et pourtant...

Chapitre 10 : les esprits s'échauffent

Catégorie: M

Dernière mise à jour 07/03/2013 17:31

Gregor observait désespérément la porte depuis une bonne heure... Qu'est-ce qu'il fichait ?

Enfin il reconnu la tête brune d'Olli passer la porte.

 

-Olli ! Enfin celui que j'attendais ! l'acceuilla-t-il avec son exubérance habituelle. Tu as pris ton temps dis-moi, cela fait plus d'une heure que je t'attends.

Il avait dit tout ça en même temps qu'il le prenait par le bras et le poussait jusqu'à la banquette, forçant Olli à s'assoir.

- Euh, désolé, je..

- Ouai, ouai, ouai, trêve de bavardage. Qu'est-ce qu'il se passe avec Christian ?

- Avec Christian ? Olli réfléchit, était-il possible qu'il ne lui ai rien dit de sa rupture ? Ce serait idiot, Gregor finirait de toute façon..

- Il a rompu avec Coco, ça je sais. Mais ce n'est pas tout...

- Non ? Olli était perplexe.

Gregor fit la moue.

- Tu ne sais rien.

- Quoi ? Qu'est-ce que je devrais savoir ? Olli avait toujours du mal à suivre Gregor dans l'élaboration de ses idées, mais là....

- Non, rien, laisses tomber. Je pensais que tu savais quelque chose...

-Euh, Gregor... si tu pouvais décoder, j'ai un peu du mal à te suivre...

 

Gregor roula des yeux. Puisqu'il fallait tout décripter.

- Christian va mal.

- Euh oui, enfin, c'est un peu normal, non ? Il vient de rompre...

- Ouai mais il y a autre chose...

- Genre quoi ?

- J'en sais rien... Mais je connais mon frére, et je ne l'ai jamais vu comme ça.

- Il... culpabilise, je pense. Il m'a raconté ce que Coco avait fait pour lui. Je pense qu'il s'en veut de comment les choses ont tourné.

- Oui, ça ça correspond assez à mon frére... Mais je pense que ça a plutôt à voir avec son nouveau coup de cœur.

 

- Ah. Il … il a flashé sur quelqu'un.

- Hum hum, et je ne sais pas qui est cette fille, mais si elle le met dans cet état, elle ne me plait pas du tout.

Olli avala péniblement sa salive.

- Tu ne veux pas essayer de creuser un peu ? lui demanda Gregor. Peut-être qu'à toi il …

- Non. Non, ce n'est pas... ce n'est pas à moi de le faire, il ne m'en a pas parlé... Mais, euh, je comptais aller le voir de toute façon. J'ai cherché des dvd pour le distraire.

Gregor soupira.

- Ok, c'est cool. Merci de t'occuper de lui... Et s'il te dit quelque chose, tu peux...

- Non Gregor, désolé, mais s'il me confie quelque chose je ne viendrais pas te le répéter.

Gregor opina de la tête.

- Ca ne doit pas être si difficile, tenta de le rassurer Olli. Tu connais Christian, il a toujours tendance à exagérer un peu... Il prend les choses trop à cœur, mais il se calme et redevient raisonnable. Qu'est-ce qu'il pourrait y avoir de si particulier avec son... coup de cœur ? ….Tant que ce n'est pas Sarah, ajouta-t-il avec un sourire ironique.

- Hey ! Rigole pas avec ça ! Et je lui ai déjà demandé, c'est pas elle.

- Ok, alors je monte le voir, à plus.

- Ciao, répondit Gregor pensif... Olli avait raison, son frére avait tendance à faire un torrent déchaîné d'un ruisselet... mais quelque chose lui disait que, cette fois, ce n'était pas le cas.

 

 

 

                                                                       *

 

Olli s'arrêta sur le pallier. Il avait besoin de reprendre son souffle. Il avait besoin d'intégrer l'information. Et surtout, il avait besoin de retirer le costume d'amoureux meurtri que Gregor lui avait fait endossé bien malgré lui, et de remettre celui de l'ami toujours présent.

