses yeux le piquer. Mais ça n'était pas le moment de flipper ou de se creuser la tête, ni même de s'attendrir.

Enfin il sentit le métal sous ses doigts.

- Viens.

 

 

La montée fut lente et incertaine. Christian ouvrit la porte. Il enleva la veste d'Olli et l'aida à s'allonger sur le lit. Il avait l'impression d'avoir une poupée de chiffon dans les mains. Cette image était tellement loin de l'Olli toujours souriant, toujours dynamique... Et c'était à cause de lui. C'était à cause de leur dispute qu'Olli était allé se saouler.

- Je suis désolé, je suis tellement désolé... Il s'agenouilla à coté du lit. Sa main caressa la tête d'Olli tandis qu'il réprimait un sanglot.

-Christian...

-Schht, reposes-toi, je repasserais plus tard. Il déposa un baiser sur ses cheveux et sortit.

 

 

                                                               *

 

 

Il arriva au No Limits encore hébété.

- Ah Christian ! Tu sais pourquoi la porte était ouverte ? J'ai vérifié, mais rien ne semble avoir été volé et...

Gregor s'arrêta en voyant la mine décomposée de son frére. Christian s'assit et il s'installa à côté de lui.

- J'ai ramassé Olli devant la porte. Il était complètement parti, il ne tenait même pas debout. J'ai dû l'aider à monter et je n'ai pas pensé à refermer à clé...

Je ne sais même pas combien de temps il a dormi là. Il était tellement fini qu'il n'a pas réussi à trouver les clés dans sa poche !

 

Gregor regarda son frére. Il décida de passer sous silence la raison de sa présence à cette heure çi alors qu'il ne prenait son service qu'à 8h, et se concentra sur Olli.

-Ok, ça ne ressemble pas à l'Olli que je connais, admit-il. Enfin sa tante m'a dit qu'il était un sacré fêtard à l'époque, mais je ne l'ai pas vu sortir depuis qu'il est arrivé... Et je ne l'imagine pas ...

- Elle t'a dit autre chose ? le coupa Christian.

- Qui ?

- Sa tante, elle t'a dit autre chose à propos d'Olli ?

La voix de Christian était pressée et Gregor le regarda d'un air étonné.

- Non, elle n'a pas dit grand chose. Je ne sais même plus comment on en est venu à parler de ça. Pourquoi ?

Christian soupira et s'affala dans sa chaise.

- Il a laissé sous-entendre hier soir qu'il... n'avait pas tout dit sur son passé. Je me demandais si... c'est peut-être à cause de ça... Je veux dire, ça ne peut pas être ce que j'ai dit, ça n'était pas si terrible... Mais, peut-être que j'ai ouvert de vieilles blessures...

- Euh, Christian, je suis parfois long à la détente je sais, mais... tu parles de quoi exactement ?

 

Christian regarda son frére. Une bouffée de honte le submergea.

- Olli et moi, on s'est disputé hier soir... J'ai dit des trucs pas trés sympa et je l'ai jeté dehors.

- Tu penses que c'est pour ça qu'il s'est saoulé ? demanda dubitativement Gregor.

Christian haussa les épaules.

- Tu lui as dit quoi exactement ?

 

- J'étais pas bien. Ca fait plusieurs jours que je suis à cran, que je dors mal. Et quand il m'a dit que lui aussi était un peu à la ramasse, je ne sais pas pourquoi, ça m'a fait sortir de moi... Je lui ai dit qu'avec sa vie légére et insouciante je ne comprenais pas pourquoi... un truc comme ça.

Gregor siffla. La bêtise de son frére parfois était assez spectaculaire. Il se rappela de la tête d'Olli, quand il l'avait croisé avant qu'il ne monte. Il lui avait surtout semblé qu'Olli se faisait énormément de soucis pour Christian, même s'il avait essayé de le minimiser.

- Et tu ne t'es pas dit que, peut-être, c'était parce-qu'il se faisait du soucis pour toi.... ou pour son oncle et sa tante qui ne se parlent plus, ou pour sa cousine qui est toujours dans le pétrin quelque part... Christian, comment tu peux dire ça d'Olli ; lui, le premier à être toujours là pour tout le monde !

 

- Je sais, Gregor, je sais. Et je ne le pensais pas ! J'étais en colére, je voulais... lui faire mal aussi, qu'est-ce que j'en sais !

- Pourquoi ?

Christian regarda son frére... devait-il lui en parler ? Ce serait le bon moment.

- Bon ok, continua Gregor, se méprenant sur la signification de son silence. Qu'est-ce qu'il a répondu ?

- Que j'étais idiot.

- Ah.. décidément il me plait ce petit ! Pardon, continues.

- Grosso modo... il m'a dit que j'étais idiot de me morfondre dans mes lamentations alors que j'avais un frére et des amis qui étaient là pour moi. Et que je devrais prendre ma vie en main au lieu de me faire du mal et de me défouler sur lui...

- Que du bon sens !

Ouai, pensa Christian, sauf que si vous saviez, toi comme lui, la vraie raison de mon emportement, est-ce que vous seriez encore là...

 

- Il a aussi dit qu'il avait choisi cette voie parce-qu'il voulait fuir... enfin si j'ai bien compris... En tout cas il m'a clairement dit qu'il me cachait quelque chose.

- Tu lui as demandé quoi ?

- Non. L'imbécile que je suis l'a jeté dehors...

 

Gregor ne dit rien pendant quelques instants....

- Enfin vous faites la paire tous les deux ! Toi qui pête les plombs, on ne sait même pas pourquoi, et lui qui se bourre à finir sur le paillasson sans plus de raison apparente... Si vous essayiez la communication plutôt ?

Christian ne réussit pas à cacher son irritation.

- C'est prévu t'inquiétes, dés que j'ai terminé mon service je monte le voir.

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