C'était ridicule d'être autant bouleversé. Christian n'allait pas rester célibataire de toute façon... Il est sûr qu'il aurait préféré que ça attende 5 semaines ; mais qu'est-ce que ça changeait au fond ?

Il s'adossa contre le mur. Etait-il bien prudent d'aller le voir dans cet état ?

Et puis il revit le visage de Christian la veille au soir. Son ami avait besoin de lui, c'était ça l'important.

 

Il frappa à la porte. Il avait une clé pour pouvoir se servir de la cuisine, mais ne s'en servait que s'il savait qu'il n'y avait personne.

- Hey Olli, rentre.

Olli eut un choc en voyant Christian.

Il était en survêtement et son t-shirt était trempé de sueur. Il devait s'entrainer depuis des heures. Il avait le teint pâle, les yeux rougis. Olli eut du mal à croire qu'une seule journée le séparait du Christian qu'il avait vu la veille.

- Comment vas-tu ? Et, avant que tu ne dise quoique ce soit, j'ai croisé Gregor.

Christian retint sa respiration.

- Qu'est-ce qu'il a dit ?

- Que tu n'allais pas bien, et qu'il était inquiet pour toi.

- C'est tout ?

- Oui.

Christian opina de la tête. Olli n'aurait pas pû le jurer, mais il lui sembla qu'il était soulagé.

 

- J'ai apporté des dvd, dit-il en montrant le sachet qu'il tenait à la main. J'ai pris un assortiment, je ne savais pas trop ce que tu aurais envie de voir...

- A vrai dire, je ne suis pas sûr d'avoir envie de regarder quoique ce soit.

Surtout je n'ai pas envie de passer une soirée sur le canapé, en tête à tête avec toi, pensa Christian.

 

-Ok, on n'est pas obligé. Tu as mangé ?

Christian leva les yeux sur Olli et vit son regard inquiet. Il décida de faire un effort.

- Non, je n'ai pas encore mangé. Ecoute, continua-t-il alors qu'Olli allait prendre la parole, je suis d'accord pour que l'on mange ensemble. Mais ensuite, si tu veux bien, j'aimerais être seul. Ca va aller, vraiment, j'ai juste besoin d'un peu de temps...

- Je comprends, répondit Olli et son regard s'adoucit. Des pâtes ça te tente ?

Christian sourit pour la première fois depuis son arrivé, et Olli sentit s'envoler un peu de la tension dans ses épaules.

- Allez, vas prendre une douche, pendant ce temps je m'occupe de tout, dit-il d'un ton enjoué.

 

Christian alla vers la porte qui menait à la salle de bain. Il s'arrêta avant de passer le seuil et se retourna.

- Merci Olli, t'es vraiment un ami.

Il quitta la piéce sans attendre de réponse.

 

Olli s'appuya contre le bar, la tête dans les épaules. Oui, se dit-il, et tu ne sauras jamais à quel point... il respira un grand coup, puis se mit à l'ouvrage.

 

 

                                                                         *

 

La soirée avait démarré de maniére... bizarre.

Ils étaient de part et d'autre de la table. Ils ne savaient pas de quoi parler, osaient à peine se regarder.

Olli avait une boule dans la gorge. Il était venu pour distraire son ami et il avait l'impression d'être la cause de l'ambiance délétère qui régnait. Il savait, avant d'entrer, qu'il n'était pas en état de le réconforter. Il avait envie d'être ailleurs. Il avait besoin de musique, de danse, d'alcool et de s'oublier, d'oublier Christian, pour quelques heures.

Christian aussi était mal à l'aise. Il était enfermé dans sa spirale de confusion et la présence d'Olli, malgré toute la bonne volonté de celui-çi, ne l'aidait pas, au contraire. Il lui était reconnaissant d'être là. Mais, même s'il savait au fond que ce n'était pas de sa faute, il ne pouvait s'empêcher d' en vouloir à Olli de la situation dans laquelle il l'avait mis.

 

- Je suis désolé, commenca Olli, j'espérais être plus distrayant... Je suis moi aussi un peu à la ramasse ce soir...

 

- Ah. Et qu'est-ce qui ne va pas ? Hier ton boulot te comblait, tu te faisais draguer à tout va, tu avais un super rencard... Une bouffée de colére contre Olli monta en même temps qu'il prononçait les mots. Qu'est-ce qui a changé dans ta vie légére et futile pour que tout à coup tu « sois à la ramasse » ?

 

Olli accusa le coup. Il ne l'avait pas vu venir.

Il ne sût pas comment réagir. Il comprenait que Christian ait juste besoin de passer ses nerfs sur quelqu'un et qu' il était là.

D'un autre côté, merde il souffrait lui aussi !! Il se leva et essaya de garder son calme mais savait le terrain glissant.

 

- Parce-que tu sais tout de moi et de ma vie n'est-ce pas ? L'idée que moi aussi je puisse avoir mes secrets, tout comme la prison pour toi, ne t'ai jamais venu à l'esprit ?

Oui, j'ai une vie légére et futile. Parce-que je l'ai choisie, parce-que j'avais des choses à fuir... Mais c'est tellement plus commode de juger sur les apparences ! Et toi, qui es là à te morfondre pour une relation qui ne t'interessait plus, à cause d'un travail qui ne te plait pas. Ta vie est à toi, bordel ! Tu as un frére qui est là pour toi, tu as des rêves... tu es jeune et en bonne santé... Et tu te morfonds, tu te fais du mal, tu m, tu nous fait du mal...

Ne t'en prends pas à moi Christian, ce n'est pas moi qui suis responsable de ton état.

 

Christian releva la tête et Olli recula devant le regard qui le transperça. Les yeux rougis et humides, les lévres serrés, la machoire contractée, Olli sentit toute sa colére mais aussi tout son désespoir. Il serra les dents pour s'empêcher de courir le prendre dans ses bras .

- Sors. La voix de Christian, rauque, sourde, voilée l'atteignit en plein cœur. Dégage ! Sors !

 

 

Olli déglutit péniblement. Il opina de la tête et se dirigea lentement vers la porte. Il venait de dépasser la table, quand il se rappela. Il sortit une enveloppe de sa poche et la posa sur la table. Il marqua un arrêt devant la porte, mais sortit sans se retourner.

 

 

 

                                                                            *

 

 

Olli s'adossa contre le mur. Il ne comprenait pas ce qui venait de se passer. Il n'avait pas senti venir la dispute, il ne comprenait pas comment ils en étaient arrivés là. Ok, ils étaient sous tension tous les deux, mais...

 

Il se mit à pleurer silencieusement, incapable de contenir les larmes qui le menacaient depuis les mots de Christian. Alors c'était ça qu'il pensait de lui ? Qu'il n'était qu'un saltimbanque sans cervelle, sans but et sans consistance.

Il essuya ses larmes et reprit sa respiration.

Il prit son téléphone et sourit intérieurement à ce qu'il allait faire. Christian serait fier de lui !

- Alexis, c'est Olli, si tu es dispo... ok, je te rejoins là-bas.

 

 

                                                                       *

 

 

Christian entendit la porte se refermer, il n'avait pas bougé.

Qu'est-ce qu'il avait fait !? Pourquoi il avait agressé Olli ? Bien sûr que ce n'était pas de sa faute, et bien sûr qu'il ne pensait pas ce qu'il avait pû dire...

Il passa sa main sur son visage. Il débloquait complètement, il fallait qu'il se ressaisisse. Tout ça parce-qu'il ne gérait pas ses sentiments pour Olli, voilà qu'il s'en prenait à lui...

En même temps, s'il voulait s'éloigner de lui, c'était réussi.

 

Il se retourna vers la table. Il voulait ranger tout, ne pas avoir à y faire face le lendemain.

Ses yeux se posérent sur l'enveloppe. Il la prit et regarda vers la porte, cela ne pouvait venir que d'Olli.

Il sortit les feuilles et sentit une brulûre dans sa poitrine, tandis que ses yeux laissaient couler l'eau qu'ils retenaient depuis 2 jours.

Il reposa la convocation sur la table. Finalement tout ça pourrait attendre demain.

 

 

 

 

 

 

 

 

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